In your Arms (Isshin x Amagai)

Sommaire

 

Couple : Isshin Kurosaki x Shunsuke Amagaï

Genre : Angst / Romance / Humour

Rating : M

Disclamer : Bleach appartient à Tite Kubo


Synopsis :

Le temps à passer depuis que Ichigo et Byakuya se sont mis ensemble. Ils ont adopté le neveu de Byakuya dont les parents sont morts dans un accident d'avion. Isshin se sent seul, surtout qu'il voit son fils heureux et son frère tout aussi heureux.

Au cours d'une journée pourrie où il se voit obligé de prendre le métro, il va rencontrer Kaïen un jeune homosexuel qui ne s'en cache pas et avec qui contre toute attente, il sympathise. Ce dernier l'invite à une soirée et Isshin qui s'ennuie accepte ! A sa surprise, il va croiser Amagaï Shunsuke le pédiatre de l'hôpital... Mais Kaïen en voyant l'intérêt d'Amagaï pour Isshin décide de passer à l'offensive !

 

Mais comment vont prendre cette situation complétement inattendue d'un Isshin courtisé par Kaïen et Shunsuke, Kisuke, Ichigo, Byakuya et Grimmjow ?

Amagai2

Chapitre 1, remise en question

 

 

Le bruit de fonte que l’on posait sur le sol, se faisait entendre dans la salle d’entrainement. La sueur, et les corps plus ou moins jeunes s’exhibaient plus ou moins avec goût. Pour Isshin, c’était une occasion de remettre en forme et de tuer l’ennui. Ichigo et Byakuya venaient d’adopter le petit Tomatsu et passaient rarement depuis, trop débordé dans leur vie de nouveaux « papa ».

 

Même Kisuke semblait submerger. Quoique c’était plutôt vrai aussi pour lui. Son activité fonctionnait plutôt bien. Son bar avait la côte et il avait abandonné pour cela ses activités autres. Même Grimmjow avait abandonné une partie de son travail pour l’aider derrière le bar.

 

Etant seul, le professeur en médecine les avait souvent invité chez lui… mais, Il n’osait plus le faire car leurs regards et leurs quelques réflexions revenaient à dire toujours la même chose… quand se déciderait-il à vouloir se trouver quelqu’un dans sa vie ? Pas qu’Isshin n’y avait pas songé… Mais, il était pris avec l’hôpital. De plus, avec Ryuuken, ils avaient décidé de créer une annexe gériatrie plus confortable et plus pratique pour les malades, leurs familles et le personnel. Ils récupéraient de la place pour pouvoir agrandir la chirurgie. Tout cela venait à dire, qu’il avait peu de temps… et il ne se voyait pas participer à un omiai.

 

Isshin songea qu’il allait avoir soixante ans dans moins d’un mois. Un frisson d’horreur le traversa. Qui voudrait d’un vieux crouton comme lui de toute façon ? L’homme leva les yeux vers la glace en face de lui. Certes, il était toujours aussi grand, et large d’épaule. Pas un gramme de graisse sur sa carcasse. Le coin de ses yeux portait les traces des années écoulées. Son front celui des soucis accumulés. Il était plutôt bien conservé… pour son âge. Et puis, il avait peu de cheveux blancs.

 

Le médecin bascula en arrière et attrapa à deux mains la barre avec soixante kilos de fonte posé dessus, et la souleva pour une nouvelle série de développer couché. Isshin se dit que même s’il n’avait plus personne à qui plaire, il ne se laisserait pas aller pour autant. Il mesurait ses efforts, l’homme qu’il était n’avait pas envie de finir écraser par une quelconque machine.

 

Jetant un bref regard à sa montre, Isshin décida de finir sa séance et de prendre une douche avant de regagner l’hôpital. Ses séances d’entrainements lui faisaient plutôt du bien au moral. Il voyait du monde habillé autrement que par une blouse blanche. Le médecin avait l’impression d’avoir un semblant de vie social.

 

Ces derniers temps, il s’était rendu compte qu’à part sa famille et l’hôpital… son environnement n’était pas amical n’était pas très étendu. Et… il avait envie… Il jura intérieurement et passa sous la douche. L’homme eut un sourire ironique et se dit qu’il allait passer un cap et il était seul… terriblement seul. Sans personne à aimer, sans personne à écouter, sans personne avec qui rire ou partager ses angoisses… Il ne pleurerait pas sur son sort. Ce n’était pas son genre après tout…

 

Un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Isshin souhaita avant de mourir éprouver à nouveau l’amour. Vivre auprès d’une personne qui l’aimerait et avec qui, il pourrait écouler la dernière partie de sa vie paisiblement. Un peu comme il avait vécu avec Mazaki… L’esprit d’Isshin s’arrêta et il fronça les sourcils. Non ! Pas comme avec Mazaki. Elle s’était souvent réfugier affectivement auprès de son frère. Elle n’avait pas été un soutient pour lui et semblait le fuir la plupart du temps… enfin, surtout sur la fin de sa vie.

 

Cette fois-ci, s’il pouvait à nouveau aimer… Isshin voulait que cette femme soit auprès de lui. Le médecin réfléchis un court instant, suspendant son geste pour finir de s’essuyer. Oui… il trouverait quelqu’un mais, ni Kisuke ou Ichigo ne le seraient. Une sorte de jardin secret… Un amour à l’abri des turpitudes de la vie. Quelqu’un à chérir sans avoir à partager. Les dernières gouttes d’eau qui restèrent sur le corps de l’homme, glissèrent dans le sillon creusé par les muscles lourds du médecin.

Dans un dernier geste, Isshin se débarrassa de sa serviette pour se rhabiller.

 

°°0o0°°

 

Assis derrière le volant de sa voiture, Isshin pesta. Il fallait que cela lui arrive maintenant ! Descendant de son véhicule, le médecin ouvrit le coffre avant et observa la mécanique auquel, il n’y comprenait rien de toute façon. Il était coincé. Fermant brutalement le capot, Isshin sortit son portable et appela Lisa. Cette dernière lui réserva un accueil glacial.

 

« Votre rendez-vous est arrivé…

¾    Il va devoir patienter un peu… je suis en panne de voiture. Je vais appeler un taxi.

¾    Je vais faire patienter Kuchiki-san….

¾    Il peut déjà commencer sans moi. Ishida-san doit être déjà présent.

¾    Mais…

¾    Si j’ai besoin… nous pourrons en discuter en dehors du bureau… » Maugréa Isshin.

 

Le médecin observa son environnement. Les rues bondées et le flot de voitures incessant ne laissait pas entrevoir l’espoir d’un véhicule sauveur. Faisant contre fortune bon cœur, il se dirigea vers la bouche de métro non loin et se retrouva prit dans une marée humaine. Le médecin se stationna devant un plan et scruta intensément le plan. La dernière fois qu’il avait prit le métro remontait à son adolescence.

 

Il suivait du bout du doigt le trajet qu’il devait effectuer quand une voix l’interpella.

 

« Excusez-moi… j’aimerai acheter un ticket ! »

 

Surpris Isshin se tourna vers son interlocuteur. Isshin haussa un sourcil en croyant voir Ichigo qui s’était teint les cheveux en noir. Le jeune homme était plutôt souriant et il désignait quelque chose devant lui. Isshin se retourna et constata qu’il s’était posté devant un distributeur de ticket et qu’une queue commençait à se former. Il se recula gêné.

 

« Excusez-moi… je n’avais pas fait attention…

¾    Vous n’avez pas l’habitude de prendre le métro ?

¾    Non… je cherchais mon chemin…

¾    Je peux vous aider ?

¾    Non… je viens de le trouver à l’instant… par contre je ne sais pas utiliser cette machine… »

 

Isshin désigna la borne et le jeune homme sourit et demanda

 

« Vous vous rendez où ?

¾    A l’hôpital central…

¾    Oh… Donc, vous devez prendre deux tickets ?

¾    Deux ?

¾    Vous devrez changer de ligne. C’est ma route… Nous pourrions faire le chemin ensemble.

¾    Oui… oui… si cela ne vous dérange pas…

¾    Absolument pas… Attendez…

 

Le jeune homme sortie des pièces et paya les tickets. Isshin protesta et tendit un billet à son sauveur. Pour toute réponse, son interlocuteur répliqua

 

« Venez… Au fait… mon nom est Kaïen Shiba…

¾    Kurosaki Isshin…

¾    Votre nom me dit quelque chose… » Murmura Kaïen en observant son interlocuteur de biais.

 

Kaïen détailla la silhouette de son nouvel ami et il fut certain de ne pas l’avoir encore rencontré jusqu’à ce jour. Il était trop séduisant pour qu’il ne l’ait pas remarqué avant.

 

« Il ne me semble pas que nous nous connaissions… » Confirma inconsciemment le médecin. « Je vous aurais certainement remarqué vous ressemblez comme deux gouttes d’eau à mon fils, mis à part la couleur de vos cheveux…. Et des yeux…

¾    A ce point là ? Sourit Kaien en montant dans la trame suivit d’Isshin.

¾    Oui… j’en ai été surpris en vous voyant…

¾    Moi qui pensait que mon charme vous avez fait battre le cœur ! » Eclata de rire le jeune homme.

 

Isshin observa son interlocuteur avec curiosité et le sourire de Kaien s’agrandit. Il demanda

 

« Je vous choque ?

¾    Non… j’ai finit par m’y habituer… » Marmonna le médecin en soupirant à fendre l’âme.

 

KaIen haussa un sourcil surpris ne s’attendant pas du tout à la réflexion.

 

« Vous habituez ? Répéta-t-il étonné à son tour.

¾    Disons que mon fils et mon frère sont comme vous apparemment…

¾    Ils sortent ensemble ? Fit Kaien les yeux exorbités

¾    Non ! Ils ont chacun un petit ami… Rétorqua Isshin en haussant les épaules. 

¾    Ils ont beaucoup de chance… je cherche l’âme sœur mais, je ne l’ai pas encore trouvé.

 

En disant cela, le regard du jeune homme glissa appréciateur sur la silhouette du médecin. Isshin sentit comme une pulsion monter en lui. Toutefois, et par égard à tout ce qu’il avait traversé avec sa propre famille et également au fait que ce jeune homme était en quelque sorte son sauveur… il s’abstint de toutes réflexions ou attitudes blessantes.

 

« C’est un peu compliqué… » Soupira Isshin à contre cœur, ne comprenant pas pourquoi il se confiait.

¾    Vous n’êtes pas marié Kurosaki-san ?

¾    Non… Murmura le médecin… Veuf…

¾    Oh désolé, je ne voulais pas réanimé… enfin, je m’excuse…

¾    Comment auriez-vous pu le savoir ?

¾    C’est vrai… Alors j’ai m’a chance ? Demanda Kaien espiègle.

¾    Pardon ? Fit Isshin surpris.

 

Kaien adressa un clin d’œil au médecin et reformula sa déclaration

 

« Vous êtes plutôt séduisant… vous êtes seul, moi aussi… on pourrait…

¾    C’est impossible ! » Déclara Isshin épouvanté et le cœur qui s’était mis à s’accélérer de manière incongrue.

 

Son interlocuteur éclata de rire et descendit lorsque les portes de la trame s’ouvrirent. Il fendit la foule, tout en vérifiant que son interlocuteur le suivait bien. Il appréciait réellement, le charme distingué de son interlocuteur. Et ce magnétisme dont apparemment, il ne semblait pas s’apercevoir. Il l’avait repéré en descendant les marches du métro à côté de lui. Kurosaki-san, Kaien l’avait su des le départ était hétéro mais, s’il ne tentait pas chance… il n’obtiendrait jamais rien.

 

« Suivez-moi Kurosaki-san… » Voyant qu’il distançait l’homme visiblement mal à l’aise dans la foule compact.

 

Kaien invita Isshin à monter dans une nouvelle rame. L’homme le suivit sans protester et se tint à une des barres verticales se situant face aux portes.

 

« Vous paraissez bien connaître le trajet… Observa Isshin.

¾    Oh… c’est la direction de mon travail. Je vais descendre deux stations après vous.

¾    Oh… Fit Isshin à son tour. J’ai songé, il y a quelques secondes que vous m’aviez proposé votre aide pour me draguer finalement.

¾    C’était bien le cas ! Répondit Kaien en éclatant de rire à nouveau.

¾    Je suis trop vieux pour vous et je ne suis pas intéressé. »

 

En disant cela, Isshin se raidit légèrement. Son expression se rembrunit légèrement.

 

« Que dites-vous ? Souriais toujours Kaien. « Vous n’êtes pas aussi vieux que vous voulez le prétendre...

¾    Je vais avoir soixante ans. » Coupa Isshin sur la défensive.

 

Le médecin était incapable de se mettre en colère contre ce jeune homme si naturel et si honnête. Son expression de surprise le fit sourire intérieurement.

 

¾    Vraiment ? »

 

Kaien observa son interlocuteur stupéfait. Isshin se sentait très mal d’être scruté comme un objet de désir… par un homme. C’était déroutant d’être scruter, avec ce regard évaluateur. Quoique non. Le regard n’aurait pas était aussi direct, si une femme l’avait fait. L’Isshin d’une dizaine d’année en arrière aurait méprisé Kaien pour ce qu’il représentait. Mais, l’Isshin de maintenant se sentait fatigué et n’avait pas envie de se battre contre des moulins à vent. Le médecin prenait la conversation avec une certaine philosophie et puis… ce type l’aidait à se rendre à son travail.

 

« Vraiment…

¾    Vous ne faites vraiment pas votre âge… et ce n’est pas un compliment en l’air… Oh… Kurosaki-san… c’est votre arrêt ! J’ai été ravi de discuter avec vous..

¾    Je vous remercie pour votre aide… Répondit diligemment Isshin.

¾    Peut-être à un de ses jours… » Sourit Kaien sans vraiment avoir de réel espoir.

 

Isshin descendit, se retournant vers Kaien. Il lui adressa un sourire sincère. Les portes de la trame coulissèrent et le wagon s’éloigna inexorablement. Un instant pensif, Isshin se laissa emporter par le flot de passagers. Lorsqu’il fut à l’extérieur, Isshin respira une grande bouffée d’air. Le médecin s’aperçut qu’il s’était sentit oppressé durant tout le trajet.

 

Oubliant son trajet en métro, Isshin se dirigea d’un bon pas vers l’hôpital se situant juste en face de la sortie du métro. A peine eut-il franchit le seuil, qu’Isshin se retrouva prit dans le flot de sa routine quotidienne. Toutefois, un sourire effleura ses lèvres lorsqu’il rencontra le compagnon de son fils. Le sourire aimable et espiègle de Shiba Kaien, lui revenait en mémoire. Si Ichigo ou pire, son frère apprenait qu’il avait discuté normalement avec un jeune homme gay, ils ne s’en seraient pas remis.

 

Byakuya observa son beau-père avec un intérêt déguisé. Pour la première fois et depuis longtemps un sourire effleurait ses lèvres. Son visage ne reflétait pas cette espère d’expression préoccupé ou d’ennuis qui le caractérisait depuis un an ou deux. L’architecte se demanda ce qui avait bien pu réjouir Isshin… d’autant plus, qu’il avait apparemment mal démarré sa journée.

 

°°OoO°°

 

Finissant sa cigarette sur le toit de l’hôpital, Shuusuke tira de sa blouse blanche son bipeur et marmonna entre ses dents. Depuis quelques temps, on ne laissait plus en paix même à ses heures de pauses. Il n’était pas le seul médecin urgentiste dans le service !

 

Il écrasa son mégot et dévala la volée de marche pour regagner les urgences. Un frisson le traversa. Ces derniers temps, il ne se sentait pas très bien. Surmenage ? Le médecin accumulait les heures et aurait apprécié quelques jours de vacances. Quoique, il préférait avoir le cerveau occupé, plutôt que de rester à se lamenter chez lui. Sa rupture lui restait toujours au travers de la gorge. Un mois que Kensei l’avait plaqué pour un autre, et il avait toujours l’impression d’être sous le coup de cette annonce.

 

Le médecin poussa les portes doubles battantes de son service et se dirigea vers une des salles où l’attendait une jeune fille qui avait tentée de se suicider par défenestration. Il s’arrêta à la porte une fraction de seconde et franchit le seuil. Sa gorge se noua mais, pourtant il ne laissa filtrer aucunes de  ses émotions. Shuusuke s’approcha de l’étudiante qui ne devait pas avoir dix-huit ans. Ses mains palpaient le corps, alors qu’une infirmière et le secouriste lui faisait un débriefing complet sur l’incident.

 

Une gamine qui avait été prise pour cible par d’autres élèves. Harcèlement moral au point de pousser l’adolescente à vouloir en finir avec la vie. C’est son professeur principal qui lui avait sauvé la vie. Toutefois, le verre brisé avait lacéré la peau d’albâtre de la jeune fille. Shuusuke ne comprenait pas pourquoi certaines personnes tentaient d’en finir avec la vie, alors que d’autres mourraient en priant désespérément pour pouvoir survivre !

 

Ses mouvements étaient fluides, dû à des automatismes et à une pratique régulière. La porte s’ouvrit et la famille entra dans la pièce. La mère voulu se précipiter mais, une infirmière la canalisa. Shuusuke se tourna vers elle et commença son interrogatoire.

 

« Bonjour madame Thunderwitch  Je voulais savoir si votre fille a des allergies médicamenteuses connus ?

-    Est-elle en vie ? Et… » Bredouilla la mère désespérée.

-    J’ai peu de temps, alors s’il vous plaît répondez à mes questions ! Plus nous interviendrons rapidement, mieux cela sera.

-    Non… elle n’est allergique à rien…

-    Son groupe sanguin ?

-    A-

 

Shuusuke grimaça et continua son interrogatoire. La gamine avait de nombreuses plaies et il fallait la recoudre rapidement. Le médecin demanda à ce qu’on lui prépare un bloc opératoire. Une équipe se forma et Shuusuke prit une minute pour expliquer ce qu’il allait pratiquer. Le père restait de marbre devant ses déclarations, alors que la mère pleurait à chaudes larmes.

 

Le médecin songea à la détresse de l’homme en retrait. Il était comme la plupart de ses congénères incapables d’exprimer les sentiments profonds qui l’agitaient. Il devait être tout aussi sincère que sa femme mais, tentait de faire face comme un homme à une situation qui le dépassait visiblement.

 

Les gestes affectueux dont il entoura son épouse presque hystérique… rappelaient à Shuusuke le nombre incroyable de fois, où il avait vu un homme étreindre une femme de la sorte. Quelque fois… Il aimerait être comme une femme et pleurer pour se libérer de sa tension intérieur et de sa peine… mais, comme cet homme, il se contenterait de se tenir debout, immobile… entourant ses bras autours d’épaules plus fragiles en essayant de se montrer fort.

 

Amagai quitta la famille pour s’enfermer dans le bloc avec le personnel soignant. Son esprit était maintenant concentrer sur son seul objectif, sauver la jeune fille. Ses gestes étaient sûrs et précis. Lorsqu’il sortit presque deux heures plus tard, il rejoignit la famille. C’est avec un sourire rassurant, qu’il s’avança vers les parents de l’adolescente.

 

« Comment va-t-elle ?

¾    Très bien… durant quelques temps, elle gardera les séquelles de son geste mais, toutefois d’ici un ou deux ans, elle ne devrait plus avoir aucune trace ou si elles subsistent, elles seront minimes.

¾    Je ne comprends pas pourquoi… elle a agit de cette manière. Elle est si gentille…

¾    Je n’aurais aucune réponse à vous fournir, mais vous devriez penser à remercier chaleureusement son sauver. S’il n’avait pas été là… votre fille aurait eut bien plus à perdre. Peut-être son professeur principal aura plus de réponses que je n’en possède.

¾    Nous le ferons, ne vous inquiétez pas pour cela. » Sourit le père de famille visiblement soulagé.

 

Amagai quitta quelques minutes plus tard les lieux et se dirigea vers la salle de repos. Le médecin se servit une tasse de café et fut rejoint par un autre médecin urgentiste qui sortait lui-même de son bloc.

 

« Piouuu, quelle journée ! Souffla Ootoribashi.

—    Je ne t’ai pas vu ce matin, remarqua Shuusuke.

—    Non, je suis au bloc depuis sept heure trente. J’ai été happé par l’équipe de nuit pour la nouvelle urgence qui se présentait. Je n’ai même pas pu boire mon thé avant de débuter ma journée… » Marmonna le blond en se préparant sa boisson.

—    Nous avons connu pire ! Sourit Shuusuke.

—    Oui, c’est vrai… » Reconnu son interlocuteur en soufflant sur sa tasse. « Au fait, tu vas à la soirée de Love la semaine prochaine ?

—    Non, pas très envie. Je suis crevé et je n’ai pas forcément le cœur à ça…

 

Rose observa son ami et soupira. Il reposa sa tasse et scruta le visage devenu plus sombre de l’urgentiste.

 

« Il ne sera pas là…

—    Cela n’a rien à voir, maugréa Shuusuke en se plantant devant la fenêtre de la petite salle de repose.

—    Justement, tu devrais venir ne serait-ce que pour rencontrer des amis et te changer les idées.

—    Je vais rencontrer encore les même têtes et je n’ai pas envie de… de rencontrer quelqu’un ! »

 

Amagai se tourna vers Rose et prit le siège en face de lui. Le crissement des pieds sur le sol, tranchait dans l’atmosphère feutré de la pièce. Le médecin se prit la tête entre ses mains et observa sa tasse de café comme s’il essayait d’y lire l’avenir.

 

« J’en ai assez de… de tout le stress que procure une relation amoureuse. Je voudrai vivre une vie tranquille, ou bien rencontrer de vrai amis. Tu vois ce dont je parle ?

 

Rose soupira et se pencha en avant

 

« Ce n’est pas en fuyant le monde que tu trouveras l’âme sœur.

 

Shuusuke éclata de rire sans joie. Il eut un sourire ironique qui flotta quelques instants sur son visage avant de relever la tête et de déclarer sombrement.

 

« Je n’ai nullement l’intention d’entamer une quelconque relation amoureuse. J’ai envie de vivre une vie paisible et si possible ne pas m’investir émotionnellement.

—    Qui te dit de t’investir… tu sais, il existe des sex-friend. T’es un homme pas un bout de bois… T’es jeune aussi. Kensei ne sera plus qu’un mauvais souvenir d’ici quelques semaines…

—    Après huit ans de vie commune ? Ricana Shuusuke.

—    Bon, quelques mois… Ne chipote pas sur les délais… » Haussa les épaules Rose en arquant un sourcil.

—    Tss…

—    Accompagne-moi au moins à cette soirée. Tu n’es pas obligé de rester toute la nuit accroché à mon bras, et si tu te trouves un gars sympa pour terminer la soirée… Je ne serai pas vexé !

—    Et si c’est toi qui te trouve la perle rare au cours de la soirée. Je fais comment pour rentrer ?

—    Hum… Love aura certainement de quoi t’héberger pour la nuit… Qu’est ce que tu perds ?

 

La porte de la pièce s’ouvrit pour laisser entrer Hirako et Ichimaru sensei. Les deux urgentistes paraissaient sur les rotules également. Shinji maugréa

 

« On s’demande toujours c’que vous cachez tous les deux…

—    Vous vous faites des idées Hirako-sensei… Répondit avec un sourire contrit Shuusuke.

 

L’homme se gratta la tête comme un gamin innocent prit en faute. Gin entrouvrit légèrement les yeux et un sourire ironique flotta sur ses lèvres.

 

« Ce n’est pas gentil de nous cacher certaines choses à nous vos collègues de travail… »

 

Rose se leva et se prépara un nouveau thé. Il se tourna vers Ichimaru et demanda doucement

 

« Puis-je vous en servir un ?

—    Vous êtes un expert dans le détournement de conversation Ootoribashi-san… Mais, vous savez… Hirako-sensei et moi-même finiront par percer votre secret ! »

 

Amagai rit doucement et se leva pour rincer sa tasse. La porte s’ouvrit à nouveau et Hiyori apparut à la porte.

 

« Une nouvelle urgence en chirurgie… Nous avons besoin…

—    Je viens ! » Proposa Shuusuke.

 

C’était lui qui avait fait le moins d’heures sur le groupe. Il quitta le pièce sous le regard inquisiteur d’Hirako. Ichimaru vint s’appuyer à côté de Rose. Un expert en microchirurgie qui utilisait ses dons aux urgences. Sans un mot, le blond tendit à son collègue une tasse de thé.

 

« je ne comprends pas pourquoi… vous nous tenez à l’écart de certaines de vos conversations.

—    Je pense que vous avez beaucoup trop d’imagination.

—    Vous savez… Remarqua Hirako. Tout se sait et un jour ou l’autre…

 

Rose baissa le regard vers Shinji. Ce dernier arborait un sourire torve. Il n’avait aucune envie de partager son secret avec qui que ce soit à l’intérieur de cet hôpital. Déjà, leur directeur de cet établissement était homophobe… même si, son frère et son fils étaient gay… Il s’imaginait mal, annoncer la nouvelle. Lui et Amagai n’avaient pas envie d’être virés pour un motif quelconque. Kurosaki Isshin n’était pas spécialement tolérant sur le sujet ! Rose se contenta de tremper ses lèvres dans son thé pour éviter de répondre. Hirako haussa les épaules et se mit à expliquer la longue intervention qui lui avait mangé la moitié de sa matinée et son début d’après-midi. Gin lui, scruta le chirurgien enfermé dans son mutisme. Et se promit de l’observer attentivement.

 

°°OoO°°

 

Ichigo observa son père installé à même le sol. Tomatsu lui grimpait dessus et Isshin l’acceptait sans broncher. Byakuya vint le rejoindre et sa main enlaça la taille du roux plongé dans la contemplation de la scène familiale qui se jouait plus loin.

 

« Quelque chose ne va pas mon amour ? »

 

L’architecte se tourna vers son amant et répondit surpris.

 

« Non… non… Pourquoi dis-tu cela ?

 

Byakuya sourit et traça avec son index, la ride préoccupée qui barrait le front d’Ichigo. Le roux parut déconcerté puis, un lent sourire éclaira son visage.

 

« Oh, c’est… enfin, j’essaye de me souvenir si mon père avait… enfin, s’il avait eu ce même comportement avec moi lorsque j’étais petit…

—    Ah… »

 

Le noble se tourna vers Isshin qui soulevait l’enfant dans ses bras visiblement heureux. Il maitrisait à merveille le langage bébé et Tomatsu était visiblement heureux d’avoir trouvé un interlocuteur qui le comprenne réellement.

 

« J’ai l’impression que Tomatsu préfère mon père à moi… » Souffla avec angoisse Ichigo.

 

Un baiser tendre se posa sur sa tempe et Ichigo qui commençait à se ronger les ongles se tourna surpris vers Byakuya.

 

« Ne t’inquiète pas mon amour… Tomatsu t’aime… il m’a plus vite accepté parce que je ressemble à mon frère. Bientôt, tu verras Tomatsu te montrera les mêmes marques d’affections. » Assura calmement le noble.

—    Mais, pourquoi il est souriant et détendu avec mon père ? » Interrogea Ichigo avec angoisse.

 

Le roux plongea son regard angoissé dans celui de son amant. Byakuya embrassa légèrement l’homme avec qui il partageait sa vie depuis huit ans maintenant. Irrémédiablement amoureux Byakuya, trouvait Ichigo de plus en plus beau. Il comprenait les angoisses du roux mais, visiblement, il ne parviendrait pas à le calmer.

 

Isshin leva la tête et vit l’affection amoureuse qui flottait toujours entre son fils et son amant. Le médecin se sentait de trop brutalement. Il se leva avec Tomatsu dans les bras et se dirigea vers Ichigo. Voyant le regard surpris de son fils, il lui tendit le petit garçon qui aurait pu être son petit-fils et déclara avec un léger sourire et essayant de simuler la fatigue.

 

« Je vais rentrer à la maison. J’ai eu une dure journée. Demain, je commence de bonne heure… Je te rends ton « fils » Ichigo. »

 

L’architecte voulu protester voyant très bien que son père simulait. Mais, il rencontra le regard sombre de Byakuya et ses protestations s’évanouirent. Isshin fut reconnaissant intérieure au noble de lui éviter une longue discussion avec son fils.

 

« Comme tu veux… Mais, viens nous rendre visite… »

 

Ichigo n’eut pas le temps de finir sa phrase que le petit garçon pleura presque de désespoir. Le roux se crispa et tenta de consoler Tomatsu mais, n’y parvenait pas. Isshin sourit et tapota l’épaule de son fils

 

« Tu vas devoir apprendre le dur rôle d’un père de famille… Sur ce… Je vous souhaite une bonne soirée. »

 

Isshin caressa légèrement la joue du petit garçon qui visiblement voulait retourner dans les bras de son « grand-père ». Isshin salua Byakuya et quitta l’appartement. Byakuya vit la détresse dans les yeux ambre et il souleva Tomatsu pour le calmer. En quelques secondes, l’enfant cessa ses pleurs et Ichigo vit ses épaules descendre de plusieurs centimètres comme si la gravitation du sol s’était accentuée vers le plancher.

 

« Ichigo… bientôt… ne t’inquiète pas… »

 

Le roux soupira et tenta de sourire à Byakuya qui emmêla ses doigts aux siens dans un geste réconfortant.

 

°°OoO°°

 

Un peu plus tard, installé sur la terrasse en bois qui bordait sa chambre, Isshin dégustait un verre de sake. La gorge du noble se serra légèrement en songeant qu’il avait vécu trop peu d’instant, comme il l’avait plus tôt avec Tomatsu. Le souvenir de son père revint écrasant. Le remord accabla Isshin. L’homme resserra son haori autour de ses épaules et observa la lune qui éclairait comme en plein jour, quand les nuages lui permettaient de projeter ses rayons sur la planète en dessous d’elle.

 

Un nouveau soupir franchit ses lèvres, en songeant qu’il n’avait plus que quelques jours avant de fêter ses soixante ans. Lui avait toujours l’impression d’en avoir quarante. Sa vie s’était arrêtée brutalement avec le décès de sa femme. Quoique… avait-il eut une vie ? Il rassembla ses souvenirs et son père, son clan, ses études, sa vie professionnelle… tout sauf sa famille avait pris le dessus. Sa vie avait été soit un long calvaire ou passé à regretter ce qu’il n’avait pas pu faire pour la changer. Isshin se trouva inutile.

 

Que lui restait-il à vivre ? Et dans quelle condition ? Son existence lui semblait soudainement très creuse. Isshin attrapa la flasque de sake et se reversa un nouveau verre. Peut-être était-il temps pour lui de vivre une autre existence qui ne soit pas un regret pour lui au moment où il quitterait cette terre ? Il voulait être heureux pour changer. Mais, cela ressemblait à quoi le bonheur finalement ? L’homme eut un petit rire sans joie et rentra dans sa chambre. Il abandonna sa veste sur le sol. Le tissu tomba dans un froissement sur le sol. Allongé dans son futon, Isshin caressa du bout du doigt la place se situant à côté de lui et murmura

 

« A quoi ressemble le bonheur ? »

 

°°oOo°°

 

L’appartement était brillamment éclairé. Un raclement d’un sac que l’on traine se faisait entendre. Suivit d’un tintamarre d’objets jetés pêle-mêle. Amagai se pencha et ferma le sac poubelle grande contenance devant lui.

 

« Voilà, c’est fait ! » Chuchota-t-il.

 

Le médecin resta pensif devant son gros sac poubelle informe. Tous les souvenirs communs accumulés avec Kensei s’y entassaient. C’était certain à présent pour lui, son ex ne reviendrait plus… et plutôt que de rester avec un amoncellement d’objets sommes toutes inutiles, et qui lui causait un certain chagrin, il préférait le balayer de son existence. De toute façon, Muguruma avait fait sa valise sans  emporter avec lui le moindre souvenir commun.

 

L’homme attrapa le sac devenu bruyant et traversa son appartement pour descendre dans le local à poubelle. Le voyage dans l’ascenseur lui parut interminable. Son cœur se serra quand il jeta sa vie commune aux ordures. Quand il s’éloigna et gagna les escaliers situés devant le hall de l’immeuble, il se sortit un paquet de cigarette et s’en alluma une. Shuusuke était un peu absent. Toutefois, il salua quelques résidents de l’immeuble.

 

Abandonnant un quart d’heure plus tard le perron, pour regagner son appartement, il éternua. Le mois de décembre était là, et lui se baladait dehors en bras de chemise, sans veste sur le dos. Le médecin s’aperçut qu’il avait froid. Shuusuke dans sa précipitation avait jeté ses souvenirs, sans enfiler la moindre une veste.

 

Allongé dans son lit grelottant, Amagai serra les couvertures un peu plus contre lui. Normalement, il devrait être plus heureux à présent. Enfin, il l’espérait… L’homme épuisé par ses heures de travail, et par sa fatigue nerveuse sombra dans un sommeil sans rêve.

 

Chapitre 2

Isshin était plongé dans les derniers chiffres de l’hôpital. Il attendait son frère pour aller récupérer sa voiture. Kisuke s’était proposé pour l’y emmener. Exploitant sa visite chez le rhumatologue, il allait en profiter pour le déposer chez le garagiste. Le médecin jeta un bref coup d’œil à sa montre trahissant sa nervosité. Le lendemain, c’était son anniversaire et Isshin avait l’impression que cette date fatidique ne lui apporterait rien de bon. Cette impression d’avoir un pied dans la tombe ne le quittait pas. Pour se rassurer, le médecin décida de se programmer une soirée entrainement.

 

Un appel de sa secrétaire l’informa de l’arrivée de Kisuke qui franchit le seuil au même moment avec son éternel sourire, et son bob visé sur sa tête.

 

« Prêt ? Demanda Isshin

—    Je peux savoir ce qui t’arrive encore ? Tu es plutôt pressé…

—    Bien sûr ! Je supporte plus ses transports en commun. Si c’était toi…

—    Pourquoi n’as-tu pas accepté une voiture en prêt ? » Interrogea Kisuke moqueur.

—    Et s’il m’arrivait la même chose ? Ou si j’avais un accident ? Ou…

—    C’est bon… c’est bon… j’ai compris ! » Déclara Kisuke en levant les mains devant lui.

 

Le blond adressa un sourire affectueux à son frère aîné qui se levait de son siège en marmonnant contre les probabilités qui seraient certainement contre lui actuellement. Les deux hommes sortirent du bureau et se dirigèrent vers la sortie. Ils se firent dépasser par un médecin qui courrait presque dans le hall de l’hôpital. Isshin fronça les sourcils.

 

« Qu’est ce que c’est que ses manières ? Grogna le chirurgien.

—    Peut-être, y-a-t-il un problème ? »

 

Isshin suivit du regard et vit alors devant l’accueil un attroupement. Mu par la curiosité, le chirurgien se dirigea vers le rassemblement et vit alors une petite fille assise sur une chaise le visage en sang. Immédiatement, Isshin lança

 

« Je vous prierai de laisser de la place au médecin pour qu’il puisse faire son travail. Retourner vous installez en salle d’attente. »

 

Tous les curieux se tournèrent contrariés vers l’opportun mais, se figèrent en rencontrant le regard de braise du directeur de l’hôpital. L’espace se vida en quelques secondes. Isshin se pencha au-dessus de l’urgentiste qui continuait son auscultation comme si aucune interruption n’avait eut lieu. Les yeux d’Isshin suivaient le parcours des mains sûres d’elles.

 

Isshin prit son portable et appela un brancard. Le chirurgien se tourna vers la famille paniquée qui se tenait à côté de l’enfant. Ils étaient incapables de répondre aux questions de l’urgentiste qui pratiquait toujours les gestes de premiers secours.

 

« C’est le carnet de santé de votre enfant que vous tenez entre vos mains ? » Interrogea doucement Isshin.

 

Surpris les parents levèrent les yeux vers Ie directeur de l’hôpital et leurs regards perdu montraient combien, ils se sentaient démunies.

 

« Elle… elle… va…

—    Amagai-sensei fait son possible pour tirer votre fille d’affaire mais, s’il vous plaît… donnez-moi le carnet que vous avez eu la bonne idée de prendre… »

 

Le père observa le livret qu’il tenait entre ses doigts, comme s’il le découvrait pour la première fois. Au même moment, un brancard arriva et la petite fut installée sur la civière. Isshin tendit à Amagai le carnet. Ce dernier le regarda avec reconnaissance.

 

« Merci… je…

—    Inutile… »

 

Isshin lui sourit et désigna du menton l’enfant qui quittait les lieux et l’urgentiste lui rendit son sourire avant de disparaître.

 

« Eh bien, eh bien… » Souffla Kisuke.

 

Le médecin ne prêta pas attention à son frère et se dirigea vers le couple toujours figé.

 

« Ne vous inquiétez pas… Je vais demander à une infirmière de vous conduire à une salle d’attente à côté des urgences.

—    Tout est allé si vite… » Souffla la mère les larmes aux yeux.

—    Tout se déroule toujours très vite… » Rassura Isshin en tapotant l’épaule de la mère de famille écroulée. « Courage… Je suis sûr que votre fille fait de son mieux pour se montrer digne. Elle n’a pas pleuré et tout ira pour le mieux. Amagai-sensei est un bon médecin… »

 

Kisuke apparut prêt d’Isshin et une infirmière avec un sourire chaleureux vint prendre en charge les parents. Le commerçant remonta son bob et glissa un regard vers le médecin.

 

« Tu aurais pu appeler quelqu’un pour s’occuper de cela…

—    J’aurai pu… c’est vrai… » Isshin sourit à Kisuke qui l’observait avec un air indulgent. « Nous y allons ?

—    Je n’attendais que toi ! » Sourit Kisuke.

 

Les deux hommes quittèrent l’hôpital. Isshin se crispa légèrement quelques minutes plus tard, lorsqu’il reconnu la conduite sportive de Kisuke.

 

« Tu ne changeras jamais… » Marmonna le médecin. « Si nous arrivons vivant au garage, j’ouvre une bouteille de champagne ! Comment Grimmjow arrive à supporter ta conduite ?

—    On appelle ça le pouvoir de l’amour ! » Eclata de rire Kisuke.

—    Mouaih… il est plutôt inconscient ce gamin…

—    Il a presque quarante ans ! Sourit Kisuke.

—    C’est bien ce que je disais… » Marmonna Isshin.

 

Kisuke éclata de rire et parla de ses activités. Isshin posa quelques questions et laissa son frère s’exprimer autant qu’il le voulait. Apparemment, il était heureux et cela lui faisait plaisir. La voiture avait légèrement diminué de rythme et la conduite plus souple, le fit sourire. Kisuke l’écoutait même s’il se moquait de lui.

 

Isshin récupéra sa voiture, soulagé et surtout allégé au niveau du porte-monnaie. Le médecin maugréa.

 

« J’aurai du être mécanicien… j’ch’suis sur que ça rapporte plus !

—    Je vais finir par croire que t’es radin… » Eclata de rire Kisuke.

—    C’n’est pas toi qui a payé les dernières dettes de jeux de Tajima… Soupira Isshin.

—    Pourquoi le fais-tu ?  Il ne comprendra jamais… il est malade…

—    Je pense en parler au prochain conseil de famille. Je ne peux plus passer sur ses incartades. Il va faire crouler notre clan.

—    Ah je n’aimerai pas être à ta place… »

 

Isshin haussa les épaules et ouvrit la portière de son véhicule pour faire face une dernière fois à Kisuke qui l’observait inquiet.

 

« Tu sais… tu devrais vivre un peu… » Déclara songeur le blond.

—    Je vis…

—    Bien sûr ! Entre ton hôpital et le clan… Tu n’en as pas assez de toutes tes responsabilités ? Tu ne peux pas partir en vacances ?

—    En ce moment ? » Demanda Isshin avec un sourcil levé. « Non ! Il faut que je règle le compte de Tajima… et puis, je dois discuter de ma succession auprès du clan. J’aimerai que se soit Ichigo qui le reprenne.

—    Oui mais, Byakuya s’occupe du clan Kuchiki… C’est lourd…

—    Je le sais… mais, je souhaite que se soit le fils ainé de Karine qui reprenne le clan Kurosaki et pas un quelconque cousin. Il faudra bien faire la jonction entre moi et lui… Il n’a que quinze ans…

—    Tu parles comme si tu allais mourir ! » S’exclama Kisuke soudain soucieux.

—    S’il m’arrivait quoique ce soit… je préfère prévoir. Je connais les rapaces du clan. Trop de choses sont en jeu pour me permettre de prendre tous ses problèmes à la légère Kisuke ! » Isshin sourit et lança malicieux « Va rejoindre ton fringuant jeune homme… je suis sur qu’il doit s’ennuyer quand tu n’es pas là… 

—    Ce qui veut dire ? » Interrogea Kisuke inquisiteur.

—    Que le calme et la tranquillité pourraient le tuer ! »

 

Kisuke voulu protester mais, Isshin s’engouffra dans sa voiture et lui claqua la porte au nez. Le chirurgien démarra doucement son véhicule et s’engagea vers la sortie. Immédiatement, la voiture se dirigea à nouveau à l’hôpital. Les kilomètres défilèrent. La neige commença à tomber obligeant Isshin à la balayer avec les essuie-glaces. Dix-huit heures à peine et la nuit était bien installée. Quand il se gara à sa place, Isshin fut saisit par le froid qui s’était abattue brutalement sur la ville.

 

Le médecin était à nouveau enfermé dans son bureau et il occulta loin dans son esprit le lendemain. Après tout, c’était un jour comme un autre.

 

°°0°0°°

 

Quelques flocons dansaient devant les yeux d’Amagai. Il souffla dessus par jeu. Rose était retourné chez lui ayant oublié le cadeau d’anniversaire de son ex. Ça lui, ne le comprenait pas ! Une histoire lorsqu’elle était terminée… elle l’était irrévocablement, sans retour en arrière. Apparemment, son ami ne pensait pas la même chose. Shuusuke était descendu de la voiture pour mieux observer la neige danser dans le ciel d’encre.

 

La maison cossue dans lequel vivait son ami, le laissait pantois. Lui ne pourrait jamais se payer pareil luxe. Amagai n’avait jamais cherché à savoir d’où pouvait provenir l’opulence du médecin. Mais, le jardin luxuriant, la fontaine sculptée qui accueillait le visiteur à l’extérieur de la maison, comme dans le hall d’entrée et la dimension même du bâtiment, laissait perplexe.

 

Rose se joignit à lui et amusé remarqua

 

« Tu joues encore à ses jeux de gamin ?

—    On passe le temps comme on peu… tu traines… » Rétorqua Shuusuke moqueur.

—    Tu n’étais pas contre cette sortie au départ ?

—    J’essaye de ne pas y penser. Si tu ne m’avais pas supplié aussi pathétiquement, je serai resté chez moi…

—    Je suis sûr que tu t’amuseras comme un fou et que tu me remercieras un jour très chaleureusement pour la merveilleuse soirée que tu vas passer ! » Affirma Rose tout sourire.

—    On en reparlera…

—    Si tu veux en attendant… tu m’as promis d’être sage et de m’accompagner. J’ai horreur d’arriver seul à une soirée…

—    Pourquoi tu ne demandes pas à Ryusei de t’accompagner ?

—    Il a un petit ami… ce n’est plus possible !

—    Oh…

—    Allons-y ! Où tu vas te transformer en bonhomme de neige. »

 

Surpris, Amagai constata que la neige recouvrait son manteau en laine. Il se secoua et se dirigea du côté passager. Ses cheveux en batailles commençaient à s’aplatir sur son crâne sous le poids de la pellicule blanche s’emmêlant à la masse sombre de ses mèches. Les deux hommes discutèrent dans le véhicule. Rose jetait un regard de biais à son ami. Ils avaient fait leurs études ensemble et s’estimaient. Il n’y avait rien entre eux, seulement une amitié solide.

 

Le profil d’Amagai avait peu changé, juste endurcit avec le temps… Rose regrettait cet état de fait. Shuusuke était si souriant et amusant, étudiant. Cultivé et de bonne compagnie, il souffrait de voir cet homme si jovial se renfermer et ne montrer qu’une façade faite la plupart du temps pour le milieu professionnel. Mais, Amagai était entier ! Combien de fois s’était-il brûlé les ailes ? Souvent…  certainement… songea Rose. Mais lui, conservait l’espoir de trouver l’amour un jour. Amagai n’y croyait plus. Le pli amer sur le coin de sa bouche ne le trompait pas…

 

Le regard de Rose se concentra sur le bitume et les plaques de neiges qui s’accumulaient par endroit. Mais, son esprit dériva sur le passager encore une fois involontairement. Shuusuke était séduisant. Bien que plus petit que lui, il était bien proportionné. Large d’épaule, le corps taillé en V par ses séances d’entrainements en salle… son faux air négligé du à sa barbe mal rasée, en complet paradoxe avec son look soigné. L’arme séduction de son ami était sans conteste la profondeur de ses yeux couleur sable pouvant aller au claro lorsqu’ils devenaient sombres, étaient magnétique. Son sourire lorsqu’il était vrai attirait la sympathie immédiate mais, devenait animal lorsqu’il devenait mordant.

 

Le mélange détonnant d’une personnalité presque double, fabriquée pour cacher une sensibilité à fleur de peau. Rose espérait sincèrement, l’arrivée prochaine d’un homme qui saurait l’aimer comme le mérite Amagai. L’urgentiste décèlera et mit son clignotant pour passer un large portail. Le regard de Rose accrocha la décoration excessive et clignotante de son ex. Le contraste de leur goût était indubitable.

 

Amagai sortit de la voiture, et la musique bruyante qu’affectionnait Love lui fit dresser les poils de ses bras. Pourquoi était-il venu déjà ? Ah oui… donner à Rose le courage d’affronter son ex et le montrer comme le seul partit valable pour lui. Shuusuke se demandait bien pourquoi Rose s’obstinait avec un type ayant si mauvais goût… Mais, la lueur qui brillait dans son regard, lui fit ravaler les mauvaises pensées qui envahissaient son esprit.

 

°°0°0°°

 

Isshin sortit le dernier de la salle d’entrainement. Il avait soulevé plus de fontes, persuadé qu’il oublierait son âge. Ses muscles criaient grâce. Il se dirigea vers sa voiture recouverte d’une pellicule blanche de trois centimètres. Le médecin détestait conduire sous la neige mais, il n’avait pas trop le choix. Après tout, il s’était obstiné à vouloir venir alors que de gros flocons tombaient sur les routes mouillés de Karakura.

 

L’homme démarra sa voiture mais, elle n’obéit qu’au troisième tour de clef. Cela avait inquiété le médecin. La voir rouler le rassurait et Isshin aspirait à retourner chez lui une bonne fois pour toute. Les doigts cherchèrent une station de radio diffusant un peu de musique douce. Le choix du médecin s’arrêta sur come away with me… La ballade le calma. Sa conduise se fit plus souple et moins rapide. Le regard d’Isshin se fit plus lointain.

 

°°0°0°°

 

Kaien conduisait prudemment sur la route de campagne qu’il avait empruntée. Son regard fouillait l’obscurité et il maudit Love d’habiter un petit bouiboui au fin fond de la campagne proche de Karakura. L’optométriste détestait ce genre de temps, surtout qu’il avait prévu de boire une partie de sa soirée. Il cru voir quelque chose et plissa les yeux pour mieux voir au loin, maudissant le manque d’éclairage sur cette portion de route.

 

Il vit une voiture sombre sur le bas côté. Les feux de détresse clignotaient mollement. Le premier réflexe de Kaien fut d’observer les alentours. A sa surprise, il vit une haute silhouette se poster sur le bord de la route. Ses phrases balayèrent l’homme et à sa surprise Kaien reconnu Kurosaki-san. Il s’arrêta ou plutôt pila net. La vitesse réduite limita les risques d’accident, au grand soulagement de l’optométriste qui baissa sa vitre électrique et interpella l’homme qui lui ne semblait pas encore l’avoir reconnu.

 

« Kurosaki-san ? »

 

Isshin s’arrêta net. Il observa la tête du jeune homme souriant et reconnu brutalement Kaien Shiba. S’il s’attendait à le rencontrer en de pareilles circonstances.

 

« Que se passe-t-il ? » Interrogea encore le jeune homme.

—    Mon véhicule est encore tombé en panne…

—    Oh… après le coup du métro, vous me faites le coup de la panne de voiture ? » Suggéra Kaien.

 

Voyant l’air sombre de l’homme, Kaien invita joyeusement Kurosaki à le rejoindre. Il était trop heureux de le rencontrer à nouveau pour laisser une brouille s’installer.

 

« Montez dans ma voiture !

—    Vous vous rendez à Karakura ?

—    Pas vraiment… je vais faire la fête chez un ami… c’est tout prêt d’ici.

—    Je pourrai appeler une dépanneuse… » Maugréa Isshin.

—    Vous n’avez pas de portable ? » S’étonna Kaien

—    Sans réseau… je ne peux pas faire grand-chose…

—    J’ai toujours dit à Love que ses plans question baraque était toujours foireux !

—    Je pourrai utilise son téléphone si je n’ai toujours pas de réseau ?

—    Bien sur… Love est plutôt du genre ouvert…

—    Venant de vous… Ça me fait présager le pire ! » Maugréa encore Isshin en détaillant son voisin soupçonneux.

 

Le comportement circonspect d’Isshin à peine installer sur le siège passager, fit éclater de rire Kaien. Le conducteur se concentra à nouveau sur sa route. Un fin sourire éclairait son visage

 

« Vous avez l’air de vous être forgé une certaine opinion de moi… » Répliqua simplement Kaien.

—    Vous avez admis vouloir me draguer ! » Protesta Isshin.

—    Et vous montez sans peur dans ma voiture ! Répliqua moqueur Kaien.

—    Je ne pense pas risquer grand-chose de votre part… Je pense pouvoir encore me défendre contre vous…

—    Ne soyez pas si confiant… Kurosaki-san ! Les homosexuels ont plus d’un tour dans leurs sacs ! »

 

En disant cela, Kaien glissa un regard vers Isshin et explosa de rire en voyant l’air mi-effaré, terrifié et interrogatif de son passager. L’optométriste posa une main sur son ventre, sentant venir une barre lui contracté les abdominaux.

 

« Vous êtes très drôle… Et le pire… C’est que je vous emmène directe à une fête gay !

—    Déposez-moi ici ! Intima Isshin très, très inquiet brutalement.

—    Etes-vous homophobe Kurosaki-san ? Demanda Kaien plus sérieusement.

—    Oui !

—    Ah… Bon… Vous êtes bien obligé de venir avec moi pour pouvoir trouver une dépanneuse, et téléphoner à un taxi. Je vous promets de rester près de vous… le temps que vous soyez sortie d’affaire… Vous me faites un minimum confiance ? De toute façon, soit c’est m’accompagner ou mourir de froid. Sourit Kaien.

—    J…

—    Ne me dites pas que vous préférez la mort… vous me décevriez beaucoup. »

 

Isshin voulu ouvrir la bouche pour protester. Son regard se posa sur Kaien et les mots moururent sur ses lèvres. Le jeune homme ressemblait tellement à son fils qu’il fut incapable de relever parole… Il respira brièvement et Isshin déclara sobrement

 

« Je préfère vous accompagner…

—    Nous ne sommes pas tous des sauvages et à cette fête, il y a des hétérosexuelles, des couples normaux si vous préférez…

—    Je m’excuse… » Déclara soudain Isshin, se rendant compte qu’il avait blessé le jeune homme si rieur quelques minutes plus tôt. « Il m’a fallu beaucoup de temps pour accepter l’homosexualité de mon frère… et de mon fils. J’ai été violent et… je le regrette. Je vois qu’encore aujourd’hui, je ne suis pas encore aussi large d’esprit que je le pensais… » Avoua Isshin.

 

Kaien posa un instant son regard sur Isshin. La mine préoccupée et l’accent de vérité dans la voix de l’homme apaisa le conducteur. Un sourire fleurit à nouveau sur ses lèvres.

 

« Si on recommençait depuis le début ? Je m’appelle Kaien Shiba… Je suis optométriste de profession. Je suis gay et je l’assume mais, je ne détournerai pas votre illustre personne… sauf pour la taquiner ! » Kaien adressa un clin d’œil à Isshin qu’il trouvait attendrissant.

—    Kurosaki Isshin, chirurgien à l’hôpital central de Karakura.

—    Oh… le grand hôpital… Attendez… Kurosaki ? C’est vous le… »

 

Voyant l’incrédulité sur le visage du jeune homme, Isshin sourit et hocha la tête.

 

« Je suis le patron de l’hôpital central… »

 

La voiture se gara derrière une longue file de véhicules. La cour était animée par des lampions, des fines lumières clignotantes. Kaien secoua la tête et déclara narquois.

 

« Il ne changera jamais… j’comprends pas comment Rose peut le supporter !

—    Vos amis portent de curieux noms… » Déclara Isshin en balayant la maison imposante d’un large coup d’œil.

—    Love est un sculpteur réputé… Et Rose… c’est Rose ! »

 

Kaien se souvint du travail de son ami et il se dit que si Kurosaki-san devait découvrir quelque chose, autant qu’il le fasse lui-même. L’optométriste détestait les commérages… Il invita Isshin à le suivre d’un geste du bras et s’avança dans l’allée.

 

« Vous savez, Love ouvre rarement la porte de sa demeure à des étrangers… Mais, comme vous m’accompagner et que vous êtes un ami, il n’y verra pas d’inconvénients.

—    De toute façon, je ne compte pas m’attarder ! » Déclara Isshin sombrement.

 

Une foule multicolore vint se joindre à eux. De nombreux hommes tournèrent autour de Kaien en lui souhaitant la bienvenue. L’un d’entre eux, jeta un regard appréciateur sur Isshin, qui serra la mâchoire.

 

« Dit-moi… c’est une perle rare que tu nous rapportes Kaien… Où tu l’as déniché ? On dirait un hétéro s’étant jeté dans la gueule du loup… Soit dit en passant, j’aimerai bien être son loup… »

 

L’homme costumé fit un geste en simulant une « attaque» qui se voulait agressive tout en imitant le feulement du loup. Mais, cela ressemblait plus à un chaton miaulant sous une pluie battante qu’à un véritable fauve passant à l’attaque. Le regard de sphinx que lança Isshin fit avoir des frissons au loup qui se pencha vers Kaien.

 

« Dit… tu m’l’prêtes ? » Susurra en minaudant le canidé.

—    Il est hétéro… » Rétorqua Kaien simplement.

—    Mince alors ! » Protesta l’homme. « Y’a de la chance que pour les canailles !

—    Ulqui… Je suis sûr que tu trouveras d’autres proies tout aussi intéressantes ailleurs. » Sourit Kaien en entrainant  Isshin, heureux d’échapper au grand méchant loup.

—    J’en doute… » Marmonna déçut le jeune homme.

 

Kaien se retenait à grand peine de ne pas éclater de rire. L’expression de sa proie le faisait mourir de rire mais, il était certain de ne pas approcher aussi directement, un homme comme Kurosaki.

 

« Vous savez… il est directeur de pompes funèbres… Généralement, il est plutôt… distant et très compassé… mais, aux soirées c’est l’occasion pour lui de se lâcher !  Venez… Je vais vous montrer une pièce où vous pourrez être tranquille et téléphoner…»

 

Isshin hocha la tête d’une manière très raide. Décidément… il aurait tout vu… Jusqu’à ce qu’il rencontre une expression catastrophée et un visage qui lui était familier.

 

°°0°0°°

 

Amagai soupira pour la centième fois. Il n’avait qu’une hâte s’était de partir. Rose s’était jeté littéralement à la tête de Love. Ce dernier occupé avec Tousen ne l’avait pas vu arriver. Maintenant, le trio s’expliquait de manière musclé… enfin, c’était surtout la fête à Love… pour faire un raccourcit. Songea sombrement Shuusuke.

 

L’urgentiste attrapa un whisky et déambula au milieu des convives. La plupart, ils les connaissaient. Certains d’entre eux étaient déguisés, d’autres non… mais, tous faisant partie de la bourgeoisie de la ville, voir plus… Au bout d’une petite demi-heure, lassé de tourner de petits groupes en petits groupes où les discussions autrefois pétillantes l’amusaient, lui faisait ressembler la soirée comme un mauvais cauchemar.

 

C’est là, qu’il croisa le regard sombre de Kurosaki Isshin. Il faillit jeter son verre et prendre ses jambes à son cou. L’attitude stupéfaite de son patron, lui disait clairement qu’il l’avait reconnu. Amagai en avait les jambes coupées. Mais, que faisait son homophobe de patron dans une soirée gay ? De plus, il était accompagné par Shiba et… ce type était un piège à lui tout seul pour tout hétéro égaré ! Les voir s’éloigner dans une pièce donnant à l’arrière de la maison le troubla plus encore.

 

Se fut se moment là, que choisit Rose pour revenir vers lui.

 

« Je peux savoir quel fantôme tu viens de croiser ? »

 

La voix de Rose était larmoyante. Surpris Shuusuke se tourna vers son ami pour le voir avec un œil au beurre noir. L’urgentiste ne put s’empêcher de toucher la plaie mais, Rose se recula.

 

« Non… ce n’est rien… C’est cet… cet enfoiré de Tousen Kaname qui m’a eut par surprise ! Qu’est ce qu’il lui trouve ? » Interrogea Rose en colère.

—    Euh… »

 

Le regard de Shuusuke remonta sur l’aveugle qui était devenu depuis peu le compagnon de Love. Il était plutôt séduisant et même s’il était aveugle, il avait une distinction discrète qui attirait l’attention. Amagai s’il devait choisir, se dirigerait immanquablement vers Tousen plutôt que vers Rose mais, il ne l’avouerait pas à son ami.

 

« Ne me répond pas ! Lâcheur…

—    J’ai vu Kurosaki Isshin…

—    Ici ? » Demanda Rose choqué.

—    Oui…

—    Tu as rêvé… arrête le scotch…

—    Whisky !

—    Tu en as bu combien ?

—    Pas tout à fait deux… »

 

Rose posa une main gracieusement sur le front de Shuusuke et vérifia sa température. Force pour lui de constater qu’Amagai allait très bien.

 

« Il était accompagné de Shiba Kaien…

—    Là, tu es tombé sur la tête ! »

 

Le ton condescendant de son ami l’irrita. Son regard fut attiré à nouveau par la silhouette athlétique de Kurosaki.

 

« Il est là ! »

 

Rose jeta un regard circulaire et quand il repéra la carrure de son patron, devint blanc comme de la craie. Il détala comme un lapin, oubliant de paraître élégant dans sa fuite et laissant Amagai sur place. L’urgentiste fit demi-tour et allait quitter discrètement la pièce quand la voix de son patron le cloua sur place.

 

« Amagai-sensei… j’ignorais que vous fréquentiez ce genre de soirée… »

 

La gorge sèche, Shuusuke se tourna pour croiser le regard pénétrant de son patron. Il aurait voulu mourir sur place. C’était évident à présent qu’il se souviendrait de cette soirée comme la pire de toute sa vie !

Chapitre 3

Amagai toussota pour se dégager la gorge. Il repoussa les mèches qui tombaient sur son front nerveusement. Le visage de Kurosaki était visiblement surpris et circonspect.

 

«  Kurosaki-sensei… Je suis surpris de vous voir ici…

—    Et moi donc… » fit Isshin en balayant la pièce avec une mine un peu dégoutée. « Ma voiture est tombé en panne pas très loin d’ici et… Shiba-san m’a proposé de pouvoir téléphoné à partir d’ici…

—    Je comprends mieux… » murmura Agamai qui maudit en passant Kaien de s’être trouvé là au mauvais moment.

 

Isshin reporta son attention vers son médecin et le scruta un peu plus intensément. Ce qui eut pour effet de faire rougir légèrement son interlocuteur, visiblement très gêné… et pris au dépourvu. Isshin ne s’attendait pas à déclencher une pareille réaction. Il avait bien vu qu’Amagai tentait de se sauver quand il l’avait aperçut. Était-il un monstre ?

 

« Vous êtes ami… avec ce… Love ?

—    Hai ! » Répondit Amagai en plongeant son regard tout aussi intensément dans celui de son interlocuteur.

 

L’urgentiste ne voyait plus pourquoi il se cacherait maintenant… il était cuit. Alors, autant l’avouer et être tranquille une bonne fois pour toute. Isshin haussa un sourcil surpris par son honnêteté et cette manière presque effronté de lui répondre. Un sourire finit par éclairer ses traits.

 

« Je ne vous aurai jamais cru de ce bord là…

—    Désolé de vous décevoir ! » répondit Amagai narquois.

—    Non… C’est… » Isshin soupira et repris d’une voix fatiguée. « Non… rien ! Je crois que je me fais vieux… »

 

Shuusuke fut déstabilisé par ce brusque changement d’attitude. Isshin jeta un coup d’œil à sa montre et grimaça. Voyant l’air mi-contrarié et cette espèce d’abattement qui saisissait son vis-à-vis si brutalement, Shuusuke ne put s’empêcher de s’interroger.

 

« Vous n’allez pas bien ? »

 

Isshin baissa les yeux vers Amagai. Même si, le médecin était homosexuel, il avait le mérite d’être parmi un de ses meilleurs éléments. Isshin songea fugacement à Ichigo et à Kisuke. Encore une fois, il portait un jugement hâtif. Isshin reconnu en lui-même, cela le rassurait de voir un visage familier dans cette maison de fou. Alors, sans qu’il ne sache pourquoi, le chirurgien se confia

 

« Oh… un peu déprimé… »

 

Voyant, l’étonnement chez son interlocuteur, Isshin reprit légèrement crispé

 

« Je fête mon anniversaire dans moins de trois heures…

—    Cela vous déprime ? » Demanda Shuusuke ne comprenant pas en quoi un anniversaire était déprimant.

—    Je vais avoir soixante ans… alors, oui, je déprime ! » Répondit Isshin s’offusquant légèrement.

—    Pardon ? »

 

Amagai ouvrit la mâchoire de saisissement. Jamais, il n’aurait jamais donné l’âge là à cet homme. Tout au plus une cinquantaine d’année… quoique son fils approchait son âge, d’après les commérages de l’hôpital.

 

« Ne me dites pas non plus que vous ne me croyez pas ! A moins que vous n’ayez les mêmes intentions que Shiba-san ? »

 

Le froncement de sourcil d’Amagai et l’incompréhension qui se lisaient si facilement sur le visage de l’urgentiste, fit préciser sa pensée

 

« Il me drague ! »

 

Amagai ouvrit la mâchoire un peu plus grande et aucun son n’en sortit. Puis, il finit par tousser et s’étouffer en reprenant son souffle de travers. Isshin voyant sa méprise se frappa le front et posa une main sur l’épaule d’Amagai dans un signe d’apaisement.

 

« Sans vouloir vous vexer… » Déclara Amagai, les larmes aux yeux « Vous n’êtes pas du tout mon type… Kurosaki-san… » Marmonna l’urgentiste dans un beau mensonge. Shuusuke avait le cœur qui battait un peu plus vite. L’évocation d’une quelconque relation avec le directeur de l’hôpital central de Karakura de sa bouche même, le troublait.

 

Isshin soupira, exaspéré et maugréa à contrecœur.

 

« J’ai l’impression que j’atteins des sommets de bêtises actuellement. Je vous présente mes excuses… mais, je suis terriblement mal à l’aise ici…

—    Oh vous avez trouvé quelqu’un avec qui discuter ! » remarqua la voix de Kaien à côté de lui abruptement.

—    Euh… Je connais Amagai-sensei. » Répondit Isshin simplement.

—    Comme s’est intéressant… » Déclara Kaien en torpillant Amagai d’un coup d’œil assassin, non visible par Isshin. « On peut savoir ce qui t’arrive Shuusuke ?

—    Hum… » toussa encore Amagai en se redressant.

 

Le regard qu’échangèrent les deux hommes était loin d’être amical. Isshin plongé dans ses contradictions ne le remarqua pas.

 

« Je viens de lui faire une proposition, qu’il a heureusement refusée… » Grogna le chirurgien visiblement soulagé.

—    Vous n’étiez pas hétéro ? » Demanda Kaien en lançant un regard noir à Amagai qui remit en place sa veste de costume.

—    Je le suis et je ne compte pas changer… Bon mon taxi doit être arrivé… Je vais devoir vous laisser. Merci de m’avoir une nouvelle fois dépanné… »

 

Sans laisser le temps à ses interlocuteurs le temps de réagir, Isshin quitta les lieux et lança des regards noirs à tous ceux qui tentaient de l’approcher. Amagai resta saisit et se demanda soudainement, si toute cette histoire n’allait pas lui tomber dessus un jour où l’autre. Kaien se lança à la poursuite du médecin et le vit s’approcher du taxi qui se garait devant l’allée principale.

 

« Kurosaki-san… Kurosaki-san… »

 

Isshin se tourna vers Kaien qui pila devant lui essoufflé. L’expression de désarrois sur ses traits le mis mal à l’aise. A chaque fois qu’il voyait le visage de cet homme, il avait l’impression de se trouver en face de son fils. Et cette expression de détresse lui rappelait de mauvais souvenirs.

 

« Je suis sincèrement désolé… Je ne pensais pas qu…

—    Shiba-san… Je vais mettre les choses aux clairs ! Je suis hétérosexuel et je ne changerai pas de bord quoiqu’il arrive. De plus, vous ressemblez tellement à mon fils que… si j’avais une quelconque relation avec vous, j’aurai l’impression de pratiquer un inceste ! Je trouve déjà glauque le fait que deux hommes soient ensemble mais, en plus avec une personne ressemblant à quelqu’un de ma famille… Se serait le summum du ridicule. Maintenant… Je vous souhaite une bonne soirée et si nous nous croisons à nouveau… n’essayez pas de me draguer à nouveau. Par contre… » Fit plus doucement Isshin en voyant le désarrois de son interlocuteur «… une amitié est toujours possible ! Mais… rien de plus ! »

 

Kaien resta un instant sans rien dire, se contentant d’observer Isshin qui montait dans le taxi. Il posa la main sur la porte au moment où elle allait se fermer. Le médecin leva les yeux surpris et attendit que le jeune homme parle.

 

« Cela me ferait très plaisir de pouvoir être votre ami… Kurosaki-san. Sincèrement… » Avoua Kaien abandonnant son projet de séduction.

 

La personnalité du médecin le touchait inexplicablement. Un léger sourire se forma sur les lèvres d’Isshin qui fouilla dans la poche intérieure de sa veste et sortit une carte de visite.

 

« Cela me ferait plaisir de vous rencontrer dans des circonstances… moins… chaotiques. »

 

Kaien tira de la poche de son pantalon, son portefeuille. Il tendit à son tour sa carte et Isshin la rangea soigneusement.

 

« Je pourrai vous appelez ? » Interrogea Kaien un peu gêné.

—    Cela vous dirait… si nous déjeunions ensemble lundi midi ? A moins que vous n’ayez pas beaucoup de temps ?

—    … si, avec plaisir ! » Sourit Kaien ravi.

—    Je vous enverrai un texto pour vous confirmer notre rendez-vous… Vous travaillez loin de l’hôpital ? » S’enquit le médecin.

—    A deux stations…

—    Je demanderai à Lisa… » Déclara songeur Isshin.

 

Il salua Kaien une dernière fois et ferma la portière. Après avoir noté l’adresse, le chauffeur qui avait patienté déclara sombrement

 

« Vous savez le compteur à tourner…

—    Auriez-vous peur de ne pas être payer ?

—    Ne soyez pas surpris à la sortie…

—    Alors démarrer ! »

 

Isshin fixa froidement le chauffeur qui déglutit en rencontrant le regard noir de son client. Le médecin croisa les jambes et son esprit retourna auprès de Kaien. Il ne comprenait pas pourquoi, il l’avait invité aussi spontanément. Peut-être parce que le jeune homme était spontané et sympathique… ou lui rappelait-il son fils ? Cela le laissait songeur.

 

Puis, ses pensées dérivèrent vers Amagai Shuusuke. Il n’était pas dupe, c’était presque de la peur qu’il avait perçut chez l’urgentiste… C’est ce qu’il inspirait aux gens ? De la peur ? Ce constat le déçut. Isshin sortit son portable et nota le numéro de téléphone de Kaien… Et un vague sourire s’inscrivit sur les lèvres du médecin. C’était le seul numéro de téléphone, qui ne soit pas professionnel ou familiale dans les innombrables qu’il avait enregistré.

 

°°0°0°°

 

La fête battait son plein. Amagai se resservit un autre whisky pour se remettre de sa rencontre avec Kurosaki. Il en avait encore les mains qui tremblaient légèrement. Jamais, il n’aurait pensé qu’un homme puisse lui faire un tel effet. Jamais, il  n’avait rencontré le directeur en dehors du contexte professionnel. Lorsqu’il rencontrait une veste blanche, la personne changeait de visage mais pour le reste… il était médecin.

 

Là, le regard chocolat qui le fouillait comme s’il pouvait voir au travers de lui, le fit frissonner une nouvelle fois. De plus, rencontrer son patron dans ce type de soirée était profondément déconcertant et… encore plus ses réactions. Que se passerait-il pour lui lundi ? Serait-il convoqué ? Devrait-il donné sa démission ? Quand il but sa dernière gorgée Rose apparut comme par miracle à côté de lui.

 

« Il est partit ?

—    Hai !

—    Et ? » Demanda anxieusement Rose comme sur des charbons ardents.

—    Que veux-tu que je te dise à part qu’il est homophobe ?

—    Mais que faisait-il ici ? Protesta Rose consterné.

—    Je t’interdis de te mettre en moi et lui Amagai ! »

 

Surpris Rose et Shuusuke se tournèrent vers Kaien qui arborait une expression sombre contrairement à son habitude. S’en était presque choquant venant de lui.

 

« Je n’ai pas l’intention de me mettre entre toi et lui… Je ne m’intéresse pas à lui ! Et c’est mon patron, pour rappel… Quoique plus pour très longtemps, vu son air…

—    Vraiment ? » Répondit Kaien en fronçant les sourcils.

—    Tu m’as l’air accro ? Remarqua Rose étonné.

—    J’ai eu le coup de foudre ! » Marmonna l’optométriste en se grattant le sommet de son crâne, un vague sourire aux lèvres.

—    Bonne chance… marmonna Rose.

—    Il est…

—    Homophobe ? » Termina Kaien tout sourire. « Oui, je le sais… mais, il m’a quand même donné un rendez-vous !

—    Quoi ? » S’écria Rose.

 

Kaien sortit son portable et l’agita entre ses doigts, une expression définitivement heureuse.

 

« Il m’a même donné son numéro de portable personnel… Kurosaki-san est… adorable ! » En terminant sa phrase, Kaien s’éloigna et salua Love au passage, lui signalant son départ.

 

Rose se tourna effaré sur Shuusuke pour le prendre à témoin.

 

« Tu te rends comptes ? Comment peut-on trouver Kurosaki « adorable » ? »

 

Amagai ne répondit pas. Il posa simplement son verre et jeta un coup d’œil à sa montre.

 

« Pourquoi tu ne réponds pas ?

—    Tu vois ces derniers temps, je ne me sens pas capable de juger de ce qui est adorable ou pas ! Et comme tu m’as laissé en plan pour affronter le « boss »… Je pense que tu pourrais au moins me raccompagner chez moi ! Je suis claqué et il va falloir que je me trouve de sérieux alibi pour lundi pour ne pas me faire virer…

—    Il est peut-être gay… Répondit Rose pensif soudainement. Sinon pourquoi, aurait-il donné son numéro à un inconnu ?

—    Tu m’écoutes Rose ? Je veux rentrer chez moi !

—    Ok… ok… de toute façon, Love ne veut plus me voir. Je déteste Tousen et Love n’est qu’un…

—    Enfoiré ? Tu me l’as dit tout à l’heure… On rentre ! »

 

Les deux hommes s’éclipsèrent discrètement. Le retour fut silencieux, chacun plongé dans ses pensées et celles d’Amagai, revenaient sans cesse sur le regard heureux de Kaien. Comment pouvait-il être heureux d’être tombé amoureux, d’un type homophobe et dont toutes les chances pour que la romance aboutissent, s’approchaient du zéro ?

 

°°0°0°°

 

Le bip, bip régulier et rassurant résonnait dans le bloc aseptisé. Le cliquetis des pinces qui s’entrechoquaient et les ordres brefs donnés par le chirurgien coupaient la monotonie du moniteur qui sans défaillir alignait les chiffres et les tracés verts fluo, indiquant que tout se déroulait sans anicroche.

 

Le personnel composé d’un peu moins de dix personnes s’affairaient autour du patient et du chirurgien qui transpirait concentré et penché sur son microscope électronique. Les mains d’Isshin ne tremblaient pas. Il avait toujours eut peur de l’accident et c’est pour cela qu’il préparait toutes ses interventions avec soin. Au moment, d’agir ses pensées n’étaient occupées que par une chose, la réussite. L’infirmière essuya son front discrètement. Lui ne s’en apercevait réellement que lorsqu’il se sentait gêné.

 

La matière grise qui pulsait sous ses minuscules instruments aurait retourné plus d’un estomac. Lui était entièrement à son opération et à chaque geste qu’il effectuait. La seule partie de son cerveau qui était tourné vers l’extérieur, était la partie qui surveillait inconsciente le rythme cardiaque de son patient. Le chirurgien faisait une entière confiance à son équipe qui l’assistait quasiment à toutes ses opérations.

 

L’opération s’étirait. Commencée aux aurores le matin même, elle se termina en début d’après-midi. Lorsqu’il laissa le reste de l’équipe terminer son travail, Isshin se recula et s’étira discrètement. Il observa les gestes de l’interne qu’il avait pour élève. Seinosuke Yamada était de constitution apparemment fluette… quoiqu’il avait quelque mal à trouver des équivalents à sa propre corpulence songea Isshin… bref, il admira la dextérité de l’interne. Kurosaki intervint en posant plusieurs questions à son Seinosuke, qui répondait d’une voix atone à toutes ses questions.

 

Isshin après s’être assuré une dernière fois que tout allait bien pour son patient, sortit du bloc et s’appuya contre le mur. Il se sentait fatigué. Les heures écoulées assis presque immobile, lui tombèrent brutalement sur les épaules. Isshin avait envie de se griller une cigarette mais, tout d’abord, il devait rassurer la famille. Se lavant soigneusement les mains, Isshin jeta un bref coup d’œil à son visage. Ses traits étaient tirés. Il soupira et s’essuya rapidement les mains. Une partie de l’équipe le rejoignit.

 

« Kurosaki-san… le patient a été transféré en réanimation…

—    Bien… je rejoins la famille… »

 

Isshin quitta la pièce et traversa le couloir qui séparait le bloc de la salle d’attente. A peine, franchit-il le seuil que la femme de son patient lui bondit presque dessus. Apparemment Matsuri Kudo était le seul membre de la famille de Fujimaru Kudo… Le chagrin qui se lisait dans ses grands yeux bleus le touchait. Isshin se montra patient et doux. Visiblement soulagée, la jeune femme éclata en sanglot. Le chirurgien resta un petit quart d’heure au côté de Kudo, avant de prendre congé, presque la mort dans l’âme. N’y avait-il vraiment personne pour soutenir cette femme ? Presqu’une enfant ! 

 

Bifurquant brusquement, Isshin prit l’ascenseur et se dirigea vers le toit de l’hôpital, il avait besoin de solitude et de s’en griller une ! Quand il franchit le seuil de la porte de service, Isshin respira. Puis, il fronça les sourcils. Se tenant un peu plus loin, Amagai Shuusuke. Il n’avait pas de chance. Le médecin pensait être seul, voilà qu’il aurait de la compagnie. Tant pis…

 

Amagai se figea en voyant franchir, Kurosaki la distance qui les séparaient. Pourquoi était-il venu le rejoindre ? Pour le virer ? Non… il portait encore la tenue obligatoire pour les opérations… Visiblement, il sortait du bloc. A sa surprise, Kurosaki se sortit un paquet de cigarettes et jura entre ses dents… son briquet ne fonctionnait plus. Shuusuke lui tendit une flamme, qu’Isshin observa sans rien dire pour ensuite, rencontrer brièvement le regard sable de l’urgentiste.

 

Isshin accepta et se redressa pour fixer entre les volutes de fumées sont interlocuteur. Amagai soutint le regard perçant de Kurosaki. Se silence le mettait mal à l’aise. Isshin contourna Shuusuke et prit appuis contre le grillage qui ceignait le toit.

 

« Vous paraissez fatigué… Tenta Amagai qui aurait voulu être ailleurs.

—    Je le suis… » Souffla Isshin.

 

Le silence retomba. Amagai toussa et déclara d’une voix qui se voulait détendue.

 

« Je retourne dans mon service…

—    Vous ne me dérangez pas…

—    Vraiment ? » S’étonna Amagai.

 

Isshin tourna son visage et observa le médecin qui semblait toujours mal à l’aise en sa compagnie. Après quelques secondes de réflexions, Isshin demanda courtoisement

 

« Vous avez peur de moi Amagai-san ?

—    Peur ? Repris l’urgentiste surpris.

—    Vous semblez vouloir m’éviter ou éprouver un certain malaise ne ma compagnie… je m’interrogeais… »

 

Amagai resta quelques secondes figés puis, se repris.

 

« Pour être franc, puisque vous l’êtes… Oui, je suis mal à l’aise. Mais, je n’ai pas peur de vous ! »

 

Isshin leva un sourcil surpris par la réponse sans détour. Amagai Shuusuke l’étonnait contrairement à la plupart des personnes qu’il croisait habituellement. La franchise de son regard et son regard calme posé sur lui, l’interpellait.

 

« Pourquoi ?

—    Le malaise ?

—    Oui... Je devrais m’habituer… c’est une réaction que je provoque assez souvent, vous me direz ! Mais, je serai curieux de savoir pourquoi…

—    Personne ne vous le dit ? »

 

Bien qu’Amagai posa la question, l’affirmation d’Isshin ne l’étonnait même pas. Cet homme n’avait aucune idée des réactions qu’il pouvait provoquer chez les autres.

 

« Dites-moi… Souffla Isshin en écrasant sous son talon son mégot.

—    Personnellement, je suis mal à l’aise surtout parce que je vous ai rencontré… vendredi soir…

—    Vraiment ? » S’étonna Isshin. « Quoique ce genre de soirée… Enfin, chacun fait ce qu’il veut dans sa vie privée. Je n’ai pas à vous juger… sauf sur vos compétences professionnelles. C’est tout ce qui provoque chez vous un malaise ?

—    Disons que vous n’êtes pas connu au sein de l’hôpital pour… être tolérant vis-à-vis des… gay… »

 

Amagai soutint le regard sombre d’Isshin qui se grattait sa barbe naissante, pensif. Au fil des minutes, il ne savait pas pourquoi mais, Shuusuke se sentait plus à l’aise en compagnie du chirurgien. Peut-être parce qu’il n’arborait pas son habituelle mine sombre ? Ou bien parce qu’il semblait soudainement détendu comme jamais auparavant ? Certainement pour cela… le peu qu’il dégageait, irradiait de sa personne, le rendant presque rayonnant. Pourtant, Kurosaki ne souriait pas mais, quelque chose dans son attitude, quelque chose d’infime s’était réveillé, captivant l’intérêt de l’urgentiste.

 

Isshin encaissa. Ses pensées le renvoyèrent huit ans en arrière, lorsque son fils lui avait annoncé sa relation avec Byakuya Kuchiki. Il se souvenait avec acuité de la force du coup de poing qu’il lui avait asséné provoquant une coupure dans la bouche d’Ichigo mais, aussi des paroles dures qu’ils avaient échangé.

« Mon salaud de frère ta refiler son vice !

- Il ne m'a rien « refiler ». C'est comme ça...

- Ferme là ! » Avait-il répondu durement... « Il est hors de question que tu aies une relation avec un homme. Est-ce bien compris ?

- Voilà pourquoi je ne t'ai rien dit ! Tu refuses...

- La ferme !

Isshin avait contourné son bureau et s’était planté devant son fils. La tension qui régnait entre les deux hommes était palpable.

- Tu refuses que je t'adresse la parole ?

- Tu n'as rien à dire sur ce sujet. Tu épouseras une femme... » Avait affirmé Isshin furieux de la tournure des événements. Bouleversé par le coming-out de son fils.

- Hors de question ! Lâcha entre ses dents Ichigo.

Les deux hommes se regardaient comme deux chiens de faïence.

- Il est hors de question que mon fils ridiculise le nom de notre famille, comme à put le faire mon frère ! » S’était-il retranché ne voulant pas voir la vérité en face.

- Qui t'en donne le droit ?

- Je suis le chef de cette famille... j'ai le droit de décider...

- La ferme ! Tu n'as pas à décider pour moi. Tu ne comprends pas que je suis amoureux d'un homme. Pas de plusieurs... J'aime les femmes, c'est certain mais, la personne que j'aime plus que tout, le seul homme que je n'aie jamais aimé... il est hors de question que tu m'en éloignes !

Isshin avait attrapé son fils par les épaules, crispées d'Ichigo. Le visage tendue de son père ne laissait rien présager de bon pour lui.

- Que vont dire les autres membres de la famille ? La tradition ? Le respect du à notre nom ? As-tu conscience de tout cela, jeune crétin !

Ichigo essaya de se défaire de l'étreinte dure de son père, mais Isshin resserra l'étau de ses doigts puissants. L'orangé plissa alors ses yeux qui incendiaient littéralement son père.

- Et toi, à part rendre les gens malheureux autour de toi avec ces putains de traditions, que comptes-tu faire d'autres ?

- Te faire baiser par un mec et même te faire encul...

- Boucle là !

- La vérité crue te dérange ? grinça Isshin entre ses dents.

- Tu es stupide. Je comprends pourquoi maman préférait aller voir Kisuke plutôt que toi lorsqu'elle avait un problème.

Ichigo s’était prit son poing en pleine figue le faisant tombé au sol. Du sang s’écoulait de sa bouche.

Isshin eut un sourire triste et son regard devint lointain. Ce souvenir l’ébranlait encore aujourd’hui. Il s’était sentit impuissant et sale avec ce geste qu’il n’avait pas voulu. Aujourd’hui, il se le reprochait plus qu’hier. Son attention se reporta sur l’urgentiste et l’émotion le gagna. Qui était-il finalement pour reprocher aux autres leurs sexualités ?

 

« Je vois… j’ai une réputation des plus… enfin, je suppose que je l’ai mérité !

—    Vous êtes… déconcertant Kurosaki-sensei… »

 

Isshin leva un sourcil et posa son regard sur son interlocuteur qui tirait de sa poche son bipeur. Amagai s’excusa et quitta le toit précipitamment. Qui mieux que Kurosaki pouvait le comprendre après tout ? Le chirurgien frissonna. Il s’aperçut qu’il n’avait pas pris de manteau et la neige se mit à tomber à nouveau. Son bipeur à lui aussi se mit à sonner et il vit un message de Lisa. Isshin quitta les lieux en prenant soin de glisser son paquet de cigarettes dans sa cachette. Son assistante allait encore jeter son paquet de cigarettes à la poubelle.

 

Pourquoi Kyouraku avait parlé de son dernier bilan médical ? Surtout à Lisa Yadomaru ! A peine franchit-il le seuil de son bureau qu’il reçut un accueil plus glacial que celui réservé par les températures extérieur du bâtiment.

 

« Votre portable ne fait que sonner Kurosaki-sensei ! »

 

Isshin fronça les sourcils et récupéra son téléphone et vit le numéro de Kaien et il se souvint brutalement. Il composa immédiatement sous les yeux de son assistante le numéro de Shiba.

 

« Kurosaki-san ? S’étonna l’optométriste.

—    Shiba-san… je suis désolé. J’ai eu une intervention qui a duré plus longtemps que prévu. Je sors seulement du bloc.

—    Oh… je… je vous avoue… enfin… que vous ne vouliez plus me voir. Avoua Kaien.

—    Bien sur que si ! » Protesta Isshin. « Je suis sincèrement désolé de vous avoir inquiété… je…

—    Vous avez mangé ? Demanda soudainement la voix redevenue joyeuse de l’optométriste.

—    Euh… pas eu le temps…

—    Nous pouvons toujours déjeuner ensemble… » Suggéra Kaien. « Il y a un petit restaurant typique à côté de votre hôpital… Nous pourrions nous y retrouver…

—    Je ne sais pas…

—    Comment pourriez-vous travailler correctement si vous ne vous nourrissez pas correctement ! Prenez une pause…

—    Mais vous…

—    Je suis le patron de mon magasin et j’ai suffisamment d’employé pour qu’ils puissent survivre sans moi. Je dirai même qu’ils seraient plutôt contents ! » Eclata de rire Kaien.

—    Tout comme les miens… Quoique… lorsque je vois mon assistante, je ne sais pas trop à quel moment elle est le plus furieuse… Lorsque je suis là ou pas ! » Se moqua Isshin en dévisageant Lisa qui lui envoya un regard glacial.

 

Kaien éclata de rire et après s’être assuré de la présence d’Isshin, raccrocha.

 

« Vous partez ? Demanda Lisa surprise.

—    Oui et interdit de me déranger ! Je prends une pause !

—    Enfin ! Soupira soulagée son assistante.

—    Pourquoi êtes vous si soulagée ?

—    Parce que j’avais l’impression que vous étiez marié avec votre bureau ou votre bloc opératoire ! Je suis heureuse de voir que vous vous décidiez enfin à prendre l’air. Comptez-sur moi pour tous les imprudents qui voudraient vous déranger, meurent à petit feu !

—    Euh… peut-être pas aussi violemment…. »

 

Lisa ne répondit pas et se contenta de repousser ses lunettes. Elle jeta un coup d’œil sur la tenue de son patron et la désigna du bout du doigt, dédaigneuse.

 

« Vous ne comptez pas vous baladez dans cette tenue ?

—    Bien sur que non !

—    Bien… »

 

La femme attrapa son agenda et lu rapidement les rendez-vous de son patron. Elle déclara alors qu’Isshin s’était réfugié dans son vestiaire personnel pour se changer.

 

« Vous avez exactement une heure et demi pour souffler. Je vous laisse une petite marge de dix minutes ! N’oubliez pas que vous devez vous rendre à une réunion des actionnaires, à 16 h30.

—    Je ne risque pas… Grimaça Isshin.

—    De toute façon, laissez votre portable ouvert ! Ah oui… j’ai commandé un bouquet de fleurs, pour l’anniversaire de votre tante et j’ai ajouté un petit mot… Quelques membres de votre famille ont voulu vous joindre. Il n’y avait rien d’urgent… Si ce n’est que Tojima Kurosaki a insisté grossièrement… pour l’ordre du jour de votre prochaine réunion familiale… Je pense qu’il va essayer de forcer votre porte durant ses prochains jours…

—    Personne ne le laissera passer !

—    Hum… De toute façon, vous pourrez consulter tous vos messages dans le trieur et, j’en ai profité pour vous présenter les factures à signer, par vous et Ishida-san.

—    Lisa… Je peux partir ? Interrogea Isshin moqueur.

—    Euh… »

 

L’assistante se rendit-compte qu’elle retenait le chirurgien et se recula.

 

« Je suis désolée… je vous attends tout à l’heure. C’est dur de s’habituer à vous voir vivre votre vie.

—    Peut-être devrais-je le faire plus souvent ? Suggéra Isshin.

—    Oui… peut-être… Kurosaki-sensei. »

 

Isshin quitta son bureau et remis correctement sa cravate. Lorsqu’il sortit, un vent de liberté semblait soudain envahir sa vie. C’est véritablement joyeux qu’il se rendit à son rendez-vous, en oubliant qu’il s’agissait d’un homme.

 

°°0°0°°

 

Installé autour d’un ramen, Isshin et Kaien discutaient de choses et d’autres. Enfin, surtout de leurs rencontrent impromptues. Kaien voyait un signe du destin, et le chirurgien réfléchit à la question.

 

« Je me demande pourquoi le destin m’envoie le portrait craché de mon fils pour me parler ?

—    Peut-être parce que vous avez besoin d’un visage familier pour vous entendre certaines choses….

—    De quels types ?

—    Je ne sais pas… Quelque fois, quelques paroles échangées qui paraissent insignifiantes pour celui qui les dit, ont un énorme impact sur celui qui les reçoit… Peut-être que nos routes se sont croisés car nous en avions besoin tous les deux… Suggéra Kaien.

 

L’optométriste plongea ses baguettes dans son bol et avala des nouilles. Isshin soupira et déclara

 

« Je ne crois pas au destin…

—    Croyez-vous en quelque chose Kurosaki-san ? Interrogea Kaien souriant.

—    Hum… la science, même si elle n’a pas toutes les réponses. A mon jugement, même si j’ai des failles, aux traditions, même si parfois, elles me gonflent quelque peu… Je crois en l’amour de mon fils pour son partenaire et de mon frère  pour le sien… »

 

Isshin s’arrêta et semblait réfléchir. L’optométriste couva son interlocuteur d’un regard chaleureux. Son cœur battait beaucoup plus vite et plus fort depuis qu’il se trouvait en face du médecin. Il était totalement sous son charme.

 

« Et vous ? Demanda Kaien voulant combattre ses sentiments.

—    Moi ? » Interrogea Isshin en s’essuyant la commissure de ses lèvres. « Vous me parlez d’amour ?

—    Oui… Vous n’avez personne à aimer ou qui vous plaisent ?

—    Non… »

 

Isshin allongea ses jambes sur le côté et posa son dos, contre la chaise. Il sortit un paquet de cigarette qu’il planquait dans sa voiture, habituellement.

 

« En fait… J’ai participé plus jeune à des Omiai… »

 

Kaien éclata de rire et s’excusa immédiatement.

 

« Je vous imagine mal dans ce genre de rendez-vous arranger. Je vous vois plutôt courtiser une charmante femme, qui rougirait de plaisir… » Déclara Kaien en posant son menton dans le creux de sa main.

 

Ses yeux verts brillaient un peu plus et son sourire s’adoucit considérablement.

 

« Moi… je serai flatté si un homme comme vous venait me courtiser…

—    Je n’ai rien de spécial qui puisse vous faire ressentir cela… Shiba-kun…

—    Kurosaki-san, je crois que vous ne vous rendez pas compte de votre charme… et il n’est pas que physique.

—    Et dire qu’Amagai-san disait plus tôt que je mettais les gens mal à l’aise…

—    Il ne sait pas s’y prendre s’est tout…

—    Ne sait pas s’y prendre ? » Répéta Isshin. « Pourtant… c’est la réaction qui prédomine lorsque je suis en société…

—    C’est bien ce que je disais Kurosaki-san… vous ne vous apercevez pas de l’impact que vous pouvez avoir sur les autres. Moi, je vous ai tout de suite vue, lorsque nous avons descendu les marches du métro. Je suis plutôt difficile… mais, vous m’avez plu immédiatement…

—    Rassurez-moi… vous n’essayez pas de me draguer une nouvelle fois ?

—    Non… je constate un fait ! Que le vouliez ou pas, vous êtes séduisant aussi bien pour les femmes… mais, aussi pour les hommes. Enfin, pour des personnes comme moi. » Sourit tristement Kaien.

 

Le brusque rappel d’Isshin lui avait fait aussi mal qu’une flèche tiré à bout portant. Il avait tenté de garder son masque jovial mais, Kurosaki lui était devenu trop cher.

 

« Vous dites cela comme si vous dévalorisiez… Murmura Isshin contrarié. Vous êtes quelqu’un de bien Shiba-kun…

—    Je suis un humain comme un autre ! Sourit Kaien un peu désabusé.

—    Pour moi, vous êtes quelqu’un d’important…

—    Vous savez… vos paroles pourraient allumées en moi de l’espoir ! » Répondit Kaien sérieusement.

 

Il avait le cœur battant et fixait Isshin droit dans les yeux. Kaien se décidait à jouer le tout pour le tout. Le jeune homme était suspendu aux lèvres d’Isshin qui le fixait calmement au travers de la fumée de la nouvelle cigarette qu’il avait allumée quelques secondes avant. Le silence ressemblait à une éternité pour Kaien mais, il ne baissait pas les yeux.

Chapitre 4

La tension était montée quelque peu, pour retomber brutalement en entendant une voix interpellée Isshin. Surpris ce dernier se tourna vers son fils qui se planta devant la table.

 

« Papa… il faut que je te parle ! »

 

Isshin se retourna vers Kaien en s’excusant.

 

« Je suis désolé, Shiba-kun… je vous présente mon fils… Kurosaki Ichigo… » Se tournant vers son fils qui se rendit compte brutalement de son manque d’éducation. « Ichigo, je te présente un ami… Shiba Kaien… »

 

Ichigo observa avec étonnement l’homme assis en face de son père. Leur ressemblance était telle, qu’il se sentait troublé. Inconsciemment, Ichigo prit un siège et s’installa entre Kaien et Isshin. Son regard ne quittait pas celui de Kaien qui paraissait tout aussi surpris que lui. Quoique… quelque chose semblait le perturbé mais, Ichigo était incapable de comprendre de quoi il pouvait s’agir.

 

Isshin observa son fils contrarié. Pour une fois qu’il décidait de prendre une pause, de faire une coupure avec son quotidien… Ichigo débarquait d’il ne savait où. D’ailleurs, il lui posa la question, légèrement contrarié.

 

« Je peux savoir comment tu as découvert l’endroit où je déjeunais ?

—    J’ai demandé à Lisa ! Déclara Ichigo en reportant son attention sur son père.

—    Elle t’a dit où je me trouvais ? S’écria Isshin se redressant brutalement véritablement stupéfait. Comment tu as réussit se prodige ? Si je peux utiliser ta technique… c’est toujours utile ce genre de truc…

—    Comme ça !

 

Ichigo prit une mine pitoyable et porta une main à son cœur, laissant échapper un souffle irrégulier.

 

« Pourquoi ça marche avec toi ? Moi, j’essaye de me faire passer pour mourant, et elle ne me croit jamais… Maugréa Isshin.

 

Kaien observait le père et le fils qui paraissaient très complice. Il était encore en état de choc. Le visage d’Ichigo Kurosaki était identique au sien…. Il comprit enfin ce que voulait dire Kurosaki-san. La douleur le traversait. Il savait qu’il était inutile d’insister auprès du médecin, il ne verrait jamais en lui un amant potentiel. Pourquoi a-t-il fallu qu’il ressemble autant au fils de cet homme ? Kaien vit Isshin devenir plus sombre, contrastant avec la mine soudainement joyeuse qu’il avait arborée après l’échange badin avec son fils.

 

« Ichigo… notre rencontre n’aurait pas pu avoir lieu à un autre moment ? J’étais venu ici me détendre…

—    J… j’ai besoin de toi ! Marmonna Ichigo gêné.

—    D’argent ? De…

—    Non ! S’écria son fils. Non… C’est à cause de Byakuya et Tomatsu…

 

Isshin soupira. Kaien se leva et immédiatement, les yeux du médecin se posèrent sur l’optométriste.

 

« Vous partez Shiba-kun ?

—    Je vais vous laisser en famille… Sourit tristement Kaien.

—    J’aurai souhaité que vous restiez… » Répondit Isshin sérieusement.

 

Kaien jeta un œil sur le fils du médecin qui parut surpris et mal à l’aise soudain. Mais, il voyait l’extrême nervosité qui l’agitait. Kaien avait horreur de s’imposer et quittait toujours les lieux lorsqu’il se sentait en trop et là, visiblement c’était le cas. Isshin s’était levé à son tour pour lui faire face. Kaien fut touché par le visible savoir vivre du médecin.

 

« Non, Kurosaki-san. Je préfère vous laisser entre vous…

—    Alors, j’aurai aimé vous voir…

—    Nous pourrons en discuter plus tard. En tout cas, ce déjeuner fut très agréable… J’espère pouvoir à nouveau profiter de votre compagnie.

—    Moi de même… Et je vous présente encore mes excuses… »

 

Kaien adressa un immense sourire à Isshin, voyant la sincérité du médecin qui semblait contrarié de voir finir le rendez-vous en queue de poisson. Ichigo se leva à son tour et voulu s’excuser mais Kaien lui coupa la parole.

 

« Ce que vous semblez vouloir dire à votre père semble être important… Je préfère vous laisser…

—    Je suis sincèrement désolé mais… »

 

Ichigo vit Kaien s’incliner légèrement et après un bref regard lancé à son père, quitta la pièce. Un certain silence accompagna le départ presque précipité de l’optométriste. Quand Ichigo rencontra le regard de son père, il déglutit. Il semblait véritablement contrarié.

 

« Je suis désolé… je ne savais pas que… que…

—    J’avais une vie aussi ?

—    Disons que tu es…. Toujours disponible et…

—    Cette fois-ci, je ne l’étais pas ! Maintenant si Lisa te dit que je ne suis pas disponible, veuille à ne pas me déranger…

—    Mais enfin ! Protesta Ichigo. Comment aurais-je pu savoir…

—    Que j’avais un ami…

—    Il est jeune, remarqua brutalement Ichigo en scrutant son père.

—    Je te dois des comptes ? » Demanda Isshin mi-figue, mi-raisin.

 

Le chirurgien était surtout contrarié parce qu’enfin, un vent de liberté soufflait sur sa vie pour être interrompu par son fils pour des problèmes qui ne le concernaient apparemment pas vraiment. Des semaines qu’Ichigo et Byakuya vivaient en autarcie, l’oubliant au passage… pour voir son fils débarquer… au bon moment, certes… mais, Isshin aurait préféré répondre directement à Kaien plutôt qu’il parte de la manière d’un voleur.

 

Ichigo sentit ses joues flambée légèrement. Cela faisait un petit moment qu’il n’avait pas vu son père si contrarié. Il ne comprenait pas vraiment d’où pouvait venir l’exaspération d’Isshin. Et c’était quoi ce ton narquois ? Et cette question ? Ichigo fronça légèrement les sourcils et demanda

 

« Tu veux que je parte ?

—    Maintenant que Kaien est partit… autant que tu restes. Que t’arrive-t-il qui ne puisse attendre la fin de mon repas ?

 

Isshin s’installa à nouveau à table et fit un geste vers le serveur qui débarrassa la table.

 

« Je prendrai un café et un petit pain au raisin…

—    Hai… »

 

Le serveur se tourna vers le jeune homme qui avait remplacé l’autre. Ils devaient tous de la même famille, même s’il s’était posé la question à la base pour le premier. Ichigo commanda un café et observa son père.

 

« J… je crois qu’entre Byakuya et moi… c’est finit ! Lâcha le roux blême.

 

Sortant une nouvelle cigarette de son étui, Isshin soupira et demanda calmement

 

« Qu’est ce qui te fait croire que tout est finit ?

—    Il n’en a plus que pour Tomatsu ! Ce gamin me déteste et Byakuya me reproche de ne pas faire de mon mieux… Mais, je fais de mon mieux ! » S’énerva Ichigo en craquant les phalanges de ses doigts.

—    Je vois… Murmura Isshin. Grosso modo, Byakuya te délaisse pour Tomatsu… Toi et le petit vous ne vous entendez pas. C’est devenu en quelque sorte l’obstacle. Je te signale que vous avez décidé de l’adopter. Il va falloir que tu apprennes à vivre avec cet enfant. Ce n’est pas une partie de plaisir, tu sais…

—    Mais, je n’ai jamais été…

—    Tu me snobais, Ichigo.

 

Isshin souffla la fumée en l’air et son regard devint trouble, son esprit étant replongé dans les images de son passé. Ichigo préférant son frère à lui. Mazaki absente… Il avait du composer avec ça, pour ne pas que son fils le déteste complètement. L’histoire se répétait autrement pour Ichigo à présent. Tomatsu devait simplement ne pas comprendre la disparition de ses parents.

 

Ichigo accusait le coup en se replongeant dans son passé. Les souvenirs dont il gardait en tête étaient celui d’un père bourru qui fronçait sans arrêt les sourcils. La tension entre ses parents palpable même pour lui. Les visites très agréables chez son oncle, contrastait… Le roux se mordit la lèvre inférieure et s’aperçut que les meilleurs souvenirs qu’il avait avec son père, était ceux qu’ils construisaient ensemble depuis presque huit ans à présent.

 

« Ichigo… élevé un enfant n’est pas forcément simple. Il n’y a pas de mode d’emploi… il n’y a pas de parent parfait, ni d’enfant parfait… alors, il va falloir que tu apprennes à l’apprivoiser. J’ai fait des erreurs avec toi et je ne peux pas les rattraper… »

 

Isshin tira sur son cylindre de nicotine avant de souffler les fumées toxiques. L’espace au-dessus de l’homme était faite comme une mince brume, aux volutes paresseuses. Il observa son fils qui semblait réfléchir à sa situation.

 

« Fait en sorte de ne pas regretter tes actions ! C’est le meilleur conseil que je puisse te donner. J’ai regretté de n’avoir jamais réussit à tenir tête à mon père… Toi… tu l’as fait !

—    Tu n’es pas grand-père… Il… il était effrayant…

—    Je le suis aussi… d’après certaines personnes. Sourit Isshin tout en tirant sur sa cigarette.

—    Toi ? » S’étonna Ichigo qui semblait avoir oublié une certaine altercation et la bataille pour imposer Byakuya. « Je ne dirai pas que tu es un agneau, mais c’est ton éducation qui donne cette mauvaise impression. Tu es quelqu’un de merveilleux papa…

 

Isshin eut un petit sourire et se pencha brutalement en avant et déclara moqueur

 

« Je peux enfin te faire un petit câlin ?

—    Crève !

—    C’n’est pas comme ça que l’on parle à son père ! » Se plaignit Isshin en se reculant pour que le serveur pose son plateau.

—    Voilà… j’essaye de te faire un compliment et ça dégénère ! S’écria Ichigo contrarié. J’étais sincère…

—    Moi aussi… » Répondit Isshin. « Je n’ai jamais pu te tenir dans mes bras… »

 

Ichigo ouvrit de grands yeux stupéfaits. Le jeune homme fouilla dans sa mémoire et constata qu’il y avait entre eux jamais de démonstration d’affection. Isshin reprit comme s’il suivait le fil de ses pensées.

 

« Petit tu as toujours refusé que je te prenne à bras. Tu ne quittais jamais ceux de ta mère. Seul Kisuke a eut se privilège. C’est pour cela… Réfléchit bien à ce que tu veux faire ! Veux-tu quitter Byakuya maintenant ? Devant un obstacle qui n’en ai pas vraiment un ? Y’a-t-il des choses que tu dois aplanir avec lui ? Au fait… comme tu es là… La prochaine réunion de clan, je souhaite que tu sois là !

—    Pourquoi ? S’étonna Ichigo.

—    Je voudrai que tu assumes l’intérim entre moi et le petit Koichi…

—    Pardon ?

—    On en reparlera plus tard… mais, je serai plus tranquille de te savoir à ma suite… que d’avoir cette bande de rapaces détruire le clan.  

—    Tu es malade ? Demanda visiblement saisie l’architecte.

—    Non… Mais, je ne suis plus tout jeune et… je voudrai prendre des vacances. Je n’ai jamais pu profiter de la vie. Je ne veux pas non plus devenir sénile avant l’heure. Rassure-toi, cela ne se fera pas sans ton accord et… il va falloir que je fasse accepter cette décision. Et je t’avoue que la pilule va être dur à faire passer auprès de certain qui voit déjà comment évincer Koichi. 

—    Ça tombe mal… Soupira Ichigo en fourrageant ses doigts dans ses mèches rousses.

—    Y’aurait-il eut un bon moment ? Ironisa Isshin.

 

Le médecin se raidit en entendant son portable sonner. En voyant le nom de Lisa, Isshin grimaça légèrement et prit soin d’écarter de son oreille l’objet. La voix de Lisa explosa

 

« Je vous avez donné dix minutes en plus pas deux heures ! Veuillez revenir immédiatement… tout le conseil d’administration vous attend !

—    Oups ! Fit Isshin en jetant un œil à sa montre.

—    Comment ça « oups ! ». Revenez immédiatement.

—    Hai… j’arrive. Euh… je peux manger mon petit pain aux raisins…

—    Je vais vous exterminer avec !

—    Ok… je rentre.

 

Isshin se tourna vers Ichigo et soupira

 

« Je vais devoir te laisser… nous en reparlerons plus longuement une autre fois.

—    Très bien…

—    Va rejoindre Byakuya… Ichigo. Ne commet pas mes erreurs. A bientôt… »

 

Laissant son fils seul à la table, finissant pensivement son petit pain, et son café, Isshin regagna le centre hospitalier.

 

°°0°0°°

 

Les jours se succédaient pour Isshin, se ressemblant tous un peu. Météo déplorable entre pluies, crachin ou neige. Comme si le temps n’arrivait pas à déterminer quel serait le marasme le mieux approprié à son humeur. Cela ressemblait à sa vie. Sans saveur, où seul un arrière goût d’amertume venait ponctuer son existence. Pour ne rien arranger… Isshin se réfugiait de plus en plus sur le toit de l’hôpital où il pouvait seul, sans avoir Lisa sur le dos. Le médecin avait essayé de joindre Kaien mais, le jeune homme ne lui répondait pas. Isshin avait abandonné de toute façon, pourquoi insisté… il n’avait aucune intention de conclure une quelconque aventure avec le jeune homme.

 

Même ses amitiés, il les loupait. Le médecin, s’était encore réfugié sur le toit, une cigarette à la main. Une quinte de toux, vint brises le silence. Isshin posa une main sur son torse. Il le faisait souffrir ses derniers temps. Il faut dire qu’il avait déserté le bloc pour se diriger directement dans son espace privilégié. Une voix le fit sursauter. Isshin allait faire un geste pour masquer sa cigarette comme prit en faute. Il rencontra l’expression surprise d’Amagai.

 

« Vous allez attraper la mort habillé ainsi… »

 

Isshin observa sa tenu et reconnu qu’en cas de gel, la blouse bleu à manche courte et le pantalon qui ne comportait aucune épaisseur, n’était pas la meilleure tenue pour affronter le froid.

 

« Je voulais seulement m’en griller une… » Marmonna Isshin d’une voix bourrue.

—    Vous n’appliquez même pas à vous-même les conseils que vous donner à vos clients…

—    Ne dit-on pas que c’est le cordonnier le plus mal chaussé ?

—    Se serait dommage de finir dans un cercueil quand même… »

 

En parlant de cercueil, l’expression d’Isshin se peignit de dégout et un frisson le traversa. Amagai fronça les sourcils.

 

« Je ne pensais pas vous bouleverser avec le cercueil…

—    Non… j’imaginais le type qui se fait appelez « Ulqui » en tenu de loup et me mettant dans un cercueil. Kami-sama… faite que se ne soit pas lui qui me mette en bière ! Déclara Isshin une main sur le cœur.

 

Amagai éclata de rire en imaginant la scène.  

 

« C’est vrai qu’Ulquiorra Schiffer peut-être effrayant… Déclara Amagai en s’allumant sa cigarette.

—    Oui… Je m’en souviens encore comme si c’était hier… »

 

Isshin imita la posture du directeur des pompes funèbres et Shuusuke redoubla de rire. C’était si incongru venant de la part de son patron, qu’il n’eut aucune retenue. Et il avait besoin de rire ces derniers temps.  

 

« Vous savez… il a eut une période Elvis aussi…

—    Nan ! S’exclama Isshin stupéfait. Je n’ose même pas imaginé la chose…

—    Il avait son petit succès… On peut dire qu’il prenait son rôle au sérieux… avec sa cape… »

 

Amagai éclata de rire à se souvenir. Reprenant un minimum de sérieux, il se mit à chantonner les premières paroles de suspicious mind, repris en cœur par Isshin.

 

We're caught in a trap
I can't walk out
Because I love you too much baby
Why can't you see
What you're doin' to me
When you don't believe a word I say?
We can't go on together
With Suspicious Minds

 

Isshin sourit et déclara moqueur

 

“Il est plutôt rare que l’on m’accompagne sur ce genre de chanson ringarde comme dirait mon fils !

—    J’aime la musique… surtout le rock qu’il soit ancien ou actuel mes goûts sont assez écliptiques…

—    J’avoue être resté sur les vieux standards… mais, c’est surement dû à mon âge… Regretta Isshin.

—    Il n’est jamais trop tard pour commencer son éducation en matière de musique… Sourit Shuusuke. Si vous le voulez, je peux vous prêter quelques CD que vous pourrez écouter tranquillement chez vous.

—    Vraiment ? Mais… pas trop bruyant quand même… » Marmonna Isshin qui voyait dans son esprit les groupes chevelus multicolores avec des tenus improbables… tous gay à son avis ! Quoique Amagai soit normal…

—    Quelque chose ne va pas ?

 

Shuusuke observa l’homme devant lui qui laissait entrevoir un panel émotionnel très important. Plus que ceux qu’il avait rencontrés jusqu’ici. Kurosaki était une énigme pour lui à présent. Sa curiosité était éveillée.

 

« Tout va bien… j’imaginais juste les groupes de… comment ça s’appelle déjà… Visual Rock ?

 

Amagai sourit et secoua la tête

 

« Je ne partage pas non plus ce goût pour cette musique… particulière.

—    Vraiment ? J’en suis soulagé. Je m’imaginais mal enfermé dans mon bureau en me forçant à écouter quelque chose qui me casserait les oreilles…

—    Vous forcez ? Pourquoi ? Je veux dire si vous n’aimez pas vous…

—    Si je n’écoute pas l’album, je ne pourrai pas me faire mon avis et… je ne pourrai pas en parler avec vous sereinement. Je culpabiliserai de vous mentir… juste pour faire plaisir, vous voyez ?

 

Amagai eut un sourire. Il enfonça ses mains dans sa blouse blanche et approuva. Isshin toussa.

 

« Kurosaki-san… vous devriez rentrer… vous n’êtes pas habillé pour ce type de temps…

—    Oui… je crois que je vais finir par attraper froid…

—    A moins que cela ne soit fait ! Répliqua gentiment Shuusuke en voyant la mine fatigué du chirurgien. Rentrons…

—    Oui… mais, attendez ! »

 

Isshin sortit de sa poche un spray dont il s’aspergea la bouche. Voyant la surprise sur les traits d’Amagai, le directeur de l’hôpital avoua piteusement.

 

« C’est pour échapper à Lisa… Elle s’est mise en tête de vérifier l’odeur de mon haleine… Je crois qu’elle prend son travail un peu trop au sérieux. Rouspéta entre ses dents Isshin.

—    Certainement que Yadomaru-san tient à vous…

—    Peut-être mais… c’est un dragon doublé d’un cerbère ! Grogna Isshin. Ce n’est pas moi le patron ici… Elle réussit à être plus terrifiante que Ryuuken… et ce n’est pas donné à tout le monde.

—    Je suis sûr que vous exagérez un petit peu.

—    Même pas… »

 

En disant cela, Isshin planqua son paquet de cigarette et se tourna pour prendre Amagai à témoin.

 

« Je suis obligé de faire cela !

—    Je vois… »

 

Amagai eut un petit sourire et se sentait dérouté par l’apparente naïveté d’Isshin. C’était somme toute si inattendu cette facette de sa personnalité. Ils descendaient tous les deux de l’ascenseur quand une voix féminine l’interpella.

 

« Kurosaki-sensei…

—    Oups… Murmura Isshin.

—    Je vous cherche depuis un petit quart d’heure… Votre fils vous a appelé

—    Encore ?

—    Apparemment… cela ne va pas très fort… et n’oubliez pas la réunion ce soir avec votre clan. D’ailleurs, je vous conseille de rentrer chez vous. Vous avez bouclé tout ce que vous aviez à faire… Votre présence n’est plus indispensable…

—    Ça fait toujours plaisir à entendre, marmonna Isshin.

—    Arrêter de faire l’enfant et allez vous reposez un peu. Vous finirez par mourir prématurément…

—    J’ai déjà un pied dans la tombe, rétorqua le médecin.

—    Tss ! Cessez de vous lamentez. Si vous voulez vivre plus longtemps arrêtez de fumer… Et cessez d’aller sur ce toit habillez de la sorte ! Et vous Amagai-sensei, ne l’encouragez pas à prendre une voie aussi dangereuse. Vous devriez lui remettre les pendules à l’heure…

—    Ce n’est pas mon travail et c’est mon patron. Répondit l’urgentiste.

—    Bien sur, défilez-vous ! Les hommes… pas un pour racheter l’autre !

—    Ne l’écoutez pas Amagai-san… » Sourit Isshin. Puis affrontant son assistante, il déclara « C’est bon, je me change et je vais aller me reposer. Pour Ichigo savez-vous s’il vient ce soir ?

—    Bien sur qu’il va venir ! S’il ne vient pas… Je me chargerai de lui faire un sermon… Pour une fois que vous comptez sur lui… »

 

Isshin salua Amagai et se dirigea vers son bureau accompagné de Lisa qui décrivait avec forces de détails tous les supplices qu’elle ferait subir à son fis, s’il ne venait pas le soir même. Shuusuke resta planté devant les portes de l’ascenseur et observa les larges épaules de Kurosaki s’éloigner. Jamais, il n’avait songé un instant que cet homme assumait deux fonctions… ou trois… Amagai comprenait un peu mieux maintenant, la personnalité de Kurosaki. Enfin… tenter de comprendre.

 

L’urgentiste retrouva la salle de repos ou Hirako et Rose buvaient un café. Ils jetèrent un coup d’œil au médecin.

 

« C’est étrange, il n’y a presque pas eu d’intervention aujourd’hui, murmura Shuusuke surpris de ne pas avoir été appelé.

—    Ne nous porte pas malheur toi ! Pour une fois qu’on peut être un peu tranquille… Tu vas voir qu’on va avoir une grosse intervention à la dernière minute ! Marmonna Hirako.

—    Sincèrement, je voudrai rentrer de bonne heure ce soir… »

 

Rose tourna le dos à ses deux collègues et se plongea dans la contemplation du paysage. Amagai était désolé pour son ami. Depuis la fameuse soirée, il n’avait plus de nouvelle de son ex. Shuusuke avait l’impression que son ami blond n’allait pas se remettre de sitôt de sa rupture. L’homme avait perdu le sourire et ses yeux violets reflétaient une immense tristesse. Aucune des paroles qu’avaient pu prononcer Shuusuke n’avait réussit à raisonner Rose.

 

« Dites les gars ! Fit soudain Hirako comme s’il se souvenait de quelque chose. Le service de chirurgies cardiaques organisent un gokon* pour mettre un peu de joie dans nos cœurs de célibataires solitaires… Cela vous dirait de nous accompagner ?

—    Vous organisez ça quand ? Demanda Amagai qui essayait de paraitre dégager.

—    Oh, le week-end prochain apparemment.

—    Je ne pourrai pas venir, déclina Shuusuke. J’ai déjà prévu un week-end…

—    Dommage… Et toi Rose ?

—    Je n’ai rien de prévu, répliqua l’urgentiste en tournant son visage vers Hirako.

—    Super ! T’es obligé de venir maintenant ! J’en ai marre d’être le seul représentant des urgences à me déplacer… On va finir par croire qu’on est un service où il n’y a que des croques-morts… »

 

En entendant cela, Amagai revit en un éclair la posture de Kurosaki qui imitait Ulquiorra dans sa tentative de séduction et un léger rire s’échappa de ses lèvres. Le chirurgien avait été parfaitement ridicule et avait l’air de s’en moqué.

 

Rose parut surpris et l’observa quelques instants. Son ami ne faisait plus attention à lui, et se prenait à son tour un café. Quelque chose chez Amagai avait changé, constata Rose. Il ne semblait plus aussi déprimé… Ni aussi soucieux que quelques jours auparavant. Son regard brillait à nouveau. Ce n’était pas flagrant pour quelqu’un qui ne le connaissait pas… mais, lui…

 

°°0°0°°

 

Lorsqu’il entra dans sa demeure Isshin se sentait de plus en plus fatigué. Il songea que sa soirée allait être longue. Il demanda à Sasabike d’empêcher toute intrusion dans ses appartements, le médecin avait besoin de faire un breack en prévision du soir même. L’homme s’écroula sur son lit. Sa cage thoracique le faisait souffrir. Il prit le soin avant de s’endormir définitivement d’allumer son radioréveil.

 

°°0°0°°

 

La salle qui se trouvait près des appartements d’Isshin, là où toute la famille au complet était réunit résonnait de violents échos de protestations. Isshin avait la tête qui allait exploser. Les médicaments que lui avait donnés Sasabike plus tôt n’arrivaient pas à faire leurs effets avec l’effervescence. Toutefois, il tint bon et le masque rigide qu’il s’était imposé, ne troubla qui que ce soit. Isshin observait Kisuke qui se tenait au fond de la salle, en compagnie de Grimmjow. Ichigo quand à lui était à côté de lui. Cela avait fait bondir quelques membres de la famille. Maintenant, tous hurlaient dans une joyeuse cacophonie pour empêcher les décisions d’Isshin de voir le jour.

 

Son mal de crâne empirait avec les minutes qui s’égrenaient. La colère commençait doucement mais surement à monter en lui. Lui avait-t-on laissé le choix à lui ? Qui depuis toutes ses années avait porté le clan et l’avait prospéré durant ses trente-cinq dernières années ? Il avait régler les problèmes de tous et aujourd’hui… Chacun essayait de se prendre une part du gâteau au risque de faire crouler la maison Kurosaki ?

 

Son regard s’assombrit. Ichigo à côté de lui, se tenait droit comme un i. Son regard était aussi sombre que le sien. Il ne paraissait pas ému par les réactions que la proposition d’Isshin provoquait. Ichigo semblait plutôt déterminé. Ce fut une satisfaction pour Isshin. Il n’avait pas eu besoin de le supplier. Brièvement, le chirurgien croisa le regard de Kisuke qui le salua discrètement. La vision d’Isshin se troubla. Il n’entendait pas très clairement ce qui se disait dans la pièce. Au bout de quelques minutes à bout de nerf et voulant en finir une bonne fois pour toute, Isshin fracassa son poing sur la table devant lui.

 

Le craquement sinistre qui suivit, arrêta net toutes les protestations. Le visage du chef de clan Kurosaki était fermé et le brillant de ses yeux, fit penser à chacun qu’Isshin était fou de rage. En fait, Le médecin se sentait vaciller. Il devait faire vite et retourner sous sa couette.

 

« Je ne suis pas venu pour discuter de ce fait avec vous… Ceci est une décision qui pour moi est irrévocable.

—    Il en ai hors de question… Aurais-tu oublié ta décision, il y a à peine huit ans ? Protesta Ashina contrarié.

—    Non, je n’ai rien oublié. Mais, je me demande qui d’entre vous…. Qui pourrai me succéder. A part Koichi, je ne vois personne.

—    N’exagère pas ! Protesta Tajima.

—    Tu oses parler ? Demanda Isshin exaspéré. Je te rappelle que je viens d’essuyer toutes tes dettes et c’est d’ailleurs la dernière fois ! Grace à toi et à ta gestion, le quart de la fortune que j’ai accumulé pour le clan a été engloutis… Qui suggères-tu pour le bien de tous ? Gronda méchamment Isshin.

 

Tous se tournèrent vers Tajima qui était blême à présent. Isshin aurait voulu se mordre la langue mais, il avait envie de dormir et quitter ce panier de crabes.

 

« Donc, si je demande à mon fils qui n’a aucune envie de reprendre la tête du clan Kurosaki, car il a géré plus ou moins les problèmes du clan Kuchiki… Cet intérim de toute façon n’interviendra que lorsque je prendrai ma retraite… qui n’est d’ailleurs pas programmer. Qui sait… d’ici là, Koichi sera majeur… Mais, si je décéde… c’est Ichigo qui prendra la tête du clan. D’autres protestations ?

 

Un silence de mort s’était fait dans la salle. Isshin se rendit compte qu’il serrait tellement un de ses poings que les jointures en plus d’être blanche, craquait sous la pression. Il ne voyait pas l’aura meurtrière qui se dégageait de lui. Sa fièvre lui faisait prendre l’allure d’un démon. Isshin tentait de reprendre le contrôle de lui-même. Toutefois, l’urgence sonnait en lui… Il voulait dormir. Il se leva brusquement et déclara fermement.

 

« Maintenant… Je vais laisser Kensaki Ryusei vous lire les termes des changements qui seront apportés prochainement devant le notaire. Personnellement, je vais me coucher… Ma semaine ne s’est pas limité à régler tous vos problèmes. Si vous voulez me voir, je serai disponible demain après-midi. D’ici là… je vous souhaite une bonne soirée ! »

 

Isshin n’écouta pas les protestations. Il quitta la pièce et Sasabike se plaça devant le fujiwara pour empêcher quiconque de passer. Le noble se dirigea vers sa salle de bain et observa vaguement les flacons quelques minutes plus tard. Il avait un mal fou à déchiffrer les étiquettes. Et ce mal de crâne qui lui vrillait les nerfs.

 

En désespoir de cause, Isshin attrapa un cachet en le noyant sous l’eau. Il se dirigea vers son futon et s’enroula à l’intérieur. Il soupira d’aise un bref instant, avant de claquer des dents. Le médecin songea qu’une bonne nuit de sommeil et le lendemain plus rien ne paraitrait. Et puis, il était fier…. Il avait réussit à tenir tête à tous et ne pas montrer la faiblesse qui le tenaillait ce soir là. Isshin baya et ferma les yeux…

 

°°0°0°°

 

Lorsqu’Isshin ouvrit les yeux, se fut pour rencontrer une lumière violente qui lui grilla la rétine. Il voulu repousser l’attaque mais, la voix d’Amagai-sensei lui parvint, très nerveuse.

 

« Où l’avez-vous trouvé ?

—    Il était chez lui….

—    Emmenez-le immédiatement au bloc… »

 

Isshin tourna la tête à droite et à gauche pour voir ce qui se passait. Cela ressemblait beaucoup à son hôpital. Que faisait-il là ? Une main saisit doucement son menton et Isshin se rendit compte qu’Amagai lui parlait d’une voix chaleureuse.

 

« Kurosaki-san, ne vous inquiétez pas. Je vais rester avec vous…

—    Vraiment ? Chuchota Isshin d’une voix pâteuse.

—    Vr… »

 

Isshin n’entendait plus rien… Il voulait dormir… C’était tout ce qui importait !

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             

Chapitre 5

Le chaos régnait dans les couloirs des urgences. Shuusuke qui devait partir après être intervenu sur une urgence de dernière minute, c’était vu réquisitionner manque de médecin lorsque Kurosaki Isshin était arrivé dans son service.  Il avait eu un choc. Un homme blond était à côté du chirurgien et il l’avait repoussé même s’il avait l’air de s’y connaitre. Toutefois, il fut soulagé quand ce dernier lui donna toutes les informations nécessaires sur son futur patient.

 

Voyant l’air surpris de l’urgentiste, Kisuke a précisé

 

« J’ai fait médecine et… c’est mon frère… »

 

Shuusuke ne s’était pas posé plus de questions. Il avait emmené Isshin au bloc et ce fut difficile de faire vomir le patient qui s’était apparemment empoisonné avec un mélange de médicaments explosifs. Ce qui n’aidait pas beaucoup Shuusuke également, c’était l’affaiblissement de Kurosaki. La fatigue nerveuse et physique accumulés au cours des années, profitait de sa faiblesse pour rendre les choses encore plus difficile.

 

°°0°0°°

 

Kisuke rejoignit Ichigo, Byakuya et Grimmjow qui vint à sa rencontre.

 

« Tu vas bien… Kisuke ?

—    Je ne sais pas très bien Grimmjow… »

 

L’infirmier observa son amant et le trouva très pâle, beaucoup plus pâle qu’à son habitude. Il voyait son visage tout aussi figé que celui d’Ichigo. Grimmjow repoussa le bob et caressa le visage mal rasé de Kisuke. Ses yeux verts étaient incroyablement brillants, témoignant du stress qu’il avait accumulé depuis qu’il avait découvert son frère inconscient.

 

« Tu te rends compte Grimmjow… J’ai paniqué ! Je ne savais plus ce que je devais faire et…

—    Ccchhhuuuuuttttt… Tu as su gérer la situation. Ne culpabilise pas. »

 

Sans laissé le temps au commerçant de parler d’avantage, il le prit dans ses bras et le serra contre lui. Ichigo observait son oncle qui lui montrait un visage qu’il ne lui connaissait pas. Celui de la peur et de l’anxiété. Il ne l’avait jamais vu aussi affecté de toute sa vie. Lui-même était incapable de parler ou de bouger. Il était figé dans la douleur. Son cerveau enregistrait tout ce qui se passait mais, rien dans sa tête ne lui permettait de réagir.

 

Byakuya avait tenté de le réconforter mais, il l’avait repoussé. Ichigo n’avait pas supporté son contact. En fait, le roux s’aperçut qu’il serait incapable de supporter le moindre signe d’apaisement. Ses nerfs étaient à vif. C’était comme si son émotion psychique donnait une répercutions à son corps physique. Son esprit souffrait, son corps pâtissait…

 

Pour Ichigo son père était comme un roc, qui serait toujours présent. Jamais, dans son esprit, il ne l’avait imaginé amoindrit. C’était… impossible ! Et pourtant, il venait de découvrir qu’Isshin était humain. Il songea à la fin d’après-midi où lorsqu’il avait vu son père, il lui avait semblé fiévreux mais, n’avait pas été plus inquiété que cela…

 

Une main se posa sur son épaule, et Ichigo se tourna méchamment vers l’intrus. Kisuke eut un faible sourire et déclara d’une voix qui essayait d’être amusée

 

« Etre aussi tendu ne sert à rien… n’oublie pas ton cœur…

—    Plus facile à dire qu’à faire… Marmonna Ichigo qui se dégagea.

 

Le regard sombre de l’architecte ne laissait rien présager de bon au commerçant. Il n’avait jamais vu son neveu aussi inquiet… aussi en colère aussi. Son regard brûlait littéralement. Il ressemblait à un fauve blessé que l’on avait mis en cage. L’attente serait longue pour eux tous… Kisuke se déplaça vers la fenêtre de la salle d’attente, et plaça ses mains derrière le dos. Son regard se fit lointain. Sa gorge était tellement nouée par l’émotion, qu’il avait l’impression qu’il allait pleurer s’il essayait de dire quoique ce soit. Jamais, il n’avait songé que son grand-frère pouvait mourir un jour.

 

°°0°0°°

 

Tout le personnel était tendu. Ce n’était pas tous les jours que le grand patron se faisait hospitalisé et surtout pas dans un état pareil. Amagai resta d’un calme olympien. Ses gestes et ses ordres étaient précis. Il eut quelques difficultés à trouver les veines du à la faible tonicité de ses dernières. Il posa ses perfusions sur le dos de la main en désespoir de cause.

 

Un bref instant, Shuusuke vit le visage creusé par la fatigue de Kurosaki et cela lui fit un choc. Pour la première fois, il voyait l’homme accusé son âge. Sa pâleur et ses traits tirés y étaient pour beaucoup. Il ne se laissa pas distraire davantage et continua à établir le traitement. Dire qu’Hirako avait parlé d’un trop grand calme dans le service… lui n’arrivait plus à en sortir. Il appréhendait déjà le lendemain…

 

Sans ce rendre compte de ce qu’il faisait, Amagai repoussa d’un geste tendre les mèches qui s’étaient collés sur le front d’Isshin. A sa surprise, l’homme parut apprécier son contact et se détendit légèrement. Il eut un sourire intérieur et se détourna pour reprendre le cours de son travail. Quand il sortit du bloc, il fut bousculé par Ishida-san. Ce dernier le regarda interloqué. Amagai le prévint

 

« Nous l’avons placé en observation…

—    Que s’est-il passé ? Demanda anxieusement le médecin si froid habituellement.

—    Surmenage, mélange médicamenteux, malaise vagal…

—    Il est tiré d’affaire ?

—    Je pense qu’il faudrait qu’il soit suivit pendant quelques temps… enfin, je pense surtout qu’il doit prendre du repos.

—    Comment Isshin a pu faire un mélange de molécules ?

—    Aucune idée… Peut-être que son frère pourra vous en apprendre plus…

—    Kisuke est ici ? Interrogea soudainement plus animé le second directeur de l’hôpital ?.

—    Hai… Apparemment, ils ont passé une partie de la soirée ensemble…

—    Je vais le rejoindre et… venez avec moi ! »

 

Shuusuke qui n’avait qu’une hâte, celle d’aller dormir, suivit à contrecœur Ryuuken. Ils traversèrent le couloir pour se diriger vers la salle d’attente. A la surprise de l’urgentiste, se trouvait là quatre hommes pratiquement tous inconnus. Le frère de Kurosaki retira son bob rayé et s’avança vers lui le regard grave.

 

« Mon frère fait du surmenage ?

—    Oui… De plus, vous aviez raison. Il a bien prit plusieurs substances qui ont agit sur lui comme un détonateur. Nous avons réussit à le faire vomir. Il a fait également un malaise vagal quelques minutes après. Mais rassurez-vous… il va mieux. Je lui ai administré un traitement pour lui permettre de récupérer physiquement. Par contre, je pense qu’il devra rester en observation durant quelques temps à l’hôpital. Et… il aura surtout besoin de repos.

—    Je comprends…

—    Etes-vous sûr… que mon père est tiré d’affaire ? »

 

Shuusuke se tourna vers un homme de sa taille avec des cheveux roux.  L’expression d’angoisse n’arrivait pas à ternir la beauté de ses traits. Il se dégageait comme pour son père, une impression de puissance mais, moins brute.  Quelque chose dans son regard, l’interpella.

 

« Il est placé en observation pour le reste de la nuit. Je pense que d’ici demain matin, tout devrait être rentré dans l’ordre. Il vous aura surtout fait une belle frayeur. Cependant… il faudra veiller comme je le disais plus tôt, à un repos forcé. Je ne sais pas qui s’occupera de lui…

—    Moi ! Répondit Ishida d’une voix tranchante. Je ne laisserai personne d’autre que moi toucher à mon ami.

—    Ishida-sensei… Commença Kisuke

—    Qui d’autre pourra faire comprendre à cette tête de mule qu’il doit prendre du repos ? Vous ? Ironisa Ryuuken. Que c’est-il passé ce soir pour mettre un homme pareil dans cet état ?

 

Le directeur était raide. Foudroyant du regard chaque membre de la famille présent. Ichigo s’avança

 

« Nous avons eu une réunion avec tout le clan. Mon père annonçait que je prendrai l’intérim jusqu’à ce que Koichi Kurosaki puisse prendre la relève du clan…

—    La soirée ne s’est pas bien passé… marmonna Grimmjow. Ils étaient fous, car ils pensaient pouvoir mettre un membre malléable à la place d’Isshin… Mais, le vieux à tout prévu et il a même fait intervenir le notaire. Il a placé ses pions…

—    Mon frère a subit un tôlé dans notre clan et il était vraiment furieux de l’opposions qu’il lui a été faite ! J’ai vu avant même que la réunion ne commence, qu’Isshin n’allait pas bien, même s’il tentait de le masquer… Je pense que lorsqu’il a quitté la réunion dans l’état où il était… Il n’a pas du se rendre compte de ce qu’il faisait…

—    Bref… Le clan Kurosaki a encore frappé ? Ironisa Ryuuken. Savez-vous le nombre d’appels qu’il reçoit de la part du clan par semaine ? Son assistante travaille bientôt à plein temps rien que pour vos problèmes familiaux ! Comment n’avez-vous pas pu l’aider avant ?

—    Nous n’en savions rien… Rétorqua tranquillement Kisuke.

—    Comme c’est pratique de ne rien voir… n’est ce pas Kisuke… Finalement, le rôle de victime vous va à ravir. » Déclara narquois le médecin, un sourire mauvais aux lèvres. « Vous avez laissé votre frère avec toutes les responsabilités sans jamais vous demander à quel moment, il prendrait l’eau… Et vous…

 

Ryuuken se tourna vers Ichigo.

 

« Vous vous servez de vos problèmes cardiaques comme excuses…

—    J’aide Byakuya avec ses problèmes…

—    Oui… Kuchiki-san a aussi un clan et je conviens que le conjoint doit aider mais, Kurosaki Isshin est votre père… Enfin, je m’abstiendrai d’aller plus loin… Vous êtes tous irresponsables ! Je ne peux pas me mêler de ses problèmes familiaux, juste le seconder pour l’hôpital et son travail. Mais maintenant… Je vous interdis formellement de venir le voir pour régler vous, et toute le clan Kurosaki de venir l’importuner pour l’achever ! Et croyez-moi, je veillerai au grain.

—    Vous semblez dire que nous ne soutenons pas mon frère… » lança doucement Kisuke.

 

Ryuuken tourna son visage vers le commerçant et fronça les sourcils.

 

« Vous le prenez comme vous le voulez… Je m’en moque éperdument. Il est toujours préférable de croire que son frère où son père est le grand-méchant loup… »

 

Amagai sursauta en entendant cela, le renvoyant à l’image du chirurgien imitant Ulquiorra. Son expression presque joyeuse quelques minutes plus tard, lui fit mal au ventre. Apparemment, sa vie n’était pas aussi simpliste que la plupart des gens s’imaginaient pour lui. Le visage des quatre hommes devant lui reflétaient le remord et l’indécision. Ishida continua à asséner ses vérités.

 

« Mais aucun de vous ne s’est posé une seule fois une seule question sur lui… Ce n’est pas certainement pas faute de ne pas connaître au moins les membres de votre famille ! Maintenant, je vais le rejoindre. Vous le verrez demain aux heures de visites. Je vous interdis de lui parler de sujet qui fâche… Si quelque chose se passe, nous vous appellerons. Il ne sert plus à rien de rester dans nos murs.  Amagai-sensei… suivez-moi… »

 

L’urgentiste emboita le pas du chirurgien et soupira intérieurement. Il n’était pas près de voir sa couette. Toutefois, il se sentait… différent. Les paroles dures échangées et la tension qu’il y avait eu dans la pièce l’avait touché… mais, c’est surtout l’histoire même de Kurosaki Isshin qui l’affectait sans qu’il ne s’en rende compte. L’image qu’il avait entraperçut… cette image d’un homme qui pouvait être détendu et joyeux, en totale opposition avec son habituel mine sombre, l’avait ému. Comme s’il découvrait un trésor que peu de personnes entrapercevaient… Dans le fond… Shuusuke constata qu’il aimerait en savoir davantage. Kurosaki Isshin ne ressemblait à aucune personne qu’il avait croisée dans sa vie…

 

Il s’arrêta au milieu du couloir alors que Ryuuken se tournait vers lui.

 

« Quelque chose ne va pas Amagai-sensei ? Etes-vous malade ?

—    Non… non, ce n’est rien. Je… Je me demandais, s’il était possible que je dorme ici ce soir. Si je rentre chez moi, je vais à peine me reposer pour mon service de demain matin…

—    Ah… c’est vrai… vous ne faites pas partie des équipes de nuit. Je vais appeler l’intendance. Nous allons vous trouver une chambre de libre. Je ne vais pas vous retenir…

—    Je voudrai voir… enfin, je voudrai m’assurer que tout… va pour le mieux… »

 

Amagai se détesta pour la faiblesse qu’il avait dans la voix. Mais, il était encore sous le choc de sa découverte. Ryuuken remonta ses lunettes et approuva de la tête. Ils reprirent leurs marches et le chirurgien repris la parole.

 

« Vous êtes quelqu’un de très consciencieux… Amagai-sensei. Vous êtes très apprécié dans votre service et vos compétences ne sont plus à prouver. Je me demandais pourquoi vous restiez aux urgences et ne retourniez pas dans votre spécialité de départ… Vous êtes un très bon chirurgien et Kyouraku-sensei va bientôt partir à la retraite. J’ai besoin d’une personne jeune et en qui j’ai une entière confiance pour le remplacer…

—    Je… » Commença Amagai gêné mais, Ishida fit comme s’il n’avait pas entendu la coupure.

—    En ce qui concerne, l’incident au cours de votre dernière opération, l’enquête à clairement démontré que vous n’y étiez pour rien. Je pense qu’il ne reste que vous seul à convaincre. Je vous demande de sérieusement y réfléchir. D’ailleurs, vous avez opéré récemment un patient récemment. Vous n’avez perdu aucun de vos réflexes. »

 

Ils étaient arrivés devant le lit de Kurosaki qui semblait un peu plus reposé aux yeux d’Amagai. L’image qu’il avait vue plus tôt lui revint en mémoire et un frisson le traversa. Ryuuken contourna le lit et se plaça à côté d’Isshin. Il soupira avant de caresser brièvement les cheveux de son ami.

 

« Je leur ai fait la morale… celle que tu n’as jamais voulu faire… Pourquoi faut-il que tu n’en fasses qu’à ta tête. Je n’imagine même pas Lisa-chan demain matin. Elle s’inquiète de plus en plus pour toi. Je vais… » Ryuuken se reprit. Sa voix avait flanché. « Je vais, lui adjoindre une assistante. Le temps que tu te remettes… enfin que tu retrouves la forme. Mon ami… si tu veux vivre encore quelques années… je t’interdis de reprendre la tête de ton clan… Ils vont te faire mourir avant l’heure ! »

 

Ishida se tourna vers Amagai et le rejoignit. Sa mine s’était faite plus sombre qu’il y a à peine deux secondes.

 

« Vous savez… Kurosaki-sensei n’est pas aussi… méchant qu’on veut bien le prétendre…

—    Je m’en suis aperçut… Ishida-sensei… »

 

Le chirurgien eut un petit sourire et déclara d’une voix fatiguée.

 

« Je vais prévenir l’intendance pour votre chambre. Vous devriez recevoir un texto pour vous indiquez son numéro d’ici quelques minutes. Et… profitez-en pour réfléchir à ma proposition… »

 

Ishida quitta la pièce. Shuusuke resta un instant immobile devant le pied de lit d’Isshin. Puis, mu par les émotions qui reprenaient le dessus sur lui, il s’avança pour s’installer sur la place abandonné par Ryuuken plus tôt. Un frisson le traversa. Sa main, se leva et il effectua cette fois-ci le geste tout à fait consciemment. Ses doigts parcoururent les mèches courtes dans un geste tendre. A sa surprise, Isshin réagit une nouvelle fois favorablement à la caresse. Le médecin, resta là à caresser doucement les mèches poivre et sel. Jusqu’à ce que son bipeur l’avertisse d’un message. Il lu le message et soupira.

 

Il resta encore quelques secondes avant de quitter les lieux en silence. Seul, les bips réguliers des différents appareils, étaient audibles. Amagai se sentait abattu comme, jamais il ne l’avait été auparavant. Quand il entra dans la pièce du personnel qui lui était réservée pour la nuit, il se déshabilla comme un automate. Le médecin resta un long moment à observer le plafond. Comment allait-il survivre au fait qu’il soit tombé amoureux d’un hétérosexuel… homophobe ? Quoique… l’est-il tant que cela ?

 

°°0°0°°

 

 

Lorsqu’Isshin réussit à soulever sa paupière, il fut ébloui par la lumière. Il avait immédiatement compris qu’il se trouvait à l’hôpital. Le chirurgien avait trop l’habitude de ce lieu pour ne pas le reconnaitre même inconsciemment. Que lui était-il arrivé ? La veille… il avait une céphalée… il s’en souvenait. Cela faisait une éternité qu’il n’en avait pas fait une comme celle-ci. Isshin réussit au bout de quelques minutes à ouvrir les yeux et il s’aperçut qu’il était dans une chambre individuelle. Des fleurs s’y trouvaient.

 

Ce qui l’étonnait… C’était l’ordonnancement de la chambre. Enfin du matériel disposé autour de lui. Comme s’il… résidait là depuis au moins quelques jours. Cela le troubla plus encore. Il allait commencer à s’agiter mais… abandonna rapidement. Il se sentait faible et… fatigué. Comment pouvait-il être fatigué alors qu’il venait de se réveiller et… son regard glissa vers la fenêtre… en plein milieu de l’après-midi.

 

Isshin enfonça son dos dans ses cousins. Il passa sa main dans ses mèches. L’homme fronça les sourcils… ce geste, lui rappelait vaguement quelque chose. Mais, à ce qu’il sache personne ne lui avait jamais caressé les cheveux… alors…

 

Son regard s’égara vers la fenêtre à nouveau. L’après-midi semblait grise… mais, moins tourmenté que la veille. La main du médecin glissa derrière lui pour attraper le bouton pour appeler l’infirmière de garde et il arrêta son mouvement. Isshin, n’avait pas envie d’être déranger dans le fond. Ce calme… depuis combien de temps n’avait-il pas goûté à ce repos ? D’ici quelques minutes, il était sur que sa chambre grouillerait de monde. Alors pourquoi précipiter les choses ?

 

Ses yeux rampèrent sur les objets occupant l’espace, pour aboutir au pied de son lit. Aurait-il la curiosité de consulter sa fiche ? Non… il s’en moquait pour l’instant. De toute façon, cela ne changerait pas grand-chose. Isshin sursauta lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit. Il leva les yeux et rencontra le regard surpris d’Amagai.

 

« Vous êtes réveillé ? »

 

Le ton sincèrement étonné et le coup d’œil dans sa chambre pour voir si au moins une infirmière quelconque se trouvait là, firent sourire Isshin.

 

« Je n’ai appelé personne et… je me suis réveiller, il y a quelques minutes à peine. Je voulais être… un peu seul…

—    Je peux me retirer et…

—    Non, restez ! Vous ne me déranger pas… bien au contraire.

—    Ishida-san va être encore contrarié… Marmonna Shuusuke.

 

L’urgentiste n’arrivait pas à remettre son cœur à l’endroit. De voir Isshin le regarder si calmement, alors qu’il n’avait cesser de s’inquiéter pour lui depuis une semaine, le troublait. Amagai était heureux mais, camoufla son émotion en traversant la pièce et en attrapant la feuille de soin d’Isshin.

 

« Ryuuken ? Pourquoi…

—    C’est votre médecin personnel… Kurosaki-san…

—    Oh… » Fit Isshin très surpris.

—    Vous devriez l’appeler… il se fait beaucoup de soucis pour vous… »

 

Isshin soupira et attrapa derrière lui le bouton de la sonnette et appuya à contrecœur. Il observait Amagai très étonné de le voir dans sa chambre. La porte s’ouvrit précipitamment en moins de quelques secondes. Ishida apparu sur le seuil stupéfait.

 

« Enfin ! S’exclama Ryuuken. T’en as mis du temps pour te réveiller !  Tu te l’as joue belle au bois dormant maintenant ? Demanda le médecin cassant.

—    J’ai toujours aimé tes accueil chaleureux… marmonna Isshin.

—    Tu nous as fait une belle peur et je te jure que la prochaine moi, c’est moi qui t’achève !

—    Il y  a un témoin… » Sourit Isshin.

 

Ryuuken tourna la tête et rencontra le visage d’Amagai.

 

« Je vous cherchais !

—    Ah… »

 

Amagai sentait qu’il allait devoir encore subir les sollicitations du directeur. Isshin vit l’expression de l’urgentiste se modifier.

 

« Je peux savoir ce qui se passe ?

—    Toi ? Non… Tu es au repos forcé !  J’ai viré ton clan… et j’ai adjoint une aide à Lisa pour faire face aux appels de ton encombrante famille. » Un sourire cruel se forma sur les lèvres de Ryuuken qui fit déglutir Isshin qui voyait déjà le pire « Elle s’appelle Soi Fong et franchement, je me demande si elle n’est pas plus terrifiante que Lisa Yadomaru… »

 

Isshin blêmit en imaginant une Lisa puissance deux. Comment Ryuuken avait encore pu dégoter une femme plus terrifiante que son assistante ?  Un frisson d’horreur le traversa. Une migraine pointa le bout de son nez. Inconsciemment, il porta une main à son front. Amagai et Ryuuken suivirent son geste du regard.

 

« Cela ne va pas ?

—    J’ai… mal à la tête…

—    migraine ?

—    Hai…

—    Tu te reposes… je vais demander à ce qu’on t’apporte le nécessaire. Au fait… peux-tu me dire ce qu’étais le mélange que tu as pris ?

—    Le mélange ? Demanda Isshin surpris.

—    Tu as tenté de te suicider ? » Insista Ryuuken. « Tu me diras, tu aurais de quoi mais…

—    Mais ça ne va pas ! J’ai jamais eut l’intention de me suicider ! J’aime trop la vie pour ça ! » S’exclama Isshin. « Je n’ai prit que des médicaments pour la migraine… je n’ai rien pris d’autre et…

—    Bon, la prochaine fois que tu es malade demande à quelqu’un de ton entourage de prendre les médicaments pour toi… Tu ne sais plus lire les étiquettes et remercie ton frère et Amagai-san…

 

Isshin tourna son visage vers l’urgentiste qui tirait de sa poche son bipeur. Ce dernier s’excusa. Ryuuken interpella Amagai avant qu’il ne quitte la pièce.

 

« Amagai-sensei… je vous attends dans mon bureau tout à l’heure… à la fin de votre service et même si comme la dernière fois vous terminez à 3 heures du matin, dites vous bien que vous ne m’échapperez pas éternellement !

—    Hai ! Répondit simplement Shuusuke sombrement.

 

Il quitta la pièce mal à l’aise. Amagai n’avait aucune envie de se retrouver coincé par Ishida et… il refusa de voir plus loin. Il prit son service rapidement, oubliant ou occultant au fond de sa mémoire toutes les émotions contradictoires qui l’agitaient.

 

« Isshin…

—    Hum… » Fit le médecin en levant les yeux vers son ami.

—    Je voudrai te parler sérieusement… »

 

Les deux hommes s’observèrent et Isshin tapota le coin de son lit et Ishida le foudroya du regard.

 

« Pour qui tu me prends…

—    Relax… et ne la joue pas prude avec moi… » Ryuuken.

 

Le regard glacé d’Ishida se posa sur son ami d’enfance et une foule de souvenirs envahit sa mémoire. Depuis combien de temps ne se sont-ils pas parlés comme des amis ? Depuis une semaine, le médecin ne cessait de se faire des reproches… ce qu’ils avaient dit à Kisuke et à Ichigo… il se les adressait à lui aussi.

 

Ryuuken s’assit sur le bord du lit et sortit son paquet de cigarettes. Il en tira une et la plaça derrière son oreille. Ses doigts fins jouaient avec le paquet. Il soupira et murmura

 

« Tu sais… j’ai pas envie que tu partes… comme ça…

—    Ça fait plaisir… Marmonna Isshin.

—    Je ne plaisante pas. J’ai pris des nouvelles dispositions durant ta semaine de sommeil.

—    Quand même…

—    Je ne veux plus que tu touches à un bistouri avant un petit moment…

—    Pardon ?

 

Le ton sec et interrogatif fit se retourner Ryuuken. L’expression dangereuse de son ami, ne le fit même pas sourciller. C’était l’avantage de connaître Isshin depuis le bac à sable…

 

« Tu m’as bien entendu. Tu es surmené. Tu as oublié que tu étais humain… tu as oublié… d’exister. Ton clan est tenu par Ichigo. Kisuke devait l’aider mais, apparemment ton fils à l’âme d’un leader et il est plus terrifiant que toi. Ton frère m’a dit qu’il était très affecté par ce qui t’était arrivé. Il est furieux après les membres du clan. J’ai su qu’il a convoqué Tajima et il y a eut quelques explications surchauffé entre eux. Je pense que lorsque ton petit-fils reprendra le clan… un grand balayage aura eu lieu. Ton fils lui façonne un boulevard…

 

Isshin était stupéfait. Jamais, il n’aurait songé qu’Ichigo puisse tenir le clan. Quelque part, depuis son arrêt cardiaque… il l’avait considéré comme une petite chose fragile… et le fait qu’il entretienne une liaison avec un homme… enfin, Isshin se rendait compte que ses opinions hâtives, lui avait encore faussé son jugement. Ryuuken repris la parole et s’en s’en apercevoir alluma sa cigarette. Isshin haussa un sourcil mais ne dit rien.

 

« J’ai fait appel à un nouveau neurochirurgien pour te remplacer… J’étais en contact en fait avec lui depuis six mois… et une chance pour moi, il accepte le poste. Il s’agit d’Arturo Plateado. Il a été débauché de son Espagne natale et tu connais les hôpitaux au Japon… et sa rigidité… bref, il voulait quitter le pays. J’ai réussi à le convaincre. Je voudrai qu’il reprenne le service… lorsque tu partiras en retraite.

—    C’est… inattendu. Pas… enfin, j’ai l’impression d’être mort. Murmura Isshin.

 

L’expression de souffrance qui passa sur les traits d’Isshin, troubla Ryuuken. Mais, si Isshin était incapable de prendre soin de lui, lui le ferait à sa place.

 

« Isshin… Tu ne peux plus t’occuper de tout, tout seul où tu mourras prématurément… et tu n’auras aucune occasion de profiter de la vie. Et j’en sais quelque chose…

—    Que veux-tu que je fasse à mon âge ? Gronda Isshin contrarié…

—    Je n’ai pas dit que je mettais au rancard ! Il y a un domaine dans lequel tu excelles et je veux que tu t’en occupes sérieusement. A force de t’occuper de cet hôpital et de ton clan, tu sais gérer comme personne les administrations et la paperasserie. Nous mettons en place tout une nouvelle structure… la chance aussi, c’est que se soit ton beau-fils qui s’occupe de l’architecture de l’extension. Je voudrai… moi de mon côté avec tous les nouveaux recrutements m’occuper de la gestion de notre nouvelle organisation. N’oublie pas l’objectif que nous donnons à cet hôpital… Uryuu va revenir des Etats-Unis…

—    Il s’est enfin décidé ?

—    Hai !  Il estime avoir acquis suffisamment d’expériences là-bas pour revenir dans nos murs. Enfin, pour nous ça tombe plutôt bien…

—    Donc, tu veux me cantonner à l’agrandissement de l’hôpital…

—    Et sa gestion… Je compte reprendre mon poste de chirurgien et l’université de Todai m’a demandé d’intervenir pour certains cours magistraux.

—    Tu sais que j’ai fait médecine car c’était ma passion… j’ai jamais demandé à être gestionnaire !

—    Qui mieux qu’un chirurgien peut comprendre les besoins d’un hôpital. N’oublie pas que nous changeons toute l’organisation et que notre hôpital doit gagner en réputation. Si nous persistons dans les vieux clivages qui pourrissent l’organisation des hopitaux japonais… jamais nous ne parviendrons à nous démarquer.

—    Ça va faire grince quelques dents… »

 

Isshin était pensif. Mettre des chirurgiens plus jeunes et talentueux à la place comme chef de service plutôt que les vieux chirurgiens engoncés dans leurs préjugés et leurs inerties…

 

« J’ai fait une proposition à Amagai-sensei… continua Ryuuken. « Il est aussi bon que Kyouraku. Comme il part en retraite dans quelques mois, je pensais le mettre en binôme avec lui pour qu’il comprenne bien ce qu’implique la gestion d’un service.

—    Il a accepté ?

—    Pas encore… on dirait que lui seul, se croit encore responsable. Bref… Tu as l’air de bien t’entendre avec lui. C’est rare que tu te laisses approcher.

 

Ryuuken observa Isshin qui s’enfonçait dans son oreiller. Isshin semblait réfléchir et un petit sourire se forma sur les lèvres du chirurgien comme si un souvenir amusant lui avait effleuré l’esprit.

 

« J’apprécie beaucoup Amagai-sensei… Confirma Isshin sérieusement.

—    Depuis quand ?

—    Oh… se serait trop à t’expliquer. » Répondit Isshin malicieux. « Mais, je serai heureux qu’il accepte ta proposition…

—    Tu ne pourrais pas appuyer ma demande auprès de lui ?

—    Tu te sers de moi ? Je pensais que j’étais au repos…

—    Oui ! Et là c’est seulement un service ! Cracha Ryuuken énervé…

—    Tu vas écraser où ton mégot maintenant ? » Ironisa Isshin en fixant son ami.

 

Ryuuken observa le mégot entre ses doigts, surpris de le voir là.

 

« Mais tu ne pouvais pas me le dire que je fumais ?

—    Non… j’ai un excellent moyen de pression que je pourrai utiliser en cas de besoin… » Répondit avec un sourire Isshin.

—    Tss ! Bref, c’est la seule chose pour laquelle je te demanderai de m’aider. Pour le reste, je pense pouvoir m’en tirer tout seul.

—    Je n’ai pas le choix… pour la nouvelle organisation ? Apparemment tu m’as compté dans les chefs de service psychorigide et…

—    Boucle-là ! Ne déforme pas tout ce que je te dis à ton avantage. Tu es incontestablement un très bon chirurgien. Et je compte sur toi pour aider à la nouvelle organisation. Mais… tu devras un jour te rendre compte que tu n’es qu’un homme et pas un dieu. Personne n’est irremplaçable sur cette Terre… et puis, si tu meurs comme un idiot, parce que tu ne sais plus déchiffrer une étiquette, trop fatigué pour savoir ce que tu fais… moi, je ne suis pas d’accord. Tu vaux mieux que cela. Prend ça comme une chance… ou un avertissement. Et si tu crois que tu auras le temps de te reposer après… Je crois que tu n’as pas encore mesuré toutes les tâches qui vont t’attendre. Et… moi aussi, j’ai besoin de vacances. Bon… je vais rejoindre mon bureau. Tu as l’air en forme…

—    C’est ça ton osculation ? Demanda narquois Isshin.

—    Te savoir dans un lit… est amplement suffisant pour me rassurer !

 

Ryuuken se leva et se dirigea vers la porte et se tourna juste avant de la fermer.

 

« J’ai vraiment eu peur… Isshin… Ne me refais plus jamais un truc dans le même genre… où c’est moi qui t’achève ! »

 

Le battant résonna longtemps au travers des oreilles d’Isshin. Il se sentait tellement impuissant et… inutile à présent. Qu’allait-il devenir ? Avait-il encore sa place finalement dans cette vie ?

 

 

Chapitre 6

Les urgences étaient encore en pleines effervescences au moment où Shuusuke quitta les lieux. L’équipe de nuit avait pris la place de l’équipe de jour. Il traversa l’hôpital sans le voir. Arrivé à l’extérieur, il chercha du regard son véhicule. Il ne savait plus depuis quelque temps où il en était et cherchait sans voir ce qui l’entourait. Shuusuke se sentait fatigué. Finalement, il repéra son véhicule.

 

Amagai s’arrêta net en rencontrant le regard d’Isshin. Le médecin s’était glissé dans son champ de vision. Habillé chaudement dans son long manteau noir, il n’en était que plus qu’impressionnant.  Sa gorge se noua et il s’avança presque à contrecœur. Les battements de son cœur s’étaient emballés. Jamais, il n’aurait cru rencontré Kurosaki sur le parking, lui  qui prenait grand soin de l’éviter.

 

« Bonsoir, Amagai-sensei… », sourit Isshin.

 

C’était la première fois qu’il voyait sourire aussi chaleureusement le médecin. À croire que ce type était toxique pour ses nerfs, … il se sentait incroyablement tendu.  

 

« Bonsoir, Kurosaki… sensei… »

 

Isshin grimaça légèrement et ses épaules s’affaissèrent quelque peu.

 

« Quelque chose ne va pas ? S’inquiéta Amagai.

—    Vous venez de toucher un point sensible… Amagai-san.

—    Sensible ?

 

L’urgentiste ne comprenait pas et scruta avec attention son patron. Il paraissait avoir un peu plus de cheveux blancs qu’avant. Cela ne dénaturait pas son charme… bien au contraire pour lui.

 

« Quelque chose s’est passé Kurosaki-san ?

—    Mon associé et… ami, m’a mis à la retraite…

—    Pardon ? »

 

Amagai ouvrit de grands yeux. Il ne s’attendait absolument pas à cette déclaration. Isshin hocha la tête et se gratta sa barbe naissante.

 

« Oui, je ne suis plus qu’un… boulet !

—    Comment… enfin… je ne comprends pas ! Vous êtes… un chirurgien réputé et…

—    Visiblement épuisé… Dites… Amagai-san. Au lieu de discuter sur un parking… Pourrions-nous prendre un verre quelque part. Enfin, si cela ne vous ennuie pas. Je n’ai pas envie d’être enfermé dans les murs de cet hôpital et je n’ai pas envie de rentrer chez moi…

—    Euh… Pourquoi pas ? Je…

—    S’il vous plaît, éloignez d’ici…

—    Je connais un bar où nous pourrons être tranquilles. Par contre… c’est un bar gay…  Cela vous poseras-t-il un problème ?

 

Shuusuke pensait que cette précision ferait fuir Isshin, mais, à sa grande surprise, ce dernier accepta. Isshin lui sourit et déclara fataliste.

 

« J’ai souvent des problèmes de voiture, pourrions-nous prendre la vôtre ?

—    Hai… »

 

Tendant la clef devant lui, Shuusuke ouvrit sa Mazda MX-5 et s’installa derrière le volant. Isshin prit place à côté de lui. Shuusuke démarra mal à l’aise. Son bras frôlait celui de Kurosaki. Le petit habitacle paraissait empli de la présente et l’aura de son patron. Pourquoi se trouvait-il dans pareille situation ?

 

« Vous ne semblez pas vous porter au mieux… Amagai-san. Je ne resterai pas trop longtemps. Je ne voudrai pas que vous soyez surmené tout ça pour m’écouter parler…

—    Je crois que nos situations ne sont absolument pas comparable Kurosaki-sensei.

—    S’il vous plaît… plus de… sensei. C’est finit pour moi…

—    Mais, c’est impossible ! » Protesta Amagai, en ralentissant au feu rouge.

 

Il se tourna vers Isshin, contrarié.  Isshin haussa un sourcil et détailla Amagai qui semblait bouleversé.

 

« Comment pouvez-vous accepter de vous faire mettre à la porte de cette manière ?

—    Comment pouvez-vous refuser le poste qu’Ishida-sensei vous propose ? »

 

Un silence s’établit dans l’habitacle. Amagai redémarra. Isshin vit les doigts serrés le volant nerveusement.

 

« Est-ce pour cela que vous m’avez demandé de vous tenir compagnie ce soir ? » Demanda Amagai sombrement.

 

Shuusuke était furieux. Comment avait-il pu se laisser berner ? Jamais Kurosaki ne s’intéresserait à lui autrement que de manière professionnelle. Isshin observa les rues animées de Tokyo. Les néons et les décorations festives étaient attractifs.

 

« Au départ oui… mais, je crois que cela ne me concerne pas. Je pense que chacun doit assumer ses choix. Je n’ai absolument pas le droit d’intervenir. Même si je ne comprends pas… après tout, … je ne sais rien de vous et de votre vie.  Comment pourrais-je vous obliger ? Moi-même… Je dois faire des choix… celui de pouvoir prolonger ma misérable existence ou bien, continuer comme je l’ai fait jusqu’à présent et… finir en tas de cendres dans moins d’un an. Ryuuken est véritablement furieux contre moi… 

—    Je suis désolé… Je sais… enfin, j’ai entendu toutes les fonctions que vous endossiez… et j’ai l’impression de jouer à l’enfant gâté. »

 

Isshin soupira. Ses doigts cherchaient inconsciemment son paquet de cigarettes. Amagai s’en aperçut et demanda.

 

« Vous avez oublié quelque chose ?

—    Euh… » Isshin s’aperçut de son geste et bougonna, «  je crois que je vais avoir beaucoup de mal à arrêter de fumer.  Kyouraku-san est venu me voir et apparemment, je dois, faire attention à mon cœur.  J’ai interdiction de fumer.

—    Et vous allez suivre ses recommandations ? »

 

Le conducteur rangea sa voiture dans le parking souterrain. Il éteignit les phares. Les deux hommes sortirent de la voiture et Isshin attendit que son interlocuteur lui indique la direction à prendre. Amagai rit doucement, alors qu’ils montaient dans l’ascenseur pour rejoindre la rue.

 

« Quelque chose vous amuse ?

—    Kurosaki-san… si on m’avait dit, il y a trois mois de cela que je prendrai un verre avec vous dans un bar gay, … je crois que j’aurai parié ma main que s’était qu’une vaste plaisanterie.

—    Et je suis sûr que je vous aurais soutenu et j’aurai découpé ma main tout seul ! » Termina Isshin en éclatant de rire.

 

Sortant de l’ascenseur en souriant, Amagai montra le chemin à suivre. Les deux hommes s’engagèrent dans une rue piétonne animée. Isshin respira et constata qu’il n’était pas sorti de cette manière depuis une éternité. Quand avait-il cessé de vivre ?  Ce constat lui fit chercher une cigarette, mais, il cessa en rencontrant le regard moqueur d’Amagai.  

 

« Venez Kurosaki-san… c’est ici… »

 

Isshin leva la tête et vit affiché le B.Bar. Les doubles portes vitrées furent poussées et un couple sortit. Le plus grand des deux hommes qui sortaient, avait l’air plutôt inquiétant. D’ailleurs, il dévisageait son compagnon de manière sombre.

 

« Je refuse de participer à ce genre de manifestation Senji… Tiens, le toi pour dit ! Je n’ai pas envie de me ridiculiser !

—    C’est toi le yakusa, je te rappelle. C’est quoi toutes ses histoires de tradition dont on me rabat tout le temps les oreilles… Tss… tu n’es qu’une chochotte finalement…

—    Pardon ? » S’indigna l’armoire à glace.

 

Le couple disparut en discutant de manière animée. Isshin et Shuusuke restèrent un instant figé. Isshin murmura.

 

« Chochotte ?

—    Yakusa… Il est dingue… 

—    Certainement qu’il aime le goût du risque. Je ne me serai jamais aventuré à lui dire ce genre de réflexion…

—    J’aurai au moins pesé mes mots… »

 

Isshin secoua la tête et entra dans le bar suivi par Shuusuke. L’atmosphère sombre du bar et les nombreux couples masculins dispersés autour de petites tables rondes, firent déglutir Isshin. Une main sur son avant-bras le fit sursauter. Le médecin baissa les yeux et rencontra le regard amusé de Shuusuke.

 

« Venez… allons au comptoir Kurosaki-san… »

 

Le soudain malaise d’Isshin ne lui avait pas échappé. Shuusuke prit les devant et ouvrit le passage. Une fois installée, l’urgentiste se tourna vers Isshin qui posait une fesse sur le tabouret haut, dans une attitude où à la moindre alerte, il pourrait s’échapper sans que personne ne puisse l’arrêter. L’image fit sourire Amagai qui se sentait soudain de très bonne humeur. Il avait l’impression d’être en rendez-vous. Certes, Isshin n’avait pas cette image en tête, mais, pour Shuusuke cet instant était précieux.  

 

Le barman se pencha sous les spots qui faisaient luire le cuivre du bar.

 

« Cela faisait un petit moment que nous ne vous avions pas vu… Amagai-san. Vous la même chose que d’habitude?

—    Hai…

—    Et pour vous…

—    Un bourbon…

—    Bien… »

 

Isshin se tourna vers Amagai, amusé.

 

« Vous étiez un habitué ?

—    Je venais souvent ici… avec mon ex.

—    Ah… »

 

Le fait que l’urgentiste mentionne qu’il ait pu avoir une vie amoureuse avant, perturba Isshin. Il se demanda brutalement à quoi pouvait ressembler celui qui avait eu une relation avec Amagai. Leur consommation fut posée devant eux. Amagai prit son verre et observa Isshin entre ses cils. Il lisait sur son visage comme dans un livre ouvert. Un petit sourire étira ses lèvres. La soirée s’annonçait intéressante.

 

Isshin sirota son verre et observa autour de lui le bar, pour reporter bien vite son attention sur Amagai qui semblait se divertir.

 

« Je vois que vous trouvez mes réactions… amusantes.

—    Vous êtes très intéressant Kurosaki-san… Et ne vous vexez pas… Vous n’atterrissez jamais là où vous attend.

—    Content de vous… Commença Isshin bougon.

—    Non ! Ne le prenez pas mal… Je ne cherche en aucun cas à vous blesser. J’ai trop d’estime pour vous Kurosaki-san. Je… je dois dire que vous êtes le seul avec qui je peux me montrer tel que je suis… »

 

Isshin leva un sourcil.

 

« Pourquoi ? Vous n’avez pas d’amis ou bien…

—    À part Ootoribashi-san, personne n’est au courant à l’hôpital que je suis gay. Mes rares amis ont préféré me tourner le dos lorsque ma relation avec mon ex s'est terminée. »

 

En disant cela, un pli amer frisa sur le coin de sa bouche. Isshin culpabilisa en voyant le nouveau malaise chez l’urgentiste.

 

« J’ai l’impression que j’ai tendance à mettre les pieds dans le plat avec vous… Je suis désolé…

—    Non, … vous n’y êtes pour rien. Je n’ai jamais eu beaucoup d’amis de toute façon.

—    Je n’ai que Ryuuken. » Répondit sérieusement Isshin. « Nous nous côtoyons depuis le primaire… C’est… comme un frère pour moi. Il est même en quelque sorte plus proche de moi que Kisuke.

—    J’ai remarqué combien Ishida-san semblait remonter contre votre frère et votre fils…

—    Oh… il se serait permis de dire quelque chose ?

—    Hai… il était furieux. J’aurais préféré ne pas être présent... » Murmura Amagai. « Mais, comme je devais donner de vos nouvelles à votre famille…

—    Ah… Ryuuken… je lui ai pourtant dit nombre de fois, de ne pas intervenir. Je crois qu’il a dû craquer.

—    Il vous aime beaucoup. » Sourit l’urgentiste.

—    Je donnerai ma vie pour lui. » Avoua songeur Isshin. « Il est très important pour moi…

—    Je vois… » Souffla Amagai.

 

La façon dont le visage d’Isshin s’animait quand il parlait d’Ishida lui faisait comprendre le fossé pour arriver à ce genre de relation avec son patron.

 

« Je ne sais pas… Même moi, ou lui sommes incapables de qualifier notre relation. Ce n’est pas amoureux, … ce n’est pas de l’amitié…  C’est… je ne sais pas ! » Avoua vaincu Isshin.  « Et puis, je ne suis pas ici pour parler de cela… mais pour pleurer sur mon sort et vous avez accepté de me servir d’oreille !

—    Je m’en souviens… Kurosaki-san… » Sourit Amagai.

—    Bref… je voulais continuer les interventions… Mais, Ryuuken estime que je suis un danger public pour l’instant et m’a relégué à l’administration. Il croit que je serai mieux géré cet hôpital que lui…

—    Pourquoi ? Il quitte l’hôpital ?

—    Non, … en fait, nous avons décidé l’année dernière de transformer cet hôpital pour en faire l'un des plus réputés de ce pays. Pour cela, nous avons décidé de bousculer les habitudes japonaises et de nous inspirer du système américain ou européen… Il ne suffira plus d’être âgé pour être responsable d’un service. Ryuuken a embauché mon remplaçant qui a quarante-cinq ans et une solide expérience en Espagne… durant quelque temps, je vais le chapoter, mais, il se débrouillera seul par la suite. pen Il pensait à vous, car vous connaissez bien l’hôpital et que vous avez de très bon résultat, … mais, apparemment sa proposition reste lettre morte…  »

 

Amagai fronça les sourcils et resta silencieux quelques instants. Isshin surveillait du coin de l’œil son interlocuteur. Il ne savait pas pourquoi mais, il aurait aimé en savoir plus sur les réticences de l’homme. Isshin plaisanta.

 

« Dommage…

—    J’aimerais reprendre ce service en fait,  avouai enfin Amagai.

—    Alors pourquoi n’acceptez-vous pas ? »

 

Isshin était sidéré. Amagai rougit légèrement et pour se donner une contenance avala une gorgée de whisky.

 

« Je ne m’en sens pas capable… et puis, cela fait un peu plus d’un an que j’ai arrêté la chirurgie cardiaque… et…

—    Profitez de la présence de Kyouraku ! Pourquoi croyez-vous qu’Ishida vous à proposer maintenant de rejoindre le service de cardiologie. »

 

Amagai détailla les traits d’Isshin. Il était évident qu’il tenait à ce qu’il rejoigne le service. Tout semblait si simple pour son patron alors que lui… n’était pas si sûr de lui. Un autre aurait sauté sur l’occasion mais, que se passerait-il s’il n’était pas à la hauteur des espoirs de ses deux patrons ?

 

« Moi, je crois en vous et en vos capacités… » Continua Isshin gravement.  « Je n’ai jamais compris que vous ayez rejoint le service des urgences… Quoique ce soit aussi une bonne expérience et… vous êtes intervenus au pied levé pour des opérations délicates.

—    Être un bon chirurgien ne veut pas dire, bon chef de service…

—    Vous savez mener une équipe ! Vous êtes humain… ce qui ne gâche rien.

—    Est-ce que le Kurosaki Isshin d’il y a trois mois et qui apprendrait ma sexualité au même moment aurait tenu le même langage ? Demanda sombrement Amagai.

—    Je ne mélange pas privé et travail… Et à ce que je sache… vous ne m’avez pas connu au moment où j’étais réellement homophobe. Si vous auriez dû prendre une comparaison, vous auriez dû remonter au moins neuf ans en arrière… »

 

Shuusuke et Isshin se dévisageaient intensément à présent. L’urgentiste voulu discuter mais, une voix les interpella.

 

« Si dans votre couple, ça ne va plus…  Moi ch’suis un cœur à prendre… »

 

Les deux médecins tournèrent la tête et ils virent un homme passablement éméché qui s’adressait à Amagai.

 

« Je ne suis pas intéressé et…

—    Entre nous tout va pour le mieux… merci de vous inquiéter. Alors, veuillez nous laisser tranquille.

—    Vous êtes un couple comme moi et lui ! Répliqua l’homme bourré. Vous sentez l’hétéro à plein nez… » Se tournant vers Shuusuke. « Pourquoi tu te fais du mal à rester avec un type qui n’éprouvera jamais les sentiments que tu peux avoir ? T’es maso ?

—    Excusez-moi, … mais, je ne pense pas avoir besoin d’une aide quelconque… maintenant, allez voir ailleurs si j’y suis !

—    Tss… dommage… enfin, quand vous en aurez marre de vous faire du mal, … vous viendrez me’voir ! »

 

L’homme partit en hoquetant. Isshin observa l’homme s’éloigner silencieusement. Amagai se leva et se tourna pour payer sa consommation.

 

« Nous pouvons aller ailleurs…

—    Comme vous voulez… » souffla Isshin.

 

Isshin paya et ils sortirent du bar.

 

« Voulez-vous arrêter notre discussion ? Suggéra Isshin.

 

Il sentait comme une certaine réticence chez l’urgentiste. Amagai le dévisagea et demanda.

 

« Ne vous sentez-vous pas fatigué Kurosaki-san ? »

 

À sa surprise, Isshin se sentait effectivement affaibli. Shuusuke le constata et il déclara moqueur.

 

« Vous présumez de vos forces. Votre ami va vous en vouloir… Si vous le croisez dans un couloir…

—    Je suis… En fait, j’aurais aimée prolonger la soirée… Marmonna Isshin. Cela faisait un petit moment que je n’étais pas sortie de la sorte… »

 

Amagai réfléchit quelques secondes et proposa, ému malgré lui.

 

« Nous pourrions renouveler l’expérience ? Lorsque vous aurez l’autorisation de sortie…

—    Vous saviez que j’avais fait le mur ? » S’étonna Isshin.

 

En entendant cela, Amagai observa moqueur son patient. Isshin lui rendit son sourire. Les deux hommes rentrèrent dans une ambiance détendue. Amagai demanda à Isshin d’ouvrir sa boîte à gant. Ce dernier l’ouvrit et des CD glissèrent. Isshin les rattrapa et observa les pochettes.

 

« C’est ce que je vous avais promis… Des groupes qui passent actuellement sur les ondes…

—    Vous vous en êtes souvenu ?

—    Disons que j’attendais l’occasion pour vous les prêter. J’attendais que vous alliez mieux…

—    Merci… »

 

Isshin fit glisser les quatre CD entre ses doigts. Il s’agissait de groupes américains, dont il n’avait jamais entendu parler. Amagai enclencha son lecteur de CD

 

« Pour vous donner une idée du type de musique que vous entendrez… »

 

La chanson Burn it to the ground résonna dans l’habitacle.

 

« Ce n’est pas tout récent, ce morceau… mais, plus qu’Elvis… »

 

Les deux hommes échangèrent un regard et un sourire complices et Isshin se surprit à suivre le rythme avec le pied.

 

« Vous semblez, être déjà en meilleur forme que ses dernières semaines… Kurosaki-san… 

—    C’est vrai… Je me sens un peu mieux. Mais, je ne sais pas si c’est parce que la pression a été relâchée brutalement, je me sens… vidé. Je ne pense qu’à dormir… Cela ne m’était jamais arrivé avant. Et ce qui est très agréable pour moi, c’est de ne plus avoir ses incessants coups de fil.

—    J’ai cru comprendre que votre famille était… envahissante.

—    Je plains Ichigo… Mais, d’après Kisuke, il s’en tire mieux que moi…

—    Sans… vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas… Vous aviez quel âge lorsque vous avez repris la tête du clan ? »

 

Isshin réfléchit et se gratta le menton, le regard lointain.

 

« Hum… en fait, mon père m’a mêlé très jeune aux problèmes du clan. Je devais avoir vingt ans quand j’ai commencé à gérer en partie les affaires de mon père… et, j’ai repris le clan vers vingt-cinq, vingt-six ans… mon père est mort lorsque j’avais trente ans…

—    Votre fils à quel âge ?

—    Ichigo ? Euh… il devrait avoir trente-neuf ans dans six mois environ.

—    On ne gère pas un clan de la même manière à vingt-cinq ans qu’à presque quarante et puis… Votre fils semblait plutôt remonter contre votre clan. Enfin… j’ai vu combien, il paraissait affecté lors de l’intervention d’Ishida-san…

—    Oui… Kisuke m’en a parlé. Ichigo refuse de me parler des affaires du clan. Je ne l’ai jamais vu aussi… fermé.

—    Je pense qu’il essaye de vous éviter de vous inquiéter.

—    Je voudrais l’aider…

—    Je ne pense pas qu’il en ait besoin et… je pense qu’une autre manière de mener vos affaires de familles, vont pousser les membres de votre clan à se tenir tranquille.

—    C’est ce que me disait Kisuke… » Murmura Isshin.

 

Amagai sourit et déclara doucement.

 

« Vous avez beaucoup de mal à décrocher…

—    Cela faisait trente-cinq ans que... j’étais seul.

—    Il va vous falloir apprendre à compter sur les autres à présent. »

 

Isshin coula son regard vers Amagai. L’homme avait tourné son buste vers son côté de route pour observer la circulation et s’engager sur le nouvel embranchement qui les conduisait devant les portes de l’hôpital. Pour la première fois, Isshin se détendit et se laissa aller contre son siège. Oui, il allait devoir apprendre à compter sur les autres… et ce n’était peut-être pas plus mal.

 

Arrivé devant les portes de l’hôpital, Amagai laissa tourner le moteur et attendit que le chirurgien descende. Leurs regards se rencontrèrent durant une fraction de seconde. Isshin ouvrit la porte et en levant la tête vit Ryuuken qui l’attendait sur le seuil du bâtiment. Il déglutit en rencontrant son regard de sphinx. Il allait passer un sale quart d’heure. Isshin sortit mais avant de claquer la portière, il se pencha et déclara.

 

« N’oubliez pas votre promesse… » Voyant l’incompréhension sur les traits d’Amagai. « De nous refaire une sortie comme celle-ci… À moins que… cela ne vous déplaise…

—    Non, … j’en serais heureux, Kurosaki-san.

—    Très bien. J’attends cela avec impatience. »

 

Et sans ajouter une parole, la porte se ferma. Amagai ne s’attarda pas, et démarra. Shuusuke se demanda pendant un petit moment, si Kurosaki se rendait compte de la portée de ses paroles ? Du double sens que lui pouvait leur accorder ? Il s’empêcha d’avoir le moindre espoir, mais, en même temps… il sentait comme un fil ténu entre eux qui lui faisait battre le cœur un peu plus vite…  Amagai était curieux de voir si Kurosaki tiendrait sa promesse…

 

Isshin remonta jusqu’à Ryuuken qui terminait sa cigarette. Ce dernier interrogea froidement son ami.

 

« Tu t’es bien amusé ?

—    J’ai fait ce que tu m’as demandé de faire… Ne râle pas !

—    Tu avais besoin de faire le mur et de me laisser m’inquiéter ?

 

Isshin ouvrit de grands yeux et porta une main sur son cœur.

 

« Je t’ai laissé un mot sur ma table de chevet ! » Protestas-t-il vigoureusement.

 

Ishida sortit de sa poche de veste, un papier plier en quatre et le lu à voix haute.

 

« Je suis partie faire un tour… Ne t’inquiète pas ! Comment veux-tu que je ne m’inquiète pas ? Imbécile !

—    Je t’interdis de m’insulter ! Grogna Isshin.

—    Je t’interdis de me créer du souci ! Rétorqua sombrement Ryuuken.,

—    Tss… Tu aimes ça, prendre soin de moi… pervers !

—    La ferme ! Qu’est-ce que tu tiens dans ta main ?

—    Des CD…

—    Fait voir… »

 

Les deux hommes se dirigèrent vers le hall de l’hôpital. Ishida fit glisser les Cd et lu le nom des groupes à voix hautes.

 

« Izia, The Shaking Heads, The Finkielkrauts, Gush… pas mal… Personnellement, en ce moment j’écoute The dead Weather…

—    T’écoute aussi ce genre de musique ?

—    J’ai toujours écouté du rock…

—    Oui, … mais, je ne te savais pas si à la page…

—    Ne me prends pas pour toi… C’est lui qui te les a prêtés ? Demanda Ryuuken en observant son ami du coin de l’œil.

—    Hai… Je l’aime bien ce type…

—    J’ai cru remarqué… Maintenant, tu vas être sage et ne plus bougé de ta chambre… avant quelques jours encore. Tu es… épuisé… »

 

Ryuuken posa une main sur le front d’Isshin alors, qu’ils venaient d’entrer dans la chambre de ce dernier. Son front brûlait.

 

« Si tu sors demain, … je viens te chercher pour te clouer au lit !  Et si ça ne suffit pas, je prendrai Yadomaru-san avec moi…

 

Isshin blêmit et Ryuuken montra la salle de bain à son ami qui eut les épaules qui s’affaissèrent. Ishida grommela contre son ami et sa façon de ne pas s’occuper sérieusement de lui.

 

« Tu ne me passeras rien…

—    Tu me prends pour qui ? » Rétorqua sèchement Ryuuken.

 

Sans un mot, Isshin se changea et gagna son lit sous le regard froid d’Ishida qui le borda. Isshin déclara en maugréant.

 

« Tu n'es pas obligé d’aller jusque-là…

—    Pour une fois que tu autorises les gens à t’approcher… je ne vais pas me gêner et puis, il n’y a pas de raison qu’Amagai obtienne ce que moi, je n’arrive qu’à avoir qu’au bout de cinquante ans !

—    Qu’est-ce que tu racontes encore ? » Souffla Isshin.

 

Ryuuken sortit de la chambre et ferma toutes les lumières, ne restait plus qu’une petite veilleuse qui éclairait la tête de lit. Le regard indéchiffrable de Ryuuken resta un long moment figé sur le seuil de la porte, à observer le chirurgien qui s’endormait épuisé par sa sortie. Son visage ne reflétait aucune émotion particulière.

 

L’homme se décida à quitter la chambre et se dirigea d’un pas las vers l’ascenseur et se décida à rentrer chez lui. Il se grillerait bien une petite dernière et se prendrait certainement aussi un verre de sake avant d’aller se coucher. Peut-être irait-il se chercher un livre avant de dormir ? Ou bien s’écouterait-il un petit morceau de rock ? Un sourire lent se forma sur ses lèvres… La vie prenait décidément des tournants très inattendue…

 

 

Chapitre 7

L’hôpital de Karakura était grouillant de monde en cette fin de matinée. Entre le personnel, les visiteurs, les ouvriers… le flot était ininterrompu. De nombreux véhicules s’arrêtaient et repartaient souvent pour quelques minutes d’arrêt. Un taxi suivait la file de voiture et s’engagea sur la voie de stationnement minute. La porte s’ouvrit une minute plus tard, découvrant une chaussure à talon prune. De fines jambes galbées par un fin nylon se redressèrent. La jeune femme qui en sortit claqua la porte sans un regard en arrière.

 

Elle attendait là, les jambes écartées, les poings sur les hanches, son sac à main Vuitton pendouillant sur un côté. Les cheveux de la jeune femme étaient noirs et coupé court. Son regard était aussi sombre et l’expression fermée de son visage n’invitait pas à la conversation. Karin leva les yeux vers l’hôpital. La voilà revenu à Karakura ! La boucle était bouclée pour elle…

 

Elle traversa d’un pas décidé le trottoir et les marches qui permettaient d’accéder au hall d’entrée. Elle se dirigea sans hésiter vers l’ascenseur sans un regard pour l’accueil. Elle savait où se diriger. Après tout… cet hôpital elle le connaissait comme sa poche. Toutes les personnes qui croisaient la femme se reculaient devant son regard perçant et froid. Elle s’arrêta devant la porte de son père. Sa main trembla et elle se reprit à plusieurs reprisent avant de pouvoir l’ouvrir. La sueur la faisait glisser. Comment allait-elle trouver son père ?

 

Quand elle franchit le seuil, elle trouva ce dernier allongé écoutant de la musique sur un lecteur CD. Son buste était relevé. Ses jambes croisées battaient la mesure. Isshin était plongé dans la lecture d’un magasine. Karin eut un petit choc en voyant les nombreuses mèches blanches à présent dans la masse si foncé. Elle repoussa une mèche soit disant indisciplinée et se posta au pied du lit de son père. Karin aurait éclaté en sanglot, si elle n’avait pas fabriqué un masque d’indifférence depuis son enfance. Elle était si soulagé de voir son père vivant… et culpabilisait d’être si loin finalement…

 

« Papa… »

 

Isshin sursauta et ses yeux s’arrondirent de surprise en voyant sa fille à côté de lui.

 

« Papa… je suis si contente… »

 

Et sans lui laisser le temps de réagir, elle sauta à son cou.

 

« Je suis si désolée de ne pas avoir été présente… »

 

Elle éclata en sanglot… la première fois depuis la mort de sa mère. Isshin referma l’espace de ses bras autour de la silhouette mince de Karin.

 

« Karin… » Souffla Isshin ému. « Tu n’as rien à te reprocher. Je suis content que tu sois venue. 

—    Et je m’installe à Karakura. C’est pour cela que j’ai été si longue à venir. Ichigo m’a tenu au courant tous les jours.

—    Tu t’installes à Karakura ? S’étonna Isshin stupéfait. Mais… et…

—    J’ai divorcé !

—    Pardon ?

—    En fait, ça fait un petit moment que les démarches ont été entamées, Seigen et moi ne nous entendions depuis longtemps. Quand Ichigo m’a appelé, je venais de recevoir les papiers officiels et j’ai décidé de tout plaqué pour venir vivre ici à Karakura.

 

Isshin repoussa ses écouteurs et observait gravement sa fille. Karin montrait si peu ses émotions. Là, de  la voir versé des larmes le touchaient. Isshin montra un siège et invita Karin à s’asseoir. La jeune femme poussa le fauteuil près du lit d’Isshin et déclara

 

« Donc, comme Ishida-san a su que je revenais à Karakura, il m’a embauché comme médecin légiste…

—    Il a fait vite… Marmonna Isshin.

—    Je n’aime pas perdre de temps et lui non plus…

—    Je vois…

—    Bref, je débuterai le mois prochain. Là… je m’installe dans ta maison quelques temps. Cela me laissera le temps de trouver un appartement.

—    Tu peux vivre à la maison…

—    Non… Je préfère avoir mon indépendance. Se n’est que provisoire… mais, je serai plus présente qu’avant.

—    A part… médecin légiste… tu vas occuper une autre fonction ?

—    Celui de maman… dans trois mois environ. Il faut que Yuji et Ayame terminent leurs années scolaires… De toute façon, Seigen prend soin d’eux en attendant que je puisse loger tout le monde.

 

Isshin était très heureux de voir sa fille mais, était estomaqué de voir comment elle prenait les choses. Elle annonçait les faits avec une indifférence non feinte et semblait préparer un plan d’attaque.

 

« Yuzu ? Demanda Isshin

—    Yuzu reste à Kobe mais, pour l’instant… elle ne peut pas se déplacer. Elle ne devrait pas tarder à venir… c’est tout ce que je sais.

—    Tu sais… je suis heureux que tu me rejoignes mais, crois-tu que ta vie soit ici ?

—    J’ai fait mon choix en toute connaissance de cause. Mais, si cela peut te rassurer… j’avais choisit de revenir ici. Ce qui t’es arrivé n’a fait qu’avancer de quelques mois mon retour.

—    Je vois… »

 

Karin soupira et observa son père. Il semblait bien allé. Seul ses cheveux avaient eut à subir les conséquences de sa mésaventure.

 

« J’ai repris mon nom… Kurosaki. Je trouve cela plus pratique pour mon travail.

—    On pourra laisser entendre que tu es pistonné… sourit Isshin.

—    Et alors ? Je ne vois pas où est le problème…. De toute façon, si ce n’est pas cela, se sera autre chose. Je me fiche littéralement des bruits de couloirs ! De toute façon, ils vont vite apprendre à me connaître. Papa… je vais rentrer à la maison. Je suis venue directement ici. Sasabike-san c’est occupé de mes bagages mais, je voudrai me reposer. Je vois Ichigo cet après-midi… et Kisuke. » Ajouta presque dégoûtée Karin.

—    Que reproches-tu à ton oncle ? Demanda sombrement Isshin.

—    Ce que je reproche à Kisuke ? » Repris Karin. « Je lui reproche de ne pas être là… et de pas avoir su t’épauler toutes ses années où il t’a laissé tout seul !

—    Je t’arrête tout de suite… tu n’as pas à juger Kisuke. Tu ne connais ni les tenants et les aboutissants qu’il existe entre nous.

—    Papa…

—    Non… »

 

Isshin se redressa et plongea ses yeux droits dans ceux de sa fille.

 

« Vous débarquez tous dans ma vie… vous jugez, vous prenez tout en charge sans savoir moi ce que je peux ressentir. Je voudrai que vous me laissiez respirer également. Je rentre à la maison dans deux jours et je veux pouvoir voir et agir comme bon me semble. Car, j’ai la vague impression que vous allez vous comporter avec moi, comme si j’étais un vieillard sénile. Il en est hors de question ! »

 

Karin observa son père et resta silencieuse. L’expression grave de son père la laissa songeuse. C’était vrai qu’elle pensait s’occuper de lui… mais, apparemment il était tel qu’il l’avait toujours été et certainement pas affaiblit comme le pensait Ichigo.

 

« Maintenant… j’aimerai me reposer, si cela ne te dérange pas…

—    Non…  je dois y aller de toute façon. »

 

La femme se leva et se pencha vers son père et l’embrassa sur la joue. Elle enlaça son cou et murmura contre son oreille.

 

« Ne nous empêche pas de nous inquiéter quand même…

—    Si cela vous est utile… Mais, sache que je ne mourrai pas demain…

—    C’est très vite arrivé… souffla Karin.

 

Isshin ne répondit pas. Karin le quitta après un dernier regard. Le médecin se leva de son lit et se dirigea vers la fenêtre. Quelques minutes plus tard, il vit Karin sortir de l’établissement. Il avait besoin d’air brutalement.  Isshin étouffait sous toutes les attentions que chacun lui manifestaient. Mais où aller ? Son esprit se dirigea vers le toit… peut-être qu’il aurait la chance de rencontrer Amagai ? Cela lui ferait du bien…

 

Sans plus réfléchir, Isshin s’habilla chaudement et quitta sa chambre. Il réussit à se faire discret jusqu’à l’ascenseur et se dirigea vers le dernier étage. Arrivé devant l’escalier du dernier étage, le cœur du médecin se mit à battre. Aurait-il la bonne surprise de rencontrer Amagai ? L’homme ne se posa pas beaucoup de question sur l’étrange sensation qui le traversait. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il voulait rencontrer l’urgentiste. Cela faisait plusieurs jours qu’il ne l’avait pas vu.

 

Isshin s’arrêta devant sa cachette à cigarettes et se demanda s’il en trouverait ? Sa main chercha et il trouva un paquet neuf et un Zippo avec une tête de mort sculpté sur le corps du briquet. Son pouce caressa l’objet et prenant l’ensemble, Isshin franchit le seuil du toit. Après un balayage rapide des lieux, Isshin constata qu’il était seul.

 

Il s’alluma avec délectation sa cigarette. Il s’appuya contre la grille et profita de son sentiment de liberté. Après avoir été seul toutes ses années, se voir brutalement entouré… voir toutes ses responsabilités retiré… tous convenants qu’il ne devait rien dire, cela l’énervait passablement. Un sentiment de révolte grondait en lui.

 

Le médecin caressait son briquet inconsciemment. L’élan qui l’avait porté jusqu’à ce qu’il franchisse le seuil du toit était retombé. C’était idiot… il avait eu l’impression de redevenir un adolescent. Et puis, Amagai n’était qu’un ami… rien de plus. Pourtant, chaque jour, il espérait le croiser. La chaleur de son regard clair lui manquait. Isshin écrasa son mégot et se dirigea vers la porte. Devant la cachette, il replaça son paquet et son briquet.

 

°°0°0°°

 

Amagai se sentait fatigué. Il avait travaillé non-stop durant la journée. L’heure du départ n’était pourtant pas encore à l’ordre du jour. L’urgentiste avait besoin d’air. Dans la salle de repos, Ichimaru, Iba, Rose et Hirako discutaient à bâton rompu de la soirée auquel ils avaient participé avec le service cardiologie. Cela lui rappela qu’il n’avait toujours pas pris de décision. Amagai quitta la salle… ils sauraient le joindre au cas où. Il monta à l’étage et quelques minutes plus tard, s’arrêta sans conviction devant la cachette d’Isshin.

 

Les doigts fouillèrent et trouvèrent le paquet, le briquet qu’il avait acheté en guise d’avertissement et… un bout de papier. Le cœur battant, il tira les objets et vit que le paquet avait été ouvert. Il déplia la feuille pliée en quatre et lu « Merci, pour cette bouffée de liberté… nos conversations me manquent. Je n’oublie pas notre promesse. Voulez-vous que nous nous rencontrions au B.Bar jeudi soir à la même heure ? Isshin ». Les doigts d’Amagai caressèrent le briquet et il reposa l’ensemble pour ne garder que le bout de papier.

 

Un véritable sourire s’inscrivit sur les traits d’Amagai. Il n’avait pas été aussi heureux depuis des années. Il chercha dans ses poches et trouva un stylo et un petit bloc. Le crayon vola sur une page pour griffonner à la hâte « Se sera avec plaisir… Nos conversations me manquent également. Shuusuke. » Il quitta les lieux sans prendre une bouffée de nicotine. Ses pas l’emmenèrent vers le bureau d’Ishida. Ce dernier était occupé par sa secrétaire.

 

« Vous cherchez quelque chose sensei ? Demanda Kurotsushi Nemu.

—    Je voulais donner ma réponse à Ishida-sensei mais, s’il n’est pas là… je…

—    Ishida-sensei est en réunion. Mais, je vais l’avertir de votre présence…

—    Non… c’est in…

—    Il m’a demandé de le déranger au cas où vous vous décideriez enfin. Veuillez patienter.

 

L’inexpressive assistante, contourna son bureau et téléphona à son patron. Elle expliqua la situation et au bout d’une minute tendis le téléphone à Amagai. L’urgentiste prit le combiné et entendit la voix tendu d’Ishida.

 

« Kurotsushi-san me dit que vous vous êtiez enfin décidé ?

—    Oui…

—    Et ?

—    J’accepte la proposition…

—    Très bien. Vous m’en voyez soulagé. Je vous recontacterai rapidement pour prendre rendez-vous et discuter des termes de votre nouveau contrat. Et de votre intégration au service cardiologie.

—    Très bien…

—    A bientôt Amagai-sensei… »

 

Shuusuke tendit le combiné à Nemu qui écouta les instructions de son patron. Nemu hochait la tête et notait sur un bloc les instructions d’Ishida. Une fois qu’elle eut raccroché, elle leva les yeux vers le médecin.

 

« Vos jours de congés sont ?

—    Jeudi et vendredi…

—    Bien… Je vous contacterai pour vous confirmer un rendez-vous au cours d’une de ses deux journées. Il faut que je vérifie le planning d’Ishida-sensei.

—    Merci… »

 

Amagai sortit du bureau et il constata que ses mains tremblaient légèrement sous l’émotion. Il ne savait pas très bien où il se dirigeait mais, pour la première fois depuis longtemps il sentait que sa vie prenait le bon chemin. Après s’être moulte fois égaré. Qu’importe comment les choses se présenteraient.

 

°°0°0°°

 

Isshin observa sa montre et commanda un nouveau verre auprès du barman. Ce dernier lui adressa un sourire et le servit diligemment. Ils avaient discuté courtoisement durant l’attente que subissait le médecin. Il était exaspéré par son départ de sa maison, lorsque Karin avait essayé de le coincé chez lui. Grace à l’aide de Sasabike avec qui il avait eut une petite discussion lors de son retour chez lui. Isshin jeta un bref coup d’œil à sa montre. Levant les yeux, il croisa le regard d’Amagai. L’anxiété s’y reflétait. Il traversa la salle rapidement, immédiatement Isshin se leva et lui adressa un sourire rassurant.

 

« Je vous présente mes excuses pour ce retard. Mais, je n’avais pas imaginé que mon rendez-vous avec Ishida-sensei se prolonge à ce point… et pour comble de malchance, je n’ai plus de batterie sur mon téléphone et j’ai été coincé dans…

—    C’est bon… vous êtes là à présent…

—    On ne vous a pas ennuyé durant votre attente Kurosaki-san ?

—    Non… je n’ai eu que des discussions courtoises.

—    Ah… »

 

Amagai ne savait pas à quel degré prendre la réflexion. Isshin se rassit, un sourire aux lèvres beaucoup plus détendu maintenant que le médecin se trouvait en face de lui.

 

« Ishida-sensei ? Donc…

—    J’ai accepté la proposition. » Sourit Amagai.

 

Il se tourna vers le serveur qui lui tendit son verre sans qu’il n’ait eu besoin de commander. Shuusuke le remercia d’un sourire et d’un bref hochement de tête.

 

« Cela se fête ! S’exclama chaleureusement Isshin.

—    Oh… je ne démarre que dans deux mois. Ishida-sensei va recruter un nouvel urgentiste…

—    Je suis heureux que vous ayez accepté… »

 

Amagai ne répondit pas et bu une gorgée de son whisky. Kurosaki semblait en forme et de très bonne humeur. Il était visiblement plus à l’aise que la dernière fois, où ils y étaient venus. Une lueur d’espoir brilla au fond de lui. Il avait peut-être ses chances après tout…

 

« J’avoue me sentir très excité par cette nouvelle affectation. Pourtant, je me mettais des freins. Je… je ne sais pas pourquoi, je ne me sentais pas… prêt. Maintenant, si je commençais demain, je serais le plus heureux des hommes.

—    Tant mieux… Ah… avant que je n’oublie. Je vous rends ceci. »

 

Les quatre CD prêté par Amagai se retrouvèrent sur le comptoir. L’urgentiste sourit et répliqua

 

« Ce n’était pas si pressé…

—    J’ai beaucoup apprécié. Du coup, Ryuuken m’en a prêté d’autres.

—    Ah… »

 

Amagai grimaça légèrement. Isshin enregistra l’information et sourit doucement.

 

« Mais, j’attendrai toujours votre sélection… »

 

Shuusuke rougit sous le regard devenu brûlant d’Isshin. S’était son imagination ou bien, l’homme devant lui, le draguait ouvertement ? Son trouble augmenta un peu plus. Il respira calmement et sirota son verre.

 

« Dite… c’est votre jour de congé demain ?

—    Hai… j’avoue que je suis fatigué… les urgences ont été très sollicité cette semaine.

—    Ishida-sensei m’en a parlé… Hum… » Isshin se racla un peu la gorge et demanda un peu gêné. « Demain, je vais visiter le salon nautique de Tokyo. Voulez-vous vous joindre à moi ?

—    Au salon nautique ?

—    En fait… j’ai fait de la voile plus jeune et comme j’ai beaucoup de temps à présent… je pensais m’y remettre. Je n’aime pas trop être seul sur ce genre de stand et j’aimerai que vous m’accompagniez à moins… à moins que vous n’ayez déjà quelque chose de prévu ?

—    Non… rien de ce genre… »

 

Amagai eut un sourire rêveur et déclara comme pour lui-même.

 

« J’ai fait de la voile plus jeune également. Mon père avait un petit bateau, un 6.25...

—    Un 7.60 » Rétorqua Isshin avec un sourire. « Vous acceptez ?

 

Shuusuke posa son verre. Il était tellement troublé qu’il avait peur que sa main, ne tremble. Si seulement son interlocuteur savait à quoi il pensait.

 

« Avec plaisir… Vous comptez regarder quel type de bateau ?

 

Isshin se gratta son menton pensif.

 

« Je n’en sais rien encore. Il faut aussi, que je me trouve un emplacement pour pouvoir arrimer mon bateau…  Je pense choisir dans les 10-13 m.

—    Ah… se n’est pas uniquement pour les bords de plage… sourit Shuusuke.

—    Non… Je voudrai… respirer ! J’ai eu le temps de réfléchir longuement durant ma convalescence qui n’est pas encore finit d’ailleurs. Tout le monde autour de moi ne cesse de me retirer des responsabilités comme si, j’étais devenu sénile… et puis, j’ai été rivé à mon poste de directeur d’hôpital, de chirurgien et… de chef de clan. Je ne suis pas partie seul, à l’aventure, une seule fois de ma vie. Les seuls moments où je me sentais bien, c’était au bord de l’eau. Cette sensation enivrante qui vous prend quand vous avez l’impression d’être le seul maitre à bord…. » Isshin avait l’œil qui brillait et brutalement, changea d’attitude. « Je m’emballe… »

—    Non… continuez. »

 

Isshin rendit le sourire d’Amagai. Le chirurgien prit son verre et le termina. Il avait brutalement besoin de se prendre un verre. Comment cela avait-il pu se produire ? Son esprit était en plein chaos. C’était impossible ! C’était un choc… Pas lui ! C’était comme s’il tombait dans un gouffre.

 

Shuusuke s’était tourné pour commander un nouveau whisky. Isshin détaillait la silhouette d’Amagai et se sentit traversé par une décharge électrique. Lorsqu’il rencontra son regard sable, Isshin eut la gorge qui se noua. Il eut très chaud ou froid, en fait, il n’était pas sur de ce qu’il ressentait physiquement, tout à sa découverte fracassante. Amagai fronça les sourcils en rencontrant le regard devenu soudain perçant d’Isshin.

 

« Quelque chose ne va pas ?

—    Non… j’ai réalisé quelque chose à l’instant… » Voyant l’air interrogatif de Shuusuke, Isshin rit un peu bêtement et se gratta le sommet du crâne. « Ce n’est rien d’important. Bref… je voudrai prendre au moins le large pour oublier ou m’éloigner des contraintes. Je ne sais pas encore si je dois choisir le terme fuir… 

—    Fuir ? En étant totalement objectif… je ne pense pas que se soit fuir. »

 

Amagai resta pensif quelques secondes, ses yeux s’attardaient sur le comptoir pour ce planter dans ceux d’Isshin gravement. Le chirurgien fut incapable de détourner les yeux. Il était hypnotisé. Son esprit essayait d’être rationnel mais, son cœur, lui, ne l’était plus.

 

« D’après, les différentes conversations, où je me suis retrouvé bien malgré moi présent, je dirai qu’après avoir vécu toute une vie où personne ne s’est soucié de savoir si oui ou non, vous auriez voulu de l’aide… savoir si vous alliez bien… ou tout au moins se rapprocher de vous, pour vivre une vie de famille « normale »… quoique la norme… » Murmura Shuusuke. « Bref… aujourd’hui au bout d’un nombre d’années où vous viviez seul, votre famille et amis vous obligent à lâcher tout ce qui vous a permis de vous construire et vivre. Personnellement, je serai révolté et furieux… vous avez l’air de le prendre mieux que je ne l’aurai fait moi-même… Enfin, tout cela pour dire que maintenant, la pression qui vous entoure est autre que celle que vous connaissiez avant et vous avez l’impression d’étouffer… Je comprends bien que vous ayez envie de voir autre chose… d’éprouver ce sentiment de liberté. Il ne s’agit pas de fuite… Kurosaki-san. »

 

Amagai attrapa quelques biscuits apéritifs posé devant eux et en grignota quelques uns. Il voyait bien le regard de son interlocuteur suivre chacun de ses gestes. Isshin buvait les paroles de l’urgentiste. Il était en accord avec ses paroles mais, son âme lui parlait d’autre chose. C’est à grand peine qu’il du se concentrer sur ce qu’il faisait et disait.

 

« Je dirai pourquoi ne pas profiter de l’occasion qui vous ai donné pour vivre votre vie… comme vous, vous l’auriez souhaité avant ? Où de vivre de nouvelles choses, sans avoir les contraintes ? Je pense que cela vous fera du bien et vous permettra de vous rétablir… et puis, quel mal y a-t-il à se faire du bien ? Vous avez soixante ans… Qu’avez-vous à perdre ? Je pense aussi, que cela fera du bien à votre famille et à vos amis de se rendre compte que vous êtes un homme… comme les autres. Que vous avez vos propres désirs qui ne sont pas les leurs… Que tout le travail que vous avez accompli, jusqu’à présent, vous l’avez mené de front seul, alors qu’eux se partagent la charge à plusieurs…. Vous savez Kurosaki-san… je vous admire… »

 

Isshin contempla Shuusuke avec attention. Ses paroles dites comme une évidence, lui firent comprendre combien jusqu’ici, il s’était conformé aux lois, aux règles rigides imposées par son clan, la vie et son travail… et celles qu’il s’était créées tout seul. Isshin attrapa aussi quelques biscuits et s’accouda au bar.

 

Le silence s’installa entre eux. Chacun réfléchissant sur le cours de sa propre vie. Devait-il passé le reste de sa vie à regretter ? Isshin s’interrogeait. Ou bien passer le peu de temps à vivre en étant heureux et pas forcément de la manière dont il envisageait les choses ? Aucun d’eux, n’éprouvait le besoin de parler. Ils sirotaient leurs verres assis l’un à côté de l’autre. Isshin murmura brutalement

 

« Kyouraku-san… me donne encore une dizaine d’année à vivre… tout au plus. »

 

Amagai avala de travers et s’étouffa avec ses biscuits. Isshin se redressa et inquiet aida son interlocuteur à reprendre haleine. Shuusuke avait le cœur qui battait à tout rompre et se tourna le regard brillant vers Isshin qui était très, voir trop proche de lui. Son odeur de tabac mélangé à de l’eau de Cologne l’entourait. La lueur soucieuse dans son regard l’interpella, comme autre chose derrière également.

 

« Je suis désolé… J’annonce cela… enfin, je ne pensais pas que cela vous toucherai… Bafouilla Isshin.

—    Bien sur que cela m’affecte… Souffla Amagai.

—    Vraiment ? » Interrogea Isshin, son regard devenant plus sombre. « Enfin, je voulais dire par là, que… ». Isshin respira une grande goulée d’air et se lança, sa voix s’affermissant au fur et à mesure qu’il parlait. « J’ai envie de vivre ma vie, ou le reste de ma vie… comme je l’entends. J’ai réalisé quelques choses, il y a quelques instants. J’avoue être… bouleversé. Cela remet en cause pas mal de choses en moi. Je ne sais même pas, si je serai capable de vivre… cela. Mais, je n’ai pas le temps… Vous comprenez ? »

 

Les yeux dans les yeux, les deux hommes s’observèrent comme si quelque chose d’important se produisait. Quelque chose de primordial pour leur avenir. Leurs cœurs battaient furieusement dans leurs cages thoraciques. Ils voyaient tous les deux le trouble qui agitait l’autre, car il faisait écho au leur.

 

« Qu’essayez-vous de me dire… Kurosaki-san ? Souffla Shuusuke à bout de souffle.

—    Que lentement et irrémédiablement, je tombe amoureux de vous… Je ne sais pas comment cela est possible. Je ne sais pas pourquoi ! Tout ce que je sais, c’est que je viens de le réaliser. Mais, je suis incapable de dire si… enfin... » Isshin rit doucement brutalement, comme s’il se moquait de lui-même. « Encore faudrait-il que je vous plaise… vous m’aviez fait comprendre, il y a peu que je n’étais pas vot… »

 

Amagai était sous le choc. Son cœur battait en cavalcade. Les paroles prononcées par Isshin au fur et à mesure lui donnaient le tournis. Il avait l’impression d’être en état second. Ses yeux s’agrandirent sous la surprise et il crut la terre s’ouvrir sous ses pieds. C’était impossible… Il aurait voulu se pincer mais, il était incapable de faire le moindre geste. Quand Isshin voulu reprendre ses paroles, il la lui coupa et s’écria presque, se surprenant lui-même.

 

« Je suis amoureux de vous Kurosaki-san… »

 

Les deux médecins se contemplèrent stupéfaits. Ils se redressèrent et se dévorèrent  du regard intensément. Amagai avait la gorge sèche, le ciel venait-il de lui tomber sur la tête ? Son cerveau refusait de fonctionner correctement. Isshin amoureux de lui ? Son cœur n’arrivait pas à reprendre un rythme régulier et tambourinait à lui faire mal. Il n’osait y croire.

 

Isshin finit par rire doucement et se gratta la tête, un peu mal à l’aise par la tournure qu’avaient pris les événements.

 

« Je suis censé faire quoi à présent ? » Plaisanta Isshin. « Vous savez… je me rends bien compte de ce que je vous raconte et… comme je vous le disais tout à l’heure, je ne sais pas si…

—    Pourquoi ne pas continuer notre relation comme nous le faisons à présent ? Il n’est noté nulle part que nous devrions prendre un express… Je suis déjà… si heureux. »

 

Amagai ne pu continuer. Comment en étaient-ils arrivés là ? L’expression d’Isshin devint très douce et chaleureuse. L’émotion qui passait sur le visage de l’urgentiste, ému le chirurgien. Isshin avait l’irrépressible envie de prendre Amagai entre ses bras. Il ne savait pas pourquoi mais, il avait besoin de sentir la chaleur de cet homme contre lui.

 

« Moi aussi… Amagai-san… Laissez-moi, un peu de temps. C’est tout nouveau pour moi… de tomber amoureux d’un homme. Surtout quand on connaît mon passé. Mais, je ne veux pas gâcher ma chance d’aimer quelqu’un, femme ou homme, à cause de mes préjugés. Par contre, je comprendrai si vous hésitiez… vous êtes beaucoup plus jeune que moi… et… Je ne pourrai pas vous accompagner une bonne partie de votre vie. »

 

En écoutant son discours, l’urgentiste repoussa toutes les affirmations…. Il ne retenait qu’une seule chose dans son discours… Il était amoureux de lui ! Isshin Kurosaki, homophobe déclaré, homme inaccessible pour la plupart des mortels, l’aimait…

 

Isshin fronça les sourcils et continua gravement

 

« Je vous parle de relation sérieuse, car pour moi… ce n’est pas pour une heure, une journée ou une semaine… enfin, je veux dire que lorsque j’ai des sentiments pour une personne, ce n’est pas un feu de paille… Alors, si je dois réfléchir… Faites-le aussi de votre côté…

—    Je pensais n’avoir aucune chance de pouvoir, avoir ce genre de conversation avec vous, Kurosaki-san. C’est tout réfléchit et depuis longtemps. Je ne laisserai pas passer ma chance. Même si cela prendra du temps. Je ne suis pas pressé… Je me sens bien auprès de vous…

—    Moi de même, Amagai-san… Je ne me suis pas senti aussi jeune depuis un petit moment. J’ai envie de marcher, proposa abruptement Isshin. Cela vous dérange-t-il si nous faisions quelques pas ?

—    Non… bien au contraire. Je me sens à l’étroit ici. »

 

Ils réglèrent leurs consommations. Chacun fourrant ses mains dans ses poches, les deux médecins déambulèrent dans la ville animés et brillamment éclairés par les néons. Amagai était totalement troublé par la situation. Empêtré par la joie et l’angoisse malgré tout. Celui où Isshin se réveillerait le lendemain et lui dirait qu’il s’était trompé. A cette idée, son cœur eut un raté. La voix de ce dernier le tira de ses pensées.

 

« Hum… nous déjeunons ensemble demain midi ? Je vous invite au restaurant… je ne sais pas trop si.. on fait cela entre hommes. Quoique Kisuke et Byakuya invite Grimmjow et Ichigo… je peux le faire aussi. » Isshin fronçait les sourcils en disant cela.

 

Il tentait de rassembler ses souvenirs pour savoir quel comportement adopter. Le rire d’Amagai lui fit couler son regard sur le côté. L’urgentiste paraissait amusé

 

« Vous pouvez m’inviter, cela me fait plaisir… mais, sachez que le retour se fera également de mon côté…

—    Très bien… » Sourit Isshin. « Nous pourrions partir au salon nautique juste après. Votre avis en serait d’autant plus apprécié. » Sourit Isshin.

—    C’est votre bateau et…

—    Vous m’accompagnerez… »

 

Isshin se sentait de plus en plus à l’aise avec ses sentiments. D’autant plus qu’Amagai ne le poussait pas. Ses yeux détaillèrent le visage de l’urgentiste. Amagai Shuusuke n’avait rien de féminin… il n’avait rien de fragile ou de gracile comme Mazaki. Au contraire, il était totalement masculin. Mais, sa présence le réchauffait et cela n’était pas arrivé depuis plus de vingt-six ans.

 

Le chirurgien se sentait libre et heureux. Il avait envie de prendre Amagai entre ses bras, de le toucher, de sentir son odeur. Amagai dont il attendait inconsciemment chaque visite ou chaque rencontre avec une impatience d’adolescent presque. Un sourire chaleureux se dessina sur les lèvres d’Isshin, provoquant un certain émoi chez son interlocuteur.

 

Amagai marchait à côté d’Isshin, il avait l’impression de planer sur un nuage. Il écoutait plus qu’il ne parlait, laissant Isshin faire la conversation à sa guise. Lui devait se remettre de son choc. Shuusuke avait qu’une hâte être au lendemain et en même temps, il ne voulait pas que la soirée se termine. Son regard glissait souvent sur la haute silhouette athlétique du chirurgien, l’admirant sans rien dire. Il n’avait qu’une envie… qu’Isshin le prenne dans ses bras. Comme pour être sur qu’il ne rêvait pas.

 

Mais, Shuusuke savait qu’il faudrait peut-être du temps avant que ce vœu ne se réalise.  Il ne s’était jamais sentit aussi heureux. Son sourire ne quittait plus ses lèvres et il n’était pas que de façade… comme auparavant.

 

°°0°0°°

 

Isshin ne perdit pas son sourire presque béat sur le chemin qui le ramenait chez lui. Il était amoureux ! Il rit seul de sa stupidité. Amagai et lui s’étaient longuement promenés dans les rues de Tokyo. Discutant de chose et d’autres et plaisantant un peu bêtement sur des broutilles. Lorsqu’ils s’étaient séparés, ils l’avaient fait amicalement et Isshin était déjà impatient d’être au lendemain.

 

Quand une bonne demi-heure plus tard, presque aux douze coups de minuit, Karin apparut furieuse devant lui, Isshin ne comprit pas. Il affichait toujours son air heureux.

 

« Où étais-tu ? Je m’étais inquiétée… J’ai appelé Ichigo et même Kisuke pour savoir si tu étais chez eux. »

 

Isshin fronça les sourcils et détailla sa fille en pyjama. Sa façon de se tenir, lui fit penser un peu à son père. Lui rappelant avec amertume tout ce qu’il n’avait pas pu accomplir dans sa vie. Il songea à Shuusuke et il n’avait qu’une envie… protéger sa relation naissante avec l’urgentiste. L’homme plissa les yeux et déclara calmement

 

« Je n’ai pas de compte à te rendre sur mes allées et venus. Je suis ici chez moi à ce que je sache… Il est inutile d’alerté les autres membres de la famille pour rien…

—    Mais tu es malade !

—    Pas sénile ! »

 

La voix d’Isshin s’était faite tranchante. Son regard devint brûlant et Karin recula d’un pas. Elle revoyait brutalement, le père qu’était Isshin lorsqu’elle était toute petite. Il était clairement menaçant.

 

« Tenez-le vous pour dit… Vous m’avez retiré tout ce qui comptait dans ma vie… alors, je me suis trouvé d’autres distractions, puisque j’en ai l’opportunité à présent. Ce n’est pas parce que tu refais ta vie que tu vas bousculer la mienne. Alors, je te demande de remettre tout d’abord de l’ordre chez toi, avant de balayer devant chez moi. Maintenant, je vais me coucher… j’ai besoin de dormir ! »

 

Karin resta figée et Isshin passa devant elle, sans ajouter une parole. Sasabike apparut au côté de son maitre et s’inclina respectueusement. La jeune femme entendit les paroles de son père.

 

« Je serai absent toute la journée de demain. Je ne souhaite recevoir personne…

—    Bien… Kurosaki-sama ».

 

Le fusuma de la partie réservée aux appartements d’Isshin glissa presque silencieusement. Karin se tourna lentement et serra les poings. Son père n’avait pas le droit de lui parler ainsi ! Elle était adulte et responsable. Et c’était quoi cette histoire de sortie ? Elle qui pensait trouver un homme qui serait reconnaissant de la voir arriver dans sa vie, se trouvait face à un courant d’air qui n’avait absolument pas besoin d’elle. Karin avait l’impression que quelque chose lui échappait et elle détesta ce sentiment.  

 

 

Chapitre 8

Un bruit de pas précipités réveilla Isshin. Levant péniblement les yeux, il entendit le fusuma de la chambre glisser bruyamment. Levant difficilement les paupières, le chirurgien entendit la voix d’Ichigo. Pour il ne savait quelle raison, elle était soucieuse.

 

« Papa… papa… tu vas bien ?

—    Il est quelle heure ? Marmonna Isshin pas réveillé.

—    Désole Kurosaki-sama… j’ai essayé d’arrêter, Kurosaki-dono mais, je n’ai pas réussit à lui faire entendre raison… » Fit la voix légèrement vexée de Sasabike.

 

Isshin se redressa et remonta, la manche de son yukata qui glissait de son épaule. Il observa son fils qui s’était assis en seiza en face de lui.

 

« Que me vaut ta visite à… Quelle heure ? Fit dans un bâillement Isshin.

—    8 h30 Kurosaki-sama, répondit respectueusement son domestique.

—    Karin m’a appelé hier soir paniquée car, tu ne rentrais pas. Nous étions follement inquiet… J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose. Elle nous a appelé pour nous rassurer lorsque tu es rentré mais…»

 

Isshin se gratta la tête et le souvenir de sa soirée amena un sourire aux lèvres du médecin. L’image d’Amagai flotta quelques secondes devant ses yeux. Sa nuit avait été courte finalement. Il avait tellement réfléchit à ses sentiments développés à son insu et si brutalement… Mais, il était hors de question qu’il gâche cette occasion. Son regard rencontra celui de son fils et immédiatement, il oublia Shuusuke, se demandant ce que lui voulaient encore ses enfants. Ichigo haussa un sourcil déconcerté.

 

« Que veux-tu qu’il m’arrive ? Sincèrement… c’était du surmenage et rien d’autre. Je me suis reposer sagement à l’hôpital et là, j’ai profité un peu de ma soirée parce que je me suis sentit enfermé durant quelques temps. Je ne vois pas où est le problème… Je ne vais pas changer mes habitudes parce que ta sœur est venue s’installer chez moi…

—    Elle était réellement inquiète…  Et puis, tu ne sors pas habituellement».

 

Isshin soupira et se redressa. Il resserra les pans de son kimono et sortit un haori qu’il plaça sur ses épaules. Il se plaça en face de son fils et l’observa calmement.

 

« Ichigo, je n’interviens pas dans le nouveau rôle que tu as endossé. Kisuke me dit le plus grand bien de tes actions. Mais, je n’ai aucun compte à rendre à personne. Ni à toi… ni à ta sœur.  Je ferai mon maximum, si vous aviez un jour ou l’autre le moindre problème… Mais, de mon côté, j’estime ne plus à être bordé.

—    S’il t’arrivait quelque chose…

—    Que veux-tu qu’il m’arrive ? Si la mort me guette, si c’est à cela que tu penses… sache que nous devrons tous un jour y faire face. Je ne suis pas pressé de la rejoindre, si c’est ce qui t’inquiète. »

 

Ichigo grimaça et constata désolé

 

« Finalement, je te réveille pour rien…

—    Je suis content de te voir. Tu as l’air en forme pour quelqu’un qui assure l’intérim au pied levé… »

 

Un petit sourire étira les lèvres de l’architecte. Il glissa un regard de côté pour dévisager son père.

 

« Je dois dire que je prends mon pied à faire regretter quelques actions bien pensantes de certains membres de la famille. Mais, je dirai qu’à part quelques personnes et toujours les mêmes… je n’ai aucun problème avec qui que ce soit. Finalement, le tôlé de la dernière fois s’est tassé et… je pense que ton surmenage et mes anciens soucis de santé y sont pour quelque chose.

—    Tant mieux…

—    Ma vie personnelle aussi s’arrange. Nous avons discuté Byakuya et moi… enfin, calmement. Et tout rentre dans l’ordre. Nous nous sommes mis d’accord pour Tomatsu qui commence à m’accepter.

—    Tant mieux, une bonne nouvelle.

—    Je ne suis pas souvent là… soupira Ichigo. Je n’avais jamais réalisé à quel point les affaires du clan étaient aussi nombreuses et compliquées. Je ne sais pas comment tu as pu faire face à cela tout en assumant ton propre travail et ta vie de famille.

 

Ichigo observait son père qui se grattait la tête pensivement, comme si c’était la première fois qu’il y réfléchissait. Isshin haussa les épaules et déclara

 

« J’ai toujours vécu comme ça… Je ne me rendais pas compte. Mais, maintenant… je compte bien profiter de la vie un petit peu. J’ai des tas de choses que j’ai toujours rêvé de faire et qu’il m’était impossible de faire. D’ailleurs, si nous allions déjeuner ? Proposa Isshin dans un grand sourire.

—    Quel type de rêves ? Demanda Ichigo poussé par la curiosité.

—    Oh… j’aime la mer… je voudrai aussi voyager… voir des spectacles. Tu sais que je ne suis plus allé à un concert depuis mes vingt ans ? » Déclara Isshin en passant le pas de sa chambre.

—    Tu étais trop occupé pour pouvoir en profiter…

—    Exact ! Bref… j’ai envie de m’accorder un peu de bon temps… Auprès d’amis et de ma famille. Mais, plus en tant que chef de clan. »

 

Ichigo eut un grand sourire rassuré quand à l’état de son père et de ses nouvelles priorités. En fait, Isshin se décidait enfin à vivre une vie normale et l’architecte allait faire en sorte qu’il ne soit pas déranger par de quelconques problèmes familiaux. Installés devant leurs petits déjeuners quelques minutes plus tard, ils virent arriver Karine visiblement de mauvaise humeur.

 

« Vous êtes déjà debout ? S’étonna la jeune femme.

—    Papa ! S’exclama Ichigo comme s’il se souvenait de quelque chose. J’ai besoin d’utiliser la salle de réunion qui se trouve dans la maison. Est-ce que je peux l’utiliser courant de semaine prochaine. Par contre, je ne sais pas à quel moment, c’est un peu compliqué de faire concordé tous les emplois du temps…

—    Bien sur… Attend ! Sasabike-san… »

 

Le domestique entra et s’inclina.

 

« Je voudrai que vous teniez cette maison à la disposition de mon fils pour toutes les affaires ayant trait au clan. En fait, je pense… Karine… Tu vas t’installer définitivement ici… Koichi va reprendre le clan et cette demeure est déjà la sienne.

—    Mais…

—    Tu ne discutes pas ! Il est important que Koichi connaisse les coutumes du clan, et tout ce qui a trait à notre famille. Vous avez vécu à Kobe toute votre vie… Il est temps pour lui de nous connaitre. Il a accepté et toi aussi par la même occasion sa nouvelle position. Ichigo va également le guider dans sa nouvelle fonction. »

 

Isshin se tourna vers Sasabike et demanda

 

« Vous prendrez rendez-vous avec mon notaire pour la semaine prochaine.

—    Bien Kurosaki-sama…

—    Je vais faire en sorte que mes appartements soit privatif… et que le reste de la maison, soit céder à mon fils et petit-fils.

 

Ichigo fronça les sourcils et observa son père.

 

« Tu n’as vraiment plus l’intention de… te mêler des affaires du clan ? De… t’impliquer… et la maison est la tienne.

—    Cette maison est la maison dont hérite tout chef de clan. Je ne suis plus le chef de clan ou en quelque sorte, je suis un membre d’honneur… Je ne veux plus m’occuper des affaires de famille, car comme je te l’ai dit tout à l’heure, je ne risque de ne plus d’être très présent. J’ai déjà l’hôpital à m’occuper avec Byakuya… et puis, mes loisirs risquent de m’emmener ailleurs qu’ici. Donc, je ne vois pas l’utilité pour moi de garder ses murs. Sasabike restera à mon service… comme il l’a toujours été. Il gardera son appartement et ses privilèges. Après… cette maison t’appartient et tu en fais ce que tu en veux… du moment que vous… » et Isshin se tourna vers sa fille « respectiez ma vie privée… ».

—    Papa… » Commença Karine. « Je ne cherche pas à envahir cette maison et encore moins empiéter sur ta vie. J’ai été très surprise de te voir rentrer à une heure pareille. Je ne m’y attendais pas du tout. J’ai toujours eu l’impression que tu n’avais pas de vie privée, jusqu’ici, alors excuse-moi de m’inquiéter lorsque tu agis de façon si inattendue.

—    Et bien… » Fit Isshin avec un petit sourire. « Maintenant, tu es au courant… Et si nous finissions de déjeuner. » Proposa Isshin. « Donc… tu me disais pour tomatsu… qu’il finit par s’habituer à toi ? » Déclara tout sourire le chirurgien.

 

Ichigo prit une mine blasée mais, Isshin vit la petite lueur de joie qui s’était allumée dans son regard.

 

« En fait… ce n’est pas grand-chose… J’ai l’impression qu’il voit que Byakuya et moi nous entendons mieux et qu’il ne sait plus trop quoi penser… »

 

L’architecte continua avec un petit sourire. Isshin laissa ses enfants en milieu de matinée pour se retirer dans sa chambre. Karine se tourna vers son frère et l’interrogea

 

« Tu vois ce que je te disais… Il n’agit pas normalement…

 

Ichigo baissa son regard vers sa sœur et déclara calmement.

 

« Papa a décidé de vivre sa vie. Je ne vois pas où est le mal à ça ! Tu ne crois pas qu’on a autre chose à faire qu’à surveiller ses allées et venues ?

—    Mais, s’il faisait des bêtises et…

—    Karine ! » Coupa sèchement Ichigo.  « Notre père n’est pas un enfant et il a toute sa tête. Je ne sais pas ce qui se passe chez toi… mais, je crois que tu te mêles de quelque chose qui ne te regarde pas…

—    Et s’il avait quelqu’un dans sa vie ?

—    Et alors ? Il ne serait pas temps ?

—    Mais, s’il se faisait gruger ?

—    Karine… Je ne sais pas ce qui s’est passé pour toi ses dernières années mais, il va falloir que tu te calmes. Je ne tolérerai pas que tu empoissonnes la vie de papa et la mienne et celle de Kisuke par la même occasion !

 

Ichigo attrapa sa veste et l’enfila. Il remit son col en place et prit le chemin de la sortie. En croisant Sasabike, le roux s’arrêta et le salua. Karine faillit tomber à la renverse lorsque son frère s’arrêta sans crie et gare.

 

« Sasabike-san… Je connais vos compétences et surtout la fidélité que vous avez au service de mon père. Je voudrai savoir si vous voudriez bien m’accorder durant quelques temps encore votre soutient… Je voudrai aussi que vous me conseiller pour engager une personne de confiance que vous formeriez afin de Suzunami-kun puisse reprendre le clan en ayant une personne qui sera pour lui un réel soutient, comme vous l’êtes pour mon père et pour moi…

 

Sasabike s’inclina et en se redressant déclara avec son éternelle impassibilité.

 

« Se serait un grand honneur pour moi… Kurosaki-sama. Toutefois, je ne sais pas si je serai toujours présent dans ses murs. Monsieur votre père, semble vouloir voyager.

—    C’est pour cela que je vous demande de chercher quelqu’un rapidement. » Sourit Ichigo malicieux. « Je n’ai pas l’intention de vous voler à mon père… »

—    Je me charge de vous trouver quelqu’un qui puisse répondre à vos attentes, Kurosaki-sama.

—    Merci Sasabike-san. »

 

Ichigo reprit sa route et Karine ronchonna

 

« Tu pourrais prévenir quand tu freines…

—    Karine… je te souhaite une bonne journée… »

 

Et sans laisser le temps à sa sœur de répondre. Ichigo qui avait enfilé ses chaussures, quitta la maison en sifflotant. La brune soupira et maugréa contre les hommes de sa famille qui étaient totalement irresponsables.

 

°°0°0°°

 

La circulation était dense et les ralentissements agacèrent Amagai. L’urgentiste était à nouveau en retard. Il avait reçut un texto plus tôt d’Isshin qui lui demandait où il se trouvait. Avec soulagement, l’homme vit sa sortie s’afficher. Le reste de sa route se fit plus sereinement. Immédiatement, il vit la voiture d’Isshin sur le parking. Par chance, il y avait une place juste à côté de son véhicule. Son cœur battait follement. Déjà plus tôt, il avait été heureux lorsqu’il avait reçut le coup de fil du chirurgien qui loin de vouloir rompre toute relation, lui avait confirmé leur rendez-vous.

 

Un délicieux frisson traversa Shuusuke. Il se traita d’imbécile et d’adolescent boutonneux. Il quitta son véhicule et traversa d’un pas décidé le parking pour entrer dans le restaurant assez select. Le serveur une fois qu’il eut décliné son identité le dirigea vers une table où Isshin lisait son journal, les jambes croisées. Son attitude entière respirait l’assurance et la force tranquille. Shuusuke eut l’impression qu’il flottait à nouveau. Il n’arrivait pas à admettre qu’Isshin Kurosaki soit amoureux de lui. Pourtant, il était bien là, présent… invité par cet homme.

 

Arrivé devant la table, Isshin leva son visage vers lui et la joie qui se lisait sur ses traits et surtout dans son regard lui fit tourner la tête. Il en eut du mal à le saluer. Le serveur prit sa commande et Amagai s’assit sous le regard chaleureux du chirurgien.

 

« Je suis heureux de vous voir. Sourit Isshin.

 

Amagai se demanda pourquoi Kurosaki lui avait volé sa réplique.

 

« Moi aussi. » Sourit Shuusuke. « Et je suis vraiment désolé d’arriver en retard une nouvelle fois. » S’excusa Amagai gêné.

 

Isshin agita la main en signe d’apaisement, tout en repliant son journal.

 

« Cela n’a pas d’importance. J’avais surtout peur qu’il vous soit arrivé quelque chose… J’ai l’impression que tout Tokyo est venu au salon nautique ou bien qu’il n’y ai une autre manifestation pas très loin d’ici également…

—    J’en suis arrivé à la même conclusion… »

 

Amagai remercia le serveur qui plaça sa consommation devant lui. Une carte lui fut tendue. Shuusuke glissa rapidement un regard sur le menu et choisit ses plats avant de rendre la carte.

 

Le regard d’Isshin détaillait le médecin qui pour l’occasion s’était habillé de manière décontractée. Il se demandait encore comment, ce coup de tonnerre était entré dans sa vie. Il soupira intérieurement. Dire qu’il avait suivit chaque entrée anxieusement, jusqu’à ce Shuusuke traverse la salle. Son cœur bien malgré lui, s’était mis à battre plus lourdement. Ses yeux étaient rivés sur son interlocuteur, le dévorant du regard. Isshin était incapable de décoller son attention de l’homme. Quand Amagai se tourna vers lui, et qu’il croisa son regard Isshin se maudit des réactions d’adolescents qu’il pouvait avoir.

 

Amagai avait bien perçut l’attention dont il était l’objet. Il faisait un effort surhumain pour garder son calme. L’intensité des yeux noirs le troublaient au-delà de toutes paroles. Il engagea la discussion ne pouvait plus supporter le silence.

 

« Je vous avoue avoir mal dormi la nuit dernière…

—    Pourquoi ? S’étonna Isshin en se penchant en avant.

—    J’ai pensé que vous… feriez machine arrière… »

 

Isshin haussa un sourcil surpris. Il dévisagea le visage d’Amagai qui reflétait une certaine gêne. Son regard pourtant soutenait le sien. Une lueur de doute, se lisait dans ses prunelles. Isshin voulu dissiper tout malentendu et ce le plus rapidement possible.

 

« Je suis resté un long moment les yeux ouverts. Je l’avoue. J’ai été stupéfait de ma propre découverte. »

 

Amagai se raidit légèrement sur sa chaise. Le regard de Kurosaki était sombre et son expression soucieuse.

 

« J’ai été choqué et en même temps… Je me sens comme un gamin qui a découvert un trésor. J’ai encore un peu de mal à réaliser ce qui m’arrive mais, je suis heureux et cela ne m’étais pas arrivé depuis longtemps. Alors, je n’ai pas l’intention de gâcher ce qui m’arrive par des tergiversations inutiles. Je n’ai pas le temps, ni l’envie de le faire. Pour une fois dans ma vie, je vais me laisser porter par mes sentiments… par les événements…

 

Isshin fut interrompu par le serveur qui se plaça à côté de leur table. Les assiettes furent posées devant eux, laissant le temps à Amagai de souffler. Lui aussi c’était posé des questions ou plutôt, il avait douté toute la soirée, ayant trop peur que tout s’arrête brutalement. Que se ne soit qu’un rêve…

 

Le serveur s’excusa et leur souhaita un bon appétit. Les deux hommes se saisirent de leurs baguettes et mangèrent avec appétit en silence tout d’abord. Shuusuke après avoir mangé quelques bouchées, posa ses baguettes et entama à nouveau la conversation.

 

« Je suis sincèrement heureux que vous n’ayez pas remis en question vos sentiments vis-à-vis de moi. J’ai douté… j’ai eu peur pour la première fois depuis longtemps. Je ne ferai rien qui puisse vous gêner et…

—    Il n’y a rien qui puisse me gêner… Amagai-san. Pas venant de vous…

—    En êtes vous sur ?

—    J’en suis absolument sur… J’ai eu le temps de m’interroger toute la nuit. Et puis, ce n’est pas comme si, je n’avais jamais vu de couple homosexuel. Ou comme si, je ne connaissais rien à la sexualité. Je veux connaitre tout de vous… Amagai-san. Hier, j’étais encore sous le coup de ma surprise… mais, aujourd’hui, je sais ce que je veux… et ce que je ne veux pas !

 

Shuusuke observa le chirurgien qui s’était penché en avant. Son regard intense le transperçait. Un sourire éclaira le visage de l’urgentiste.

 

« Et qu’est ce que vous ne voulez pas ? S’étonna tout d’abord Amagai.

—    La seule chose que je ne supporterai pas, c’est l’intervention de ma famille dans notre vie de couple. »

 

Amagai qui recommençait à manger faillit s’étouffer. Dit par Kurosaki, cela prenait une dimension inattendue. Isshin poursuivit une expression ennuyée sur le visage.

 

« Je n’ai absolument pas l’intention de leur avouer ma relation avec vous… Pas que j’ai une quelconque honte. C’est tout simplement que le clan me demanderai des explications interminables et ferai de l’ingérence. Et ils voudraient certainement faire cesser ce qui existerait entre nous. Je ne veux pas qu’ils te touchent… Déjà ma fille va me poser, me semble t-il quelques problèmes d’ici quelques temps. Je n’ai pas envie de cela.

—    Et que voulez-vous Kurosaki-san ? »

 

Le regard de Shuusuke était intense. Isshin lu clairement du désir dans ses yeux clairs. Provenant d’une autre personne, il en aurait été dégouté… mais, être désiré par la personne que l’on aimait, c’était tout autre chose. Sa jambe glissa sous la table et se plaça entre celles de Shuusuke qui parut surpris par son initiative.

 

« Tout ce que j’ai vécu avec une femme… je veux le vivre avec vous. Je ne vous prends pas pour une femme… encore moins pour mon ex-femme, vous êtes complètement différents. J’aime votre retenu Amagai-san, j’aime être en votre compagnie, j’aime nos discussions, mon cœur bat plus vite avec vous, comme il ne l’a pas fait depuis très longtemps…  et puis, j’aimerai vous tenir dans mes bras… comme maintenant… »

 

Isshin grimaça et déclara piteusement

 

« C’est là qu’on se rend compte toute la difficulté d’entretenir ce genre de relation… » Sourit presque amèrement Isshin qui revoyait ses propres jugements hâtifs lui revenir en tête.

 

 Amagai observa les mains du chirurgien posées sur la table. Shuusuke posa une des siennes sur celle de d’Isshin. Ce dernier releva la tête vers lui.

 

«Cela ne sera pas difficile si vous désirez réellement entretenir cette relation. Même si nous ne pouvons pas comporter comme un couple hétérosexuel, nous aurons nous aussi nos propres moments… de bonheur. »

 

Shuusuke fut surpris lorsqu’ Isshin enlaça ses doigts aux siens s’était tellement inattendu. Il baissa les yeux et observa leurs mains emmêlées. Son cœur se mit à battre plus vite. Il rendit l’étreinte du chirurgien et rencontra son regard à nouveau. Le sien était ému et il reprit doucement.

 

 « C’est à nous de construire ce que sera notre futur… 

—    Hai… »

 

Les deux hommes s’observèrent un instant et ils reprirent leur repas. Très discrètement sous la table, leurs jambes se frôlaient. Leurs regards où perçait une tendresse mutuelle s’effleuraient. La discussion roula sur leur future visite et les souvenirs de leurs enfances lorsqu’ils faisaient de la voile. Lorsqu’ils sortirent une heure plus tard, Isshin constata qu’il était tard.

 

« Je n’ai pas vu le temps passé… Murmura le chirurgien.

—    Nous prenons chacun notre véhicule ? Interrogea Shuusuke.

—    Non… c’est stupide. Et se garer là-bas équivaudrait, je pense à une mort-lente à force de rester coincé dans un bouchon. Il y a une bouche de métro pas loin… nous pourrions nous y rendre avec ce moyen de transport là…

 

Amagai haussa un sourcil amusé et répondit.

 

« Je ne savais pas que vous utilisiez ce type de transport en fait et je n’osais pas vous le proposer.

 

Isshin rit gêné et marmonna.

 

« Mon véhicule est tombé en panne un nombre incalculable de fois, ces derniers temps… je dirai que je suis devenu un « pro » des changements de lignes et de l’achat des carnets de tickets. Je dois encore en avoir dans mon portefeuille… » Marmonna Isshin en cherchant dans la poche intérieure de son manteau.

 

Amagai vit apparaitre deux tickets abruptement devant ses yeux.

 

« Voilà ! » Déclara Isshin victorieux. « Nous y allons ? 

—    Je vous suis patron… » Sourit Shuusuke.

 

Isshin baissa les yeux vers celui qu’il considérait à présent comme son compagnon et répondit gravement.

 

« Je ne suis pas votre patron, lorsque nous sommes en rendez-vous… Ce qui se passe au travail, reste du domaine professionnel mais, en dehors… cela restera dans notre domaine privé. »

 

Ils descendirent rapidement les marches. Isshin frôla la main de Shuusuke et montra un plan. Ils se placèrent devant, Isshin continua.

 

« Vous pouvez tout me demander… me dire… me reprocher… cela n’affectera jamais l’opinion que je peux avoir de vous en tant que médecin. Par contre… il est préférable de ne pas ébruiter notre relation… J’imagine déjà les problèmes et les questions qui vous serons posés…

—    Je n’ai jamais exposé mes relations et… je n’ai aucune envie d’en parler. Mais… si un jour cela finissait par se savoir… » Continua Shuusuke soucieux.

—    Nous y ferons face ! » Coupa Isshin qui suivait le plan.  « Venez… j’ai trouvé la sortie. »

 

La rame fut bondée. Les deux hommes trouvèrent une place peu confortable debout et comme pour le faire exprès, songea Shuusuke, Isshin se retrouvait derrière lui. S’il avait été à une petite distance de lui, cela n’aurait pas été un problème mais, contre toute attente, leurs corps se touchaient pour finir par être plaqué l’un contre l’autre. Le souffle de Kurosaki effleurait sa nuque et Amagai cru qu’il allait mourir au court du trajet. Il grimaça quand le sac de la vieille dame devant lui, lui rentra dans les côtes.

 

Shuusuke ne savait plus s’il devait être heureux d’être coincé de cette manière. Dans un mouvement de foule lors de l’avant dernier arrêt, le médecin fut projeté en avant et il encaissa un parapluie dans l’estomac. Il se rattrapa sur son voisin alors qu’au même moment une main le rattrapa et le redressa. La petite vieille se trouvant devant lui, se tourna furieuse et déclara sèchement

 

« Espèce de petit pervers… vous ne pouvez pas faire attention… Vos mains ne peuvent pas rester à leurs places ? Allez vous trouvez quelqu’un d’autre pour vos petits jeux dégoutants ! 

—    Je n’ai rien fait… » Protesta Shuusuke stupéfait.

 

Il en aurait regardé ses propres mains qui n’avaient jamais touchées une partie inappropriée de l’anatomie de la vieille.

 

« A d’autres ! Je suis sûre que vous êtes du genre à vous balader avec un imperméable sans rien en dessous ! »

 

Amagai devint écarlate et toutes les personnes autour d’eux, le regardait scandalisé comme s’il avait été le pire des malfaiteurs. Shuusuke entendait derrière lui le petit rire d’Isshin. Le corps dur et musclé de son patron toujours collé à lui. Sa gorge se noua et Amagai pria tous les dieux pour que cette séance de torture cesse le plus rapidement possible. Il était mortifié par son altercation avec la vieille femme qui se tourna d’un mouvement sec, alors que la voix grave et basse d’Isshin chuchota à son oreille.

 

« Ce genre de spectacle met exclusivement réservé ! » Affirma t-il.

 

La gorge nouée et tétanisé, Amagai se dit que ce n’était peut-être pas son jour. Il n’avait jamais imaginé qu’on puisse lui demandé un jour de se déguiser pour de quelconques préliminaires amoureux. Il était trop timide pour s’exposer de cette manière. Il s’imagina devant Kurosaki et sa couleur devint rouge brique. Les portes de la rame s’ouvrirent et c’est avec un certain soulagement qu’il s’extirpa de la masse compacte.

 

Lorsqu’il rencontra le regard amusé d’Isshin, il voulu protester mais, Isshin le court-circuita

 

« Vous devriez faire plus attention à votre réputation Amagai-san… Je ne vous savais pas si… débauché… »

 

Shuusuke fixa Isshin et vit la lueur rieuse dans le fond de ses prunelles.

 

« Moquez-vous… Je ne lui ai strictement rien fait.

—    En êtes-vous si sûr ? Fit Isshin en haussant un sourcil moqueur.

—    N’en profitez pas ! Maugréa Shuusuke.

—    C’était amusant… Sourit le chirurgien qui continua plus sérieusement. Venez… nous sommes au bout de notre périple… »

 

Les deux hommes sortirent rapidement du métro et rejoignirent l’entrée du salon. La foule était aussi compacte. Amagai se montra surpris.

 

« Je ne m’attendais pas à pareille affluence …

—    J’avoue que moi non plus… Nous aurions peut-être du venir plus tôt… » Fit Isshin en regardant sa montre soucieux.

 

Son regard balaya l’entrée et il trouva une hôtesse d’accueil et attrapa un plan du site. Amagai le rejoignit. Il voulu prendre lui-même un plan mais, Isshin lui déplia le sien et montra les emplacements qu’il souhaitait visiter.

 

« C’est de l’autre côté du salon… Remarqua Amagai.

 

En inspectant autour de lui et en voyant la foule, il jugea presque impossible d’arrivée rapidement sur les lieux. Et vu le peu de temps qu’il restait avant la fermeture, jamais Isshin ne pourrait négocier pour un quelconque bateau. Mais, une main ferme attrapa la sienne et il se sentit tirer en avant. Isshin lança au-dessus de son épaule.

 

« Shuusuke… c’est le moment où jamais de montrer nos capacités au sprint ! »

 

Amagai ne sut par quoi il fut le plus surpris. Par l’utilisation d’Isshin de son prénom, par la course qu’ils avaient entrepris, par la main ferme qui serrait la sienne sans hésitation. Il était plus qu’évident qu’Isshin ne chercherait pas à se cacher et qu’il se comporterait comme bon lui semblait. Ce constat lui faisait véritablement plaisir. Shuusuke sera un peu plus la main d’Isshin qui se tourna brièvement son regard vers lui, une lueur amusée flottait toujours dans ses yeux et contre toute attente, ils arrivèrent sur le stand, au bout d’un petit quart d’heure.

 

Shuusuke constata qu’Isshin était à peine essoufflé. Le sourire qu’il lui adressa était si chaleureux qu’il se sentit fondre. Décidément, il ne savait vraiment pas sur quel pied dansé mais, peu importe, il se laisserait emporter par le tourbillon appelé Isshin Kurosaki.

 

« Nous y sommes ! A nous la visite… »

 

Les yeux d’Amagai suivirent la ligne des splendides bateaux devant lui. Il y avait du luxe partout. Jamais, il n’aurait pensé se trouver à regarder ce genre de bateaux un jour avec un quelconque petit ami. Il suivit Isshin en silence et son regard tomba sur les plaquettes des navires. Son compagnon se lançant dans une discussion animée avec un des vendeurs.

 

Shuusuke admira les coques et prit plaisir à visiter tous les bateaux qui tapait dans l’œil d’Isshin. Ce dernier lui demandait son avis et cela amusait Shuusuke de répondre très sérieusement à ses questions. Quand il avait entendu le montant des prix des voiliers, il avait abandonné toute idée de pouvoir suivre Isshin dans un domaine hors de sa portée.

 

 Quand il se retrouva à bord d’un luxueux Oceanis 50, il blêmit en imaginant le tarif prohibitif du petit bijou qu’il visitait. Le double console de commande arrière en inox,  la double surface de voilure le laissait songeur. Il était certain qu’il faisait plus de treize mètres. Les bois précieux des cabines, les cuirs blancs de l’intérieur, tout comme le confort de la cuisine lui nouèrent la gorge. Isshin ne paraissait nullement ému. Il discuta durant un peu plus d’une heure sur les équipements, motorisations, gréements, winches, option radar et radome… Shuusuke songea qu’il était heureux d’avoir fait de la voile et qu’il s’y connaissait un minimum.

 

« Bref, c’est un petit bijou qui se navigue presque tout seul.

—    Si je lis votre brochure c’est un quinze mètre dix…

—    Oui au total, hors coque il mesure quatorze mètre soixante quinze.

—    Il faudrait combien de temps avant de le recevoir ?

—    Si vous le commandez aujourd’hui, vous pourrez l’avoir pour le mois de juin…

 

Isshin se tourna vers Shuusuke qui fut surpris par la question.

 

« Tu en penses quoi ?

—    Du bateau ?

—    Hai…

—    C’est le tien… Isshin. »

 

Amagai avait utilisé le prénom du médecin, comme lui, l’avait fait plus tôt. Ce dernier lui adressa un immense sourire et secoua la tête en même temps.

 

« Non… tu passeras du temps avec moi ici… Je veux savoir lequel te plaît le plus. Personnellement c’est celui-ci dans lequel je me sens le mieux…

 

Shuusuke balaya le navire du regard. C’était le plus beau qu’ils avaient vu mais, certainement le plus cher.

 

« Je ne te demande pas de l’acheter avec moi Shuusuke… J’ai plus d’argent qu’il ne m’en faut pour me payer cette folie. Je te demande où tu t’es sentit le mieux, le plus à l’aise… »

 

Le vendeur parut gêné par l’insistance d’Isshin vis-à-vis de son compagnon. La tendresse qui se lisait dans son regard ne laissait planer aucun doute sur les sentiments qui n’avaient rien à voir avec l’amitié ou un lien familial quelconque.

 

« Ici, sans aucun conteste… »

 

Isshin leva la main et caressa brièvement la joue d’Amagai. Puis, il se tourna sérieusement vers le vendeur qui feignait d’être impassible.

 

« Je commande ce bateau. »

 

Le vendeur afficha un sourire et Shuusuke interrogea Isshin stupéfait.

 

« Tu as vraiment l’intention de commander ce bateau ?

—    Bien sur ! Tu sais… ma fille, mes petits enfants vont venir habiter ma maison, qui ne m’appartient plus vraiment, car c’est le chef de clan qui en dispose… Je ne le suis plus donc il me faudra trouver un nouveau chez moi. Bien sur, je ne suis pas mis à la porte de chez moi, mais, j’ai envie d’un pied à terre où je pourrai me réfugier lorsque la pression familiale se fera trop forte. Je ne pense pas que Karine me laisse souffler tu sais… Ah… tu comprendras quand tu la rencontreras. Elle est médecin légiste et elle va intégrer bientôt l’hôpital. Je l’adore mais, elle est comme moi il y a quelques années…

—    Tu sais… j’habite un appartement mais, je n’ai pas à rougir de ce qu’il est… Je veux dire que si tu as besoin de sortir de chez toi… je suis là.

 

Isshin sourit à Shuusuke et hocha la tête. Il souffla

 

« Je le sais… et je viendrai… mais, j’ai aussi besoin d’avoir un « chez moi », tu comprends ?

—    Hai…

—    Cela ne veut pas dire que je t’écarte bien au contraire… Tu seras le seul au courant pour ce bateau. Toi seul auras les clefs… »

 

Amagai observa Isshin. Il détesta le vendeur d’être présent à cet instant là. Isshin se tourna vers le vendeur qui restait indécis.

 

« Bien sur, comme je règle au comptant ce bateau… je compte bien avoir quelques équipements personnalisés… »

 

Le chirurgien discuta à bâton rompus avec le vendeur. Ce dernier inclus Shuusuke à la conversation, sous le regard approbateur d’Isshin. Jamais, Amagai n’aurait cru que cette simple visite se transformerait de la sorte. Jamais, Kensei ne l’avait inclus pareillement à un quelconque projet de la sorte. Chacun faisait comme il l’entendait au grand dan de Shuusuke qui voulait toujours construire quelque chose mais, son ex tenait trop à son indépendance. Isshin lui, ne se posait aucune question. Il avait accepté ses sentiments, la situation… et ne comptait pas le laisser à l’extérieur de sa vie.

 

Quand ils sortirent presque deux heures plus tard, ils ne restaient presque plus personne dans les allées. Tous les visiteurs avaient quittés les lieux, sauf comme eux, ceux qui avaient commandés et s’était attardé plus que nécessaire. Ils s’éloignèrent en silence tout d’abord, puis Isshin se tourna vers Shuusuke.

 

« Nous nous sommes attardés plus longtemps que je ne le pensais… J’en suis désolé…

—    Je n’ai jamais vu quelqu’un se décider aussi vite pour un achat aussi important… Remarqua Shuusuke. »

 

Isshin sourit et hocha la tête.

 

« Oui… mais, je sais ce que je veux… Je dois le revoir d’ailleurs. Tu viendras avec moi ? Où cela t’ennuierai ?

—    Quand le revois-tu ?

—    Demain matin…

—    Je travaille… » Répondit Shuusuke visiblement déçut.

—    C’est vrai… Dommage… Je vais en profiter pour acheter mon emplacement au port et m’occuper de l’immatriculation.

—    Tu battras quel pavillon ? Demanda Amagai curieux.

—    Japonais… bien sur…

—    D’autres choisissent les paradis…

—    Je m’en fiche.

 

Les deux hommes marchaient d’un bon pas et arrivèrent enfin à la sortie. Isshin soupira d’aise.

 

« De l’air enfin… je n’en pouvais plus dans cet espace confiné…

—    J’avoue ne pas avoir vu le temps passé.

—    Moi non plus mais, je commence à fatigué. J’ai soif et j’ai faim… Tu te joins à moi ?

—    Tu ne préfères pas être un peu avec ta famille ? Demanda Shuusuke.

 

Isshin vit le visage de sa fille et grimaça.

 

« Karin va surement m’en vouloir si je ne rentre pas ce soir…

—    Voyons nous demain soir… » Suggéra l’urgentiste avec le sourire.

—    Très bien ! Ça me convient mais, où mangerons-nous ? Tu préfères quel style de restaurant ?

—    Chez moi et c’est moi qui fait la cuisine… » Sourit Shuusuke.

—    Vraiment ?

—    Je suis un cordon bleu, tu sais…

—    Je ne demande qu’à voir. » Sourit Isshin avec un sourire complice.

 

Les deux hommes montèrent dans la trame de métro qui était presque vide. Ils se firent face en tenant une barre centrale. Le regard d’Isshin s’était fait intense. La profonde lueur de tendresse qui se lisait dans ses yeux noirs troubla Shuusuke. Ils étaient si proche et si loin en même temps. Amagai qui n’avait jamais affiché ses sentiments en pleine foule, se surprenait à être plus démonstratif. Il savait que son visage reflétait ses émotions mais, il était incapable de le cacher, surtout quand des yeux pareils le couvaient avec un tel amour.

 

Quand Isshin se pencha sur lui, il voulu protester mais, Isshin murmura

 

« Nous sommes seuls… »

 

Surpris, Amagai constata qu’effectivement, ils n’étaient plus que tous les deux. Lorsqu’il leva son visage vers Isshin, une bouche recouvrit la sienne. C’était un baiser chaste mais, il en fut brûler. Le souffle d’Isshin caressait sa peau. Avant qu’il ne puisse totalement se redresser, Shuusuke tira Isshin à lui et embrassa à son tour le chirurgien qui répondit à son étreinte. Le baiser, Amagai ne voulait pas qu’il se termine. Ses mains s’accrochaient au revers du manteau d’Isshin qui avait glissé ses mains autour de sa taille. Lorsque leurs lèvres se détachèrent, ils étaient visiblement aussi troublé l’un que l’autre.

 

« J’en ai eu envie depuis que je t’ai vu entrer dans le restaurant tout à l’heure… »

 

Amagai ne répondit pas. Les portes du métro s’ouvrirent et les deux hommes se séparèrent reprenant une distance respectable. Isshin était profondément troublé par son baiser. Il aurait préféré pouvoir prolonger l’instant. Jamais, il ne s’était imaginé vivre pareil expérience avec un homme. Lui qui s’était imaginé tout un tas de chose quelques semaines ou mois auparavant… Son seul désir à présent était d’étreindre Amagai contre lui.

 

Chapitre 9

L’appartement était parfaitement calme ce matin là. Comme tous les matins depuis qu’Amagai vivait seul. Lorsque le radioréveil sonna, sa main tâtonna un petit moment pour trouver l’objet qui interrompait un rêve terriblement érotique, où Isshin tenait le premier  rôle. Couper un rêve pareil… à une minute aussi croustillante… quoiqu’il ait eu l’impression de se faire dévorer par son patron. Le médecin ouvrit péniblement un œil et roula sur le dos. Songeur, Shuusuke resta un moment à contempler son plafond.

 

S’agissait-il d’ailleurs du même homme qu’il avait croisé au cours de ses dix dernières années ? Lui qui paraissait si inaccessible. Les souvenirs affluaient et non sans une certaine amertume, le médecin se remémora ses débuts au sein de l’hôpital.

 

Amagai avait craqué pour lui lorsqu’il l’avait aperçut la première fois dans le hall de l’hôpital. Mais, quand le jeune médecin avait appris et très rapidement, qu’Isshin Kurosaki était homophobe, Shuusuke avait créé dans son inconscient une barrière entre lui et le directeur de l’hôpital. Pourtant, son regard ne pouvait s’empêcher de s’attarder quelque fois sur Kurosaki lorsqu’il le croisait par hasard au détour d’un couloir.

 

 Shuusuke abattit une de ses mains devant ses yeux. Il n’arrivait pas à réaliser ce qu’il vivait. Quelque part, il avait peur que ce ne soit qu’une farce ou l’un de ses rêves que l’on vit tellement fort, qu’on avait l’impression de l’avoir vécu. Se levant brusquement pour éviter de trop réfléchir, Amagai se dirigea vers sa salle de bain, prit une douche et s’habilla un bon quart d’heure plus tard.

 

La cafetière émit quelques minutes plus tard le doux bruissement d’un nectar noir et odorant qui coulait dans le bol à café. Shuusuke grimaça lorsque son pied nu rencontra le coin du pied de table. Il respira à plusieurs reprisent comme pour évacuer la douleur. Sa maladresse, elle par contre ne le quittait pas !

 

La circulation était déjà dense à sept heures du matin. Empruntant la rame bondée, Shuusuke réfléchissait à ce qu’il préparerait à Isshin le soir même pour leur premier rendez-vous. Ce mot avait une saveur particulière. Premier rendez-vous… Se répéta Shuusuke avait un sourire presque béat.

 

Le médecin avait préféré laisser sa voiture sur le parking de son immeuble. Les commerces où il souhaitait se rendre se situaient dans une rue piétonne. Il perdrait moins de temps en marchant. Les boutiques se situaient elles-mêmes non loin d’une entrée de métro.

 

À sa  surprise, son portable vibra. Amagai lu le texto et rosit presque de plaisir. Isshin le déconcertait réellement. Qui pourrait croire que cet homme quelques semaines auparavant était homophobe ? Il mordilla sa lèvre inférieure. Shuusuke eut l’impression qu’une merveilleuse journée se préparait.

 

Amagai était abasourdi par ses propres réactions. Jamais avec Kensei ou aucun autre de ses amants, il n’avait été aussi… démonstratif, ou… amoureux ? Oui, amoureux ! Au point de se découvrir des sentiments comme une joie telle que ses mains tremblaient, en recevant un simple texto sur lequel il lisait « passe une bonne journée… ».

 

Amagai avait envie de chanter, de danser… de rire… d’embrasser tout le monde. Il n’arrivait plus à atterrir, flottant sur un nuage de bonheur et de bien-être comme jamais, il n’en avait connu. Ce sentiment de se sentir comme le plus parfait crétin aussi… quelque part ça l’amusait, l’agaçait et… le transportait. Il rajeunissait à vu d’œil.

 

Le bonheur était là, sous les traits d’un homme qu’il avait craint et admirer durant plusieurs années sans rien dire. Isshin Kurosaki, le coup de tonnerre de sa vie. Le coup de foudre improbable. Amagai se précipita hors de rame. Tout à ses pensées, il avait faillit louper sa sortie.

 

Quand il mit un pied à l’hôpital, à peine intégra-t-il le service qu’il fut happé par des ambulanciers. Oubliant Isshin pour un temps, mais flottant toujours sur une nuée.

 

 Amagai monta dans l’ambulance avec sa trousse. Sa journée commençait sur les chapeaux de roues. L’homme se consacra à l’accident de la route se situant pas très loin de l’hôpital, quelques minutes plus tard.

 

Lorsqu’il regagna son service, il trouva Shinji Hirako feuilletant un magasine féminin. Amagai haussa un sourcil et feignit de ne rien voir. Il n’avait pas envie de soulever une quelconque polémique et puis, chacun faisait ce qu’il voulait. Son humeur était trop bonne pour la gâcher.

 

« Ça va… pas la peine de me regarder comme ça ! Déclara Shinji sèchement.

—    Je ne regarde pas… » se défendit Shuusuke en se servant un café. « je suis… un peu surpris. 

—    J’essaye de comprendre la psychologie de ces foutues femelles ! » Cracha le blond en cochant des cases d’un test pour savoir qu’elle genre de femme il était.

—    Elles sont compliquées. » Confirma Amagai qui remercia le ciel d’être gay.

—    Tss… je me suis encore pris un râteau hier ! Ras le bol ! Je me demande si je ne vais pas me rabattre sur un homme. » Grogna Shinji.

 

Amagai haussa à nouveau un sourcil, interdit. Shinji le foudroya du regard, alors que Shuusuke prenait place en face de lui tranquillement.

 

« Entre mecs, ça doit être plus facile…. Cogita le blond sérieusement.

—    Je ne sais pas Hirako-san…

—    Je dis ça, mais je ne m’imagine pas du tout avec un type. Par exemple, j’essaye de m’imaginer en train de vous embrasser, déclara gravement Shinji.

 

Amagai s’étouffa dans son café. Il jura entre ses dents et tourna son visage vers le rouleau d’essuie-tout pour ramasser le liquide qui avait éclaboussé la surface blanche de la table. Alors qu’il dévidait le papier, l’urgentiste continua sans se démonter.

 

« Ah vous voyiez ! Vous aussi… ça vous dégoûte ! Bon, il faut que je me trouve un cobaye qui voudra bien me dire où ça colle pas entre moi et les femmes…. » Marmonna Shinji en se grattant la tête.

—    Vous êtes peut-être trop direct ?

—    Moi ? » S’étonna Shinji. « Non… je dis ce que je pense, c’est tout ! »

 

Shuusuke voulu répliquer mais, la porte de la salle de repos s’ouvrit. Gin vint se joindre à eux visiblement mécontent. Shinji observa l’urgentiste qui attrapa une boite de chewing-gum et se mit à le mastiquer nerveusement.

 

« Vous non plus je ne m’imagine pas avec vous… » Continua Shinji toujours sur sa discussion.

 

Gin haussa un sourcil surpris, alors qu’Amagai rit doucement. Il était impossible de prendre Hirako au sérieux.

 

« Je peux savoir ce qu’il se passe ici ? » Demanda Ichimaru.

—    Hirako-san essaye de se trouver un partenaire au lieu d’une partenaire. » Répondit Shuusuke avec un petit sourire. « Visiblement, il ne me trouve pas à son goût et… vous non plus !

—    Je ne suis pas gay, Hirako-san ! » Répondit Gin en se servant du café et s’installant sur un siège à côté de son ami. « Essayez plutôt avec Rojuro… il semble qu’il y a plus de chance qu’il soit de ce bord là….

—    Il fait quoi exactement ? » Demanda Amagai essayant de détourner la conversation.

—    Oh… une petite vieille qui a essayé de sauver la vie de son chien et qui s’est fait renverser par une voiture à la place… Je pense qu’il en a pour un petit moment. Je me demande s’il n’a pas reçut de l’aide… »

 

Gin s’arrêta lorsque la porte s’ouvrit et Hiyori apparut en râlant

 

« On a besoin d’un urgentiste pour un bobo ! »

 

Amagai se leva instantanément et suivit l’infirmière acariâtre qui râla comme à son habitude.

 

« Je me demande pour quoi on prend notre service. Ce gamin aurait pu être amené à son médecin personnel et non aux urgences !

—    Les parents sont toujours inquiets… » Répondit gentiment Shuusuke qui entra dans la salle que lui désignait Hiyori.

—    Ouaih… ben, ils peuvent l’être aussi chez leur médecin ! »

 

Amagai se dirigea vers un petit garçon qui avait les yeux rouges d’avoir pleuré mais, qu’il ne voyait en partit seulement. Un homme aux cheveux long se tenait juste devant lui.

 

« Pardon… mais, pourrais-je voir le blesser ? » Demanda Amagai gentiment.

 

L’individus se tourna et Shuusuke reconnut un des hommes qui avait été présent lorsqu’Isshin s’était fait admettre dans son hôpital. Il se racla légèrement la gorge et se concentra sur l’enfant assis devant lui. Il ne devait pas avoir plus de deux ans. Il ressemblait étonnamment à l’homme silencieux à côté d’eux.

 

« Tu t’appelles comment ? Demanda Amagai qui observait déjà les genoux sanglants de l’enfant.

—    Tomatsu… Kuchiki.

—    Et… Tu es tombé comment ? »

 

L’enfant renifla et passa son avant-bras devant son nez comme pour l’essuyer.

 

« Il a sauté les dernières marches d’un escalator. » Répliqua une voix posée. « C’est de ma faute… j’ai été distrait un instant… »

 

Amagai adressa un sourire compatissant à l’homme tiré à quatre épingles. Il en imposait par sa prestance et sa beauté froide. Le médecin reporta son attention sur l’enfant déclara doucement

 

« Je vais m’occuper de tes bobos… »

 

Shuusuke traversa la pièce et récupéra le matériel de premier secours. Il ausculta le petit garçon tout en lui posant un tas de questions pour être sûr de ne rien oublier. Il avait presque finit lorsqu’une voix se fit entendre derrière eux.

 

« Byakuya ! Que s’est-il passé ?

—    Tomatsu est tombé… Mais apparemment, plus de peur que de mal…

—    Mais… il est à l’hôpital ! S’exclama le roux qui paraissait déboussolé.

—    Papa Ichi… » S’exclama le gamin visiblement ravi.

 

Amagai se redressa et déclara avec une voix amicale.

 

« C’est bon mon bonhomme… C’est finit ! »

 

Byakuya remercia le médecin alors que Tomatsu bondissait dans les bras du roux.

 

« Ichigo… Tu… travailles ce matin ? Demanda Byakuya.

—    J’ai un rendez-vous important… Grogna le roux.

—    Moi aussi… » Soupira le deuxième homme.

 

Amagai quittait la pièce lorsque son oreille se dressa.

 

« Je vais demander à Isshin de garder Tomatsu. Karin est déjà avec lui… Je ne pense pas que cela le dérangera de prendre soin du petit pour la journée. Enfin, je vais… »

 

Shuusuke s’éloigna mais, n’eut pas le temps de regagner la salle de repos, qu’il fut interpellé pour une nouvelle urgence cette fois-ci plus grave. L’homme fit une croix sur la soirée qu’il pensait passer avec Kurosaki. Visiblement, il n’aurait pas de temps à lui accorder aujourd’hui. Sa déception fut immense. Sa journée lui parut plus sombre brutalement.

 

°°0°0°°

 

Les rues étaient très animées. La plupart des salary mans se dirigeaient vers les bars tout proches de leur travail. La fin d’après-midi était grise et le soir tombait déjà. Après avoir consulté un nombre incalculable de fois son portable, Shuusuke se décida tout de même d’aller acheter des légumes et de la viande pour le soir même. Le médecin s’était décidé pour faire une fondue, un Ishikari-nabe[i] pour terminer par un Ogura Castella[ii]. Il ne s’était pas décidé encore pour la soupe. Il verrait bien sur place, en fonction des légumes qui lui semblerait les plus appétissants.

 

Amagai se réprimanda intérieurement. Il n’avait aucune idée des préférences ou des goûts d’Isshin. Tant pis, il ferait selon ses propres goûts. Après tout, s’il mettait du cœur dans ce qu’il faisait, cela transparait bien dans le repas qu’il présenterait à table… à moins, qu’Isshin ne le prévienne à la dernière minute d’un changement de programme. Il ne reprocherait rien à son patron… après tout, il comprenait très bien… Lui-même avait souffert pendant longtemps de ne pas pouvoir avoir d’enfant. Alors qu’Isshin ait la chance d’avoir des enfants et des petits-enfants…

 

La rue commerçante, où se regroupait presque tous les marchands de la ville laissait filer des effluves entêtantes d’épices, et d’arômes divers plus appétissant les uns que les autres. Amagai songea qu’il était plutôt impatient d’arrivée à la belle saison où les odeurs seraient plus prononcées, les saveurs plus riches. Il salua quelques commerçants qu’il connaissait bien et papota pour bientôt marcher vers d’autres commerces.

 

Lorsqu’il monta dans la rame qui le ramenait dans son appartement, Shuusuke était assez content de lui. L’heure n’était pas encore au retour des salary man, le métro faisait presque désert brutalement. Certains passagers s’étaient laissées à lire le journal, déplié en grand. Cela lui rappela l’incident de la veille.

 

Le médecin secoua la tête encore honteux de sa gêne, d’être coincé comme il l’avait été et surtout, la gentille moquerie d’Isshin. Son regard devint plus lourd lorsqu’il se rappela la main qui s’était emparée de la sienne. Le sourire chaleureux d’Isshin et… plus tard, le baiser plutôt chaste qu’ils avaient échangé. Pourtant, la brûlure de ses lèvres sur les siennes était encore vivace. il avait eut plus d’impact que n’importe quel autre caresse.

 

Pourquoi se sentait-il aussi vivant ? Pourquoi se transformait-il en adolescent des qu’il pensait, ou voyait Kurosaki Isshin ? Il aurait aimé être aussi spontané que cet homme, ne pas se poser de question. Une demi-heure plus tard, Shuusuke ne se posa plus de question métaphysique devant ses fourneaux. Il avait lancé une playlist sur sa chaine et dansait seul dans sa cuisine jonglant avec les légumes et les couteaux. Quoiqu’il faisait beaucoup plus attention depuis qu’il avait faillit se sectionner un doigt.

 

Jetant un coup d’œil à sa montre, Amagai s’aperçut qu’il  était un peu en avance. Il se dirigea vers la salle de bain et se prit une douche. Lorsqu’il en sortit, Isshin n’était toujours pas là. L’anxiété se mit à le gagner progressivement. Que devait-il faire à présent ? Le médecin fit un détour en cuisine où le repas mijotait doucement. Il eut l’idée de sortir un Kotatsu dans son salon. S’était un moyen comme un autre de s’occuper l’esprit et les mains.

 

Le meuble fut monté beaucoup plus rapidement qu’il ne le pensait. Il installa l’appareillage électrique et plaça la fondue dessus. Son salon allait sentir pendant quelques temps. Shuusuke ferait disparaître tout cela en utilisant de l’encens… et aérerais ! L’homme se gratta le sommet de son crâne cherchant un nouveau moyen de s’occuper alors que son stresse montait progressivement. Shuusuke songea qu’il était peut-être temps de retirer le dessert du four.

 

Par distraction, l’homme se brûla avec le plat. Amagai jura. Il avait fallu qu’il se blesse ! Après avoir passé abondamment sa main sous l’eau, il se dirigea vers la salle de bain et passa une crème et tenta de se faire un bandage. Evidemment, c’était sa main droite qui était amochée, songea-t-il avec dépit. Il n’était pas ambidextre à son grand désespoir. Son bandage aurait pu ressembler à celui fait par un enfant d’une dizaine d’année. Dépité, Shuusuke se dirigea vers son salon et sortit sa console de jeu. Autant qu’il fasse quelque chose qui ne soit pas dangereux pour lui…

 

Avant de commencer, il jeta encore un coup d’œil à sa montre… Plus de trois quart d’heure de retard. Devait-il appeler Isshin ? Lui était-il arrivé quelque chose qui l’empêchait de pouvoir l’appeler ? Amagai qui avait vu pas mal d’horreurs ces derniers temps, imagina Isshin blessé et son cœur eut un raté. S’il l’appelait et qu’Isshin ne lui répondent pas, Amagai deviendrait fou. Pour se détendre, il choisit Riddick. Rien de tel qu’un bon jeu d’action.

 

Le temps s’écoula très lentement pour Shuusuke qui réussit plus ou moins à rentrer dans la partie. Quand la sonnette retentit, le médecin faillit tomber à la renverse. Il laissa tomber sa manette et se dirigea vers la porte d’entrée le cœur battant et si… se n’était pas Isshin ? Shuusuke ouvrit le battant et resta figé en rencontrant le regard sombre de Kurosaki. Amagai se rendit compte qu’il laissait échapper un soupir de soulagement.

 

Isshin haussa un sourcil et déclara sombrement.

 

« Je suis désolé… Shuusuke. Je… je me suis enfui de chez moi ! J’ai oublié mon portable et… j’ai été coincé dans un bouchon…. Tu as eu peur Shuusuke ? »

 

Isshin constata la mine blême du médecin et avant que ce dernier ne puisse répondre, il enlaça ses épaules et le serra contre lui.

 

« Je suis terriblement désolé… »

 

Shuusuke était raidit par l’angoisse et il eut du mal à réaliser qu’Isshin était bien là. Le médecin murmura

 

« Entre, ne reste pas sur le palier, Isshin… »

 

Les deux hommes entrèrent dans l’appartement et Isshin renifla l’atmosphère. Un sourire s’inscrivit sur ses traits et il demanda avec un air de gourmandise.

 

« Tu as fait un Ishikari-Nabe ?

—    Comment as-tu deviné ? Demanda surpris Amagai.

—    Cela fait une éternité que je n’en ai pas mangée… Il y aura un kotatsu ?

—    Oui…

—    Vraiment ? S’étonna Isshin.

—    Suis-moi… »

 

Amagai se saisit la main d’Isshin et le tira à sa suite. Shuusuke feignit de ne pas sentir le resserrement autour de ses doigts. La prise était chaleureuse et lui donnait l’impression d’avoir les jambes en coton. Ce dernier s’arrêta dans le salon et admira la salle.

 

« J’aime ce genre d’ambiance… Shuusuke… je ne regrette pas d’avoir échappé à la surveillance de ma fille.

—    Surveillance ? » S’étonna Shuusuke en se retournant.

 

Deux bras le saisirent à la taille et il fut attiré contre la large poitrine de Kurosaki. La gorge d’Amagai se serra lorsqu’il rencontra le regard chaleureux de son patron. Ce dernier posa son front contre le sien, et une certaine fatigue semblait brutalement l’accabler.

 

« Karin a décidé que je devais rester cloitré au sein des murs du clan Kurosaki. » Soupira Isshin. « J’ai gardé Tomatsu toute la journée et Karin m’a secondé. Où casser les pieds, je ne sais plus trop… Bref, mon petit-fils s’est blessé et Byakuya et Ichigo me l’ont amené. J’en ai été heureux. Mais…

—    Si tu t’asseyais que je puisse te servir un remontant… »

 

Isshin adressa un grand sourire à Shuusuke. Il le relâcha et Amagai eut l’impression d’être perdu. Quel imbécile par moment, jura-t-il intérieurement. Mais, lui-même avait besoin d’un bon reconstituant. La tension qu’il avait accumulée durant l’heure où il avait attendu Isshin et toute sa journée où il se demandait s’il allait effectivement venir l’assomma.

 

Isshin demanda la permission de s’installer sous le kotastu et Amagai acquiesça. Lui se dirigea vers la cuisine où il sortit une bonne bouteille de sake. Il sortit deux coupes et il se servit une première coupe pour se donner de la force.

 

« Tu as eu si peur…  Shuusuke ? »

 

Surpris, Amagai se tourna et observa le médecin accoudé nonchalamment sur le chambranle. L’homme fronça les sourcils et avoua sombrement.

 

« Oui… j’ai eu peur que tu ne viennes pas ! Car c’est moi qui est soigné Tomatsu… Je me suis demandé si tu décommanderais et… ne te voyant pas venir, j’ai oscillé entre le fait que tu puisses me poser un lapin ou qu’il te soit arrivé quelque ch…. »

 

Shuusuke se tue lorsqu’une étreinte ferme se referma sur lui. Isshin souffla contre son oreille.

 

« Je ne sais pas comment, je vais pouvoir te faire comprendre que je t’aime sincèrement. Ne crois pas que je t’abandonnerai aussi facilement…. Shuusuke, je suis désolé de t’avoir donné du souci. Je te promets de m’enfuir avec mon portable la prochaine fois… » Tenta de plaisanter Isshin.

 

Ce dernier repoussa légèrement Amagai pour le regarder droit dans les yeux. Loin d’être moqueuse, l’expression du médecin était très sérieuse. Le temps sembla suspendre son vol. Ils étaient profondément émus par leurs propres sentiments qu’ils ne parvenaient pas à refreiner. Isshin attrapa les mains de Shuusuke et baissa brutalement la tête. Il la releva et demanda surpris.

 

« Que t’est-il arrivé ?

—    Je me suis… brûlé ! Maugréa Shuusuke.

—    En faisant quoi ?

—    J’ai voulu sortir le gâteau du four et… j’avais l’esprit ailleurs. 

—    Montre-moi ça…. »

 

Isshin défit le bandage mal serré sans aucune difficulté. Il observa la plaie et grimaça.

 

« Tu ne t’es pas loupé…

—    Autant faire les choses en grand… » Remarqua Shuusuke avec un semblant d’humour.

—    Ne te fais pas du mal comme ça… Je vais te refaire ton bandage. »

 

Amagai ne protesta pas et observa les gestes du chirurgien. Il pratiquait avec beaucoup de délicatesse. Shuusuke pour le coup en fut surpris. Après une courte réflexion, il constata qu’il n’en était rien… pas vraiment en fait. Isshin le traitait avec beaucoup d’égard. Comme s’il était avec une femme… Non pas qu’il le prenait pour une femme mais, il gardait certainement les habitudes qu’il avait, lorsqu’il sortait avec elles. Shuusuke aurait peut-être dû se sentir vexé… mais, il n’en était rien. Venant d’un autre, il aurait certainement mal pris la chose…

 

Quelques minutes plus tard, Isshin se redressa et rencontra le regard intense de Shuusuke. Les sentiments qui se bousculaient dans ses prunelles, le touchèrent. Amagai se reprit et eut un sourire et proposa

 

« Et si nous allions manger ? J’ai l’impression que mon nabe risque d’être immangeable…

—    Cela serait effectivement dommage… » Souffla Isshin en glissant rapidement un doigt sur la joue de Shuusuke qui rougit légèrement.

 

Cela amena un sourire sur le visage du chirurgien. Isshin était surpris par le trouble qu’il provoquait chez l’urgentiste et ses réactions qui pourraient passés pour puérils. Lui ne s’en lassait pas. Mazaki était si sûre d’elle, jamais elle ne semblait émue comme pouvait l’être Shuusuke. Elle affichait toujours un doux sourire qui cachait ses réelles émotions. Isshin l’avait toujours regretté. Lui aurait aimé voir les jours de pluies, les doutes, les bourrasques annonciatrices de tempêtes… peut-être que les choses se seraient passés différemment entre eux…

 

Assis autour de la table devant leurs assiettes, les jambes étalées, emmêlées rapidement par Isshin. Ils dégustèrent leur repas. Le regard du chirurgien avait glissé vers la télé et demanda

 

« Tu jouais en m’attendant ?

—    Une façon de m’occuper l’esprit… Rétorqua Shuusuke qui fit un mouvement pour éteindre son écran.

—    Non ! S’exclama Isshin. J’aimerai… j’aimerai savoir y jouer ! »

 

Stupéfait, Shuusuke observa son interlocuteur. Le chirurgien grimaça et avoua

 

« Demain mon petit-fils vient me rendre visite. Et… il adore les jeux vidéo. Tout à l’heure au téléphone, il m’a promis quelques parties et de me mettre une raclée mémorable. Et… et comme je vois que tu en as… j’aimerai que tu apprennes au moins à ne pas paraitre trop ridicule. Je n’ai jamais utiliser ce genre de chose… »

 

Amagai haussa un sourcil et déclara en prenant un air démoniaque.

 

« Tu as frappé à la bonne porte… Je suis un maître à ce genre de jeux… Ton petit-fils va s’en mordre les doigts de t’avoir provoqué ! »

 

Isshin éclata de rire et avala un morceau de saumon. Il agita ses baguettes et déclara moqueur

 

« Si je n’ai pas les résultats escomptés, compte sur moi pour te réclamer un prix…

—    Ce n’est pas avec ce genre de paroles que tu vas m’inciter à te rendre imbattable. Se moqua Shuusuke en prenant un air narquois.

—    Oui… tu as raison… » Fit Isshin amusé. « Alors, si j’arrive à battre mon petit fils et à l’impressionner… tu pourras me demander ce que tu veux… 

—    Vraiment ? Sourit Shuusuke.

—    Si c’est dans mes moyens, je me ferais un plaisir de répondre à tes attentes ».

 

La tension dans la pièce grimpa d’un seul coup. Le silence se prolongeait alors que leurs regards restaient toujours rivés dans celui de l’autre. Sous le kotetsu, les orteils d’Isshin caressèrent les mollets de l’urgentiste de manière sensuelle. Amagai murmura sans vraiment sans s’en apercevoir.

 

« Pourquoi t’es tu enfuis de chez toi ?

—    Karin voulait organiser une réunion familiale surprise.

—    Et tu n’as pas voulu ? S’étonna Amagai.

—    Je vais avoir toute ma famille réunit ce week-end à la maison… » Soupira Isshin en attrapant un peu de udon[iii]. Il reprit pensif  « Mes enfants m’ont ignoré pendant des années… et j’aspirais à les voir plus souvent. Je me suis habitué… à être seul. De devoir brutalement changer mes habitudes, de devoir me plier à leurs exigences alors que toute ma vie, j’ai eu à subir les exigences de mon clans… alors qu’aujourd’hui, j’ai la chance d’échapper à tout cela. Je veux aussi pouvoir avoir le choix. Et… il y a toi… »

 

Amagai observa surpris Isshin qui s’était emparé de sa main. Il répondit à l’étreinte des doigts d’Isshin. Le regard sombre du chirurgien exprimait un grand trouble. Amagai répondit un peu mal à l’aise.

 

« Je ne veux pas que tu mettes ta famille à côté pour moi…

—    Shuusuke… je n’en aie aucunement l’intention. Mais, est-ce mal de vouloir vivre ma vie ? Est-ce mal de vouloir me préserver des instants de liberté ? Est-ce mal de vouloir être en t’as compagnie ? Je ne pourrai pas te revoir avant mardi et… se sera au travail. Autrement dit, nous n’aurons pas beaucoup l’occasion de nous parler. Alors… laisse-moi profiter de tous les moments qui pourront nous être accordé. Laisse-moi le choix de pouvoir  choisir où je veux aller, faire ce qui me plaît sans avoir de compte à rendre comme si j’étais devenu sénile avant l’heure… »

 

Un nouveau silence tomba et ce fut cette fois-ci Shuusuke, qui avait posé ses couverts pour écouter Isshin, glissa sa main libre vers le visage devenu trop sérieux. Amagai voyait la souffrance dans l’encre des yeux de son amant, et ça, il ne le voulait pas.

 

« Alors… profitons du temps qui nous est accordé Isshin. »

 

Un sourire effleura les lèvres du chirurgien qui hocha la tête. Ils reprirent leurs repas et après, s’installèrent devant la télé. Shuusuke donna son premier cours sur les jeux vidéo à un élève très attentif. Un sourire éclairait les traits de l’urgentiste qui voyait bien, qu’Isshin ne laisserait pas son petit fils avoir le beau rôle. La soirée allait s’annoncer longue.

 

Et effectivement, Isshin à plusieurs reprises avait faillit broyer la manette de jeu parce qu’il aurait préféré porter les coups lui-même… Utiliser une manette qui n’obéissait pas à ses injonctions, l’exaspérait au possible. Nombre de fois, il allait abandonner et il suffisait à Amagai d’arborer une expression narquoise et de dire d’un ton légèrement sarcastique

 

« Je vois que tu as très envie de me faire plaisir… et puis, se faire battre par un ado… se n’est pas honteux, surtout à ton âge… »

 

Isshin lui jetait un regard mauvais qui avait troublé Shuusuke sur le coup, avant de se rendre compte que le chirurgien n’était absolument pas en colère après lui, mais plutôt contre lui-même. Autour de onze heures, Isshin se débrouillait plus que convenablement. Amagai commençait à ressentir le poids de sa journée et bailla discrètement au début. Pour bientôt étendre ses jambes et finalement à se décrocher la mâchoire s’en se rendre compte de son attitude plus que décontractée.

 

Le regard d’Isshin glissait souvent vers Amagai qui n’arrivait plus à soutenir la conversation. Quand il se laissa tomber pour dormir à son aise, Isshin eut un sourire et déclara moqueur

 

« Ah les jeunes… se n’est plus ce que s’était… »

 

Il continua un peu à jouer et finit par se lever pour soulever Shuusuke qui ne bronchait pas. Après avoir tourné un peu dans l’appartement plutôt grand pour un homme seul, il déposa l’urgentiste sur le matelas de son lit. Isshin eut honte. Le lendemain matin de bonne heure, Shuusuke devrait se lever exténué alors, que son travail demandait qu’il ait toutes ses capacités.

 

Isshin resta un long moment à regarder Amagai dormir. Le calme de la pièce, cette espère d’intimité confortable qui existait et qu’il n’avait jamais connu jusqu’à présent, se rependait dans chaque fibre de son être. Les doigts d’Isshin effleurèrent les cheveux en pagaille de son amant. Le chirurgien se pencha pour observer un peu plus Shuusuke. Il voulait savoir ce qui l’attirait tant chez cet homme. A force de se pencher, le nez du chirurgien toucha celui de Shuusuke.

 

Voulant se redresser, deux bras encerclèrent sa nuque le faisant s’approcher dangereusement du visage de l’homme visiblement encore endormis.

 

« Tu es trop loin… » Marmonna l’urgentiste.

 

Isshin eut un sourire mais, loucha quand Amagai plaqua sa bouche contre la sienne. Le baiser fut bref et Shuusuke murmura

 

« Assez ! On dort maintenant… 

—    Pas de problème…» Chuchota Isshin qui se laissa tomber sur le matelas.

 

Shuusuke se glissa entre ses bras et Isshin sentit une jambe glissée entre les siennes. Il se laissa faire. Par contre, il ne pouvait pas éteindre la lampe du couloir qui brillait encore. Isshin songea qu’il puisse faire faire s’était au moins d’allumer le radioréveil à côté de lui. Les cheveux de Shuusuke lui chatouillaient la joue et amenèrent un sourire à Isshin. C’était finalement terriblement confortable, après la journée d’enfer que Karin lui avait fait vivre… cela lui donnait un avant-goût de Paradis. Son sourire ne quittait pas ses lèvres alors qu’il s’endormait doucement.

 

°°0°0°°

 

Le radioréveil réveilla Shuusuke brutalement. Mais, quand il voulu éteindre l’appareil de torture, un obstacle de taille l’empêcha de l’atteindre. Il ouvrit les yeux et rencontra le visage endormis d’Isshin. Que faisait Kurosaki dans son lit ? Son regard se baissa sur leurs tenues et il constata soulagé qu’ils étaient encore habillés.

 

« Non… nous n’avons rien fait… » Rit endormis Isshin.

 

L’urgentiste leva vivement les yeux, et rencontra les prunelles amusées du chirurgien. Décontenancé et surpris, Shuusuke demanda

 

« Que s’est-il passé ?

—    Tu t’es endormi et je t’ai emmené à ta chambre, en tout bien tout honneur ! Là, tu as profité du fait que tu étais endormi pour t’attaquer lâchement à moi et me faire basculer dans ton lit et m’embrasser sauvagement… J’ai dû me battre pour que tu ne me violes pas ! »

 

Amagai songea à son nouveau rêve érotique et devint écarlate. Et s’il avait tenté de faire subir à Isshin ce que son esprit tordu lui avait suggéré ? Isshin haussa un sourcil et se tourna légèrement sur le côté en prenant appuis sur un coude.

 

« Dit-moi Amagai-san… tu n’as pas l’air d’avoir des pensées très nette quand tu penses à moi…

—    Isshin… » Commença désespéré Amagai qui ne savait plus où se mettre.

 

La bouche de Kurosaki embrassa chastement la sienne, et Isshin rit doucement.

 

« Ne t’inquiète pas… ce n’est pas franchement quelque chose qui me dérange, venant de toi… »

 

Et avant que Shuusuke ne puisse deviner les intentions d’Isshin, ce dernier le poussa sur le matelas et l’embrassa. La langue d’Isshin taquina la bouche d’Amagai pour en réclamer le passage. L’expression du chirurgien était insondable.

 

Shuusuke abandonna ses réticences qui l’empêchaient d’exprimer le désir qu’il éprouvait pour Kurosaki. Il ouvrit la bouche et sa langue partit à la rencontre de celle de son amant. Ses bras se refermèrent sur les épaules larges qui le surplombaient. Ses doigts s’enfoncèrent dans les mèches épaisses et douces d’Isshin. Le baiser était tendre et voluptueux. La langue qui s’enroulait autour de la sienne, qui explorait sa bouche avec passion.

 

Isshin qui avait simplement l’intention au départ de donner un vrai baiser, plutôt que ses attouchements timides d’adolescents, se laissa emporter par la fièvre. Loin d’être timide Shuusuke se livrait enfin à lui, sans détour.

 

Lorsque le baiser cassa, les deux médecins se fixèrent intensément, la respiration courte. Ils étaient très troublés par leur étreinte. Les mains de Shuusuke quittèrent les larges épaules d’Isshin pour encerclé le visage d’Isshin et le caresser avec tendresse. Ce dernier laissa son visage reposer entre les doigts attentionnés et amoureux de Shuusuke. Le monde avait cessé d’exister autour d’eux. L’espace s’était réduit à celui de leurs bras.

 

 



[i] Fondue au saumon originaire d’Hokkaido.

[ii] Sorte de cake, à base de haricot rouge et de miel.

[iii] Variété de nouilles.

Chapitre 10

Shuusuke suivit le mouvement de la main d’Isshin et son regard tomba sur son radioréveil. Ses yeux s’arrondirent de surprise et il constata brutalement que le réveil sonnait toujours. Il se redressa brutalement, alors que Kurosaki se penchait vers lui. Des gémissements de douleurs se firent entendre, ainsi qu’un bruit sourd.

 

« Oh… Shuusuke…

—    Je suis en retard Isshin ! S’exclama l’urgentiste.

—    Ah… »

 

Isshin se recula en se frottant le menton. Shuusuke se massa le haut du crâne et espéra ne pas avoir une bosse plus tard dans la journée.

 

« Je suis désolé… Ecoute ! »

 

Amagai descendit de son lit et disparut quelques instants pour revenir avec un trousseau de clefs qu’il tendit à Kurosaki.

 

« Je te laisse les clefs de mon appartement. Tu y viens quand tu veux, comme tu veux… Tu n’as pas besoin de me donner d’explications. Considère ma maison comme la tienne. Où comme un havre de paix, je vais avoir peu de temps pour me préparer alors prend ton temps et fais comme chez toi ! »

 

Isshin prit le trousseau que lui tendait Shuusuke. Ses doigts s’enlacèrent à ceux de son amant.

 

« Merci, Amagai-san… »

 

Shuusuke eut un sourire puis, quitta la pièce pour s’enfermer dans la salle de bain. Isshin se leva à son tour et éteignit le radioréveil. Après s’être étiré brièvement, il gagna la cuisine où il prépara le café. C’était la première fois qu’il le faisait depuis… une éternité. Pendant qu’il mesurait les cuillères, il essayait de rassembler ses souvenirs. Peut-être depuis Mazaki… au début de leurs relations… Alors qu’ils étaient étudiants. Ça faisait vraiment un bail !

 

Après, le chirurgien fouilla dans les placards et découvrit des toasts, de la confiture. Il sortit une poêle et prépara des œufs sur le plat. C’était le minimum syndical qu’il savait faire en cuisine. Lorsque Shuusuke entra dans la cuisine, il s’arrêta net sur le seuil. Isshin, la chemise ouverte, les manches retroussées, fronçant les sourcils sur sa poêle et la table du petit déjeuner prête.

 

Lorsque le chirurgien se tourna vers lui, son expression se modifia

 

« Tu as bien le temps de prendre une tasse de café ? »

 

Shuusuke jeta un bref coup d’œil à sa montre et marmonna

 

« Je prendrai ma voiture… J’aurai le temps de manger avec toi… »

 

Isshin sourit et dans un geste preste posa les œufs sur le plat dans les assiettes. Amagai s’assit et contempla son assiette. Les œufs lui parurent un peu secs mais, non cramé.

 

« Profite, c’est la seule chose que je sache cuisiner. Je ne suis pas sur d’avoir réussit à faire le café…

—    Oh, ça ira très bien… » Rétorqua chaleureusement Shuusuke qui ne s’y attendait pas du tout.

 

Isshin le rejoignit à table et soupira en voyant son assiette.

 

« Il va falloir que je m’améliore ! Je n’ai pas envie que se soit toi qui fasse toujours à manger…

—    Mais, j’aime ça ! coupa l’urgentiste. Isshin, j’apprécie ce petit déjeuner mais, sache que j’ai toujours adoré faire à manger pour les autres et en particulier, s’il s’agit de la personne que j’aime alors… ne t’inquiète pas pour cela.

 

Isshin sourit et se pencha au-dessus de la petite table et embrassa Shuusuke. Ce dernier eut une vue plongeante sur le buste d’Isshin et sa respiration en fut coupée. Il fit un effort surhumain pour ne pas plongé ses doigts dans l’échancrure, certain, qu’il n’irait jamais travailler. Troublé au possible, Shuusuke attrapa ses baguettes et se prit une portion d’œuf qu’il mangea pour camoufler son émoi.

 

Le chirurgien s’installa à nouveau sur son siège, faisant comme s’il n’avait pas vu l’émotion évidente chez son vis-à-vis. Shuusuke mangea en silence.

 

« Tu sais… Je n’ai pas l’intention de t’envahir…

—    Cela… n’a pas d’importance pour moi… Si tu te sens bien ici… en attendant, ton bateau… »

 

Isshin sourit et Amagai demanda

 

« Tu as réussit à trouver une place pour ton bateau ? Et à t’occuper de l’administratif ?

—    Oh… pour ce qui de la place, je suis mis sur liste d’attente… et je n’ai pas encore eut le temps de terminer ce que je devais faire. Comme Ichigo m’avait téléphoné pour m’occuper de Tomatsu… je suis rentré directement à la maison. » Isshin grimaça et déclara songeur. « Inutile pour moi de compter tout ça rapidement. J’y retournerai en fin de semaine. Peut-être que tu seras libre ? Interrogea le chirurgien avec espoir.

—    Mes jours de congés vont tomber mardi et mercredi…

—    Oh… Je ne verrai pas quand je rentrerai alors ?

—    Non… »

 

Isshin soupira visiblement déçut. Il joua avec ses œufs. Shuusuke se redressa et se dirigea vers un petit placard où il rangeait ses clefs pour prendre celle de sa voiture. Il se tourna ensuite vers l’homme qui s’était redressé. Shuusuke se dirigea vers lui et posa ses mains sur le buste solide d’Isshin qui posa son front contre celui de l’urgentiste.

 

« Tu as toujours la possibilité de franchir ma porte quand tu le souhaites… Tu me manqueras… » Souffla Shuusuke.

 

Isshin enlaça son amant. Ce dernier attira son visage au sien et l’embrassa. Isshin répondit à l’étreinte. Les doigts d’Amagai caressaient doucement le tissu de la chemise. Le chirurgien était troublé par ses mains qui le cherchaient sans cesse. Isshin resserra l’étreinte autour d’Amagai profitant encore de sa chaleur. Il laissa Shuusuke le dominer, éprouvant du plaisir à se soumettre à son compagnon.

 

Lorsque les deux hommes se détachèrent, ils se scrutaient gravement.

 

« Je m’arrangerai pour te voir mardi… »

 

Shuusuke sourit et s’éloigna. Il était bouleversé et ses jambes n’allaient pas le mener très loin s’il restait auprès de Kurosaki.

 

« Je t’attendrai avec impatience… »

 

Amagai se dirigea vers le couloir et ouvrit la porte d’entrée. Il lança derrière son épaule, son regard en biais comme pour mieux graver la silhouette appuyer contre le montant de la porte de la cuisine. Isshin était beau et diablement sexy.

 

« Ferme bien derrière toi… et reste autant que tu le souhaites… »

 

Shuusuke disparut rapidement. Isshin resta un long moment le regard posé sur la porte. Il était saisit. Il avait clairement ressentis du désir pour Shuusuke quelques minutes plus tôt. Jusqu’à présent, c’était la présence d’Amagai qui exerçait sur lui une fascination. Il l’aimait… mais, le désir physique n’avait jamais été clairement exprimé. Cette fois-ci, lors du dernier baiser échangé, Isshin aurait plaqué Shuusuke contre le mur et exigé plus. L’homme se détourna et termina ses œufs.

 

Plus tard après avoir prit une douche, il s’installa devant la télé. Il posa son portable sur le Kotastu. Ce dernier affichait le message de Karin qui demandait où il était passé. Isshin estima qu’il n’avait pas besoin de lui répondre. Hier, il lui avait signifié qu’il ne serait pas là… Le chirurgien termina sa partie tranquillement.

 

°°0°0°°

 

La route qui le ramenait chez lui, lui semblait trop courte. Isshin n’avait aucune envie de rentrer pour la première fois de sa vie chez lui. Pourquoi se sentiment de malaise ? Lorsque son véhicule franchit le double portail il gara sa voiture, à côté de celle de son fils. A peine posa-t-il le pied au sol qu’une petite fille tomba dans ses bras en criant.

 

« Papy Isshin ! Tu es enfin là… Tu m’as manqué… Tata Karin dit du mal de toi… Souffla la gamine de neuf ans à Isshin ans le creux de son oreille.

 

Isshin avait prit l’enfant dans ses bras. Il éclata de rire et il murmura

 

« Tu crois qu’elle est en colère après moi ?

—    Beaucoup à mon avis ! Mais… Tonton Kisuke lui a dit de se mêler de ses affaires. J’aime bien tonton Kisuke.

—    Moi aussi ma mignonne. Ta mère va bien ?

—    Oui… elle essaye de calmer Karin pour qu’elle ne dispute pas Tonton Kisuke et Ichigo.

—    Pourquoi Ichigo ?

—    Parce qu’il a prit la défense de tonton Kisuke et elle l’a traité de « sale gay ! ».

—    Oh… C’est vilain…

—    Oui… je suis d’accord. » Répondit Tia avec un grand sourire. « Moi, je les aime bien tous mes tontons… et puis, on n’est pas une famille comme tout le monde comme ça ! Dit… on pourrait aller au parc d’attraction ce week-end ?

—    Papa ! Fit la voix cassante de Karin.

—    Aille… ça va être à ton tour, papy… »

 

Isshin traversa la cour pour rejoindre sa fille qui semblait pâle.

 

« Tu es malade Karin ?

—    Non pas du tout ! Mon père était censé rentrer hier soir, et il rentre à… » Elle jeta un coup d’œil à sa montre et repris « presque midi ! Je me suis fais du souci, figure-toi ! »

—    Laisse mon frère agir comme il le veut… » Rétorqua Kisuke en saluant son frère. « Alors, tu t’encanailles Isshin ?

—    J’ai besoin d’air !

—    Je te comprends… Tu t’es trouvé quelqu’un on dirait bien. Se moqua avec malice le blond.

 

Isshin répliqua

 

« Et pourquoi pas ? »

 

Karin, Kisuke et Yuzu et Ichigo qui étaient venu les rejoindre, tous se figèrent.

 

« Attend… tu as quelqu’un dans ta vie ? Demanda Karin tombant des nues.

—    Je n’avais pas l’intention de vous en parler… Mais, comme tu sembles vouloir me pister comme un préadolescent. Je te préviens seulement qu’il y a quelqu’un dans ma vie. Mais, vous n’en saurez pas plus…

—    Comment ça on en saura pas plus ? » Souffla Karin.

—    Cela ne nous regarde pas. » Répondit Yuzu. « Je suis contente pour toi papa, si tu es heureux avec elle.

—    Très, Yuzu… » Sourit Isshin.

 

Tous restèrent figés sur place par la nouvelle. Isshin embrassa sa seconde jumelle et eut une courte étreinte. Kisuke fut le premier à se reprendre.

 

« Attend Isshin… tu nous annonces ça comme ça… mais…

—    N’est-ce pas normal ? » Demanda Isshin en se tournant vers le commerçant.

—    Non… en fait, je dirai « enfin ! ». Kami-sama… il a enfin entendu mes prières !

—    Ça ne m’étonne plus alors… » Répliqua Isshin en foudroyant son frère du regard.

—    Quoi ? Qu’est ce que j’ai encore fait ? » S’étonna Kisuke.

—    Je trouve que tes prières ont été un peu trop… ardentes ! » Marmonna le chirurgien énigmatique en rentrant chez lui.

 

Tous se regardèrent perplexes et suivirent le médecin qui salua Grimmjow et Byakuya qui eux, allaient les rejoindre avec Tomatsu. Le gamin s’échappa de la poigne de son père pour se jeter dans les bras d’Isshin qui l’accueillit avec plaisir. Il le souleva alors, que Kisuke marmonnait derrière lui.

 

« Tu peux m’expliquer ce à quoi tu m’accuses encore ?

—    Rien… je suis heureux, c’est tout… »

 

Isshin sourit chaleureusement à son frère et traversa les couloirs sous les yeux ébahit de la famille qui les rejoignait.

 

« Vous êtes venu au grand complet ? S’étonna Isshin.

—    Ichigo voulait nous voir pour régler quelques comptes. » Répliqua Chomei en haussant les épaules.

—    Salut papy ! » S’exclama Koichi en rejoignant Isshin. « T’es prêt à te prendre une raclée alors ? » Fit avec un sourire carnassier le jeune homme.

—    Ne vend pas la peau de l’ours Koichi… Sourit Isshin.

—    Tu m’as l’air sûr de toi… » Répondit suffisant l’adolescent.  « J’aime ça chez un homme ! »

 

Karin frappa son fils sur le sommet du crâne.

 

« Ne parle pas comme ça à ton grand-père tu lui dois le respect.

—    Laisse-le… il me présentera ses respects quand je serai mort… Je me charge de le remettre à sa place tout à l’heure !

—    Insolent ! Répliqua Koichi moqueur.

—    C’est ce que nous verrons. »

 

Kisuke, Grimmjow, Ichigo, Byakuya, Yuzu observaient la scène comme ahuris. S’était-il passé quelque chose durant ses derniers jours ? Qui avait remplacé l’Isshin renfrogné, taciturne et inabordable, par cet homme jovial et sûr de lui et surtout souriant ?

 

« Tu sais qui est sa petite amie ? Interrogea Yuzu à Ichigo.

—    Aucune idée… Souffla ce dernier stupéfait.

—    Et bien… y’a de sacrés changements. » Marmonna Grimmjow.

—    Quand je vous disais que papa avait changé ! Personne ne voulait me croire et…

—    Ce n’est pas comme s’il faisait quelque chose d’illicites. » Termina Yuzu.  « Après tout, je me suis toujours demandé pourquoi, il n’y avait personne qui rentrait dans sa vie. Moi, ça me rassure. Il n’est plus seul…

—    Et si… Elle en voulait à son argent ? Et si… elle lui faisait tournée la tête au point où il ferait n’importe quoi ? Et si…

—    C’était un homme ? » Fit remarquer calmement Byakuya.

 

Tous se tournèrent comme un seul homme vers l’architecte qui se dirigeait vers sa place. Les autres se jetèrent un regard et d’un seul homme répondirent.

 

« Nooonnnn ! 

—    Et pourquoi pas ? » Fit le noble en s’asseyant.

 

Ichigo gagna sa nouvelle place mal à l’aise. Son père ayant prit la place qu’occupait anciennement Yamamoto. Le roux observa son amant et déclara entre ses dents.

 

« Arrête de raconter n’importe quoi ! Tu imagines mon père avec un homme ?

—    Tu nous imaginais nous… avec un homme ? »  Répondit calmement Byakuya.

 

Son regard avait glissé vers Isshin et il intercepta ceux du reste de la famille proche d’Isshin qui avait entendu sa réflexion. Tous étaient interrogatifs et… dégouté. Byakuya reporta son regard sur le chirurgien qui discutait de manière animée avec ses voisins de table. Ce dernier ne s’était pas rendu compte de l’agitation qui régnait autour de lui.

 

Byakuya trouva son beau-père plutôt sexy pour son âge. Il n’était pas son genre mais, possédait un charme certain. Il imaginait très bien les femmes qui pouvaient être attiré par lui… quand aux hommes, même si Isshin était plutôt un homophobe convaincu… à une certaine période, cela faisait belle lurette qu’il avait abandonné ses discours et se comportait avec les hommes de manière beaucoup plus amicale. Les relations entre son frère et son fils s’étaient nettement réchauffés aux cours des années.

 

Ce qui était certain pour le noble à présent, c’est qu’Isshin semblait s’être ouvert vers l’extérieur. Lui qui avait pensé qu’il se refermerait sur lui-même après que son poste de chirurgien lui ai été retiré, sa fonction de chef de clan… au lieu de cela, Kurosaki semblait s’épanouir dans sa nouvelle vie au point de tomber amoureux. Byakuya était très curieux de voir quel genre de personne pouvait être le béguin d’Isshin.

 

Kisuke observa la table et tint conversation avec ses voisins de table. Grimmjow était plutôt taciturne ses derniers temps. En fait, Il semblait sur le point de s’écrouler de fatigue. Sous la table, ce dernier avait glissé sa main dans la sienne. S’ils avaient été seuls, Kisuke en aurait profité pour glisser entre ses bras mais… ils n’étaient pas seuls à sa grande déception. Son attention se reporta sur Isshin de l’autre côté de la table. Le commerçant était sincèrement heureux que son frère annonce enfin qu’il avait trouvé quelqu’un dans sa vie.

 

Pendant quelques instants, il essaya de regrouper les relations de son frère. Et il s’aperçut stupéfait qu’à par Ishida, il ne connaissait rien sur l’entourage d’Isshin. Il y avait la famille certes… mais, Isshin n’était pas du genre à faire dans les relations familiales. Par contre, à son travail… et ça, Kisuke y mettrait sa main au feu qu’il s’agissait de quelqu’un qui travaillait pour lui, nombres de nouveaux médecins, infirmières et autres personnels administratifs s’y trouvaient et en masse. Isshin n’avait pas le temps de fréquenter les soirées et des lieux publics… enfin, pas dernièrement. Kisuke resta perplexe. Il essaya d’imaginer un tas d’hypothèses mais, il restait sur sa faim.

 

Grimmjow observait Kisuke du coin de l’œil. Il voyait bien que son attention se concentrait sur son frère. Un sourire apparut sur le coin de ses lèvres. Cela devait le ronger de ne pas savoir qui pouvait être « la mystérieuse petite amie d’Isshin ! ». Lui s’en moquait. Quelque part, il gardait des séquelles des premiers mois de sa rencontre avec ce type. Il ne le détestait plus… mais, Grimmjow n’éprouvait pas de tendresses particulières non plus.  Il avait blessé trop souvent Kisuke pour qu’il puisse tout oublier.

 

En songeant à son amant, Grimmjow resserra l’étreinte autour des doigts de Kisuke. Ce dernier se tourna surpris vers lui. L’infirmier adressa un doux sourire à sa moitié où il vit briller une lueur de désir. Ce n’était pas forcément physique et ça il avait appris à reconnaitre les expressions du commerçant… C’était sa façon à lui de montrer l’intérêt qu’il lui portait. Et pour son plus grand plaisir, Grimmjow était le seul chez qui, il provoquait une telle réaction.

 

Assommé de devoir présider la table, Ichigo chipota la nourriture. Il songeait aux paroles de son père. Bien qu’il  souhaitait depuis longtemps qu’Isshin termine son célibat, il n’arrivait pas à se remettre de son choc. Son regard glissait vers son père et il se remémora les paroles de Byakuya. Il tenta d’imaginer Isshin avec un homme. Il grimaça. Ce n’était pas tant que son père puisse être avec un homme, chose inimaginable pour lui… vu le passé de son père, c’était surtout que son père ne pouvait pas être « gay » ! C’était son père…

 

Ichigo fut vite énervé par ses propres raisonnements qui ne lui semblaient pas très rationnels. Après tout… Isshin avait du se faire à l’idée que son fils le soit ! Et puis, Byakuya racontait n’importe quoi ! Cela devait être une femme… Quoique l’option, ne l’enchantait pas plus que cela non plus. Ichigo suspendit son geste, qui consistait à mettre un sushi à sa bouche. En fait, que se soit un homme ou une femme… Ichigo ne le concevait pas.

 

Le nouveau chef de clan se traita de crétin et avala sa bouchée. Il n’allait pas empêcher son père de vivre une relation et puis tant pis… quelle qu’elle soit ! Certes, son père lui en avait fait baver… Mais, Isshin donnait beaucoup de son temps depuis quelques années. Leurs relations n’ont jamais été meilleures qu’à présent. Et puis, son père avait soixante ans… Ichigo trouva brutalement qu’il s’embrouillait dans ses propres explications et décida d’abandonner. De toute façon, il aurait bientôt des choses plus importantes à régler.

 

C’est avec curiosité que Yuzu observait sa famille. Tous semblaient profondément perturbés par la venue brutale d’une nouvelle femme dans la vie d’Isshin. Pour elle, c’était la concrétisation de longues prières. Elle avait demandé une femme ou un homme mais, pourvu que son père ne soit plus seul. Elle avait entendu la réflexion de Byakuya plus tôt. Ichigo semblait croire que cela fut impossible… quoique pour elle aussi mais… après tout, que son frère soit avec un autre homme ne lui avait jamais effleuré l’esprit jusqu’à ce qu’elle rencontre Byakuya. Elle en profiterait pour discuter plus tranquillement avec son père avant son départ du lendemain.

 

Koichi discutait avec sa mère. Il la trouva plus fermé qu’à l’ordinaire. Son attitude l’agaçait grandement. Une chance que son grand-père soit à côté de lui pour lui changer les idées… et surtout, il remerciait les puissances supérieures qui lui permettaient de vivre avec Isshin et pas seul avec sa sœur et sa mère dans le même appartement. Ici, il allait pouvoir respirer et vivre avec quelques hommes.

 

Son regard vogua sur Ichigo et Byakuya puis sur, Kisuke et Grimmjow. C’était sur que les hommes dans le clan Kurosaki, ils étaient en surnombre. Lui s’en moquait éperdument… ce qui le ramena à sa mère… Cette dernière surveillait ses fréquentations et essayait de connaître ses préférences sexuelles. Cela amusait Koichi de faire douter sa mère. Il n’irait pas vers un mec naturellement mais, il se sentait « open ». Alors, il verrait avec l’âge.

 

Karin mangea du bout des lèvres. L’annonce de son père était comme un coup de tonnerre. Elle allait avoir une belle-mère ! A quoi ressemblait-elle ? Etait-elle de bonne famille ? Que voulait-elle à son père ? Qu’avait-elle déjà fait à son père ? Pourquoi tout le monde se moquait du sort d’Isshin ? Et quand à la réflexion sur les préférences sexuelles de son père, elle préféra l’écarter fermement. Son père n’était pas gay ! Et si, c’était effectivement un homme… elle se chargerait de faire interrompre cette relation contre-nature. Homme ou femme, elle mettrait son grain de sel dans les relations de son père et ça… qu’il le veuille ou pas !

 

°°0°0°°

 

Des hurlements et des jurons se firent entendre dans le salon du clan Kurosaki. Koichi poussa brutalement le fusuma et se cogna sur Karin et Yuzu qui venaient intriguées par le tintamarre que faisait l’adolescent.

 

« Que se passe-t-il encore ?

—    Papy Isshin… il est fort !

—    Tu en doutais ? Sourit Yuzu.

—    Nan mais, il ne savait pas tenir une manette de jeux soi-disant !

—    Il t’a battu ? S’étonna Karin.

—    Nan… mais, il s’en est fallu de peu ! Y’en a pas beaucoup qui peuvent se venter de me tenir la dragée haute. Papy a tout mon respect, mais merde !

—    Koichi !

—    Ah… ça méritait un juron… » Se défendit l’adolescent.

—    Je suis plutôt content de ne pas m’être ridiculiser… sourit Isshin derrière le jeune homme.

—    Ne rit pas trop vite… Marmonna Koichi. Je vais encore m’entrainer et là, je te ridiculiserai !

—    Mais avant cela… Tu vas venir avec moi ! Nous avons rendez-vous avec ton nouveau directeur d’école…

—    Et pourquoi t’n’es pas sur le dos d’Ayame ?

—    Parce que ta sœur n’a pas fait sa tête de mule hier !

—    Tss ! Il n’y en a que pour elle !

—    Allez suis-moi ! »

 

Malgré lui, Koichi suivit Karin et se promit de remédier à ses compétences très prochainement. Isshin rit doucement et s’arrêta en rencontrant le doux regard de Yuzu. Isshin déglutit. Il était tellement proche de celui de son ex-femme qu’il avait un mal fou à ne pas croire que le fantôme de Mazaki n’était pas devant lui.

 

« J’ai envie de marcher… Tu m’accompagnes papa ?

—    Si tu le veux… »

 

Isshin emboita le pas de sa fille qui glissa une main à son coude. Isshin respira doucement en songeant que sa femme avait les mêmes techniques que sa défunte femme pour le faire parler. Mais, Yuzu n’était pas Mazaki et Yuzu était certainement la personne la plus compréhensive que cette planète puisse porter.

 

Ils marchèrent un long moment en silence. Chacun plongé dans leurs pensées. L’air était froid encore. La fin de janvier sonnait le glas. Pourtant, la petite bise persistait. Les arbres semblaient encore morts. Ils ne portaient pas encore les bourgeons prometteurs d’une future saison plus propice à la floraison. Le silence était brisé par les croassements des corbeaux et le balancement des branches d’arbres qui s’entrechoquaient sous le vent. Yuzu demanda

 

« Tu es heureux papa ?

—    Pourquoi cette question ? S’étonna Isshin.

—    Et bien… Ils n’ont pas beaucoup demandé ton avis dernièrement… Se ne sont pas tes choix personnels…

—    Je t’avoue qu’au début… je l’ai mal pris mais à présent, je compte mettre le temps qu’il m’est accordé pour vivre un peu. J’ai beaucoup de projets tu sais…

—    Pas dangereux ? Interrogea un peu inquiet malgré tout Yuzu.

—    Non pas vraiment…  Enfin, si on considère que vivre un peu pour soi, soit dangereux ou pas… »

 

Yuzu laissa échapper un soupir et secoua la tête. Un sourire effleurait ses lèvres.

 

« Je suis contente finalement, si tout s’arrange… On rentre à la maison ?

—    Yuzu… » Commença Isshin mal à l’aise.

 

La jeune femme s’arrêta et observa son père interrogatif. Isshin s’était promis de n’en parler à personne mais, il avait besoin d’avoir un confident. Et contre toute attente, le chirurgien se sentait proche de sa fille. Ou peut-être que son apparence lui faisait sentir le besoin d’avoir l’approbation de sa fille ? Il ne l’aurait pas des autres et il le savait…  Son comportement déplorable ses dernières années l’empêchait de toute façon, toute planche de salut.

 

« La personne… la personne dont je suis amoureux… Je…

 

Voyant Isshin indécis, Yuzu posa une main sur le bras de son père pour l’apaiser.

 

« Tu sais… pour moi, tu n’as pas besoin de justifier ce choix.

—    J’ai besoin d’en parler ! » Souffla Isshin. « Au moins à une personne de confiance… »

 

Yuzu haussa un sourcil.

 

« Je ne vois pas ce qui t’empêcherait d’en parler aux autres…

—    Même s’il s’agit d’un homme ? »

 

Yuzu ouvrit la mâchoire de stupéfaction. Son père paraissait tout à fait sérieux. Son cœur s’emballa soudainement. Entre l’imaginé et la réalité, c’était un monde. Yuzu ne su quoi dire. Isshin reprit.

 

« Yuzu… Je ne sais pas moi-même ce qui est en train de m’arriver. Ça m’est tombé dessus comme ça. Je ne m’y attendais pas. Je pensais seulement qu’il s’agissait d’un ami mais, c’est plus que cela… Il est…

—    Il t’aime ? » Demanda Yuzu qui reprenait enfin un peu de voix.

—    Oui… beaucoup. » Ajouta Isshin avec un sourire attendrit. « Je n’ai jamais ressentit cela auparavant. Attention, j’aimais ta mère… mais, avec lui, c’est complètement différent. Le contexte et ma vie d’aujourd’hui y sont certainement pour beaucoup…

—    Et tu as accepté cela ? » Demanda toujours Yuzu sous le choc.

—    Oui… Yuzu… Je n’en ai parlé à personne, mais… je suis suivit médicalement par Kyouraku depuis quelques temps déjà. L’alerte de la dernière fois… se n’est pas forcément dû qu’à un coup de froid et à de la fatigue…

—    Que veux-tu dire ? S’inquiéta la jeune femme.

—    Il me reste au grand maximum dix ans à vivre… Enfin, ça c’est les prévisions les plus optimistes que Shunsui m’a donné…

—    Et les plus pessimistes ?

—    Moins de cinq…

—    Mais… tu as l’air si bien…

—    Je me sens très bien ! » Affirma Isshin. « Enfin, surtout depuis que j’ai arrêté toutes mes responsabilités et… depuis que Shuusuke est entré dans ma vie…

—    Il… il fait quoi dans la vie ?

—    Cardiologue !

—    Au moins, il sera quoi faire ! » Répliqua Yuzu. « Papa… Pourquoi n’en parles-tu pas à Karin ? Et…

—    Parce que ta sœur va m’enfermer à double tour… Ichigo a beaucoup de responsabilités et Kisuke… j’aime mon frère. Mais, tu vois comment il est… Kisuke s’inquiéterait pour moi et passerait son temps avec moi. Je sais que toi… tu prendras les choses avec du recul.

—    Pourtant, tu devrais leur en parler…

—    Je le ferai mais pas maintenant…. Ma relation avec Shuusuke est trop « neuve ». Je n’ai pas envie qu’on lui mette la pression. Et puis… je veux vivre normalement… »

 

Yuzu observa son père un instant, avant de glisser dans ses bras. Les larmes brillaient au fond de ses yeux.

 

« Je n’ai pas envie que tu partes…. Pour moi, tu es comme un roc. Tu ne peux pas partir…

—    Je suis là et bien là, Yuzu…

—    Ce… Shuusuke, sait pour toi ?

—    Je lui ai très vaguement parlé. Je voulais qu’il puisse faire un choix. Qu’il sache que je ne resterai que brièvement à ses côtés…

—    Il a… Le même âge que toi ? Interrogea Yuzu.

—    Non… plus jeune. Il a presque l’âge d’Ichigo.

—    Kami-sama… et il t’aime ?

—    Oui… profondément et sincèrement. Si tu voyais son regard… » Souffla Isshin ému.

—    Tu sais… il m’a fallu accuser le choc de l’annonce mais, j’aurai accepté ta relation. De savoir qu’il te reste peu de temps, me pousse encore plus à ce que tu suives cet homme. S’il peut te rendre heureux. Quel mal y a-t-il à cela ? Même si j’ai du mal à t’imaginer avec un homme… Si je m’attendais à cela… » Souffla Yuzu.

—    Et moi donc… » Marmonna Isshin.

 

Pourtant, Yuzu vit un sourire sur les lèvres de son père. Elle se hissa sur la pointe des pieds et embrassa la joue d’Isshin.

 

« Je t’aime papa… et je vais prier pour que ce Shuusuke te garde en vie le plus longtemps possible… »

 

Isshin enlaça sa fille et murmura contre ses cheveux.

 

« Je suis heureux que tu ne m’empêches pas de vivre cette relation…

—    Papa… autant que tu vives une vie heureuse à présent ? Non ? Combien de fois, je t’ai vu seul et malheureux alors que tous autour de toi, non pas arrêté d’abuser de ta gentillesse…

—    Je vais finir par croire que je suis une guimauve…

—    Papa ! » Et Yuzu se recula. « Combien de membres de la famille as-tu sortie de l’embarras ? A qui as-tu refusé ton aide ? Même si tu désapprouves les relations comme Ichigo et Byakuya, tu n’as pas été aussi obtus que certains hommes lorsque ton fils en a eu besoin. Personne dans cette famille ne s’est rendu compte que derrière tes façades bourrues, tu étais un homme avec le cœur sur la main. Je t’ai vu soigner les gens, et j’ai vu aussi… même si j’étais petite… le regard que tu posais sur maman. Je m’en souviens encore… J’ai toujours vu cette souffrance silencieuse dans tes yeux. »

 

Isshin resta sans voix. Jamais, il n’avait pensé que sa fille où qui que ce soit, s’était aperçut de sa détresse.

 

« Tu sais papa… tu le cachais bien… Et puis, il est plus facile d’accepter une évidence que de chercher à creuser le pourquoi des choses. Quoiqu’il en soit… je ne dirai rien à personne. Si c’est ton souhait. Mais, je pense qu’un jour ou l’autre, tu devras en parler.

—    Pas pour l’instant…  Répondit Isshin.

—    Peut-être mais, sache que je serai là, à tes côtés quand tu seras prêt…

—    Merci Yuzu… 

—    On rentre à la maison ? Il commence à faire froid… »

 

Yuzu et Isshin reprirent leur marche lentement. Isshin parla de choses et d’autres et Yuzu souriait comme à son habitude. Pourtant, elle avait glissé sa main dans la poche de son père pour étreindre ses doigts qu’elle serrait fortement. La relation de son père, elle s’en moquait… par contre, elle n’était pas prête à le voir partir… dans cinq ou même dix ans…

 

 

Chapitre 11

L’appartement était plutôt calme. Le seul bruit audible était la télévision, qui repassait sans cesse la musique d’un jeu vidéo abandonné. Les lumières de la ville inondaient, l’appartement qui était faiblement éclairé par l’écran plasma. Assoupis sur le canapé Amagai récupérait d’une journée harassante. Lorsque la porte d’entrée s’ouvrit doucement, l’urgentiste ne l’entendit pas.

 

Isshin fut surpris de trouver l’appartement vide. Il traversa le hall, puis la cuisine… et ne découvrit personne. Il allait quitter les lieux quand il remarqua une faible lueur provenant du salon. Le chirurgien traversa la pièce et vit l’urgentiste endormis. Un des bras d’Amagai cachait en partie son visage. L’autre reposait sur son ventre, se soulevant au rythme de sa respiration calme.

 

Jetant un bref coup d’œil à sa montre, Isshin constata qu’il était tard. Il n’avait pas mangé et… il n’était pas sûr que l’urgentiste en ai fait de même. Attrapant son portable, Isshin appela un traiteur en se réfugiant dans la cuisine. Lorsqu’il raccrocha, Kurosaki rejoignit le salon. Il observa quelques minutes le médecin épuisé qui récupérait de sa journée.

 

Cela faisait un peu plus d’une semaine qu’ils ne s’étaient vus. Trop occupé chacun pour pouvoir s’arranger un rendez-vous. Isshin avait abandonné l’idée de regagner sa maison. Il avait décidé de rester près d’Amagai. Surtout qu’il avait vu l’urgentiste en compagnie de Kyouraku. L’attitude nonchalante, le sourire que les deux hommes avaient affecté avait agacé Isshin. Se fut un choc pour lui de se découvrir jaloux.  Comment ne pas l’être quand, ils n’arrivaient pas à se croiser en étant dans le même milieu ? A peine à quelques mètres et pourtant si loin…

 

Isshin attrapa la manette et continua la partie de Shuusuke. Le chirurgien apprécia le calme de l’appartement. Il s’y sentait comme chez lui. C’était plutôt moderne et pourtant confortable. Concentré sur la phase de jeu, il ne vit pas Amagai ouvrir les yeux.

 

Shuusuke se réveilla déranger par quelque chose dont il n’arrivait pas à définir l’origine. Quand ses yeux virent la silhouette de Kurosaki assis sur le sol, une manette de jeu à la main, son cœur bondit de joie. Le médecin avait fait tomber la veste et remonté ses bras de chemise. Une certaine émotion gagna l’urgentiste. Il ne l’avait pas entendu entrer. Neuf jours qu’ils ne s’étaient pas « vu ». Juste entraperçut dans les couloirs et encore, songea Amagai, soit de dos ou de profil. Isshin paraissait terriblement occupé.

 

Il se redressa sans bruit, et glissa sur le sol pour enlacer les épaules du chirurgien qui ne broncha même pas.

 

« Je t’ai réveillé ?

—    Non pas vraiment… »

 

Isshin lâcha son jeu et se tourna vers Shuusuke, son expression était grave. Isshin glissa sa main sur la joue rêche de l’urgentiste qui ferma les yeux sous la caresse. Le chirurgien attira à lui le visage de son amant et l’embrassa. Amagai répondit à l’attente qui grimpait entre eux inexorablement. Isshin explorait la bouche qui lui avait terriblement manquée. Il chercha la langue qui le combattit pour la dominance. Amagai pétrissait les muscles puissants qui tendaient la chemise de Kurosaki.

 

Un bruit d’interphone vint interrompre le baiser, charger de désir. Ils se regardèrent surpris, chacun reprenant pied dans la réalité.

 

« Qu’est… » Commença Amagai surpris.

—    J’ai commandé au traiteur… j’ai pensé que tu n’avais pas mangé… comme moi !

—    J’ai l’estomac vide…

—    Bien ! » Sourit Isshin qui se redressa pour aller ouvrir la porte.

 

Amagai resta à genoux frustré de cette interruption malencontreuse. Il avait attendu l’instant, pendant plus d’une semaine. Il jura et rejoignit Isshin qui payait le coursier.

 

« Tu as commandé ?

—    Des sushis… et j’ai remarqué que tu aimais bien les desserts alors j’ai demandé qu’il ajoute des Yuukan[i]

—    Ah… cela ne t’as pas échappé ? Fit Shuusuke en se grattant la tête légèrement gêné.

—    Non… j’ai remarqué que peut de choses m’échappait quand il s’agit de toi. » Rétorqua Isshin en souriant. « Viens… je meurs de faim… »

 

Ils s’installèrent dans le salon autour de la table basse. Amagai avait changé la chaine de télévision pour suivre les informations. L’homme avait l’impression qu’ils vivaient ensemble depuis des mois pourtant… Ce n’était que la deuxième fois qu’ils étaient tous les deux chez lui. Isshin avait sortit les deux plateaux. Puis, sortit du plastique deux canettes de bières et lui en tendit une.

 

« Rien de tel pour se détendre d’une rude journée… n’est-ce-pas Amagai-san ?

—    J’en suis presqu’au point de demander ma mutation prochainement au service cardiologique.

—    Ah… » Déclara Isshin qui revoyait Amagai et Kyouraku.

—    Je ne sais pas ce qui se passe actuellement mais, notre service est débordé et de plus en plus depuis presque deux mois. Au début… j’arrivais à suivre mais… j’avoue que cela devient compliqué…

—    Je t’avoue que je ne connais pas la politique de Ryuuken… Il refuse de me tenir au courant pour l’instant de l’évolution de ses recrutements. Pourtant, je suis sur qu’il est débordé. L’imbécile…

—    Tu n’es pas toi-même occupé ?

—    Si… le chantier prend du retard ! Et cette foutue administration qui à égarer certains papiers… Et puis… je ne m’étais pas rendu compte que Ryuuken avait autant de boulot administratif avant… J’ai toujours l’impression de rencontrer la mère fouettarde en rencontrant mon assistante lorsqu’elle se tient comme un piquet à côté de mon bureau avec une pile de dossiers. Ces foutues piles qui refusent désespérément de descendre.

—    Je te plains… Sourit Amagai.

—    Moque-toi… Je ne supporte pas de voir un travail non finit. Et j’ai cette impression des que je rentre dans mon bureau… Cela me stress et…

—    Pas de stress… Et si nous changions de conversation ?

—    Ahhh… J’aurai aimé me plaindre un peu et me faire… dorloter… Sourit Isshin narquois.

—    Oh… tu as besoin de cela ? D’une oreille attentive ? »

 

Amagai s’était approché d’Isshin et souffla contre son oreille d’une voix rauque.

 

« Comme cela ? »

 

Sa langue remonta le lobe de l’oreille de Kurosaki qui s’était figé de surprise, pour finalement se détendre.

 

« Oui… on peut voir ça comme ça… » Souffla Isshin.

 

Les mains d’Amagai remontaient le tissu de la chemise, caressant au passage les pectoraux bien dessiné de l’homme. Isshin laissa échapper un petit soupir de contentement, les doigts de son partenaire s’attardaient à présent sur un nœud d’angoisse qu’il avait développé sur les épaules. Le souffle chaud de Shuusuke caressait sa nuque, alors que l’homme glissait entre ses jambes. Leurs bustes s’effleuraient par intermittence.

 

« C’est bon là… Shuusuke… » Déclara d’une lascive Isshin qui fermait les yeux.

 

Shuusuke mordilla le lobe d’oreille d’Isshin qui se laissait complètement faire à ses attentions à mi-chemin entre un massage et des caresses pas si innocentes. La bouche de Shuusuke remontait la mâchoire d’Isshin. La barbe de trois jours lui piquait la langue mais, l’urgentiste n’en avait cure. Il désirait le chirurgien. L’absence lui avait semblait interminable. Lorsque ses lèvres frôlèrent celle de son amant, ce dernier ouvrit les yeux.

 

Ce qu’il lu dans le regard de Kurosaki, réchauffa Amagai de l’intérieur. Kami-sama, comme il aimait cet homme. Ses mains remontèrent derrière la nuque d’Isshin et ses doigts s’enfouirent dans les mèches courtes, son buste reposait à présent sur celui de Kurosaki. Leurs respirations, soulevaient leurs poitrines à l’unisson.

 

Le regard plongé dans celui de l’autre, Amagai accroché aux épaules d’Isshin et ce dernier enroulant ses bras autour de la taille de l’urgentiste. Shuusuke se pencha sur Isshin et chuchota sur ses lèvres.

 

« Tu m’as terriblement manqué… et nos textos, comme nos appels… m’ont fait cruellement sentir combien j’avais besoin de te voir, de te toucher… de sentir ton parfum… Je ne sais pas ce que tu m’as fait… où ce qui s’est produit entre nous… »

 

Isshin fit glisser Shuusuke contre lui, le mettant à sa hauteur. Lentement, il le fit basculer sur le sol couvert de tatamis. Isshin ne répondait pas. Il se contentait d’observer ému, l’homme qu’il aimait. Il prit la main d’Amagai et la posa sur son cœur. Shuusuke sentit sa gorge se nouer. Le rythme cardiaque du chirurgien était anormalement élevé. L’urgentiste cru qu’il essayait de battre le sien propre.

 

La bouche d’Isshin recouvrit lentement celle d’Amagai. Aucun des deux ne pouvait détacher son regard de l’autre. Les mains de Shuusuke défaisaient lentement les boutons d’Isshin, alors que la langue de ce dernier explorait sensuellement sa bouche. Le corps lourds du chirurgien recouvrait celui de son amant qui plissa les yeux lorsque son érection, rencontra celle de son amant.

 

Les doigts d’Amagai exploraient le torse pileux avec délectation. Le baiser se prolongeait et il commençait à manquer d’air. Isshin se redressa comme s’il avait lu dans ses pensées. A la surprise de Shuusuke, les joues d’Isshin étaient légèrement colorées. Il haussa un sourcil d’étonnement et Isshin chuchota

 

« N’oublie pas que je n’ai pas l’habitude d’aller à la rencontre d’un autre pénis… »

 

Shuusuke plissa les yeux et demanda d’une voix enrouée.

 

« Cela… te gêne ? Si tu veux, on arrête… Je comprendrais. Je ne cherche pas à te forcer.

—    Dans l’état où nous sommes ? Interrogea Isshin la gorge nouée.

—    Je peux m’en occuper… » Souffla Amagai.

 

Isshin voulu protester mais, Shuusuke le repoussa sur le tatami. Quand Shuusuke voulu esquisser un mouvement, Isshin l’interrompis.

 

« Non… C’est tous les deux ou rien…

—    Isshin, je crois que tu n’as pas beaucoup de solutions pour calmer… »

 

Les yeux de Shuusuke s’arrondirent de surprise. Isshin s’était redressé et avait glissé sa main sur la bosse de son pantalon. Leurs regards se rencontrèrent, troublés. Leurs gorges se nouèrent et Isshin chuchota contre l’oreille d’Amagai.

 

« Tu ne crois pas qu’il serait mieux de nous en occuper ensemble ? »

 

Isshin se pencha et effleura la bouche de Shuusuke qui répondit légèrement à sa caresse. La main d’Amagai glissa entre les jambes du chirurgien qui posa son front contre son épaule, alors que la sienne caressait sa verge qui commençait à être à l’étroit dans sa prison de tissus.

 

« Isshin… » Souffla bouleversé Shuusuke.

 

Seule la télévision continuait de déverser ses informations, coupant le silence qui s’était établit entre les deux hommes. Allongé l’un en face de l’autre, toujours le regard plongé dans celui de l’autre, une légère coloration marbrait leurs visages. Shuusuke se mordit légèrement la lèvre inférieure, ses prunelles se modifièrent, affichant une lueur languissante sous le poids de son désir.

 

Isshin eut un soupir entrecoupé. Le plaisir montait en lui inexorablement sans qu’il ne puisse rien y faire. Il ne savait plus si c’était les caresses expertes de son amant ou bien, son expression alanguis qui le troublait le plus. Stupéfait par ses réactions, il trouvait Shuusuke incroyablement sexy. L’amour qu’il lisait derrière l’intensité du désir de l’urgentiste était intense.

 

Le front reposant bientôt contre l’autre, la respiration entrecoupée par l’orgasme qui les submergeait, Shuusuke et Isshin se raidirent, terrassés par leurs sensations. Ils restèrent un instant immobile, à se scruter. Une lueur complice brillait dans leur regard. Isshin baissa les yeux vers sa main maculée.

 

« Viens… »

 

Shuusuke voulu se redresser mais, Isshin l’embrassa arrêtant net son mouvement. L’urgentiste répondit passionnément à la brève étreinte.

 

« Je te suis… » Chuchota Isshin lorsque le baiser cassa.

 

Ils se sourirent et se rhabillant rapidement, ils passèrent à la salle de bain. Shuusuke ouvrit les robinets et sentit brutalement la présence enveloppante du chirurgien derrière lui. Ses bras ceignirent la silhouette de son amant. Ce dernier ressentait avec acuité la chaleur de l’espace que lui avait créé Isshin.  Amagai ferma les yeux alors que les lèvres caressèrent sa nuque. Il prit appui sur le torse du chirurgien.

 

« Tu sens incroyablement bon Amagai-san…

—    Tu restes avec moi cette nuit ? » Demanda Shuusuke le cœur battant.

 

Il n’avait aucune envie que leur soirée s’interrompe comme cela, brutalement. La bouche d’Isshin remonta le long de son cou, leur regard se croisa dans le miroir, alors que leurs mains se caressaient sous le jet de l’eau tiède, lentement… sensuellement, comme pour mieux s’apprivoiser.

 

« Serait-ce une proposition ?

—    Je n’ai aucune envie de te voir partir… Je me moque que tu restes là, sans rien faire. Je veux seulement être égoïste et profiter de ta présence cette nuit.

—    Tes désirs sont des ordres…

—    Isshin… ne plaisante pas… » Souffla Shuusuke troublé par le regard de braise qui ne cessait de le fixer au travers du miroir.

—    Je ne plaisante pas mon amour… »

 

 Isshin ferma les robinets et attrapa une serviette. Il essuya les mains de Shuusuke et les siennes. Il posa le linge sur le rebord du lavabo et tourna lentement son amant vers lui.

 

« Je ne plaisante pas… Je n’ai pas aimé de cette manière depuis des décennies. Je resterai avec toi cette nuit. Je n’ai aucune envie de te quitter moi non plus…. Hum…

—    Quelque chose ne va pas ? Demanda l’urgentiste surpris de voir l’air préoccupé du chirurgien.

—    J’ai perdu contre mon petit-fils ! Donc, normalement… je ne devrai pas accéder à tes désirs… A moins que… tu ne me donnes des leçons supplémentaires ? » Sourit Isshin.

—    Toutes celles que tu veux ! » Rétorqua Shuusuke moqueur. « Tu n’es peut-être pas si appliqué que cela Kurosaki-san…

—    Je vais suivre attentivement tes conseils alors ! »

 

Leurs regards se rencontrèrent brièvement et l’intensité de leurs désirs faillit les reprendre. Mais, Amagai se détacha et quitta la pièce les joues légèrement en feu.

 

« Suis-moi jeune « Padawan » pour que je t’initie un peu plus profondément à l’univers des jeux. Il n’est pas dit que cela te soit totalement accessible mais, je tâcherai de faire de mon mieux. A toi de voir si… »

 

Isshin attrapa Shuusuke, l’interrompant dans sa tirade, et lui ébouriffa les cheveux énergiquement.

 

« Insolent ! « jeune Padawan… » Hein ? Je vais te mettre une raclée et plus vite que tu ne le penses ! »

 

Ils éclatèrent de rire et se retrouvèrent installé à nouveau dans le salon, une canette de bière à leurs genoux et une manette de console de jeu entre les mains. Ils s’affrontèrent une bonne partie de la soirée. Tard dans la nuit, Isshin se détendait sous la douche. Shuusuke lui avait prêté quelques affaires et s’occupait de nettoyer ses vêtements pour le lendemain. Une chance également qu’il ait un sèche-linge, songea Isshin.

 

Ses pensées ne cessèrent de revenir à leurs moments d’égarement. Isshin n’avait pas été dégouté par ce qu’il avait vécu, bien au contraire. Quelque part, quand il songeait à ses paroles dures, à ce qu’il avait fait subir à Kisuke et à Ichigo, il eut honte. A l’époque, le chirurgien constata qu’il n’avait rien comprit. Rien comprit sur son frère, et rien comprit sur les sentiments de son fils.

 

Quand il sortit de la douche, il s’essuya et s’habilla rapidement du caleçon et du t-shirt que lui avait prêté Amagai. Les vêtements le moulaient un peu trop. Mais, il n’était pas aussi serré qu’il ne l’avait craint. Il ouvrit la porte et se trouva nez à nez avec Shuusuke qui parut surpris de le voir sortir.

 

« Je vais apporter des vêtements chez toi… Nous ne faisons pas la même taille de vêtement. »

 

Shuusuke avait le regard hypnotisé par la large poitrine d’Isshin et se dernier plaça un doigt sous son menton pour qu’il le regarde dans les yeux. Le sourire narquois de son amant, fit rougirent légèrement l’urgentiste, prit en flagrant délit de matage. Mais voir Isshin sortir de la salle de bain dans des vêtements moulants et légèrement humide sans prévenir, avait tué toutes ses bonnes intentions de rester chaste.

 

« Je te ferai de la place dans les placards…

—    Amagai-san… la salle de bain et à toi…

—    Euh… merci… »

 

Isshin sourit et embrassa légèrement l’urgentiste avant de le pousser dans la pièce d’eau. Ce dernier voulu résister et déclara

 

« J’ai préparé un thé… et si tu veux dormir, il n’y a pas de soucis. N’oublie pas que demain tu travailles.

—    Bien sur… bien sur, Amagai-san. »

 

Le chirurgien quitta le couloir et se dirigea vers la cuisine. Il attrapa la tasse fumante préparé à son intention. Pendant l’absence de Shuusuke, Isshin fit le tour de l’appartement une nouvelle fois. Un soupir d’aise s’échappa de ses lèvres. Il aimait être ici. Il se dirigea vers le salon et se plaça devant la bibliothèque d’Amagai et tira un livre. Après avoir lu brièvement la quatrième de couverture, il se dirigea vers la chambre.

 

Le médecin sentait la fatigue s’abattre sur lui. Il n’était même pas sûr de pouvoir commencer le roman. Isshin se glissa sous les draps et alluma sa lampe de chevet. Il feuilleta quelques pages sans conviction et sans vraiment s’en rendre compte, ou plutôt en luttant inconsciemment contre le sommeil, il sombra.

 

Amagai en sortant de la salle de bain, regagna la chambre et trouva Isshin endormis un livre entre les mains. Un sourire attendrit flotta sur ses lèvres. Sans bruit, il se dirigea vers le lit et retira doucement le roman qu’Isshin s’était choisit. Il ferma la lampe de chevet au passage et quitta la pièce toujours à pas de loup.

 

Amagai se dirigea vers la cuisine et se servit une tasse de thé pour lui aussi. Il vit qu’Isshin avait rincé et posé sa tasse à l’envers sur l’évier. Shuusuke s’aperçut qu’il n’avait pas été aussi heureux depuis un bon nombre d’années. Tout ce qu’il espérait à présent, c’est qu’Isshin veuille vivre avec lui définitivement. Mais, il n’était pas pressé. Il préférait laisser les choses suivre leurs cours. Il estima qu’il ne servait à rien de lutter contre les événements. Et puis, Isshin venait de lui-même… sans contrainte. Quelle surprise pour lui plus tôt.

 

Quittant sa cuisine après avoir débarrassé les lieux, il se dirigea vers sa buanderie et vit que sa machine était presque finit. L’homme s’appuya contre le plan de travail et son regard serein observa la rue encore agitée plus bas. Un sentiment de profond bien-être le traversait. Si tout pouvait se prolongé au-delà de cette nuit…

 

°°0°0°°

 

Le lendemain, Isshin fut tiré du sommeil par Amagai.

 

« Quoi ? » Marmonna mécontent le chirurgien.

—    Tu dois aller travailler, chéri… »

 

Isshin haussa un sourcil et observa Shuusuke qui se levait. Habillé d’un pantalon de pyjama et d’un t-shirt blanc moulant, sa silhouette musclée et taillé en V aurait fait bien tournée des têtes féminines. Quoiqu’il était mal placé actuellement. Il rencontra le regard moqueur de Shuusuke qui avait suivit son regard.

 

« Tu vas être en retard. Ton costume est accroché dans la buanderie. Je prépare ton déjeuner…

—    Tu n’es pas obligé… » Marmonna Isshin en se redressant en baillant.  

—    Quand comprendras-tu que ce n’est pas une obligation ? »

 

Amagai quitta la pièce pour la salle de bain. Quelques minutes plus tard, il s’activait en cuisine. Isshin s’étira et posa un pied sur le sol. Il ne s’était pas aperçut qu’il s’était endormis. Son regard absent tomba sur le roman qu’il avait volé dans la bibliothèque. Le chirurgien rejoignit une petite demi-heure plus tard Shuusuke, lavé, habillé et la veste de son costume sous le bras.

 

« J’avais oublié de te demander ce que tu aimais… J’ai fait un peu de tout… »

 

Isshin vit le miso, le riz, du poisson grillé, du nori, des condiments, du pain, de la confiture, du café et une omelette coupée en fine tranche.

 

« Tu as eu le temps de faire cela ? » S’étonna Isshin.

—    Je n’ai pas besoin spécialement de réfléchir pour faire la cuisine… » Sourit Shuusuke.

 

Isshin posa sa veste sur une chaise et s’installa avec plaisir à table. Après les salutations de rigueur, il attrapa ses baguettes et se servit largement.

 

« Je meurs de faim !

—    C’est une bonne maladie…

—    Je pourrai pousser le vice jusqu’à te demander de me préparer un bento ? Sourit Isshin.

—    Il est presque finit…

—    Oh… tu ferais une parfaite épouse Amagai-san… » Déclara Isshin moqueur.

—    Si tu le dis… » Soupira Shuusuke visiblement déçut.

—    Tu souhaiterais te marier ? » S’étonna Isshin.

 

Amagai haussa les épaules et déclara amer.

 

« Pour les hommes s’est impossible… mais, j’avoue avoir un côté romantique… Cela faisait beaucoup rire mon ex. ou mes ex… bref… j’ai toujours trouvé cela « beau » que deux personnes veuilles consacrer une partie de leurs existences à une autre. De se jurer fidélité, d’être là dans les bons et mauvais jours. Enfin, certains vivent ensemble mais, du jour au lendemain, l’un des deux partenaires peu partir sans explication… Le mariage c’est un peu comme un acte… enfin, tu vois ce que je veux dire… tu as été marié… » Finit Shuusuke.

—    Oui… je vois ce que tu veux dire… »

 

Gêné de s’être livré sur un sujet qui finalement, n’avait pas besoin d’être évoqué entre eux, Amagai finit de préparer le bento d’Isshin. Ce dernier se leva et s’installa à côté de lui. Son regard intense était posé sur la physionomie de l’urgentiste. Shuusuke tourna son visage vers son amant qui lui sourit.

 

« Tu es adorable… Amagai-san !

—    Digne d’être aimé ? » Ironisa l’homme.

—    Oui… tu es digne d’être aimé… »

 

Isshin quittant son attitude nonchalante, enlaça Shuusuke et le serra contre lui.

 

« Tu sais… j’aime ton odeur… » Souffla Isshin contre les cheveux de l’urgentiste. « J’aime te sentir près de moi… j’ai merveilleusement bien dormi et tu es un vrai cordon bleu… Tu ne m’avais pas menti et en plus… un bon professeur de jeux vidéo.

—    Tu me flattes ? Railla Shuusuke. Essaierais-tu d’obtenir quelque chose de moi ?

—    Normal… j’essaye de m’inviter pour cette nuit encore…

—    Oh… tu souhaites rester encore avec moi ce soir ?

—    Oui… Je pense… passer quelques jours en semaines chez toi. Surtout lorsque tu es en congé et quand moi, je serai en congé… Profitez que nous aillons du temps l’un pour l’autre. Je pense que les autres soirs, nous serons trop occupé pour pouvoir nous voir. Quand penses-tu ?

—    Je n’osais pas espérer que tu me proposes ce genre d’arrangement. Bien sûr que je suis d’accord. »

 

Le sourire heureux qu’affichait Shuusuke, fit plaisir à Isshin qui l’embrassa brièvement.

 

« Ce soir, j’arriverais un peu tard, j’irai chercher quelques vêtements chez moi.

—    Tu manges avec moi ?

—    Et si on sortait ? Je vais chercher mes vêtements, je les dépose et on va prendre l’air en ville. Nous aurons notre temps pour rentrer.

—    Je m’occupe de la réservation…

—    J’y vais… à ce soir… chéri » Sourit Isshin.

 

Amagai soupira et poussa le chirurgien dehors.

 

« Tu es pressé de me voir partir ! Grogna Isshin.

—    Surtout de te voir revenir… » Rétorqua Shuusuke.

—    Ok… je me dépêcherais…

—    Ne fais pas n’importe quoi quand même… 

—    Je serai prudent… »

 

Isshin bloqua la porte et se pencha pour embrasser avec passion Shuusuke avant qu’il ne le mette trop rapidement dehors.

 

« J’aime ce genre de début de journée… » Sourit Isshin.

 

Et sans attendre, quitta les lieux laissant Shuusuke estomaqué. Isshin choisit les escaliers de secours pour regagner le sous-sol de l’immeuble. Amagai ferma la porte un sourire aux lèvres. Tout allait très vite à présent. Il se sentait merveilleusement bien. C’est en sifflotant qu’il regagna sa cuisine pour terminer son petit déjeuner. Il avait hâte d’être au soir même.

 

°°0°0°°

 

Une certaine agitation régnait dans les couloirs de l’hôpital. Enfin, surtout dans les couloirs administratifs. Le regard d’Isshin balaya tous les nouveaux visages qu’il croisait. Quand il vit Ryuuken sortir de son antre, il supposa qu’il faisait un entretien de « masse ». Mais, l’homme n’avait pas trop le temps de se poser des questions. Il avait du pain sur la planche. Il avait rendez-vous avec le comptable de l’hôpital et l’expert comptable. L’allongement du chantier provoquait des frais supplémentaires imprévus au budget initial.

 

Pour sa plus grande satisfaction, Isshin vit que les deux hommes étaient déjà arrivés. Il les invita à le suivre à l’intérieur de la petite salle de réunion réservée pour eux le matin même. Lorsqu’ils en sortirent, Isshin fronça les sourcils. Il se sentait inexplicablement fatigué. La tension de la réunion ressurgissait certainement sur lui. Le médecin fouilla dans ses poches inconsciemment pour trouver un paquet de cigarette.

 

« Inutile… Lisa à fait tes poches ! Déclara froidement Ryuuken.

—    Oui mais, toi tu dois en avoir en stock ?

—    Je ne t’en donnerai pas !

—    Pourquoi ?

—    J’ai été voir ton dossier médical… figure-toi !

—    Mais tu n’as pas le droit ! » S’écria Isshin. « Et le secret professionnel ? T’en fait quoi ?

—    Tss ! Je m’inquiète pour mon meilleur ami…

—    Cela n’empêche que tu n’avais pas le droit Ryukken…

—    Je n’ai pas envie que tu nous quittes trop vite… Excuse-moi de m’inquiéter pour toi…

—    Si j’avais fait la même chose… Que m’aurais-tu fait Ryuuken ? »

 

Les deux hommes se défièrent du regard. Ryuuken ne s’excusa pas pour ce qu’il avait fait. Isshin tourna les talons et regagna son bureau. Il savait son meilleur ami derrière lui.

 

« Tu souhaites me parler de quelque chose à part mon bulletin de santé ? Demanda cassant Isshin.

—    J’ai presque terminé les recrutements…

—    Vraiment ? S’étonna Isshin. Tu as été vite.

—    Tss ! Je n’allais pas m’éterniser sur le sujet. J’ai autre chose à faire…

—    Comme quoi ? Ironisa le chirurgien.

—    Comme donner des cours et… prendre un peu du travail administratif monstrueux que tu…

—    Inutile ! Je m’en sors très bien tout seul…

—    Isshin…

—    Non ! »

 

L’ancien chirurgien se tourna vers son ami et le foudroya du regard.

 

« Tu as décidé que je m’occuperais de l’administratif et de la nouvelle aile de l’hôpital. Tu m’as retiré de ma charge de chirurgien… Tout comme mon clan m’en a suspendu la gestion. J’en ai assez que vous décidiez pour moi. Je n’ai pas rechigné et je me suis plié ! Maintenant… ne vient pas me retirer le travail que tu m’as confié pour un prétexte quelconque…

—    Isshin, je sais pour…

—    Je m’en contre fou ! Il fallait y penser avant. Je ne viens pas te demander quoique ce soit concernant les recrutements que tu effectues, comme je fou la paix à mon fils ! »

 

Isshin se retourna brutalement pour continuer sa route et gagner son bureau.

 

« Mais, tu vas me laisser parler Kurosaki ! » Grogna mauvais Ryuuken. « Espèce de tête de mule…

—    T’es bien placé pour parler ! » Rétorqua sur le même ton l’ancien chirurgien.

—    Tu ne vois pas ce qu’il risque te t’arriver si tu continues à te stresser comme tu le fais ? Tiens-tu donc tellement à mourir ? N’y a-t-il rien ici que te retienne ? »

 

La voix de Ryuuken s’enroua. Isshin s’arrêta alors qu’il était entré dans son bureau. Il se tourna vers son ami et l’observa quelques minutes pensif.

 

« Si… il y a quelque chose à laquelle je tiens plus que tout… » 

 

Ryuuken observa son ami surpris. Cette flamme dans son regard, depuis quand était-elle apparue ? Cela faisait une éternité qu’il ne l’avait pas vu… ou tout au moins avec une telle intensité ? Mazaki était un sujet passionnel pour Isshin mais, elle n’était plus… Ses enfants préoccupaient beaucoup Isshin mais, jamais il n’avait eu ce regard là ! Qui était entré dans sa vie pour le changer à ce point ?

 

Isshin sursauta quand son portable sonna. Il décrocha absent

 

« Isshin… j’ai une proposition à te faire ?

—    Pervers !

—    Ce n’est pas ce genre de proposition ! » Déclara Shuusuke narquois.

—    Ah dommage… » Déclara Isshin faussement déçut. « De quelle genre alors ?

—    Du genre se retrouver dans un pub irlandais pour voir le dernier match sur écran géant des Cerezo Osaka contre les Kashima Antlers[ii] !

—    Oh…

—    Enfin… si cela t’intéresse…

—    Bien sûr !

—    En plus… il y a une animation après avec un groupe irlandais…

—    Tu comptes nous faire une démonstration ?

—    Isshin… je vais annuler la soirée…

—    Ok… Pour moi, c’est parfait !

—    Tant mieux… Je réserve !

—    A tout à l’heure… »

 

Isshin s’abstint d’ajouter quoique ce soit et apparemment Amagai n’attendait rien de lui, car il avait déjà raccroché.

 

« Pervers ? » Fit la voix de Ryuuken.

 

Surpris Isshin leva les yeux vers son ami. Il avait complètement oublié la porte restée ouverte. Kurosaki se détourna et gagna son bureau. Il déclara désinvolte

 

« J’aurais peut-être dû dire perverse ?

—    Tu n’aurais pas répondu comme cela à une femme ! »

 

Ryuuken voulait en avoir le cœur net et ferma la porte du bureau d’Isshin. Ce dernier essayait de prendre une attitude désinvolte. Mais, Ryuuken connaissait bien le tic nerveux au coin de sa bouche.

 

« Qui est-ce ?

—    Pardon ? Fit Isshin en levant la tête de son dossier qu’il venait d’ouvrir.

—    L’homme dont tu es tombé amoureux ?

—    Ne raconte pas n’importe quoi ! S’exclama Isshin.

—    Tu me prends pour qui ? Je te connais mieux que ta propre mère ! Allez accouche ! C’est qui ? »

 

Isshin se gratta le sommet de son crâne et son regard s’assombrit. Il se détourna et agita nerveusement ses doigts.

 

« Tu sais… tu as peu d’allier ! Surtout si tu es tombé amoureux d’un homme Isshin. Je suis une tombe et tu le sais… Si un jour je dois te couvrir autant que je sois au courant !

—    Je n’avais pas l’intention d’en parler à qui que ce soit ! » Grinça des dents le chirurgien.

 

Ryuuken s’assit sur un fauteuil et dévisagea Isshin déconcerté.

 

« Eh bien… si je m’attendais à cela… et ça à l’air réciproque apparemment. Tant mieux, tu me diras !

—    J’admire ton self-control. Répondit Isshin.

—    Je t’en prie… Depuis combien de temps ?

—    C’est tout nouveau…

—    Je le connais ?

—    Il attend sa mutation au service chirurgie cardiaque…

Ryuuken haussa un sourcil et après quelques secondes déclara

 

« Amagai Shuusuke ?

—    Si tu te confies à quelqu’un, je te tue…

—    A qui veux-tu que j’en parle ? Eh bien… une chance que je sois assis ! »

 

Ryuuken sous le coup de l’émotion sortit son paquet de cigarettes et s’en retira une.

 

« Il est interdit de fumer dans l’établissement Ryuuken !

—    Oui mais là, on va faire une exception !

—    Tu en as fait une dans ma chambre l’autre fois… alors que j’étais à l’article de la mort en plus !

—    N’exagère pas ! »

 

Ryuuken s’alluma son cylindre et observa le bout rougeoyant avant de reporter son attention sur Isshin. Il croisa ses jambes et pris appuis sur un des accoudoirs. Il resta songeur un moment alors, qu’Isshin le fixait droit dans les yeux sans ciller.

 

« Tu l’aimes vraiment, à ce que je vois…

—    Tu crois que je sors avec un homme pour le plaisir ?

—    Non… ça dû être une sacré révélation ! J’aurai bien voulu voir ta tête pour le coup.

—    Au fait… en parlant d’Amagai-san… il sera muté quand au service cardiologie ?

—    Plus vite que prévu… J’ai recruté trois urgentistes au lieu d’un d’ailleurs… Un pour chaque équipe, ils n’arrivent plus à faire face. Je pense grosso-modo d’ici un mois. Il faut aussi que je vois l’organisation de Kyouraku-san… Au fait… Kyouraku-san est ton médecin traitant… Amagai le remplacera ?

—    … »

 

Isshin fut incapable de répondre. Il n’avait pas pensé du tout à ce cas de figure. Le chirurgien n’avait vu que le côté pratique de la chose, qui était que leurs week-ends seraient pris ensemble.

 

« Tu lui as dit ? Vu ta tête pas du tout… » Continua Ryuuken en voyant la tête déconfite d’Isshin. « Eh bien… Essaye de lui en parler rapidement. Je retourne travailler maintenant que je connais la bonne nouvelle…

—    Bonne nouvelle ?

—    Depuis le temps que j’attendais que tu tombes amoureux. Je désespérais un peu sur les bords de devoir toujours veiller sur toi ! Maintenant, je sais qu’un cardiologue compétent sera à tes côtés, je vais pouvoir dormir sur mes deux oreilles.

—    Je ne sais pas…

—    Comment lui dire ? Termina Ryuuken.

—    Oui… Je ne veux pas qu’il est pitié… qu’il s’inquiète…

—    Lorsque l’on aime… c’est pour souffrir Isshin. Tu ne le sais pas à ton âge ? »

 

Les deux hommes s’observèrent un petit instant en silence. Ryuuken se releva et se dirigea vers la porte. Il resta un instant devant la porte pour jeter un coup d’œil sur le chirurgien qui se prenait la tête entre ses mains.

 

« Personne ne sera au courant…

—    Je le sais Ryuuken. »

 

Isshin posa un regard serein sur son ami. Un sourire vint se graver sur leurs traits et Ryuuken quitta la pièce en silence.



[i] Sorte de pate de fruit à base de pate d’haricot rouge parsemé de noisettes.

[ii]  Les deux équipes font partie de ce que nous nous qualifierions de L1.

Chapitre 12

La nuit était déjà tombée lorsqu’Isshin gagna sa maison. Il traversa rapidement les couloirs pour croiser Sasabike qui s’inclina devant lui avec respect.

 

« Bonsoir Kurosaki-sama…

—    Bonsoir Sasabike-san… Avez-vous préparé mes affaires ?

—    Oui ! J’ai fait tout ce que vous m’aviez demandé. Votre sac vous attend dans votre chambre. Je n’ai pas voulu que votre fille se rende compte de votre départ, enfin, le plus tard possible…

—    Merci… »

 

Isshin entra dans ses appartements et Sasabike partit se poster à la porte, comme à son habitude. Il voulait être disponible si son  maître avait besoin de lui.

 

« Dites-moi Sasabike-san… Vous n’êtes pas choqué par ce que je vous ai dit… il y a quelques jours ? » Demanda Isshin en observant son domestique.

—    Je n’ai pas à être étonné ou pas, Kurosaki-san. Vous menez votre vie comme vous l’entendez. Je ferai de mon mieux pour assurer votre bien-être et faire en sorte de pouvoir vous couvrir. Votre fille… si je puis me permettre, ne semble pas très conciliante quand au fait que vous puissiez reconstruire votre vie avec… qui que ce soit… »

 

Le chirurgien grimaça et se dirigea vers la salle de bain et récupéra son nécessaire de toilette.

 

« Sasabike-san… je vous demanderai de m’acheter le même nécessaire de toilette mais en double exemplaire !

—    Deux exemplaires ? S’étonna tout de même le domestique.

—    Oui… je me suis acheté un appartement et j’aimerai pouvoir y déposer aussi mon nécessaire de toilette. En fait… » voyant l’air un peu surpris du majordome, il s’expliqua « Je me suis acheté un bateau ! Je serai livré en juin… Bien sur, cela reste entre nous ! 

—    Bien sur… Kurosaki-sama.

—    Bref… Je m’occupe de l’obtention d’une place et aussi de certains papiers pour l’exportation du bateau. Je crois ne pas avoir le temps de m’en occuper et je vais vous charger de régler ce problème…

—    Bien, je ferai en sorte que cela ne soit plus un problème pour vous.

—    Faites en sorte que personne ne sache quoi que ce soit à ce sujet. La seule personne avec laquelle vous pouvez en discuter… C’est Amagai-san !

—    Bien… »

 

Le domestique suivait du regard son maitre qui déambulait dans sa pièce pour se changer. Il le vit attraper ses sacs, près à partir.

 

« Si je puis me permettre… je vais vous indiquer une sortie où vous ne tomberez pas sur Suzunami-sama… Et… je me suis permis de sortir la Mercedes à l’extérieur des murs de la maison.

—    J’aimerai assez ne pas rencontrer ma fille. Je crains qu’elle ne me tienne encore un petit moment à la maison et j’ai un rendez-vous. »

 

Fit Isshin en faisant un clin d’œil au domestique qui essayait de rester impassible cette fois-ci. L’ancien chef de clan réagissait de façon complètement inattendue. Il ne l’avait jamais vu aussi heureux. Ce qui le faisait lui-même se sentir heureux par extension. Chojiro avait eu un choc lorsque son patron lui avait annoncé qu’il sortait avec un homme. Mais, sincèrement c’était le cadet de ses soucis. Tout ce qu’il voulait c’était le voir joyeux comme il le voyait à présent.

 

Les deux hommes quittèrent la pièce et Chojiro guida son maitre en lui ouvrant les portes.

 

« Vous avez trouvé quelqu’un de compétent pour Koichi ?

—    Oui… je me suis permis d’utiliser mon neveu. Il a fait de bonnes études et il c’est un jeune avocat sérieux. Je l’ai présentez à votre fils, il y a environ deux jours… Nous n’avons pas de réponse pour l’instant.

—    Koichi l’a rencontré ?

—    Oui… Ils ont l’air de s’apprécier…

—    Tant mieux !

—    Votre neveu sait ce que nous attendons de lui ?

—    Oui, Kurosaki-sama.

—    Bien… »

 

Chojiro ouvrit la dernière porte des appartements de son maitre et s’inclina respectueusement.

 

« Je vous annonce de retour à quel moment Kurosaki-sama ?

—    Lundi soir.

—    Bien…

—    N’oubliez pas… vous ne savez rien !

—    Je n’oublie pas…

—    Vous pouvez me joindre sur mon portable en cas de gros problème…

—    Il n’y en aura aucun. Tous les domestiques font en sorte que tout se passe s’en souci particulier. Votre fille ne manque pas de confort, et d’occupations. D’ailleurs, son mari ou ex-mari, je ne sais plus très bien… l’appelle assez souvent.

—    Oh vraiment ? S’étonna Isshin.

—    Oui… alors, ne croyez pas qu’elle se morfonde seul… tout en sachant que vos petits-enfants ont aussi quelques occupations.

—    Je suis rassuré. Je vous dis donc à lundi Sasabike-san ! »

 

L’homme s’inclina et ferma la porte derrière son maitre. Il traversa en silence les pièces pour trouver Karin dans la chambre de son père.

 

« Où est-il ? »

 

Sasabike s’inclina devant la jeune femme mais, quand il se redressa son regard clair était glacial. Le majordome déclara sur un ton polaire.

 

« Vous êtes dans les appartements privés de mon maitre ! Et vous…

—    Oh assez Sasabike ! Nous ne sommes plus au temps ou vous me terrorisiez avec vos gros yeux. Je voulais voir mon père et…

—    Votre père n’est plus ici.

—    Pardon ? Mais, sa voiture vient d’arriver ! S’exclama Karin.

—    Monsieur votre père a quitté cette maison.

—    C’est impossible ! Il aurait du passer devant moi… A moins que... qu’il n’y ait une autre sortie ?

—    Qui sait ? »

 

Sasabike sortit de la pièce et se mit à genoux à côté du fusuma en attendant que Suzunami quitte les lieux.

 

« Où est-il allé ?

—    Ne m’accordez pas plus d’importance que je n’en ai ! Répondit le domestique.

—    Ne me prenez pas pour une imbécile ! Vous en savez plus sur lui que ses propres enfants !

 

L’homme ne répondit pas. Voyant qu’elle ne pourrait pas tirer la moindre parole, Karin quitta les lieux, furieuse. Qui était cette personne qui était entré dans la vie de son père ? Ce n’était pas le fait qu’il refasse sa vie qui l’agaçait mais, l’impression d’être tenue à l’écart comme une étrangère ! Pourquoi tant de mystère ? Pourquoi son père était-il si distant ?

 

La jeune femme s’arrêta et réfléchit un instant. Non… Isshin quand il était avec sa famille n’était pas distant. Il était même plus abordable qu’il ne l’avait été de toute sa vie. Elle redécouvrait un homme… Où plutôt, elle découvrait réellement qui était son père, et contrairement à ce qu’elle pensait lorsqu’elle était petite, il n’était pas un monstre froid et borné. Combien de fois le médecin légiste avait souffert du fossé qui existait entre le chef de clan Kurosaki et sa famille ? Isshin était un être chaleureux et ouvert à présent… Karin voulait en avoir plus ! Elle voulait créer de nouveaux liens avec lui. Mais pourquoi refusait-il de se laisser approcher ?

 

°°0°0°°

 

Isshin sortit le premier du bar et tint la porte. Amagai rétorqua

 

« Isshin… je sais pousser une porte ! » Grogna Amagai.

 

Le chirurgien eut honte. Shuusuke ne tenait pas l’alcool mais, absolument pas. A la fin du repas, ils s’étaient prit quelques bières et été resté regardé la fin du match accompagné de quelques compagnons de tables et de bières en bières Amagai avait sombré. Isshin l’attrapa un de ses bras et le plaça sur son épaule et le maintint par la taille.

 

« Allez… On rentre !

—    Je suis… si heureux que tu veuilles vivre avec moi… » Souffla l’homme éméché.

—    Moi aussi Amagai-san. Je suis désolé pour ce soir. Je ne savais pas que tu ne tenais pas l’alcool.

—    J’ai honte… hic... J’suis qu’un alcoolique !

—    Non… Tu as seulement forcé la dose ce soir… »

 

Isshin soupira et aida l’homme à marcher droit. Lui pouvait boire pendant des heures, l’alcool ne lui faisait aucun effet. Quoique s’il se faisait attraper par la police, il était mort ! Il poussa Shuusuke dans l’habitacle de la voiture. Ce dernier tentait de se débattre.

 

« Shuusuke… si tu ne montes pas dans la voiture, nous resterons sur le trottoir et nous passerons moins de temps ensemble. C’est ce que tu veux ?

—    Non… Je veux que tu restes avec moi… toujours… »

 

Amagai s’installa sur son siège et reposa sa tête sur le dossier. Tout tournait affreusement. Isshin soupira et ferma la portière. Il gagna son siège et démarra la voiture lentement. Le médecin glissait un regard de côté et vit que son compagnon s’était endormi. Isshin lança la voiture sur les grandes artères et laissa ses pensées vagabonder.

 

La soirée avait été excellente. Jamais il ne s’était amusé comme cela. Même lorsqu’il était étudiant. Il avait toujours cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Son père lui avait pourri l’existence au point de ne pas le laisser respirer. C’était la première fois qu’il s’était sentit aussi libre. Les hommes qui s’étaient joint à eux, était de tous les milieux sociaux et visiblement prêt à faire la fête. L’ambiance avait été plus que chaleureuse.

 

Les lumières qui bordaient l’autoroute se reflétaient sur le pare-brise de la voiture allemande qui filait sur l’asphalte. Le regard sombre d’Isshin était concentré sur le bitume strié de blanc. Quelque chose vint se poser sur son épaule. Il jeta un bref coup d’œil et vit qu’il s’agissait de la tête d’Amagai. Isshin reporta son attention sur la route et prit la bretelle de sortie. Il décèlera. Un sentiment étrange s’était emparé de lui au cours du voyage.

 

Arrivé sous le parking de l’immeuble, il repoussa gentiment la tête de son compagnon et se détacha. Lorsqu’il secoua Shuusuke ce dernier ouvrit un œil trouble.

 

« Aide-moi à te ramener à la maison… »

 

Isshin tira sur les bras ballants du médecin qui trouva assez de force pour se redresser et s’échouer contre lui. Le chirurgien claqua la porte en faisant un léger déport pour éviter que Shuusuke soit blessé par le battant.

 

« Tu dors ? » Interrogea Isshin.

—    Non… mais, dépêche-toi ! »

 

Sans rien ajouter, Isshin aida son compagnon à marcher jusqu’au porte de l’ascenseur. Une fois à l’intérieur de la cabine, Shuusuke se laissa aller contre le torse d’Isshin qui l’entoura de ses bras.

 

« Je suis désolé…

—    Tu… n’y… es pour rien… Je sais que… je s…porte pas l’al…cool »

 

Lorsque la porte s’ouvrit sur un couple qui montait aussi, Isshin ne lâcha pas sa prise. Il se contenta de jeter un bref coup d’œil pour reporter son attention sur Amagai qui essayait de se reprendre.

 

« Ça va aller…

—    Amagai-san ? Fit la femme curieuse.

—    Oh… Soma-san. S’étonna le médecin.

—    Je… Il vous est arrivé quelque chose ?

—    Rien… de grave…. »

 

Amagai tenta de se redresser mais, eu un hoquet. Isshin le rattrapa alors qu’il basculait.

 

« Nous sommes désolé pour le dérangement. » Fit Isshin en poussant Amagai vers la sortie lorsque les portes s’ouvrirent sur leurs étages.

 

« Non… se n’est rien… Vous êtes le nouveau compagnon d’Amagai-san ? »

 

Isshin haussa un sourcil, avant de répondre avec un léger sourire

 

« Hai…

—    Faites attention à lui… Il est très aimable et nous a souvent aidés…

—    Je n’y manquerai pas. »

 

Les portes de l’ascenseur se refermèrent sur le couple atypique que formait cette femme distinguée et cet homme qui devait être son compagnon à l’allure frustre. Isshin traversa le couloir lentement. Voyant Shuusuke devenir pâle, Isshin le souleva sous ses protestations vaseuses. Après avoir déposé l’homme, il sortit les clefs de son pantalon et poussa bientôt Amagai chez lui.

 

« Tu n’es pas très sortable… » Ironisa Isshin.

 

Seul un hoquet lui répondit. Soulevant à nouveau son compagnon, Isshin le déposa une minute plus tard doucement sur le matelas. Il lui défit ses chaussures et chaussettes. Il s’attaqua à ses vêtements pour le laisser en boxer et t-shirt de corps.

 

« J’ai froid… 

—    Tu es exigeant quand tu es soul !

—    … de ta… faute… 

—    Et ça tu l’as retenu ? Tu ne perds pas le Nord ! »

 

Isshin retourna dans l’entrée et verrouilla la porte. Il éteignit toutes les lumières. Il ne restait plus que l’applique. Il se déshabilla rapidement et glissa sous les couvertures en attirant Shuusuke à lui. Il se redressa pour fermer la lumière. L’urgentiste se colla à lui en soupirant d’aise. Un léger ronflement se fit entendre et Isshin resta un long moment à caresser le dos musclé du bout des doigts. Le visage souriant et confiant d’Amagai lui revenait sans cesse en tête. Il paraissait véritablement radieux. Et c’était troublant pour lui. Pour la première fois, il rendait quelqu’un heureux.

 

Isshin s’enfonça un peu plus sous les couvertures. Le souffle de Shuusuke contre sa nuque le distrayait. Cela fait un long moment qu’il n’avait pas dormit avec quelqu’un. Le médecin sombra lentement mais, surement dans un sommeil réparateur. Il eut juste le temps de brancher le radioréveil. Le lendemain s’annonçait difficile.

 

°°0°0°°

 

Le lendemain matin, Shuusuke se réveilla avec un terrible mal de crâne. Il se sentait malade et incapable de faire le moindre geste. Il émit un faible gémissement. Le médecin constata malgré tout que la place à côté de lui était vide. Quand il entendit du bruit à côté de lui, il fut persuadé qu’il s’agissait du chirurgien mais, entre ses yeux mi-clos, il vit un homme distingué et d’un certain âge.

 

« Je suis Sasabike Chojiro. Je suis le majordome de Kurosaki-sama. Il m’a demandé de prendre soin de vous pour la journée. Ne vous inquiétez pas, je ne vous importunerai pas. Je voulais vous signaler que Kurosaki-sama a pris les dispositions pour que vous n’alliez pas travailler aujourd’hui. Je vous ai préparé à déjeuner et des… aspirines.

—    Kurosaki…

—    Kurosaki Isshin, chef de clan… non ancien chef de clan de la famille Kurosaki. » Rectifia Chojiro agacé. «  Je vous apporte votre repas d’ici une dizaine de minute.

—    Non… je vais me lever…

—    Je doute fort… que vous en soyez capable, sauf votre respect. Je m’occupe de tout… Reposez-vous. »

 

Sasabike quitta les lieux heureux d’avoir pu accomplir sa nouvelle mission. Il allait prendre soin de l’homme dont son maitre était amoureux. Rien ni personne ne le ferait faillir dans sa tâche. Quand il entra dans la cuisine, il sortit un plateau et disposa divers coupent contenant un consommé, des algues, du riz, du bœuf, des légumes, et une coupe de fruits frais. Une aspirine se joignit au déjeuner. Quand, il entra à nouveau dans la pièce, le médecin paraissait toujours aussi malade.

 

« Manger ce qu’il vous ait possible. Je vous ai mit une aspirine. Je vais ouvrir la fenêtre pour qu’un peu d’air rentre. Cela vous fera du bien. »

 

Amagai était allongé et n’en revenait toujours pas que le domestique de son amant se trouve chez lui.

 

« Il est quelle heure ?

—    Presque quatorze heures monsieur… Vous avez fait de la fièvre cette nuit. Kurosaki-sama m’a appelé ce matin de très bonne heure, pour que je sois présent au moment où il partirait. Il serait resté lui-même… mais, il avait apparemment des choses urgentes à régler.

—    J’en suis sincèrement désolé…

—    Ne le soyez pas. Je suis au service de Kurosaki-sama depuis des décennies et je suis à ses ordres de jours comme de nuits et ce quelque soit le travail qu’il me demande. »

 

Sasabike observa son malade et se dirigea au pied du lit.

 

« Je vais vous aider à vous redresser… »

 

Amagai voulu protester mais, il eut un haut le cœur. Jamais, il n’avait autant bu de sa vie. Tout cela parce qu’il avait voulu suivre Isshin et ne pas passer pour un pleutre. D’autant que leurs amis de tablée semblaient aussi bien tenir l’alcool. Il maudit sa faible résistance et se laissa faire, incapable de se débrouiller pour l’instant, seul.

 

Installer confortablement, et un plateau au travers des genoux, Shuusuke se retrouva seul. Il entendait en bruit de fond, le raisonnement d’un verre qui claque et le bruit des casseroles qui s’entrechoquent. Quelque part, de ne pas être seul dans un moment pareil était plutôt réconfortant. Amagai commença par prendre son médicament et attendit un peu avant de commencer à déguster son repas.

 

C’était absolument divin. Shuusuke croyait ne rien pouvoir manger et finalement il dévorait. Quand il entendit sonner à sa porte, il fut surpris. Qui pouvait venir le voir ? Il entendit la voix de Sasabike répondre. Son cœur se mit à battre.

 

°°0°0°°

 

Sasabike qui finissait de ranger la cuisine, partie ouvrir lorsque la sonnette d’entrée retentit. Lorsqu’il ouvrit, il croisa le regard noir d’un homme plutôt grand et… musclé. Il était piercé un peu de partout et son froncement de sourcil ne lui inspirait rien de bon. Toutefois, il garda son calme.

 

« Amagai-san n’habite plus ici ?

—    C’est bien ici qu’il réside. » Répondit le domestique calmement.

—    Qui êtes-vous ?

—    Sasabike-san. »

 

L’homme le dévisageait avec attention de la tête au pied.

 

« Il s’met aux vieux maintenant ?

—    Je ne suis qu’un majordome.

—    Un majordome ? S’étonna Kensei. Depuis quand peut-il se payer les moyens d’un domestique ?

—    Je suis au service de…

—    Sasabike-san… veuillez nous laisser seuls, s’il vous plaît. » Coupa la voix d’Amagai.

 

Sasabike se tourna vers l’homme qui paraissait avoir repris des couleurs. Il était toujours habillé en pyjama mais, il tenait sur ses jambes. Le domestique se recula et s’inclina devant Shuusuke avant de disparaitre silencieusement.

 

« J’peux savoir c’que tu fabriques Amagai ?

—    Rien qui te concerne…

—    Tu te l’as joue faux bourges ?

—    Tu n’es pas venu ici pour me parler de domestiques, je suppose ?

—    Disons que j’ai croisé Rose… et il m’disait que t’allait pas fort…

—    Et tu t’inquiètes ? »

 

Amagai haussa un sourcil et se plaça devant la porte. Kensei déclara sombrement.

 

« Même si ça à l’air difficile à croire… je m’inquiète pour toi ! Tu comptes me laisser à la porte où je peux entrer ?

—    Je n’ai rien de particulier à te dire Kensei… Tu as tout dit la dernière fois.

—    Ne fait pas ta tête de mule ! On pourrait discuter comme des gens civilisés…

—    Ecoute, tu n’aurais déjà même pas du me croiser. Je…

—    Tu es malade ? »

 

Le regard de Kensei s’abaissa sur la tenue du médecin qui rougit légèrement. Cela amena un sourire chez Kensei qui murmura d’une voix caressante.

 

« Tu es toujours aussi adorable…

—    Tais-toi ! » Répondit abruptement Amagai. « Je ne vois pas pourquoi tu reviens alors que cela fait des mois que tu ne me parles plus. Tu es partit du jour au lendemain en m’annonçant que tu avais quelqu’un d’autre dans ta vie. Que fais-tu ici aujourd’hui ? De la nostalgie ? Ne me fait pas croire que se sont les paroles de Rose qui t’ont fait revenir… Tu me prendrais pour le dernier des crétins.

—    J’ai plaqué Ichinose…

—    Et tu comptes sur moi pour te remonter le moral ? »

 

Demanda Amagai qui commençait à ressentir les prémices d’une bonne migraine le reprendre.

 

« Je ne vois pas le mal de venir te voir, surtout que tu es le motif de ma rupture !

—    Ecoute… pour moi tout est terminé !

—    Tu as quelqu’un dans ta vie ? » S’étonna Kensei.

 

Rose lui avait affirmé qu’Amagai était seul.

 

« Depuis quand ?

—    Cela ne te regarde en rien… Maintenant que tu m’as dit ce que tu voulais me dire… je te dis au revoir… »

 

Amagai voulu refermer la porte mais, le pied de Kensei bloqua le battant. Shuusuke se sentait faiblir mais, la colère le submergea. De quel droit Muguruma osait-il revenir après tout ce temps ? Et puis, il n’était pas le genre de type à se laisser faire. Il arracha brutalement la porte et attrapa Kensei par le revers de sa veste. Son expression avait changé et était devenue dure.

 

« Ecoute-moi bien. J’ai voulu rester aimable jusqu’ici… » La voix devenue rauque alerta Kensei « mais, tu vas trop loin. Que j’ai quelqu’un dans ma vie ou non, n’y changera rien ! Tu es partit… pour moi, tout c’est terminé ce soir-là ! Tu crois que tu peux aller, venir dans la vie et me remplacer par n’importe quel type ? Et puis, après te rendre compte que tu m’aimes ? Imbécile ! J’ai jeté tout ce que tu avais laissé dans l’appartement !

—    Tu as fait quoi ?

—    Tout jeté ! Tu croyais quoi ? Que je pleurerai ton départ pendant des mois ?

—    C’est fou ce que tu m’aimais… Ironisa Kensei.

—    Oui, je t’aimais… Mais, lorsqu’on me dit « c’est finit ! » et bien, je tourne la page. Je ne dis pas que je ne souffre pas…

—    Tu m’as vite remplacé

—    Tu es gonflé ! »

 

Amagai relâcha la pression, la fièvre le gagnait à nouveau. Kensei voulu le prendre dans ses bras, mais, l’homme le repoussa et faillit basculer.

 

Sasabike se précipita et récupéra le médecin malade. Il déclara doucement.

 

« Vous devriez retourner vous reposer et me laisser régler ceci…

—    Sasabike-san… Vous ne me devez rien.

—    Si mon maître apprenait que je n’ai rien fait pour vous dans une situation pareille, je risque de subir ses foudres. Je suis là pour vous protéger… »

 

Sasabike eut un petit sourire. Il avait redressé Amagai et le poussait vers la porte d’entrée. Kensei attrapa le majordome par l’épaule. Sasabike repoussa violemment la main. Il se plaça entre la porte où Amagai avait été poussé et Kensei.

 

« Maitre ?

—    Pour le compte de qui je travaille ne vous regarde en rien…

—    Tu n’es qu’un vieux… »

 

Kensei voulu pousser l’homme distingué mais, ce dernier ne bougea pas d’un pouce. Le regard clair de Sasabike devint légèrement brillant.

 

« Je ne laisserai personne toucher à Amagai-san ! Vos menaces et vos tentatives d’intimidations n’y feront rien !

—    De quoi tu te mêl…

—    De mes affaires ! Répliqua le domestique. J’ai reçut des ordres et je les respecterai à la lettre.

—    En donnant ta vie ?

—    Je suis programmé pour cela ! »

 

Kensei fit un geste pour frapper en plein visage le majordome mais, ce dernier attrapa sans difficulté le poing de son agresseur. Kensei arrondit les yeux de surprise, la force qui se dégageait dans la poigne de cet homme somme toute ordinaire et dont le physique et l’âge ne laissait rien présager, le stupéfia.

 

« Maintenant, veuillez quitter les lieux ! A moins que nous n’appelions la police… Kensei-san. Je suis désolé de me montrer familier. Je n’ai pas entendu votre nom… »

 

Kensei se recula et observa Amagai qui l’observait l’air vaseux assis sur le sol de son entré, incapable de répondre. Pourtant, la flamme qui brillait dans son regard ne le laissait rien présager de bon. Muguruma se recula et déclara

 

« Nous n’en avons pas finit Shuusuke !

—    Je pense qu’Amagai-san sera tout à fait apte à vous répondre ce jour là. En attendant, passez une bonne journée. »

 

Sasabike marcha à reculons et s’inclina brièvement avant de fermer la porte sur un Kensei impuissant. Quelques portes s’étaient ouvertes et il n’était pas question qu’il se retrouve en prison pour trouble de l’ordre public.

 

« Venez Amagai-san. Je vais vous préparer un nouveau médicament. Kurosaki-sama m’avait donné un protocole pour toutes les circonstances.

—    Il avait prévu celle-ci ? » Ironisa Shuusuke malheureux intérieurement.

—    Non ! Mais, cela ne sert à rien de s’apitoyer. Venez… »

 

Sasabike laissa Amagai se redresser seul. Il voyait la fierté blessé dans son regard. Le domestique entra dans la cuisine et prépara la médication qu’il posa sur la table. Amagai vit un mot accroché sur son pense bête et reconnu l’écriture très stylisée d’Isshin. Il observa les boites et eut un sourire. Sans broncher il prit les médicaments et s’assit sur une chaise en attendant que son malaise passe.

 

« Je vous demande de ne pas parler de cet  « incident » à votre maitre…

—    Je n’ai pas à vous obéir…

—    Vous êtes ici chez moi ! Rétorqua Shuusuke en fixant Sasabike froidement.

—    Certes ! Mais, alors je vous demande d’en parler à mon maitre. Ne le mettez pas devant le fait accomplis. Il pourrait avoir des réactions disproportionnées s’il se trouve dans une situation identique. Mon maitre est… imprévisible.

—    Merci de me prévenir.

—    Sachez qu’il n’a aucune pitié pour ses ennemis ou toutes personnes qui tentent de toucher à ce qui lui est cher. Vous lui êtes très précieux… »

 

Sasabike quitta la pièce et fit le tour de l’appartement pour voir s’il n’avait rien oublié de ranger. L’appartement brillait par ses soins. Shuusuke lui restait figé sur son siège. De quoi serait capable Isshin s’il avait croisé Kensei par surprise comme maintenant ? Il ne le savait pas mais, un frisson le traversa. Combien de fois avait-il rencontré le regard de glace si sombre ? Il avait su que ce type avait frappé son fils alors qu’il l’aime apparemment beaucoup. Serait-il capable de tuer ?

 

Amagai soupira et se leva. Ses jambes lui parurent plus assurée et le médecin s’enferma dans sa salle de bain. Quand il en sortit raser, habillé et se sentant beaucoup mieux, Sasabike l’attendait dans le hall d’entrée.

 

« Monsieur… Je vais partir. Votre appartement est rangé. Votre courrier est posé sur votre bureau, non ouvert. J’y ai laissé aussi un contre-rendu des appels reçut. Et, je me suis permis de laisser aussi un message pour mon maitre quand il rentrera. Cela concerne les papiers du bateau… J’ai préparé le souper de ce soir… Il est au réfrigérateur. Si vous souhaitez sortir, il est possible de le garder jusque demain midi. Je vous ai laissé aussi mon numéro de portable… Je suis aussi à votre service. Ordre de mon maitre. Que vous ayez besoin de moi pour vos courses, papiers en tout genre, chercher des vêtements au pressing, louer un véhicule, ou m’occuper de toute chose… je suis là ! »

 

Amagai ne sut quoi dire. Jamais, il n’avait eu de domestique et celui-ci était… plus qu’efficace.

 

« Merci Sasabike-san… Je ne sais pas quoi vous dire.

—    Rien… Je suis au service de la famille Kurosaki depuis mes vingt-cinq ans. C’est un honneur de vous servir. Je vous souhaite une bonne journée…

—    Bonne journée… »

 

Le majordome s’inclina et disparut avant qu’Amagai esquisse le moindre geste.

 

°°0°0°°

 

Les phares de la voiture balayaient le sous-sol de l’immeuble. Quand Isshin gara la voiture, un léger soupir passa ses lèvres. Il avait eu beaucoup de mal à échapper à Ryuuken. D’autant que ce dernier se servait du fait, qu’il avait dû appeler un urgentiste en catastrophe pour remplacer Amagai. Il l’étranglerait plus tard, se promit-il. Quand il se présenta devant la porte de l’appartement, Isshin se sentit brutalement beaucoup mieux.

 

Le chirurgien trouva Shuusuke devant son bureau et il sourit en voyant l’application de l’homme assis derrière.

 

« Tu travailles encore ? S’étonna Isshin.

—    Oh… Sourit Shuusuke. Non pas vraiment. Je règle quelques factures. Je suis sortit cet après-midi.

—    Ah… tant mieux. J’avais peur que tu sois malade toute la journée.

—    Non… grâce à toi. » Répondit Shuusuke en se levant.

 

Il contourna son bureau alors qu’Isshin retirait sa veste et la posait sur un fauteuil. Les deux hommes se rejoignirent souriants. Le baiser qu’ils échangèrent fut passionnés et les laissèrent un peu le souffle court.

 

« Tu m’as manqué Amagai-san… je me suis inquiété pour toi…

—    Sasabike t’as dit ? » Demanda Shuusuke sur le qui-vive brutalement.

—    Dit quoi ? » S’étonna Isshin.  « Il m’a seulement envoyé un texto pour me dire qu’il rentrait à la maison… Il s’est passé quelque chose ? »

 

Shuusuke se maudit de sa bêtise. Il était tellement mal à l’aise avec l’incident de l’après-midi qu’il avait vendu la mèche tout seul.

 

« Rien d’important… »

 

Isshin resserra l’étreinte autour de la taille de Shuusuke et remonta une de ses mains sous le menton de son compagnon.

 

« Généralement, cela veut-dire que l’on veut cacher quelque chose. » Répondit calmement Isshin. « Que s’est-il passé ? » Demanda doucement le chirurgien.

 

Les sens d’Amagai étaient en alerte. Quelque chose dans l’attitude et dans le regard de Kurosaki avait changé. Il sentait que cela ne lui était pas adressé proprement dit mais, il se sentait presque écrasé par la menace. Amagai songea à l’avertissement de Sasabike et préféra avouer. Après tout… s’il devait le rencontrer par hasard qu’il soit au courant.

 

« Il y a quelques mois j’ai rompu avec Muguruma Kensei. Où plutôt, il a rompu notre relation pour… pour quelqu’un d’autre. »

 

Isshin s’était raidit et attendit la suite. Shuusuke sentait sous ses doigts les muscles de son amant devenir comme du roc. Il continua impassiblement

 

« Il est venu tout à l’heure et Sasabike-san, lui a demandé de partir. »

 

Après un petit silence, Kurosaki demanda calmement

 

« Et il est partit ?

—    Nous avons discuté sur le pas de la porte. Je ne souhaite plus le revoir…

—    Et ? Il a accepté ?

—    Pas vraiment. Il s’est aperçut que… qu’il préférait vivre avec moi.

—    Tu as répondu ? » Interrogea doucement Isshin comme suspendu à ses lèvres.

—    Qu’il en était hors de question. Que je sois ou non avec quelqu’un n’y aurait rien changé. Lorsque l’on me dit qu’une relation est finit, elle l’est définitivement pour moi. Je ne fais aucun retour en arrière.

—    Bien… Il a accepté ?

—    Hum… pas vraiment…

—    Je suppose que tu vas le rencontrer à nouveau… » Réfléchit Isshin. « Je ne compte pas intervenir d’une quelconque manière pour cela. Et je te remercie de me l’avoir dit. Si quelque chose arrivait… »

 

Isshin s’était détendu instantanément, surprenant Shuusuke.

 

« Tu n’es pas jaloux où… tu ne vas pas te mettre en colère ?

—    Non… s’il t’avait fait du mal ou, si tu l’avais préféré à moi…. Je pense le prendre mal mais, tout va bien…

—    Isshin…

—    Moi aussi j’ai quelque chose à t’avouer.  Mais, je préférai manger avant. Je meurs de faim. Au fait, ton bento était délicieux Shuusuke. J’espère que tu m’en feras d’autres…

—    Comment peux-tu me dire cela ? »

 

Isshin haussa un sourcil surpris, ne comprenant visiblement pas.

 

« Sasabike-san est un véritable cordon bleu et…

—    Ce n’est pas pareil… je ne l’aime pas ! Tes plats sont meilleurs car c’est toi qui le fais ! Et tu n’as pas à rougir face à Sasabike… ta cuisine vaut la sienne.

—    Que veux-tu me dire… je me pose beaucoup de questions maintenant.

—    Vient… »

 

Isshin entra dans la cuisine et Amagai sortit les plats préparé par Sasabike. Les deux hommes dressèrent la table et mangèrent de manière décontractée. Le chirurgien repris.

 

« Mon médecin traitant est Kyouraku…

—    Pardon ? S’étonna Shuusuke.

—    Oui… en fait, il me suit depuis trois ou quatre ans, je ne sais plus trop. Bientôt, il part à la retraite et il va falloir que je trouve un nouveau médecin traitant…

—    Je peux l’être… Proposa Shuusuke.

—    Oui… j’y ai songé et se serait pratique… mais… il faut que je te dise quelque chose avant. »

 

Amagai se figea sur sa chaise. Il avait la désagréable sensation que quelque chose n’allait pas vraiment lui plaire d’ici quelques minutes.  

 

 

Chapitre 13

La chambre n’était illuminée par aucune lumière. A peine l’éclat spectral de la lune parvenait-elle à se glisser entre les interstices des rideaux qui se balançaient doucement sous la petite brise glaciale de ses premiers jours de février. Amagai ne remonta même pas la couverture qui lui arrivait à la taille. Allongé sur le ventre, le regard perdu et vide braqué sur les tentures qui s’agitaient paresseusement. L’homme était toujours assommé par la conversation irréelle qu’il avait eut la veille avec Isshin.

 

Que devait-il faire ? Accepter de vivre avec Isshin en ayant la peur au ventre que tout se termine du jour au lendemain ? Qu’arriverait-il ? Dans quel état serait-il à ce moment là ? Plus il passait du temps avec le directeur de l’hôpital central de Karakura, plus il en était amoureux… S’il partait… Le cœur d’Amagai se serra en songeant au pire. Inconsciemment, il se replia un peu sur lui-même.

 

S’il n’acceptait pas… Il vivrait à côté de cet homme. Obligé de le côtoyer et surtout contraint de fermer son cœur. Mais au moins actuellement, il pouvait encore dresser une barrière entre eux. Il n’avait pas passé un certain cap dans leur relation, tout était encore possible…

 

Ses pensées voguèrent sur Kensei qui s’était présenté à sa porte… Qu’avait-il éprouvé lorsque son ex lui avait dit que tout était finit ? Amagai se revoyait debout, impassible. Ecoutant les paroles de l’ingénieur avec sang-froid. A l’intérieur, il avait eu mal mais… il avait su resté lui-même. Alors que la veille au soir, les larmes avaient coulées et la colère fasse à son impuissance le gagner. Comment Isshin pouvait-il avoir un cœur fatigué à ce point là ?

 

Un sanglot monta au fond de lui… Était-il encore temps pour lui de rester en dehors de la vie d’Isshin ? Le poing de Shuusuke étreignit les draps comme s’il pouvait se saisir de sa destiné. La veille au soir, l’ancien chirurgien se tenait à ses côtés, le tenant contre lui. Non, il ne ressentait pas le vide, cette espèce d’abime sur lequel il se tenait à présent. Il avait aimé Kensei mais… Jamais, il n’avait été troublé comme il l’était lorsque les yeux noirs se posaient sur lui. Cette sorte d’attente l’attente qui le prenait à la gorge… cet élan amoureux entre timidité et sentiment qui le faisait se sentir tel un adolescent lors de son premier flirt.

 

Rien dans sa vie ne pouvait se comparer à cela. Il prenait cela comme une chance, un petit miracle de la vie… Un tourbillon qui l’emportait et le faisait rêver, où tout était possible. Loin de son quotidien morne, loin de toutes ses journées sans éclat, loin de ses relations où l’on croit aimer et être aimer en retour…. Shuusuke eut un frisson lui faisant prendre combien, il était glacé. Mais était-ce uniquement parce que le froid extérieur entrait dans sa chambre ou bien, parce qu’Isshin ne faisait plus partie de sa vie ?

 

Lorsque le chirurgien l’avait quitté alors qu’il glissait sur le sol, ayant repoussé violemment sa main qui tentait de le réconforté. Comment pouvait-il comprendre qu’il l’aimait à en mourir en si peu de temps ? Que son univers avait été brisé ? Pourquoi le sort s’acharnait à lui faire vivre des choix qu’il se sentait incapable de faire ? Amagai remonta sa couverture jusqu’au épaule tentant de se réchauffer.

 

Mais, force était pour lui de constater qu’il était incapable de trouver la moindre chaleur et qu’il se refroidissait de l’intérieur…. Il avait besoin d’Isshin. Shuusuke avait besoin d’entendre sa voix, de voir son sourire, de ressentir la chaleur qui émanait de lui. Comme un papillon prisonnier d’une toile d’araignée invisible, englué dans ses sentiments.

 

Isshin lui avait volé son cœur, un soir de décembre… Le regard d’Amagai était devenu fiévreux lorsqu’il songeait à Kurosaki mais, lorsqu’il se remémora du diagnostic de Kyouraku, le regard de Shuusuke devint douloureux. Etait-il vraiment prêt à pouvoir faire face à une disparition subite ? Mais, vivre sans Isshin n’était-ce déjà pas une mort lente ?

 

Amagai se tourna violemment et se prit la tête entre ses mains. Que pouvait-il faire ? Rester à ses côtés… en attendant le moment inéluctable ou bien… mourir à petit feu chaque jour et en le regardant de loin ? Sa douleur serait-elle moins intense ? Serait-il réellement préserver en sachant combien, son âme le réclamait ? L’homme s’agita un peu plus dans son lit. La couverture avait à nouveau glissée. L’aube commençait à poindre à l’horizon et jetant ses premiers rayons sur la ville. Ils étaient blafards, comme son teint. Avait-il vraiment le choix après tout ?

 

°°0°0°°

 

L’hôpital, lieu où s’entrecroisait de nombreuses vies, étaient singulièrement silencieux. Enfin, surtout aux oreilles d’Isshin. Ses yeux vides observaient la pile de dossiers sans vraiment les voir. Il se souvenait avec acuité de sa discussion avec Shuusuke, la veille au soir. Ce dernier avait très mal pris la nouvelle. Non pas qu’il l’ait rejeté… Mais, l’urgentiste semblait effondré.

 

Amagai avait demandé du temps pour s’habituer. Isshin était sortit. Il n’était pas retourné auprès du médecin. Il préférait que Shuusuke revienne vers lui, lorsqu’il serait prêt.

 

L’ancien chirurgien décida d’aller prendre une pause. Il abandonna son fauteuil. Il désirait se dégourdir les jambes. Isshin passa rapidement devant Lisa qui ne broncha pas. Elle savait quand elle ne devait pas intervenir et là… Kurosaki semblait furieux. Mais après quoi ou qui ?

 

°°0°0°°

 

Les portes battantes de la salle d’opérations s’ouvrirent brusquement. Amagai en sortit épuiser. Trois heures enfermés dans ce foutu bloc. Il n’avait pas eu le temps de se rendre auprès d’Isshin ou de lui envoyé un texto. Shuusuke voulait le voir pourtant.

 

Le chirurgien était partit brusquement et lui n’avait pas cherché à le retenir. Il avait besoin de d’assimiler l’information. Ce n’était pas comme si, c’était une découverte pour lui après tout. Isshin lui en avait parlé déjà auparavant. Quoiqu’il avait pensé à une boutade. Amagai gagna la salle de repos et attendit qu’un peu de personnel la remplisse à nouveau. En attendant, il envoya un texto à Isshin pour lui signaler qu’il avait besoin de lui parler.

 

Shuusuke se servit un café et entendit derrière lui Hirako toussoter.

 

« Es-tu malade Hirako-san ?

—    Ouaih… après toi… c’est moi ! J’n’ai pas la forme aujourd’hui. Quoiqu’en voyant ta tête on se demande si tu t’es remis de ton refroidissement…

—    C’est seulement une mauvaise nuit… et… fait attention, le froid sévit encore…

—    Oui… » Shinji attrapa une tasse et se servit un café également. « Je vais finir doper à la caféine… Au fait… nous avons su pour ta nomination… Il n’était pas trop tôt !

—    Pardon ?

—    Tu retournes en cardiologie ?

—    Oui…

—    Rose retourne en microchirurgie aussi.

—    Vraiment ?

—    Ouaip ! Hier… Ishida-sensei l’a convoqué. Il lui a fait une proposition plus qu’alléchante. Et puis, Rose en a marre du service des urgences. Je t’avoue, moi aussi… ça me fatigue.

—    Ils vont recruter du personnel… non ?

—    Si ! Enfin, à ce qu’il paraît. Une réunion va être organisée dans les services. On va recevoir une note aussi. C’est une des filles du secrétariat qui me l’a dit.

—    Ah… je ne suis pas au courant…

—    Comment veux-tu être au courant… quand t’as cinq minutes, tu te casses pour fumer dehors ! »

 

Amagai sourit et déclara en se grattant la tête

 

« Que veux-tu, je suis accro à la nicotine…

—    Tss ! Ça je ne l’comprendrais jamais. T’es médecin quand même… Pourquoi tu n’prends pas des chewing-gums ?  C’est moins dangereux…

—    On peut avoir un ulcère à l’estomac…

—    Qu’est ce que tu proposes à la place ? Demanda le blond énervé.

—    Rien… rien… j’aime fumer ma cigarette.

—    Enfin bref… Je vais voir si je peux négocier aussi un nouveau service.

—    Toi ? » S’étonna Amagai. « Pour aller où ?

—    J’n’en sais rien… Quelque chose de plus calme. Quoique je me demande si ça va correspondre à mon caractère.

—    Tu me quittes ? » S’exclama Gin derrière Shinji.

—    Ouaih ! J’en ai marre de voir ta sale tronche de premier de la classe !

—    C’est sur qu’on ne peut pas en dire autant pour toi… » Ironisa Gin.

—    La ferme !

—    Je vais aller fumer une clope… Je me rappelle pourquoi, j’apprécie de sortir même par temps glacial…

—    Tu veux dire quoi par là ? » Rétorqua Shinji mauvais.

—    Que j’ai seulement besoin d’air…. »

 

Amagai salua le duo et prit la porte. Son mal de crâne revenait et inconsciemment il se massa les tempes.

 

°°0°0°°

 

Traversant le hall bondé, Isshin fut surpris d’entendre son nom. Il se tourna et croisa le regard vert de Kaien Shiba. Ce dernier se dirigeait vers lui avec un grand sourire.

 

« Kurosaki-san… je suis heureux de vous voir…

—    Shiba-kun ? Si je m’attendais à vous voir… Cela fait longtemps…»

 

Le regard d’Isshin glissa vers le bouquet de fleurs qu’étreignait le jeune homme souriant.

 

« Oh oui… Je suis désolé de ne pas vous avoir répondu… mais… j’ai du encaisser et après, je n’ai pas osé vous contacter… et la raison de ma présence ici, c’est ma sœur, elle a accouché hier soir. Je n’ai pas pu venir, alors je profite d’un creux…

—    Votre sœur est ici ?

—    Oui… et…

—    Grand frère ! » S’exclama une voix forte.

 

Surpris les deux hommes virent un homme plus trapu que Kaien s’approcher. Les traits de l’homme paraissaient plus épatés que ceux fins de son frère ainé.

 

« C’est Kukkaku qui va être contente de te voir… Elle pestait après toi hier soir, car t’était pas venu…

—    Je n’ai pas pu me libérer ! » Grimaça Kaien.

—    Ben t’iras lui dire… B’jour M’sieur ! » Fit Ganju en regardant Isshin droit dans les yeux.  « Vous êtes le nouvel ami de mon frère ? »

Isshin faillit s’étouffer et Kaien éclata de rire et répondit

 

« C’est pas moi qui aurait dit non ! » Sourit le jeune homme toujours aimable. « Mais, apparemment je ne suis pas à son goût. »

—    Dommage, Kaien est quelqu’un de bien mais, il tombe que sur des merdes ! Vous me paraissiez quelqu’un de bien…»

 

Kaien attrapa son frère et lui ébouriffa les cheveux, gêné. Quelques pétales dans l’agitation tombèrent sur le sol.

 

« Vous me flattez, jeune homme… et je sais que votre frère est quelqu’un de très bien… »

 

Kaien arrêta de sourire et rougit légèrement sous les compliments. Son regard rencontra les yeux noirs chaleureux du médecin. Ganju donna une claque dans le dos de son grand frère le voyant ému pour la première de sa vie.

 

« T’es amoureux ?

—    Hum… Excusez-moi de vous avoir déranger Kurosaki-san… Je vais aller voir ma sœur.

—    Je vous en prie.

—    Peut-être à bientôt… » Sourit Kaien à nouveau.

 

L’optométriste attrapa son frère un peu brutalement et quitta les lieux. Isshin tourna son regard et rencontra les yeux clairs d’Amagai. La douleur qu’il vit passer dans son regard l’interpella, il voulut faire un geste vers l’urgentiste mais, ce dernier se détourna brutalement, les épaules visiblement crispées.

 

Isshin resta comme cloué au sol. S’il avait été dans un autre endroit que celui-ci, il aurait tenté de rejoindre Shuusuke. Ici… il ne pouvait rien faire. Le chirurgien ne quitta pas le dos d’Amagai jusqu’à ce que ce dernier disparaisse au détour d’un couloir. Isshin jura et se détourna pour rencontrer le regard moqueur de Kisuke.

 

« Quelque chose te perturbe grand frère ? » Ironisa le blond.

—    Que fais-tu ici ?

—    Quel accueil ! » Rétorqua le commerçant pas vexé. « Je profite bassement de ton établissement pour me faire soigner « gratuitement » par l’un des médecins qui côtoient ce haut lieu de perdition !

—    Ne raconte pas n’importe quoi… » Grogna Isshin qui tourna les talons.

 

Kisuke observa l’attitude renfrognée de son frère et se posa un tas de questions. Il lança d’une voix moqueuse.

 

« Tu t’es déjà fait plaquer ? Tu vas vite… »

 

Isshin s’arrêta et tourna son visage vers son frère. La lueur qui brilla un instant dans le regard sombre du chirurgien alerta Kisuke.

 

« Merde ! Je disais pour plaisanter ! 

—    T’as toujours le chic pour tomber sur ce qui blesse…

—    J’y peux rien si je lis en toi comme un livre ouvert… Pourquoi ? Demanda Kisuke qui avait emboité le pas de son frère.

—    Pourquoi quoi ?

—    Elle t’a plaqué ?

—    Cela ne te regarde pas !

—    Hum… ton mauvais caractère ?

—    Non… cela n’a rien à voir…

—    Je ne vois pas ce qui peut-être pire que ton caractère Isshin. » Répondit pensif Kisuke.

 

Isshin observa son frère par-dessus son épaule. Devait-il lui dire à lui aussi ? Le chirurgien n’en avait aucune envie. Si Kisuke l’apprenait, il lui tournerait autour à longueur de temps et tous les membres de sa famille son temps à veiller sur lui, comme pour un mort ! Agacé par les conclusions de son frère, Isshin entra dans son bureau, toujours le blond collé aux basques. Lisa suivit les deux frères du regard et soupira. Une nouvelle altercation en vue ?

 

« Je n’ai pas que des mauvais côté !

—    Si on s’est fait plaqué, c’est qu’il y a une raison ! » Répondit Kisuke.

 

Isshin foudroya son frère du regard quand il vit son regard accusateur.

 

« Je me réjouissais qu’il puisse y avoir quelqu’un qui réussisse enfin à passer les murailles qui entourent ton cœur, et toi tu fous tout en l’air en moins de cinq minutes…

—    Je ne vois pas de quoi tu parles ! » Répliqua sèchement Isshin.

—    Tu as franchement un foutu caractère. Tu as encore dit des choses sans prendre de gants ?

—    J’en ai pris ! » Se défendit Isshin.

—    Oh vraiment ? Deviendrais-tu diplomate avec l’âge ? » Demanda narquois le commerçant.

—    Ne te moque pas de moi… Je fais de réels efforts !

—    Mais le sait-elle ?

—    Je n’en sais rien ! » S’énerva Isshin. « Maintenant, laisse-moi tranquille. Contrairement à toi j’ai du travail ! »

 

Kisuke haussa un sourcil. Il retrouvait le bloc de glace qui avait sévit un nombre incalculable d’années. Isshin Kurosaki se refermait à nouveau sur lui-même.

 

« Tu vas abandonner sans réagir ? » Demanda Kisuke. « Tu avais l’air heureux… »

—    Je ne suis pas malheureux ! Maintenant… si tu as finit, je voudrai que tu ailles à ton rendez-vous et que tu me laisses vivre ma vie.

—    En es-tu capable ? » Ironisa Kisuke.

—    Sort ! »

 

La voix d’Isshin était basse. La menace n’en plana que plus grande. Kisuke vit la lueur dangereuse dans le regard de son frère et pour se donner contenance, rit doucement. Il sortit un éventail de son haori vert et fit un demi-tour sur lui-même. En sortant, il déclara narquois

 

« Dommage que tu n’arrives pas à garder ceux que tu aimes près de toi… Isshin ! »

 

Un craquement sourd se fit entendre dans le bureau, alors que la porte se refermait en silence. Surpris Isshin vit que son stylo avait été cassé net par son poing. Les jointures de ses doigts étaient blanches sous la pression de sa main. Il soupira et se resta un long moment les yeux fermés, renversé sur son siège.

 

Le médecin sortit son portable et voulu l’ouvrir. Il s’aperçut qu’il était déchargé et jura à voix basse. Il attrapa son chargeur dans le tiroir de son bureau. Isshin après avoir branché son téléphone, s’aperçut qu’il était obsédé par les yeux de Shuusuke et sans réfléchir sortit de son bureau. Lisa l’appela mais, Isshin fit la sourde oreille.

 

Il traversa rapidement les couloirs et se retrouva devant la porte du service des urgences et s’aperçut qu’il n’avait aucun motif valable pour parler avec Amagai. Le médecin fit marche arrière et demeura indécis un bref instant. Isshin ne s’aperçut pas du regarde Shuusuke posé sur lui. Il fit demi-tour à contrecœur et pris la direction du toit de l’hôpital. Il allait s’en griller une pour ne pas devenir fou.

 

°°0°0°°

 

Shuusuke avait été appelé aux urgences lorsqu’il avait vu Isshin discuter avec Kaien. Il n’avait pas eu le temps de s’attarder mais, son cœur n’avait fait qu’un tour. Le sourire qu’avait adressé le médecin à son ami lui avait fait l’effet d’une flèche en plein cœur.

 

Le médecin décida de tenter à nouveau sa chance en appelant le portable d’Isshin et il tomba sur le répondeur.

 

« Isshin… répond-moi… je voudrai te parler… »

 

Amagai ferma son téléphone et quitta les couloirs. Il se sentait l’envie de fumer. L’urgentiste se sentait de plus en plus mal quand à cette drôle de situation qu’il vivait actuellement. Il monta les étages rapidement, l’esprit ailleurs. Shuusuke avait déjà sortit son paquet de cigarettes et son briquet lorsqu’il poussa la porte qui amenait au toit. Il se figea sur le seuil. Kurosaki se tenait devant lui, lui tournant le dos, visiblement plongé dans la contemplation du paysage. Il fumait songeusement et il n’avait pas prêté attention à son entourage. Les bourrasques de vent balayaient ses cheveux courts et les volutes de fumée s’étirait rapidement pour disparaitre.

 

C’était maintenant qu’il devait prendre sa décision. Vivre et aimer pour être blessé d’ici quelques mois, années ? Ou bien, souffrir en continue mais de manière atténuée… avec la possibilité de pouvoir aimer une autre personne…. Peut-être moins passionnément ? Peut-être comme on aime un ami mais, après tout, cela faisait beaucoup moins mal.

 

Le dos droit, les yeux portées au loin, sur un horizon tourné vers l’avenir certainement… l’attitude d’Isshin était un mélange si contrasté de décontraction et de sérieux. Il était certain qu’il ne se laisserait pas abattre. Mais, Shuusuke n’était pas prêt à tout accepter de la part d’Isshin. Et certainement pas le fait qu’il puisse ne pas prendre soin de lui.

 

C’est très raide qu’Amagai avança. Son regard était sombre, sûr de ses convictions qu’il interpella Kurosaki.

 

« Isshin… » Ce dernier se tourna visiblement surpris. « Je suis prêt à rester près de toi… mais, je refuse que tu mettes ta vie en danger… Je… je veux que tu me promettes de tout faire pour prolonger ta vie le plus longtemps possible. Si tu disparais… »

 

Amagai s’arrêta dans sa tirade ne pouvant aller plus loin. Isshin compris le message et n’eut pas besoin de paroles supplémentaires. Sa main avait glissé contre sa joue. L’émotion l’étreignait mais, il se sentait incapable ici, de l’exprimer par quelque chose de fort. Seule sa main parvenait à transmettre l’amour qu’il éprouvait pour Amagai. Isshin eut un sourire et demanda

 

« Permet-moi seulement de finir, cette dernière cigarette…

—    Je vais t’accompagner… »

 

Isshin haussa un sourcil et demanda surpris

 

« Pourquoi ?

—    Je ne vais pas te demander d’arrêter et moi égoïstement continuer à fumer… Cela ne me fera pas de mal… » 

 

Le chirurgien sourit et Amagai glissa entre ses lèvres une cigarette. Isshin se pencha et avec le bout de sa cigarette qu’il avait posé sur ses lèvres à nouveau, alluma celle de son compagnon. Leurs regards ne se quittaient pas. Ils se tenaient l’un en face de l’autre sans se parler. Ils étaient à nouveau seuls au monde et soulagé du tour que prenait les événements. Leurs corps auraient pu se toucher mais, une petite distance restait entre eux, suffisante pour soulever leurs vestes. Elles s’effleuraient comme si elles exprimaient les sentiments de leurs propriétaires, avec fougue. L’intensité de l’instant les coupa du reste du monde. Ils en oublièrent le lieu où ils se trouvaient.

 

Le biper d’Amagai se fit entendre. Il fallut quelques secondes à l’urgentiste pour revenir sur terre. Il attrapa l’appareil et fronça les sourcils.

 

« Je dois descendre…

—    Je te rejoins ce soir, Shuusuke. »

 

Amagai releva la tête et observa le chirurgien. Un sourire s’inscrivit sur les traits de l’urgentiste qui quitta les lieux après avoir écrasé sa cigarette. Se fut quand il descendit les marches de l’escalier qu’Amagai s’aperçut de son essoufflement. Il avait envie de pleurer mais, ne le pouvait pas. Dans sa tête, l’homme se ressaisit et raya les mots qui lui donneraient des angoisses. Quand, il regagna son service, il n’était concentré que sur une seule chose, son travail.

 

Isshin resta quelques minutes supplémentaires sur le toit. Il observa sa dernière cigarette avec intérêt. Puis, lentement la fit chuter au sol et l’écrasa consciencieusement. Il soupira et regagna sa cachette. Le directeur de l’hôpital sortit son petit calepin et nota la date et le nombre de cigarettes dans l’étui. Il glissa le billet à l’intérieur et garda sur lui le briquet offert par Amagai. Isshin reposa son paquet dans la cachette et quitta les lieux sans regret.

 

°°0°0°°

 

A la surprise d’Isshin, il fut le premier à entrer dans l’appartement. Pourtant, il avait été retenu par des papiers… Que faisait Shuusuke ? Voulant se mettre à l’aise, Isshin se changea lorsqu’il traversa le couloir pour regagner le salon, la porte s’ouvrit sur Amagai qui paraissait fatigué.

 

Shuusuke eut un coup au cœur en rencontrant le regard d’Isshin. Il s’avança en repoussant la porte. Isshin était en face de lui, son regard était chaleureux. Comme un papillon attiré par la flamme Shuusuke s’avança vers Isshin qui lui-même avait réduit la distance. Une brève seconde, ils s’observèrent avant que leurs bouches ne se jettent affamées sur celle de l’autre. Le baiser n’avait rien à voir avec tous ceux qu’ils avaient échangés précédemment. Shuusuke sentait l’urgence, la langue d’Isshin cherchait la sienne. Amagai se sentait reculer pour être collé contre un mur tout proche.

 

Les mains de Shuusuke se crispèrent sur le revers de la veste d’Isshin et il répondit passionnément. Sa langue se frottant, presque râpant celle de son amant. Leurs respirations étaient saccadées. Les mains d’Isshin qui caressaient le corps de Shuusuke le faisaient frissonner. De son dos, elles glissaient sur ses reins pour descendre vers ses fesses et remonter sensuellement, en froissant le tissu de la chemise qui recouvrait encore le corps de Shuusuke.

 

Lorsqu’ils reprirent leurs respirations, leurs fronts et leurs nez se touchaient. Ils étaient haletants. Les mains d’Isshin s’étaient posés sur le mur qui coinçait Shuusuke. Ils étaient incapables d’échanger une parole. Amagai eut un petit sourire et encadra le visage d’Isshin. La bouche de l’urgentiste embrassa celle du chirurgien plus lentement, prenant le temps de déguster chaque seconde qui s’écoulait. Malgré son désir de ralentir l’attente qui les écrasait, leurs corps se pressaient l’un contre l’autre, leurs mains cherchaient sous les vêtements. Amagai chuchota contre l’oreille d’Isshin

 

« Tu es sûr ?

 

Isshin se recula et répondit avec sincérité.

 

« Comme jamais dans ma vie… »

Chapitre 14

Amagai observa entre ses paupières le visage de l’homme qui l’embrassait. Isshin avait de la poigne mais, il ne laisserait pas dominer aussi facilement. Shuusuke enlaça son amant et eut un geste pour le plaquer à son tour contre le mur. Sa bouche se détacha de celle exigeante du chirurgien. Ils avaient le souffle court tous les deux.

 

Le regard sombre, Amagai fit courir ses doigts sur le torse d’Isshin en déboutonnant la chemise. Le chirurgien fit la même chose mais, Amagai fit descendre ses lèvres sur la nuque d’Isshin, cheminant inexorablement vers sa clavicule. Une de ses mains se saisit de celle du médecin plaquée contre le mur, l’empêchant de le repousser. Sa bouche vola sur le torse de son amant qui attrapa ses cheveux de son autre main l’obligeant à redresser la tête.

 

« Amagai-san… ne croyez pas vous en sortir ainsi…

—    Laissez-vous Kurosaki-san… je fantasme sur vous depuis des semaines… » Rétorqua haletant l’urgentiste.

—    Vous n’avez pas le monopole du rêve ! » Rétorqua Isshin en fronçant les sourcils.

 

Ce dernier se pencha et embrassa à nouveau son amant avidement. Les deux hommes se retrouvèrent à genoux sur le parquet. Amagai repoussa le tissu devenu gênant. Les mains d’Isshin caressaient son torse, s’attardant sur ses mamelons, provoquant un courant électrique au travers de son corps. Shuusuke n’était pas en reste en s’attaquant à la boucle de pantalon de son amant qui le fixait avec intensité, Amagai repoussa cette impression d’être englouti par le gouffre que provoquait en lui ce regard sombre.

 

Shuusuke arrondit les yeux lorsqu’il se sentit basculer en arrière emporté par leurs élans. Isshin le retint contre lui. Leurs peaux étaient en contact provoquant un frisson d’excitation chez les deux hommes. Shuusuke fit glisser ses mains sur les sous-vêtements d’Isshin et ce dernier fit de même pour lui. Ils étaient nus et Amagai attendit le cœur battant d’être rejeter. Autant que cela se face immédiatement…

 

Il n’eut pas le temps de terminer sa réflexion, qu’Isshin le domina pour l’embrasser tendrement, il chuchota contre sa bouche

 

« Je vous aime Amagai-san… »

 

Cette fois-ci se fut plus tendrement qu’Isshin repoussa Shuusuke sur le plancher. Bouche contre bouche, front contre front, ils se fixaient incapable de détacher leurs regards l’un de l’autre. Leurs lèvres reprirent possessions l’une de l’autre. Leurs langues se caressaient sensuellement alors que leurs mains exploraient le corps de l’autre.

 

Isshin était hypnotisé par le regard troublé d’Amagai. Il n’y voyait aucune timidité, seulement se désir brûlant dans lequel il se laissait joyeusement, sans aucune arrière pensée, aucune peur. Kurosaki n’en revenait pas de bouleverser l’homme qu’il tenait entre ses bras. Son cœur cognait dans sa poitrine, sous sa propre émotion. Sa seule angoisse était de ne pouvoir satisfaire son amant. Plus il voyait son regard devenir sensuel, plus Isshin souhaitait connaitre les limites de Shuusuke.

 

Ce dernier observa entre ses paupières Isshin glisser sur son ventre, toujours en le scrutant. Sa bouche découvrait sa peau et les zones érogènes de son corps. Jamais, il n’avait été aussi étudié par qui que ce soit. Sa gorge se noua et il haleta lorsqu’un doigt d’Isshin caressa son gland avec sensualité. Jamais, Shuusuke n’aurait cru qu’Isshin serait aussi direct et si peu frileux à le caresser.

 

Incapable de détacher ses yeux de ceux de Kurosaki, Amagai l’observa lécher son sexe peu à peu. Taquinant son gland une nouvelle fois mais cette fois-ci avec la pointe de sa langue pour l’engloutir mais pas entièrement. Amagai se laissa faire et admira Isshin, qui s’en tirait bien pour sa première fois. Il attrapa pareillement les cheveux d’Isshin comme le lui avait fait plus tôt le chirurgien. Il rencontra le regard interrogatif d’Isshin par lequel, il répondit par un sourire.

 

« A mon tour… »

 

Shuusuke embrassa brièvement son amant, avant d’explorer le corps puissant qu’il fit basculer sur le sol. Sa langue caressa avec dextérité chaque grain de peau qu’elle rencontrait. Contrairement à Isshin, il se concentra sur se qu’il explorait. Sur le mamelon qui se tendait sous ses attentions. La respiration d’Isshin qui s’accélérait imperceptiblement. Sur le ventre qu’il embrassait et qui se contractait à chacun de ses tendres attouchements. Sa main avait glissé sur le sexe de son amant provoquant un léger râle chez ce dernier.

 

Amagai rencontra brièvement le regard d’Isshin. Il était visiblement ému. Un sourire s’inscrivit sur le visage de Shuusuke. Isshin se pencha et Amagai cueillit son baiser avant de reprendre son exploration sensuelle. L’homme sentait les mains de son amant caresser ses cheveux. Amagai lécha par petit coup, comme un chat lape le lait, le gland humide d’Isshin.

 

Puis, sa langue glissa sur le sexe de son amant, sa bouche enserrant peu à peu la longueur de son amant. Suçant son sexe avec application, Shuusuke entendait la respiration d’Isshin devenir saccadée.

 

« Laisse… moi te le faire aussi… »

 

Amagai se redressa et haussa un sourcil interrogateur.

 

« Tu es sûr ? 

—    Oui… je veux te donner du plaisir… 

—    Mais, tu m’en donnes ! » S’exclama Amagai surpris.

 

Isshin eut un petit sourire et embrassa à nouveau son amant avant de le faire basculer à nouveau. Un frisson d’excitation le traversa. Il glissa de l’autre côté et sans aucune hésitation repris son exploration là, où Shuusuke l’avait interrompu plus tôt. Il dû se concentrer, les caresses de son amant étaient comme des décharges électriques qui lui parcourait le corps. Isshin était fasciné par le dépassement de ses propres barrières.

 

Leurs langues et leurs bouches prenaient le sexe de l’autre. Chacun cherchant à se donner du autant de plaisir qu’ils le pouvaient.

 

Isshin vit Shuusuke glisser sa main entre ses fesses et il se redressa pour l’observer. L’expression de son amant s’était encore modifiée. Il était évident qu’il éprouvait du plaisir. Isshin suggéra

 

« Laisse-moi faire… »

 

Avant qu’il ne puisse protester, le chirurgien avait repoussé ses doigts et remplacer par les siens. Shuusuke rougit légèrement et s’agita un peu en sentant la lente exploration d’Isshin. Lorsque sa respiration fut coupée par la découverte de sa prostate, Isshin murmura avec le sourire

 

« Trouvé ! »

 

Amagai se cambrait sous les doigts agiles et tendres du médecin. Il se redressa pour se mettre à la hauteur du visage de Shuusuke. Sa bouche recouvrit celle de son amant, recueillant ses soupirs. Isshin fit glisser succévisement un doigt, puis deux et sous la supplique de Shuusuke, gliça trois doigts en un va et vient appuyer et de plus en plus rapide. L’expression abandonnée de l’urgentiste fit monter l’adrénaline chez Isshin qui retira ses doigts. Il rencontra le regard sable et il chuchota contre sa bouche, d’une voix rauque.

 

« J’ai envie de toi… »

 

Il n’y eut aucune hésitation chez Isshin. Amagai et Kurosaki eurent le même mouvement, ils attrapèrent leurs pantalons et sortirent un préservatif. Ils s’observèrent avec un sourire complice.

 

« Met-le moi… » Souffla Isshin.

 

Amagai s’exécuta. Il arracha avec ses dents le papier et glissa le préservatif autour du sexe de son amant. Quand ce dernier s’avança ensuite lentement entre les fesses de son amant, Amagai se sentit essoufflé. Suspendu au-dessus de Shuusuke, Isshin attendit quelques secondes que ce dernier s’habitue à sa présence. La pression autour de son sexe excitait le chirurgien qui fit un effort pour ne pas prendre brutalement Amagai. Ce dernier lui fit un geste imperceptible qu’il intercepta et bougea progressivement.

 

Ni l’un, ni l’autre n’entendirent le téléphone qui sonna. Ni l’un, ni l’autre ne perçut les coups de fouet de la pluie se brisant sur les vitres. Les raisonnements lourds de leurs cœurs emplissaient entièrement leurs perceptions auditives. Leurs yeux ne fixaient que le regard de l’autre. Ils étaient seuls. Leurs lèvres se rencontrant pour s’embrasser, leurs gémissements emplissant l’espace.  

 

Shuusuke caressa le visage d’Isshin, le regard de ce dernier se fit débordant d’amour. Les mouvements se firent plus rapides sous l’excitation, et Amagai sentait en lui une montée inexorable de sa jouissance. Ses doigts se crispèrent sur les épaules d’Isshin.

 

°°0°0°°

 

Toujours allongé sur le sol, continuant de se fixer et la respiration toujours rapide, Isshin chuchota

 

« Doit-on finir systématiquement sur le parquet ? Me proposeras-tu un jour un lieu plus confortable ? Je commence à me faire vieux… » Marmonna Isshin.

—    La prochaine fois, nous pouvons utiliser la salle de bain… la buanderie également offre quelques propositions intéressantes, quoiqu’il y a aussi le plan de travail de la cuisine et… » Continua malicieux Amagai avant d’être coupé.

—    J’ai compris… ça va, ça va… n’en jette pas plus… » Gronda Isshin.

—    Je peux te proposer bien d’autres choses encore… » Répliqua Shuusuke en posant son front sur celui du chirurgien.

 

Amagai embrassa tendrement son amant qui l’enlaça et approcha son corps plus près. Isshin constata qu’ils étaient frigorifiés à présent. Il répondit à Shuusuke et lorsque le baiser cassa, il se redressa et tira l’urgentiste à lui.

 

« Et si nous explorions la salle de bain en premier ? » Suggéra Isshin.

—    Déjà ? » S’étonna Shuusuke alors que le chirurgien le tirait derrière lui pour entrer dans la pièce d’eau.

 

Isshin tourna un visage moqueur vers Shuusuke qui secouait la tête incrédule.

 

« Ne marche pas si vite… le parquet n’était pas très confortable… »

—    Tu es douillet » Rit doucement le chirurgien.

—    Et toi tu es prétentieux… la prochaine fois, c’est toi qui seras allongé sur le sol et je te grimperai dessus ! Tu verras si c’est si agréable…

—    Déjà en train de protester ! Tu es censé être amoureux et tout accepté !

—    Isshin ! Je n’ai jamais dit que j’étais ton esclave !

—    Non ? »

 

Ils étaient sous la douche et le jet tiède abattait leurs cheveux sur leurs crânes. L’eau ruisselait sur leurs muscles et certaines gouttes plus taquines, s’attardait sur leurs physionomies. La lueur malicieuse qui se lisait dans le regard de Kurosaki, fit battre le cœur d’Amagai. Leurs mains s’emmêlèrent, et leurs bouches se rasaient prêtes à se conquérir une nouvelle fois. Shuusuke lâcha les mains d’Isshin pour les laisser courir ses doigts sur ses bras, sa nuque, son torse.

 

« C’est du harcèlement… » Chuchota l’urgentiste.

—    C’est toi qui me provoque ! » Se plaignit Isshin.

—    Pratique de rejeter la faute sur les autres Kurosaki-sensei… »

 

Amagai fut interrompu par un nouveau baiser. Shuusuke encercla les épaules d’Isshin voulant le garder contre son cœur qui s’affolait à nouveau dans sa cage thoracique. Ils restèrent un long moment sous la douche… A s’aimer encore et à se rejeter tous les tords de l’attraction irrésistible qu’ils exerçaient l’un sur l’autre. Entremêler de baisers et de mots tendres prenant plus de temps pour se découvrir…

 

°°0°0°°

 

Le radioréveil sonna de son cri strident. Isshin leva difficilement une paupière. Il se sentait inexplicablement épuisé et courbaturé. Une main qui reposait sur son estomac et qu’il pensait être la sienne se lança à la conquête de l’engin de torture pour arrêter ses hurlement infernaux. Isshin s’aperçut enfin que Shuusuke avait son corps collé contre le sien et qu’il s’était blottit contre son dos.

 

« Isshin… je n’arrive pas à l’éteindre… fait quelque chose… tue cet appareil de malheur ! »

 

Le directeur de l’hôpital arrêta l’alarme et se tourna lentement vers son amant. Ce dernier n’était pas du matin ou plutôt, pas quand il se trouvait dans l’appartement. Cela faisait deux mois à présent qu’ils se retrouvaient tous les quatre jours quoique… maintenant et depuis quinze jours tous les week-ends.

 

« Pourquoi doit-on se lever ce matin ? » Demanda Shuusuke toujours à moitié endormis.

—    Nous avions prévu de faire les magasins aujourd’hui !

—    Ah oui… »

 

Amagai leva une paupière et observa Isshin qui paraissait très en forme de bon matin. Isshin éclata de rire et poussa gentiment son amant contre le matelas pour l’observer à loisir.

 

« Vous êtes négligé Amagai-san… » Ricana Isshin. « Votre barbe pousse et bientôt, elle dépassera la mienne…

—    Il n’y a qu’hier où je ne me suis pas rasé ! Et tout ça parce qu’on m’a réveillé pour une urgence… Et ce matin, tu m’excuseras, je n’ai pas eu le temps d’aller dans la salle de bain !

—    Hum… Tu es prêt à me suivre ?

—    Isshin… Ton bateau n’arrive que dans deux mois, voir trois… tu as encore le temps pour l’équiper…

—    Oui mais, j’ai envie de faire autre chose la semaine prochaine… n’oublie pas que nous avons un repos exceptionnel de plusieurs jours et j’ai concocté une petite surprise !

—    Pourquoi tu m’as demandé la validité de mon passeport ? » Demanda soudain Amagai en se rappelant sa courte conversation de la veille au soir.

—    Parce que nous partons en voyage… mais, je ne te dirai pas où !

—    Tu vas me tuer avant l’heure !

—    Ne raconte pas n’importe quoi… Allez debout ! Nous avons à faire aujourd’hui…

—    Oui… je me lève, je me lève… »

 

Isshin se redressa et enfila rapidement un pantalon de pyjama et un t-shirt. Shuusuke ne put s’empêcher d’admirer la carrure de son amant et trouva la place à côté de lui désespérément vide. Ne volant pas rester seul dans ce lit devenu trop grand, il s’habilla à son tour et rejoignit Isshin dans la cuisine. Ce dernier finissait de remplir la cafetière. Le cardiologue s’appuya contre le montant de la porte.

 

« Je peux savoir pourquoi tu me fais des cachoteries ?

—    C’est une surprise pas une cachoterie !

—    Au fait… il nous faudra être plus discret… Nous avons faillit être surpris lorsque tu m’as kidnappé dans la lingerie… » Maugréa Shuusuke.

—    Kidnappé est un bien grand mot… Je te sentais crispé et j’étais persuadé que tu avais besoin d’une pause tendresse…

—    Ne confond pas tes désirs avec les miens… » Déclara faussement en colère Amagai.

 

Isshin se tourna brutalement vers Shuusuke et souffla contre ses lèvres.

 

« Quels sont tes désirs ?

—    Isshin…

—    Nous n’avons qu’ici pour nous exprimer librement ! » Protesta le directeur de l’hôpital central.

—    Et tout l’hôpital il n’y a que deux endroits où tu n’as pas osé me toucher ! La chambre d’un patient et la morgue !

—    Je n’aime pas les spectateurs qu’ils soient vivants ou… morts !

—    Tss… Tes mains…

—    Quoi mes mains ? » Interrogea Isshin innocemment.

—    Elles sont déjà en train de me tripoter !

—    Je n’ai pas pu te câliner au sot du lit alors j’en profite maintenant…

—    C’est toi qui a voulu te lever ! Alors maintenant tu es sage jusqu’à ce soir…

—    Ce soir ! S’exclama Isshin affolé.

—    C’est ta punition et tu réfléchiras à deux fois avant de mettre le radioréveil à six heures du matin un week-end !

—    Je voulais profiter de l’ouverture des magasins ! Tu ne vas pas me reprocher de vouloir t’inviter au cinéma cet après-midi ?

—    Voir quoi ? S’étonna Amagai.

—    Ce que tu veux… Attend ! »

 

Isshin lâcha le t-shirt de Shuusuke qu’il avait en partit défait et revint quelques minutes plus tard avec un dépliant.

 

« J’ai pris un programme hier dans la salle d’attente du service gynécologie…

—    Que faisais-tu en gynécologie ? Et il est interdit de voler le matériel de l’hôpital, je te le rappelle !

—    Ryuuken voudrait que nous rénovions cette partie de l’hôpital avec le service maternité. C’est notre prochain grand chantier !

—    Tu vas t’en occuper aussi ?

—    Oui… Ryuuken a récupéré une partie de l’administratif. Il a terminé tous les recrutements et les comptables s’occupent du reste.

—    Vous allez agrandir l’aile comme pour la gériatrie ?

—    Non… nous n’aurions pas les autorisations… Et puis, y’a aussi Karin qui m’a demandé à ce que je m’occupe du service de la morgue.

—    Pourquoi ?

—    Et bien… il se trouve que ma chère fille est très douée pour son travail et la police lui demande de faire de plus en plus d’enquêtes sur les morts suspectes ou pas d’ailleurs… De ce fait, elle a besoin de plus de matériel et elle m’a demandé de recruter au moins un ou deux médecins… J’ai pensé lui adjoindre un étudiant en médecine médico-légale et un laborantin. Je ne peux faire que cela pour l’instant… A moins que notre bonne vieille ville de Karakura et Tokyo fassent quelque chose pour nous ?

—    Tu rêves… » Murmura Shuusuke toujours plongé dans son dépliant.

 

Il était absolument ravi de sortir au cinéma. Cela faisait une éternité qu’il n’y avait pas mis les pieds. Son regard s’attarda sur un film qui ressortait dans une petite salle indépendante.

 

« Oh… les guerriers de l’apocalypse ! J’avais adoré ce film ! 

—    Ok ! On mangera au restaurant pas trop loin et on ira voir ce film. Note l’heure… Tu veux quoi comme petit déjeuner ? »

 

Shuusuke releva la tête et déclara en posa le prospectus

 

« Laisse je m’en occupe. La dernière fois, tu as faillit mettre le feu à l’appartement.

—    Comment veux-tu que je progresse, si tu refuses de me laisser toucher à quoi que ce soit ?

—    Fait-le en présence de tes domestiques !

—    Je suis interdit de cuisine jusqu’à la fin des mes jours… » Répliqua bougon Isshin. « Même Sasabike refuse  que j’aille plus loin que le salon à présent. Des que j’esquisse le moindre geste vers le domaine des domestiques, il s’interpose ! Je ne suis plus maitre chez moi…

—    Se n’est plus chez toi… » Souffla Shuusuke. 

 

Voyant la lueur qui s’allumait dans le regard sombre, Amagai enlaça la taille d’Isshin et déclara calmement

 

« C’est ici chez toi… mon amour… 

—    Tu m’interdis aussi de faire quoique ce soit ici…

—    Quelle tête de mule ! Très bien ! J’abandonne… mais, ne croit pas que cela se passera comme ça à chaque fois ! » Gronda le cardiologue.

—    Je peux faire la cuisine ? » Sourit presque modestement Isshin.

 

Shuusuke faillit éclater de rire mais, se retint. S’il laissait croire à son amant que son comportement l’amusait, il se ferait dévorer. Quoique s’était déjà fait depuis longtemps…

 

« Je te montre et tu écoutes mes conseils… et si tu es un bon élève et seulement si… tu es un bon élève. » Amagai repoussa les mains d’Isshin qui voulait se saisir de la louche et du couteau qu’il avait sortit du tiroir.  « Tu auras le droit de faire la cuisine… en attendant… tu n’as que le grade de marmiton ! 

—    N’oublie pas que je suis ton patron… » Ricana Isshin.

—    Peut-être… Mais ici, ton influence est nulle ! » Répliqua calmement Shuusuke en fixant Isshin droit dans les yeux.

—    Je me vengerai des qu’il me sera possible…

—    Tu me fais une seule réprimande pour un sujet de conversation qui ne tourne pas en ta faveur, et surtout à cause de ta mauvaise fois… tu es privée de câlin pendant quinze jours…

—    Pas ça ! » Protesta Isshin faussement affolé.

—    Je vais me gêner… Je ne ferai pas d’arrêt cardiaque à chaque fois que tu crois être seul et que tu m’enfermes quelques part pour assouvir tes désirs pervers !

—    Tu ne protestes jamais…

—    Pardon ? » Fit Amagai en haussant un sourcil.

—    Hum… elles ne sont pas très affirmés tes protestations…

—    Encore faudrait-il que tu me laisses respirer… maintenant regarde ! Je te montre une fois et je te laisse faire ensuite ! »

 

Amagai se mit en tête d’apprendre à Isshin les rudiments de la cuisine. L’ancien chirurgien fut très à l’écoute pour finalement prendre les ustensiles et commencer à faire la cuisine seul. Shuusuke mit la table en surveillant son « protégé » qui avait tendance à être très distrait dès qu’il se tenait dans les parages.

 

Presque deux heures plus tard, la cuisine rutilait, ils avaient bien mangé, ils étaient habillés pour passer une journée agréable sous un beau soleil d’avril. Isshin conduisit son véhicule jusqu’au centre ville de Tokyo. Une fois arrivée à destination, Isshin trouva les boutiques nautiques où il souhaitait commander son matériel.

 

Shuusuke qui déambulait entre les rayons trouva quelques articles à son goût et les mis dans son panier. Isshin le rejoignit visiblement heureux.

 

« Tu as trouvé quelque chose qui te plaisait ?

—    J’ai enfin trouvé le nom de mon bateau !

—    Oh… et c’est ?

—    Engetsu !

—    Eh bien… je le trouve intéressant comme nom…

—    N’est-ce-pas ! Tu achètes quoi ?

—    J’ai trouvé des petites choses qui me plaisaient… alors, je vais les acquérir … »

 

Les yeux d’Isshin s’attardèrent sur les objets de décorations qu’avait mis dans un panier Shuusuke.

 

« C’est…

—    Pour le bateau ! » Confirma Amagai. « Comment veux-tu te sentir chez toi, si tu ne mets pas un peu de vie ? J’ai pensé aussi à la vaisselle… j’ai fait mettre un carton de côté par le vendeur… je le récupérai avec mes autres achats… »

 

Isshin se gratta le menton et observa le panier de Shuusuke.

 

« Cela ne te plaît pas ?

—    Si… beaucoup en fait ! Si nous n’étions pas dans un lieu public, je t’embrasserai !

—    Isshin… » Protesta doucement Shuusuke horrifié.

 

Son amant s’exprimait de vive voix et ne semblait pas perturbé qu’on les entende. Toutefois, Amagai veillait au grain. Kurosaki Isshin voulait être discret et n’annoncer à personne qu’ils vivaient une romance mais, plus Isshin voulait être discret et plus c’est l’inverse qui se produisait. Il semblait si heureux qu’il prenait au dépourvu Shuusuke. Même Ishida-sensei était venu pour lui dire d’être plus mesuré. Après sa surprise, Amagai protesta en répliquant qu’il évitait autant que possible la présence d’Isshin dans les couloirs mais, que ce dernier le pourchassait et qu’il n’y était pour rien.

 

Amagai soupçonna une partie du personnel d’être au courant pour Kurosaki et lui. Il avait plusieurs fois vu des sourires attendris lorsqu’ils se retrouvaient « par hasard » dans le couloir. Shuusuke se posa une question subitement… combien de temps encore la famille Kurosaki allait être tenu à l’écart de leur relation ? Si une partie du personnel le savait, ce n’était qu’une question de jours avant que cela ne parvienne aux oreilles de la fille d’Isshin.

 

C’était certainement la personne qu’il craignait le plus dans la famille Kurosaki. Il avait rencontré le fils, qui ne semblait sérieux et posé certes mais, abordable. Son compagnon lui paraissait calme et dégageant une assurance tranquille. Le frère d’Isshin pour le peu qu’il l’avait croisé dans les couloirs semblait nonchalant et un peu excentrique… son compagnon paraissait plus sombre et les pieds bien sur terre… Karin Kurosaki ! Les mots qui circulaient étaient exigeante, intelligente, douée… dure et froide.

 

Brièvement rencontré dans les couloirs, leurs regards se sont croisés mais, la jeune femme semblait le considéré comme une quantité négligeable… enfin pas que lui ! Tous ceux qu’elle croisait… Sauf son père ! Son expression se modifiait imperceptiblement mais, Shuusuke avait vu les mêmes modifications s’effectuer sur le visage d’Isshin. En fait, l’homme soupçonnait la fille d’être le portrait craché de son père et pour l’instant, elle semblait souffrir d’un problème de communication. Quoiqu’il avait un peu de mal à imaginer cette femme se relâcher comme son compagnon.

 

Amagai régla ses courses en caisse. Il observa le dos de son amant qui avait choisit une autre caisse où une charmante jeune femme semblait trouver Isshin tout à fait à son goût. Cela le crispait toujours un peu peut-être parce qu’Isshin n’était pas gay à la base. Pourtant, il savait qu’il n’avait rien à craindre. Il se concentra sur ce qu’il faisait et bientôt charger, il signala à l’ancien chirurgien qu’il l’attendrait à la voiture.

 

Lorsque le cardiologue sortit de la boutique, un vent tiède vint le caresser et il ne su si c’était parce que c’était le début du printemps mais, un délicieux frisson le traversait. Il descendit rapidement vers le parking souterrain et chargea le véhicule. Amagai ne vit pas la silhouette qui s’était immobilisée et l’observait à présent. Isshin le rejoignit un sourire aux lèvres.

 

« Tu veux faire d’autres magasins ? Demanda Shuusuke.

—    Non…  enfin, si… Je voudrai faire quelques achats de vêtements. Des coupe-vents, des pulls et pantalons, bottes… »

 

Jetant un bref regard à sa montre et fermant le coffre de sa Mercedes Isshin, grimaça.

 

« Nous n’avons pas beaucoup de temps. Nous sommes restés plus longtemps que prévu dans ce magasin…

—    Soit tu sais ce que tu veux et tu vas très vite ou bien nous pourrions reporter cette visite à dans quinze jours. Ce n’est pas si urgent !

—    Oui… se n’est pas urgent… seulement s’il y a d’autres choses intéressantes à faire nous serons coincés et….

—    Ou bien, tu finis ces achats seul en semaine… » Proposa pragmatique Shuusuke.

 

Isshin réfléchit brièvement et marmonna.

 

« Je n’ai plus envie de me plonger dans ses boutiques ! Ça te dirait si je te montrai l’emplacement futur d’Engetsu ?… Et ensuite nous mangeons sur la marina ? »

 

Shuusuke lui demanda

 

« Nous serons revenu à temps pour le film ?

—    Si nous loupons la séance de l’après-midi, nous irons à celle de ce soir… Allez viens ! »

 

Isshin sourit et entra dans son véhicule et s’installa confortablement derrière le volant. Amagai haussa les épaules et le rejoignit.

 

« Je suis impatient de voir où tu seras placé…

—    J’avoue… j’ai joué de mon influence

—    Donc, tu es bien placé ?

—    Tu verras… »

 

Voyant l’assurance de son amant, Shuusuke secoua la tête. Isshin voyait l’expression amusée de son compagnon.

 

« Ne te moque pas ! » Protesta vigoureusement le médecin

—    Jamais... chéri… » Sourit Shuusuke.

—    C’est bien ce que je disais… » Grogna Isshin.

 

Les doigts d’Amagai recouvrirent les siens sur le levier de vitesse. Isshin ne baissa pas son regard mais, enlaça ses doigts aux siens. L’ancien chirurgien se laissa aller sur son siège. Il aimait la vie qu’il menait. Isshin ne s’était sentit aussi libre et heureux. Amagai Shuusuke était devenu le centre de son attention. Son sourire le réchauffait et il faisait en sorte qu’il le fasse souvent. Son regard le transportait et il faisait en sorte qu’il ne regarde que lui. Son amour lui était indispensable et il faisait en sorte de le garder. Il n’y aurait pas la routine qui tue tous les couples. Certes, ils se découvraient encore et leurs emplois du temps chargés ne leur laissaient pas beaucoup de temps.

 

Isshin avait songé la veille, alors qu’il était une nouvelle fois coincée par Lisa pour terminer une pile de documents à traiter en urgence, à quitter l’hôpital. Son bateau serait bientôt là… Il voulait se coucher avec Shuusuke et se lever avec lui tous les matins. Mais, aussi voir ses enfants et petits enfants. Isshin n’avait plus rien à prouver professionnellement et de l’argent, il n’aurait plus assez de sa vie pour tout dépenser.

 

« A quoi penses-tu Isshin ?

—    A notre avenir… » Sourit Kurosaki en glissant un regard espiègle à son amant.

—    Et ?

—    Si je te demandais de vivre avec moi… chaque soir et chaque matin… Tu me répondrais quoi exactement ? »

 

Amagai ouvrit de grands yeux et observa Isshin pour voir s’il était sérieux ou pas.

 

« Mais… mais ta famille et…

—    La journée… je la passerai avec eux mais, je rentrerai à la maison pour te préparer de bon petit plat… je ne brulerai rien ! » Le rassura Isshin d’un sourire.

—    Mais… et ton travail ?

—    Je vais prendre ma retraite… je suis trop stressé lorsque je suis à l’hôpital et puis… je déteste l’administratif. Bien sur, cela ne se fera pas tout de suite… il faut que je règle certaines choses avec Ryuuken. Trouver un autre associé… sera moins simple que de trouver un cardiologue ! » Se moqua gentiment Isshin.

 

Bientôt l’océan fut en vue et Isshin se concentra un peu plus sur la circulation dense en approchant du port. Amagai observa le profil de son compagnon. Il passa une main dans les cheveux indisciplinés de l’ancien chirurgien. Le geste le détendait visiblement, Shuusuke s’attarda un peu pour reprendre sa place. Isshin gara la voiture. L’air marin fouetta leurs sens à peine étaient-ils sortit du véhicule. Isshin tendit la main vers Amagai qui lui serra brièvement les doigts.

 

« C’est agaçant de devoir se comporter comme de simples amis constamment… » Râla Isshin.

 

Amagai ne répondit rien et suivit son amant qui avançait d’un bon pas. Ils déambulèrent sur les pontons. Ce qui surprit Shuusuke fut l’éloignement, puis, il vit de beaux bateaux dans une zone tranquille et surveillé. Un homme se présenta devant eux.

 

« Kurosaki-sama… je ne m’attendais pas à votre visite…

—    Bonjour Jidenbo… Elle n’était pas prévue. Je vous présente mon compagnon… Amagai Shuusuke. Il est le seul autorisé à monter sur Engetsu.

—    Bien… Amagai-san, je suis heureux de vous rencontrer. Je vous laisse, Kurosaki-sama… j’ai quelques travaux à finir. »

 

Isshin salua l’homme et attrapa la main de Shuusuke.

 

« Ici, il n’y a plus personne pour nous observer… »

 

Et sans laisser le temps à Shuusuke de temps de réaction, Isshin enlaça Amagai. Isshin embrassa sa tempe et chuchota quelques mots tendres. Ils remontèrent le ponton et Isshin montra un emplacement vide.

 

« C’est ici que nous logerons une partie du temps. »

 

Amagai observa tout autour de lui. Contrairement aux autres parties du port, ici les aménagements était plus luxueux. Comme protégé de la foule et d’un certain public. Jamais, il n’avait cru cet espace possible. Lorsqu’il se tourna, il rencontra le regard d’Isshin.

 

« Je suis impatient…

—    Moi aussi… » Sourit Shuusuke, puis devenant plus grave. « Isshin… » Souffla Amagai. « Lorsque tout à l’heure tu m’as fait cette proposition…  celle de vivre avec moi. Tu comptes attendre ton bateau ou bien, viens-tu vivre quelques temps chez moi avant ?

 

Isshin vit de l’inquiétude dans le regard de son compagnon. Il l’attira et le serra contre lui.

 

« Si tu veux bien de moi… garde-moi près de toi, tout de suite… »

Chapitre 15

Les couloirs de l’hôpital étaient un peu encombrés. Entre le matériel neuf reçut, les livreurs, les médecins, les patients et les familles… Personne ne semblait savoir comment circuler dernièrement à l’hôpital central. Karin pesta contre les gros paquets reçut à son intention. Son père avait accéder à sa demande concernant sa demande d’achats… Mais, comme le service gériatrie emménageait, elle n’avait personne pour l’aider à pousser ses caisses. Les livreurs n’ayant pas voulu descendre à la morgue !

 

Bon sang ! Songea-t-elle. Un cadavre était moins effrayant qu’un être malade et déformé ! Enfin, c’était son avis. L’avantage d’un mort, c’est qu’il ne pouvait pas protester ! Et pour porter plainte… il faudrait que son fantôme puisse témoigner et comme à son avis, les fantômes n’avaient pas droit de citer… l’affaire était réglée. Elle laissa échapper un soupir énervé en voyant qu’elle n’arriverait jamais à descendre ces foutues caisses peu encombrantes mais, au combien lourdes !

 

Une idée germa dans son esprit. Le réfectoire ne se trouvait pas trop loin de son service. Elle abandonna les couloirs qui menaient au sous-sol et traversa rapidement les lieux. Son regard fouillait les environs pour trouver un homme fort et pas les demi-portions qui se trouvaient avec elle en bas. Son regard brilla lorsqu’elle vit la silhouette athlétique d’Amagai Shuusuke ! Il tombait bien…

 

Sans hésiter elle se planta derrière lui et déclara abruptement.

 

« Amagai-san… j’aurai besoin d’un petit service… Pourriez-vous m’aider s’il vous plaît ? »

 

L’homme se tourna vers elle visiblement étonné et elle reprit, pour ne pas le laisser respirer et trop réfléchir.

 

« Oh… se ne sera pas très long… Et je n’ai trouvé personne à part vous qui soyez assez fort pour m’aider… Enfin si… » Marmonna Karin brutalement. « Je pourrai demander à papa mais… » Elle avait laissé échappé le terme affectueux sans s’en apercevoir. Une lueur amusée brillait à présent dans le regard sable qui la scrutait avec attention. Elle rougit légèrement et pour se donner contenance, elle décréta

 

« Hum… enfin, je ne voudrai pas le déranger pour deux petites minutes…

—    Mais, moi je peux ? » Sourit Amagai sans malice.

 

C’était la première fois qu’elle entendait le son de la voix de cet homme. Elle était plutôt agréable, voir sensuelle et grave. Elle faillit frissonner et se gourmanda intérieurement pour sa bêtise.

 

« C’est… c’est parce que je vous vois dans le hall de l’immeuble et… mon service est juste en dessous. » Répondit mal à l’aise Karin, avant de se reprendre. «  Enfin, si vous ne voulez pas, je ne vais pas vous suppliez et je trouverai quelqu’un d’autre ! 

—    Non… non… je vais vous aider ! J’étais simplement surpris. »

 

Le sourire qu’Amagai lui adressa était très chaleureux. L’homme rangea un calepin et déclara

 

« Je vous suis… Suzumaki-san…. »

 

Karin haussa un sourcil et déclara sèchement

 

« J’ai repris mon nom de jeune fille… Amagai-san !

—    Ah… Je vous prie de m’excusez. C’est parce que sur votre badge, le nom qui y figure…

—    Ah oui… » Karin se maudit pour son manque de tact. Elle se racla la gorge et déclara « Désolée, j’avais oublié qu’ils s’étaient trompés à l’impression. Suivez-moi… »

 

Karin s’était adoucit et essaya de sourire. Son froncement de sourcil devait atténuer ses bonnes intentions mais, Amagai ne semblait pas perturbé par sa façon d’être. Drôle de bonhomme ! Songea-t-elle. La jeune femme passa devant et marcha d’un pas rapide jusque devant les caisses à transporter.

 

« Voilà ! J’ai quatre caisses et… je n’arrive pas à les mettre dans l’ascenseur…

—    Pourquoi les livreurs ne vous les ont pas déposés devant votre service ?

—    Parce que tout est arrivé en même temps ! »

 

Karin montra le fatras qui l’entourait et fit un grand geste englobant l’hôpital.

 

« J’en ai assez, c’est toujours sur moi que tombe toutes les galères ! Enfin, dans mon malheur, vous avez bien voulu m’aider. Merci beaucoup Amagai-san. »

 

Elle posa son regard noir sur le cardiologue qui s’était agenouillé pour prendre un des colis. Il se releva sans problème et elle rougit devant son inefficacité et dégoutée de n’avoir pu en faire autant.

 

« Et dire que j’ai mis un quart d’heure pour essayer de le pousser simplement… 

—    Sauf votre respect, ils sont effectivement très lourds…

—    Ah… Je vais ouvrir la porte de l’ascenseur. »

 

Karin se précipita et appuya sur le bouton fiévreusement. Elle entendit derrière la voix reconnaissante du médecin déclarer.

 

« Merci… je ne sais pas combien de temps, je pourrai le garder en main. »

 

Karin jugea le carton et proposa.

 

« Et si nous le soulevions ensemble ?

—    Oh… oh… ma nièce a besoin d’aide ? » Fit une voix moqueuse derrière eux.

 

Karin jura. Elle ne voulait pas voir Kisuke ! Elle n’avancerait pas dans son travail. La jeune femme le salua plutôt froidement et les portes derrières elles coulissèrent.

 

« Allons-y Amagai-san… 

—    Tu me fuis ? » Demanda le commerçant visiblement déçut.

—    Non ! Mais ses cartons sont très lourds et je suis en train de monopoliser Amagai-san ! »

 

Karin poussa le cardiologue dans l’ascenseur sans demander son avis et foudroya du regard Kisuke qui voulait les accompagner.

 

« Je peux t’aider ? Suggéra Kisuke avec le sourire.

—    Non ! Toi, tu vas voir ton frère ou tu vas voir ton médecin mais, tu nous laisses tranquilles ! Y’a des gens qui bossent ici ! 

—    Ce n’est pas gentil de dire ça à ton tonton préféré !

—    Ben voyons ! Bye, bye… »

 

Les portes se refermèrent. Karin soupira et se tourna vers le cardiologue.

 

« Je suis désolée… Je vais vous libérer pour « ça »… Je vais me trouver quelqu’un d’autre.

—    Vous ne me trouvez pas compétent ? » Demanda bon enfant Amagai.

—    Si… si… » Déclara Karin prit au dépourvu. « Mais, je vous sais occuper et…

—    C’est bon… Je suis en pause et je peux vous aider, si vous bloquiez l’ascenseur, se serait gentil et me fera gagner du temps !

—    Oh merci… » Souffla Karin en baissant la tête.

 

Ses cheveux mi-longs masquèrent en partit son visage. Elle ne jouait pas. Tout le monde l’évitait comme la peste et elle savait que son caractère pénible y était pour beaucoup. Pour une fois que quelqu’un lui portait secours, elle n’allait pas cracher dessus… Même si c’était l’amant de son père !

 

Les portes s’ouvrirent à nouveau et Karin lança au-dessus de son épaule.

 

« Suivez-moi, si vous le déposiez directement sur une des tables d’autopsie. »

 

Karin ouvrit la porte double battante d’une salle d’autopsie et retint la porte pour laisser passer le cardiologue. Ce dernier posa le carton et observa autour de lui.

 

« Cela faisait longtemps que je n’étais pas venu dans ce service…

—    C’est vrai qu’une fois le diplôme en poche on ne revient pas ici à moins d’y travailler. » Répliqua Karin qui ouvrit le carton avec un scalpel.

 

La jeune femme examina le contenu et sourit.

 

« Mon père est le meilleur ! » Karin se redressa et adressa un regard chaleureux à Amagai qui parut surpris et essayait de cacher son trouble. Elle eut un petit sourire en coin narquois. « Vous allez vous moquez de moi ?

—    Non… c’est seulement surprenant…

—    Venez… terminons-en… » Karin quitta la pièce et Amagai suivit. « Vous savez… je n’adresse pas de compliments à mon père directement. Je crois être incapable de le faire. Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça. Peut-être parce que je l’ai considéré comme un monstre durant des années ? Enfin bref… je suis heureuse aujourd’hui… il est en train de devenir le père que j’ai toujours rêvé qu’il incarne. Comme quoi, il n’est jamais trop tard. » 

 

Karin observa le visage déconcerté du cardiologue et essaya de lire en lui. Mais, mise à part cette espèce de candeur, de gentillesse et un je ne sais quoi qui faisait qu’on s’attachait à lui inconsciemment, elle ne sut son fond de penser. Elle avait été stupéfaite de voir l’homme ouvrir le coffre de la voiture d’Isshin. Et lorsque son père avait rejoint le cardiologue et l’air heureux qu’il affichait, et cette complicité qui n’était pas feinte…

 

Elle avait été choquée et avait dû s’assoir pour encaisser la nouvelle. Mais, après quelques verres d’alcool, elle avait appelé Yuzu. Le médecin avait réussit à faire tout avouer à sa sœur. Et Karin qui ne buvait jamais, ou presque avait prit une bonne cuite et avait terminé sa soirée dans une chambre d’hôtel. Besoin de se sentir seule et de réfléchir. Yuzu avait été suppliante… Comme si elle avait besoin de la prier pour quoi que ce soit !

 

Maintenant qu’elle connaissait la personne avec qui son père vivait, elle se moquait éperdument de quel sexe, il pouvait être. Elle connaissait Amagai-san de réputation. Il était apprécié partout où il passait. Et puis, pour ne rien gâcher il était cardiologue ! Dans la situation où son père se trouvait, il était préférable qu’il soit entouré. Karin reprit la conversation alors qu’ils quittaient la cage,

 

« Votre femme a bien de la chance Amagai-san… » Déclara Karin qui profitait un peu de sa situation pour taquiner le médecin. Shuusuke lui adressa un regard surpris alors qu’il s’était à nouveau emparer d’une caisse. Karin lâcha le bouton quand il la rejoignit. « C’est vrai, vous êtes beau… serviable et… intelligent… auriez-vous d’autres qualités cachées ?

 

A son étonnement, Amagai rougit sous ses paroles.

 

« Je ne suis pas marié Kurosaki-san….

—    Dommage ! » S’exclama Karin avec un grand sourire. Elle vit une lueur attristé dans le regard sable. C’était ce genre d’homme, songea-t-elle. « Mais, je pense que vous avez quelqu’un dans votre vie ? Je trouverai étonnant que vous soyez seul…

—    J’ai quelqu’un dans ma vie… oui. » Confirma soucieux le cardiologue.

—    Et bien, je l’envie vous savez…

—    Je ne sais pas quoi vous dire Kurosaki-san. »

 

Karin avait retenu à nouveau les portes et remontait dans l’ascenseur toujours avec un Amagai de plus en plus sombre. Aucune menace ne planait au-dessus de la tête de Karin qui s’apercevait qu’elle bouleversait le médecin, incapable de lui répondre correctement. Elle déclara avec un sourire.

 

« Prenez-le comme un compliment Amagai-san ! Vous savez, j’ai été marié… je viens de divorcer. Mon mari et moi nous ne nous entendions plus. Cela doit-être dû à mon caractère, je suppose. Enfin quoiqu’il en soit, sachez qu’un divorce c’est une grande épreuve.

—    Vous ne paraissez pourtant pas… affectée… » Rétorqua le cardiologue qui la scrutait d’une manière aigue.

—    Pourtant… je l’aime encore… »

 

Voyant les portes s’ouvrir, Karin se posta entre les deux portes coulissantes laissant Amagai rejoindre les cartons.

 

« Ne regrettez-vous pas d’avoir été jusqu’à cette extrémité ?

—    Nous nous entendons mieux divorcé que marié ! » Répliqua Karin avec un demi-sourire. « C’est un peu bizarre comme situation. J’ai l’impression d’avoir retrouvé mon meilleur ami et le seul que j’ai d’ailleurs.

—    Vous le prenez plutôt bien…

—    Je fais avec ! Allez plus que quelques efforts et je vous libère de votre travail forcé. Je vous remercie pour tout d’ailleurs Amagai-san.

—    Pardon ? »

 

Shuusuke posa le dernier carton. Il observa la jeune femme devant lui et ne sut que penser. Elle avait une conversation des plus privées et il ne voyait pas pourquoi, Karin se confiait à lui. De plus dans son regard, subsistait toujours une lueur moqueuse. Amagai était déconcerté et ne trouvait rien à répondre. Tout au moins, semblait-elle très sincère dans ses remerciements.

 

Karin observa quelques minutes plus tard, la haute silhouette d’Amagai se mélanger à la foule. Le médecin légiste eut un petit sourire triste et regagna son domaine. Dommage qu’il soit gay… il lui plaisait beaucoup. Son père avait décidément de la chance… Elle passa le reste de sa journée à déballer ses « cadeaux » et oublia Shuusuke et son père. Ses assistants la trouvait décidément de très bonne humeur et se demandaient bien ce qui avait bien pu se produire.

 

°°0°0°° 

 

Dans la pièce à cet instant là, une mouche se serait faite bruyamment remarquée. Ryuuken se leva brutalement et se dirigea vers le bar de son bureau. Son attitude rigide et son froncement de sourcil montraient combien, il était énervé. Il se tourna à nouveau vers Isshin et demanda

 

« Tu es sur de ce que tu veux ?

—    Oui… je veux profiter un peu de la vie… Je ne t’enlève pas Shuusuke non plus…  Il n’y a que moi qui pars.

—    « Il n’y a ». tu crois que se sera si facile pour moi de te remplacer et il y a notre nouveau projet… et…

—    Et si je te disais la même chose l’année prochaine, tu aurais lancé un nouveau projet et ainsi de suite ! Je ne reviendrai pas en arrière. Je ne te quitte pas du jour au lendemain mais… avant la fin de l’année, je veux être libre de toutes mes fonctions.

—    Isshin ! Lorsque je t’ai retiré…

—    Ryuuken. » Coupa calmement Isshin. « Je ne pense pas à avoir à justifier ce choix. Si je meurs demain que ferais-tu ? La différence serait que tu serais obligé de chercher dans l’urgence.

—    Je ne connais personne qui pourrait te remplacer…

—    Personne n’est indispensable.

—    Pourquoi ne demandes-tu pas à Uryuu ?

—    Et ta fille ?

—    Pose-lui la question. Je vais déjà l’avertir de mon projet. Peut-être sera-t-elle intéressée pour rependre ma place ? »

 

Ryuuken se servit un whisky et observa son ami. Ne plus le voir chaque jour, même brièvement… se serait nouveau pour lui. Il était incapable de se résoudre à cette nouvelle équation, même s’il comprenait parfaitement bien son ami. Son regard tomba dans l’alcool mordoré qui glissait silencieusement dans le verre qu’il agitait doucement entre ses doigts. Ryuuken se racla la gorge et répondit

 

« Très bien… discute s’en avec Karine. Je vais également en parler à Uryuu. 

—    Cela ne m’empêchera pas de venir te voir…

—    Tu es trop gentil… » Répliqua sèchement le médecin qui regagnait sa place dans une démarche rigide.

 

Isshin observa son ami et voyait bien qu’il était affecté. Sans se départir de sa bonne humeur, l’ancien chirurgien demanda

 

« Si tu as deux associés, tu pourras faire ce que tu as toujours souhaité et… si nos enfants continue notre « œuvre », c’est comme si s’était nous qui la continuions. »

 

Ryuuken haussa un sourcil et fixa Isshin un instant

 

« Tu essayes de me donner un prix de consolation ? Comme tu es gentil… Je me demande, si finalement tu vas beaucoup me manquer dans le fond.

—    Ne fait pas ta mauvaise tête ! Tu peux berner qui tu veux mais, certainement pas moi…

—    Vraiment ? Ironisa Ryuuken en se renversant sur son fauteuil en cuir.

—    Vraiment… Ishida-san. »

 

Les deux hommes se fixèrent intensément et Ryuuken rougit brutalement. Il déclara abruptement, en attrapant un dossier du bout des doigts.

 

« Si tu n’as plus rien à me dire… Tu peux sortir. Je pense que nous avons du travail tous les deux… »

 

Isshin se leva en silence et resta quelques secondes immobile devant la porte. Il déclara

 

« Je suis désolé… je suis désolé de ne pas avoir eu ce courage là… »

 

Un dernier coup d’œil, fit comprendre à Isshin que Ryuuken avait compris. Ce dernier ne répondit rien. Isshin s’effaça et disparu derrière le battant, profondément ému. Il rencontra le regard de Nemu et ne s’attarda pas davantage. A peine franchit-il le seuil du bureau de Ryuuken qu’il fut coincé par Lisa.

 

« Kurosaki-sensei… Je vous ai mis sur votre bureau les premières estimations de la rénovation que vous souhaitiez entreprendre dans le service maternité. De plus, nous avons quelques problèmes avec un des services comptable de la société Tomoya. Ils refusent de payer les pénalités de retard et le service comptabilité demande si vous ne pouviez pas vous arranger à l’amiable avec le directeur de la cette société plutôt que d’entreprendre des poursuites judiciaires à leur encontre… Ah oui… vous avez reçut un coup de fil de… »

 

Isshin se replongea dans son travail et observa la pile qui l’attendait sagement sur son bureau. Le responsable administratif avait travaillé comme un fou apparemment. Balayant le dernier malaise qui l’étreignait encore, l’ancien médecin se pencha sur son travail.

 

°°0°0°°

 

L’aéroport était bondé. Isshin et Shuusuke avaient quelque mal à se frayer un chemin. Les deux médecins observèrent le tableau d’embarquement.

 

« Pourquoi en Espagne ? Demanda Shuusuke toujours sur le coup de la nouvelle.

—    Parce que je sais que tu as toujours rêvé de voir un concert des Limp Bitzkit et qu’ils se produisent à Valence ce Week-end ! Et que nous avons un congé exceptionnel de cinq jours. Après, les dates de leurs tournées aux Etats-Unis ne sont que dans deux mois et j’espère qu’à ce moment là, nous naviguerons sur d’autres flots !

—    Et pas vers d’autres cieux ? » Sourit Shuusuke.

 

Isshin fit glisser son regard vers son compagnon qui le fixait moqueur.

 

« Si tu souhaites voyager vers d’autres pays… Pour moi, se n’est pas un problème. Tu voudrais aller vers quelle destination ?

—    Ton bateau est bien tentant… et je me moque de la destination, si tu y es…

—    Hum… je pense que tu refuses de me le dire, car tu as peur que j’accède à ta demande en pensant que je n’aurais aucune envie d’y aller ou pire… que je ne propose pas quelque chose qui me plaise… Exact ? »

 

Amagai rougit légèrement. Isshin l’avait percé à jour. Ce dernier s’écria brutalement

 

« Viens ! Nous ne sommes pas devant la bonne porte d’embarquement et il ne nous reste plus beaucoup de temps. »

 

Les deux hommes s’arrêtèrent essoufflés devant l’hôtesse de l’air blonde qui leur sourit gentiment.

 

« Vous êtes juste à l’heure ! »

 

Après avoir donné leurs billets et traversé le couloir et l’allée de l’avion, ils s’installèrent sur leurs sièges. Isshin voulu laisser le hublot à Amagai qui secoua la tête.

 

« Je préfère être du côté couloir…

—    Tu as peur de l’avion ? Interrogea Isshin surpris.

—    Non… enfin, je préfère être sur le plancher des vaches, c’est plus naturel… mais, je n’ai pas de phobie… enfin, je n’ai jamais fait de crise dans un avion… si c’est ce que tu crains.

—    Je n’y avais même pas songé.

—    Tout va bien… mais, je préfère tout de même le couloir. »

 

Isshin n’ajouta rien et s’installa. Shuusuke s’assit calmement, un peu mal à l’aise. Ses mains s’agitaient nerveusement et lorsqu’Isshin les recouvrit des siennes, il leva son visage vers lui surpris.

 

« Il n’arrivera rien… alors reste calme. »

 

La force tranquille que dégagea Isshin, frappa Shuusuke et l’apaisa. Peut-être aussi parce que les grandes mains de son amant avaient enveloppé les siennes ? Que leurs chaleurs le troubla et le rasséréna plus qu’à l’ordinaire ? Le sourire d’Isshin finit par le  calmer définitivement. La voix d’une hôtesse se fit entendre et chacun attacha sa ceinture.

 

Une heure plus tard, Shuusuke s’était endormi la tête sur l’épaule d’Isshin. Une de ses mains s’était nichée dans l’une des siennes. Loin de le repousser, Kurosaki s’était installé confortablement et assumait sa relation malgré le regard curieux des hôtesses.

 

Le regard d’Isshin se fit lointain. Il avait discuté avec Karine avant de partir. Ce fut bref mais, sa fille l’avait surpris.

 

« Vraiment ? Tu me proposes réellement de reprendre ta suite au sein de l’hôpital ?

—    Cela t’intéresse ? J’avais proposé ton nom à Ryuuken… mais, je n’étais pas totalement sûr de moi…

—    Oh… » Karin observait son père avec un grand sourire. « Tu sais… il faut que j’y réfléchisse… quoique, j’y avais songé avant mais peut-être pas aussi tôt. Tu dis que le fils d’Ishida voudrait aussi rependre la part de son père ?

—    Se n’est pas encore certain non plus de ce côté-là tu sais…

—    Oui… »

 

Karin s’était mise à marcher de long en large. Elle avait avoué

 

« Je pensais le proposer à Yuzu… tu sais… que nous reprenions toutes les deux l’hôpital pour regrouper la famille. Je sais que nous avons été longtemps éloignés toi et moi… mais, Yuzu et moi avons toujours été ensemble et elle me manque ! Reprendre un aussi grand établissement, je ne sais pas si je serai capable de le faire avec un étranger. C’est une façon de parler… »

 

Karin avait vu l’expression de son père.

 

« Ecoute, laisse-moi en discuter avec Yuzu et je te tiens rapidement au courant. Et puis, il va falloir que je finance la reprise. Donc, j’en discuterai avec Ichigo également. Après tout, je risque d’avoir besoin du soutient du clan. Je ne veux pas prendre de décision à la légère. »

 

Ils avaient pris un verre de sake. Cela avait surpris Isshin. Karin buvait rarement à sa connaissance. Ils avaient discuté amicalement et Karin avait terminé leur conversation par une surprenante déclaration.

 

« Papa… je sais que ses derniers temps, j’ai pu être casse-pied et je m’en excuse. Mon divorce, mes problèmes à Kobe et… la pression qui tombe sur Koichi alors que se n’est qu’un adolescent me… déstabilise. Bref… tout ça pour dire que je ne me mêlerai plus de ta vie. Mène ta barque comme tu le sens. Pour moi… tout ce qui compte c’est de te savoir heureux. Je t’aime papa ! »

 

Karin s’était penchée sur lui et l’avait embrassé sur la tempe. Elle avait menacée tout de suite après

 

« Mais, ne profite pas de la situation pour faire n’importe quoi ! »

 

La lueur moqueuse dans son regard, détrompa Isshin. Il avait parfaitement compris que Karin cachait son émotion. Elle avait fait plus en quelques secondes que le reste de sa vie. Isshin l’avait attrapé dans ses bras et la serra contre lui.

 

« Je t’aime Karin… Je n’ai pas été un bon père… pas dans le sens classique. Tu n’as rien à te faire pardonné. C’est moi qui suis seul responsable et pour beaucoup de choses. Je ne pourrai jamais réparer les erreurs que j’ai commises. J’ai été aveuglé, empêtrer dans mes contradictions… En voulant à tous et incapable de me défaire de mes préjugés. Non Karin… Toi, tu n’as rien à te faire pardonner. Et je sais aussi, qu’à l’heure actuelle, je suis encore loin d’être le père idéal. Alors, ce que je peux t’apporter à toi, Yuzu et Ichigo… je le ferai de toutes mes forces.

—    Merci papa… Mais, à ta place je me dépêcherai ou bien ta conquête va s’impatienter ! » Sourit Karin.

—    Oh… « ma conquête ? »

—    Oui… Allez file ! De toute façon, j’ai du travail maintenant… passe de bonnes vacances. Et ramène-nous des souvenirs ! »

 

Isshin s’endormit à son tour, un magazine nautique sur les genoux. Une hôtesse passa et eut un sourire attendrit en voyant le couple plutôt masculin se tenir la main comme un jeune couple d’amoureux. Elle baissa les lumières au-dessus de leurs sièges et retourna veiller sur les quelques passagers éveillés.

 

°°0°0°°

 

La fenêtre était grande ouverte. L’air encore tiède rentrait dans la chambre d’hôtel largement ouverte. Seuls quelques gémissements faibles se faisaient entendre. Les deux hommes nus enlacés dans le lit, s’embrassaient avec passion. Shuusuke avait glissé ses bras autour de la nuque d’Isshin et laissait son corps glisser contre celui de son amant. Il lui semblait que la température avait grimpé de quelques degrés.

 

Ses vacances impromptues étaient pour lui, merveilleuses. Isshin lui faisait tourner la tête et il avait beaucoup de mal à rester les pieds sur terre. La veille au soir, ils avaient été voir le concert des Limp Bizkit dont il était fan. Il avait craint qu’Isshin ne supporte pas l’ambiance mais, ce dernier loin de se sentir mal à l’aise, se fit quelques potes durant la soirée et participa activement au concert. Amagai avait tout de même surveillé son compagnon du coin de l’œil, craignant pour sa santé inconsciemment.

 

Après le concert, ils avaient finit dans un café où une soirée flamenco avait lieu. A la stupéfaction de Shuusuke, Isshin avait finit sur le parquet de danse et s’était initié au flamenco avec au départ quelques danseuses puis, des hommes s’étaient joints à eux. On lui avait proposé de venir mais, il n’était pas du tout à l’aise avec ce genre de démonstration. Isshin lui, s’en tirait plus qu’honorablement. Visiblement, il plaisait aux espagnols puisqu’ils avaient été invités plus tôt à venir partager un repas avec eux.

 

Le soir, comme tous les soirs, ils échouaient comme cette nuit-là dans le lit. A se faire l’amour à en perdre haleine. Les mains d’Isshin le faisaient trembler. Il éprouvait un désir de plus en plus intense vis-à-vis de son compagnon. Son regard chaleureux le faisait fondre de bonheur. A chaque fois, il n’avait qu’une hâte s’était d’être enfermé seul à seul avec lui. Ils pourraient s’amuser autant qu’ils voulaient à l’extérieur, visiter tous les musées, aller à tous les concerts, contempler de magnifiques coucher de soleil, seul le regard d’Isshin comptait pour lui. Ses étreintes lui étaient devenues indispensables.

 

Une demi-heure plus tard, faisant la planche sur le torse d’Isshin, les mains posées à plat dessus et sa tête à quelques centimètres au-dessous de son amant, Amagai essayait de reprendre haleine.

 

« Tu te fais vieux Shuusuke ! » Se moqua Isshin.

—    Je suggère… que se soit moi qui prenne les choses en main la prochaine fois ! Nous verrons de quelle manière tu t’en sors…

—    Hum… deviendrais-tu aigri ?

—    Est-ce un moyen de te défiler ? Ironisa Shuusuke.

—    Bien sûr que non ! S’exclama Isshin.

—    Bien… je saurais m’en souvenir… »

 

Amagai offrit à Isshin un sourire angélique et ce dernier fronça les sourcils.

 

« Plus qu’une journée avant de rentrer à la maison… J’aurai voulu que ses vacances se prolongent… » Souffla Isshin.

—    Moi aussi… Nous pourrions revenir…

—    J’aimerai visiter une autre partie de l’Espagne…

—    Comme tu le souhaites… Peut m’importe après tout… »

 

Shuusuke pensait ses paroles. Peu lui importait… Il aimait son homme, alors le lieu était vraiment le cadet de ses soucis. Isshin se redressa et embrassa son amant qui lui répondit avec sensualité. Leurs langues se caressaient lentement et avec douceur. Leurs regards ne se quittaient pas un instant.

 

« J’ai hâte de rentrer en même temps… » Souffla Isshin.

 

Shuusuke haussa un sourcil et écouta la suite de son discours.

 

« C’est merveilleux d’être ici et d’oublier son environnement et de vivre dans une bulle… Mais, de vivre une vie normale avec la personne que l’on aime… donne une autre saveur à l’existence. Je me rends compte que ma famille me manque beaucoup. L’hôpital aussi… et puis, je veux toi dans mon quotidien. Un jour… je leur dirai…

—    Tu n’as pas peur de leurs réactions ? Demanda Shuusuke qui voyait très bien ou voulait en venir Isshin.

—    Si… je suis terrorisé en fait ! Surtout par les réactions de Kisuke et d’Ichigo. J’ai été un… bel enfoiré ! Je suis inexcusable. S’ils m’en voulaient… je comprendrai. Mais, au moins… ils sauront qui tu es. Quelle place tu as dans ma vie… Même si, je veux les tenir à l’écart d’une autre partie de notre relation. Acceptes-tu de les rencontrer en tant que mon compagnon ? »

 

Amagai était stupéfait. Son cœur battait violemment dans sa poitrine. C’était une évolution tout à fait imprévue et… même s’il était mal à l’aise, il était heureux… voir plus que cela qu’Isshin accepte de le présenter. Quelque part, il craignait la réaction des enfants mais de l’autre, ne plus cacher cela était une véritable bouffée d’air frais. Comme si… comme si… Isshin officialisait quelque part leur couple.

 

« Oui… j’accepte… »

 

Isshin caressa tendrement le visage d’Amagai. Il se redressa pour raser ses lèvres d’un furtif baiser et fit basculer son amant sur le matelas.

 

« Mais en attendant… je vous trouve diablement sexy Amagai-san… »

 

Chapitre 16

Cela faisait un mois qu’Amagai et lui étaient rentrés de leurs vacances. Pour Isshin se lever chaque matin en compagnie de Shuusuke était un véritable bonheur. Une routine s’était créée entre eux. Celle des petits déjeuners en commun, des corvées partagées bien qu’Isshin ne soit pas encore très doué à son grand regret. Son amant repassait derrière lui pour rectifier certaines choses. Le soir lorsqu’ils se retrouvaient, ils étaient souvent épuisés et mangeaient ce que Sasabike leur préparait avant qu’ils ne rentrent. Le domestique prenait soin de disparaitre bien avant leur retour.

 

De ce quotidien, l’ancien chirurgien ne se lassait pas. Quoiqu’à présent, Isshin eut une folle envie de fumer. Mais, il avait promis… le médecin se rabattit sur un paquet de chewing-gum pour passer ses nerfs et prit une balle en mousse pour extérioriser sa trop grande nervosité. Ichigo avait convoqué le clan… et il s’était enfin décidé à annoncer sa relation.

 

Isshin songea à Ichigo et à Kisuke. Ichigo avait-il angoissé lorsqu’il s’était décidé à lui parler de sa relation avec Byakuya ? Isshin se souvint de sa colère face à l’annonce de son fils et son comportement… disproportionné. Et Kisuke ? Isshin déglutit et trouva soudain son frère héroïque ! Avoir annoncé son homosexualité à son père ! Et sans détour… lui, en aurait été incapable. Il rectifia en songea à Ryuuken. Il en avait été incapable.

 

Yuzu serait présente… il avait déjà un soutient. Le reste du clan… il s’en moquait. En fait… ce qui l’indisposait surtout, c’est que quelqu’un s’en prenne à Shuusuke. Peut-être que Karin qui semblait dans de meilleur disposition ferait pencher la balance de son côté ? Non… pas vraiment…

 

Amagai paraissait moins agité. C’était même lui qui passait son temps à le rassurer. Le monde à l’envers pour Isshin. Il voulait être un soutient pour son compagnon pas un poids mort. Le lendemain était enfin l’épreuve de vérité. Sasabike avait été prévenu. Ce soir, les deux hommes dormiraient dans la maison d’Isshin, à l’abri dans ses appartements. Il comptait tout au moins présenter avant Shuusuke à Yusu… et prévenir Karin. Il aurait déjà fort à faire le lendemain avec le reste du clan.

 

Isshin avait vraiment besoin de se détendre. De faire n’importe quoi mais pas être enfermé dans son bureau. Il quitta les lieux et passa en coup de vent devant Lisa qui ne fit pas attention à lui. Isshin traversa les couloirs et s’arrêta devant les portes de l’ascenseur. Et s’il montait sur les toits ? Prendre l’air ne lui ferait pas de tord… Il appuya sur le bouton et grimpa dans la cage. Quelques minutes plus tard, il marchait de long en large comme un lion en cage sous un beau soleil de mai.

 

L’air était doux et les nuages blancs cotonneux trainaient dans le ciel. Cette atmosphère invitait à la paresse et à la détente, si on y prenait garde. Trop rongé par son angoisse Isshin ne les vit pas. Il songeait à Shuusuke et il pensait sérieusement à faire marche arrière. Il songea aux réflexions qui risquaient de pleuvoir sur son compagnon et ça… son cœur fit une embardé. Isshin grimaça et posa une main sur sa cage thoracique.

 

« Tu es préoccupé… papa ? »

 

Surpris d’avoir été prit en flagrant délit, Isshin posa un regard calme sur Karin. Cette dernière s’approcha de lui, soucieuse.

 

« Tu devrais faire attention à te ménager… » Repris le médecin.

 

Karin se posta devant son père et pris son pouls.

 

« Tu vas nous faire un autre infarctus, si tu continues ! C’est pour Amagai-san que tu t’inquiètes ? » Demanda abruptement la jeune femme.

 

« Amagai ? » Interrogea Isshin la gorge serrée.

—    Ne te fatigue pas à nier ! Je vous ai vu tous les deux à Tokyo et j’ai tiré les vers du nez à Yusu… qui m’a aussi tenu informé de ton état de santé…

—    Tu es au courant pour nous ? »

 

Isshin avait ouvert de grands yeux. Sa voix était éteinte sous le coup de la stupéfaction. Karin eut un petit sourire en voyant l’air presque affolé de son père. C’était la première fois, où elle le voyait en état de faiblesse et ça valait son pesant de cacahuètes.

 

« Oui… je suis au courant pour vous. » Karin cessa de sourire et repris sérieusement. « Je t’avoue que j’ai vidé une bonne partie d’une bouteille de saké pour m’en remettre ! Mais finalement, Amagai-san est le type qu’il te faut. Il est tout ce que tu n’es pas… Il te rend beaucoup plus accessible. Et puis… je l’aime bien aussi.

—    Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

—    Parce que toi aussi tu ne dis rien !

—    Les autres membres de la famille sont au courant ?

—    Non… je n’ai rien dit à personne… ni pour ton état de santé… Je me suis dit que ses sujets étaient beaucoup trop personnel pour me permettre d’intervenir, si toi tu n’es pas prêt d’en parler. »

 

Isshin prit une grande bouffée d’air frais et chercha inconsciemment un paquet de cigarettes. Karin le remarqua et eut un sourire triste.

 

« Je pensais que tu avais arrêté de fumer ?

—    J’ai arrêté… c’est seulement un reflexe et… je suis tellement nerveux…

—    Parce que tu es gay ? Demanda Karin qui elle s’était bien habituée à la chose.

—    Non ! Je ne veux pas… qu’on s’en prenne à Amagai-san.

—    C’est sûr que Tajima va certainement pousser encore les hauts cris et puis… il y a Ichigo et Kisuke… eux, je ne suis pas sûre qu’ils t’aient pardonné.

—    Qu’ils ne me pardonnent pas, je le comprendrai très bien… Mais, je ne sais pas comment je vais prendre les événements, s’ils s’en prenaient à lui… C’est pour cela que j’hésite autant. »

 

Isshin parut malheureux et Karin eut mal au cœur malgré elle. Le médecin posa une main réconfortante sur l’épaule de son père et déclara avec un faible sourire.

 

« Yuzu et moi nous seront là pour te défendre ainsi qu’Amagai-san. Dit-toi bien que tu as tes filles avec toi !

 

L’ancien chirurgien sourit et enlaça les épaules de Karin et murmura contre sa tempe

 

« Je ne sais pas si je mérite votre soutient.

—    Ne raconte pas n’importe quoi… T’as toujours été là à ta manière dans notre vie. Alors pour une fois que tu as besoin de nous, nous n’allons pas t’abandonner. Et puis, je suis inquiète pour ta santé. Je n’ai pas envie… que tu partes ! »

 

Le père et la fille s’observèrent gravement. Isshin souffla

 

« Ta sœur… je lui avais demandé de ne rien dire…

—    Tss ! Si elle ne m’avait rien dit, je serai allé dans le bureau de Kyouraku et j’aurai volé ton dossier. Tu crois quoi ? Tu devrais leur dire…

—    Non ! Je ne dirai rien à ce sujet. Si je leur dit… c’est comme si je fuyais mes responsabilités ! Je ne veux pas de leurs pitiés. Je ne veux pas me servir de ma maladie pour les faire plier.

—    Tu es orgueilleux !

—    Peut-être… mais, laisse-moi ce choix là. Je me suis décidé à parler de ma situation de couple. Laisse-moi le temps ou l’envie d’exposer mon état de santé. Kisuke et Ichigo ont aussi le droit d’exprimer leurs rancunes…

—    Un moyen d’expier ? Ironisa Karin.

—    Peut-être…

—    Tu es un imbécile, papa !

—    Il m’arrive de l’être… »

 

Karin scruta le visage de son père. Une certaine détresse se lisait dans le fond de son regard mais, pour le reste… il restait Kurosaki Isshin. La maitrise que s’imposait cet homme, la laissait songeuse. Le chef de clan Kurosaki avait toujours été ainsi. Une idée lui traversa l’esprit. Peut-être que cela l’aiderait à se détendre.

 

« Tu viens dormir à la maison ce soir, j’ai su…

—    Oui…

—    Pourquoi ne mangerions nous pas ensemble, Yusu, Koichi, Ayame, Tia, toi et Amagai-san ? On ferait plus ample connaissance et puis… au moins, Amagai-san verra que nous ne sommes pas tous des sauvages. Demain, ça risque d’être franchement rock & roll par contre…

—    Je pensais arriver tard et…

—    Non… vient plus tôt. Va récupérer Amagai à son service et…

—    Je ne peux pas !

—    Pourquoi ?

—    Parce que tout le monde va savoir que…

—    Tout l’hôpital est au courant et même les malades si ça peut te rassurer ! Le nombre de fois où j’ai pu entendre des conversations sur votre dos à tous les deux… » Marmonna Karin. « Hier, les pipelettes du service administratif sont venues me voir pour me demander si Amagai et toi ça allait bien ! Tu te rends compte ? A moi on est venu me demander ça ! » S’exclama la jeune femme outrée.

 

Isshin fut stupéfait puis, éclata de rire.

 

« Ne rigole pas ! Vous avez la côte et les gens vous trouvent « adorables » si tu veux savoir…

—    Comment ils ont su…

—    Tu n’as qu’à être un peu plus discret et ne pas choper Amagai-san dans la buanderie du service des urgences ! Ichimaru-san y était aussi figure-toi !

—    Oups ! » chuchota Isshin.

 

Karin envoya son poing dans le bras d’Isshin

 

« Oups ? C’est tout ce que tu trouves à dire ? »

 

La jeune femme jeta un coup d’œil à sa montre et lança

 

« Je dois retourner travailler. J’ai un nouveau cadavre à autopsier !

—    Tu n’es pas très… chaleureuse… »

 

Karin haussa les épaules et se dirigea vers les escaliers suivit d’Isshin. Le médecin légiste tourna son visage en partit et observa son père quelques secondes avant de reporter son attention aux marches.

 

« Tu sais… quand j’ai vu mon premier cadavre… j’ai eu très peur. Je n’osais pas le toucher… je me disais, cet homme ou cette femme a aimé, a souffert. Il a peut-être des enfants ? Il a été petit et s’était certainement écorché les genoux dans la cour de l’école. Tu vois ce que je veux dire ? J’imaginais toute sa vie. J’ai toujours éprouvé beaucoup de respect pour ses gens qui donnaient leurs corps à la science, pour nous permettre de pouvoir apprendre sur le corps humain. Je me suis attachée à eux en quelque sorte. Et puis… ce pourquoi j’ai choisit la médecine légale… C’est tout simplement parce que j’ai vu des petits cadavres et qu’il y a un type qui cherchait à découvrir ce qu’il s’était réellement passé. Donné le maximum d’informations à la police pour retrouver ou identifier le coupable même si ça prend du temps, même si c’est infime comme information… Il y a des familles dans le deuil… qui attendent d’avoir des réponses… et puis, c’est en quelque sorte leur rendre justice. J’aime mon métier… J’aime les morts que je croise… parce qu’ils n’ont plus la voix pour dire ce qu’il s’est passé… je me charge de me faire leur intermédiaire. »

 

Isshin observa sa fille. Elle paraissait très sérieuse et très humaine… Jamais, il n’avait pensé à ce genre de choix. Lui avait pensé que Karin avait opté pour la médecine légale parce qu’elle ne voulait pas être proche des malades et de leurs familles par facilité. Il s’était encore une fois totalement trompé. Un sentiment de fierté l’étreignait quand il regardait sa fille.

 

« J’ai choisit la neurochirurgie parce que pour moi, le cerveau est l’identité d’une personne. C’est complexe et si délicat. Peu de chirurgiens se lancent dans cette voie et pourtant… il y a tant à faire. Tu me diras… ne soyons pas égoïste, chaque médecins ou chirurgiens à son importance. Nous aidons les malades et leurs familles et c’est ce qui importe.

—    Oui… Au fait… Papa, ce n’est pas que je ne veuille pas de toi mais, tu es dans ma salle d’autopsie ! »

 

Isshin s’aperçut qu’ils étaient entrés dans la morgue. Son regard se posa sur l’homme nu allongé sur la table. Son état était certainement dû à une mort violente. Intéressé, Isshin demanda

 

« Je peux assister à ton autopsie ?

—    Ishida-san ne va pas te chercher ?

—    Oh… il me pardonnera !

—    Si tu le dis… Alors, autant que tu sois mon assistant ! »

 

Karin passa devant son père et se dirigea vers les placards pour sortir des blouses. Enfermés dans la pièce, ils ne virent pas le temps passé.

 

°°0°0°°

 

Kyouraku haussa un sourcil en voyant Isshin entrer dans son bureau. Ishida était passé le voir afin de débusqué son associé une heure plus tôt dans ses locaux.

 

« Eh bien… que me vaut l’honneur de ta visite ? Nous avions rendez-vous ?

—    Non…

—    Tu es passé à ton bureau ?

—    Non mais, ça ne va pas ? Ishida va me tomber dessus… » Gémit Isshin.

—    Je vois de la désertion de poste ?

—    Tu as du saké ? »

 

Shunsui eut un petit sourire et ouvrit le dernier tiroir de son bureau où il extirpa une bouteille. Comme par magie, deux coupes de sake firent leurs apparitions et le doux glouglou du liquide coula quelques secondes plus tard. Isshin haussa un sourcil.

 

« T’es rapide !

—    J’ai vu dans ton regard que tu en avais besoin !

—    Décidément… J’ai l’impression d’être un pauvre type ces derniers temps… »

 

Isshin avala sa coupe après s’être assis dans le fauteuil en face de Kyouraku. Ce dernier eut un petit rire et dégusta la sienne. L’ancien chirurgien s’installa confortablement et Shunsui demanda

 

« Tu étais passé où ?

—    Avec Karin…

—    En salle d’autopsie ? » S’étonna Shunsui.

—    Oui… je l’ai aidé sur sa dernière affaire.

—    Oh… je sens que tu n’as pas fait une croix sur ta profession de chirurgien…

—    Je n’ai pas eu le choix ! » Répondit Isshin mauvais. Puis, se reprenant, il sourit heureux. « J’ai adoré passer ce petit moment avec ma fille ! 

—    Tant mieux… Mais, je ne suis pas sur que Ryuuken te pardonne. »

 

Isshin soupira lui aussi et fit un geste à Shunsui pour reverser de son excellent alcool. Les deux hommes levèrent leurs verres et portèrent un toast à la médecine. La porte s’ouvrit au même moment sur Amagai qui observa le duo en train de boire cul sec leurs coupes. Il se figea sur place ne sachant plus quoi faire.

 

« Oh… Amagai-san… entrez ! Je n’ai pas besoin de faire les présentations, je suppose ? »

 

Shunsui eut un fin sourire. Il s’amusa du rougissement de son collègue et futur remplaçant mais, Isshin le stupéfia.

 

« Viens t’assoir ! » Fit l’ancien chirurgien en désignant le siège à côté du sien. « Shunsui sort une autre coupe… 

—    Hai patron !

—    Tss ! C’est maintenant que tu te montres cérémonieux ? J’aurai bien voulu vous voir plus souvent dans cet état d’esprit… sempai !

—    Aaaahhhh… ça, c’est bien difficile à faire jeune kouhai… Amagai-san, ne soyez pas timide !

—    Il sait pour nous… » Déclara Isshin, puis semblant inspiré, il rectifia « En fait, tout l’hôpital est au courant…. 

—    Comment c’est possible ? Demanda Shuusuke catastrophé.

—    Je crois qu’on s’est fait surprendre dans la buanderie. » Fit Isshin en claquant sa langue sur son palais.

—    Je te l’avais bien dit d’arrêter de me harceler !

—    Tss… tss… ces jeunes couples… toujours fougueux. Vous verrez avec l’âge ont s’emporte moins vite… » Fit shunsui en versant une nouvelle rasade à chacun. « Personnellement, j’ai toujours évité la buanderie, trop de personnels va s’y cacher. J’ai toujours eut une préférence pour le service des stocks ou celui de la maintenance. Il n’y a jamais personne…

—    Merci, c’est bon à savoir… » Marmonna Isshin.

—    Com… » Shuusuke était outré en voyant l’air passablement vicieux qu’Isshin arborait. « Il est hors de question que tu m’entraines dans un de ses endroits… je te rappelle aussi que tu vas quitter l’hôpital et que…

—    Oh ? Tu nous quittes Isshin ? Excusez-moi Amagai-san de vous couper… » Coupa Kyouraku.

 

Le cardiologue haussa les épaules et se renfrogna sur son siège. Il ne s’attendait pas du tout à être coincé par Shunsui et Isshin. Et surtout que ce dernier s’affiche avec une telle facilité. Shuusuke en était encore sous le choc.

 

« Oui… j’ai besoin de sortir de tous ses papiers… C’est quelque chose pour Ryuuken pas moi. Karin va reprendre l’hôpital avec Yuzu. Elle s’est décidée aussi à la reprise. Ichigo doit en parler demain au clan. » Isshin se tourna vers Amagai et déclara avec un grand sourire. « Je suis venu voir si tu avais finit… Nous rentrons chercher tes affaires et nous mangeons avec Yusu et Karin, elles nous ont préparé un petit quelque chose ce soir…

—    Kurosaki-san ? Fit Amagai stupéfait.

—    Tu parles de Karin ?

—    Hai !

—    Oui… ma chère fille est au courant et apparemment indisposée qu’on lui pose un tas de question sur notre couple.

—    Ah… »

 

Shuusuke se gratta le front mal à l’aise et un sourire crispé sur les lèvres. Shunsui observait les deux hommes et effectivement, ils étaient véritablement aussi amoureux que la rumeur l’affirmait et cela les rendaient indiscutablement « mignons ». Lui avait eut un mal fou à se faire à l’idée qu’Isshin ait choisit un homme. Bon, il reconnaissait que son jeune remplaçant possédait une personnalité très attachante et un charisme dont peu pouvait se venter. Mais, ce qui plaisait à Kyouraku surtout et cela n’avait rien à voir avec les critères des autres, c’était l’efficacité et la maitrise du métier qu’avait la cardiologue. Sa modestie dans le travail aussi l’avait impressionné.

 

Un sourire naquit sur les lèvres de Shunsui. Amagai avait réussi l’exploit impossible de rendre Kurosaki Isshin « humain ».  Et c’était une réelle prouesse à ses yeux. C’était la première fois qu’il voyait Kurosaki sourire aussi chaleureusement. Il avait toujours été décontracté avec lui, contrairement aux autres médecins de l’établissement mais, l’attitude qu’il avait maintenant… jamais, Shunsui ne lui avait vu.

 

Isshin avait laissé tomber toutes ses barrières. Comme quoi l’amour pouvait transformer un homme.

 

« J’ai terminé… il me reste quelques dossiers à ranger et des courriers à dicter mais, je n’en ai pas pour longtemps. Je vais aller terminer d’ailleurs. »

 

Amagai se leva, ne supportant plus le regard de Kyouraku qui allait de lui à Isshin et vice et versa.

 

« Et tu as interdiction de finir la bouteille ! » Termina Shuusuke avant de sortir.

 

Isshin soupira déçut d’avoir été coupé dans son élan.

 

« Tu vas réellement suivre son avis ? » S’étonna Shunsui.

—    Ne rit pas… mais, oui… je vais suivre ses recommandations.

—    Et bien, si je m’attendais à cela… Il aurait dû rentrer dans ta vie plus tôt ! » S’exclama le cardiologue impressionné.

—    Encore faut-il que je sois moins bête à cette époque là ! » Répliqua Isshin en fronçant les sourcils. « Mais, apparemment je n’étais pas disposé à être intelligent. »

 

Shunsui se renfonça dans son siège et observa son patient et ami. Il l’admira et rangea la bouteille sans se resservir soi-même. Après tout, lui aussi devait faire attention.

 

°°0°0°°

 

Shuusuke était impressionné par la dimension de la demeure d’Isshin. Les jardins étaient immenses. La maison de plein pied s’étendait sur plusieurs bâtiments. Le principal se situant au milieu et restait le plus grand de tous. Immédiatement, Shuusuke reconnu Sasabike qui vint à leurs rencontres et s’inclinait respectueusement.

 

« Je vais prendre vos valises… Vos filles vous attendent, Kurosaki-sama.

—    Bien… D’autres personnes sont venues se joindre au repas ?

—    Non ! Le clan complet sera réunit demain.

—    Bien… Elles nous attendent au salon.

—    Hai… Kurosaki-sama. »

 

Amagai avait vu le changement de comportement inconscient d’Isshin. Il se tenait plus droit que d’habitude. Son expression s’était fermée et la distinction naturelle déjà présente auparavant, se trouvait renforcé dans ce lieu. Isshin s’avança la démarche altière et Shuusuke suivit scrutant autour de lui, cet environnement complètement inconnu. Il était heureux de pouvoir prendre la température maintenant… Amagai était tellement ébranlé par ce qu’il voyait, qu’il n’aurait peut-être pas survécu, s’il avait du tout affronté le même jour.

 

Les portes s’ouvraient silencieusement et les domestiques s’inclinaient sur leurs passages. Ils passèrent devant des portes doubles battantes et Isshin entra dans un salon aux dimensions aussi grandes que l’appartement où ils vivaient actuellement. Amagai se sentit soudain écrasé par le décorum et… par Isshin. Dire qu’il avait dit à son amant qu’il n’avait pas à avoir honte de son appartement. Kurosaki Isshin vivait dans un palais !

 

Deux femmes se levèrent et Amagai reconnu Karin. Cette dernière lui adressa un sourire moqueur. Pour bientôt venir le rejoindre et déclarer.

 

« Soyez plus détendu… Demain se sera pire, croyez-moi !

—    Karin ! » Coupa l’autre voix féminine. « Ce n’est pas comme cela que tu vas le rassurer… »

 

L’autre jeune femme poussa sa sœur et se tourna vers lui en souriant.

 

« Je suis heureuse de vous rencontrer Amagai-san… Mon père et ma sœur m’ont beaucoup parlé de vous… Je suis Yuzu Kurosaki.

—    Enchanté de faire votre connaissance… » Amagai s’inclina respectueusement.

 

Le regard de Yuzu devint très chaleureux. Un sourire éclairait son visage.

 

« Vous me plaisez déjà beaucoup Amagai-san. Papa… Tu as su choisir la bonne personne pour toi. Et tu as été assez intelligent pour le reconnaître comme tel. 

—    Merci Yusu. » Rétorqua Isshin accusant le coup.

—    Ouaih… moi aussi je l’aime bien… » Répliqua Karin en se détournant pour retourner à sa place, se voulant indifférente.

—    Installe-toi Shuusuke… Je te ferai visiter la maison après dîner.

—    Oui… »

 

La porte s’ouvrit brutalement et un adolescent apparu très excité.

 

« Papy ! T’as amené le gars qui t’avait appris à jouer aux jeux vidéo ?

—    Koichi ! » Hurla Karin.

—    Ben quoi ? » Fit l’adolescent en traversant la pièce. « Salut ! Ch’suis Koichi Suzunami-Kurosaki. J’suis connu sous le pseudo Spike5 sur les réseaux de jeux. Vous viendrez faire une partie avec moi ? Faire progresser mon grand-père de cette manière faut vraiment être calé !

—    Ça veut dire quoi ? » Demanda Isshin contrarié.

—    J’n’ai rien contre toi grand-père mais, franchement tu n’touchais pas une bille avant, alors… Et vu la manière dont tu joues maintenant.

—    Ça veut aussi dire que je suis doué…

—    Surtout lui ! » Répondit Spike5 en désignant Amagai du doigt.

—    Ne me donnez pas plus d’importance que je n’en ai… » Voulu se défendre Shuusuke.

—    Wouah… vous êtes modeste… ce n’est pas comme grand-père ou maman…

—    Koichi Suzunami ! » Fit la voix impatiente de sa mère.

—    Quoi ? S’impatienta l’adolescent.

—    Tu n’aurais pas des devoirs à terminer ?

—    Euh... je crois qu’on se verra tout à l’heure ! » Fit le jeune homme en s’éclipsant aussi vite qu’il était arrivé.

—    Il faut toujours qu’il se fasse remarquer. » Fit la voix d’une petite fille.

—    J’ch’suis d’accord avec toi… Il veut toujours avoir le premier rôle. Les Kurosaki devraient être repris par une fille. Les garçons ne sont pas assez intelligents. »

—    Tia, Ayame… je ne vous ai pas vu arriver ! » Fit Isshin visiblement ravi.

 

Il se pencha vers ses petites filles.

 

« Vous pensez mieux vous en sortir que nous ?

—    C’est sûr ! » Répondit Tia avec un sourire suffisant.

—    Moi aussi ! Dit… je ne serai pas rassurée à ta place de laisser le clan entre les mains de Koichi. Tu me diras, y’a un type qui s’occupe de lui. Il est mignon en plus… je voudrai bien me marier avec lui. Il s’appelle Bokusui…

—    Il n’est pas un peu âgé ? » Demanda Isshin.

—    Ben… ça ferait comme toi et ton mari ! » Répliqua Ayame sérieusement.

 

Shuusuke observa Isshin à genoux entre ses deux petites filles. Yuzu l’avait invité à s’assoir et s’est attendrit qu’il écoutait la conversation. Mais, il faillit s’étouffer lorsqu’il entendit « mari » en s’adressant à lui.

 

« Mon « mari » est effectivement plus jeune que moi… » Repris Isshin avec un sourire espiègle « … mais, il est majeur et tu ne l’es pas… et je ne suis pas sûr que ta mère laisse faire ce mariage aussi jeune.

—    Pas maintenant papy ! » S’exclama Ayame comme s’il était devenu fou. « Quand je serai grande !

—    Il sera peut-être marié ?

—    Tu vois… y’a pas beaucoup d’espoir ! » Remarqua Tia très sérieusement.

—    Tu n’y connais rien ! » Répliqua Ayame en colère.

—    Tss… comme tu veux… »

 

Shuusuke releva la tête en voyant un verre lui être proposé. Yuzu lui souriait toujours chaleureusement et demanda

 

« Je crois que nos filles ont de grands projets pour plus tard…

—    Elles ont l’air de savoir ce qu’elles veulent… » Sourit doucement Shuusuke.

—    Oui… » Marmonna Karin. « Je vais surveiller ce fameux Bokusui…

—    Il n’a rien fait Karin. Répliqua Yusu.

—    Pas encore ! Et il y a aussi Koichi dans l’équation. Qui me dit vu l’hécatombe qu’il y a dans cette famille que cet adolescent aux hormones en pleines activités n’aille pas lui aussi voir de ce côté-là et faire chuter ses résultats scolaires ?

—    Tu as trop d’imagination Karin… Répliqua Yuzu réprobatrice.

—    Et papa ? Dit que j’ai trop d’imagination ! Jamais je n’aurai cru qu’il puisse tomber amoureux d’un homme… » Son regard se dirigea vers Amagai qui rougit légèrement. « Séduisant certes… mais quand même. »

—    Ma sœur m’a dit que vous étiez cardiologue ? Demanda Yuzu pour détendre le médecin visiblement crispé.

—    Oui…

—    Vous vous occupez de papa ?

—    Depuis peu…

—    C’est bien. Il fera attention si c’est vous qui lui dites quoi faire. Je suis moi aussi médecin, je suis pédiatre...

—    Vous n’exercez pas à l’hôpital central… n’est-ce pas ?

—    Non… pas encore. Je vais rejoindre le service pédiatrie dans deux mois environ. J’ai quelques affaires à régler à Kobe encore et je suis tenue par mon contrat. Ils ont quelques mal à me trouver un remplaçant. » Fit Yusu en soupirant.

—    On manque de pédiatre…

—    Oui… Mais, il faut aussi savoir faire confiance aux jeunes médecins et en pas les snober. Mais, je suis contente car ils ont finit par trouver quelqu’un…. »

 

Un domestique se présenta et coupa la parole à chacun.

 

« Le dîner est servit… »

 

Et quitta les lieux avec indifférence. Shuusuke suivit la famille Kurosaki. Isshin se tourna vers lui avec un sourire et présenta les deux chipies qui le monopolisaient.

 

« Je te présente Tia qui est la fille de Yusu et Ayame qui est la fille de Karin… pour Koichi, c’est aussi le fils de Karin. »

 

Ils entrèrent dans une grande pièce ou une table immense avait été dressée. Les petites se précipitèrent à leurs place. Yusu leur demanda de décaler.

 

« Pourquoi ? Protesta Ayame.

—    Parce qu’Amagai-san va s’assoir à côté de ton grand-père.

—    Ah… c’est vrai c’est son épouse ! »

 

Shuusuke devint écarlate et Isshin ébouriffa ses cheveux au passage.

 

« Il va falloir t’y faire… Mes petites filles ne sont pas très, diplomates.

—    Moi ce qui m’épate, c’est votre facilité à rougir ! » S’exclama Karin en s’installant en face de la place de Shuusuke.

—    Je trouve ça attendrissant… » Affirma Yusu.

—    N’est-ce pas ! » Fit Isshin un sourire aux lèvres.

—    Arrête de le regarder comme si tu allais le dévorer papa ! Rétorqua sa fille. Déjà à l’hôpital tout le monde vous observe du coin de l’œil. Tout le monde veut avoir le détail le plus « croustillant » ! Ça me gave ! »

 

Koichi entra et s’installa à côté de sa mère et répliqua moqueur.

 

« Ouaih… pas étonnant que tu ressembles à une oie alors ! »

 

Il se mit à imiter une poule. Tia et Ayame éclatèrent de rire alors que Karin donna une tape sur la tête de son fils.

 

« Fait attention à la manière dont tu mes parles… Et tu fais la poule… » Voyant que son fils voulait changer de registre Karin menaça « Essaye seulement ! »

 

Koichi avala son chewing-gum de travers.

 

« Au fait… » Fit Ayame avec un petit sourire pervers. « Koichi a des magasines avec des femmes toutes nues dans son placard ! »

 

Karin se tourna vers son fils et ce dernier se tassa sur son siège. Tous regardèrent le jeune homme qui répliqua gêné et révolté

 

« Ben quoi ? J’suis un adolescent avec des hormones ! Et je matte des filles pas des gars  ont va pas me le reprocher en plus… On n’dit rien à papy ! »

 

Karin répliqua sèchement

 

« Ton papy va avoir sa fête demain… nous se sera après diner ! »

 

Yusu sur ses entrefaites, se tourna vers Shuusuke qui ne savait pas quoi dire.

 

« Hum… vous voulez un peu de poisson ? »

 

La conversation se déroula dans une ambiance très animée. Tia et Ayame ayant décidé de soumettre à Karin tous les vices du jeune homme qui ne se savait pas surveillé. Isshin sous la table glissa une jambe entre celles de son amant, voulant le détendre. Shuusuke sursauta avant de sourire à son compagnon. Il n’avait jamais connu pareil ambiance chez lui. Surtout que Yusu tentait de couvrir la voix de sa sœur qui essayait d’avoir un peu d’autorité sur sa tête brûlé de fils.

 

°°0°0°°

 

Beaucoup plus tard, allongé dans les draps, Isshin se pencha au-dessus de Shuusuke qui observait le plafond ouvragé.

 

« Tu vas bien ?

—    Oui… tu as une famille adorable… » Sourit Amagai. « Karin est beaucoup plus vivante que je ne l’aurai cru au premier abord. Je veux dire, elle a l’air si froide… à l’hôpital. Quelque part, je le soupçonnais… elle te ressemble beaucoup.

—    C’est vrai… elle me ressemble beaucoup mais, en plus intelligente. Tu… as peur pour demain.

—    Un peu… C’est tellement différent de ce à quoi je m’attendais. Tu vis dans un milieu si… privilégié. Comment peux-tu vivre avec moi ? Comment peux-tu renoncer à tout cela ?

—    Je n’ai jamais été heureux… sauf avec toi Shuusuke. » Répondit gravement Isshin.

—    Yuzu m’a… expliqué. »

 

Isshin haussa un sourcil d’étonnement et scruta le visage grave d’Amagai. Ce dernier laissa dériver ses doigts sur les traits d’Isshin.

 

« J’ai l’impression que tu étais beaucoup plus humain à l’hôpital que dans ta vie… familiale.

—    Comme je te l’ai dit… j’ai été un monstre. C’est pour cela… demain ne t’attend pas à ce que ma famille t’accepte. Je le fais pour nous… pour que chacun sache que tu existes. Que lorsque je parle de toi, tous les membres du clan puissent mettre un visage sur ton nom. »

 

Isshin embrassa la paume de la main de Shuusuke qui passait devant ses lèvres. Amagai eut un frisson. C’était la première fois qu’il voyait Isshin si peu sur de lui. Il ne savait pas ce qui l’attendait le lendemain. Mais, il était sûr d’une chose. Il protégerait Isshin contre vent et marée.

Chapitre 17

Lorsque Shuusuke ouvrit les yeux ce matin-là… il trouva la place à côté de lui vide. Ses doigts touchèrent les draps froids. L’homme se redressa et son regard encore endormis balaya la pièce et il ne trouva pas un indice de l’existence d’Isshin. Son cœur se mit à battre plus vite. Son amant devait être déjà avec le reste des membres de sa famille. Pourquoi Isshin ne l’avait pas réveillé. Amagai voulait le soutenir et ne pas le laisser seul face à l’adversité. Quelque part, ça le ramenait des années en arrière auprès de sa propre famille. Son père l’avait rejeté. Combien il avait eu peur de lui avouer… Tout remontait dans sa mémoire et l’angoisse le gagna comme à l’époque.

 

Se levant précipitamment, il marcha jusqu’au fusuma et à sa surprise, Sasabike attendait derrière tranquillement. Il releva la tête pour observer le médecin de son regard doré.

 

« Bonjour Amagai-sama… Mon maître m’a demandé de prendre soin de vous ce matin.

—    Où est-il ?

—    En salle de réunion avec toute la famille…

—    Il a décidé d’y aller seul ?

—    Non… Il vous appellera plus tard. Pour l’instant, le clan résout certains problèmes… Mais, je vous demanderai de vous préparer avec soin. Je ne veux pas que le clan trouve quelque chose à vous redire. Je… je vous fais confiance. Je vous apporte votre déjeuner. Manger au calme et je viendrai vous chercher dans une bonne heure.

—    Bien… »

 

Sasabike se redressa et s’inclina avant de disparaitre. Shuusuke se retrouva dans la chambre et pour combler son attente, il se dirigea vers la salle de bain. Le malaise d’être dans cette « maison », d’être entouré par tout un clan… il avait l’impression d’être en terre étrangère. Jusqu’à présent, il n’avait jamais réalisé combien Isshin pouvait être puissant. Il le savait noble. Shuusuke imaginait bien qu’il avait de l’argent, ne serait que par l’apport de la somme pharaonique qu’il avait concédé pour son bateau.

 

Mais, Isshin ne l’avait jamais écrasé par des manières qui l’auraient fait se sentir inférieur. Il repensa à l’attitude du médecin à l’hôpital. Et, il s’aperçut qu’Isshin se conduisait comme un simple chirurgien. Aucune ostension dans sa manière de s’habiller, de parler ou de diriger l’hôpital. Toujours près de son personnel même s’il affichait un air bourru. Et… Shuusuke s’en aperçut pour la première fois, Isshin était toujours abordable pour ses malades. Il n’avait pas choisit n’importe quelle profession.

 

Il n’avait pas connu le Isshin chef de clan. Il ne le connaissait que sous son jour de médecin… Et il était compétent et humain. Comme directeur de l’hôpital central, tous se tournaient d’abord sur Ryuuken Ishida mais, lorsqu’un gros problème surgissait tous se tournaient vers lui. Amagai sortit son costume anthracite à fine rayure noire. Il passa sa chemise et ajusta sa cravate lie de vin quelques minutes plus tard. Devant la glace, il tenta de discipliné ses cheveux mais, immanquablement ils repassaient sur son visage et reprenaient leur position « en bataille ». Il n’avait jamais su se coiffer.

 

Shuusuke ne voulait pas faire déshonneur à Isshin et sentait peu à peu son cœur battre à tout rompre. La porte de la chambre coulissa et une toux discrète le fit se retourner.

 

« Amagai-san…

—    Kurosaki-san…

—    Yusu sera suffisant.

—    Que faites-vous ici ?

—    J’ai quitté la salle de réunion. Ma sœur s’occupe de convaincre Ichigo pour qu’elle et moi reprenions l’hôpital et qu’il nous accorde un crédit.

—    Vous ne passez pas par une banque ? S’étonna Amagai.

 

Yusu sourit et demanda la permission d’entrée.

 

« Entrez…

—    Merci… Je vous ai apporté votre déjeuner. J’ai croisé Sasabike-san.

—    Merci…

—    Pendant que vous déjeuner, je vais vous expliquer un peu le fonctionnement du clan. »

 

Amagai s’assit en face de Yusu qui lui servit le thé de manière harmonieuse. Ses gestes gracieux captèrent son attention.

 

« Nous ne passons pas par une banque. La seule chose par laquelle nous passons est le chef de clan. Ichigo… qui est l’actuel chef de clan Kurosaki, doit écouter nos projets et en vérifier la solvabilité. Ensuite, un vote à lieux auprès des membres influents de la famille. Le Chef de clan tranche sur la question s’il y a parité entre les différents décisionnaires. Ensuite, il nous prête l’argent du clan bien sur, nous restituons les intérêts à la famille. Notre banque, c’est nous même… l’avantage, c’est que nous obtenons plus facilement un prêt, s’il nous arrive quoique ce soit, c’est le clan qui prend tout en charge et le taux d’intérêt est moins élevé.

—     C’est un microcosme…

—    Oui… Nous n’avons pas besoin de qui que ce soit pour fonctionner. Sachez qu’une partie de nos revenues sont restituées à la famille royale, puisque nous en faisons partie… » Sourit Yusu.

 

Amagai ouvrit de grands yeux.

 

« Pardon ?

—    Papa ne vous l’a pas dit ? Ah… j’ai peut-être dit trop de choses. Notre famille est de sang royal. La famille Kuchiki est puissante et est connu comme faisant partie des familles les plus riches. Pourtant, notre famille est la plus ancienne et la plus noble après celle de l’empereur. Nous descendons directement de la lignée royale, chose que ne sont pas les Kuchiki.

—    Vous leur êtes supérieur ?

—    Oui…

—    Je… Vous ne semblez pas être issue de famille royale…

—    Parce que notre famille a toujours été indépendante. Nous obéissons aux protocoles mais, pour le reste… et ce quelque soit les membres de la famille Kurosaki, nous agissons comme bon nous semble.

—    Je vois… Je me sens… ridiculement petit et… je ne vois pas pourquoi Kurosaki-sama tient tant à m’imposer. » Amagai se sentait anéantis en disant ses paroles.

—     Papa vous aime et c’est tout ce que vous avez à tenir compte. Que les autres acceptent ou pas, se n’est pas un problème. Sachez que papa est impressionnant quand il est en colère et personne ne bronche quand il veut imposer son opinion.

—    Cela ne me met pas plus à l’aise… » Souffla Shuusuke, son appétit envolé.

—    Mon père n’a pas eu besoin de vous imposer auprès de Karin ou de moi… ni même à nos enfants…

 

Amagai observa la jeune femme qui lui adressa un doux sourire. Elle se releva et déclara doucement.

 

« Je pense qu’il va être l’heure… Ne vous raidissez pas, Amagai-san. Je serai à vos côtés et… Karin aussi. Elle a eut du mal au début… d’apprendre que mon père avait quelqu’un n’était pas évident. Mais, vous savez de voir notre père heureux, c’est tout ce qui compte pour nous. Alors, souriez… vous avez avec vous les membres les plus forts du clan… »

 

°°0°0°°

 

La réunion était sur le point de se terminer. Karin observait son père et voyait bien à la jointure de ses doigts qu’il était très nerveux. C’est sa propre angoisse qui monta. Et si son père lui faisait un arrêt cardiaque pendant l’annonce ? Elle savait pertinemment que ce n’était pas pour lui, qu’Isshin tremblait. Les réflexions et les bassesses dans la famille, c’étaient monnaie courante. Non, c’était simplement qu’Amagai Shuusuke était important pour lui. Elle le soutiendrait et était prête à affronter Tajima et lui faire la peau s’il le fallait.

 

Kisuke qui habituellement s’ennuyait ferme avait trouvé très intéressant que ses nièces reprennent l’hôpital ensemble. Enfin, les parts d’Isshin. Ce dernier n’était pas opposé bien au contraire. Son regard n’avait eu de cesse d’ailleurs de tomber sur son frère. C’était la première fois qu’il le trouvait aussi nerveux. Quelque chose allait se passer d’ici quelques minutes. Il en était certain. Et vu son expression, cela risquerait d’être très amusant.

 

Ichigo glissait son regard sur le côté. De temps en temps vers Byakuya qui restait aussi expressif qu’à son habitude. Et son père qui lui ne cessait de remuer. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait comme une impression d’urgence depuis qu’il avait rencontré son père. La séance allait certainement se terminer par son intervention. Que préparait Isshin ?

 

« Bien… Je fais un tour de table. Quelqu’un aurait-il quelque chose à ajouter, ou bien aurait-il une information à faire passer au clan ? Demanda Ichigo d’une voix calme.

—    Moi ! » S’exclama Tajima avant qu’Isshin ne puisse parler. « Je voulais informer le clan que… j’ai reprit un travail et j’ai commencé à reverser une partie des sommes que j’avais frauduleusement détournée. Je vous prie de m’excuser. » Fit l’homme en s’inclinant devant les membres de la famille.

—    Quand as-tu commencé à rembourser ? Demanda Ichigo surpris.

—    Deux mois… Je n’en ai pas parlé avant ne sachant pas jusqu’ici combien je pouvais mettre de côté.

—    Bien… Autre chose ? Interrogea Ichigo en jetant un œil à son père.

—    J’ai aussi quelque chose à dire. Déclara paisiblement Isshin.

 

Tous se tournèrent vers l’ancien chef de clan. Un silence plana faisant craindre le pire à certaines personnes dans la salle. Karin fit craquer ses jointures et rougit quand tous la fixèrent brutalement. Elle se racla la gorge et s’excusa.

 

« Je voulais vous annoncer qu’une personne était entré dans ma vie.

—    C’n’est pas un scoop… » Marmonna Tajima.

—    Nous vivons ensemble depuis bientôt deux mois…

—    Là, s’en ai un… Continua Tajima.

—    Chhhuuuttttttttttttt ! Firent les membres du clan accroché aux lèvres d’Isshin.

—    Et je vous voudrai vous présenter cette personne. Mais, avant cela… Je voulais vous avertir qu’il ne s’agit pas… d’une personne conventionnelle.

—    Et c’est là que tu nous annonces que tu es gay ! » Lança Tajima.

 

Karin faillit s’étouffer. Tout le monde foudroya du regard l’inconscient qui risquait sa vie depuis quelques minutes.

 

« Et ? Fit Kisuke qui voulait que le suspens s’achève en passant sur l’intervention de Tajima.

—    C’est bien un homme ! »

 

Un silence de plomb s’abattit sur la salle de réunion.

 

Kisuke ouvrit la bouche, laissa tomber son éventail et murmura

 

« Kami-sama ! »

 

Ichigo lui fixait son père mais, rien ne passait dans sa tête. Un blanc total avait coupé toute pensée constructive de se former. Un chahut commença à envahir la pièce, jusqu’à ce que le formidable éclat de rire de Tajima retourna l’attention sur lui. Grimmjow lui ne quittait pas des yeux Kurosaki. Il restait calme et maitre de lui. Son expression ne s’était pas modifiée un seul instant. Seule la jointure de ses doigts laissait voir qu’il serait près à bondir si quelqu’un tentait quoique ce soit. Il était encore sous le choc de la déclaration. Il s’attendait à cela…

 

Byakuya observa son beau-père et le plaignit sincèrement. Il avait préféré l’annoncer d’un bloc à tout le clan. Il aurait pu avertir au moins chacun des membres ou bien préparer le terrain. Non ! Isshin Kurosaki ne faisait jamais rien comme tout le monde et ne se préoccupait pas de savoir si cela pouvait choquer qui que ce soit. Quoique lui… ne l’était pas spécialement… C’était Ichigo qui l’inquiétait pour le moment.

 

Tajima se redressa et lança à la ronde.

 

« Bon et bien moi, je vous laisse… ce genre de déclaration et ses scènes à répétition dans le clan, j’en ai plus qu’assez ! Si le clan Kurosaki est juste un clan de pédé, je n’ai plus rien à faire ici !

—    Assied-toi… » Fit la voix d’Ichigo sombrement.

 

Tajima n’écouta pas et amorça un mouvement pour quitter la salle. Un coup de poing brusque sur la table fit sursauter tout le monde. Isshin glissa son regard sur le côté et vit la lueur meurtrière dans le regard ambre de son fils.

 

« Je t’ai dit de t’assoir Kurosaki Tajima-san ! »

 

Un nouveau silence de plomb accueillit l’intervention du chef de clan. Son regard glacial ne quittait pas l’homme qui se replaçait en silence. Il déclara presque paisiblement.

 

« Maintenant, je souhaite que vous présentiez vos excuses à notre famille, à notre clan. Parce que jusqu’à nouvel ordre et à moins que ma mémoire ne défaille, se sont les « pédés » qui vous ont sortie de l’embarras jusqu’ici et non les hétéros ! »

 

Tous avaient à présent le regard braqué sur Ichigo et Tajima. Ce dernier commençait à sentir la sueur dégouliner dans son dos. Il se racla la gorge et murmura.

 

« Je vous présente mes sincères excuses. »

 

Ichigo n’avait pas l’esprit très clair. Il resta quelques secondes à observer son oncle pour ensuite se tourner vers son père. Tous en firent de même.

 

« Donc, tu nous annonçais que tu avais quelqu’un dans ta vie.

—    Oui… Je voudrai le présenter au clan. »

 

Ichigo ne savait pas s’il en avait envie. En fait, tout son corps refusait ou s’opposait à cette rencontre. Pas parce qu’il était un homme mais, parce qu’il avait pris la place de sa mère !

 

« Je refuse ! 

—    Pardon ? »

 

Isshin s’attendait à tout sauf à cette réaction.

 

« J’ai dit, je refuse ! » Répéta calmement Ichigo. « Je… je ne veux pas rencontrer cette personne.

—    Tu es homophobe ? » Demanda Karin.

 

Son frère lui jeta un coup d’œil de lynx. Tous avaient retenu leur souffle. L’atmosphère était à coupée au couteau. Karin était complètement abasourdie. Comment son frère pouvait faire cela ? Elle songea à Amagai-san et à la peine qu’il aurait. Isshin scrutait le visage d’Ichigo et il rencontra l’éclat métallique de son regard.

 

« Je suis désolé… »

 

Isshin s’inclina et lorsqu’il se redressa, déclara sombrement.

 

« Très bien… Je me soumets à ce choix. Veuillez considérez ne faisant plus partit de ce clan à partir de cette minute. Mes domestiques appartiennent à cette maison. Tout est restitué à la famille Kurosaki. Je ne garde bien sur que mon compte personnel. »

 

Sans rien ajouter Isshin se leva et quitta la pièce. Ichigo observa le dos droit de son père. Kisuke se leva et déclara outré

 

« Tu ne peux pas laisser faire cela Ichigo !

—    Qui es-tu pour que je t’écoute… Urahara Kisuke ? »

 

Karin se leva et foudroya son frère du regard.

 

« Ichigo, papa a peut-être fait des erreurs, mais il ne mérite pas ça ! »

 

La jeune femme s’en fut pour courir derrière son père.

 

Isshin avait quitté la pièce alors qu’un murmure commençait à parcourir la pièce. Lorsqu’il passa la porte, il trouva Yusu et Shuusuke. Un faible sourire éclaira le visage de l’ancien chirurgien. Yusu fronça les sourcils.

 

« Papa pourquoi quittes-tu la pièce ?

—    Tu demanderas à Ichigo. Shuusuke… nous rentrons à la maison, si tu le veux bien.

—    Hai ! »

 

L’homme distingué se redressa et rejoignit Isshin. Les deux hommes traversèrent les couloirs en silence. Isshin appela Sasabike.

 

« Veuillez préparez nos valises et vous nous les ferais parvenir dans ma nouvelle demeure.

—    Pardon ?

—    Et ensuite, vous êtes libre ou non de regagner cette demeure. Je n’aurai plus les moyens de pouvoir honorer vos salaires.

—    Pardon ? S’étonna toujours le domestique comme abasourdis ne comprenant rien à ce qui se passait.

 

Isshin passa une main dans le dos de Shuusuke pour qu’il passe devant lui.

 

« Isshin… » Souffla Amagai inquiet. « Que se passe-t-il ? »

—    Je t’expliquerai à la maison… 

—    Papa ! » Les deux hommes se tournèrent et ils virent arriver en courant Karin les larmes aux yeux. « Il va changer d’avis… tu ne peux pas faire cela… 

—    Si j’ai ce droit. Tu pourras venir comme tu le souhaites chez nous. Les enfants…  vous êtes les bienvenus. Je ne peux pas dire mieux.

—    Ichigo ne se rend pas compte tu sais…

—    Ce n’est pas grave.

—    Mais que se passe-t-il Karin ? » Demanda Yusu qui se joignit à eux essoufflée. « Tout le monde est sur le pied de guerre. »

 

Sans un mot, Isshin traversa la cours. Il sortit les clefs de sa voiture et invita Amagai à monter. La voix de son frère se fit entendre.

 

« Isshin… Attend deux petites minutes.

—    Pour quelle raison ? Demanda calmement Isshin.

—    Ichigo… je suis sur que cela n’a rien à voir avec le fait que tu sois devenu gay. Kami-sama… le mot gay et toi ça ne colle pas ensemble. Enfin bref…

—    Tu n’as pas de rancœur contre moi ? S’étonna Isshin. Pourtant ce moment doit-être savoureux pour toi…

—    Ne raconte pas n’importe quoi ! C’est vrai que tu agis en parfait imbécile la plupart du temps mais, cela n’empêche pas que là… c’est extrême comme réaction.

—    Vraiment ? Je ne coupe pas les ponts avec toi ou avec aucun membre de la famille. Mais, si le chef de clan refuse de rencontrer la seule personne qui compte à mes yeux actuellement, je ne vois pas ce que je fais encore ici. S’il… s’il m’arrivait quelque chose et tu le sais… Il ne serait pas autorisé à venir me voir. J’ai réfléchi longuement à la situation avant de venir en parler. Et tu sais que cela n’a aucun rapport avec Ichigo, mais maintenant ne faisant plus partie de ce clan… quoiqu’il puisse m’arriver à présent, c’est Amagai-san qui a autorité sur ma vie et ma mort. Plus la famille Kurosaki ! Sur ce… je te rencontrerai quand tu voudras… Mais là, je dois rentrer je ne me sens pas très bien. »

 

Isshin monta dans sa Mercedes et démarra calmement. Yusu et Karin s’observèrent impuissantes. Leurs mains se rejoignirent.

 

« Nous irons voir papa tout à l’heure… » Proposa Karin.

—    Oui… nous irons tout à l’heure. 

—    Que se passe-t-il ? Demanda Kisuke en voyant l’air de détresse des deux sœurs.

 

Les jumelles se rapprochèrent l’une de l’autre. Grimmjow vint les rejoindre calmement et observa la scène. Il enlaça la taille de Kisuke et fronça les sourcils.

 

« Ne t’inquiète pas pour ce vieux bougre, il aura notre peau à tous… Je m’inquiète plus pour toi… On rentre à la maison de toute façon, ils se crêpent tous le chignon dans la salle de réunion.

—    C’est vrai ? » S’étonna Karin.

—    Ouaih… Y’a quelques personnes du clan qui n’apprécie pas le départ d’Isshin de votre famille. Quelque part, je comprends un peu. C’est lui qui a fait prospérer le plus le clan ces dernières années. Alors le voir partir comme ça. Et Ichigo semble toujours en état de choc. Y’a Byakuya qui reste à côté donc y’a rien à craindre. En tout cas, qui aurait cru qu’Isshin Kurosaki, le grand Isshin vire sa cuti. Quelque part, il récolte ce qu’il sème… Allez, on rentre Kisuke. Tu auras toute la semaine pour retrouver ton frère. Laisse-le reprendre aussi ses esprits. »

 

Kisuke se laissa entrainer par Grimmjow. Il ne pouvait s’empêcher d’être très inquiet pour Isshin. Jamais il ne lui avait vu cet air là. Et c’était quoi cette phrase « Je ne me sens pas très bien » ?

 

°°0°0°°

 

Ichigo n’entendait rien et ne voyait rien. Il se fraya un chemin au travers des membres du clan. Son regard polaire fit reculer les téméraires. Byakuya suivit en silence. Il savait son amant profondément bouleversé. Il le voyait dans toute son attitude. Ichigo se réfugia dans une pièce un peu à l’écart des autres. Il se tourna vers Byakuya et l’étreignit contre lui avec force.

 

« J’ai beau me tourner la situation dans tous les sens… Je ne peux pas Byakuya. Il n’a pas pu remplacer ma mère… Se n’est pas possible… Il l’a fait souffrir, elle était seule… Mon père ne peut pas avoir remplacé ma mère. » Répéta Ichigo comme une incantation.

 

Byakuya empoigna le tissu de la veste de son compagnon qui tremblait contre lui. Il avait parfaitement compris les motivations d’Ichigo qui n’était toujours pas parvenu à surmonter le cap de la mort de sa mère. Il caressa longuement les mèches rousses si soyeuses.

 

« Je t’aime Ichigo… » Souffla le noble, contre l’oreille de sa moitié.

 

°°0°0°°

 

 

Shuusuke gara la voiture dans le parking souterrain. Isshin avait du s’arrêter en cours de route. Apparemment son cœur ne tenait pas le choc. Il était terriblement inquiet. Pourtant Isshin le rassurait. Lui, n’y croyait qu’à demi. Une fois le pied posé à terre, Shuusuke aida Isshin à sortir de la voiture. Il voyait bien dans son attitude qu’il était en état second. A peine arriva-t-il à l’appartement qu’il retira la veste d’Isshin. Shuusuke allongea son compagnon et lui retira ses chaussures, et ouvrit sa chemise. Il ausculta rapidement son amant avant de quitter la pièce pour se diriger vers l’armoire à pharmacie.

 

Il revint quelques minutes plus tard et secoua gentiment Isshin.

 

« Chéri… prend ça, ça te fera du bien…. Tu dors un peu après. Je nous cuisinerai quelque chose pour plus tard. »

 

Isshin prit le médicament et s’allongea. Sa main se glissa dans celle de son compagnon qui allait partir sans bruit.

 

« Shuusuke… j’ai fait en sorte que quoiqu’il puisse arriver… tu ne sois pas tenu éloigner. Si le clan refuse de te voir… je n’ai aucune raison d’y rester. Tu comprends ?

—    Qu’as-tu fais Isshin ?

—    J’ai quitté le clan…

—    Pardon ?

—    Personne… tu m’entends Shuusuke… Personne dans le clan Kurosaki n’a aucun droit sur moi à part toi !

—    Je comprends… Mais, et Yusu et Karin ?

—    Je continuerai à les voir comme mes filles. Elles seront toujours les bienvenues… tout comme mes petits-enfants ou comme mon fils. Mais, ils auront la place d’une famille normale à présent. Sasabike…

—    Je m’en occuperai lorsqu’il passera.

—    Bien… Je me sens fatigué Shuusuke.

—    Dort… je reste près de toi… »

 

Isshin adressa un sourire à son amant et ses paupières se fermèrent. Son esprit divagua quelques instants. Il se doutait de la raison qui empêchait Ichigo d’accepter la situation. Mais, lui ne pouvait pas attendre qu’il puisse surmonter ses angoisses. Le visage de Mazaki passa devant ses yeux. Cette dernière lui souriait et lui tendait la main. La rejoindre ? Il ne pouvait pas… quelqu’un de bien plus important pour lui à présent comptait sur lui. Isshin avait aimé sa femme qui était aussi la mère de ses enfants mais, Shuusuke était son véritable amour. Il ne pouvait pas le quitter à présent… Il refusait…

 

°°0°0°°

 

Shuusuke terminait de ranger l’appartement lorsque la sonnette retentit. Il ouvrit et vit Karin et Yusu devant sa porte. Il s’effaça et les laissa entrer.

 

« Nous sommes désolées… nous voulions voir papa… » Déclara Yusu en serrant très fortement la main de sa sœur.

—    Il dort… Il… Il était fatigué en revenant à la maison.

—    Comment va son moral ? Demanda Karin.

—    Je pense qu’il ira mieux lorsque la tension sera complètement descendue de ses épaules.

—    Nous… nous pouvons restés le temps que notre père se réveille ?

—    Bien sur… voulez-vous quelque chose à manger ?

—    Nous n’avons rien avalé… » Marmonna Karin. « Je meurs de faim. »

 

Le trio se dirigea vers la salle et Amagai installa les filles d’Isshin avant de rejoindre la cuisine. Karin et Yusu virent accroché sur un mur, des photos d’elles et de leurs enfants. Ichigo aussi était là avec Byakuya. Le petit Tomatsu figurait parmi les photos. Elles s’arrêtèrent sur l’une d’entre elle. Ils étaient assis dans l’herbe. Isshin se tenant derrière et Amagai entre ses jambes, chacun tenant un livre dans les mains. Le grand sourire heureux qu’ils affichaient montrait combien, ils semblaient heureux ensemble.

 

« Je n’ai pas prévu grand-chose… nous devions manger soit dans votre maison ou au restaurant… je n’ai pas eu le temps de passer au combini.

—    Ce n’est pas grave… vous savez nous sommes comme vous. Il n’y a que le chef de clan qui soit un peu « spécial ». Sinon mon appartement doit être plus petit que le votre. Fit Yusu avec le sourire.

—    Vous n’allez pas quitter papa ? S’inquiéta Karin soudainement. « Je veux dire avec tout ce branle bas de combat…

—    Non… rassurez-vous. Je ne quitterai pas votre père.

—    Tant mieux… Je meurs de faim… Pas toi Yusu ? Incita Karin à sa sœur.

—    Si, j’ai faim moi aussi maintenant. Vous nous accompagnez… n’est ce pas Amagai-san ? »

 

Shuusuke eut un petit sourire et s’obligea à manger du bout des lèvres. Il n’attendait qu’une seule chose, le réveil d’Isshin pour pouvoir lui apporter son soutient. Karin leur raconta par le menu la réunion et la réaction d’Ichigo. Ensuite, le groupe resta silencieux. Amagai s’en voulu d’être la cause de tout ce trouble. Karin posa une main sur la sienne et déclara sombrement.

 

« Je vous connais Amagai-san… vous êtes le genre de personne sensible qui croit que tout est de leur faute… Alors, je vous rassure tout de suite. Si mon frère ne souffrait pas d’un complexe d’Oedipe ça n’arriverait pas ! C’est la mort de ma mère qui l’a marqué. Mais, ne craignait rien… il n’a rien contre vous personnellement. Si mon père était tombé amoureux d’une femme, il aurait eu la même réaction. »

 

Shuusuke ne savait pas s’il devait être rassuré ou pas. Il resta un long moment silencieux. La présence des jumelles le tranquillisa en quelque sorte. Ils discutèrent de tout et de rien. Se découvrant peu à peu. Chacun étant dans l’attente du réveil de l’ancien chirurgien.

Chapitre 18

Les rues du quartier étaient bondées. Le début du mois de juin était chaud et les tenues d’été était déjà sortit du placard. Isshin quitta la pharmacie du coin avec son petit sachet contenant les médicaments que Shuusuke lui avait prescrits. Cela faisait moins d’une semaine qu’il avait eu la discussion… enfin, discussion était un bien grand mot. Où il avait annoncé aux Kurosaki qu’il quittait le clan.

 

Amagai s’en voulait presque d’exister pour cela. Mais, Isshin avait été intraitable. Il était hors de question pour lui de faire machine arrière. Il repoussa ses lunettes de soleil et remonta tranquillement sa rue. Sasabike avait quitté la maison Kurosaki. Il avait tenu informé son maitre, qu’il se tenait toujours à disposition pour le moindre service. Isshin fronça les sourcils. Il inquiétait son entourage et il n’aimait pas cela.

 

Il avait passé le week-end allongé. L’ancien chirurgien était littéralement vidé. Shuusuke avait apprécié l’aide de Sasabike et de ses filles. Lui permettant d’être serein lorsqu’il avait fait quelques achats pour qu’ils puissent survivre jusqu’à lundi. Amagai avait contacté Ishida pour le prévenir de l’absence dans les murs de l’hôpital d’Isshin durant toute une semaine. Il du expliquer brièvement ce qui s’était passé. Ryuuken n’avait pas cherché à en savoir plus long en constatant combien son ami était réticent.

 

Bien sûr, il avait reçut un appel de Kisuke qui prenait de ses nouvelles. Isshin était surpris par la délicatesse de son frère qui n’avait pas pris la peine de lui faire un retour à l’envoyeur. Quoique… avec Kisuke tout n’était jamais réellement terminé. Là, il savait son frère affecté et il ne profiterait pas de la situation… mais, lorsqu’il irait mieux, il imaginait très bien son cadet le harceler avec quelques réflexions.

 

Un frisson le traversa à cette idée. Le sourire moqueur de Kisuke vogua quelques secondes devant ses yeux. Isshin prit le temps de faire quelques courses et rentra lentement vers l’appartement de Shuusuke. De loin, Isshin reconnu la tête blonde de Kisuke. Un sourire éclaira ses traits. Finalement, il n’avait pas été si long à lui rendre visite. Isshin rattrapa son frère qui allait quitter les lieux faute d’être présent.

 

« Tu veux boire un café ou un thé avec moi ? Il ne sera peut-être pas aussi bon que les tiens mais, il est offert avec plaisir…

—    Oh… je ne pourrai refuser une pareille offre ! » Sourit Kisuke.

 

Les deux frères remontèrent l’allée en silence. Isshin salua quelques voisins et ouvrit la porte du hall d’entrée.

 

« Dit-donc... ça doit vraiment te changer cette ambiance prolétaire !

—    Boucle là… Je n’ai jamais eu des goûts de luxe. » Grogna Isshin.

—    C’est vrai… Tu aurais pu en avoir et depuis longtemps mais, tu n’as jamais cherché à afficher ta richesse.

—    Monte dans l’ascenseur.

—    Ah l’ascenseur… ça me rappelle une certaine scène ! Et dire que finalement c’était vrai… » Ironisa Kisuke.

—    Qu’est ce qui était vrai ? On s’est juste fait traiter de pervers…

—    Mais tu en es un maintenant ! Assume… » Railla Kisuke « Au fait… Ça te fait quoi de passer de l’autre côté quand on a été un si farouche opposant à la cause gay ?

—    Rien en particulier… » Répondit Isshin presque indifférent.

 

Le comportement d’Isshin agaça Kisuke qui plissa ses paupières pour mieux observer son frère.

 

« Ne me raconte pas n’importe quoi ! Vu l’état dans lequel tu étais avant la réunion, et l’état où tu étais ce week-end… tu ne vas pas me dire que tu n’as pas éprouvé un petit pourcentage de ce que j’ai pu endurer toutes ses années ?

—    J’ai été inquiet… pour lui. Pas pour moi… » Rétorqua Isshin en fixant Kisuke droit dans les yeux.

—    Tu es déçut par Ichigo ? »

 

Isshin sortit les clefs de l’appartement et fit entrer son frère. Kisuke apprécia l’appartement. Il était grand et clair. La décoration était recherchée mais, sans être trop ostentatoire. Isshin le faisant traverser rapidement les pièces pour l’emmener au salon. Une console trainait sur le sol faisant hausser un sourcil à Kisuke.

 

« Tu deviens amateur de jeu vidéo ?

—    Je joue de temps en temps… C’est surtout Shuusuke qui passe du temps dessus.

—    Je me demande bien à quoi il ressemble. Je n’ai pas eu la curiosité ou plutôt, j’étais trop inquiet pour aller saluer ta nouvelle moitié !

—    Pourquoi tu n’es pas passé à un autre moment ?

—    Parce que figure-toi que je travaille surtout le soir contrairement à toi. Quoique tu es en arrêt. Tu es malade ?

—    Fatigué… » Répondit Isshin alors qu’il gagnait la cuisine avec son plastique sans vouloir s’étendre sur le sujet.

—    Je peux savoir à quoi sert le traitement que tu as sur toi ?

—    Pour ma fatigue ! » Répondit Isshin sans sourciller, son frère lui tournant autour.

—    Bien sur…

—    Tu veux un thé ou un café… tu ne m’as pas dit plus tôt…

—    Je peux le faire…

—    Non, je sais me débrouiller.

—    Un thé… »

 

Isshin s’affaira dans la cuisine sous le regard aigue de Kisuke qui observait son frère. Kisuke était en quelque sorte déçut par le comportement d’Isshin. Combien de fois, il avait rêvé qu’il soit au moins une fois  à sa place pour qu’il comprenne ce qu’il avait pu ressentir toutes ses années de mépris. Mais apparemment, Kurosaki Isshin était aussi imperturbable hétéro, qu’homo. Kisuke aurait aimé le voir craquer rien qu’une fois. Pas par méchanceté, mais pour lui faire goûter l’amertume d’être rabaissé.

 

« Et… ton Amagai-san… il prend les choses comment ?

—    Mal… » Répondit Isshin soucieux cette fois-ci.

—    Pourquoi donc ? Il n’a pas eu affaire au clan alors…

—    Parce qu’il prend tout de manière très personnel. » coupa Isshin. « Actuellement, il se reproche sa propre existence… Je me demande si j’ai bien fait de l’annoncer. Pour moi peut m’importait que vous soyez au courant ou pas. »

 

Kisuke encaissa l’information. La colère montait en lui. Pour il ne savait quelle raison ou peut-être que si justement. Isshin ne souffrait pas de sa condition ! Il l’acceptait… et ne se posait pas de questions. Il n’éprouvait pas d’angoisses, de peur, de honte. Au contraire, il le criait sur tous les toits et à la face de tous. Kisuke demanda légèrement crispé.

 

« Alors pourquoi l’as-tu fait ?

—    Parce qu’il le fallait pour Shuusuke. »

 

Isshin tendit la tasse de thé fumante à son frère. Il traversa la cuisine et s’installa dans le salon accompagné de son frère qui choisit un fauteuil. Le commerçant s’installa confortablement et étudia Isshin.

 

« Je me disais pour que tu veuilles nous le présenter, c’est qu’il était important pour toi…

—    Il l’est ! Ne parle pas de ma relation au passé, je te prie.

—    Désolé… » Murmura Kisuke.

 

Son cœur battait à tout rompre. Ses doigts s’étaient légèrement crispées autour de la tasse et pour éviter que son frère ne remarque son changement d’attitude, il se mit debout à déambuler nonchalamment.

 

« Vous comptez faire quoi à présent ? » Interrogea Kisuke détaillant les objets personnels des deux hommes.

—    Rien. Nous allons continuer à vivre comme nous le faisons depuis deux mois.

—    Tu n’as plus le clan pour t’occuper… tu comptes arrêter finalement ?

—    Oui… J’ai quelques projets que j’aimerai terminer. Et puis, j’ai envie de vivre un peu et de pouvoir ce que je veux avec Shuusuke.

—    Décidément… » Murmura Kisuke entre ses lèvres.

 

Son regard était tombé sur une photo où les deux hommes étaient assis sur l’herbe. Une autre montrait Amagai Shuusuke seul et Kisuke le trouva jeune et terriblement séduisant. Il devait avoir l’âge de Grimmjow. Il respirait la gentillesse. Ses yeux ne possédaient aucune malice. Kisuke sentait l’homme honnête et droit. Son frère avait beaucoup de chance… Le commerçant ressentit le besoin de sortir. Il étouffait sous ses sentiments contradictoires de jalousie, de rancune, de colère et de culpabilité.

 

« Il travaille aussi à l’hôpital ? Demanda Kisuke.

—    Shuusuke est cardiologue… Il va reprendre le service de Kyouraku.

—    Vraiment ? »

 

Le blond se tourna vers l’ancien chirurgien et l’observa surpris.

 

« Euh… il n’est pas un peu jeune ? »

 

Kisuke désignait la photo derrière lui. Isshin haussa un sourcil.

 

« Nous avons décidé avec Ryuuken de rajeunir le personnel et de mettre des personnes compétentes et qui ont une certaine expérience, plutôt que d’utiliser les personnes plus âgés pour certains qui ne font pas bouger les choses, si elles ne tournent pas à leur avantage. En fait, nous nous sommes calqués sur un modèle occidentale de gestion de médecine…  en ce qui concerne les moyens humains. Ryuuken a fait un recrutement international pour attirer des chirurgiens compétents et nous permettre de développer un pôle d’excellence. Nous voulons créer le premier hôpital du Japon en matière de…

—    Hum… » Fit Kisuke en coupant son frère enthousiaste. « Tu ne feras bientôt plus partie du projet…

—    Karin et Yusu sont tout à fait d’accord pour continuer cette politique avec Ryuuken. Et puis, Uryuu va se joindre à eux… tu sais, le fils d’Ishida. Bref… tout ce que nous montons actuellement va se perpétuer même si nous quittons notre établissement. Je suis heureux que tout continue… même si nous, nous partons.

—    Eh bien… » Soupira Kisuke en regardant soudainement sa montre. « Je vais devoir te laisser Isshin… Je reviendrai te voir dans la semaine. Je suppose que… Shuusuke, te donne les bonnes recommandations pour te porter mieux, donc je m’abstiendrai de te faire une quelconque remarque. »

 

Isshin sourit chaleureusement à son frère et hocha la tête.

 

« Il est très inquiet de nature, je dois bien l’avouer… 

—    Vraiment ? Passe une bonne fin de journée et n’hésite pas à passer au café… je t’inviterai avec plaisir.

—    Je passerai, je vais bientôt avoir beaucoup plus de temps… »

 

Kisuke quitta l’appartement et Isshin débarrassa la pièce. L’angoisse l’avait gagné au cours de l’entretien pour il ne savait quelle raison et il avait besoin de se calmer. Son cœur battait trop vite et sa fatigue ne lui laissait pas beaucoup de choix sur le diagnostic. Il prit le protocole que lui avait laissé son amant et prit ses cachets avant d’aller s’allonger quelques minutes. L’homme s’endormit comme une masse.

 

°°0°0°°

 

 La voiture bleue se gara rapidement sur le parking de l’hôpital. Lorsque Kisuke en sortit, il ouvrit les yeux de surprise. Il tombait au bon moment, Amagai regagnait visiblement sa voiture. Les yeux verts s’obscurcirent et le cœur du blond se mit à battre plus lourdement. Quelque chose qui rampait au fond de lui et ce depuis très longtemps venait d’éclore et il était incapable de maitriser la bête qui venait de se réveiller.

 

Il se dirigea sans bruit derrière le cardiologue qui ouvrait la porte de sa Mazda. Ses poings se serrèrent convulsivement.

 

Shuusuke sursauta quand il entendit derrière lui la voix joyeuse qui l’interpellait. Il était plongé profondément dans ses pensées depuis qu’il était sortit de son service.

 

« Amagai-san, je suppose ? »

 

Se retournant, il croisa le regard vert du frère de son amant. L’homme le regardait avec un air bienveillant et un immense sourire aux lèvres. Quelque chose au fond de lui, le mis en alerte mais, il n’arrivait pas à définir ce qui le mettait mal à l’aise son interlocuteur. Il chassa ses pensées parasites et salua l’homme.

 

« Bonsoir… je suis bien Amagai Shuusuke.

—    Vous me connaissez… n’est-ce pas ?

—    Vous êtes Urahara Kisuke, le frère cadet de Kurosaki Isshin.

—    Oh… je vois que je ne suis pas un inconnu. Mon illustre frère vous a parlé de moi ?

—    De toute sa famille… enfin, des personnes pour qui il éprouve une certaine affection.

—    J’en suis flatté… J’espère ne pas vous déranger ?

—    Euh… non. » Répondit Amagai hésitant.

 

Que lui voulait le frère d’Isshin ? Ce dernier embraya rapidement l’empêchant de réfléchir plus avant.

 

« J’ai été surpris de voir mon frère en arrêt maladie. Il ne couve pas quelque chose de grave, n’est-ce- pas ? »

 

Shuusuke se souvint de sa promesse faite à Isshin et il se racla un peu la gorge avant de répondre

 

« Non… seulement de la fatigue provoqué par du surmenage.

—    Il m’a parlé de ses projets pour l’hôpital… Il est assez enthousiaste.

—    C’est vrai…

—    Cela doit bien aidé que mon frère soit le directeur de l’hôpital pour sa promotion ? » Sourit Kisuke avec une certaine nonchalance.

 

Shuusuke encaissa en silence. Son regard s’étrécit et il comprit enfin que derrière ses airs courtois, ce n’était pas une visite de politesse auquel il avait droit.

 

« Que me voulez-vous ? » Demanda simplement le cardiologue.

—    A cause de votre présence non désiré dans le clan… mon frère à dû le quitter ! Cela perturbe beaucoup notre famille et surtout son fonctionnement.

—    Kurosaki-san n’avait plus de fonction dans le…

—    Mon frère… a permis au clan de prospérer. Qu’il parte du jour au lendemain, alors qu’il en ait le pilier à provoquer quelques remous à l’intérieur de la famille et Ichigo… son fils… a quelques difficultés pour remettre les choses en place. Ne culpabilisez-vous pas d’avoir par votre présence, provoquer la rupture de tout un clan ?

—    Isshin ne voulait plus de cette vie là…

—    Ça c’est ce que vous vous dites pour déculpabiliser ! Mon frère est le phare de cette famille et vous êtes en train de le discréditer ! Et puis… c’est pratique pour vous aussi pour mettre la main sur sa fortune personnelle !

—    Pardon ? » S’étonna Amagai qui tombait des nues.

—    Ne me dites pas qu’un jeune homme comme vous… qui a quoi ? Vingt ans de différence avec mon frère n’a pas un regard posé sur son compte en banque quand on sait qu’il est proche de la mort ? »

 

Amagai rougit violemment. La colère montait en lui sourdement. Il avait une furieuse envie de lui balancer son poing dans la figure mais, par respect pour son amant s’en abstint. Shuusuke savait qu’Isshin tenait à Kisuke.

 

« Je ne vois pas de quoi vous voulez me parler !

—    Quatrième fortune du Japon… Ne me dites pas que vous n’êtes pas au courant ? Il vous suffit de jeter un coup d’œil sur les magasines féminins ou dans les magasines spécialisés. Notre famille même si nous avons été mis en marge par la famille royale, la première sur le plan de la noblesse et la plus fortuné après celle des Kuchiki ! Ne me dites pas que vous n’étiez pas au courant !

—    Non ! » S’écria Amagai stupéfait. « Non, je n’en savais rien ! Je ne lis pas ses magasines et ses journaux… je n’ai pas le temps…

—    Vous êtes simplement un « otaku » ? Tss… Je souhaite bonne chance à mon frère alors !

—    Que voulez-vous dire ?

—    Devoir faire grimper en grade un pauvre type qui n’aurait jamais dû être responsable de service en premier plan… De devoir vivre dans un appartement minable alors qu’il a l’opulence et le nom pour vivre dans un cadre qui devrait être le sien… d’avoir briser une famille et de vouloir détourner une somme substantiel sans qu’il y ait l’obstacle du clan pour y parvenir. Je dirai… finement jouer de votre part ! »

 

Amagai se tenait très droit. Ses doigts s’étaient crispés sur la porte de sa voiture. Il observa l’homme devant lui et déclara froidement

 

« Vous avez finit ?

—    Notre famille ne vous acceptera jamais… Amagai Shuusuke. Et dite vous bien qu’un jour où l’autre Isshin devra revenir dans notre famille.

—    Que votre famille m’accepte ou pas… je m’en moque ! j’ai vécu sans et je peux très bien faire sans… Mais, laissez Isshin tranquille…

—    Isshin ? » Sourit Kisuke malveillant. « Ne soyez pas irrespectueux ! Qui êtes vous pour l’appeler ainsi ? Cela fait quoi… deux mois que vous sortez ensemble ? On ne peut pas dire que votre histoire tienne la route ! D’ici un mois ou deux, vous vous serez lassé et lui retournera auprès des femmes… comme le prédispose sa sexualité de départ. Vous êtes seulement une nouveauté pour lui… Quelqu’un qui est arrivé au bon moment… Quelqu’un qui le sort de son ennui et de ses problèmes. Je trouve tout de même extraordinaire qu’il se soit choisit un médecin comme compagnon ! Vous n’êtes rien dans la vie, Amagai… rien qu’un petit médecin sans importance et qui se sert de mon frère pour monter plus rapidement les échelons ! Vous êtes un arriviste et vous profitez de la faiblesse passagère de mon frère… »

 

Amagai contourna sa portière et vint se poster juste devant Kisuke. Son regard était polaire, sa voix était calme et posée.

 

« De quoi avez-vous peur exactement ? Ou bien… qu’est ce qui vous dérange dans notre relation ? Cela vous est-il si pénible de voir votre frère heureux ? Savez-vous qu’il vous aime et qu’il est inquiet de votre réaction à vous et de son fils ? Il sait qu’il a causé du tord et ça le ronge… Maintenant, si vous devez devenir un obstacle entre lui et moi… Je n’hésiterai pas à vous contourner où à m’opposer à vous ! Maintenant, j’ai autre chose à faire… Je pense que notre petite conversation va se terminer ici. 

—    Je ne vous laisserai pas gagner si facilement… »

 

Shuusuke monta dans sa voiture et démarra sans plus faire attention à la silhouette immobile qui se tenait sur le parking. Kisuke resta un long moment à observer la Mazda qui s’éloignait. La colère grondait en lui. Il n’avait pensé aucun des mots qu’il avait pu déclarer. Mais, détesta Amagai car il avait touché une corde sensible. Oui, il détestait voir son frère heureux ! S’il avait été avec une femme, cela n’aurait rien provoqué en lui ! Mais voilà… C’était d’un homme qu’Isshin aimait. Et pas un homme androgyne… Et puis… Amagai lui faisait terriblement pensé à Isshin plus jeune de part son caractère.

 

Kisuke se détourna et se dirigea vers son véhicule. Il jeta un bref coup d’œil à sa montre. Il n’avait pas le temps de rencontrer Ichigo… mais, il n’allait pas tarder dans les heures à venir à aller à sa rencontre !

 

°°0°0°°

 

Karin qui sortait enfin de l’hôpital. Elle venait d’avoir une discussion houleuse avec le commissaire de police de la ville de Tokyo. Comment ce type lui avait osé lui suggéré de falsifier des preuves ? Tout ça parce qu’il s’agissait d’un règlement de compte personnel ? S’il croyait lui faire peur, il se trompait lourdement. Après un petit exercice respiratoire, Karin se dirigea vers le parking et se figea. Qu’est ce que Kisuke Urahara faisait ici ? Et pourquoi parlait-il avec Shuusuke ? L’attitude du cardiologue la mis en alerte.

 

Ce n’était pas le Amagai qu’elle connaissait. Il était raide et son expression sombre lui était inconnue. Quand elle le vit contourner sa porte et se poster de manière menaçante devant son oncle, son cœur se mit à courir. Que se passait-il ? Au moment où elle se reprenait, elle vit Amagai quitter brusquement les lieux et Kisuke rester pensif sans bouger. Elle allait traverser mais, une ambulance lui coupa la route. Elle se recula se rendant compte qu’elle avait faillit se faire écraser. Quand elle releva la tête, elle vit Kisuke qui se diriger rapidement vers son propre véhicule. Karin ne put l’arrêter à temps.

 

La jeune femme se mit à se tordre les mains nerveusement. Kisuke… Son oncle pouvait être le meilleur des hommes comme le pire des démons. Longtemps, elle l’avait considéré comme son propre père plutôt qu’Isshin… mais, avec l’âge… elle avait développé une affection maladive pour Isshin parce qu’il était inaccessible une espèce d’aura l’entourait, parce qu’elle était fière de qui il était et du respect qu’il inspirait à chacun. Elle ne voulait pas que Kisuke devienne un méchant… et elle ne voulait pas que son père souffre.

 

Karin rejoignit sa voiture et monta indécise. Que devait-elle faire ? En parler à son père ? Dans son état de santé actuel, c’était impossible ! Elle n’oserait pas en parler à Amagai… Yusu ! Yusu était une personne sur qui elle pouvait compter dans ce genre de situation. Elle, elle avait l’impression qu’elle serait capable de tuer Kisuke à l’heure actuelle !

 

°°0°0°°

 

Shuusuke rentra dans l’appartement. Il n’entendait aucun bruit. Il posa ses clefs sur la sellette et gagna la cuisine. Il vit les boites de médicaments ouvertes et fronça les sourcils. Isshin ne devait les prendre qu’en cas de problème… Rapidement, le cardiologue traversa l’appartement pour gagner la chambre et trouva son compagnon allongé. Sa respiration était régulière. Amagai respira soudainement soulagé. Il s’aperçut qu’il vivait en apnée depuis qu’il avait vu les boites ouvertes.

 

L’homme s’installa sur le matelas à côté d’Isshin et il bascula la tête en avant, la tête entre ses mains. Il avait eut peur ! Il étouffa un sanglot qui commençait à monter en lui. Shuusuke se sentait tellement impuissant. Après quelques minutes, il se recomposa son image et se tourna vers Isshin toujours endormis. Ses doigts voyagèrent sur le visage de l’ancien chef de clan. Amagai fronça les sourcils brutalement. Etais-ce une idée où bien Isshin avait un peu plus de cheveux blancs que lors de leur première rencontre chez Love… quelques mois auparavant.

 

Un sourire triste s’esquissa sur ses lèvres en se souvenant d’Isshin imitant un faux chat sauvage. Il songea soudain, à aller remercier Rose de l’avoir obligé à aller à cette fameuse soirée. S’il ne l’avait pas fait… jamais Isshin et lui n’aurait pu se rencontrer de manière favorable…

 

Une des mains d’Amagai glissa vers le buste d’Isshin et ses doigts s’attardèrent sur la chemise à l’endroit du cœur. Les paroles de Kisuke lui revinrent en mémoire. Et si c’était lui qui rendait Isshin malade ? Après tout… il n’aurait pas eu cette discussion avec Urahara s’il n’existait pas. Que devait-il faire ? S’effacer pour éviter à Isshin le moindre problème ? Ses doigts se crispèrent sur la chemise.

 

Amagai voulu se redresser mais une main enserra son poignet.

 

« Amagai-san… restez près de moi… »

 

Shuusuke rencontra le regard voilé d’Isshin. Et comme à chaque fois, sa raison bascula pour laisser parler son cœur. Un frisson le traversa lorsque les bras d’Isshin se refermèrent sur lui. Le souffle de son compagnon caressait sa nuque. L’ancien médecin ayant enfoui son visage contre son épaule.

 

« Kurosaki-san… » Chuchota Shuusuke la gorge nouée.

 

Isshin ne répondit pas, ayant plongé à nouveau dans le monde des rêves. Amagai resta très longtemps les yeux ouverts. Il était torturé par les paroles de Kisuke et l’idée cheminait dans sa tête qu’il n’était pas le meilleur partit pour Isshin. Comment un gars sans noblesse, ni argent… disposant d’une petite position comme la sienne pouvait prétendre à rester près d’un homme comme Kurosaki… et surtout un homme !

 

Yusu, il le savait ressemblait trait pour trait à sa mère… et même s’il n’était pas attiré par les femmes, Shuusuke savait reconnaitre la beauté du sexe opposé. Et Mazaki Kurosaki avait dû être terriblement séduisante. Amagai se souvint des paroles d’Isshin qui pestait sur le fait qu’ils ne puissent s’exposer devant tous… il était vrai qu’avec une femme… son compagnon pouvait la prendre dans ses bras, ou par la main. Lui sourire avec tendresse sans avoir à se cacher… accepter par tout un clan…

 

Une heure plus tard et toujours à regarder le plafond, Shuusuke attendait qu’Isshin change de place. Lorsqu’il le fit enfin, Amagai se leva discrètement. Il attrapa ses clefs et remis ses chaussures. Il ne savait pas très bien ce qu’il allait faire mais, le cardiologue ne pouvait plus rester près d’Isshin à l’heure actuelle. Il avait besoin de réfléchir…

Chapitre 19

Les rues du quartier étaient bondées. Le début du mois de juin était chaud et les tenues d’été était déjà sortit du placard. Isshin quitta la pharmacie du coin avec son petit sachet contenant les médicaments que Shuusuke lui avait prescrits. Cela faisait moins d’une semaine qu’il avait eu la discussion… enfin, discussion était un bien grand mot. Où il avait annoncé aux Kurosaki qu’il quittait le clan.

 

Amagai s’en voulait presque d’exister pour cela. Mais, Isshin avait été intraitable. Il était hors de question pour lui de faire machine arrière. Il repoussa ses lunettes de soleil et remonta tranquillement sa rue. Sasabike avait quitté la maison Kurosaki. Il avait tenu informé son maitre, qu’il se tenait toujours à disposition pour le moindre service. Isshin fronça les sourcils. Il inquiétait son entourage et il n’aimait pas cela.

 

Il avait passé le week-end allongé. L’ancien chirurgien était littéralement vidé. Shuusuke avait apprécié l’aide de Sasabike et de ses filles. Lui permettant d’être serein lorsqu’il avait fait quelques achats pour qu’ils puissent survivre jusqu’à lundi. Amagai avait contacté Ishida pour le prévenir de l’absence dans les murs de l’hôpital d’Isshin durant toute une semaine. Il du expliquer brièvement ce qui s’était passé. Ryuuken n’avait pas cherché à en savoir plus long en constatant combien son ami était réticent.

 

Bien sûr, il avait reçut un appel de Kisuke qui prenait de ses nouvelles. Isshin était surpris par la délicatesse de son frère qui n’avait pas pris la peine de lui faire un retour à l’envoyeur. Quoique… avec Kisuke tout n’était jamais réellement terminé. Là, il savait son frère affecté et il ne profiterait pas de la situation… mais, lorsqu’il irait mieux, il imaginait très bien son cadet le harceler avec quelques réflexions.

 

Un frisson le traversa à cette idée. Le sourire moqueur de Kisuke vogua quelques secondes devant ses yeux. Isshin prit le temps de faire quelques courses et rentra lentement vers l’appartement de Shuusuke. De loin, Isshin reconnu la tête blonde de Kisuke. Un sourire éclaira ses traits. Finalement, il n’avait pas été si long à lui rendre visite. Isshin rattrapa son frère qui allait quitter les lieux faute d’être présent.

 

« Tu veux boire un café ou un thé avec moi ? Il ne sera peut-être pas aussi bon que les tiens mais, il est offert avec plaisir…

—    Oh… je ne pourrai refuser une pareille offre ! » Sourit Kisuke.

 

Les deux frères remontèrent l’allée en silence. Isshin salua quelques voisins et ouvrit la porte du hall d’entrée.

 

« Dit-donc... ça doit vraiment te changer cette ambiance prolétaire !

—    Boucle là… Je n’ai jamais eu des goûts de luxe. » Grogna Isshin.

—    C’est vrai… Tu aurais pu en avoir et depuis longtemps mais, tu n’as jamais cherché à afficher ta richesse.

—    Monte dans l’ascenseur.

—    Ah l’ascenseur… ça me rappelle une certaine scène ! Et dire que finalement c’était vrai… » Ironisa Kisuke.

—    Qu’est ce qui était vrai ? On s’est juste fait traiter de pervers…

—    Mais tu en es un maintenant ! Assume… » Railla Kisuke « Au fait… Ça te fait quoi de passer de l’autre côté quand on a été un si farouche opposant à la cause gay ?

—    Rien en particulier… » Répondit Isshin presque indifférent.

 

Le comportement d’Isshin agaça Kisuke qui plissa ses paupières pour mieux observer son frère.

 

« Ne me raconte pas n’importe quoi ! Vu l’état dans lequel tu étais avant la réunion, et l’état où tu étais ce week-end… tu ne vas pas me dire que tu n’as pas éprouvé un petit pourcentage de ce que j’ai pu endurer toutes ses années ?

—    J’ai été inquiet… pour lui. Pas pour moi… » Rétorqua Isshin en fixant Kisuke droit dans les yeux.

—    Tu es déçut par Ichigo ? »

 

Isshin sortit les clefs de l’appartement et fit entrer son frère. Kisuke apprécia l’appartement. Il était grand et clair. La décoration était recherchée mais, sans être trop ostentatoire. Isshin le faisant traverser rapidement les pièces pour l’emmener au salon. Une console trainait sur le sol faisant hausser un sourcil à Kisuke.

 

« Tu deviens amateur de jeu vidéo ?

—    Je joue de temps en temps… C’est surtout Shuusuke qui passe du temps dessus.

—    Je me demande bien à quoi il ressemble. Je n’ai pas eu la curiosité ou plutôt, j’étais trop inquiet pour aller saluer ta nouvelle moitié !

—    Pourquoi tu n’es pas passé à un autre moment ?

—    Parce que figure-toi que je travaille surtout le soir contrairement à toi. Quoique tu es en arrêt. Tu es malade ?

—    Fatigué… » Répondit Isshin alors qu’il gagnait la cuisine avec son plastique sans vouloir s’étendre sur le sujet.

—    Je peux savoir à quoi sert le traitement que tu as sur toi ?

—    Pour ma fatigue ! » Répondit Isshin sans sourciller, son frère lui tournant autour.

—    Bien sur…

—    Tu veux un thé ou un café… tu ne m’as pas dit plus tôt…

—    Je peux le faire…

—    Non, je sais me débrouiller.

—    Un thé… »

 

Isshin s’affaira dans la cuisine sous le regard aigue de Kisuke qui observait son frère. Kisuke était en quelque sorte déçut par le comportement d’Isshin. Combien de fois, il avait rêvé qu’il soit au moins une fois  à sa place pour qu’il comprenne ce qu’il avait pu ressentir toutes ses années de mépris. Mais apparemment, Kurosaki Isshin était aussi imperturbable hétéro, qu’homo. Kisuke aurait aimé le voir craquer rien qu’une fois. Pas par méchanceté, mais pour lui faire goûter l’amertume d’être rabaissé.

 

« Et… ton Amagai-san… il prend les choses comment ?

—    Mal… » Répondit Isshin soucieux cette fois-ci.

—    Pourquoi donc ? Il n’a pas eu affaire au clan alors…

—    Parce qu’il prend tout de manière très personnel. » coupa Isshin. « Actuellement, il se reproche sa propre existence… Je me demande si j’ai bien fait de l’annoncer. Pour moi peut m’importait que vous soyez au courant ou pas. »

 

Kisuke encaissa l’information. La colère montait en lui. Pour il ne savait quelle raison ou peut-être que si justement. Isshin ne souffrait pas de sa condition ! Il l’acceptait… et ne se posait pas de questions. Il n’éprouvait pas d’angoisses, de peur, de honte. Au contraire, il le criait sur tous les toits et à la face de tous. Kisuke demanda légèrement crispé.

 

« Alors pourquoi l’as-tu fait ?

—    Parce qu’il le fallait pour Shuusuke. »

 

Isshin tendit la tasse de thé fumante à son frère. Il traversa la cuisine et s’installa dans le salon accompagné de son frère qui choisit un fauteuil. Le commerçant s’installa confortablement et étudia Isshin.

 

« Je me disais pour que tu veuilles nous le présenter, c’est qu’il était important pour toi…

—    Il l’est ! Ne parle pas de ma relation au passé, je te prie.

—    Désolé… » Murmura Kisuke.

 

Son cœur battait à tout rompre. Ses doigts s’étaient légèrement crispées autour de la tasse et pour éviter que son frère ne remarque son changement d’attitude, il se mit debout à déambuler nonchalamment.

 

« Vous comptez faire quoi à présent ? » Interrogea Kisuke détaillant les objets personnels des deux hommes.

—    Rien. Nous allons continuer à vivre comme nous le faisons depuis deux mois.

—    Tu n’as plus le clan pour t’occuper… tu comptes arrêter finalement ?

—    Oui… J’ai quelques projets que j’aimerai terminer. Et puis, j’ai envie de vivre un peu et de pouvoir ce que je veux avec Shuusuke.

—    Décidément… » Murmura Kisuke entre ses lèvres.

 

Son regard était tombé sur une photo où les deux hommes étaient assis sur l’herbe. Une autre montrait Amagai Shuusuke seul et Kisuke le trouva jeune et terriblement séduisant. Il devait avoir l’âge de Grimmjow. Il respirait la gentillesse. Ses yeux ne possédaient aucune malice. Kisuke sentait l’homme honnête et droit. Son frère avait beaucoup de chance… Le commerçant ressentit le besoin de sortir. Il étouffait sous ses sentiments contradictoires de jalousie, de rancune, de colère et de culpabilité.

 

« Il travaille aussi à l’hôpital ? Demanda Kisuke.

—    Shuusuke est cardiologue… Il va reprendre le service de Kyouraku.

—    Vraiment ? »

 

Le blond se tourna vers l’ancien chirurgien et l’observa surpris.

 

« Euh… il n’est pas un peu jeune ? »

 

Kisuke désignait la photo derrière lui. Isshin haussa un sourcil.

 

« Nous avons décidé avec Ryuuken de rajeunir le personnel et de mettre des personnes compétentes et qui ont une certaine expérience, plutôt que d’utiliser les personnes plus âgés pour certains qui ne font pas bouger les choses, si elles ne tournent pas à leur avantage. En fait, nous nous sommes calqués sur un modèle occidentale de gestion de médecine…  en ce qui concerne les moyens humains. Ryuuken a fait un recrutement international pour attirer des chirurgiens compétents et nous permettre de développer un pôle d’excellence. Nous voulons créer le premier hôpital du Japon en matière de…

—    Hum… » Fit Kisuke en coupant son frère enthousiaste. « Tu ne feras bientôt plus partie du projet…

—    Karin et Yusu sont tout à fait d’accord pour continuer cette politique avec Ryuuken. Et puis, Uryuu va se joindre à eux… tu sais, le fils d’Ishida. Bref… tout ce que nous montons actuellement va se perpétuer même si nous quittons notre établissement. Je suis heureux que tout continue… même si nous, nous partons.

—    Eh bien… » Soupira Kisuke en regardant soudainement sa montre. « Je vais devoir te laisser Isshin… Je reviendrai te voir dans la semaine. Je suppose que… Shuusuke, te donne les bonnes recommandations pour te porter mieux, donc je m’abstiendrai de te faire une quelconque remarque. »

 

Isshin sourit chaleureusement à son frère et hocha la tête.

 

« Il est très inquiet de nature, je dois bien l’avouer… 

—    Vraiment ? Passe une bonne fin de journée et n’hésite pas à passer au café… je t’inviterai avec plaisir.

—    Je passerai, je vais bientôt avoir beaucoup plus de temps… »

 

Kisuke quitta l’appartement et Isshin débarrassa la pièce. L’angoisse l’avait gagné au cours de l’entretien pour il ne savait quelle raison et il avait besoin de se calmer. Son cœur battait trop vite et sa fatigue ne lui laissait pas beaucoup de choix sur le diagnostic. Il prit le protocole que lui avait laissé son amant et prit ses cachets avant d’aller s’allonger quelques minutes. L’homme s’endormit comme une masse.

 

°°0°0°°

 

 La voiture bleue se gara rapidement sur le parking de l’hôpital. Lorsque Kisuke en sortit, il ouvrit les yeux de surprise. Il tombait au bon moment, Amagai regagnait visiblement sa voiture. Les yeux verts s’obscurcirent et le cœur du blond se mit à battre plus lourdement. Quelque chose qui rampait au fond de lui et ce depuis très longtemps venait d’éclore et il était incapable de maitriser la bête qui venait de se réveiller.

 

Il se dirigea sans bruit derrière le cardiologue qui ouvrait la porte de sa Mazda. Ses poings se serrèrent convulsivement.

 

Shuusuke sursauta quand il entendit derrière lui la voix joyeuse qui l’interpellait. Il était plongé profondément dans ses pensées depuis qu’il était sortit de son service.

 

« Amagai-san, je suppose ? »

 

Se retournant, il croisa le regard vert du frère de son amant. L’homme le regardait avec un air bienveillant et un immense sourire aux lèvres. Quelque chose au fond de lui, le mis en alerte mais, il n’arrivait pas à définir ce qui le mettait mal à l’aise son interlocuteur. Il chassa ses pensées parasites et salua l’homme.

 

« Bonsoir… je suis bien Amagai Shuusuke.

—    Vous me connaissez… n’est-ce pas ?

—    Vous êtes Urahara Kisuke, le frère cadet de Kurosaki Isshin.

—    Oh… je vois que je ne suis pas un inconnu. Mon illustre frère vous a parlé de moi ?

—    De toute sa famille… enfin, des personnes pour qui il éprouve une certaine affection.

—    J’en suis flatté… J’espère ne pas vous déranger ?

—    Euh… non. » Répondit Amagai hésitant.

 

Que lui voulait le frère d’Isshin ? Ce dernier embraya rapidement l’empêchant de réfléchir plus avant.

 

« J’ai été surpris de voir mon frère en arrêt maladie. Il ne couve pas quelque chose de grave, n’est-ce- pas ? »

 

Shuusuke se souvint de sa promesse faite à Isshin et il se racla un peu la gorge avant de répondre

 

« Non… seulement de la fatigue provoqué par du surmenage.

—    Il m’a parlé de ses projets pour l’hôpital… Il est assez enthousiaste.

—    C’est vrai…

—    Cela doit bien aidé que mon frère soit le directeur de l’hôpital pour sa promotion ? » Sourit Kisuke avec une certaine nonchalance.

 

Shuusuke encaissa en silence. Son regard s’étrécit et il comprit enfin que derrière ses airs courtois, ce n’était pas une visite de politesse auquel il avait droit.

 

« Que me voulez-vous ? » Demanda simplement le cardiologue.

—    A cause de votre présence non désiré dans le clan… mon frère à dû le quitter ! Cela perturbe beaucoup notre famille et surtout son fonctionnement.

—    Kurosaki-san n’avait plus de fonction dans le…

—    Mon frère… a permis au clan de prospérer. Qu’il parte du jour au lendemain, alors qu’il en ait le pilier à provoquer quelques remous à l’intérieur de la famille et Ichigo… son fils… a quelques difficultés pour remettre les choses en place. Ne culpabilisez-vous pas d’avoir par votre présence, provoquer la rupture de tout un clan ?

—    Isshin ne voulait plus de cette vie là…

—    Ça c’est ce que vous vous dites pour déculpabiliser ! Mon frère est le phare de cette famille et vous êtes en train de le discréditer ! Et puis… c’est pratique pour vous aussi pour mettre la main sur sa fortune personnelle !

—    Pardon ? » S’étonna Amagai qui tombait des nues.

—    Ne me dites pas qu’un jeune homme comme vous… qui a quoi ? Vingt ans de différence avec mon frère n’a pas un regard posé sur son compte en banque quand on sait qu’il est proche de la mort ? »

 

Amagai rougit violemment. La colère montait en lui sourdement. Il avait une furieuse envie de lui balancer son poing dans la figure mais, par respect pour son amant s’en abstint. Shuusuke savait qu’Isshin tenait à Kisuke.

 

« Je ne vois pas de quoi vous voulez me parler !

—    Quatrième fortune du Japon… Ne me dites pas que vous n’êtes pas au courant ? Il vous suffit de jeter un coup d’œil sur les magasines féminins ou dans les magasines spécialisés. Notre famille même si nous avons été mis en marge par la famille royale, la première sur le plan de la noblesse et la plus fortuné après celle des Kuchiki ! Ne me dites pas que vous n’étiez pas au courant !

—    Non ! » S’écria Amagai stupéfait. « Non, je n’en savais rien ! Je ne lis pas ses magasines et ses journaux… je n’ai pas le temps…

—    Vous êtes simplement un « otaku » ? Tss… Je souhaite bonne chance à mon frère alors !

—    Que voulez-vous dire ?

—    Devoir faire grimper en grade un pauvre type qui n’aurait jamais dû être responsable de service en premier plan… De devoir vivre dans un appartement minable alors qu’il a l’opulence et le nom pour vivre dans un cadre qui devrait être le sien… d’avoir briser une famille et de vouloir détourner une somme substantiel sans qu’il y ait l’obstacle du clan pour y parvenir. Je dirai… finement jouer de votre part ! »

 

Amagai se tenait très droit. Ses doigts s’étaient crispés sur la porte de sa voiture. Il observa l’homme devant lui et déclara froidement

 

« Vous avez finit ?

—    Notre famille ne vous acceptera jamais… Amagai Shuusuke. Et dite vous bien qu’un jour où l’autre Isshin devra revenir dans notre famille.

—    Que votre famille m’accepte ou pas… je m’en moque ! j’ai vécu sans et je peux très bien faire sans… Mais, laissez Isshin tranquille…

—    Isshin ? » Sourit Kisuke malveillant. « Ne soyez pas irrespectueux ! Qui êtes vous pour l’appeler ainsi ? Cela fait quoi… deux mois que vous sortez ensemble ? On ne peut pas dire que votre histoire tienne la route ! D’ici un mois ou deux, vous vous serez lassé et lui retournera auprès des femmes… comme le prédispose sa sexualité de départ. Vous êtes seulement une nouveauté pour lui… Quelqu’un qui est arrivé au bon moment… Quelqu’un qui le sort de son ennui et de ses problèmes. Je trouve tout de même extraordinaire qu’il se soit choisit un médecin comme compagnon ! Vous n’êtes rien dans la vie, Amagai… rien qu’un petit médecin sans importance et qui se sert de mon frère pour monter plus rapidement les échelons ! Vous êtes un arriviste et vous profitez de la faiblesse passagère de mon frère… »

 

Amagai contourna sa portière et vint se poster juste devant Kisuke. Son regard était polaire, sa voix était calme et posée.

 

« De quoi avez-vous peur exactement ? Ou bien… qu’est ce qui vous dérange dans notre relation ? Cela vous est-il si pénible de voir votre frère heureux ? Savez-vous qu’il vous aime et qu’il est inquiet de votre réaction à vous et de son fils ? Il sait qu’il a causé du tord et ça le ronge… Maintenant, si vous devez devenir un obstacle entre lui et moi… Je n’hésiterai pas à vous contourner où à m’opposer à vous ! Maintenant, j’ai autre chose à faire… Je pense que notre petite conversation va se terminer ici. 

—    Je ne vous laisserai pas gagner si facilement… »

 

Shuusuke monta dans sa voiture et démarra sans plus faire attention à la silhouette immobile qui se tenait sur le parking. Kisuke resta un long moment à observer la Mazda qui s’éloignait. La colère grondait en lui. Il n’avait pensé aucun des mots qu’il avait pu déclarer. Mais, détesta Amagai car il avait touché une corde sensible. Oui, il détestait voir son frère heureux ! S’il avait été avec une femme, cela n’aurait rien provoqué en lui ! Mais voilà… C’était d’un homme qu’Isshin aimait. Et pas un homme androgyne… Et puis… Amagai lui faisait terriblement pensé à Isshin plus jeune de part son caractère.

 

Kisuke se détourna et se dirigea vers son véhicule. Il jeta un bref coup d’œil à sa montre. Il n’avait pas le temps de rencontrer Ichigo… mais, il n’allait pas tarder dans les heures à venir à aller à sa rencontre !

 

°°0°0°°

 

Karin qui sortait enfin de l’hôpital. Elle venait d’avoir une discussion houleuse avec le commissaire de police de la ville de Tokyo. Comment ce type lui avait osé lui suggéré de falsifier des preuves ? Tout ça parce qu’il s’agissait d’un règlement de compte personnel ? S’il croyait lui faire peur, il se trompait lourdement. Après un petit exercice respiratoire, Karin se dirigea vers le parking et se figea. Qu’est ce que Kisuke Urahara faisait ici ? Et pourquoi parlait-il avec Shuusuke ? L’attitude du cardiologue la mis en alerte.

 

Ce n’était pas le Amagai qu’elle connaissait. Il était raide et son expression sombre lui était inconnue. Quand elle le vit contourner sa porte et se poster de manière menaçante devant son oncle, son cœur se mit à courir. Que se passait-il ? Au moment où elle se reprenait, elle vit Amagai quitter brusquement les lieux et Kisuke rester pensif sans bouger. Elle allait traverser mais, une ambulance lui coupa la route. Elle se recula se rendant compte qu’elle avait faillit se faire écraser. Quand elle releva la tête, elle vit Kisuke qui se diriger rapidement vers son propre véhicule. Karin ne put l’arrêter à temps.

 

La jeune femme se mit à se tordre les mains nerveusement. Kisuke… Son oncle pouvait être le meilleur des hommes comme le pire des démons. Longtemps, elle l’avait considéré comme son propre père plutôt qu’Isshin… mais, avec l’âge… elle avait développé une affection maladive pour Isshin parce qu’il était inaccessible une espèce d’aura l’entourait, parce qu’elle était fière de qui il était et du respect qu’il inspirait à chacun. Elle ne voulait pas que Kisuke devienne un méchant… et elle ne voulait pas que son père souffre.

 

Karin rejoignit sa voiture et monta indécise. Que devait-elle faire ? En parler à son père ? Dans son état de santé actuel, c’était impossible ! Elle n’oserait pas en parler à Amagai… Yusu ! Yusu était une personne sur qui elle pouvait compter dans ce genre de situation. Elle, elle avait l’impression qu’elle serait capable de tuer Kisuke à l’heure actuelle !

 

°°0°0°°

 

Shuusuke rentra dans l’appartement. Il n’entendait aucun bruit. Il posa ses clefs sur la sellette et gagna la cuisine. Il vit les boites de médicaments ouvertes et fronça les sourcils. Isshin ne devait les prendre qu’en cas de problème… Rapidement, le cardiologue traversa l’appartement pour gagner la chambre et trouva son compagnon allongé. Sa respiration était régulière. Amagai respira soudainement soulagé. Il s’aperçut qu’il vivait en apnée depuis qu’il avait vu les boites ouvertes.

 

L’homme s’installa sur le matelas à côté d’Isshin et il bascula la tête en avant, la tête entre ses mains. Il avait eut peur ! Il étouffa un sanglot qui commençait à monter en lui. Shuusuke se sentait tellement impuissant. Après quelques minutes, il se recomposa son image et se tourna vers Isshin toujours endormis. Ses doigts voyagèrent sur le visage de l’ancien chef de clan. Amagai fronça les sourcils brutalement. Etais-ce une idée où bien Isshin avait un peu plus de cheveux blancs que lors de leur première rencontre chez Love… quelques mois auparavant.

 

Un sourire triste s’esquissa sur ses lèvres en se souvenant d’Isshin imitant un faux chat sauvage. Il songea soudain, à aller remercier Rose de l’avoir obligé à aller à cette fameuse soirée. S’il ne l’avait pas fait… jamais Isshin et lui n’aurait pu se rencontrer de manière favorable…

 

Une des mains d’Amagai glissa vers le buste d’Isshin et ses doigts s’attardèrent sur la chemise à l’endroit du cœur. Les paroles de Kisuke lui revinrent en mémoire. Et si c’était lui qui rendait Isshin malade ? Après tout… il n’aurait pas eu cette discussion avec Urahara s’il n’existait pas. Que devait-il faire ? S’effacer pour éviter à Isshin le moindre problème ? Ses doigts se crispèrent sur la chemise.

 

Amagai voulu se redresser mais une main enserra son poignet.

 

« Amagai-san… restez près de moi… »

 

Shuusuke rencontra le regard voilé d’Isshin. Et comme à chaque fois, sa raison bascula pour laisser parler son cœur. Un frisson le traversa lorsque les bras d’Isshin se refermèrent sur lui. Le souffle de son compagnon caressait sa nuque. L’ancien médecin ayant enfoui son visage contre son épaule.

 

« Kurosaki-san… » Chuchota Shuusuke la gorge nouée.

 

Isshin ne répondit pas, ayant plongé à nouveau dans le monde des rêves. Amagai resta très longtemps les yeux ouverts. Il était torturé par les paroles de Kisuke et l’idée cheminait dans sa tête qu’il n’était pas le meilleur partit pour Isshin. Comment un gars sans noblesse, ni argent… disposant d’une petite position comme la sienne pouvait prétendre à rester près d’un homme comme Kurosaki… et surtout un homme !

 

Yusu, il le savait ressemblait trait pour trait à sa mère… et même s’il n’était pas attiré par les femmes, Shuusuke savait reconnaitre la beauté du sexe opposé. Et Mazaki Kurosaki avait dû être terriblement séduisante. Amagai se souvint des paroles d’Isshin qui pestait sur le fait qu’ils ne puissent s’exposer devant tous… il était vrai qu’avec une femme… son compagnon pouvait la prendre dans ses bras, ou par la main. Lui sourire avec tendresse sans avoir à se cacher… accepter par tout un clan…

 

Une heure plus tard et toujours à regarder le plafond, Shuusuke attendait qu’Isshin change de place. Lorsqu’il le fit enfin, Amagai se leva discrètement. Il attrapa ses clefs et remis ses chaussures. Il ne savait pas très bien ce qu’il allait faire mais, le cardiologue ne pouvait plus rester près d’Isshin à l’heure actuelle. Il avait besoin de réfléchir…

Chapitre 20

Les portes du cabinet d’architectures s’ouvraient et se fermaient au rythme de l’arrivée des employés. L’atmosphère feutrée et résolument contemporaine, tout en harmonie du lieu incitait à l’apaisement et à sérénité. Byakuya s’était arrêté à l’accueil et récupéra un colis arrivé en express à son intention. Il échangeait quelques civilités avec l’hôtesse, quand il vit franchir le seuil par un Ichigo plutôt renfrogné, se fut comme un anachronisme dans l’ambiance générale du cabinet.

 

L’architecte haussa un sourcil. Il s’aperçut que son compagnon ne l’avait même pas remarqué. Accroché au téléphone, la mine sombre et la mâchoire crispée, tous faisaient un arc de cercle pour éviter le nouvel arrivé dans les locaux. Le regard anthracite ne reflétait aucune émotion particulière et c’est très sereinement qu’il se déplaça pour se mettre à la hauteur d’un Kurosaki contrarié.

 

« Je peux savoir ce qui te met de si mauvaise humeur le matin ? »

 

Ichigo sursauta lorsqu’il entendit la voix de Byakuya à ses côtés. Il termina sa conversation téléphonique et pénétra dans son bureau sans accorder plus d’importance à son amant.

 

« Kisuke t’aurait fait une réflexion désobligeante ? Ce n’est pas comme si tu n’avais pas l’habitude…

—    Non… c’est Karin ! » Maugréa le roux le regard dans le vague.

—    Ta sœur ? » S’étonna Byakuya. « Que s’est-il passé ?

—    Elle a défendu mon père ! » Comme s’il s’agissait de la pire injustice.

—    Oh… je vois. Elle a également rendue visite à Kisuke ? »

 

Ichigo attrapa son fauteuil et s’installa dessus en croisant ses longues jambes. Son regard lumineux se reporta sur l’extérieur. Ses mains craquèrent ses doigts et la mine plus sombre il avoua

 

« Karin est venue nous rejoindre et elle a accablé Kisuke… Tu te rends compte ? » Fit Ichigo en serrant les poings. « Lui était dans tous ses états parce qu’il savait qu’il avait fait quelque chose qu’il n’aurait pas du faire et elle lui a demandé des comptes. Comme si Kisuke avait besoin de son jugement à elle !

—    Que s’est-il réellement passé avec Amagai-san et ton oncle ?  Et comment Karin a-t-elle pu avoir un écho de ce qui s’est passé entre eux ?»

 

Byakuya avait prit le fauteuil en face de celui de son compagnon et l’observait tranquillement. Ichigo jeta un bref coup d’œil à son compagnon avant de soupirer et murmurer.

 

« Elle les a vu sur le parking de l’hôpital… » Commença Ichigo d’une voix fatiguée. « Karin a été surprise par la vivacité de leur discussion. 

—    Kisuke peut-être très incisif lorsqu’il le veut… Pour que Grimmjow soit ému et t’appelle pour remonter le moral de ton oncle, Kisuke a du être dur et il regrette n’est-ce-pas ?

—    Hai ! » Ichigo se rejeta sur son fauteuil en observant le plafond. « Il nous a avoué le contenu de son discours…

—    Et ? » Poussa gentiment Byakuya en voyant qu’Ichigo n’irait pas plus loin.

—    Et… je t’avoue que je n’aurai jamais dit ses paroles à un inconnu. Je veux dire, Amagai Shuusuke personne ne sait rien sur lui, sauf Karin justement… Mais… J’ai été totalement d’accord avec ce qu’à dit Kisuke pour tout t’avouer. » Grommela le roux.

—    Et ce qui t’énerve, c’est que Karin prend le partit de ton père… » Murmura le noble.

—    Oui ! » Ichigo se redressa brutalement et se mit à marcher énergiquement dans la pièce. « Kisuke était ébranlé par ce qui s’était passé. Et quelque part… le voir ainsi me révolte. J’ai toujours considéré Kisuke comme mon père petit… et comme mon deuxième père, quand j’ai remis Isshin à sa place. Pourquoi… pourquoi cela doit se passer de cette façon ?

—    Que veux-tu dire ?

—    Comment cet Amagai a pu faire tomber mon père ? Isshin était homophobe… mon père m’a frappé parce que je t’aimais ! Il n’a jamais été proche de qui que ce soit pendant des années et des années et surtout il a pourrit la vie de son frère… Je ne comprends pas… Il devient proche de nous… à… à… cause d’un homme ! Kurosaki Isshin… a tout abandonné pour un homme… » Chuchota pour terminer Ichigo ébranlé.

 

Byakuya haussa les sourcils et interrogea Ichigo.

 

« Et le fait que « cet homme » a aussi remplacé ta mère ?

—    Je ne sais plus… » Répondit le roux après un silence.

—    Par curiosité… Kisuke a accusé de quels maux le compagnon de ton père ?

—    D’arriviste, qu’Isshin n’éprouvait qu’un intérêt superficiel pour lui et que d’ici quelques semaines, il retournerait auprès d’un harem féminin… grosso-modo. Mais, connaissant Kisuke, je pense qu’on peu imaginer avec quelle verve il a du débiter son discours.

—    Je vois…  Et quelles sont les paroles de Karin concernant cette affaire ? »

 

Ichigo se gratta son front et s’appuya contre un mur.

 

« Qu’elle préférait nous voir nous attaquer directement à mon père plutôt que de nous en prendre à… Amagai Shuusuke. Apparemment, elle le décrit comme quelqu’un de bien. Karin a l’air de beaucoup l’apprécier…

—    Cela t’agace ?

—    …

—    Peut-être a-t-il des qualités… Je trouve cela surprenant de la part de Karin de s’attacher à quelqu’un… » Remarqua songeur Byakuya en plissant légèrement les paupières. « D’autant que ton père, homophobe notoire, soit aussi sous son charme…

—    Apparemment tout l’hôpital l’est… il a même fait apprécier mon père à l’ensemble du personnel, selon ses dire… » Rétorqua Ichigo sombrement.

 

Byakuya détailla Ichigo. Il était renfrogné et en colère. La description que lui donnait son compagnon lui donnait envie de le connaitre. Il ne braquerait pas Ichigo. Ce dernier n’appréciait visiblement pas qu’Isshin puisse s’ouvrir aux autres et notamment à ses enfants, parce que son père aimait un autre homme. Si Isshin avait aimé une femme, Ichigo l’aurait accepté beaucoup plus facilement. Voulant apaiser l’atmosphère et détendre son compagnon, Byakuya suggéra

 

« Ichigo… nous n’avons plus beaucoup de temps pour préparer notre dossier Hanami. Alors, je te suggère de nous mettre au travail. Nous aurons d’autres moments pour discuter à nouveau de tout cela… enfin, si tu le souhaites bien sur… »

 

Le roux hocha la tête et se dirigea vers le bureau de sa secrétaire pour retirer les derniers documents à joindre à leur dossier.

°°o0o°°

 

Amagai se réveilla avec un authentique mal de crâne. Que s’était-il passé ? Il avait l’impression d’être passé sous un rouleau compresseur. Soudain, il se souvint des deux voitures qui étaient passées comme des folles devant lui, dont une qui avait perdu le contrôle entrainant tout le monde dans sa course devenue aléatoire et mortelle.

 

Shuusuke ouvrit les yeux et vit qu’il se trouvait dans une chambre d’hôpital. Une respiration attira son attention, et vit Isshin se reposant sur le lit se situant à côté du sien. Une couverture posée sur son dos. Visiblement étalée par une infirmière, les draps du dessous n’étaient pas défaits.

 

Son regard se posa sur lui et il constata qu’il était entier. Comment avait-il pu survivre ? Les images étaient floues quand il se souvint des tonneaux de sa voiture. Il leva doucement les mains et vit que son avant-bras était bandé. Shuusuke posa les mains sur son visage, sur son buste et ne pu descendre plus bas, la douleur l’arrêta. Il était sur d’avoir des côtes cassées. Son corps se mit à le faire souffrir comme si sa conscience lui faisait prendre la notion par quoi il était passé.

 

« Shuusuke… »

 

Le cardiologue leva les yeux et rencontra le regard sombre d’Isshin. Ce dernier s’était posté à côté de son lit si rapidement qu’il ne l’avait pas vu approché. L’inquiétude le rongeait et Amagai adressa un sourire rassurant à son compagnon.

 

« J’ai l’impression d’avoir été piétiné par un troupeau de buffles… » Avoua le blessé.

 

Isshin se leva et le rejoignit. Ses mains encerclèrent le visage de Shuusuke avec tendresse.

 

« J’ai eu peur lorsque je ne t’ai pas vu arriver… »

 

Les yeux sombres d’Isshin exprimaient son soulagement.

 

« Je suis désolé… » Commença Shuusuke ému par le désarroi d’Isshin.

—    Tu n’y ais pour rien… Ta tête ?

—    J’ai mal au crâne… une migraine, je pense… »

 

Isshin déplaça ses mains sur la nuque et palpa son crâne

 

« Je n’ai pas ma petite lampe sur moi…

—    Je me sens bien Isshin, j’ai seulement mal au crâne. Je me sens courbaturé et… je pense avoir quelques côtes cassées… mais à priori… je ne pense avoir rien d’autre… »

 

L’ancien chirurgien laissa échapper un soupir de soulagement. Il posa son front contre celui de son compagnon qui lui souriait faiblement.

 

« Je vais appeler l’infirmière pour te donner quelque chose…

—    Je vais rester combien de temps ici ? » Demanda Shuusuke visiblement mal à l’aise dans son rôle de malade.

—    Quelques jours…

—    Je voudrai retourner à la maison…

—    Je vais faire en sorte que tu rentres rapidement… Après tout, je suis médecin et je peux prendre soin de toi… vingt-quatre heures sur vingt-quatre. » Sourit malicieusement Isshin.

—    Un médecin à mon entière disposition ? » Chuchota Shuusuke un sourire moqueur aux lèvres.

 

Isshin avait levé le bras pour appeler l’infirmière de garde. Il se recula pour s’assoir sur un fauteuil et observa Amagai qui avait glissé son regard vers lui. L’infirmière chef entra précipitamment faisant hausser un sourcil aux deux hommes.

 

« Vous m’avez l’air essoufflé Kotetsu-san… »

 

La jeune femme rougit et murmura

 

« Je… je…

—    Ishida-san est passé vous voir je suppose ? » Interrogea Isshin qui se doutait d’où pouvait provenir le malaise.

—    Hai… » murmura l’infirmière.

—    Tss… Auriez-vous quelque chose pour la migraine ?

—    Hai… Auriez-vous besoin d’autre chose ?

—    Non… Qui est le médecin assigné à Amagai-san ?

—    Ishida-san… mais, il est absent. Il a un cours à la faculté, il ne devrait rentrer que dans une heure…

—    Une chance que je sois là ?

—    Je peux faire venir une autre personne…

—    Non… je vous remercie Kotetsu-san.

—    Je reviens immédiatement… »

 

Amagai ferma les yeux fatigué brusquement. Etait-ce parce qu’il avait passé presque une nuit blanche à réfléchir à tout ce qui s’était passé ? Une main avait saisit la sienne. Shuusuke baissa son regard vers Isshin et murmura désolé

 

« Je ne pourrai pas t’aider pour Engetsu… je vais gâcher nos vacances… »

 

Isshin sourit et déclara joyeusement

 

« Ne t’en fait pas pour si peu… nous partirons moins loin mais, je peux t’assurer que cela ne gâchera certainement pas nos vacances. Depuis le temps que je les attends… »

 

Amagai observa son compagnon sans répondre. L’ombre de la famille Kurosaki et de son clan vint ternir son bonheur. Il répondit chaleureusement au sourire d’Isshin pour ne pas l’inquiéter. Et si tout se terminait bientôt ? Amagai préféra ne pas y songer.

 

°°0°0°°

 

Shuusuke s’était installé confortablement sur le canapé de son salon. La position allongée était pour lui la meilleure. Resté trop longtemps assis devenait vite un calvaire. Il lisait tranquillement un roman lorsque la sonnette retentit. Il n’attendait personne et Isshin ne reviendrai pas avant un moment. Se levant lentement et avec précaution Amagai traversa la pièce pour grimacer devant la porte. Il respira doucement pour ensuite ouvrir la porte.

 

Urahara Kisuke se tenait devant lui. Le médecin gémit intérieurement. Il n’était pas prêt pour ce genre de confrontation. Son expression s’était assombrit.

 

« Je ne vais pas vous déranger très longtemps… Je voulais rencontrer mon frère… » Déclara Kisuke. « Mais que vous soyez ici m’arrange également… Puis-je voir Isshin ?

—    Kurosaki-san est absent.

—    Ne soyez pas aussi effrayé… » railla Kisuke en voyant le trouble dans le regard sable de son interlocuteur.

—    Ne prenez pas vos rêves pour une réalité ! » Répliqua sèchement Amagai. « Il n’est pas présent et il ne rentrera pas tout de suite…

—    Pourrai-je au moins vous parler ? » Demanda doucement Kisuke qui voyait combien son comportement troublait son interlocuteur.  

 

Shuusuke hésita puis, se recula. Kisuke passa devant lui et attendit sagement de se faire inviter avant d’avancer. Amagai désigna la porte de la salle. Il suivit son interlocuteur et grimaça de douleur. Isshin lui avait interdit de bouger durant son absence… Mais, aucun des deux hommes ne s’attendaient à une quelconque visite… et Shuusuke certainement pas à celle d’Urahara.

 

« Entrez… »

 

Amagai ne pouvait pas laisser cet homme à la porte, même s’il en mourrait d’envie. C’était le fait que ce type soit habillé de manière décontractée ? Ou bien parce que pour la première fois, il voyait son regard sans être gêné par l’éternel bob qui recouvrait sa tête ? Shuusuke s’effaça et désigna le salon. Kisuke s’avança et le cardiologue grimaça de douleur. Le médecin se recomposa rapidement une façade.

 

« Je ne vois pas pourquoi vous souhaitez me rencontrez. Vous m’avez tout dit la dernière fois ! » Commença Shuusuke alors que Kisuke se tournait vers lui. « Auriez-vous oublié quelque chose dans votre longue diatribe ? Je ne vous reçois chez moi que parce que votre frère ne comprendrait pourquoi, je vous laisse sur le seuil !

—    Vous ne lui avez rien dit ? Interrogea Kisuke sombrement.

—    Non… et je souhaite que ceci reste entre nous… »

 

Isshin était entré chez lui et se figea lorsqu’il entendit les dernières phrases.

 

« Vous pouvez m’insulter autant que vous le voulez… cela ne m’atteindra pas ! »

 

Isshin serra les poings et s’avança à pas de velours. Son cœur battait la chamade. La tension entre les deux hommes était palpable même pour lui. Quoiqu’il arrive, il était prêt à intervenir.

 

« Je suis venu pour vous présenter mes excuses. Je ne sais pas pourquoi, je me suis comporté comme le pire des salauds… » Kisuke s’inclina profondément désolé. Il reprit la voix légèrement voilée. « Je… je voulais seulement faire votre connaissance lorsque je vous ai approché la dernière fois. Je n’avais aucunement l’intention de vous insulter mais… mais, l’attitude désinvolte d’Isshin quand à sa situation, les décisions qu’il a prise m’ont profondément… agacé. »

 

Kisuke se tue quelques secondes et continua en fixant droit dans les yeux Amagai qui s’était figé, attentif aux paroles de son interlocuteur malgré sa souffrance.

 

« Vous comprenez… Isshin n’a jamais été proche de qui que ce soit. Il est toujours cloitré dans une tour d’ivoire. La seule personne a qui il est réussit à s’ouvrir et qui lui permet de s’ouvrir aux autres à nouveau… c’est vous ! Et vous êtes gay et c’est un comble… Cela n’excuse pas mes paroles, j’en suis conscient. »

 

Shuusuke avait le cœur qui s’emballait en plus de la douleur insoutenable qui lui lacerait les côtes. Il devenait blême et il faisait un effort surhumain pour écouter les paroles du blond. Ses doigts s’étaient enfoncés dans le fauteuil se situant à côté de lui. Cela devait couter à cet homme de lui présenter des excuses et d’avouer ses sentiments. Shuusuke voulu ouvrir la bouche mais, un éclair électrique le traversa et sa vue se brouilla d’un voile noire. Sans qu’il ne s’en aperçoive, il glissa sur le sol inconscient.

 

Kisuke en voyant son interlocuteur devenir blême et s’effondrer, se précipita pour le récupérer. Mais, Isshin fut plus rapide que lui.

 

« Imbécile… te tenir debout… » Souffla l’ancien chirurgien.

 

Sans un regard pour son frère, il souleva son amant et traversa l’appartement pour le déposer sur le lit. Kisuke suivit inquiet Isshin, sans toutefois deviner ce qui avait bien pu se produire. Il fronça les sourcils subitement. Depuis quand Isshin écoutait leur conversation ?

 

« Tu as tout entendu ? » Interrogea le commerçant mal à l’aise.

—    Après… s’il te plaît… »

 

Isshin posa une main sur le front de son compagnon, il était brulant. Il se leva sombrement et se dirigea vers la cuisine. Il prépara des analgésiques. Isshin retourna dans la chambre et posa les médicaments à côté du lit. Il se tourna vers Kisuke et l’invita à le suivre. Dans le couloir, Isshin se tourna vers son frère furieux.

 

« Je peux savoir ce que tu lui as dit exactement ? »

 

Kisuke déglutit. Il n’avait jamais vu son frère aussi en colère. Isshin se maitrisait difficilement, pourtant, il s’astreint à respirer le plus calmement possible.

 

« Je… je suis obligé de te le dire ?

—    Tu ne sortiras pas d’ici avant de me l’avoir avoué… Alors, accouche ! »

 

Après un raclement de gorge, Kisuke commença

 

« Je lui ai dit qu’il en voulait à ton argent et que si la famille Kurosaki implosait se serait de sa faute ! »

 

Isshin observa son frère et sentit comme un poids s’abattre sur ses épaules. L’ancien chirurgien demanda dans un chuchotement rauque.

 

« Je peux savoir quand cela s’est-il produit ? 

—    Une dizaine de jours… »

 

Isshin attrapa son frère brutalement et l’épingla avec violence contre le mur, coupant la respiration de Kisuke. L’expression meurtrière qu’il affichait donna le frisson au commerçant. La souffrance qui se mélangeait à la rage sur les traits de son frère, lui fit craindre le pire.

 

« Il a faillit mourir par ta faute cette nuit là !

—    Isshin… non… »

 

Surpris, le directeur de l’hôpital tourna la tête et rencontra le regard tourmenté d’Amagai. Il lâcha son frère et récupéra son amant qui se tenait difficilement au chambranle.

 

« Isshin…

—    Tu vas t’allonger et prendre ton analgésique…

—    Je ne veux pas que tu…

—    J’ai compris… » Déclara Isshin durement. Voyant l’expression désorienté de Shuusuke, Isshin se radoucit et se repris « J’ai compris… »

 

Il souleva Amagai qui ne tenait plus debout et le redéposa sur les couvertures avec tendresse.

 

« Maintenant, tu restes allongé et tu ne bouges plus ! Où je fais en sorte que tu passes tes vacances à l’hôpital… »

 

Voyant l’expression de stupéfaction sur les traits de son compagnon, Isshin rit doucement et déclara sereinement, ce qui contrastait avec son comportement de quelques secondes auparavant.

 

« C’est une promesse… »

 

Shuusuke attrapa ses médicaments et les avala avec son verre d’eau. Isshin l’aidait et il en fut soulagé. Quand il quitta leur chambre, Shuusuke tendit l’oreille pour écouter la conversation. Le cardiologue tentait de faire taire la douleur et son irrépressible envie de s’évanouir à nouveau. A force de concentration, Shuusuke parvint à entendre les voix étouffées.

 

« … ne suis pas d’accord ! » S’exclamait Isshin en étouffant sa voix. « Tu n’as vu ce que tu voulais voir ! Je me suis mal conduit, je suis le premier à le reconnaitre. Mais, je n’ai jamais menacé aucun de tes soupirants. Certes, je me suis moqué de toi… et je m’en veux le premier ! Si tu as quelque chose à me reprocher, c’est à moi que tu viens le dire !

—    Isshin… Je ne sais pas ce que tu as entendu de notre conversation mais, je n’étais pas partie pour blâmer ton compagnon… Je voulais seulement le connaître. Je ne voulais pas ce qui s’est passé ! Et certainement pas le voir blessé… Isshin… tout ce que je voudrai, c’est voir notre relation renaitre comme lorsque nous étions adolescents… avant…

—    Avant que tu n’avoues ton homosexualité ?

—    Hai… Te voir redevenir l’adolescent que tu étais alors… J’en suis heureux même si je crève de jalousie que se ne soit pas moi qui ai pu te changer à ce point. »

 

Un silence prit place et Shuusuke en avait oublié sa souffrance. Son esprit était captivé par les paroles échangées. Amagai ne voulait pas que la relation entre les deux frères s’arrête. Il aurait l’impression d’être le coupable. De toute façon, il n’en voulait pas à Urahara qu’il comprenait au-delà de ce qu’il pouvait exprimer en paroles. Amagai se détendit entre les draps. Il attendait anxieusement qu’Isshin revienne à ses côtés. Lorsqu’il se présenta dans l’encadrement de porte un petit quart d’heure plus tard, son attitude était absente.

 

« Isshin… tu vas bien ? »

 

Ce dernier tourna son visage vers son amant et un sourire effleura ses lèvres. Lentement, il s’approcha du lit et s’installa à ses côtés. Les doigts d’Isshin se perdirent dans la masse sombre des cheveux indisciplinés. L’ancien chirurgien le regardait. Tranquille.

 

« Isshin… tu es sûr que tu vas bien ? » Requestionna Amagai anxieux.

 

Un léger soupir passa les lèvres d’Isshin qui répondit enfin après un nouveau silence.

 

« Tu sais… J’en ai voulu à mon frère, il a admit ce que moi je taisais. »

 

Shuusuke ouvrit de grands yeux. Isshin eut un sourire triste, ses doigts s’attardant encore sur les mèches rebelles. L’ancien chirurgien se redressa et contourna le lit pour se poster devant la fenêtre. Son front reposait sur la vitre et son regard s’était fait à nouveau absent. Shuusuke pouvait voir l’expression du visage. Visiblement, Isshin tirait un bilan sur sa vie.

 

« Je suis tombé amoureux de Ryuuken des que je l’ai aperçut. Mais, j’ai prit cela pour de l’amitié. Nous fait presque toute notre scolarité ensemble. Lorsque je me suis rendu compte que j’étais attiré par les hommes, j’ai tout rejeté en bloc. Mais, les sentiments que je nourrissais pour Ishida, je m’en suis aperçut presque aussi brutalement qu’ils me sont apparut pour toi. Mais, Kisuke alors que je m’apprêtais à vouloir enfin brisé mes propres tabous, c’est confessé à mon père. »

 

Isshin eut un ricanement nerveux. Leurs yeux se rencontrèrent brièvement et Isshin reprit la voix nouée par l’émotion.

 

« Mon père ne l’a pas supporté. Des cet instant, il s’est concentré sur moi et sur l’honneur de la famille. C’était important pour lui. J’ai choisit alors de me tourner vers les femmes. Mazaki… je l’ai réellement aimé. Nous faisions les mêmes études, elle était belle et intelligente et sa famille était proche de la mienne et issue de la noblesse. Mon père fut transporté de joie de me voir emprunter une voie « normale ». Mais, j’en voulais à Kisuke… Je lui en voulais car il a pu avoir ce à quoi je ne pouvais prétendre. »

 

Shuusuke était ému. Il fit un geste du plat de la main sur le matelas, comme une invite vers son compagnon. Isshin ne se fit pas prier et s’étendit à côté de Shuusuke. Son visage contre le sien.

 

« Tu as rejeté ton homosexualité et ceux qui te le rappelait en bloc ?

—    Oui… Je m’en suis même persuadé. Personne ne s’est jamais douté de rien… même pas Mazaki ou peut-être que si… Sa manière de me fuir, de se réfugier auprès de mon frère… j’étais jaloux de lui. Il menait sa sexualité comme il l’entendait et était devenu le meilleur ami de ma femme, le comble et aujourd’hui… de l’entendre dire qu’il est jaloux de moi… c’est… c’est…

—    Déstabilisant ?

—    Hai… »

 

Shuusuke chercha la main d’Isshin et la serra. Ils restèrent un moment plongé dans leurs pensées respectives. Troublé par la découverte qu’ils faisaient. Isshin reprit la parole en chuchotant.

 

« Je ne regrette pas ma vie… Si… si cela ne s’était pas passé comme cela, je n’aurai pas eu Ichigo, Yuzu et Karin. Et, il y a toi… »

 

Les paroles étaient chuchotées. Le couple resta un long moment en silence allongé. Shuusuke s’éclaircissait la voix pour reprendre.

 

« Tu as pardonné à ton frère ?

—    Nous avons décidé de nous rencontrer ailleurs pour discuter. Je n’ai pas envie de blesser Kisuke une nouvelle fois. Il était trop bouleversé par ce qui t’étais arrivé pour engager une conversation plus sérieuse. Mais, je n’ai pas l’intention de lui tenir rigueur… Je pense que nous devons aussi savoir tourner une page… lui comme moi.

—    Et… Ichigo ?

—    Ichigo… » Souffla Isshin. « Je ne le brusquerai pas. Il m’acceptera ou pas. Mais, il n’est pas question que je renonce à toi comme j’ai pu renoncer à Ryuuken. Même pour lui… même s’il est mon fils. Lui, c’est battu pour Byakuya, je me battrai pour toi.

—    Si le clan explosait ? » Chuchota inquiet Amagai.

 

Isshin leva les yeux vers son amant et l’embrassa brièvement. Il comprenait son angoisse.

 

« Le clan a toujours tenu une très grande place dans ma vie. J’ai eu de lourde responsabilité. Mais, je ne pense pas que ma présence soit si indispensable. Ichigo a la poigne pour le tenir. Et Koichi même s’il est un peu turbulent aujourd’hui sera aussi un homme responsable plus tard. Je ne m’inquiète pas. Et si malgré tout le clan venait à se dissoudre, il le ferait aussi le jour de ma mort… Je préfère vivre à tes côtés… S’ils ont besoin de moi, je serai présent mais… plus comme avant. Tu es devenu ma seule priorité, en dehors de mes enfants.

 

Amagai réfléchit et déclara mal à l’aise

 

« Urahara-san m’a dit que… que tu étais la quatrième fortune du pays… que… Je n’ai jamais visé ton argent ou ta position. Je…

—    Je le sais. Et même si c’était vrai, je m’en moque éperdument. Mais, je sais que tu es honnête.

—    Isshin… je voudrai savoir… »

 

Amagai s’interrompis mal à l’aise. Comment aborder encore ce sujet ? Toutefois, la morsure de la jalousie ne le quittait pas, il devait l’entendre de la bouche d’Isshin. Ce dernier le fixait visiblement sans comprendre ce qui le tenaillait.

 

« Es-tu encore amoureux de Ishida Ryuuken ?

—    Non ! » S’exclama Isshin surpris. « Non… » répondit-il plus calmement. « Ryuuken n’est plus qu’un ami et depuis longtemps. Je l’aimerai d’une manière un peu particulière mais, tu n’as pas à t’inquiéter pour mes sentiments pour lui. Tu es seul dans mon cœur. Mes sentiments pour toi… sont plus profond que ceux que j’éprouvais pour Ryuuken… n’en doute jamais. »

 

Isshin se redressa sur un bras et suspendit son visage au-dessus de celui d’Amagai. Sa main parcourut le visage de son compagnon, ses doigts voulant effacer les rides d’anxiétés qui s’inscrivaient sur ses traits.

 

« Je t’aime… je n’aime que toi Shuusuke. Je suis prêt à tout… à tout abandonner, à tout recommencer. Je n’ai jamais pu franchir ce pas avec Ryuuken, je suis prêt à tout braver. Ne doute jamais de mes sentiments pour toi. Ne doute jamais de mon amour… qu’importe ce que peuvent dire Kisuke, Ichigo, Karin ou le reste de ma famille… Tu es mien. »

 

Isshin raccourcit la distance qui les séparait et embrassa légèrement son amant qui répondit à la brève caresse. Ils ne se quittaient pas des yeux. Shuusuke aurait voulu enlacer Isshin mais n’en était pas capable. Les efforts qu’il avait fournit allait le clouer pendant quelques temps sur le matelas. Pourtant, il aurait donné n’importe quoi pour être tenu dans ses bras là. Il n’était pas du genre à se comporter mièvrement. Le regard d’Isshin et ses paroles lui donnait envie de ne faire qu’un avec lui.

 

L’ancien chirurgien voyait l’amour dans les yeux sable. Il comprenait son attente. Lui-même aurait tant voulu le serrer contre lui. Constater qu’il n’était pas un mirage. Qu’il était enfin heureux après toutes ses années de souffrance solitaire. Pourtant, il n’avait aucun regret. C’était sa vie et il n’avait connu que celle-ci. Il profiterait de chaque instant, savourant la chance qu’il avait d’être aimé par un homme qui n’attendait rien d’autre que lui.  

Chapitre 21

La voiture filait sur l’autoroute à vive allure. Le hard top était descendu et les cheveux des passagers se balançaient rapidement sous le vent qui s’engouffrait dans l’habitacle ouvert. Une musique rock se déversait, rythmant presque la chevauchée du véhicule. Amagai passait les vitesses rapidement prenant plaisir à conduire de manière sportive. Seul la jouissance de rouler sur une route désertée l’animait.

 

Isshin avait allongé ses jambes, et son coude reposait sur la portière dont la vitre était baissée. Un léger sourire flottait sur ses lèvres. Shuusuke s’était acheté une Mustang récemment à l’étonnement d’Isshin. La voiture américaine avec son V8 filait à la moindre sollicitation du conducteur. Contrairement à Kisuke qui était brusque dans ses changements de trajectoire, Shuusuke adoptait une conduite beaucoup plus coulée.

 

Les kilomètres défilaient et lorsqu’ils arrivèrent en vu de l’aéroport de Narita. Le téléphone portable d’Isshin vibra. L’homme s’en saisit et décrocha en fronçant les sourcils.

 

« Papa ?

—    Yusu ?

—    Ah… excuse-moi de t’appeler au moment où tu pars en vacances mais, je voulais savoir si Amagai-san s’est remis de… de…

—    Sa cuite d’hier soir ?

—    Il est entier et se porte comme un charme… sûrement dû à la jeunesse cette façon de récupérer. »

 

Shuusuke glissa un regard narquois vers Isshin, avant de reporter son attention sur la route. Isshin se pencha et caressa brièvement la joue de son compagnon.

 

« Présente-lui mes excuses…. Je ne pensais pas que cette fête d’anniversaire se transformerait en… enfin tu vois… Je ne vais pas vous déranger plus longtemps.

—    Tu ne me déranges pas Yusu…

—    Bonne vacances à vous…

—    Merci Yusu… »

 

Isshin raccrocha et jeta un coup d’œil à Amagai depuis maintenant près de deux ans et demi qu’il partageait sa vie. Shuusuke lui souriait chaleureusement.

 

« La jeunesse ? Se moqua-t-il.

—    Tu tombes vite mais, tu t’en ais remarquablement remis cette fois-ci.

—    Peut-être que je m’habitue aux soirées organisées par Kisuke ?

—    Je vais surveiller cela de plus près. » Maugréa Isshin.

 

Shuusuke ricana et accéléra pour aborder les derniers kilomètres. Isshin demanda

 

« Tu es pressé d’arriver ?

—    As-tu vu l’heure ?

—    Nous sommes en retard…

—    Hum… si tu n’avais pas voulu paresser au lit, nous n’en serions pas là…

—    Je ne paresse pas, se plaignit Isshin, je voulais seulement commencer la journée avec un câlin et tu n’as pas voulu… » reprocha Isshin faussement vexé.

—    J’avais la migraine… tu n’avais pas à me faire boire comme tu l’as fait, cela ne serait pas arrivé.

—    C’est de ma faute ?

—    Cela devait-être une « toute petite fête… »

—    Tu n’auras pas quarante-cinq ans tous les jours !

—    Au moins pendant trois cent soixante quatre jours à présent…

—    Oui… déjà une journée en moins…

—    Tu as le ticket pour moi garer la voiture ?

—    Hai ! »

 

Isshin se pencha et sortit les papiers relatifs à leur petit voyage. Il sortit ceux de la voiture et lorsqu’Amagai franchit les grilles de l’immense parking gardé, il lui tendit les papiers et Amagai les posa sur ses genoux. L’homme conduit au pas pour se diriger vers le parking souterrain et garer sa voiture dans un box.

 

Traversant le sous-sol le couple prit la direction de l’aérogare. Dans l’ascenseur, les doigts d’Isshin et d’Amagai se mélangèrent jusqu’à ce que les portes glissèrent pour montrer un hall animé. Ils se présentèrent à leur porte d’embarquement un peu plus calmement qu’à l’habitude et l’hôtesse qui les accueillit eut un sourire.

 

« Vous allez bien Kurosaki-san, Amagai-san ?

—    Hai ! Firent en cœur les deux hommes.

—    Je suis étonnée de vous voir aussi… frais… » Sourit l’hôtesse.

—    Cela veut dire ? Sourit Isshin.

—    Qu’habituellement vous courez dans les couloirs et vous êtes passablement essoufflés lorsque vous rejoignez ma porte !

—    Je crois que nous vous rencontrons un peu trop souvent Ririn

—    Personnellement ça me fait très plaisir de vous croiser. » Sourit la blonde.

 

Le couple entra dans l’avion et Amagai s’installa contre la vitre. Isshin le rejoignit un journal entre les mains. Shuusuke fit descendre ses lunettes de soleil sur ses yeux et allongea ses jambes.

 

« Tu vas dormir ?

—    Isshin, je ne suis pas du matin et tu me réveilles toujours à des heures indues les week-ends !

—    Oui mais, au moins nous avons le temps de profiter de nos journées… Ce n’est pas magnifique lorsque nous sommes sur Engetsu et d’admirer les lever du soleil…

—    Comme les couchers… » Marmonna Shuusuke en baillant.

—    Oui, mais c’est magnifique l’été…

—    Les nuits sont courtes avec toi Isshin…

—    Tu te plains toujours, » Kurosaki se pencha contre l’oreille de son compagnon et chuchota espiègle, « non… tu ne te plains pas toujours… Il suffit de savoir s’y prendre. »

 

Amagai rougit légèrement et se tassa sur son siège. Isshin rit doucement et déplia son journal. Shuusuke lui avait en tête le réveil tendre du matin même. Voir d’autres matins un peu plus sportif et une rougeur un peu plus accrue colora ses pommettes. Il se tourna légèrement sur le côté pour qu’Isshin ne voit pas son trouble. Pourquoi se comportait-il toujours comme un adolescent en présence de son amant ? Ça le dépassait…

 

L’avion décolla et de voir le ciel bleu et la course des nuages eut l’effet d’un somnifère sur Amagai. Isshin lui commanda un petit déjeuner et continua sa lecture. Pourtant, au cours du voyage Isshin fronça les sourcils. Une petite douleur qu’il commençait à reconnaitre le traversa. L’ancien médecin se leva discrètement et attrapa la petite pochette qu’il prenait avec lui en cas de problème. Il se dirigea vers la salle de bain.

 

Une fois à l’intérieur, Isshin s’enferma à clef et sortit ses médicaments. La transpiration commençait à le gagner et il du se reprendre à plusieurs fois pour se calmer. L’image de Shuusuke sur le pont d’Engetsu, son sourire tendre et son regard chaleureux flotta devant ses yeux. Ses cheveux sombres où quelques fils argents clairsemaient la chevelure de jais. Shuusuke était tellement beau et apaisant pour ses nerfs que sa tension redescendit.

 

Après s’être un peu aspergé d’eau, Isshin regagna son siège et posa son journal dans la pochette devant lui pour dormir. La fatigue le gagnait également. Ses doigts cherchèrent inconsciemment ceux de son amant qui resserra l’étreinte dans son sommeil machinalement. Un sentiment de sérénité gagna le nouveau dormeur.

 

°°0°0°°

 

Amagai remonta son jean’s et passa un t-shirt. Isshin était déjà habillé d’une manière tout aussi décontracté que la sienne. Il l’attendait patiemment.

 

« Alors ? Se moqua l’ancien médecin.

—    Je suis prêt ! Je te suis… »

 

Isshin enlaça son amant et l’embrassa tendrement, presque avec délectation, faisant durer l’instant,  avant de reprendre et garder une certaine distance en franchissant la porte. Amagai soupira. Il avait demandé à Isshin quelques minutes pour ranger les lieux mais, l’ancien chirurgien avait fait la sourde oreille. Les vêtements trainaient encore pêle-mêle sur le sol. Vestige de leurs dernières étreintes passionnées sur la moquette épaisse qui recouvrait la dalle de la chambre. Les draps du lit double gisaient négligé sur le matelas en partie et l’autre pendant misérablement tout autour.

 

« Tu sais, je n’en avais pas pour longtemps ! » Reprocha Amagai.

—    Je le sais mais, j’ai beaucoup plus envie de me promener avec toi que de te voir ou me voir dépenser du temps à faire ce genre de chose.

—    Isshin… »

 

L’homme tourna son visage vers son amant avec un sourire sur le coin des lèvres.

 

« Tu vas bien ? »

 

L’ancien chirurgien haussa un sourcil étonné alors que l’angoisse se mit à monter en lui. Shuusuke s’était-il aperçut de quelque chose ? Pourtant, il prenait bien soin de cacher ses malaises de plus en plus fréquents. Il se comportait comme  il l’avait toujours fait avec son compagnon. Isshin ne voulait pas l’alarmer. Il allait même jusqu’à prendre ses rendez-vous lorsqu’il se sentait au mieux de sa forme. Cela devenait très compliqué au fil du temps… surtout ses trois derniers mois. Mais, il tenait bon.

 

« Bien sur… Pourquoi ?

—    Je ne sais pas… J’ai l’impression que… tu me caches quelque chose. »

 

Le malaise gagna Isshin mais, il réagit calmement face aux accusassions justifiées de son homme. Shuusuke commençait vraiment à le connaître et à reconnaitre certains signes de ses malaises.

 

« J’ai vraiment l’air de te cacher quelque chose ? Shuusuke… si tu veux tout à l’heure tu pourrais m’ausculter et… si le bilan est plutôt bon, on pourrait continuer de jouer aux docteurs… » Déclara Isshin avec un sourire canaille.

—    Ne raconte pas n’importe quoi… Nous serons trop épuisés après le concert et puis… j’aimerai…

—    Oui ? » Interrogea doucement Isshin.

—    Non… rien…

—    Dit-moi ! » Poussa Isshin avec un sourire.

—    J’aimerai… ne rigole pas ! » Menaça Amagai. « Je te vois venir…

—    Promis… » Jura Isshin en posant une main sur son cœur.

—    J’aimerai que nous allions sur une des plages de Keys… Sombrero beach…

—    Ok… après le concert ?

—    Ou demain matin ou au soir… Nous courons toujours. Que se soit lorsque nous partons sur Engetsu ou bien, lorsque nous nous déplaçons pour des concerts ou…

—    Tu voudrais te poser ?

—    Oui… je voudrai prendre mon temps… pour une fois Isshin…

—    D’accord. Nous prendrons plus de temps pour nous… »

 

Amagai sourit à son compagnon. Leurs doigts s’effleurèrent. Le soleil de Floride les éblouis durant un instant, chacun remettant ses lunettes. Shuusuke aperçu un taxi et le héla. Installer confortablement, les mains enlacées, le couple resta silencieux. Ils n’avaient plus beaucoup besoin de s’abreuver de paroles. Ils se sentaient bien ensemble. Le silence leur permettait de faire passer beaucoup plus d’émotions qui n’auraient pas trouvé d’équivalent par des mots.

 

Une demi-heure plus tard, ils entrèrent dans la salle de concert. Isshin se sentait essoufflé et fatigué. Son regard se posa sur Shuusuke qui marchait à ses côtés inconscient de se qu’il traversait. Il aurait tellement voulu le tenir dans ses bras en cet instant. Quand son amant tourna vers lui son visage souriant l’homme répondit avec tout l’amour dont il était capable. La foule omniprésente dérangea l’ancien chirurgien.

 

Le concert de rock débuta mais, Isshin fut incapable de se concentrer. Il voulait du calme. Pourtant, il l’avait espéré… il adorait Lifehouse mais, cette fois-ci, tout s’arrêterait pour lui. Isshin s’accrocha à la vie. Il ne voulait pas mourir là… il voulait offrir son dernier rayon de soleil à Shuusuke. Tout lui paraissait flou. L’homme s’économisa mais, au court du concert il dû sortir. Son cœur ne supportait plus les vibrations sonores qui l’épuisaient plus vite que prévu. Shuusuke le rejoignit rapidement.

 

« Isshin ? »

 

Sa voix était si préoccupée. Isshin eut envie de pleurer mais, ne le devait pas. Il adressa un magnifique sourire à Shuusuke

 

« Shuusuke… mon amour. Voudrais-tu m’accompagner à Keys ?

—    Oui… mais,

—    Je vais bien. Je crois que j’ai présumé de mes forces. J’ai besoin de marcher au calme… Rien que toi et moi… J’ai besoin de voir la mer et je voudrai voir un lever de soleil… »

 

Amagai sentit sa gorge se serrer. Il su. Voyant les efforts désespérés de son amant pour lui montrer qu’il allait bien, Shuusuke tendit une main à Isshin. Les deux hommes montèrent dans un taxi qui les déposa devant les plages aux sables fins et laiteux sous les rayons de la pleine lune.

 

Isshin en entendant le faible ressac des vagues se sentit incroyablement en paix. Son seul regret et il se tourna vers son amant qui se redressait. Il vit la détresse dans le regard sable. Leurs mains se nouèrent.

 

« Viens mon amour… »

 

Isshin tira Shuusuke et ils descendirent sur la plage. L’ancien chirurgien retira ses chaussures accompagnées par le cardiologue. Des traces de pieds bientôt se dessinèrent sur le sable humide. Le couple se tenait tout d’abord par la main pour ensuite être tendrement enlacé.

 

Une dizaine de minutes plus tard, Isshin s’arrêta et se tourna vers Shuusuke. Son regard était désespéré.

 

« Je ne verrai pas… le lever de soleil… je suis si désolé…

—    Chuuuuttttttttttttt »

 

Amagai enlaça la nuque d’Isshin et l’embrassa comme des mois ou semaines auparavant, d’un baiser doux et furtif.  Les mains d’Amagai caressaient les cheveux coupés court. Ses doigts parcouraient comme si elles étaient devenues aveugles les traits de l’homme qu’elles avaient si souvent caressés. Isshin serra avec douceur l’homme qu’il allait laisser derrière lui. Son menton se colla contre la tempe d’Amagai. Les larmes coulèrent seules et en silence.

 

« Je t’aime Shuusuke… »

 

Le cardiologue repoussa son patient et son amant. Ses yeux étaient également baignés par les larmes.

 

« Je n’ai plus la force… de tenir debout… Nous pourrions nous assoir ? »

 

Shuusuke tira doucement Isshin à sa suite. Il s’arrêta devant deux palmiers et s’installa contre eux, offrant à Isshin son torse comme dosseret. Il enroula ses bras autour de son compagnon qui se laissait aller.

 

Isshin observa l’horizon, cherchant à voir poindre les premières lueurs du jour. Le temps semblait s’être arrêté. La chaleur des bras de Shuusuke était douce. Amoureuse. Accueillante. Enchanteresse. Etre dans les bras de celui que l’on aimait. La place qu’il avait toujours souhaitée. Celle où il voulait finir sa vie. Il sentait dans son dos les battements du cœur de Shuusuke.

 

La voix grave d’Isshin monta faiblement dans la chaleur de la nuit d’été.

 

We're caught in a trap

I can't walk out…

Because I love you too much baby

Why can't you see

What you're doin' to me

When… you don't believe a word I say?

We can't… go on together…

Wi…

 

Isshin vit une lumière s’élever.

 

“Shuusuke… le… soleil… Nous allons voir le lever du soleil ensemble encore une fois !

—    Oui… Nous allons le voir encore une fois ensemble Isshin. Il est magnifique… comme à chaque fois…

—    Je n’aurai pas besoin de te réveiller cette fois-ci…

—    Non… pas cette fois-ci… »

 

Isshin eut un petit sourire et serra l’avant bras de Shuusuke. Lorsque la prise d’Isshin se fit moins forte pour disparaitre totalement, Amagai laissa enfin échapper un sanglot qu’il ne pouvait pas exprimer devant son amant. Le poids du corps de son compagnon se fit plus lourde. Amagai remonta ses genoux et enserra fortement le corps d’Isshin.

 

« Tu peux me réveiller autant de fois que tu le désires… J’aime ça plus que tout, Isshin. » Les mains de l’homme se mirent à caresser les cheveux blanc et court. Le corps de son compagnon était toujours chaud. « Dit-moi que tu me réveilleras encore sur Engetsu ? »

 

Seul le silence répondit. Shuusuke porta son regard à l’horizon. Les larmes ne se tarissaient pas. Malgré sa vue brouillée, seule l’obscurité régnait sur les lieux. Shuusuke jeta un coup d’œil à sa montre… Encore quatre bonnes heures avant le lever du soleil.  Il fit glisser le corps d’Isshin sur le sable. Le regard vide d’Isshin l’observa. D’une main tremblante, Shuusuke ferma les paupières de son compagnon et glissa contre lui tout en l’enlaçant. L’homme resta les yeux grands ouverts rempli de désespoir. Qu’allait-il faire à présent ?

 

°°0°0°°

 

L’homme était habillé d’un costume sombre. Des lunettes de soleil cachaient son regard. Amagai traversa l’aérogare sans voir qui que ce soit. La famille Kurosaki avait récupéré le cercueil sur le tarmac. Lui avait l’impression d’être anesthésié contre la douleur. Il avait fait le nécessaire pour que le corps d’Isshin soit rapatrié. Shuusuke avait fait toutes les formalités et subit toutes les tracasseries administratives. Il était resté le temps nécessaire pour que tout soit fait selon les désirs d’Isshin. Maintenant, sa famille allait récupérer…

 

Sans un regard en arrière, Shuusuke sortit de l’aérogare et descendit au sous-sol. Il récupéra sa Mustang et sortit avec plus ou moins de prudence du parking. Une fois sur l’autoroute, l’homme accéléra. Les doigts pâles de Shuusuke cherchèrent la playlist sur l’autoradio qu’affectionnait particulièrement Isshin. Le hard-top coulissa pour fouetter le visage du conducteur qui roulait de plus en plus vite. Il ne savait pas où il allait. Il reviendrait uniquement pour le jour des funérailles.

 

°°0°0°°

 

Karin chercha du regard Amagai. Elle était inquiète. Yusu vint à sa rencontre.

 

« Tu ne l’as pas vu ?

—    Non… j’ai eu beau chercher, il n’est pas là. On m’a dit qu’il n’y avait plus personne depuis longtemps.

—    Cela ne ressemble pas à Amagai-san de partir de cette façon. » Remarqua Urahara.

—    Kisuke… » commença Karin mal à l’aise. « Tu crois qu’il est…

—    Il sera là pour l’enterrement. Nous savons tous qu’il tenait trop à Isshin pour qu’il parte sans un dernier au revoir.

—    Mais après ? » Souffla Yusu inquiète.

 

Personne ne répondit. Ichigo les rejoignit. Son expression grave cachait mal le chagrin qu’il éprouvait intérieurement.  Il demanda toutefois courtoisement.

 

« Amagai-san ?

—    Nous ne savons pas où il se trouve… »

 

Tous jetèrent un coup d’œil à Ichigo qui avait toujours refusé de croiser le compagnon de son père. Byakuya les rejoignit et déclara calmement.

 

« Tout est  prêt…

—    Rentrons. » Déclara Kisuke la gorge nouée.

 

Toute la famille Kurosaki resserrait les rangs. Karin cherchait du regard Shuusuke qu’elle appréciait plus que tout. Cet homme avait été un pilier pour Isshin. Il l’avait aidé dans son travail à surmonter les obstacles alors que son père s’était retiré du milieu hospitalier. Elle se sentait perdue sans la présence chaleureuse de cet homme.

 

°°0°0°°

 

Ichigo se racla la gorge pour chasser l’émotion qui l’oppressait. Tout le clan était présent. Karin, Yusu leurs enfants, les ex-maris, tous étaient là. Kisuke se tenait près du cercueil. Il semblait terrassé. Lui était incapable de définir ce qui l’agitait. Il avait l’impression d’être une coquille vide. Son regard rencontra celui de Byakuya qu’il tenait à distance depuis l’instant où il avait appris par Yusu de la mort de leur père.

 

Amagai Shuusuke avait refusé de lui adresser la parole. Comment pourrait-il lui reprocher ? Il l’avait ignoré tout le temps qu’il avait vécu avec son père. Ichigo s’aperçut trop tard qu’il s’était enfermé sur un orgueil et non plus sur des raisons valables. Isshin Kurosaki était si heureux.

 

Kisuke observait le visage d’Isshin. La photo de l’homme avait été faite quelques semaines plus tôt. Il semblait si chaleureux et vivant qu’il sentait en lui fondre les barrières qu’il avait soigneusement érigé. Son frère lui manquait terriblement. Un souvenir lointain effleura sa mémoire.

 

« Kisuke… comment avons-nous pu être aussi imbéciles ? Nous ne pouvons pas effacer toutes ses années mais, accepte-moi tel que je suis, tout comme moi, j’accepte qui tu es. Faisons comme si, nous étions à nouveau adolescents. Accepte Shuusuke comme l’homme de ma vie. C’est si dur pour moi qu’Ichigo n’accepte pas mon compagnon, même si j’essaye de comprendre.

—    Ne me supplie pas Isshin… J’ai autant de tord que toi. Et Amagai-san… fait pour moi partit de cette famille. Tout comme Grimmjow ou Byakuya.

 

Le souvenir du sourire d’Isshin sincèrement heureux de leurs réconciliations. Leurs retours à l’appartement où Shuusuke les attendait anxieux. L’étreinte que les deux hommes avaient échangée. Ce côté presque désespéré qui entourait leur relation. L’air profondément reconnaissant qu’avait affiché le cardiologue.

 

Kisuke avait compris et ce rapidement qu’Isshin était gravement malade. Mais, comme l’avait apparemment souhaité son frère, il avait joué la comédie. Fait comme si de rien n’était. Il aimait Isshin et il venait de le perdre. Cette fois-ci les larmes franchirent silencieusement la barrière de ses paupières. Une main se posa sur son épaule et Kisuke su qu’il s’agissait de Grimmjow. Son odeur l’enveloppait.

 

« A.. Amagai-san ? » Demanda Kisuke en se reprenant.

—    Toujours absent. 

—    Bien… »

 

Grimmjow avait le cœur serré mais, rien ne pouvait franchir le barrage qu’il avait construit. Il se montrerait fort pour Kisuke. Il était très inquiet pour lui mais, apparemment, il tenait le choc. Même si comme maintenant, il avait un peu plus de mal à parler. Le prêtre apparu et chacun gagna calmement sa place. Tous les regards cherchaient la présence d’Amagai Shuusuke. Mais, il ne se trouvait nulle part.

 

°°0°0°°

 

Un homme non rasé depuis trois jours se tenait devant la porte du temple. Il hésitait visiblement à entrer. Son costume défraichit donnait l’air de ne pas avoir été enlevé depuis des jours. Shuusuke entendit derrière le battant les paroles du prêtre et un fin sourire éclaira son visage. Isshin était arrivé à bon port. Ses paupières se fermèrent. Personne n’aurait pu les voir, derrière les lunettes de soleil qui cachait toujours le regard rougit de l’ancien cardiologue. La main d’Amagai caressa le battant en bois. Une de ses jambes fit un mouvement de recul. Il n’avait rien à faire avec la famille Kurosaki… Il n’avait rien à faire avec personne.

 

L’homme fit un demi-tour impeccable. Dans la tête d’Amagai les visages heureux de Kisuke, Grimmjow, Yusu, Karin, Koichi, d’Ayame et Tia devaient restés intact. Comme le jour de son anniversaire qu’ils avaient fêté avec tellement d’entrain.

 

« Shuusuke… arrête de boire… tu ne tiens pas l’alcool. Protestait Isshin soucieux.

—    Il n’est pas en sucre ! » Avait répliqué Grimmjow qui reversait du sake. « Et c’est son anniversaire ! Quarante-cinq ans ça se fête… »

 

Les pas de Shuusuke l’éloignaient du temple irrésistiblement. Oui… cela se fête… trois-cent-quarante-deux jours vides l’attendaient avant de fêter son quarante-sixième anniversaire… seul ! Amagai retira sa veste de costume et la jeta sur le siège passager. Il avait fait le plein de la voiture avant de venir. Il allait pouvoir rouler un long moment avant qu’il ne tombe en panne sèche.

 

Le doux ronronnement du V8, attira son attention. La musique s’éleva et un coup d’accélérateur se fit entendre alors que la famille Kurosaki sortait du temple. Ils virent au loin une corvette noire quitter à une vitesse inquiétante les lieux. Tous s’étaient figés.

 

°°0°0°°

 

La pleine avait fait place à la montagne plus vite que ne l’aurait cru Shuusuke. Son esprit était étonnamment clair. Peut-être était-ce la douleur qui s’était infiltré dans chaque fibre de son âme qui l’empêchait de dormir, de pleurer, de se nourrir ? La voiture roulait à un train d’enfer et Shuusuke entendit la sirène d’une voiture de police. Apparemment, cela faisait un moment qu’elle le coursait. Une autre voiture se déporta et Shuusuke secoua la tête et murmura

 

« Allez ma belle… montre leur ce que tu as dans le ventre… »

 

Shuusuke appuya à fond sur la pédale d’accélérateur. Personne ne l’arrêterait plus maintenant qu’il était arrivé au bout de sa course. Amagai vit que sa jauge d’essence était quasiment vide. La voiture qui s’était déporté s’était dangereusement rapprochée. Amagai reconnu soudain la voiture de Kisuke et compris que son beau-frère le coursait. Comment Kisuke avait-il pu le rattraper ? Ne pouvait-il pas le laisser seul ?

 

La course continua encore quelques minutes et Shuusuke se sentit revivre pour la première fois depuis des jours, depuis des semaines… Il avait envie de voler ! Et ses souvenirs s’embrouillèrent le ramenant cette fameuse nuit de l’accident. Peut-être s’en sortirait-il comme la dernière fois ? Quelques côtes cassées et Isshin viendrait le soigner et le border… Shuusuke fut éblouie par les rayons du soleil. Le monstre de puissance quitta la route et s’envola dans les airs. L’autre véhicule s’arrêta sur le bord.

 

Amagai pensa à la douceur des baisers d’Isshin. Le moteur tournait dans le vide. Shuusuke ferma les yeux pour ne pas voir la descente. Il ne survivrait pas… il avait cessé d’exister depuis cette fameuse nuit sur la plage, tout ça n’avait plus beaucoup d’importance.

 

Il écoutait la musique et hurla de douleur lorsque la voiture se fracassa contre les rochers. La douleur physique bien plus atroce que son premier accident le tint éveillé. Shuusuke comprit qu’il allait mourir. Il aurait dû être paniqué… il aurait dû…

 

°°0°0°°

 

Kisuke descendit précipitamment de la voiture avec Karin et Grimmjow. Ils virent la voiture se fracasser beaucoup plus bas sur les pentes escarpées de la montagne. Karin ferma les yeux et Grimmjow la serra contre lui pour lui éviter de voir. Kisuke s’était penché en avant et observa le véhicule. La voiture de police qu’ils avaient doublée vint se ranger à côté d’eux. Kisuke leva des yeux rougit vers les forces de l’ordre.

 

« Qui conduisait cette voiture ?  Demanda sèchement le policier.

—    Moi ! Firent Kisuke, Grimmjow et Karin.

—    Appelle une ambulance y’a une voiture en bas… Gronda son collègue penché à son tour sur le bord de montagne.

—    Il doit-être mort !

—    Et alors ? » S’énerva l’autre.

 

Bientôt, les lieux furent cernés par les gyrophares et le trio du s’expliquer sur ce qui s’était passé. Ils se turent tous lorsque le corps d’Amagai fut remonté. Karin porta une main devant sa bouche. Se n’était pas la mort mais, le fait que se soit quelqu’un qui lui était cher et qu’elle avait vu mourir qui la troubla.

 

« Ma ‘tite dame… fit un des policiers sur les lieux pour sécuriser l’espace. Feriez mieux de ne pas regarder. C’n’est pas un spectacle pour vous… »

 

Karin fut incapable de contenir son émotion plus longtemps… D’abord son père, puis Shuusuke… s’en était trop pour elle. Elle hurla sa douleur. Kisuke dû la gifler pour qu’elle se reprenne et la consoler pour qu’elle vide tout le stress qu’elle avait accumulé depuis le jour où elle avait appris la mort de son père. Kisuke se sentit seul… incroyablement seul. Il n’avait plus ses parents, plus son frère… Ne restaient que les enfants d’Isshin. Son regard rencontra le regard bleu de Grimmjow.

 

Kisuke tendit une main vers son amant qui visiblement était prit totalement au dépourvu. Non, il n’était plus seul et cela depuis si longtemps et il l’espérait encore très longtemps. Il porta la main de Grimmjow à sa bouche et chuchota… « Je t’aime… ».

 

Lorsqu’ils regagnèrent le clan Kurosaki et ce grâce à l’intervention d’Ichigo, un silence sépulcral avait envahit la maison ancestral. Personne ne partit dormir ce soir là. Tous restèrent groupés. Ichigo regretta son comportement mais, il était trop tard. Il ne pouvait plus rien faire pour personne. Le seul souvenir qu’il lui restait, était le regard sombre d’Isshin qui soutenait le sien, lorsqu’il avait annoncé son homosexualité. Quel gâchis !

 

Les jours passèrent et l’été fit place à l’automne pour se succéder à l’hiver. La douleur s’était un peu atténuée pour chacun. Lorsque le notaire d’Isshin apparut lors d’une réunion privé entre les enfants d’Isshin et son frère, tous purent évoquer les deux hommes sans qu’un sanglot n’éclate quelque part.

 

« Voilà, je vous prie de vous installer. Je n’en ai pas pour très longtemps… Votre père… Kurosaki-san, possédait une immense fortune personnelle. Celle-ci de plus, il possédait avec Amagai-san de nombreux biens. Normalement tout serait revenu à Amagai-san mais, il est décédé également. J’ai mis un peu de temps pour retrouver son testament mais, j’ai réussit à le retrouver. Je suis sincèrement désolé pour le contre temps.

—    Donc, c’est le testament d’Amagai-san que vous allez ouvrir ?

—    C’est bien cela… Puisque Kurosaki Isshin avait tout légué à son compagnon. »

 

Tous se regardèrent surpris. Le notaire après un dernier coup d’œil, remonta ses lunettes et déclara en s’eclaircissant la gorge.

 

« On va pouvoir faire simple… En fait, il s’agit d’une vidéo. Donc, nous allons nous la passer. Vous avez votre lecteur DVD quelque part ?

 

Un domestique apparut et prit le disque pour le placer dans le lecteur. La télévision fut allumée et l’image d’Amagai Shuusuke apparut à l’écran. L’homme était habillé d’un costume et tiré à quatre épingles. Il se racla la gorge et sourit chaleureusement assez brusquement et marmonna en se grattant la tête.

 

« Je ne pensais pas m’y reprendre à autant de fois… cette fois-ci c’est la bonne ! Donc… chers héritiers du clan Kurosaki… votre père m’a légué la totalité de sa fortune et j’avoue avoir eu du mal à y croire. Bref… personnellement, je n’ai pas d’enfant, ni famille… rien. C’est pourquoi je renvoie l’argent à son destinataire autrement dit, vous ! Je voudrais que la totalité de l’argent soit partagé en part équitable entre Kisuke Urahara, Ichigo Kurosaki, Karin Suzunami et Yusu Eishima. Ensuite… Il reste des biens qui nous appartenaient à tous les deux. Engetsu tout d’abord, il s’agit d’un deux mats, de quinze mètre à peu près. Nous l’utilisions souvent pour parcourir les mers. Il revient à Koichi. Tu passeras ton permis bateau avant de t’en servir ! Et nous avions deux appartements. Tia et Ayame en héritent. Bien sur, une somme est aussi allouée pour les frais divers de chaque héritage. Voilà… pour nos affaires… vous en faites ce que vous voulez. Soyez heureux… comme Isshin et moi l’avons été. »

 

Shuusuke allait fermer l’écran quand il sursauta comme si quelque chose lui effleurait l’esprit.

 

« Ah oui… Isshin savait depuis très longtemps qu’il… s’éteindrait rapidement. Il m’a laissé le choix de rester ou partir. J’ai choisit de rester. Il n’a jamais voulu vous en parler pour ne pas influer sur vos vies ou vous contraindre à quoi que ce soit… Voilà, c’est tout ce que j’avais à ajouter. »

 

L’écran se ferma sur un Amagai souriant qui tendait la télécommande. Un silence de plomb avait accueillit son discours. Le notaire toussota pour reprendre.

 

« Hum… donc, voici les termes exacts pour chaque destinataire…. »

 

°°0°0°°

 

Byakuya trouva Ichigo assit seul dans le jardin. En silence, il se plaça derrière son amant qui semblait très loin de là où il se trouvait.

 

« Byakuya… j’aurai aimé savoir… si je l’avais su…

—    Ils ont fait ce choix. Tu ne peux pas revenir en arrière.

—    Je vais me détester jusqu’à la fin de mes jours…

—    Ni ton père ou Amagai ne t’ont reproché quoi que ce soit

—    C’est pire…

—    Ils ne voulaient pas que tu souffres. Ton père ne le voulait plus… et Amagai-san en était conscient. J’aurai fait le même choix que lui. Allez… rentrons tu vas attraper froid… Viens Ichigo… »

 

Le regard des deux hommes se rencontra et leurs mains se joignirent. Ils entrèrent dans la maison ancestrale sans un bruit. Une nouvelle page de la vie de ce clan venait de se tourner… Elle se tournerait avec un autre décès… un autre jour. Comme dans toute famille.

 

 

 

Epilogue

Ichigo se redressa pour observer les alentours. Son regard s’adoucit en rencontrant les yeux de Byakuya qui discutait avec sa mère. Cette dernière se tourna vers lui et agita sa main en signe de reconnaissance. Jamais, Ichigo ne s’était sentit aussi heureux. Il avait retrouvé ses parents, toute sa famille et même Grimmjow était venu les rejoindre depuis peu à la grande joie de Kisuke qui dépérissait de l’absence de son compagnon.

 

Son regard se déporta inconsciemment vers son père. Isshin était entouré par les gamins du village. Habillé comme un shinigami, il en imposait beaucoup plus que lorsqu’il était un simple humain. Malgré son sourire, Ichigo s’était aperçu de la cassure qui existait chez lui. La façade qu’il s’était fabriquée ne laissait planer aucun doute sur le vide dans la vie de son père. Il était le seul à n’avoir pas pu retrouver sa moitié… depuis plus de vingt ans.

 

Même Mazaki avait retrouvé récemment l’homme qui fut son premier amour. Ses parents après une explication houleuse sur le comportement d’Isshin vis-à-vis de sa famille, étaient devenus de bons amis, se comprenant beaucoup mieux que lorsqu’ils étaient vivants. Lui s’était excusé auprès de son père pour son comportement irresponsable. Jamais, il n’aurait du être aussi orgueilleux et refusé les sentiments qui unissaient Isshin et Shuusuke. Mais, tout était trop tard…

 

Ichigo rejoignit Byakuya. Ils devaient retourner au Sereitei. Kisuke, Grimmjow et Isshin leurs emboitèrent le pas.

 

°°0o0°°

 

Isshin plissa les yeux. Le soleil l’éblouissait, l’empêchant de voir clairement autour de lui. Inlassablement, des qu’il avait un peu de temps devant lui et discrètement, il parcourait le Rukongaï, le Sereitei pour retrouver Shuusuke. Maintenant trente ans qu’il était mort et aucune trace de lui. Peut-être ne le reconnaitrait-il pas après tout. Tous avaient retrouvé un physique beaucoup plus jeune qu’au moment de leur mort. Peut-être qu’Amagai était redevenu un petit garçon ? Qu’importe… songea Isshin. Il veillerait sur lui de loin… et… s’il voulait toujours de lui, alors ils pourraient…

 

Le capitaine qu’il était devenu se laissa glisser sur le sol. Isshin s’était laissé à nouveau envahir par la nostalgie. Un jour où l’autre, il retrouverait Shuusuke et il le serrait contre lui à l’étouffer. Lui murmurerait à l’oreille tous les mots d’amour qu’il avait hésité parfois à lui dire. La douleur de ne pas pouvoir vivre à ses côtés. De ne pas rencontrer son regard chaleureux, et son sourire bienveillant. Malgré toutes ses années, il aimait Shuusuke comme un fou. Isshin ressentait cruellement cette absence surtout lorsque tous les membres de la famille se réunissait. Il était heureux malgré tout à sa manière. Qu’importe le temps qui passerait, il saurait patienter.

 

°°0o0°°

 

Après un dernier soupir résigné, Isshin franchit les portes de l’Académie. Il devait être un des juges des élèves de dernières années. Son fukutaicho qui n’était autre que son fils l’avait secoué comme un prunier le matin même pour qu’il aille à ce rendez-vous !

 

« Debout…

—    Laisse-moi encore dormir… avait marmonné Isshin.

—    Pas question ! Taicho vous êtes attendu à l’Académie.

—    Depuis quand es-tu respectueux avec ton père Ichigo ?

—    Depuis que je suis votre fukutaicho !

—    Foutaise…

—    Cesse de faire l’enfant ! Tu dois aller à l’Académie que tu le veuilles ou non…

—    Qu’ils envoient Shunsui…

—    Arrête ton numéro… Peut-être que tu auras une bonne surprise sur place. »

 

Isshin s’était redressé et avait observé Ichigo moqueur.

 

« Que veux-tu que je trouve là-bas qui me fasse plaisir ? »

 

Ichigo avait eut un petit sourire moqueur.

 

« Ça, tu le seras, si tu y vas… Allez… allez… plus vite tu auras finit, plus vite tu retrouveras ta division ! 

—    Ça c’est toi qui le dis… »

 

 

A présent, il entrait avec les autres juges dans la cours de l’Académie où tous les élèves avaient été rassemblés. Un profond ennui le gagnait. Il se mit un peu en retrait écoutant le discours pompeux du doyen.

 

°°0o0°°

 

Shuusuke avait regagné discrètement les rangs en arrivant en retard au rassemblement des septièmes années. Il se plaça au fond, près d’un de ses amis qui l’observait moqueur.

 

« Une panne d’oreiller Amagai ?

—    La ferme, je ne suis pas du matin !

—    Dommage t’as loupé le discours du doyen…

—    Si c’est aussi long et verbeux que d’habitude, je n’ai rien loupé du tout…

—    Tss…

—    Qui sont les capitaines présents pour faire passer les tests ?

—    Komamura de la septième, Kenpachi de la onzième et il me semble qu’il s’agit de Kurosaki de la dixième… mais, je n’ai pas bien vu parce qu’il s’est placé derrière les profs.»

—    Que des bourrins… » marmonna Lemura contrarié.

 

Mais, le doyen appela au calme dans les rangs et tous se mirent en rang de manière impeccable.

 

« Vous allez être divisé en trois groupe et rejoindrez le monde humain. Vos noms ont été tiré au sort veuillez suivre le capitaine qui vous a été désigné en suivant ses trois listes. »

 

Le Doyen montra sur le tableau d’affichage trois grandes listes. Chaque élève trouva son nom. Amagai traversa la foule et vis au passage Kurosaki qui discutait avec Kenpachi visiblement ennuyé. Shuusuke s’arrêta net. Ce type lui disait quelque chose… pour la première fois depuis qu’il était arrivé à la Soul Society… quelqu’un lui rappelait vaguement quelque chose. Omoeda le poussa et Shuusuke eut un mouvement d’humeur.

 

« Traine pas dans le passage Amagai !

—    Pour une fois que tu mets de la bonne volonté pour t’entrainer Omoeda… » Ricana Shuusuke.

 

Au même moment, il croisa les yeux sombres de Kurosaki. Ce dernier le fixait visiblement stupéfait. Shuusuke ne su déchiffrer son visage, ou tout au moins le panel d’émotions qui se succédaient. Il était troublé par son regard et se détourna ne pouvant supporter d’avantage. Il chercha son nom sur la liste et vit qu’il était dans le groupe de Kurosaki. Pas de bol… songea-t-il.

 

°°0o0°°

 

Isshin eut du mal à se reprendre. Il venait de rencontrer le regard de Shuusuke qui semblait visiblement contrarié. Il s’était détourné de lui. Un coup dans son épaule le fit sursauter. Il rencontra le regard moqueur de Kenpachi.

 

« Arrête de rêver Kurosaki, c’n’est pas ton genre de toute façon ! »

 

Shuusuke ne l’aimait plus… et quelque part, c’était compréhensible… Il devait paraitre « vieux » à ses yeux. Isshin avait un physique d’homme de quarante ans et Shuusuke semblait tout juste en avoir dix-huit. Enfin, tout au moins maintenant Isshin savait que Shuusuke allait bien, qu’il était en vie et que même s’il ne faisait plus partie de sa vie… Il fit un effort sur lui-même. Il dirigerait cet exercice comme le capitaine de la dixième division qu’il était et retournerait auprès de ses hommes. Maintenant, il avait cessé de chercher…

 

°°0o0°°

 

Isshin revint de son exercice et se dirigea directement à son bureau. Ce dernier croulait sous la paperasse. Décidément qu’il soit vivant ou mort, les choses restaient toujours les mêmes. Enfin pas tout à fait, puisque c’était son fils qui lui servait de fukutaicho. D’ailleurs, ce dernier semblait passablement excité.

 

« Alors ? » Demanda Ichigo avec un sourire carnassier.

—    Tu le savais ?

—    Quoi ?

—    Qu’il serait là… Tu le sais depuis quand ?

—    Trois jours…

—    Et tu as su tenir ta langue ? Sourit Isshin.

—    Disons que j’ai préféré que tu le voies de tes yeux… Alors ? S’énerva Ichigo à présent.

—    Rien…

—    Comment ça rien ? » S’étonna le roux exaspéré à présent.

—    Il ne sait rien passé. J’ai mené l’exercice à son terme et je suis partit.

—    Mais… tu n’as pas essayé de lui parler ?

—    Il m’évite… Qu’est ce que tu veux que je fasse ? »

 

Isshin s’installa derrière son bureau et se saisit d’un dossier. L’attitude calme de son père stupéfia Ichigo qui se laissa choir sur une chaise en face de lui.

 

« Mais… tu n’as pas essayé de lui parler ? Ne serait-ce que…

—    Non… Que veux-tu que je fasse quand un gamin m’évite ? Il a réussit haut la main… un des meilleurs d’ailleurs.

—    Il va intégrer qu’elle division ?

—    Aucune idée et je m’en moque. »

 

Isshin était à présent plongé dans ses chiffres et Ichigo vit qu’il ne tirerait plus rien de son père. Il se leva et le laissa seul. La porte fut à peine fermée, Isshin sentit le poids de tout le stress accumulé en plus de quarante ans de recherche effritèrent le masque qu’il s’était composé. Les larmes coulèrent en silence. Isshin avait repoussé les feuilles devant lui et se rejeta sur son dossier. Un sanglot traversa ses lèvres. Il se reprendrait plus tard. Pour l’instant, il avait seulement besoin de se vider la tête et… le cœur.

 

Ichigo resta appuyé contre la porte, la gorge nouée. Son froncement s’accentua quand il entendit son père pleurer pour la première fois de sa vie. Jamais, il n’aurait songé que Shuusuke ignore son père. Bah, valait peut-être mieux ainsi. Au moins, Isshin pourrait faire autre chose que de chercher après un fantôme.

 

°°0o0°°

 

Shuusuke quitta la troisième division où il été affecté depuis cinq ans. A sa surprise, il avait été nommé troisième siège d’office à la sortie de l’Académie. La troisième division était tenue par Ichimaru. Ce type lui disait vaguement quelque chose mais, il n’aurait pu dire où il l’avait déjà rencontré. Mais, le choc de cette rencontre n’était rien comparé à celle qu’il avait eut lorsqu’il avait croisé le regard de Kurosaki. L’émotion avait été si forte qu’il avait dû se détourner. Il avait même cru avoir raté ses tests tellement il avait été troublé durant l’examen.

 

Depuis, qu’il avait intégré son nouveau poste, il croisait assez souvent Kurosaki de loin. Ce dernier avait toujours sur ses talons son fils qui lui jetait des regards indéchiffrable, son père, lui, l’ignorait. Et plus le temps passait, plus cela le blessait. De temps en temps dans son esprit, certains morceaux de musiques qui passaient dans le monde humain lui revenaient en mémoire. Il pesta contre la perte de tous ses souvenirs. Il avait du tout reconstruire. Et maintenant qu’il était enfin arrivé à son but, sortir de la misère du Rukongai, Shuusuke devait affronter quelque chose qu’il ne comprenait pas !

 

Il utilisa le shunpo pour se déplacer. Plus le temps passait, plus ses souvenirs s’emmêlaient. La douleur diffuse qu’il ressentait quand il croisait Kurosaki le perturbait. Que c’était-il passé entre eux ? Shuusuke en était sûr à présent… ils y avaient eu quelque chose… à un moment donné dans le monde humain. Mais quoi ? Et quand ?

 

°°0o0°°

 

Ichigo soupira. Il détestait être de garde. Son père était toujours enfermé dans son bureau. Yama-jii lui avait donné un boulot monstrueux la veille et Isshin devait le terminer le plus rapidement possible. Il longeait les murs et fronça les sourcils lorsqu’il reconnu le reiatsu d’Amagai. Discrètement Ichigo, s’approcha de la présence et vit le jeune homme traverser furtivement la division. Un léger sourire se format sur ses lèvres.

 

Il suivit furtivement celui qui sortait tout juste de l’adolescence. Quelque part, cela lui paraissait bizarre de voir cet homme avec cette apparence. Lui paraissait avoir le même âge que son père et sa mère. C’était compliqué toutes ses histoires d’apparence à gérer. Amagai réussit à passer entre les gardes et Ichigo se promit de faire un débriefing le lendemain matin concernant le laxisme de la dixième division. Le roux fronça les sourcils lorsqu’il vit le cinquième siège se diriger vers les bureaux d’Isshin. Il entreprit de lui barrer la route… Ce n’était pas le moment !

 

°°0o0°°

 

Isshin grattait le papier depuis des heures et brutalement, il sentit le poids de la fatigue dans ses épaules. Il étouffa un bâillement et s’étira en fermant les yeux. Lorsqu’il les ouvrit, il rencontra un regard sable légèrement méfiant. Isshin resta les bras en l’air quelques instant et se retint de respirer. Voilà maintenant que ses fantasmes prenaient formes.

 

« Kurosaki Taicho… »

 

Amagai semblait hésitant et Isshin fronça les sourcils. Que lui voulait-il ? Et…

 

« Je vous prie de m’excusez de vous déranger de cette manière… Je ne sais pas moi-même… »

 

Un frisson d’angoisse traversa Shuusuke. Il voulait avoir des réponses mais, ne savait pas lui-même ce qu’il cherchait.

 

« Que me voulez-vous… Amagai-san ?” Interrogea doucement Isshin.

 

Isshin se leva et traversa la pièce à demi. Shuusuke semblait se raidir à son approche. De le voir, si proche, Isshin en était bouleversé. Le regard perdu et en même temps interrogatif alluma quelque chose en lui.

 

« Je ne sais pas ce que je fais ici… Tout ce que je sais c’est que je suis incapable… Où nous sommes nous rencontrés ? Je ne me souviens plus de ma vie d’humain et je suis certain de ne vous avoir jamais rencontré ici… à la Soul Society.

—    Amagai-san… » Souffla Isshin.

 

Les yeux de Shuusuke s’agrandirent… deux fois que Kurosaki l’affublaient d’un « san » au lieu de « kun ».

 

« Il y a une chanson qui est resté gravé dans mon cœur… Une chanson que je chantais en duo avec quelqu’un qui tenait une très grande place dans ma vie d’humain. »

 

Isshin s’était approché lentement, alors que Shuusuke reculait. Il se retrouva bloqué contre la porte et son cœur courrait dans sa cage thoracique. L’odeur de Kurosaki avait un effet dévastateur sur lui. Son regard plongea dans les yeux sombres.

 

« Elle commençait comme ceci, continua Isshin.

We're caught in a trap

I can't walk out

Because I love you too much baby

Why can't you see

What you're doin' to me

 

Shuusuke tremblait et il continua la chanson en coeur avec Isshin.

 

When you don't believe a word I say?

We can't go on together

With Suspicious Mind…”

 

Amagai resta figé alors que Kurosaki le serrait contre lui. Cette étreinte autour de lui, il l’a reconnaissait. Ses doigts remontèrent d’eux même sur le shihakusho de Kurosaki. Il ne voulait plus quitter l’espace de ses bras. Un flot de souvenirs l’assaillirent, sur le toit d’un hôpital avec un briquet qu’il tendait à Kurosaki pour allumer sa cigarette. Pour succéder à un sourire complice alors qu’ils se trouvaient dans un magasin, pour remplacer un moment où il se retrouvait coincé sur le pont d’un navire et Isshin qui le surplombait le couvant d’un regard brûlant.

 

Amagai se souvint de tout et ses mains se crispèrent sur le tissu qui empoignait. Les larmes coulèrent seules.

 

« Je crois que je n’ai pas pu vivre sans toi…, commença Shuusuke hésitant, j’ai tout oublié pour ne pas me souvenir combien la vie sans toi n’a pas de raison d’être vécu.

—    Je t’ai cherché si longtemps… ne me quitte plus jamais Shuusuke. »

 

Isshin se redressa et effaça les larmes qui brouillaient la vue de son compagnon. Isshin hésita mais Amagai tira sur le shihakusho pour attirer le visage de son ancien amant à lui.

 

« Faisons en sorte que notre histoire dure très longtemps… »

 

Leurs lèvres se rencontrèrent, timides. Leurs regards étaient troublés. Shuusuke était bouleversé par le poids des révélations, de ses souvenirs… pourtant, il ne désirait rien d’autre que de continuer là où leurs histoires s’étaient finit sur une plage en Floride bien des années auparavant.

 

« Isshin… si nous allions admirer un lever de soleil ? »

 

Le shinigami eut un petit sourire et acquiesça. Il prit la main de son amant et ensemble franchir les portes de la dixième division. Ichigo assomma un shinigami trop curieux. Qu’on foute la paix à son père ! Il était impatient de voir les prochaines fêtes de familles. Elle serait enfin beaucoup plus joyeuse avec un Isshin redevenu vivant en compagnie d’un Shuusuke redevenu lui-même.

 

Le couple arriva sur le bord d’un petit lac, lorsque le soleil se leva. Isshin se plaça derrière Shuusuke et l’enlaça avec tendresse. Ni Isshin, ni Shuusuke ne virent le soleil se lever. Les rayons chaleureux enveloppaient leurs silhouettes serrées l’une contre l’autre, donnant l’impression de n’en faire qu’une. Leurs baisers étant la promesse d’un avenir plus radieux après des années de disettes.

 

 

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