Chapitre 23

Yasei se dirigeait vers le jardin aux cerisiers pour retrouver Kan. Cette dernière aimait s'amuser et  passer du temps avec Yasao, elle rejoignait souvent l'enfant ainsi qu'Hinamori. Leur ancienne fukutaicho devait être dans les parages également... Les deux jeunes femmes étaient devenues inséparables et le gamin devait être aux anges de se trouver en si bonne compagnie. Le jeune homme croisa l'espace d'un instant le regard brillant de Kan. Une lueur complice traversa leurs regards et un tendre sourire s'affichait sur les traits de la brune.

Une fois sur place, Yasei ressentit immédiatement le reiatsu d'Ichigo. Il porta une main à son cœur. Depuis la veille, le reiatsu de son espada était devenu dense et... plus inquiétant encore.

L'ex-shinigami fronça les sourcils en songeant à la peur qu'il avait ressentie en voyant son Taicho se transformer en ce monstre.  La concentration de son énergie spirituelle était moins dense qu'à ce moment là... Pourtant, l'atmosphère était lourde. Ses yeux vairons observaient Ichigo jouer avec Yasao en compagnie des deux jeunes femmes et Yasei se laissa absorber par la scène un instant. Ichigo donna un "faible" coup de pied dans une sphère qui voltigea vers sa réplique miniature. Le gamin avait l'air très content de courir après ce qui devait être un ballon et comme Hinamori et Kan, ne semblait pas trop dérangé par le reiatsu du Cero espada.

-  Oï Yasei ! Cria Kan., le faisant sursauter. Tu rêvasses maintenant ?

La jeune femme railla du jeune homme qu'elle appelait, en vain, depuis une bonne minute.

- Il est peut-être fatigué ? Suggéra Hinamori, moqueuse.

- Hinamori-chan ! marmonna Yasei. Je ne suis pas fatigué et je me porte comme un charme, merci. Je suis juste surpris de voir Kurosaki-sama ici, en train de jouer...

Ichigo adressa un large sourire au jeune homme un court instant, pour se concentrer à nouveau  sur son jeu avec un Yasao heureux et excité. Kan s'approcha de Yasei, une lueur flasha brièvement dans leurs regards lorsqu'ils se croisèrent. Elle demanda :

- Tu ne veux pas te joindre à nous ? On pourrait faire une équipe !

Le roux s'arrêta et s'écria :

-Oui, faisons deux équipes de football. Hinamori tu feras l'arbitre !

-Pourquoi moi ? S'étonna la brune.

-Parce ce que si tu es blessée Starck va vraiment m'en vouloir !

-Comme si ça vous faisait peur ! En voilà une nouvelle... Vous avez encore échappé à Gin aujourd'hui ! Aizen-sama va finir par ne pas être très content de vous !

Ichigo fronça les sourcils en songeant à son mari. L'espada  voyait qu'il était préoccupé ces derniers temps et c'était de sa faute. Les yeux chocolats étaient toujours posés sur lui, interrogateurs, torturés presque, même s'il ne lui posait plus de questions depuis leur promenade dans ce même jardin, justement.

- Papa... papa ! S'écria Yasao. Quelque chose ne va pas ?

L'espada se pencha sur son fils et lui gratta le sommet du crâne dans un geste tendre. Ichigo sentit la présence de Starck et s'orienta vers le Cuarta bien avant les autres. Ce dernier ne quittait pas Hinamori du regard, pourtant, il vint saluer Ichigo en premier et se tourna ensuite vers sa fraccion :

- Tu ne m'avais pas dit que tu viendrais ici...

La brune rougit pour ce rappel à l'ordre mais ne baissa pas le regard :

-Kan est venue me chercher et j'ai oublié de t'en parler !

-Cela n'a pas d'importance... tant que Grimmjow est encore à l'infirmerie. Mais, je souhaiterais que tu m'informes de tes déplacements, tu as vu par toi-même le comportement de Nishven.

-Nishven ? Demanda Ichigo

Le brun jeta un oeil au Cero et partit s'asseoir sur un des  bancs en pierre ornant le jardin. Tous les yeux étaient braqués sur le Cuarta à présent, pleinement attentifs.

-Kurosaki-Aizen-sama, commença l'espada, Nishven veut obtenir votre place... et sournois comme il est, je pense qu'il tentera de vous toucher par n'importe quels moyens. Même  les plus détournés. Nishven a beau être le Sexta espada, ses capacités sont loin d'être négligeables et je ne suis pas sûr  moi-même de pouvoir le battre. Même Freihr est en alerte pourtant, ce n'est pas son genre d'être sur ses gardes...

-Elle a Vassla pour la protéger ! Marmonna Ichigo.

-Vassla lui-même s'interroge sur les possibilités réelles du Sexta ! Grommela Starck.

-Tu veux dire qu'il pourrait vraiment s'en prendre directement à Kurosaki-sama ? Demanda Hinamori paniquée.

Les yeux bleus gris restèrent quelque peu impassibles en écoutant la jeune femme s'inquiéter si vivement pour son ancien Taicho et l'espada répondit enfin :

- Kurosaki-Aizen-sama n'aurait aucune difficulté dans un combat "honnête" avec Nishven. Mais, ce n'est pas sa spécialité...

Puis se tournant vers le Cero espada, il lui dit posément :

- Même si vous êtes le plus fort d'entre nous, nous savons pertinemment que vous n'avez pas toutes nos capacités...

Ichigo scruta le visage du Cuarta qui ne cherchait en aucun cas à le défier mais énonçait une vérité. Les yeux de Starck s'étaient étrécis et il observait entre ses paupières fendues la silhouette gracile du Cero espada.

- Je me trompe ou votre reiatsu est plus dense qu'habituellement Kurosaki-Aizen-sama ?

Ichigo fit une légère grimace et se gratta la tête. Yasao avait bondit sur les genoux d'Hinamori qui s'était assise à côté du Cuarta. Yasei s'était allongé sur le sol plus loin mais suffisamment près pour entendre la conversation. Kan resta à côté du Cero et écouta attentivement la remarque de son espada :

- C'est vrai ! En fait, Sosuke voudrait que je relâche mon énergie spirituelle jusqu'au quatrième cran de mon bracelet. J'avoue ne plus être habitué à mon propre reiatsu et j'ai réussit à négocier le troisième niveau, au lieu du quatrième. Mais pour jouer avec Yasao, je suis descendu au deuxième.

Ichigo finit sa remarque avec une grimace et Hinamori s'écria exaspérée :

- Quand cesserez-vous de tricher ?

- C'est juste pour voir Yasao... sinon, il ne le supporterait pas !

- Mais si ! S'exclama le gamin.

Yasao se mit sur ses jambes et défia son père du regard mécontent :

- Je ne suis plus un petit garçon ! Tu peux remonter au troisième niveau, tu verras que je pourrai le supporter !

- Je ne...

- A votre place... suggéra doucement Kan, si Aizen-sama vous a demandé d'être au quatrième, vous devriez le faire...

Ichigo jeta un regard circulaire autour de lui et l'assistance approuva du regard. Nnoitra s'était approché et fixait le Cero espada avec un grand intérêt, le regard aigu. Le roux se mordilla la lèvre nerveusement et finit par relever sa manche laissant apparaître un dispositif discret. Ichigo appuya sur la touche pour libérer plus de reiatsu et ce dernier se répercuta immédiatement dans la pièce. Les fraccions se sentirent écrasés sous la déferlante, Nnoitra et Starck ouvrirent des yeux plus grands et respirèrent plus difficilement. Quant à Yasao, le Novena espada l'attrapa d'un bras et quitta la pièce.

Ichigo  fronça les sourcils et voulut s'élancer à leur suite mais Starck l'en empêcha :

- Non ! Il faut aussi qu'il s'habitue à vous avec cette pression là ! Vous souhaitez le protéger car c'est votre fils mais vous ne lui rendez pas service.

Le roux ouvrit la bouche et la referma lentement. Il se tourna vers ses fraccions et vit que ces derniers avaient beaucoup de mal à rester à proximité de lui. Il finit par quitter les lieux, soucieux, sans ajouter quoique ce soit.

Ichigo marchait dans le palais d'un pas décidé mais sans boussole et s'engagea dans le quartier des geôles sans même le remarquer. A mi-chemin, il croisa Gin et il s'arrêta immédiatement. Prenant enfin conscience de l'endroit où il se trouvait, son cœur manqua un battement. L'albinos avait relevé la tête, surpris, et Ichigo focalisa son attention sur son vis-à-vis, ses yeux plissés  observèrent attentivement  le bras droit d'Aizen qui se frottait la joue.

- Que vous arrive t-il ? Demanda l'espada surpris par son geste.

- Rien... de très intéressant ! Vous êtes vous perdu  Ichigo-kun ?

- Non...

Ichigo pensa à Byakuya, si proche, derrière l'une de ces portes. Il secoua la tête :

- Je ne sais même plus ce que je fais, murmura t-il en faisant demi tour pour rejoindre ses appartements.

Gin le suivit un moment, les yeux noués au dos du jeune homme et une foule d'interrogations et de théories en tête, chacune n'annonçant rien de bon...

°°0°0°°

Songeuse, Hinamori suivait Starck et lui rentra dedans quand il s'arrêta net. Elle était trop plongée dans ses pensées pour observer les réactions de l'espada,  contrairement à lui, qui était attentif aux réactions de sa fraccion et à son reiatsu.

- Hina-Luz ?

- Oui ?

- Est-ce que tout va bien ?

- Haï...

La jeune femme ne pouvait exprimer son malaise, elle ne trouvait même pas les mots pour décrire ce qu'elle ressentait. Que Starck ait pu l'interroger comme il l'avait fait devant son ancien Taicho... Elle qui pensait être libre, voilà qu'on la questionnait sur ses allées et venues... qu'on la traitait encore comme une enfant... L'espada ne fut pas dupe et glissa un regard en biais à sa fraccion mais avant qu'il ne puisse ajouter quoique ce soit, ils croisèrent Netsuai et Hinamori se dirigea immédiatement vers lui.

- Momo-chan !

L'albinos avait un sourire éblouissant.

- Tu es à nouveau debout ? Dit-elle vivement. Je pensais que tu resterais à l'infirmerie beaucoup plus longtemps.

- Non... Grâce aux soins d'Hanataru, j'ai pu sortir plus rapidement !

La jeune femme ne put pousser plus loin son investigation, Starck les interrompit :

- Je voudrais te parler Hina-Luz...

Surprise, la jeune femme posa son regard sur l'espada qui l'observait les sourcils légèrement froncés. Elle déglutit légèrement. Ai-je bien fait de devenir sa fraccion ? Pensa t-elle confusément. Netsuai s'excusa et posa un dernier regard sur la jeune femme mais ne dit rien. Après tout, ils n'étaient plus fraccions du même espada et chaque shinigami avait bien compris leurs nouvelles règles de vies.

- Que se passe t-il ? Demanda doucement la jeune femme.

°°0°0°°

Ichigo était à nouveau sur les genoux d'Aizen. Son mari s'amusait visiblement de la contrariété de son épouse.

- Je voudrais que tu arrêtes de trouver des excuses bidons pour que je finisse immanquablement sur tes genoux !

Malgré ses protestations, le cœur du jeune homme battait la chamade. Son corps réagissait malgré lui, annihilant toute envie de s'éloigner de Sosuke et ce dernier le savait parfaitement bien. Pourtant, il bloqua les poignets d'Ichigo et le coinça contre son bureau avant de se pencher vers le roux déjà haletant.

- J'ai su que tu avais snobé le cours de kidô ?

Ichigo se raidit contre son mari. Il essaya de repousser Aizen mais ce dernier lui tenait fermement les mains et les plaça derrière son dos. Le visage de Sosuke n'était qu'à quelques millimètres du visage d'Ichigo et ce dernier put lire clairement une menace dans ses prunelles assombries.

- Ichigo... je ne tolérerai plus ton laxisme encore bien longtemps. Si tu ne tiens pas tant que cela à la vie, je peux l'écourter moi-même.

La voix chaude du plus vieux était douce, mielleuse mais clairement, c'était un avertissement. Il continua sur le même ton, ignorant les gigotements du roux :

- Je veux que tu reprennes tes cours avec Gin pas plus tard que dans une heure ! Je l'ai prévenu...

Les yeux du roux s'étaient étrécis. Il avait la vague impression d'être retourné huit ans auparavant mais la peur l'avait quitté... il renvoya un regard de défi à Aizen qui serra légèrement la mâchoire et resserra sa prise sur Ichigo.

- Ne crois pas que je laisserai passer cette incartade ! Gronda t-il tandis que son épouse tentait encore de se libérer. Je te laisse faire ce que tu veux ici... Tu as les même privilèges que moi mais il est hors de question que tu refuses ces cours ! Comprends que tu es très important pour moi. Je n'imagine même pas l'état dans lequel je serai actuellement, si je n'étais pas venu te sauver la vie...

Ichigo blêmit à ce rappel et Sosuke poursuivit d'une voix encore plus chaude et fervente :

- Tu crois que cela m'amuse de te voir dans le laboratoire de Szayel ? C'était excitant à un certain moment mais je ne joue plus... Prends soin de toi où je vais devenir fou !

Le roux déglutit à ces mots. Il se sentait aussi prisonnier de l'amour qu'il éprouvait pour son mari que de sa prise sur son corps et cessa de gigoter. Se perdant un instant dans la chaleur du regard chocolat posé sur lui, Ichigo capitula :

- Je vais aller suivre les cours de Gin...

- Merci !

Aizen libéra le jeune homme qui se rendit compte qu'à force de se trémousser sur les genoux de son homme, ce dernier avait une réaction des plus "mécanique". Ichigo haussa un sourcil et demanda d'une voix suggestive, à l'oreille de son amant :

- Tu veux que je m'occupe de "ça"... avant de partir ?

La main droite d'Ichigo caressait doucement le tissus gonflé par l'érection de son mari qui soupira d'excitation. Le roux n'attendit pas la réponse. Il glissa le long de son corps et se retrouva sous le bureau. Ses doigts défirent le tissu pour libérer la verge dressée qu'il s'empressa de caresser de ses mains. Aizen se rejeta dans son fauteuil. Ichigo ne voulant pas faire sentir son désir au travers de son reiatsu, le fit descendre par l'intermédiaire de son bracelet et murmura une incantation pour faire disparaître sa présence.

Ichigo se trouvait donc sous le bureau de son mari, à le caresser et à le lécher tout en s'occupant de sa propre excitation quand Gin entra dans le bureau sans frapper. Sosuke se redressa un peu en sursaut et son visage prit rapidement son éternel air impassible.

- Sosuke... Je cherche désespérément Ichigo-kun depuis tout à l'heure et je n'arrive pas à mettre la main dessus. Il me semblait pourtant avoir ressentis sa présence ici, il y a à peine quelques instants...

Le roux en entendant ces paroles caressa de manière plus insistante le membre gonflé, sa bouche descendant sur les testicules. Sosuke quant à lui sentait monter des vagues de plaisir mais restait maître de lui-même pour rendre le change à Gin :

- Il est passé brièvement dans mon bureau et je lui ai demandé de venir te voir. De toute façon, il sait très bien ce que je lui réserve s'il... tentait de s'absenter encore...

Un doigt d'Ichigo avait réussit à s'introduire sous les fesses de son amant et il taquina méchamment l'orifice du Maître de Hueco Mundo pour le punir de le menacer alors qu'il prenait soin de lui.

Gin se gratta le front inquiet. Sosuke quant à lui retenait à grand peine les cris de plaisir qu'il voulait laisser échapper. Une légère pellicule de sueur se forma en haut du front d'Aizen et sa mâchoire se crispa légèrement. Les caresses de son amant allaient lui faire perdre son contrôle et Gin qui restait dans le bureau, pensif ! L'albinos reporta soudain son attention sur le brun et son comportement légèrement bizarre :

- Quelque chose ne va pas Sosuke ?

- Tout... va très bien...

- Vraiment ?

Gin observa un instant Sosuke qui lui parut crispé... quoique chez lui, ce soit à peine perceptible. Aizen passa une main sous son bureau et freina la tête rousse qui remuait frénétiquement.

- Gin... souffla Aizen légèrement essoufflé. Peux-tu... me laisser seul, s'il te plaît !

- Tu ne sais vraiment pas où est allé Ichigo-kun ?

- Aucune idée... Murmura Sosuke entre ses dents.

L'albinos fronça les sourcils et observa Aizen qui s'était penché en avant sur son bureau, une main sous son menton et l'autre accrochée au bois immaculé. Finalement, il quitta les lieux et Aizen laissa échapper un gémissement rauque sitôt le battant refermé. Il se rejeta  dans le dossier de son fauteuil, des gouttes de sueurs glissant sur ses tempes. La bouche ouverte et la tête renversée en arrière, Sosuke finit par crier son plaisir à la grande satisfaction du plus jeune qui voyait ses efforts récompensés.

Ichigo se releva doucement en posant ses mains sur les cuisses encore frémissantes de son amant et se léchant les lèvres avec un sourire légèrement pervers, il embrassa Aizen avec tendresse et murmura :

- Que voulais-tu me faire si je n'étais pas avec Gin ?

- Si tu n'y es pas dans cinq minutes, tu n'auras pas à attendre longtemps pour le savoir...

°°0°0°°

Starck avait renvoyé Lylinette et cette dernière décida d'aller rejoindre Yasao. Après tout, Kan était encore dans le jardin aux cerisiers.

- Regrettes-tu d'être devenue ma fraccion ? Demanda Starck impassible.

Hinamori fut surprise... elle s'était posée la question quelques minutes plus tôt.

- Non... oui... Je ne sais pas...

- Pourquoi es-tu toujours heureuse de retrouver Kurosaki-sama ou ses fraccions alors que tu sembles contrarié lorsqu'il s'agit de moi ?

Les yeux d'Hinamori s'arrondirent de surprise.

- Je... mais je suis heureuse de te retrouver.

- Alors pourquoi je te sens contrariée en ma présence ?

- C'est que...

La brune chercha ses mots et trembla légèrement :

- Je suis heureuse d'être avec toi... mais, j'ai l'impression de ne pas avoir de "liberté"

- Tu n'en as pas ! Tu es une fraccion, tout comme tu l'étais pour Kurosaki...

- Non ! Je... je ne pensais pas devoir être juste "un élément" sans importance. Quelqu'un que l'on p...

- Hina-Luz...L'espada avait changé de ton... sa voix était aussi douce que du velours et son reiatsu devint chargé de désir.

La brune s'avança lentement dans la pièce et sentit derrière elle la présence de l'espada avec une acuité insoupçonnée. Une vague de chaleur l'envahit et lorsque les mains de Starck se posèrent sur ses épaules pour la retourner lentement. La gorge de Momo se noua, leurs regards s'entrechoquèrent, obsidienne contre bleu gris. Hinamori se noya à l'intérieur des eaux limpides de ses yeux.

- Tu n'es pas un élément sans importance... Je t'aime et je m'inquiète pour toi...

Momo se sentit troublée par ses paroles, par son regard, par sa présence si proche. La jeune femme était partagée entre deux sentiments. La hâte de découvrir et de s'enflammer au contact du brasier qui couvait chez cet homme, et en même temps, l'envie que cet instant éphémère ne cesse jamais, de prolonger cette douce torture qu'était l'attente qui amenait à l'exaspération des sens.

Emportée par le tourbillon de ses sentiments contradictoires et par son corps animé d'une volonté qui lui était propre, Hinamori avait fermé l'espace entre eux. Ses mains s'étaient réfugiées dans les plis des vêtements de l'espada et ses doigts s'agrippèrent à sa veste, comme la première fois qu'il l'avait emporté dans ses bras, des mois plus tôt.

Starck était troublé par l'instant et par l'abandon évidant de sa fraccion. De plus, les paupières de la jeune femme se baissaient inexorablement pour ne laisser filtrer qu'une mince lueur où le désir était ardent. Un brasier s'alluma dans le corps de l'arrancar et se rependit dans ses veines comme une traînée de poudre.

Aucun des deux ne pouvait s'exprimer verbalement, seul leur désir oppressant avait une voix. Il parla pour eux. Momo vit le visage de l'homme se pencher vers elle et sans hésitation, elle encercla ses larges épaules et entrouvrit les lèvres, soupirant lorsque la bouche sensuelle recouvrit la sienne dans un baiser tendre et doux, en totale opposition avec la lave qui brûlait maintenant leurs corps.

A la stupéfaction de la brune, une secousse l'ébranla du plus profond d'elle-même, une vague telle un tsunami se fracassa dans son esprit, effaçant tout de qui n'était pas Starck, sa présence, ses mains et son corps puissant pressé contre le sien. La langue de l'espada vint taquiner ses lèvres et la jeune femme ouvrit la barrière qui les empêchait d'unir leurs bouches dans un baiser plus profond encore. Les mains de Momo remontèrent sur le col de l'espada pour l'attirer à elle.

Starck souleva doucement la jeune femme sans rompre leur baiser et la déposa sur son lit fait d'oreillers. La brune s'enfonça dans leur moelleux et lorsque leur baiser se cassa, les deux amants se regardèrent, abasourdis par une telle violence.

- Hina-Luz... Souffla Starck en caressant les longues mèches soyeuses. Tu n'es pas obligée... Je veux dire, ce n'ét...

Un doigt fin vint se placer sur ses lèvres.

- Je le veux...

Hinamori ne reconnut pas sa propre voix qui était basse et légèrement éraillée.

- Tu es sûre ?

Le désir était intense en lui mais, il ne voulait pas détruire  ce qui naissait entre eux. La jeune femme se redressa et tira sur le vêtement du Cuarta pour l'attirer à elle. Les mains de la brune couraient sur la poitrine de l'espada en caressant le tissu, attendant impatiemment de toucher la peau nue de cet homme.

Starck gémit et empoigna la jeune femme passionnément, la serrant contre son corps. Lentement, sa bouche fouilla celle de sa partenaire qui répondait avec avidité à son étreinte. Ses mains descendirent les flancs de la jeune femme avec douceur. Le baiser se cassa. L'espada se pencha est plongea son visage dans la masse soyeuse des cheveux aussi noirs que les siens et s'enivra de leur odeur de fleurs. Sa bouche s'attarda sur la peau sensible, tandis que ses mains défaisaient insensiblement les couches de vêtements blancs, tel un mille-feuille.

La jeune femme soupira lorsqu'une main parcourut sa chair. Sa peau s'animait sous les larges paumes qui glissaient sur la douceur de ses cuisses. Starck retira les derniers vêtements de son uniforme. Il ne lui restait plus qu'une mince chemise de soie et de dentelle qui laissait entrevoir les sous-vêtements blancs cachant à peine son corps de liane.

La jeune femme trembla de se voir ainsi exposée. Elle se redressa et s'agenouilla face à l'espada qui l'observait, silencieux. Les mains de la jeune femme glissèrent sur la veste du jeune homme et déboutonnèrent un à un les boutons de son vêtement.

Lorsque la chair bronzée de l'homme s'offrit à ses yeux, la jeune femme écarta les pans et du bout des doigts, repoussa le tissus qui tomba mollement sur le lit alors que la bouche de la jeune femme embrassait la peau hâlée. Ses yeux s'attardèrent sur le creux à l'emplacement du cœur de Starck. Lentement, elle posa un doigt sur la bordure pour le caresser amoureusement.

- Comment ? Souffla la jeune femme. Comment... fais-tu po...

- Por te querrer* ?

Le son de la voix grave qui lui chuchotait ces mots à l'oreille la bouleversèrent.

- Certains ont un cœur et ne savent pas sans servir. Ils n'éprouveront jamais l'amour ou même la compassion. Ils n'éprouveront pas le respect que j'ai pour toi. Je n'ai pas de cœur techniquement pourtant... mi alma arde para ti, Hina-Luz**

Momo ne sut quoi répondre à l'espada mais ce dernier n'en attendait pas. Il voulait vivre l'instant présent et explorer le corps tendre. La jeune femme était plus troublée par ces paroles  que par ses caresses. Starck reprit les lèvres de la jeune femme en coinçant son visage de poupée d'une main et glissa l'autre sous la chemise pour palper directement la chair frissonnante.

Les mains d'Hinamori exploraient quant à elles,  les muscles saillants de l'espada. Ce dernier l'enferma dans le creux de ses bras. La bouche de l'homme glissant dans le cou de la jeune femme qui finit par repousser l'arrancar et monter sur ce dernier, ses mains s'attardant sur le nœud de son obi pour le défaire, alors qu'elle goûtait encore à cette chair au goût salé. La jeune femme ne se reconnaissait plus. Elle n'avait jamais été aussi entreprenante.

L'hakama de Starck glissa le long de ses jambes et la jeune femme dévora des yeux le corps exposé à son regard. Ses joues se colorèrent légèrement mais elle n'eut pas le temps d'analyser la situation, car deux bras puissants l'attrapèrent et elle se retrouva allongée sous Starck qui entreprenait d'enlever le dernier fragile rempart à sa nudité.

La bouche de l'homme descendit lentement sur la clavicule de la jeune femme. Ses mains  accrochèrent les bretelles du soutien-gorge de la brune, et les firent descendre inexorablement laissant apparaître la poitrine d'Hinamori qui tremblait sous l'émotion.

La jeune femme se cambrait sous l'espada, une des mains de ce dernier avait dégrafé la lingerie fine et à peine eut-elle le temps de tomber, que l'homme s'empara d'un mamelon de la jeune femme et le caressa du bout de sa langue. Son autre main emprisonna l'autre sein et le caressa doucement, le pouce de l'espada taquinant paresseusement le téton dressé.

Hinamori soupira et ses mains se crispèrent un instant sur les épaules larges de son partenaire puis remontèrent pour s'emmêler dans les cheveux de jais. Momo avait attendu avec impatience ce moment, tout comme elle l'avait craint. La jeune femme avait chaud et ses joues rosirent lorsqu'elle sentit les mains de l'homme caresser son corps, glissant peu à peu vers les parties les plus intimes.

Elle avait l'impression que ses mains la brûlaient là où elles passaient. Lorsque l'une d'entre elle glissa entre ses jambes, son premier réflexe fut de les resserrer, bloquant le passage. Son visage était devenu écarlate. Starck se redressa, surpris, et observa attentivement la jeune femme n'ayant pas compris sur l'instant le pourquoi d'une telle timidité. Puis l'expression du visage de l'espada se modifia légèrement...

- S'agirait-il de ta première fois, Hina-Luz ?

Hinamori devint rouge tomate et ses yeux se baissèrent pudiquement, très mal à l'aise soudain. Starck remonta tendrement le visage de la jeune femme vers lui et plongea son regard dans le sien. Voyant sa gêne, il l'embrassa avec douceur et tendresse.

- Je t'aime Hina-Luz... ne l'oublie pas...

Un long baiser vint sceller la déclaration du jeune homme qui prit alors tout son temps pour caresser ce corps qu'il désirait ardemment. Ne voulant pas la braquer comme au début, il dégusta la chair frissonnante avec ses lèvres, attentifs à ses réactions. Ses mains glissèrent toujours plus bas et l'espada accompagna sa descente de baisers sur le buste de la jeune femme qui se cambra lorsque des doigts experts glissèrent dans son intimité.

- Détends-toi...

La voix chaude de Starck enveloppa le corps de la jeune femme qui s'embrassa bientôt sous les mouvements de la main de son amant. Son corps se cambra contre le sien et l'homme remonta pour embrasser passionnément la jeune femme. Hinamori s'accrocha à l'espada et haleta contre sa bouche retenant sa respiration parfois.

- Tu peux respirer Hina-Luz... ce n'est pas un concours d'apnée...

Hinamori le foudroya du regard et voulut le repousser mais le sourire tendre de Starck lui coupa le souffle. La jeune femme fit glisser ses mains sur le visage du brun pour l'amener  près d'elle et se redressa pour l'embrasser. Starck resserra son étreinte sur le corps gracile, frissonnant en sentant les mains de la brune glisser sur ses épaules, sur son buste, suivant timidement le dessin de ses muscles de ses doigts fins.

Starck se renversa et fit basculer la jeune femme sur lui. Le rouge vint pigmenter les joues de la jeune femme. Les mains de Starck s'égarèrent dans la masse soyeuse de ses cheveux. Hinamori ne sut pas immédiatement ce qu'elle devait faire mais la curiosité la poussa à s'attarder d'abord sur le creux qui ornait ostensiblement le buste de son amant. Elle le toucha du bout des doigts puis les remplaça par sa langue voulant savoir si cette cavité possédait également un goût quelconque.

A sa surprise Starck soupira sous sa caresse. La jeune femme s'enhardit de sa petite victoire. Ses mains palpaient les flans de l'homme et se souvenant des caresses de son amant, elle fit glisser ses mains vers son entrejambe, les joues écarlates, n'osant pas le regarder en face sur l'instant. Pourtant, une de ses mains trouva le sexe dressé de l'homme et maladroitement tout d'abord, elle commença à le caresser.

- Hina-Luz ?

Hinamori redressa la tête, surprise. Les yeux de son amant étaient si chauds qu'elle resta un instant en suspens. Puis, le visage tendu de l'homme l'incita à continuer ses caresses et le soupir presque de soulagement qu'exhala l'espada lui redonna confiance. La bouche d'Hinamori caressa la peau salé du Cuarta et pour la première fois, Momo murmura à l'espada :

- Je t'aime Starck... Je t'aime tellement...

Surpris, le brun redressa la tête. Leurs regards se rencontrèrent et avant que la jeune femme ne comprenne ce qui se passait, elle se retrouva en dessous de son amant qui la serra contre lui.

- Moi aussi Hina-Luz... Ma précieuse...

Starck entrepris de caresser le corps offert avec ses mains et sa bouche. Bientôt Hinamori oublia sa gêne et s'accrocha aux draps lorsqu'une langue vint caresser les plis les plus secrets de son intimité. Son corps se mis à onduler malgré elle et une des mains de la brune s'enfonça dans l'épaule musclé du Cuarta qui ne sentit même pas les ongles plantés dans sa chair. Starck finit par remonter le long du corps de liane de son amante et admira le grain de peau si fin... Il l'embrassa avec toute la passion dont il se sentait capable, une main glissant ses doigts dans le passage étroit pour préparer leur union.

Hinamori se crispa à nouveau mais les mots d'amour chuchotés à son oreille la rassurèrent et elle finit par s'abandonner. Lorsque la brune fut à nouveau détendue, Starck s'immisça entre ses cuisses  et après un dernier regard, glissa en elle. Momo retint sa respiration quand Starck buta sur la membrane qui obstruait encore le passage. La fraccion se crispa lorsqu'il recommença à bouger en elle. Ses ongles de la jeune femme se fichèrent dans le dos de l'espada qui attendit un peu pour donner le coup de rein décisif. Hinamori le regarda, surprise. La douleur fut brève et pas aussi intense qu'elle l'avait craint.

La jeune femme se laissa peu à peu emporter par les émotions diverses qui la submergeaient. Ses jambes vinrent s'enrouler d'elles-mêmes autour de la taille de son amant. Son corps se cambra et sa respiration devint entrecoupée. Starck observait les réactions de la jeune femme et lentement se laissa emporter par son propre désir... La jeune femme ayant d'elle-même rapproché leurs corps, il perdait pied peu à peu et n'était plus très sûr de vouloir se retenir dans l'afflux des sensations qui l'envahissaient.

Hinamori s'accrocha aux épaules de l'homme lorsqu'elle sentit un flot l'emporter, son corps se raidissait, elle balbutia quelques mots que Starck avala dans un baiser en donnant ses derniers coups de reins, se libérant de toute la tension accumulée depuis qu'il l'avait emporté à Los Sueños, et surtout, depuis qu'Hinamori était devenue sa fraccion.

Les deux amants se regardèrent, les doigts de Momo caressèrent le masque brisé autour du cou de l'espada.

- Eres mio, Hina-Luz***... souffla t-il.

Un sourire apparut sur les lèvres encore gonflées de baisers de la jeune femme.

- Tù tambien... Te quierro, querrido****

La jeune femme sentit une certaine langueur la gagner et elle se glissa plus près de l'espada qui recouvrit leurs corps d'une couverture. Ils s'endormirent doucement, bercés par la chaleur et le souffle de l'autre.

°°0°°

Ichigo quitta Gin un sourire en coin. Il s'était vraiment appliqué et avait eu quelques résultats. Le roux avait réfléchit... S'il voulait qu'Aizen cesse de s'inquiéter pour lui, il devait y mettre du sien. Il croisa Nishven dans le couloir et le Cero espada, se souvenant de sa discussion avec Starck, appuya discrètement sur son dispositif pour passer au niveau quatre, même si ça voulait dire pour lui qu'il devait ralentir son propre rythme cardiaque ou l'affoler. Le brun se tassa lorsqu'Ichigo le frôla sans s'arrêter ou lui jeter un regard, laissant le Sexta pantois.

L'orangé marchait lentement et ses pas le conduisirent une nouvelle fois à proximité des geôles. Aussitôt, un long frisson remonta son échine et il accéléra l'allure, saisit d'une nouvelle urgence. Par deux fois, il avait échoué dans sa tentative inconsciente pour rencontrer Byakuya mais cette fois-ci, il ne laisserait rien au hasard. La douleur qui renaissait du plus profond de son être n'avait qu'un seul remède, même si c'était un poison. Il avait besoin de le voir et seule cette unique pensée l'obsédait tandis qu'il s'engageait dans le couloir menant au quartier des prisonniers. Ichigo savait ce qu'il encourait auprès d'Aizen... Il risquait de le perdre... pire de le blesser... et cette idée lui était insupportable car il l'aimait... Mais ne pas voir Byakuya en le sachant si près lui était tout aussi douloureux.

Son cœur était partagé en deux... deux amours différents qui lui étaient aussi vitaux que l'air... un pour chacune des deux âmes contenues dans sa chair. Car Ichigo  ne pouvait plus nier qu'Il était à nouveau là, plus puissant que jamais et qu'Il avait ses propres aspirations, ses propres désirs. Ce qu'éprouvait Shirosaki, il l'éprouvait aussi, tout comme le  hollow ressentait les sentiments d'Ichigo. Et depuis que le roux avait libéré son reiatsu, la frontière entre Shiro et lui s'estompait, il n'existait pratiquement plus de différence entre leurs sentiments respectifs : ils aimaient, passionnément, entièrement, follement, et Sosuke et Byakuya...   Mais comment ses amants allaient-ils prendre la chose ? Et comment vivraient-ils Shirosaki et lui, s'ils  les perdaient tous les deux ? Les peurs d'Ichigo fondirent momentanément comme il arrivait à destination, son esprit à nouveau noyé dans son besoin immédiat, viscéral, de revoir Byakuya. De respirer son parfum de cerisier...

-  Bakudo no ni jû roku  Kyakko, incanta Ichigo pour effacer sa présence.

Dans le couloir des prisonniers, les arrancars gardiens vinrent immédiatement à sa rencontre. Impassible en apparence, Ichigo demanda à l'un d'entre eux de lui montrer la cellule de Kuchiki Byakuya. L'arrancar s'inclina :

- Bien sûr Kurosaki-Aizen-sama !

Le ton obséquieux laissa l'espada de glace. Ichigo  composa le code qui fit glisser la porte silencieusement. 

Byakuya était exaspéré. Que lui voulait-on encore ? Il se tourna furieux mais se figea dans son mouvement en reconnaissant son visiteur. Ses yeux s'arrondirent de surprise.

- I...Io...

Le cœur du noble s'affola dans sa poitrine alors qu'une lueur familière s'allumait dans les yeux de flammes.

*Por te querrer ? : Pour t’aimer ?

** Mi alma arde para ti : Mon âme brule pour toi.

*** Eres moi, Hina-luz : tu es a moi, Hina-Luz

**** Tù tambien… Te quierro, querrido : Toi aussi tu es a moi, je t’aime, mon amour.