Chassé x Croisé (Renji x Ichigo) - (Byakuya x Grimmjow)

Auteur : Jijisub

RAting : K+

Disclamer : Bleach… C’est à Tite Kubo

Date de création : 17 août 2009

Synopsis :

Ichigo vit avec Renji qu’il soupçonne d’avoir une relation avec Byakuya son collègue de boulot. Grimmjow le compagnon de ce dernier n’a pas spécialement l’air d’être heureux de la situation. Et quand la vérité éclate…


 

 

- Arrête de faire la gueule Ichi… c’est juste une soirée…

- Encore une soirée tu veux dire ! À croire que tu ne peux plus te passer de la présence de Kuchiki. Tu le vois toute la journée et en plus tu me traînes dans ces stupides soirées d’entreprise ! Comment veux-tu que je le prenne ? Est-ce que je t’emmène tous les quatre jours à mes soirées ? Non… En plus… en plus, il va y avoir Jaggerjack…

- À croire que c’est lui qui t’ennuie le plus finalement.

- Ne raconte pas n’importe quoi !

 

Ichigo avait craché sa phrase avec l’expression d’un chat sur qui on venait de balancer un seau d’eau. Autrement dit, toutes griffes dehors ! Renji observa son petit ami. Il le trouvait très agité ces derniers temps… et vraiment soupçonneux, quoiqu’avec raison là-dessus. Dès que Renji pensait à Byakuya son cœur s’emballait et il était incapable de lui refuser quoi que ce soit. L’homme était… il était… tellement lui ! Noble, distant mais au combien désirable… une beauté froide et inaccessible qui ne cessait de titiller son désir et alimentait ses fantasmes.

 

Il croisa le regard d’Ichigo qui le fixait maintenant intensément, l’ambre de ses yeux semblaient être devenue phosphorescente. La jalousie d’Ichigo… un problème épineux. Renji aimait le roux et ils avaient entre une relation passionnée qui n’avait jamais dépéri depuis qu’ils s’étaient rencontrés au lycée. Pourtant… il se rendait compte que cela ne lui suffisait plus. Il voulait autre chose. Il en avait assez de devoir se battre constamment contre cette tête brûlée, même s’il l’aimait comme au début. Et… il avait envie de… Byakuya.

 

- Quoi ? Demanda Renji, fatigué.

- Quoi… quoi ? Tu penses encore à lui n’est ce pas ?

- Arrête avec tes accusations stupides !

 

Renji se fâcha mais n’osa pas regarder le roux droit dans les yeux. Ichigo ricana et se détourna de son amant pour se tourner vers la penderie ornée d’un immense miroir. Le jeune homme tira sur les poignets de sa chemise blanche pour faire ressortir ses boutons de manchette. Ses prunelles fixaient la stature de Renji derrière lui.

 

Ichigo avait toujours le souffle coupé lorsqu’il voyait son homme habillé en costume… et celui qu’il avait revêtu ce soir là, lui donnait une allure folle. Renji était incroyablement sexy et sensuel. Ichigo avait beau tourner la situation dans tous les sens, il aimait désespérément Renji et si ce dernier le quittait comme il le présentait, il deviendrait fou.

 

Chaque jour, le roux voyait son amant s’éloigner… se détourner et il avait beau tempêter, essayer d’attirer son attention par tous les moyens, Renji posait maintenant sur lui un regard blasé. Ses yeux ne s’allumaient plus que lorsqu’il voyait la silhouette de ce putain de glaçon d’une beauté à couper le souffle, fallait bien le reconnaître. Mais, Renji était son Renji ! Et à l’idée de devoir supporter encore une fois Kuchiki en plus de son compagnon, Grimmjow-Jaggerjack-le-fléau, qui lui mettait systématiquement les nerfs en pelote…

 

Renji toussa pour attirer l’attention d’Ichigo qui sursauta :

 

- Toi aussi, tu es souvent dans tes pensées dernièrement…

- Je me demandais si je devais encore continuer à me battre pour toi Renji, où si je devais rester pour contempler l’étoilement de notre relation…

- Tss ! Ne raconte pas n’imp…

- Arrête de me mentir… de te mentir… de nous mentir ! Ça fait mal, tu sais… Allons-y, puisque tu es si impatient de Le revoir…

 

Ichigo poussa un soupir las. Renji, lui, était raide devant la porte de la chambre et finalement il sortit sans rien dire, le roux sur les talons. Où était leurs crises de fou rire ? Leur complicité ? Leurs projets ? Rien… plus rien n’existait et Ichigo avait l’impression que son cœur se mettait à saigner. Comment faire machine arrière et retrouver le bonheur qu’il avait connu dans les bras de Renji ?

 

Un silence de plomb les accompagna dans la voiture durant tout le trajet. Ichigo contemplait l’extérieur à travers les vitres teintées mais sans vraiment le voir. Il se promit que c’était la dernière fois qu’ils se rendraient à ces soirées de galas. Il n’en pouvait plus d’être traîné comme un boulet alors qu’il voulait vivre autre chose. Mais la promotion de Renji au sein de son entreprise l’avait propulsé comme Directeur Commercial et ne laissait pas beaucoup de chance à leur couple d’avoir des moments d’intimité privilégiés.

 

 

°°0°0°°

 

 

La soirée battait son plein et comme prévu par Ichigo, Renji disparut dès qu’il aperçut Kuchiki en l’oubliant derrière lui. Ichigo fulminait. Une veine battait au coin de son front, et il serrait tellement fort la mâchoire qu’il avait l’impression que ses dents grinçaient sous la pression. On vint lui tendre une flûte à champagne qu’il prit sans vraiment y prêter attention, le regard planté dans le dos de son amant qui semblait plus épanoui que jamais auprès du Directeur-Financier-Roi-des-Glaçons. Toutefois, son regard fut capté par celui, bleu électrique, de Jaggerjack qui fixait le couple avec la même expression que lui. Ce dernier lui fit un geste de la tête comme s’il lui intimait l’ordre de récupérer Renji. Ichigo leva les yeux au ciel. C’était chaque fois pareil. Il en avait marre de ce type autoritaire qui se croyait tout permis avec lui !

 

Furieux, Ichigo se détourna et but son verre d’une traite. Puis il le posa plus ou moins délicatement sur le plateau qu’on lui plaça sous le nez, avant d’en attraper un autre pour l’engloutir de la même façon, sans même broncher. Le jeune homme s’était engagé sur une pente que personne ne voudrait remonter à vélo, tellement il descendait les verres plus vite que son ombre.

 

Alcoolique, voilà ce qu’il allait devenir avec toute cette situation ! Il détesta Renji pour ce qu’il lui faisait subir, et se méprisa plus encore pour sa propre faiblesse. Il avait besoin d’air. Avant de quitter définitivement la pièce brillamment éclairée, il attrapa un nouveau verre et se rendit sur la terrasse. La soirée d’été offrit une douce sensation de chaleur sur sa peau. Il se dirigea vers la balustrade pour observer le jardin japonais qui s’étendait sous le balcon.

 

- Eh bien… Tu améliores ton score à chaque soirée…

- Ta gueule !

- Au lieu de t’enfiler toute la cave à champagne de la demeure, tu devrais remettre le grappin sur ta moitié, elle accapare la mienne…

 

Ichigo se tourna vers Grimmjow en fronçant les sourcils. Il tirait une bouffée sur sa cigarette, l’air également furieux et lasse de cette situation où personne n’était dupe du manège de l’autre mais où chacun restait sur ses positions, ses mensonges. Le roux posa ses lèvres sur la surface lisse et fraîche de son verre pour le faire remonter vers son front.

 

- La ferme… laisse-moi fêter mon anniversaire en paix, tu veux bien…

 

Grimmjow haussa un sourcil surpris.

 

- C’est ton anniversaire ?

 

Ichigo fouilla dans sa poche intérieure et en tira son porte-feuille pour le balançer à la figure de l’autre avec un air indifférent.

 

- C’est c’quié marqué d’ssus…

 

Grimmjow avait esquivé l’objet qu’Ichigo avait lancé avec force malgré son état. Il se pencha et récupéra les papiers dispersés que le roux ne semblait avoir déjà oublier, trop occupé à jeter un sort à son verre de champagne. D’ailleurs le jeune homme demanda :

 

- Tu crois qu’si j’jetais le verre par dessus mon épaule et que j’faisais un vœux il s’exaucerait ?

- Arrête de raconter des conneries, Kurosaki ! Et va récupérer ta moitié ! Fête ton anniversaire avec lui au lieu d’être ici… Putain ! Qu’est ce qui t’arrive ?

 

Ichigo qui avait descendu pas mal de verres, se sentit soudainement mal et tellement triste de noyer son chagrin en vain qu’il finit accroupi, les larmes aux yeux. Une main cachait son visage tourmenté mes ses larmes commençaient à dévaler ses joues, coulant entre ses doigts fins.

 

- Il… il a oublié que j’avais vingt-six ans aujourd’hui… Il… il a oublié qu’aujourd’hui cela faisait dix ans qu’on sortait ensemble… Alors, tu penses qu’il voudrait fêter quoique ce soit avec moi, Jaggerjack ? Laisse-moi rire… on s’est engueulé toute la soirée…

 

Grimmjow observa quelques secondes la silhouette recroquevillée sans rien dire en songeant que ce type imprévisible devait vraiment beaucoup tenir au connard qui se pavanait avec sa moitié. Et ça, ça lui foutait les nerfs en boule. Il soupira, exaspéré, s’agenouilla à côté du roux et lui tapota doucement le haut du crâne avec son portefeuille en marmonnant :

 

- Tiens… reprends au moins ton bien. Ça te dirait, au lieu de pleurer comme une gonzesse, de venir avec moi boire un verre ? S’ils s’amusent ensemble… on pourrait au moins en faire autant ! Allez Kurosaki… debout ! et comporte toi en homme !

 

Ichigo releva la tête et croisa les yeux bleus où aucune pitié ou même, compassion, ne flottait.

 

- Va t’faire voir, j’rentre !

- T’es chiant comme type…

- J’ch’suis pas sensé t’plaire…

 

Ichigo se tenait debout mais vacillant, voir chancelant dangereusement. Il essaya de lire sa montre mais son cadran refusait de lui offrir une image claire. Il jura entre ses dents et prit appui contre la balustrade, dans son dos. Grimmjow scruta l’homme ivre devant lui. Il s’inquiétait quand même de son sort, car sensible comme il semblait l’être, cet imbécile pouvait faire n’importe quoi, comme mourir par inadvertance…

 

Il maudit Byakuya pour sa désinvolture. Lui aussi avait eu une scène avant de venir à cette soirée qu’il aurait préféré passer en amoureux. Mais, il était clair pour lui ce soir, que le brun n’était plus amoureux de lui, tout comme l’amant d’Ichigo… quoique… Abaraï avait la décence parfois de s’inquiéter pour Kurosaki. Mais pas ce soir apparemment… Ichigo discutait avec son portable :

 

- Ok… j’vous attends devant la porte principale… dans dix minutes !

- Tu fais quoi là ?

- J’m’barre !

- Pour aller où ?

- T’es pas ma mère…

- Kami-sama… préservez-moi ! Imbécile… t’as pas l’intention d’aller te noyer en sautant d’un pont ?

- T’m’prends pour qui ? ‘Tain… arrête de bouger.

- C’est toi qui vacille crétin. J’bouge pas !

- Dis qu’j’suis ivre ?

 

Ichigo devenait agressif et Grimmjow se demanda ce qu’il devait faire… Il attrapa soudain le jeune homme devant lui et jura entre ses dents contre les jeunes imbéciles. Il enroula un bras autour de la taille du roux qui prit appui contre lui. L’étudiant qu’il tenait contre son flanc devait faire à près la même taille que Byakuya, ce qui se révéla pratique. Ils avancèrent jusqu’à la salle de réception et Grimmjow attira l’attention du roux :

 

- Oï Kurosaki ! Essaye de te tenir durant la traversée de cette putain de pièce. Soit ivre mais digne !

- Raconte pas d’connerie…

- C’est bon, t’es pas dans les vaps…

 

Grimmjow se fraya un chemin dans la foule compacte et réussit à sortir sans trop attirer l’attention. Quand ils débouchèrent dans le hall du manoir une voix l’immobilisa :

 

- Après m’avoir fait tous ces reproches Grimmjow, tu t’enfuis avec Kurosaki ! Tu viendras…

- Ta gueule Bya !

 

Le bleuté jeta un regard glacé vers son amant et la haine qu’il laissa filtrer fit déglutir le brun.

 

- Kurosaki est malade de votre cirque à toi et à Abaraï, ajouta t-il en voyant débarquer Renji. À force de le prendre pour un con, il se noie dans l’alcool…

- Il n’a pas besoin de moi pour se…

- Abaraï-san… ce n’était pas l’anniversaire de Kurosaki aujourd’hui ? Ce n’était pas non plus l’anniversaire, le dixième, je crois… de votre relation ?

 

Renji pâlit brusquement avant de rougir violemment. Il avait carrément oublié ces événements ! Byakuya observa l’homme tatoué aux cheveux rouges qu’il avait appris à aimer. Le malaise qui se faisait sentir dans le couloir était palpable et la voix incertaine du roux se fit entendre.

 

- Lâche-moi Jaggerjack… j’rentre chez moi…

 

Renji dévala les marches et rejoignit Ichigo qui se redressait tout en repoussant maladroitement Grimmjow mais ce drrnier s’assura que le roux sache se tenir seul avant de le libérer.

 

- J’ai… j’ai… balbutia Renji.

- La ferme ! J’rentre et envoies toi en l’air avec l’autre glaçon si ça t’chante ! Rien à foutre…

- Hé! Moi j’en ai à foutre et j’ch’suis pas d’accord ! gronda Grimmjow en saisissant Renji par le bras. Si j’te surprend dans le lit de Byakuya, t’es mort, Abaraï…

 

Ichigo s’était échappé et monta dans le taxi qui stationnait sagement devant la porte d’entrée. Renji fonça récupérer le jeune homme. Le commercial coinça la porte et se pencha pour regarder la forme prostrée d’Ichigo qui ferma les yeux pour ne pas le voir. Son cœur saigna, il savait qu’il était la cause de la déchéance de son amant.

 

- Ichi… rentre avec moi…

- Déga… ge…

- Je vais t…

- Ferme la porte Renji… où j’risque de m’mettre très en colère. Et…comme j’ch’suis bourré, j’suis pas sûr qu’t’en sorte vivant. Alors, lâche cette putain de porte et fais toi défoncer par l’autre. J’m’en fou ! C’est finit ent… entre nous ! Terminé !

- Comment…?

 

Ichigo éclata de rire. Son visage d’ordinaire si aimant quand il posait les yeux sur Renji, n’était plus qu’un masque glacé d’amertume.

 

- T’vas m’faire une scène ? Si t’veux m’faire un cadeau ce soir… rentre pas ! Maintenant dégage…

 

Et Ichigo repoussa violemment Renji d’un mouvement brusque. Surpris, ce dernier faillit tomber en arrière et la porte du taxi se ferma d’un coup sec. Ichigo redonna son adresse au chauffeur qui avait assisté à la scène, impuissant mais touché par la détresse que montrait le jeune homme assis à l’arrière. Le roux se cala contre la vitre, le visage dans une main et laissa les larmes couler. Il avait besoin d’évacuer, d’oublier le pire jour de sa vie… Arrivé à destination, le chauffeur voulut réconforter Ichigo qui le remercia. Le chagrin l’avait complétement dessoulé mais se montra digne dans sa détresse.

 

Ichigo monta les marches et quelques minutes plus tard, attrapa de l’aspirine en entrant dans la cuisine où il se laissa choir sur une chaise avec la sensation d’être vide et plein de sentiments violents à la fois. Après un moment difficile, Ichigo fit sa valise en se promettant de récupérer le reste plus tard. Après tout, c’était l’appartement de Renji. Il allait réintégrer sa piaule d’étudiant. Sans un regard en arrière, le jeune homme quitta la pièce et verrouilla son cœur en même temps qu’il tournait la clef de son ancien domicile.

 

°°0°0°°

 

 

Ichigo intégra une nouvelle fac. Il avait consciemment déménager de son ancienne faculté pour pouvoir échapper à Renji. Ce dernier le pourchassait sans cesse, l’attendant à la sortie de ses cours quand il était en ville, où l’appelant sur son téléphone, trouvant des prétextes bidons pour le revoir. Mais Ichigo avait tourné la page. Si Renji croyait qu’Ichigo allait attendre patiemment qu’il se lasse définitivement de lui pour le quitter, il se fourrait le doigt dans l’œil.

 

Le jeune homme entra dans l’amphithéâtre pour assister à l’un de ses rares cours. Maintenant, il passait beaucoup plus de temps à l’hôpital mais devait quand même assister aux cours magistraux et passer certains examens. Ichigo sentit son portable vibrer après s’être installé à sa table. Surpris, il le sortit et vit le numéro qu’il ne connaissait que trop bien, s’inscrire sur l’écran. Il coupa le téléphone et croisa les yeux bleus de Jaggerjack qui lança mi-figue, mi-raisin à son intention :

 

- Bien, maintenant que nous avons l’attention de Kurosaki… nous pouvons commencer les cours !

 

Ichigo gémit… que foutait ce type ici ? Normalement, il donnait des cours dans une autre fac de médecine à sa connaissance… il… il… Perturbé au départ, Ichigo suivit finalement le cours sans trop de difficulté. Jaggerjack était un médecin légiste réputé, qui prêtait ses talents à la police scientifique. Suivre ses cours était une véritable aubaine et Ichigo se rendit compte qu’il n’usurpait pas sa réputation. Finalement, le jeune homme considéra Jaggerjack comme n’importe quel prof.

 

Les jours se suivaient et se ressemblaient. Entre l’hôpital, la fac, sa piaule, la bibliothèque… plus rien ne sortait de son ordinaire. Renji s’était lassé de l’appeler, avait renoncé à le voir. Non, plus rien n’égayait son quotidien devenu morne. L’été approchait à nouveau… tout comme son anniversaire. A cette idée, le jeune homme se crispa en se souvenant des événements qui s’étaient produit un an plus tôt… enfin pas tout à fait… J-15 avant son anniversaire. A croire que c’était une date maudite !

 

Son humeur s’assombrissait au fur et à mesure que la date fatidique approchait. Et pour comble de malchance, il vit le couple ou plutôt tomba nez à nez avec eux. Ichigo sortait d’un centre commercial avec une pile de bouquin sous le bras et une personne le bouscula en faisant tomber sa pile de livre. Ichigo avait juré entre ses dents et s’était penché pour ramasser ses précieux ouvrages quand la voix qu’il connaissait si bien l’interpella :

 

- Ichigo ?

 

Le jeune homme avait levé la tête et croisé le regard rouge de son ex.

 

- ‘lut !

 

Le roux ramassa rapidement ses tomes et les plaça dans ses bras pour se relever et quitter les lieux rapidement.

 

- Je suis heureux de voir que tu vas bien…

 

Ichigo se figea et tourna légèrement la tête pour voir du coin de l’œil Byakuya Kuchiki qui se tenait à côté de Renji comme un chien marquant son territoire. Le roux repris son chemin sans rien dire pourtant la voix de son ex continua :

 

- J’aurai voulu te parler…

 

Cette fois-ci l’étudiant s’arrêta et fixa l’homme aux cheveux rouges méchament.

 

- Tu n’avais rien à me dire avant… au moment le plus important. Alors maintenant tes explications ou tes remords… je m’en tape ! Sur ce… tous mes vœux de bonheur.

 

Ichigo quitta les lieux sans un dernier regard. Les voir ensemble avait été la chose la plus difficile qu’il ait eu à affronter. Ses yeux se voilèrent d’un nuage de mélancolie et les jours qui suivirent furent difficile.

 

°°0°0°°

 

 

Ichigo avait finit son tour de service et comme tous les salariés de l’hôpital, il avait échoué au troquet du coin, pour se remettre de sa rencontre d’il y a quelques jours plus tôt et pour fêter son anniversaire, seul. Il se commanda une bière… bientôt suivie d’une autre et une voix moqueuse demanda :

 

- Tu as l’intention de récidiver comme l’année dernière ?

 

Surpris, Ichigo leva les yeux vers Jaggerjack.

 

- Non… pas vraiment… mais, enfin bref, j’ai pas à me justifier !

- Exact ! Heureux de voir que tu n’as pas l’intention de rouler sous la table…

- Je n’ai pas roulé sous la table y’a un an…

- Presque…

 

Ichigo se cala contre le dossier de sa chaise au velours rapé et avala une nouvelle gorgée de sa pinte.

 

- Je peux m’asseoir ?

 

Le roux haussa les épaules et marmonna :

 

- Si t’as pas mieux à faire…

- Tu as remarqué que tu ne me vouvoyais pas lorsque tu n’es plus à la fac ou à l’hôpital…

 

Ichigo observa quelques instants son prof et ce dernier tira son paquet de cigarette pour s’en allumer une. Le roux grogna :

 

- Tu vas finir par te tuer avec ça…

- La ferme gamin… toi, tu utilises l’alcool…

- Gamin ? Fit Ichigo incrédule… j’ai 2…

- 27 ans aujourd’hui ! Joyeux anniversaire…

 

L’étudiant observa le médecin avec stupéfaction.

 

- Tu t’en souviens ?

- Ce fut une soirée mémorable… Dommage que t’ais pas vu la gueule de ton ex à ce moment là, la tête de Byakuya aussi était pas mal… voir son nouvel amant courir après son ex… Ça lui a fait tout drôle. Et puis… la discussion que j’ai eu avec ce bâtard infâme… C’est clair que je ne suis pas prêt d’oublier la date de ton anniversaire Kurosaki !

 

L’inflexion moqueuse agaça le jeune homme et il descendit sa bière d’une traite.

 

- Tu tiens plutôt bien l’alcool…

- Je ne bois pas ! Juste ce soir…

 

Le ton du légiste se fit rêveur.

 

- Pourquoi tu ne sors pas avec quelqu’un d’autre… tu dois avoir de la demande. T’es loin d’être moche…

 

Ichigo haussa les épaules et marmonna :

 

- Oh… j’ai eu quelques propositions… Je peux pas le nier…

- Mais ?

- Mais quoi ?

- Pourquoi toujours seul ?

- Pourquoi… t’es plutôt mal placer pour m’en parler…

- Qui te dis que je suis seul…

- Parce ce que tu serais pas ici à me parler crétin !

 

Jaggerjack éclata de rire et se tourna pour faire signe au serveur de venir. Il se commanda un whisky et demanda au plus jeune :

 

- Tu veux une autre bière ou…

- Un whisky pour moi aussi…

 

Bientôt les deux hommes firent un concours et Ichigo perdit peu à peu le compte et même le fil de la soirée. Il se rendit vaguement compte, à un moment, de s’être appuyé contre un dos musclé qu’il croyait appartenir à Renji, puis plus rien.

 

°°0°0°°

 

 

Le lendemain, la lumière crue du début de matinée aveugla le jeune homme. Il gémit parce qu’il avait l’impression qu’une pulsation violente s’était greffée à son cerveau malade. Lorsqu’il se retourna, Ichigo rencontra le regard bleu de Grimmjow. La mine surprise arracha un sourire moqueur au plus vieux.

 

- Je vois que tu ne te souviens de rien…

- De quoi dois-je me souvenir ?

 

La voix de l’étudiant était faible mais son corps nu sous la couverture et une autre sensation inconfortable en bas de son anatomie, lui firent comprendre rapidement jusqu’ou il était allé la nuit dernière. Un soupir répondit pour toute explication. Grimmjow se redressa et se gratta la tête en marmonnant :

 

- Je vais partir… Je vois que je n’ai rien à faire ici…

 

Grimmjow quitta le lit. Il arborait la même tenue d’Adam qu’Ichigo. Il s’habilla rapidement et le roux finit par sortir de son état léthargique :

 

- Attends ! Qu… qu’est ce qui s’est passé entre nous ?

 

Le bleuté continua d’attacher ses boutons de chemise et jeta un regard absent au jeune homme.

 

- Je crois que nous avons consommé un peu trop d’alcool toi et moi…

- Mais… comment j’en… nous en sommes arrivé là ?

- Ecoute, je t’ai raccompagné et tout ce que tu voulais, c’était fêter ton anniversaire. Vu la manière entreprenante dont tu as pris les choses en mains et ton obstination… je ne suis qu’un homme aussi et sous l’emprise de l’alcool mais moins que toi tout de même, j’ai cédé.

- Menteur !

 

Grimmjow haussa les épaules, et enfila sa veste.

 

- Crois ce que tu veux Ichigo… Je m’en moque. De toute façon, que tu le regrettes ou pas… ça s’est produit.

 

Ichigo observa longuement son professeur et sa gorge se noua. Le regard indifférent et sa mine impassible n’aidèrent pas beaucoup le jeune homme. Il n’avait jamais cédé à une pulsion d’une soirée… c’était sa première fois. Et… son premier amant en dehors de Renji. Incapable de dire quoique se soit, il laissa partir Jaggerjack qui n’ajouta rien. Ichigo jeta un regard circulaire au lieu mais aucune indication dans sa chambre ne lui remémora ce qui s’était produit la veille.

 

Le jeune homme resta un long moment allongé dans son lit à observer le plafond comme si ce dernier allait lui projeter le film de sa nuit. Pourtant, ce dernier resta désespéramment blanc. Abandonnant ces sombres pensées, Ichigo se leva, passa sous la douche et s’habilla. Tous ses gestes étaient automatiques et son esprit était totalement tourné vers Jaggerjack. Il n’avait pas parlé ou très peu… n’avait même pas essayé de s’expliquer. Ichigo était sûr qu’il avait vu une certaine blessure dans son regard. Il avait dû rêver…

 

Le reste de sa journée fut occupée par la préparation de son prochain examen. Le soir, il se dirigea vers l’hôpital où il assura les urgences. Ichigo ingurgita des litres de café pour tenir. Son organisme, mit à rude épreuves les semaines précédentes, commençaient à montrer des signes de fatigue. Le jeune homme se promit de récupérer et de s’accorder du repos. Il n’avait aucune envie de créer des incidents qui mettent en danger ses patients.

 

Au petit matin, Ichigo sortit du centre hospitalier sous une pluie fine et un ciel sale. La nuit laissait des traces d’encre, comme des tâches projetés sur une toile grisâtre. Dans le hall, l’étudiant croisa Jaggerjack qui lui adressa à peine un regard, ce qui blessa le jeune homme. Pourquoi cette froideur alors qu’ils avaient partagé une nuit ? Avait-il dit ou fait quelque chose qui avait blessé l’homme aux cheveux bleus ? Ichigo le regarda s’éloigner et l’angoisse étreignit son cœur. Il sentit le brusque besoin de sortir pour prendre l’air. Que lui arrivait-il ?

 

Essayant d’oublier cette rencontre, Ichigo se retrouva devant sa chambre, se demandant comment il était parvenu à destination. Son esprit bouleversé n’avait même pas enregistré le trajet. Et dire que le lendemain, il avait cours avec cet homme ! A cette idée, l’étudiant pensa sérieusement à se faire porter malade. Il finit par s’endormir tout habillé sur son lit.

 

°°0°0°°

 

 

Ichigo n’aurait pu aller en cours le lendemain, même s’il l’avait souhaité. Brûlant de fièvre, le jeune homme végéta dans son lit toute la journée. Courbaturé et nauséeux, il fut incapable de manger ou de faire quoique ce soit. Seul son lit trouvait grâce à ses yeux, et il passa la majeure partit de son temps à dormir. Il finit par appeler l’hôpital pour s’excuser auprès de son responsable, lui indiquant qu’il était dans l’impossibilité de se lever. Ce dernier lui ordonna de se reposer et de lui donner de ses nouvelles le lendemain. Epuisé, Ichigo s’écroula sur son lit en bataille.

 

Lorsqu’il se réveilla un peu plus tard, ce fut pour trouver, lui sembla-t-il, un visage familier penché sur lui. Une voix lui parvint de très loin mais l’idée que quelqu’un était là pour veiller sur lui, rassura l’étudiant qui glissa à nouveau dans les bras de Morphée.

 

Ichigo se réveilla affamé. Quand il se leva, il vit que sa chambre était rangée et propre. Dans sa kitchenette il trouva un message anonyme qui lui confirma sa vision d’une personne près de lui durant ses divagations. À la lecture de la missive qui ne possédait aucune marque particulière, le jeune appris que son sauveur – ou sauveuse ? – avait eu l’idée de lui laisser de quoi manger. Ichigo tira du réfrigérateur un plat sous vide qu’il se fit réchauffer. Tremblant encore un peu, il mangea et se sentit beaucoup mieux rapidement. Il échoua sous la douche qui finit de le revigorer.

 

Ayant perdu toute notion du temps, Ichigo alluma la télé et se rendit compte qu’il été resté inconscient durant trois jours. Il finit par appeler l’hôpital pour signaler qu’il se sentait beaucoup mieux. Son responsable se montra ravi et lui donna le nom de son ange gardien. Il s’agissait de Jaggerjack qui avait apparemment demandé de ses nouvelles ne l’ayant pas vu en cours.

 

A cette idée, le jeune homme eut un sourire et une vague de chaleur le gagna. Il irait le remercier en bonne et due forme l’après-midi même, après les cours. Ichigo bondit pour attraper son sac et se précipita à la fac sous un soleil radieux. Il arriva dans les premiers et quelques-uns virent prendre de ses nouvelles. Le sourire lumineux qu’adressa le jeune homme surprit la plupart des élèves qui avaient l’habitude de le voir la mine renfrognée, durant ces derniers mois.

 

Mais bien vite, dès l’arrivé de Jaggerjack, chacun regagna sa place en silence et les regards des deux hommes se heurtèrent. Ichigo osa un sourire et la lueur qu’il vit briller dans les yeux bleus lui ramena un souvenir inattendu.

 

« – Ichigo… tant de fois, je t’ai désiré… mais tu es toujours perdu dans tes souvenirs… Quand viendras-tu à moi…

 

Le jeune homme resserra l’étreinte de ses doigts dans les cheveux bleus défaits. La bouche de son amant parcourait sa nuque pour descendre vers sa clavicule. La chaleur du corps qui le serrait tendrement cicatrisait les plaies béantes crées par l’absence d’un autre »

 

Ichigo se reprit tant bien que mal et essaya de se concentrer sur le cours de Jaggerjack. Mais troublé par ce souvenir si brûlant, il n’y parvint pas vraiment. Comment avait-il fait pour l’oublier ? Jamais Renji ne l’avait enlacé avec autant de dévotion ou d’égard. Il s’était senti comme s’il était la chose la plus précieuse que Grimmjow ait tenu entre ses doigts. La main du jeune homme se resserra sur la surface lisse de son crayon. Le craquement imperceptible fit comprendre à son propriétaire que la pression exercée faisait souffrir le pauvre objet.

 

C’est à ce moment-là qu’un autre souvenir embraya.

 

« – Kurosaki ! cessez de vous morfondre… vous n’êtes pas le seul à avoir été blessé dans cette histoire. »

 

Le sourire triste de Jaggerjack quand il croisait le jeune homme dans les couloirs, les allusions et l’aide que lui apportait toujours cet homme, sans jamais qu’il ne s’en soit aperçu auparavent, troppris par sa souffrance. Il était devenu un fantôme, l’ombre de lui-même, traversant la vie sans se rendre compte qu’une personne veillait sur lui et que leur nuit qu’Ichigo croyait accidentelle, était juste l’aboutissement d’un an durant lequel Jaggerjack avait été aux petits soins pour lui.

 

Une bouffée de chaleur monta en lui et ses yeux se fermèrent en songeant soudainement que Grimmjow lui avait accordé plus d’amour et de soutient en un an que Renji ne lui en avait montré en dix.

 

« – Ichigo… je ne serai jamais Renji… apparemment, je ne pourrai jamais prendre sa place. Mais, je suis certain que toi et moi… on pourrait avoir une relation qui… pourrait nous apporter beaucoup… Enfin… réfléchit… »

 

Absent… Ichigo avait été absent durant une année. Une larme coula et il s’empressa de l’écraser. Ce n’était pas le moment de s’apitoyer sur lui même. Il avait quelqu’un à aller voir et c’est avec une certaine émotion qu’il attendit la fin du cours. Le jeune homme sentit souvent le regard bleu peser sur lui et l’interrogation secrète. Il ne cilla pas et essaya de transmettre dans son regard la chaleur que les souvenirs qui s’égrenaient un à un dans sa tête, ce qui amena peu à peu un sourire sur le visage si sombre du légiste.

 

Ichigo quitta la salle comme à son habitude. Il sentait les yeux de Grimmjow fixés sur son dos mais ne se retourna pas. Le jeune homme n’entendit pas les remarques moqueuses de certains de ses camarades de classe qui avaient remarqué l’échange silencieux entre les deux hommes. Il s’en moquait… Seul comptait maintenant, de régler certaines choses et pour cela, il avait besoin d’être seul avec cet homme.

 

Un quart d’heure plus tard, Ichigo frappa discrètement à la porte du bureau de Jaggerjack. La voix lasse de l’homme lui répondit. Le roux entra et ferma la porte sans un bruit. Le légiste était assis et lui tournait le dos, les épaules voûtées semblaient porter le poids du monde et sans réfléchir Ichigo les enlaça en murmurant à l’oreille de Jaggerjack :

 

- Grimmjow… Est-ce trop tard, si je viens à toi seulement maintenant ?

 

Les paroles avaient été susurré d’une voix de miel. L’homme s’était crispé à son contact pour se détendre lorsque sa voix résonna doucement à son oreille. Grimmjow se tourna vers son jeune amant et quand il lut le sourire tendre qu’il lui adressait pour la première fois et rien que pour lui, il se dit que peut être, Renji et Byakuya ne seraient pas une ombre si difficile à dissoudre, finalement.

 

- Laisse-moi réfléchir…

- Idiot !

 

Ichigo se pencha et embrassa celui qui était resté silencieusement, tout ce temps, à l’attendre… C’est avec joie qu’il sentit l’étreinte de Grimmjow se resserrer autour de sa taille. Ichigo finit sur les genoux du plus vieux. Ils n’avaient pas besoin de plus pour se comprendre. Qu’importe s’ils effaçaient leurs blessures ensembles… c’était beaucoup mieux que de se sentir seul dans une sorte de brouillard glacial. Et puis le soleil semblait de plus en plus brillant…

 

 

 

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