Ichigo se réveilla avec l’impression d’avoir la gueule de bois. Il vit qu’il était entouré de machine. Il fit une légère grimace. Comment en était il arrivé là ? Il se souvint du match de basket et de sa fatigue soudaine juste après. Il se souvint vaguement de son oncle sur le parking et plus rien…
Il se redressa. Au même moment, une infirmière entra et croisa son regard. Elle lui adressa un sourire et pris de ses nouvelles tout en prenant son pouls. Elle parut rassurée et l’informa qu’elle allait prévenir son père. Ichigo haussa les épaules. Ses pensées se tournèrent immédiatement vers Byakuya. Il devait être inquiet… Il s’assit en tailleur.
- Ichigo, rallonge-toi. Tu n’es pas prêt à t’asseoir de cette manière.
Le jeune homme lança un regard exaspéré à son père.
- Tu te sens mieux ?
- Oui… je suis juste un peu fatigué.
- Tu as utilisé le spray hier ?
- C’était hier ?
- Hum… Tu as dormis toute la nuit et une partie de la matinée. On va t’apporter ton déjeuner dans quelques minutes.
- Papa ?
- Oui ?
- Tu m’as fait monter une ligne téléphonique ?
- Non… qui veux-tu appeler ?
- Tu peux demander à Kisuke de m’appeler tout à l’heure ? J’ai un service à lui demander.
- Je le ferai en sortant d’ici. Je ne peux pas te rendre ce service ?
Ichigo scruta le visage de son père…
- Non… c’est au sujet de ma moto !
- Ah... c’est vrai que là-dessus, je ne suis pas très doué !
- Yuzu et Karin sont au courant ?
- Elles sont passées hier soir. Elles repasseront ce soir.
- Je suis gardé combien de temps ici ?
- Pour la semaine.
- Quoi ? Et tu ne m’as pas mis une ligne téléphonique ? Tu te débrouilles, je veux en avoir une aujourd’hui !
- Je t’ai mis la télé. C’est déjà pas mal.
- Chier ! marmonna le jeune homme. J’ai des partiels la semaine prochaine !
- Tu n’as qu’à demandé à ce Grimmjow ou à ton professeur… comment il s’appelle déjà, l’ami de l’amie… ah oui, Byakuya mais je n’ai pas son nom. Il faut dire que je n’ai pas eu le temps de lui demander. Tu savais que ce type était noble ?
Ichigo regardait son père, blême. Il avait rencontré Byakuya ? Que savait-il exactement… Pas grand chose mais cela le mettait mal à l’aise qu’il le connaisse. Il avait peur pour son amant tout d’un coup ! Ichigo se rallongea…
- Tu ne vas pas bien ? Isshin s’était levé et posa une main sur son front.
- Si… si. Je vais juste dormir un peu. S’il te plaît, demande à Kisuke de m’appeler tout à l’heure !
- D’accord ! Repose-toi en attendant…
Isshin quitta la pièce et Ichigo se sentait angoissé.
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Kisuke arborait une tenue pour le moins non conventionnel, ce qui eut le don de faire se retourner sur son passage toutes les personnes qu’il croisait. Mais cela l’indifférait complètement. Il avait vissé son bob à rayure sur sa tête et le bruit de ses guettas résonnait dans le couloir de l’hôpital. Il se dirigeait tranquillement vers la chambre d’Ichigo et il se demandait ce qu’il y avait de si important pour que le jeune homme le fasse appeler. Il ne croyait pas un mot de cette excuse de moto.
Il arriva devant la porte de la chambre de son neveu et frappa doucement à la porte. Il entendit la voix ferme du jeune homme qui lui dit d’entrer. Kisuke eut un petit sourire. Ichigo avait le teint assez pâle et la mine assez renfrogné ou plutôt soucieuse. Il le regardait s’avancer et parût soulager de le voir.
- Qui a t’il de si important pour que tu me fasses venir ?
- Comment le sais-tu ?
- Tu sais pertinemment que j’allais venir. Si tu m’as fait demandé avant, c’est que quelque chose de très important est arrivé… ou quelque chose dans le genre.
Ichigo observa quelques secondes la mine grave de son oncle. Il était assez rare de le voir ainsi. Le jeune homme pensa qu’il était une des rares personnes à lui connaître cette expression. Il soupira et ses épaules s’affaissèrent d’un coup.
- Kisuke… Qu’est ce que tu dirais si je te disais que j’ai une relation avec un homme ?
- Pardon ? fit Kisuke très surpris qui s’attendait à tout sauf à cela.
- J’ai un petit ami.
Kisuke sortit son éventail et cacha une partie de son visage derrière. Il eut un petit sourire en songeant à son frère mais il était réellement inquiet pour le jeune homme se tenant devant lui. Ichigo reprit la parole. Ses yeux fixaient maintenant le bout de son lit.
- Ca ne fait pas depuis très longtemps. Depuis vendredi en fait !
- Tu l’aimes ? demanda son oncle.
Ichigo tourna la tête vers son oncle.
- Oui et depuis très longtemps en fait mais j’ai toujours pensé qu’il était inaccessible. Tout le monde est amoureux de lui, filles comme garçons.
- Je le connais ?
- Peut-être l’as tu croisé. Je ne sais pas…
- C’est un étudiant comme toi ?
- Non. C’est mon professeur d’architecture. Il s’appelle Byakuya Kuchiki !
- Ooohhh… si cela se sait, tu vas avoir beaucoup de problèmes, tu en as conscience ?
- Oui, je sais! Ichigo soupira. Tu es la seule personne à qui je peux en parler. Et je ne veux que personne d’autre soit au courant. Là, il doit être très inquiet pour moi. Si je te donne son numéro, tu veux bien l’appeler pour moi ? Papa ne m’a toujours pas monté ma ligne téléphonique.
- Bien sur !
- Ce qui me tracasse le plus, c’est que papa l’a déjà rencontré.
- Hein ?
- Oui. Il m’en a vaguement parlé tout à l’heure. J’ai peur de cela Kisuke…
- Tu regrettes cette relation ?
- Non, s’écria vivement le jeune homme. Pas du tout, reprit-il plus calmement. En fait, je crois que je n’ai jamais été aussi heureux depuis vendredi. Mais, je ne crois pas être prêt à affronter ce que toi tu as affronté !
- Je comprends… Et puis, c’est tout neuf. Tu lui as expliqué ?
- Je n’ai pas eu le temps. Cela aussi ça m’inquiète ! Tu… contacte le ! Il faut que je puisse lui parler.
- Repose-toi, Ichigo… je vais le contacter et je vais essayer de le rencontrer pour lui expliquer un peu la situation.
- Kisuke, tu récupéreras aussi ma moto sur le parking de l’université ? J’ai pas trop confiance…
- Pas de problème, j’ai le double des clefs !
Le roux parût un peu soulagé et se rallongea dans son lit.
- J’ai promis à ta mère de veiller sur toi… Alors, maintenant, repose toi !
- Merci Kisuke. Sa voix devenait plus faible à mesure qu’il parlait. Le jeune homme se laissait gagner par une douce torpeur.
Kisuke se dirigea vers la porte et l’ouvrit doucement. Il l’a referma et s’appuya un instant dessus, songeur. « Pauvre Ichigo… Tu ne sais pas dans quoi tu t’es engagé avec cette relation. Tout ce que j’espère, c’est que ton petit ami à les épaules solides ! ». Il se redressa et croisa les yeux de son frère. Il ne disait rien et il lui semblait qu’il essayait de lire au travers de lui. Isshin s’approcha…
- Je peux savoir ce que TOI, tu peux lui apporter et que moi, je ne puisse faire ?
- D’abord conduire une moto ! Et ensuite, une ouverture d’esprit que tu es loin de posséder malgré ta culture !
Isshin attrapa son frère par le revers de son haori vert. Les deux hommes se faisaient face et la tension était palpable. Isshin ne sous-estimait pas son frère bien au contraire… Il s’en méfiait. Il avait toujours méprisé les homosexuels parce ce qu’il les considérait comme « faible », mais pas Kisuke. Qu’il s’agisse aussi bien de force physique ou psychologique.
- Je te préviens… Si j’apprends que tu lui fourres des idées incongrues dans la tête ou que tu l’aides pour faire des conneries, je te tue !
- Oh là… Que de grands mots mon cher frère !
Kisuke prit les poignets de son frère et lui fit lâcher prise. Isshin fit une légère grimace de douleur.
- Ichigo est assez grand pour s’assumer et n’a besoin de personnes pour faire ou ne pas faire de « conneries ». Maintenant, si tu le permets, je souhaiterai partir car j’ai un commerce à faire tourner et un remplaçant temporaire à trouver pour Ichigo.
Kisuke passa à côté d’Isshin en le frôlant et quitta l’hôpital toujours suivit de regards curieux.
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Kisuke, de retour dans son café, prit son téléphone portable. Il composa le numéro que son neveu lui avait donné. Il était curieux de savoir à quel type de personne il allait avoir affaire ! Il entendit décrocher et une voix grave, profonde et sensuelle répondre :
- Kuchiki Byakuya à l’appareil.
- Bonjour, je suis Urahara Kisuke. L’oncle d’Ichigo !
Petit silence.
- Un instant, s’il vous plaît…
Kisuke entendit un bruit de siège et un déplacement. Il entendait la respiration de son interlocuteur qui était calme. « Eh bien, rien que la voix m’a fait frissonner, j’ai bien envie de voir son visage. »
- Je vous écoute, reprit la voix neutre et grave.
- Ichigo m’a demandé de le rejoindre ce matin pour me parler de vous.
- …
- Il m’a mis au courant de votre relation. Il voulait que je vous rassure sur son état de santé. Pour l’instant, son borné de père refuse de lui installer une ligne téléphonique. J’ai besoin de vous parler de vive voix pour vous expliquer certaines choses, surtout avant que vous ne le rencontriez à l’hôpital. Pourriez-vous venir me voir ? Je tiens un café qui se situe…
- Je connais l’adresse. Je suis déjà venu chez vous.
- Ah oui ?
- Quand pouvons-nous nous rencontrer ?
- Quand voulez-vous rencontrer Kurosaki ?
- J’avais l’intention d’emmener ma sœur le voir ainsi que deux de ses amis.
- Est-ce possible pour vous de passer seul avant ?
- Oui… Je serai libre vers 14 h 30 environ.
- Je vous attendrai !
- Très bien, à tout à l’heure.
Kisuke regarda son portable. Il avait été profondément troublé par la voix de l’homme mais également par son ton posé et calme. Il n’avait pas l’air du genre de gars à s’effondrer à la première tempête. « On verra bien de toute façon ! »
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Urahara était occupé à servir un couple de jeunes étudiants qui était entré un peu plus tôt dans le café quand il entendit la porte s’ouvrir à nouveau. Il tourna la tête et il vit un homme d’une trentaine d’année entrer. « Mon dieu, quel beauté ! » fut sa réflexion. Grand, de larges épaules, des yeux couleur anthracite, de longs cheveux noirs qui lui tombaient librement sur les épaules. Il portait un costume qui le rendait encore plus distingué. Kisuke pensa qu’il n’avait jamais vu une personne aussi noble ou qui le paraissait de toute sa vie. Il respirait l’autorité naturelle. Il avança gracieusement et presque silencieusement. Tout à coup, Kisuke se rendit compte que c’était vers lui qu’il se dirigeait… « Ne me dites pas que… »
- Vous êtes bien Urahara Kisuke ? fit la voix grave et profonde qu’il avait entendu le matin même au téléphone.
- C’est bien moi… Et vous êtes...
- Byakuya Kuchiki, lui répondit l’autre, posément.
Urahara pensa à la réflexion de son neveu le matin même, que ce soit les garçons ou les filles, tous tombaient amoureux de lui. Il comprenait pourquoi. Son cœur battait la chamade. Il afficha un sourire torve dont il avait le secret et proposa au jeune homme de le suive.
Byakuya suivit l’oncle d’Ichigo. Il pensa qu’il était aussi grand que le père de Kurosaki mais au delà de cela, qu’ils étaient opposés tant sur le plan du physique ou de la personnalité.
Il le fit entrer dans une arrière cuisine où se trouvait un homme gigantesque avec une paire de lunette sur le nez.
- Tessaï… dit Urahara. Peux-tu t’occuper du café pendant que je discute avec monsieur ?
- Oui patron !
Il se leva et passa à côté de Byakuya qui se sentait ridiculement petit tout à coup.
- Asseyez-vous, je vous en prie, lui dit jovialement Kisuke.
- Merci…
- Voulez-vous un café ?
- Si vous aviez un expresso…
- Bien sur, bien sur. Permettez- moi de m’absenter un instant !
Byakuya observa la pièce pendant l’absence de son hôte. C’était une petite cuisine où les ustensiles étaient placés joyeusement contre le mur. Au premier abord, la pièce semblait encombrée, mais en fait, elle était propre, soigneusement rangée et fonctionnelle et surtout très chaleureuse. Les meubles étaient en bois cirées. Il y avait un ancien fourneau et un évier en grès posé sur des parpaings. Ces derniers avaient un petit rideau à carreau qui cachait le dessous de l’évier. Des rideaux droits de couleur crème étaient posés aux fenêtres. Le tout rendait l’ambiance confortable. Byakuya se sentit bien dans cet endroit.
- Vous aimez ? demanda Kisuke.
- La pièce ? Oui… elle me donne l’impression d’être « chez moi ».
- C’était le but ! Ichigo râle toujours parce ce qu’il trouve que je suis un peu bordélique… mais il y passe tout son temps quand il a 5 minutes de pause ou quand il passe me voir !
Byakuya remercia le commerçant quand il plaça un expresso devant lui. Il but une gorgée et demanda enfin…
- Vous souhaitiez me parler de quel sujet ? J’avoue que je suis intrigué car Ichigo m’avait dit qu’il ne parlerait de notre relation à personne.
- Je ne suis pas personne, fit Urahara.
Il sortit son éventail et reprit tout en agitant lentement l’objet entre ses doigts.
- Ichigo a perdu sa mère quand il avait 12 ans. Ma belle-sœur est morte d’un arrêt cardiaque. Elle passait beaucoup de temps avec moi pour échapper à l’ambiance écrasante que mon père faisait régner dans la maison. De par mes préférences sexuelles, mon frère et mon père ont jugé bon de m’éloigner d’Ichigo. Malheureusement, le petit était attaché à moi comme il l’aurait été de son propre père. Il faut dire que je le laissais faire ce qu’il voulait… Je savais très bien dans quelle ambiance il vivait.
Petite pause.
- Je vous raconte tout cela pour que vous cerniez mieux notre relation et surtout, que vous compreniez pourquoi Ichigo refuse pour l’instant d’ébruiter votre relation.
Nouveau silence…
- Donc, mon neveu a vécu pendant quelques années livré à lui-même. Le seul moyen qu’il a trouvé pour se défouler a été le sport, le basket pour être précis. Comme son père et mon père ne s’intéressait pas du tout à ses activités extrascolaires, j’ai assisté à ses matchs et nous avons pu continuer à nous voir durant ces occasions. Il était profondément blessé par le comportement de ma famille vis à vis de moi. J’ai reçu des lettres de menaces et j’ai même eu droit à un saccage de mon appartement. Je ne pense pas que ce soit Isshin. Ce n’est pas son genre. Par contre, mon père était assez con pour le faire!
- Ils vous ont attaqué directement ?
- Ooohhh, non… C’est plus insidieux. Ichigo le savait et essayait de me remonter le moral. Une chance qu’il était avec moi pendant cette période sinon, je me serai effondré. J’ai perdu mon compagnon… enfin, je dirai qu’il s’est enfui en voyant la pression que ma famille exerçait et surtout l’influence qu’elle avait. C’est pourquoi je voulais vous avertir… Pour l’instant, faite le mort. Ne vous faites pas repérer par mon frère… Je ne sais pas de quoi il serait capable pour son fils. Soyez vigilent pour Ichigo mais aussi pour vous ! J’ai su qu’il vous connaissait… Qu’il en sache le moins possible sur vous. Si vous pouvez vous faire aider dans cette relation par une personne sure, faite-le !
- J’ai l’impression que vous montez un plan de bataille !
- Vous aimez mon neveu ?
- Oui !
- Alors, je ferai tout pour vous protéger. Je l’ai promis à sa mère et puis, je me le suis promis à moi-même. Je ne laisserai personne briser Ichigo. Je vous demande de veiller sur lui autant que vous le pourrez. Il vous aime plus que ce que vous pourriez penser. Il ne m’a jamais parlé de qui que soit avant dans sa vie et pourtant, il a du succès ce jeune homme. S’il m’a parlé de vous, c’est qu’il tient certainement plus à vous qu’à lui-même…D’ailleurs, ce matin, vous étiez sa principale préoccupation.
- Il devrait d’abord penser à lui-même.
- Ca, c’est votre travail de lui faire comprendre.
Byakuya fronça légèrement les sourcils.
- Quelque chose vous dérange ?
- Quand vous parliez de succès… J’avoue être assez ennuyé, car, apparemment, un de ses camarades de classe semble s’être amouraché d’Ichigo. Le problème, c’est qu’il semble s’être rendu compte que je l’aime et j’ai peur qu’il ne vende la mèche !
- Qui est ce ?
- Grimmjow Jaggerjack !
- Ce n’est pas ce gars, grand, musclé avec des cheveux bleus et une grande gueule ?
Byakuya haussa délicatement un de ses sourcils et eut un petit sourire…
- Bien… fit Kisuke. Je me charge de lui!
Il referma son éventail et le rangea dans son haori vert. Voyant l’air surpris de Byakuya il ajouta…
- Voyez-vous, ce type est tout à fait mon genre… Et je crois que j’ai besoin de tomber amoureux une nouvelle fois et de faire un peu de sport !
Un sourire pervers vint s’accrocher à ses lèvres.