La nuit était tombée depuis un petit moment sur la plage. La lune montait lentement dans le ciel, illuminant les environs comme en plein jour. Son reflet dansait avec les vagues. La luminosité laiteuse empêchait presque aux étoiles de scintiller. Ichigo n’était toujours pas rentré. Assis dans une crique isolée, sur le sable fin paraissant blanc sous cette pleine lune, un genou remonté sous son menton, et l’autre plié sous lui ; les souvenirs désagréables de sa première grossesse ne cessaient de le tourmenter.
Bien sûr, il n’avait jamais regretté d’avoir porté Ryusei. En fait, il était très fier d’elle. Toutefois, l’absence de Grimmjow durant cette grossesse avait été une torture pour lui. Et si tout recommençait. Les shinigami étaient de plus en plus nombreux. Le visage de Grimmjow flotta devant ses yeux. Comme à chaque fois, son cœur se mit à battre plus fort. Ichigo se redressa, des fourmis d’impatience le gagnaient.
Ses pas le menèrent devant le rivage. Ses pieds subirent la morsure glacée de l’eau. La culpabilité le rongeait. La complicité qui le liait à Ryusei alors que lui n’avait pas pu vivre proche de sa fille durant ses trois premières années de vie. Le vent du large balaya la plage, soulevant ses mèches mi-longues au passage. Les souvenirs d’Ichigo remontèrent au tout premier baiser qu’il avait échangé avec Grimmjow. Il n’avait pas apprécié… ou plutôt, il s’était menti. Comment aurait-il pu imaginer à cette époque ce qu’il serait devenu, la vie qu’ils avaient dû affronter ensemble… mais aussi les soutiens nombreux qu’ils avaient eu ?
Lentement Ichigo marcha en fixant ses pieds. Pouvait-il dire réellement que tout ça ne se soit pas passé ? Que serait devenue sa vie s’il n’était pas tombé amoureux de Grimmjow, mais d’Orihime par exemple ? Qu’il soit resté sous le giron de la Soul Society ? Que se serait-il passé si Aizen n’était pas mort ? Serait-il plus heureux que maintenant ?
Sentant les effluves d’un reiatsu familier, chaleureux, enveloppant l’entouré avec tendresse, Ichigo leva les yeux vers son mari qui l’attendait plus loin. Grimmjow l’attendait sa chemise grande ouverte, se soulevant doucement sous la brise, les bas de son jeans étaient remontés. Visiblement, il l’observait depuis un petit moment, mais ne voulait pas l’interrompre dans sa réflexion.
Ichigo eu un sourire en coin. Son homme ! Ses questions s’évaporèrent alors qu’il approchait en toute confiance. Le sourire, le regard brûlant, les mains larges, le corps dur, l’esprit tordu de son mari… son égoïsme, et sa chaleur ; Ichigo prenait tout. Qualité et défaut… il lui appartenait. Même s’il le cachait, Grimmjow était toujours inquiet pour lui.
Même s’il estimait qu’Ichigo puisse se défendre seul, il veillait jalousement sur lui. Jamais il ne l’abandonnerait. Même s’il devait en mourir lui-même, Ichigo était devenue sa seule raison de vivre. Bien sûr sa fille était importante, mais en voyant la lueur qui brillait dans ses yeux, alors qu’il se tenait à présent devant lui, Ichigo su combien son mari l’aimait au-delà de ses désirs de paternité intempestifs.
Grimmjow franchit les deux derniers pas qui les séparaient encore, son sourire s’étirant un peu plus. Ichigo glissa ses bras autour de la taille de l’espada, tout comme ce dernier l’enlaça de manière possessive. Le front de l’arrancar se posa sur celui du visard. Leurs regards ne se quittaient pas. Leurs souffles se confondaient. Le même sourire confiant était inscrit sur leurs traits.
La bouche d’Ichigo rasa celle de Grimmjow qui s’en empara plus ouvertement. Les écrasants comme pour le marquer de son empreinte. Ichigo frissonna contre le torse tiède de Grimmjow. Ses yeux se fermèrent pour mieux goûter le baiser qui se prolongeait, alors que la langue de l’espada franchissait la barrière de ses lèvres.
Ichigo se sentait fondre, sous l’embrasement de ses sens. Ses mains avaient remonté le dos de Grimmjow et elles étreignaient la chemise au niveau des omoplates de son amant. L’espada colla son bassin contre le sien, le frottant lascivement contre le sien. Les yeux d’Ichigo s’ouvrirent pour observer Grimmjow qui le couvait d’un regard canaille.
« Tu sais… on pourrait nous voir ici… » Chuchota Ichigo la voix enrouée.
Le visard eut un hoquet, lorsqu’il se sentit soulevé et emporté à vive allure au beau milieu d’une végétation dense. Allongé sur le sol, le roux observait Grimmjow qui se suspendait au-dessus de lui.
« Ça t’vas mieux ?
— Imbécile… » Rétorqua son amant.
Le regard d’Ichigo ressemblait à de la lave en fusion. Ses doigts caressaient le torse musclé de son compagnon, s’arrêtant pour taquiner, et cajoler ses mamelons. Une de ses mains s’égara sur le pan de chemise et tira dessus pour attirer contre lui l’espada qui ne le quittait pas des yeux, la respiration courte. Grimmjow se pencha et chuchota contre l’oreille du vizard.
« Ichigo… Si tu n’veux pas de cet enfant, alors j’n’en veux pas non plus. Pour moi, y’a que toi qui compte. »
La main d’Ichigo qui continuait à voyager glissa entre le pantalon et le caleçon, arrivant à son objectif caressé le sexe tendu de son amant. Grimmjow gémit et se pencha pour embrasser son compagnon. Il chevaucha Ichigo, lui offrant plus de passage, et d’une main impatiente retira la boucle de sa ceinture, et défit les boutons de son jeans trop serré depuis quelques minutes.
La respiration de Grimmjow se fit un peu plus forte alors que sa verge se trouvait libre de toute entrave, et à la merci des caresses expertes de son homme. Grimmjow reprit la bouche d’Ichigo et l’embrassa avec passion, lui faisant perdre son souffle. Une de ses mains le tenait encore en équilibre alors que l’autre avait glissé vers le pantalon du roux pour le libérer de toute entrave.
Lorsque le pénis dur de son amant vint effleurer le sien, il poussa la main d’Ichigo pour prendre à pleine main les deux sexes et amorcer une caresse commune, les faisant haleter.
« Grimmjow… gémit Ichigo. C’est bon… »
Un sourire carnassier retroussa les lèvres de l’espada qui cueillit sur les lèvres de son amant un énième gémissement. La bouche de Grimmjow descendit le long de la nuque puissante de son compagnon, la léchant avec gourmandise. Repoussant les pans de chemise de son homme, l’arrancar aspira les tétons tendus l’un après l’autre. La langue les taquinant pour ensuite tourner sensuellement sur leur pointe excitée.
Ichigo écarta les jambes pour que Grimmjow soit plus aisé entre ses cuisses. Ses mains caressaient ses cheveux ébouriffés. L’arrancar leva les yeux vers Ichigo qui le fixait avec tendresse.
« T’as quelque chose qui t’tracasses chéri ?
— Non, je suis seulement impatient. » Sourit l’homme soumis.
Grimmjow prit appui sur une main et remonta rapidement pour embrasser brièvement Ichigo qui ne le quittait toujours pas des yeux. L’espada songea qu’il ferait n’importe quoi pour ne jamais cesser d’être dévoré par les prunelles chaleureuses. Il descendit à nouveau, et sa langue souleva la chair du vizard, en y laissant l’empreinte humide de la salive.
Lorsque cette dernière s’attarda plus longuement sur le nombril découvert, un frisson traversa le corps de son amant, provoquant un petit rire chez Grimmjow, qui, encouragé par les réactions positives de son amant, descendit plus bas. Sa main prit les devant en branlant le sexe tendu, et impatient de son propriétaire.
Son pouce étala le précum qui s’échappait du gland d’Ichigo. Il se pencha et le lécha avec gourmandise. Son regard se leva un bref instant. Ichigo était tellement habitué à ses caresses qu’il anticipait ses gestes. Son corps se tendait à l’expectative des plaisirs que sa bouche lui procurerait. Un nouveau sourire se forma sur les lèvres de Grimmjow.
Au lieu de s’occuper de son sexe, Grimmjow remonta les jambes d’Ichigo sur ses épaules et remonta ses fesses par la même occasion, sa langue lécha l’anus d’Ichigo qui se contracta malgré lui.
« Grim ?
— Inquiet ? Ricana le bleuté.
— Non, pas avec toi. »
L’espada glissa sa langue entre les fesses offertes. Grimmjow lécha ses doigts pour les humidifiés et les introduisit sans hésitation dans le rectum dilaté. Ses longs doigts trouvèrent facilement leur proie ce qui provoquait de longs frissons incontrôlés chez son partenaire. Sa respiration rauque excitait Grimmjow, qui glissa à nouveau sa langue et cherchant à l’enfoncer le plus profondément dans l’anus.
Un long gémissement se fit entendre, mais Grimmjow n’en avait cure. Ses doigts reprirent le relais alors qu’il se saisissait du sexe de son amant et l’engloutissait dans un bruit de sussions suggestif. Sa langue léchait la verge dure et brûlante. Lorsqu’il remonta le corps d’Ichigo, ce dernier respirait par petites goulées excitées, et visiblement à bout. Grimmjow remonta les jambes de son amoureux et se glissa en lui, d’un mouvement sec.
« Désolé Ichi… y’a urgence… »
Ses mains prirent appui contre le bas des cuisses d’Ichigo et il entama de long va et vient. Au début, le passage fut un peu serré mais au rythme de ses coups de butoir, sa verge glissait avec facilité. Les mains d’Ichigo courraient sur son visage. Sa bouche captura le pouce de son amant qui dévoilait un visage abandonné, où la passion dévastait les efforts pour paraître quelques minutes plus tôt maître de lui-même.
Ichigo repoussa Grimmjow brusquement, il passa ses bras autour des épaules de Grimmjow et s’assit sur le sexe tendu.
« Je préfère comme cela ». Chuchota le visard.
Grimmjow sourit, il tira sur la masse rousse, découvrant la gorge pleine de son amant. Ses dents se plantèrent dans la chair épicée. Sa langue remonta jusqu’à jusqu’au menton. Leurs regards se mesurèrent avec intensité. Reprenant la bouche de son partenaire Grimmjow lécha les lèvres d’Ichigo caressant celle d’Ichigo au passage, mais ne la prenant pas. Les avant-bras musclés de l’espada soulevèrent et donnèrent un rythme plus soutenu à leur union.
Ichigo haleta plus fort.
« Grimmmm… ronronna-t-il d’une voix lascive, excitant un peu plus son compagnon qu’il ne quittait toujours pas des yeux. Sa langue ne cessait de lécher ses lèvres, comme une invite. L’arrancar fit basculer sa moitié contre lui, et l’embrassa à pleine bouche, sa langue prenant sans cesse celle d’Ichigo qui répondait avec la même fièvre.
Grimmjow fit basculer une nouvelle fois Ichigo, mais en remontant une seule de ses jambes. Il se redressa et s’engouffra le plus profondément possible dans le corps de son compagnon. Son bassin bougea en un mouvement circulaire et lent, arrachant des râles de plaisir chez Ichigo. Ce dernier se caressa le ventre et la poitrine dans un mouvement sensuel et aguicheur. Ses doigts s’attardant sur ses têtons pour les taquiner.
Lentement l’espada ondula dans le corps du visard qui s’arqua sous la vague de plaisir qui montait. L’orgasme n’était pas loin. Grimmjow qui était passablement émoustillé, bougea plus rapidement jusqu’à en devenir violent, faisant monter le rythme si rapidement qu’Ichigo glissa une main vers ses bourses pour les tenir. L’expression dangereuse que Grimmjow arbora le troubla un peu plus. Ichigo rejeta la tête en arrière. Ses yeux se fermèrent à demi, alors que sa verge déversait sa semence sur son torse par jet.
En lui, Ichigo sentait la semence de son amant se rependre en lui. Grimmjow se suspendit au dessus de lui. Leurs regards se rencontrèrent à nouveau, un sourire fatigué les unit dans un moment de complicité.
« On est poisseux… » Ricana Ichigo en se redressant maladroitement.
La bouche de Grimmjow butinait sa nuque, leur accordant un moment de tendresse simple, où l’amour était si présent. Ichigo noua ses bras autour de la nuque de l’espada, son nez se frotta contre la chair brulante de son cou. Ichigo ouvrit de grands yeux lorsqu’il se sentit à nouveau décoller du sol.
« Hey ! Tu comptes faire quoi là ?
— Nous sommes poisseux… non ? » Sourit Grimmjow.
Avant que son amant ne réagisse, l’espada exécuta un sonido et fondit vers l’océan, et lâcha sa moitié au milieu de nulle part, lui arrachant un hurlement de rage.
« Grimmjow !
— Maintenant… t’es présentable. » Ricana l’arrancar.
Ichigo fit semblant de se noyer. Retenant le plus possible sa respiration, et bougeant dans l’eau glacée, il s’éloigna de son lieu d’atterrissage profitant des reflets trompeur sde la lune pour abuser son mari trop sûr de lui. Grimmjow ne voyait pas revenir son amant, se moqua de la place où il se trouvait.
« Allez ! Comme si t’allais m’faire croire qu’t’allais noyer ! »
Ichigo ne répondait pas. Durant les deux minutes qui suivirent le regard bleu ne cessait de parcourir l’étendue d’eau, agitée uniquement par des vagues moutonnantes. Grimmjow fronça les sourcils. Il ne le voyait nulle part et puis, son reiatsu était indétectable. Il jura entre ses dents. Bien à tomber qu’il se sente si fatigué.
Ichigo devait être dans le même état que lui, si ce n’est plus. Tout à coup, il vit le corps du roux flotter à la surface, apparemment sans vie. Le sang de l’arrancar ne fit qu’un tour. Sans réfléchir, et dans un éclat de sunido, il franchit la distance. Entrant dans l’eau pour retourner son mari et le réanimer. Les lèvres d’Ichigo étaient bleues.
« Ichi ! Réponds-moi ! »
De l’eau jaillit l’éclaboussant au passage. Plissant les yeux, Grimmjow eut le temps de voir la malice dans les ambres. Il jura à nouveau et bondit pour se venger. Sa main n’attrapa que le vide. Se retournant, son regard croisa à nouveau celui rieur de son mari un peu plus loin, taquin.
« Je ne suis plus le seul à ne plus être poisseux…
— Sale gamin ! Hurla Grimmjow.
— Toi tu ne l’es pas ? Se moqua le roux.
— Moins que toi ! »
Ichigo tenta d’échapper une nouvelle fois à la poigne de son mari par des feintes malheureusement dans son corps humain, il n’avait pas beaucoup de chance d’y parvenir. Lorsqu’enfin, Grimmjow serra contre lui le corps frigorifié de sa moitié, il vit le tremblement de la mâchoire du roux. Sans attendre, et s’expulsant des flots salins, l’espada atteignit le rivage. Ichigo le repoussa vivement et s’éloigna de quelques pas.
Grimmjow râla.
« Merde ! On rentre, t’es mort de froid… »
Ichigo glissa un regard vers son mari et lui adressa un sourire séducteur. Son index s’agita dans un mouvement d’invite. Grimmjow haussa les sourcils. Qu’est ce qui traversait l’esprit du roux encore ?
« Viens me chercher…
— J’fais qu’ça ! » Se plaignit l’espada grognon.
Toutefois, il se dirigea vers sa moitié qui se reculait à mesure qu’il avançait. L’arrancar grommela
« Arrête de toute façon, t’es dans ton corps d’humain… t’as aucune chance de m’échapper.
— Qui dit que je veuille t’échapper ? »
L’espada s’arrêta et examina Ichigo qui souriait toujours de manière équivoque. Ses yeux bleus suivirent la langue qui léchait les gouttes salines suspendu à ses lèvres. Le corps moulé dans des vêtements trempés transpirait la sensualité. Ichigo adolescent était séduisant, mais fait homme il était tout bonnement appétissant. Son désir grimpa à nouveau et son mari ne l’aidait pas à rester calme. Ses doigts parcouraient sa chemise noyée.
L’homme repoussa les pans pour laisser voir à la lumière de la lune ses tétons tendus par le froid, et certainement un désir qui revenait galopant. Le regard d’Ichigo ne le trompait pas. Le roux sentait son cœur pulser un peu plus vite sous l’émotion. Il allumait intentionnellement sa moitié. La seule chose qui le rendait heureux comme à présent, c’était la présence de Grimmjow autour de lui tel un satellite.
Son obsession, son amour, le seul homme pour lequel il avait tout abandonné. Encore une fois, sa raison fut envoyée au loin dans le fin fond de son cerveau. La tendresse remplaça le désir, se laissant attraper par l’espada, il enroula ses bras autour de son cou et chuchota contre ses lèvres.
« Grimmjow… promet-moi que cette fois-ci tu resteras toujours avec moi. Tu ne m’abandonneras pas… je ne suis pas sûr de pouvoir supporter une nouvelle séparation. Je ne pourrai pas et ce malgré la présence de Ryusei vivre loin de toi. »
Le regard de l’espada s’arrondi. Ses mains encadrèrent le visage bleuis d’Ichigo. L’amour qu’il lu dans ses yeux si chaleureux l’aspira. Son front se posa contre celui de son mari et il chuchota.
« Ichigo… je n’veux plus t’forcer. Oublie, c’est égoïste. Pour moi, t’es le seul qui compte. On a déjà Ryusei.
— Ce n’est pas un sacrifice, si tu restes toujours avec moi Grim’. »
Un silence lourd d’une promesse suivi. Grimmjow se laissa aller contre Ichigo, le serrant contre lui avec tendresse. Ses mains s’accrochèrent à sa chemise détrempée. L’émotion lui nouait la gorge. Jamais, il n’aurait pensé que se serait lui qui pousserait Ichigo à faire marche arrière. Pourtant, au fond de lui, il était heureux. Tout simplement heureux. Quant à rester auprès d’Ichigo et le protéger, lors de cette grossesse rien n’y personne ne pourrait le condamner comme avant.
« Pour l’éternité Ichi… je resterai toujours comme ton ombre. Maintenant on rentre où tu vas attraper froid. »
Ichigo ne précisa pas qu’il était déjà trop tard. Les frissons qui le secouaient, n’avaient plus rien de ceux de la passion, mais celui d’un froid incrusté jusque dans ses os.
°°0o0°°
Un silence de mort planait sur la maisonnée. Ryusei rentrait enfin du lycée et ses nerfs ressemblaient à de la pelote. Uesegi la collait et son sourire sardonique l’énervait prodigieusement. Elle avait beau lui lancer des regards courroucés, rien n’y faisait. Ce type la suivait telle une ombre. C’était bien sa chance. Le calme sépulcrale qui régnait maintenant chez elle, la fit flipper. Le cœur battant, elle traversa le couloir. Pourquoi n’entendait-elle pas les hurlements ou les chamailleries des vizards ou de son père ?
Son grand-père aussi se faisait discret, c’était une première. Lorsqu’elle franchit le seuil de la salle, elle se figea. Tous étaient assis en rang d’oignons à se ronger les ongles pour certains, ou en freignant l’indifférence pour d’autres.
« Qu’est ce qui se passe ? Y’a un mort ? » Demanda l’adolescente incrédule et perplexe.
— Surveille ton langage Ryusei ! Lança Shinji. Ta mère est malade.
— Qu’est ce qu’il a ? Demanda la jeune fille en s’avançant étonnée au milieu de ses oncles et tantes.
— Il a choppé la crève en allant se baigner dans l’océan au milieu de la nuit. » Rétorqua Isshin.
— Et papa, il est où ?
— Avec ton grand-père, Kisuke et Hiyori.
— Dans leur chambre ?
— Oui, et nous n’avons pas le droit d’y rentrer. » Signala Rose alors que Ryusei faisait mine de vouloir se diriger vers la partie réserver au couple.
Ryusei tourna son visage inquiet vers la porte où derrière, ses parents se trouvaient. Elle posa son sac à ses pieds, et s’assit à côté de Shinji qui lui entoura ses épaules avec tendresse.
« T’inquiète pas Ryusei, ta mère est plutôt fort ! »
°°0o0°°
La fièvre ne tombait pas. Le visage en sueur d’Ichigo, son œil particulièrement brillant inquiétait Kisuke et Hiyori. Isshin piqua le bras de son fils, sous le regard d’Hanataru.
« Maintenant, il faut attendre que cela fasse effet. Ce n’est rien de grave un simple coup de froid.
— Franchement quelle idée d’aller se baigner à une heure pareille dans un océan glacé ! Marmonna Hiyori.
— Je ne vois pas où réside le problème… » Chuchota d’une voix rauque le visard en claquant des dents.
— C’est de ma faute. Répondit Grimmjow mal à l’aise. Je l’ai jeté à l’eau.
— Mais ta quoi dans la tête Grimmjow ? Du fromage blanc ? Tu sais, on développe aussi les neurones et pas uniquement du muscle… sombre crétin ! »
Hiyori se retenait de lui balancer sa Tongue à la figure de peur qu’il ne la tue au passage. Elle savait qu’avec Shinji, elle ne courrait aucun risque mais l’arrancar c’était un autre problème. Et son air soucieux n’était pas ordinaire. La moindre des choses était d’éviter d’aller le chatouiller.
« Kisuke… » Souffla Ichigo.
L’ancien capitaine reporta son attention vers le malade et l’interrogea du regard.
« Je… je profite que toi et Hiyori soyez là. Toi aussi papa… J’ai pris ma décision… si tu es d’accord, je voudrais tomber à nouveau enceint. »
Urahara haussa les sourcils et tapota la main brûlante d’Ichigo d’un mouvement apaisant. Hanataru, Isshin et Hiyori fixaient stupéfait l’homme allongé, pour reporter ensuite leur attention sur Grimmjow qui ne serait pas très loquace sur le sujet apparemment.
« Ecoute Ichigo, nous en reparlerons plus tard. Pour l’instant, je te demanderai de te reposer. Nous verrons le reste plus tard.
— Je vais à nouveau être grand-père. » Sourit Isshin même si la nouvelle le tracassait un peu.
Puis se reprenant, il observa son fils qui tournait de l’œil.
« Je pense que nous devrions tous sortir et laisser Ichigo dormir. Levant son regard vers Grimmjow, il ajouta. Tu peux rester et surveiller sa fièvre.
— Je ne serai pas loin non plus… n’hésite pas à m’appeler. » Signala Hanataru décidé aussi à faire valoir son expérience acquise auprès d’Isshin.
Grimmjow hocha la tête. Il attendit calmement que tous quittent la pièce, pour retourner toute son attention sur son mari. Voyant Ichigo s’agiter, sa main caressa sa joue.
« Reste calme. Si j’avais su… je suis désolé Ichi.
— Ça n’te ressemble pas. » Sourit son compagnon le visage crispé.
L’espada attrapa un linge qu’il trempa et recouvrit le front du visard. Il regrettait sincèrement son geste, et ce n’était pas faute de ne pas savoir son mari humain.
°°0o0°°
Isshin, Kisuke et Hiyori regagnèrent le salon en silence, tous se levèrent, sauf Lisa qui affectait l’indifférence extérieure. Ryusei se dirigea vers son grand-père.
« Il va mieux ?
— Ne t’inquiète pas pour lui. C’est juste un peu de fièvre, d’ici demain tout devrait être rentré dans l’ordre. Il parlera un peu du nez pendant quelques temps.
— Tu peux féliciter ton crétin de père… marmonna Hiyori.
— Tu en as toujours après papa ! S’énerva l’adolescente en colère.
— C’est lui qui l’a balancé à la flotte, j’t’signale. Enfin, j’veux bien lui pardonner. Sourit Hiyori montrant un peu plus la pointe de sa canine. »
Ryusei examina le trio et s’aperçu du petit sourire satisfait qu’ils affichaient. Shinji se plaça à ses côtés en fronçant les sourcils
« On peu savoir pourquoi vous avez cette expression niaise sur votre figure ?
— Ichigo veut bien retenter l’expérience ! Déclara Isshin un sourire un peu plus grand.
— Nous allons être parents à nouveau ? Questionna Shinji surpris.
— Pas toi ! Ni nous d’ailleurs… déclara Lisa en voyant de la surprise et de l’excitation sur certains visages.
— C’est Grimmjow qui a convaincu Ichigo, et cet imbécile pour fêter ça a dû le jeter à l’eau. Marmonna Hiyori exaspérée par le côté gamin des deux hommes.
— Pas un pour rattraper l’autre. Marmonna Love avant de se replonger dans son Jump.
— Dit Ryusei… tu es contente d’avoir un petit frère ou une petite sœur ? »
Seul le silence répondit. Tous les vizards et shinigami regardèrent autour d’eux, mais l’adolescente avait disparu. Une grimace se forma sur tous les visages. Apparemment, la réponse était non.
« Oh… elle s’y fera. » Rit Isshin pour se convaincre.
°°0o0°°
La colère ne quittait pas Ryusei. Ses parents avaient décidé d’avoir un deuxième enfant sans lui en parler ! Pour elle, comme sa mère était un homme, et qu’Ichigo et Grimmjow l’avaient déjà elle, jamais l’adolescente n’aurait pensé qu’un jour, on lui annoncerait une telle nouvelle. Lorsque la veille, le sujet avait été évoqué, le départ de sa mère et l’air de son père, pour Ryusei cette affaire était régler. Jamais un deuxième enfant ne viendrait agrandir la famille Kurosaki-Jaggerjack !
Comment avait fait son père pour convaincre Ichigo ? Et aussi rapidement ? L’hypnose ? Le chantage ? Enfin quel que soit le moyen, il pouvait en être fier parce qu’elle n’avait jamais fait ployer sa mère et aussi rapidement. Non, non, et non ! Il était hors de question que ce projet aboutisse. Ichigo irait mieux d’ici deux à trois jours, elle irait lui parler calmement en lui détaillant tous les désagréments d’une telle mutation.
L’adolescente se persuada qu’elle avait autant de pouvoir sur Ichigo que son père. Ses pas l’entrainèrent sur la route principale qui longeait les rivages de la côte Sud du Japon. Où pourrait-elle aller ? Un claquement de doigt indiqua qu’une idée venait de germer. La jeune fille se mit à courir à travers la forêt et grimpa la colline toute proche. Le point de vue était magnifique. Le lieu serait paisible, et elle affuterait ses arguments pour dissuader sa mère.
Ryusei maudit son corps d’humaine qui l’empêchait de grimper rapidement le flanc escarpé. Si elle était une âme simple, en quelques secondes elle y serait parvenu. L’adolescente inattentive perdit l’équilibre sur de gros cailloux non fixé au chemin. La chute fut accompagnée d’un juron bien sentit.
« Aie… aie… aie… aie… »
Lentement, la jeune fille roula sur le côté et observa d’abord ses paumes écorchées, puis elle souleva sa jupe et remarqua par la même occasion que son uniforme était arraché, et son genou saignait abondement.
Son regard balaya les environs, et s’aperçu qu’elle était à mi-parcours entre le haut de la colline et la route. Pour rentrer jusque chez elle, ça allait être galère surtout qu’elle n’avait rien pour arrêter le saignement abondant. Enfin, déjà fallait-il qu’elle retire le caillou tranchant fiché dans la plaie. Elle détestait ça ! C’était sûr, l’évanouissement n’allait pas tarder.
Elle jura entre ses dents. Son attention fut captée par un autre bruit. Comme si quelque chose… enfin, un animal ou un être humain s’approchait. Ryusei fronça les sourcils et tout en repoussant ses cheveux d’un geste lent, son oreille se fit attentive. Ce qui la surpris c’est que l’humain, elle en était sûre à présent, ne dégageait pas de reiatsu. Normalement, tout le monde en dégageait ne serait-ce qu’un peu.
Un crissement de pneu et une vague de poussière l’atteignit. Ryusei toussa et protégea son visage des petits cailloux qui volaient autour d’elle. Une voix moqueuse l’interpella.
« Eh Kurosaki ! Qu’est ce que tu fais ici toute seule ? »
Ryusei toussa pour dégager sa gorge remplie de poussière et jeta un regard méprisant vers Uesegi Isei.
« J’peux savoir ce que tu fais ici ? Répondit la jeune fille énervée.
— J’m’entraine… eh, mais t’es blessée ! S’exclama l’adolescent en descendant de son VTT. Laisse-moi voir. »
Ryusei rougit légèrement lorsqu’Isei se pencha sur son genou et grimaça de douleur en faisant un mouvement trop brusque.
« Eh du calme ! Je ne vais pas te faire de mal. Attends ! J’ai une trousse de premier secours.
— Tu te balades avec ça ? S’étonna l’adolescente alors qu’elle regardait le jeune homme faire tomber son sac à dos de ses épaules.
Un magnifique sourire lui répondit.
« J’m’entraîne tout seul ici où un peu plus loin sur la côte, alors il faut que j’ai au moins un minimum de matériel au cas où ! C’est une chance que je me trouvais dans les parages. Souriait toujours Isei en déposant la sacoche à côté d’elle.
Le jeune homme se pencha sur la blessure et siffla entre ses dents.
« Tu cherchais quoi pour te blesser comme ça ?
— Pas à gagner un concours en tout cas.
— Et qu’est ce que tu fais ici toute seule ?
— Cela ne te regarde pas ! Répondit sèchement la jeune fille.
— T’es vachement méfiante… Souriait toujours Uesegi.
— Et toi trop curieux. »
Seul un rire bas répondit. Isei balança délicatement le genou entre ses mains pour voir l’ampleur des dégâts. Il ouvrit la trousse, et sentit les longs cheveux bleus de Ryusei le caresser. Il sentit sa gorge se nouer, mais envoya son trouble valsé loin dans sa tête. Cette fille, c’était l’ennemi et il ne devait pas l’oublier. En attendant, son crédo était de gagner sa confiance. Il retira une pince à épiler de sa trousse et entreprit de retirer tous les débris fichés dans la chair.
Un à un, et avec patience alors qu’il allait craquer… Kurosaki était trop près. Penchée en avant pour voir ce qu’il faisait, son odeur sucrée l’enveloppait. À la Soul Society jamais il n’avait été en pareille posture. Son regard déchiffrait rapidement le mode d’emploi et l’usage des produits humains, et après avoir effectué un bandage tout à fait honorable pour une première fois, il se redressa soulagé.
« C’est fini Kurosaki ! Mais fait gaffe… Pourquoi tu traînes ici ?
— Je voulais arriver au sommet et… contempler le panorama. » Rougissait à nouveau son interlocutrice.
Isei était surpris. Jamais il n’aurait cru que cette fille puisse être émotive. Le souvenir des paroles du Soutaicho, Soi Fong et Kurotsushi le hantait très souvent lorsqu’il posait son regard sur elle. S’il n’avait pas appris qu’il s’agissait d’une expérience… le jeune homme l’aurait presque prit pour une humaine comme les autres. Presque… à cause de son reiatsu. Même si elle le maîtrisait, lorsqu’on se trouvait près d’elle comme en ce moment, il était difficile d’ignorer l’énergie que Ryusei dégageait.
« Qui a-t-il là-haut qui vaille tant la peine que tu manque de te tuer ?
— Tss… t’es un mec tu peux pas comprendre. En plus… hésita Ryusei, j’avais besoin de réfléchir.
— Oh… quelque chose de grave ?
— Ça dépend de quel point de vue on se place. Répondit l’adolescente avec un pli amer au coin de la bouche. Aide-moi à me relever, s’il te plaît.
Isei tendit sa main, et captura celle de la jeune fille. Une fois debout, sa main épousseta sa jupe.
« Tu vas monter à l’arrière de m…
— Je veux grimper jusqu’en haut.
— T’es folle ! T’as vu tes blessures ?
— Et alors ? C’est moi qui souffre, pas toi ! »
Uesegi ramassa son VTT et se plaça à côté de Kurosaki. Voyant son air perplexe, il déclara
« Je vais t’accompagner, et après, je te descendrai sur la route… je t’accompagnerai jusque chez toi.
— Inutile ! Mais je ne dis pas non jusqu’à la route… »
Isei lui sourit, faisant battre un peu plus son cœur. Lentement, ils grimpèrent jusqu’en haut de la colline. Le trajet se fit en silence. Le shinigami surveillait l’humaine, hybride qui haletait de douleur. Se pouvait-il qu’elle soit comme lui ? Sur les derniers mètres, Ryusei s’affalait sur le dos du jeune homme qui laissa faire. Elle ne jouait pas la comédie. Lorsque la pression sur ses épaules se fit moins forte, une exclamation de joie se fit entendre.
« Que c’est beau ! »
Surpris Isei leva les yeux et s’aperçu du coucher de soleil. L’embrasement des cieux était de toute beauté. Son regard examina la jeune fille qui s’avançait en claudiquant.
« C’est pour ça que tu voulais venir ici ?
— J’oublie tout ici…
— T’as des problèmes ?
— Pas vraiment… Enfin si… Dit Uesegi… Si tes parents prenaient une décision qui ne te convenait pas que ferais-tu ? »
Isei cligna des yeux. C’était une question piège ? Apparemment non, ses yeux le regardaient avec espoir et sérieux. Il toussota et répondit en s’imaginant des parents.
« J’essaierai d’en discuter… j’exposerai ce qui me tracasse. Trouver une solution à l’amiable.
— C’est ce que je me disais…
— Quel est le problème… peut-être pourrais-je t’aider à trouver des arguments. »
Ryusei réfléchi à la proposition d’Uesegi. C’est vrai que deux cerveaux valent mieux qu’un. Et comme il n’était pas rattaché à sa famille… et peut-être qu’il était fils unique, comme elle… Après sa courte réflexion, elle déclara sérieusement
« Que dirais-tu à tes parents, s’il voulait un autre enfant, et que toi, tu n’en avais aucune envie ? »
La stupéfaction faillit trahir Uesegi qui se reprit rapidement. Son cœur battait la chamade à présent. C’était impossible… Cela ne se pouvait pas…