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Remember (Shouhei x Renji)

Couple : Shouhei x Renji

Rating : k+

Disclamer : Bleach appartient à Tite Kubo


 

Hisagi traversait le Sereitei d’un pas pressé. Bientôt, le nouveau capitaine de la 9ème division allait être nommé et toute sa division était en effervescence. Il y avait maintenant presque un an que la guerre contre Aïzen avait pris fin et il ne savait pour qu’elle raison, il se sentait envahit par une certaine langueur. L’homme sera un peu plus les papiers qu’il apportait au Soutaïcho et quand il releva la tête, il s’arrêta brutalement.

A peine à une centaine de mètres, se tenaient Byakuya Kuchiki et son fukutaïcho… Renji Abaraï. Le cœur du brun se crispa lorsque ses yeux noirs se posèrent sur le shinigami aux cheveux rouges qui dévorait son supérieur du regard. Une boule se forma dans sa gorge… Ses paupières se fermèrent… Et dire qu’il y a quelques années en arrière, c’était à lui que s’adressaient ces regards passionnés… Est-ce qu’au moins Kuchiki s’occupait bien de Renji ?

Hisagi fit un pas en arrière pour qu’on ne le voit pas, avec l’impression d’être un stalker. Il s’adossa contre le mur et appuya sa tête dessus. Ses mèches d’encre contrastaient sur les pierres immaculées.

Renji…

Ce nom, combien de fois l’avait-il murmuré avec amour et ferveur par le passé ? …Combien de fois l’avait-il gémit avec douleur ces dernières années ? Un soupir s’échappa de ses lèvres et ses yeux noirs fixèrent le ciel bleu au-dessus de lui comme s’il pouvait y trouver un soutien. Une voix, un écho venu d’un passé très lointain, lui revint brutalement en mémoire…

« – Sempaï ! Attendez-moi…

Hisagi s’était arrêté pour observer son Kouhaï qui se précipitait vers lui.

- Hum ?

- Je… je voulais savoir si… si votre cicatrice allait mieux ?

Le Shinigami de dernière année porta inconsciemment la main à son visage encore tuméfié, suivant la plaie du bout des doigts. Son regard fixait Renji et son cœur s’emballa soudain quand il vit la flamme allumée dans les yeux rouges. Il était sûr de ne pas se tromper sur le message que lui envoyait le jeune homme face à lui.

- Je… Oui… la douleur a disparue. Par contre…

Hisagi fit une grimace en y songeant :

- Je pense en garder une trace toute ma vie !

- Ça vous va plutôt bien ! Essaya de le rassurer Renji qui rougit soudain en pensant à ce que pouvait induire sa phrase.

Le plus vieux, un sourire narquois au coin des lèvres, répondit :

- Vraiment ? Seriez-vous sensible à mon charme ? fit-il d’une voix à la fois charmeuse et moqueuse.

Le cœur d’Hisagi battait plus vite malgré l’air dégagé qu’il avait pris pour répliquer au jeune homme. Renji rougit violemment mais il ne baissa pas les yeux, ces derniers au contraire, s’étaient embrasés. Shouhei murmura en se penchant vers son kouhaï :

- Ne me regarde pas comme ça… je pourrais prendre ça pour de la provocation…

Renji le fixa sérieusement et répliqua :

- Et si c’en était une ?

- Oh… Dans ce cas… tu ne verrais aucun inconvénient à ce que je fasse ça…

Et il s’empara des lèvres du shinigami aux cheveux rouges. Hisagi était stupéfait par son audace et surtout par la manière dont il prenait la bouche du jeune homme… avec voracité. L’urgence s’était emparée de lui dès le premier effleurement… Sa langue caressait les lèvres pleines du roux dont les mains s’étaient emparées du revers de son shihakusho pour rapprocher leurs corps. Leurs respirations étaient devenues précipitées tandis que Renji répondait fiévreusement à son baiser… »

Ce souvenir en amena d’autres, pèle-mêle. Hisagi se souvint de manière accrue de la robustesse du corps de son ancien amant… La première fois qu’ils avaient fait l’amour, ses mains qui défaisaient lentement le shihakusho de Renji qui soupirait entre ses bras… Son cœur qui s’était affolé en voyant les tatouages tribaux qui recouvraient son torse, quoique à l’époque, ils n’étaient pas aussi nombreux qu’ils l’étaient aujourd’hui, sa langue en avait tracé les moindres contours… Les réactions de Renji alors qu’il lui taquinait les tétons… ses râles lorsqu’il lui caressait ses fesses ou la rougeur qui envahissait ses traits au moment de l’orgasme…

Toute cette mosaïque de souvenirs envahit son esprit sans qu’il cherche vraiment à s’en défendre. Mais le « couple » s’était éloigné et il avait un travail à accomplir, aussi repoussa t-il ces images d’un passé doux-amer.

Hisagi quitta son mur et repris la direction de la première division. Combien de temps encore les images défileraient dans sa tête en y semant la même souffrance ? Et comme si cette interrogation leur avait donné une force nouvelle, les souvenirs revinrent et une fois de plus, Hisagi se laissa submerger par la vague. Douleur honnie, douleur chérie…

Le souffle de Renji caressait son épaule nue, sa bouche gourmande égratignaient sa peau par l’entremise de ses dents…

Hisagi eut un frisson, comme il revivait la scène, se souvenant avec une acuité terrible de ce moment où Renji l’avait pris dans ses bras.

« – Sempaï… laisse-toi faire…

Hisagi resta figé alors que Renji venait coller son corps derrière lui. Shouhei sentit l’érection évidente de son amant et son corps réagit immédiatement en sentant le désir de l’autre. Les mains de Renji glissèrent vers son obi…

- Laisse-moi t’aimer Sempaï…

Cette voix grave chargée de désir l’affolait malgré le calme qu’il affichait toujours. Hisagi ferma les yeux et s’appuya contre le torse derrière lui. Ce fut sa seule réponse et cela sembla convenir au roux qui murmurait des mots d’amour dans son cou:

- Tu es si sexy Shouhei… Lorsque je te vois, je ne peux pas m’empêcher de te désirer. Je t’aime tellement, Sempaï ! Tu crois qu’un jour nous serons fatigués l’un de l’autre ? Cette simple pensée m’effraie. Reste avec moi… toujours…

Le bruissement de ses vêtements qui glissaient sur le sol empli sa mémoire.

Les mains de Renji parcouraient son corps comme un artiste jouant d’un instrument… tirant de lui des notes, des soupirs incontrôlables qui s’échappaient de ses lèvres… et au milieu de cette déferlante de sensations charnelles et d’amour, il avait péniblement réussit à retrouver sa voix et ses mots :

- Peut-être que c’est toi qui me quittera… glissa t-il dans un gémissement rendu luxurieux sous les caresses plus intimes que son amant lui prodiguait. Tu te lasseras de moi…

- Jamais !

Le regard franc et sincère de Renji avait plongé dans le sien et puis, le roux repris avec une passion si brûlante que Shouhei en ressentait encore le feu des années plus tard :

- Je t’aime tellement… et tellement fort ! J’imagine mal ma vie sans toi… »

Dévasté au souvenir de ce qui n’était plus désormais, Hisagi passa une main dans ses cheveux noirs et souffla :

- Moi, je la vie ma vie sans toi… Peux-tu imaginer comme… comme c’est dur ?

Pendant qu’il plongeait en arrière dans le temps et ranimait sa peine, ses pas l’avaient mené à destination. Pourtant, quand le jeune homme s’arrêta devant la porte du Soutaïcho, il lui fallut un instant pour se rappeler ce qu’il venait faire là. Il se repris rapidement et frappa discrètement à la porte. Ce fut Sasabike qui lui ouvrit :

- Oh… Hisagi Fukutaïcho, nous ne vous attendions pas aussi rapidement !

- J’ai terminé mon rapport, comme vous souhaitiez me voir au plus tôt, je…

- Entrez ! coupa l’homme aux cheveux argent avec un sourire réconfortant.

Il le précéda jusqu’au bureau du Soutaicho et s’effaça pour le laisser passer quand ils y furent.

- Hisagi Fukutaïcho, je voulais vous voir. Je suis heureux que vous veniez aussi rapidement.

Sasabike posa le rapport qu’avait fourni le jeune homme sur le bureau. Yamamoto haussa un sourcil approbateur et il murmura :

- Bien… bien… toujours aussi efficace.

Un silence s’installa et Hisagi se demanda pour quelle raison on l’avait convoqué.

- Je ne vais pas tourner longtemps autour du pot, repris Yamamoto. Votre nom a été proposé pour que vous soyez le nouveau Taïcho de la 9ème division.

- P.. Pardon ?

- Donc, je vous demande de vous préparer pour l’épreuve qui aura lieue la semaine prochaine.

Hisagi était abasourdi. Yama-jii avait continué sur sa lancée sans attendre et s’interrompit en voyant l’air écarquillé du jeune homme. Il expliqua :

- C’est Byakuya Kuchiki qui a proposé votre nom.

Le jeune homme encaissa le coup mais il lui semblait que son sang se répandait inexorablement de cette blessure invisible.

Pourquoi lui ?

Le Soutaïcho repris mais Hisagi accorda à peine de l’importance à ce que l’homme lui racontait, l’esprit tout entier englué dans ce « pourquoi ?». Il quitta la première division anéanti et conscient qu’au contraire, il aurait du se sentir heureux et honoré de sa promotion, mais…

Être proposé à ce poste par l’amant de son ex ?

C’était improbable comme situation ! Tellement, qu’il aurait pu en rire si en cet instant la colère et la douleur accumulées toutes ces années et si soigneusement étouffées jusque là, ne remontaient pas en lui avec la violence un typhon balayant tout sur son passage.

Hisagi utilisa le shunpo pour se défouler et partit s’isoler sur le terrain d’entraînement de sa division où il laissa éclater l’orage jusqu’à épuiser toute sa colère. Puis le jeune homme s’installa dans les gradins du stade de manœuvre, physiquement apaisé mais… Jamais… jamais, il n’aurait cru vivre ce genre de situation ! Le dernier souvenir, le plus difficile, s’imposa à lui comme il pensait à Byakuya Kuchiki. Il se souvint, avec une acuité cuisante du jour où Renji lui avait tranché le cœur.

Renji n’osait pas le regarder et pourtant, ses paroles lui parvinrent avec cruauté, parce que sa voix, même hésitante, n’en était pas moins ferme :

- Shouhei… je voulais te dire que…

- Regarde-moi au moins en face quand tu as quelques chose à me dire !

Le cœur du brun battait à une folle allure. Il savait déjà que Renji l’avait remplacé dans son cœur. Il l’avait su avant même que Renji ne le réalise lui même… Cependant il s’était tu, avait espéré, peut être, malgré l’évidence. Mais puisque Renji se décidait, il voulait l’entendre de sa bouche et la lire dans ses yeux, cette foutue sentence, pour qu’il puisse au moins tourner la page.

Enterrer ses sentiments. Il avait naïvement cru ça possible à l’époque.

Le roux obtempéra puis repris sans lâcher son regard.

- Je… j’aime quelqu’un d’autre, Shouhei. Je suis désolé…

Hisagi se détourna pour accuser le choc. Les yeux rouges n’avaient pas eu la moindre défaillance. La détermination qu’ils affichaient lui avait porté la dernière estocade. Les mains du brun tremblèrent et il les ferma en poings pour le dissimuler. Et tandis que la douleur déployait ses poisons dans son cœur, il pris conscience d’une chose essentielle et aussi implacable que le désamour de Renji : Il aimait cet imbécile aux cheveux rouges de toute son âme… Ses épaules se raidirent sous le choc puis un sourire mélancolique éclaira ses traits un bref instant. La voix du roux lui parvint, lointaine :

- Je vais te quitter et… je vais suivre…

- Byakuya Kuchiki, termina Shouhei à sa place.

- Comment le sais-tu ?

La voix était réellement surprise et Hisagi murmura, le cœur lacéré à chaque mot :

- Si tu voyais ton regard lorsqu’il se porte sur la personne que tu aimes, tu ne poserais pas ce genre de question…

Un silence lourd accompagna ses paroles. Shouhei se dirigea vers la porte de sa chambre et déclara froidement :

- Veille à retirer toutes tes affaires avant que je revienne…

- Tu vas où ? On peut discuter…

Hisagi se tourna et le regarda un long moment. Renji était incapable de parler et eut du mal à soutenir ce regard si serein en apparence. Shouhei l’avait-il aimé un jour ? douta t-il subitement… Pourtant… une lueur fugace traversa les yeux noirs du fukutaïcho avant qu’il ne quitte la pièce sans un mot, un éclat d’amour, assez évident pour que le roux le reconnaisse pour ce qu’il était mais trop bref pour que Renji en mesure toute l’ampleur.

Le brun se demanda brutalement, si sa réaction avait été la meilleure. Aurait-il du se battre pour garder le jeune homme aux cheveux rouges ? Un autre souvenir se dessina.

Renji avait coupé une herbe folle… Tous les deux étaient allongés dans une prairie, non loin du Sereitei… Renji le surplombait et caressait ses lèvres avec l’herbe haute qu’il passait sensuellement sur elles.

« – Sempai…

- Hum ?

- Tu crois que je vais m’en sortir avec ma nouvelle affectation ? J’ai peur de ne pas y arriver…

- Imbécile ! Pourquoi tu n’y arriverais pas… Prends confiance en toi Renji ! Je suis sur que tu vas y arriver…

- C’est vrai ?

- Ne doute jamais de toi…

Les doigts d’Hisagi caressèrent la joue du roux qu’il dévisageait avec tendresse. Son cœur se gonfla d’amour pour lui. La main de Shouhei glissa sur le shihakusho de Renji et il tira sur le tissus, obligeant l’étudiant à se pencher sur lui.

- Je t’aime, crétin…

Avant que Renji ne puisse répondre, ses lèvres s’étaient emparées de celles de son amant. Il vit Renji fermer les yeux sous la caresse et se laisser guider par son sempaï avec un sourire satisfait.

Hisagi soupira et referma comme il le put la porte de sa mémoire gravée au nom de Renji Abaraï. Il lui fallut un moment pour cela et lorsque ce fut fait, il se leva… et croisa le regard rouge de Renji !

- Sempaï, je suis venu pour te féliciter ! Le capitaine Kuchiki vient de m’apprendre que tu allais enfin avoir ton grade de Taïcho…

Le sourire que lui adressait son ex-amant réchauffa un peu ses os glacés, pourtant Shouhei s’appliqua à offrir un regard neutre à son interlocuteur.

- Merci… dit-il simplement.

- Tu ne parles jamais beaucoup… se moqua Renji gentiment.

Le brun releva la tête à ces mots et déclara abruptement :

- Les mots… les paroles… s’envolent ! Je pense que tu sais très bien toi-même qu’elles n’ont aucune valeur.

- Shouhei… tu m’en veux toujours ?

Renji semblait surpris. Il lui gardait toujours rancune après tout ce temps ? Le roux était persuadé qu’Hisagi avait tourné la page depuis longtemps mais le regard blessé lui prouvait clairement, pour la première fois, qu’il n’en était rien. Le cœur de Renji se serra… mais pas autant que celui d’Hisagi.

- Excuse-moi Renji ! J’ai peu de temps…

- Tu fuis encore ?

- Appelle cela comme tu le veux. C’est la seule chose que j’ai trouvé pour affronter… ton départ. Alors si tu trouves cela petit… que m’importe !

- Pourquoi tu n’me l’as pas dit ?

Hisagi se tourna vers Renji. Ce dernier semblait sincèrement inquiet.

- Ça aurait changé quelque chose ?

Un silence vint répondre à la question et un sourire ironique naquit sur les lèvres du brun. Hisagi secoua la tête et clôtura le sujet :

- J’ai décidé de reprendre ma vie en main, sans toi ! Renji… je te souhaite bon courage…

Renji ouvrit la bouche et voulut retenir son ancien amant mais aucun son ne franchit ses lèvres et Hisagi laissa échapper un rire assorti à son sourire.

- Prends soin de toi, Kouhaï…

Puis sans un regard de plus, le brun quitta les gradins et quelque minutes plus tard, il s’enfermait dans son bureau. Il resta appuyé un moment contre le battant, le temps de réaliser qu’effectivement, cette avalanche de souvenirs et sa brève entrevue avec Renji lui avait permit de faire enfin le deuil de cet amour qui s’éternisait vainement dans son cœur. Ou du moins, il commençait à le faire…

« Oui ! Maintenant, je reprends ma vie en main. J’avance… Je trouverai quelqu’un d’autre à aimer… oui, peut-être qu’un jour, Renji, tu seras remplacé dans mon cœur comme toi tu m’as remplacé dans le tien… J’attends ce jour avec impatience… »

 

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