Drown me in you (Grimmjow x Ichigo) - (Jiruga x Ichigo)

Sommaire

Genre : Romance / Angst

Rating : +16 ans

Synopsis :

Grimmjow a décidé de partir en vacances sur une île tropicale pour profiter avec sa moitié du soleil, de la mer, et de la farniante. Toutefois, Ichigo a la phobie de l'eau... pour ne pas gâcher leur vacances et d'en profiter à fond, il décide d'envoyer son amant à des cours de natation. Ne pouvant assurer lui-même les cours, il lui trouve un prof qu'il juge assez moche pour ne pas intéresser son petit ami. Oui mais... l'amour peut prendre de drôle de détour.

 

 

Jiruga

Chapitre 1

Ichigo déglutit péniblement. Pourquoi se trouvait-il encore dans cette galère ? Le roux sortit le bout de son nez de la cabine et décida à sortir enfin de son trou. Un quart d’heure qu’il se sermonnait et comme la situation devenait ridicule et surtout qu’un grand échalas pas commode l’attendait au bord de la piscine, il franchit le cap de ses incertitudes et se retrouva malgré lui devant un casier.

Une certaine agitation régnait autour du bibliothécaire plongé dans les turpitudes de ses pensées. Cela l’angoissa un peu plus. Tout ça, s’était la faute de Grimmjow… encore ! Il voulait absolument aller en voyage de noce aux îles Grenadines et lui… il avait la phobie de l’eau. Et de se retrouver sur une île était terriblement angoissant.

Après bien des tractations, de discussions animées sur le lieu où ils iraient célébrer leur mariage, Grimmjow avait envoyé Ichigo à la piscine pour se faire soigner. Ils y étaient allés ensemble, il y a un mois de cela. Son amant avait tout fait pour calmer la terreur d’Ichigo mais il n’avait fait que la renforcer en le forçant à lui mettre la tête sous l’eau et en maintenant sa tête dans le fluide tiède quelques secondes pour le relâcher et lui dire

- T’as vu… t’es pas mort !

Ichigo était sortit paniquer et Grimmjow n’avait pas pu lui faire entendre raison. Ils étaient rentrés séparément, Ichigo ayant profité d’une minute d’inattention de Grimmjow qui s’éclatait dans le grand bain en attendant que le roux se décide à le rejoindre. C’était une fuite éperdue qui avait eu lieu et Ichigo n’était pas rentré de la semaine dans l’appartement. Grimmjow avait été le récupéré de force chez ses parents… inquiets !

Le souvenir cuisant de leur dernière dispute vint ronger le roux qui s’approchait lentement, à la vitesse d’un escargot qui se déplace sous la pluie, vers le petit bain. Il soupira en voyant la silhouette longiligne de son professeur… choisit par Grimmjow. Ce dernier avait concédé de ne plus venir avec lui à la piscine à condition qu’il choisisse son prof. Sa jalousie maladive l’empêchait de laisser approcher tout homme trop séduisant à son goût.

Ichigo quand il l’avait rencontré la première fois, n’avait prêté aucune attention à ce type, si ce n’est qu’il était plus que grand que Grimmjow… ce qui était un exploit en soit. Et puis, c’était un étudiant qui cherchait à se faire de l’argent de poche. Pour Grimmjow un gamin n’était pas un concurrent.  D’ailleurs, ce Nnoitra se tourna lentement vers lui et ne pu s’empêcher d’observer le roux contrarié.

- Vous allez me faire attendre encore longtemps ?
- Désolé… je…
- Tu as peur de l’eau à ce point là ?

L’homme en entendant parle de son ennemi juré baissa les yeux vers le liquide si limpide qu’il lui parût encore plus traitre de le faire passer pour un imbécile. La colère allait monter en lui mais sa terreur lui noua la gorge le rendant incapable de répondre.

- Approche !

Le ton vif le fit sursauter. La panique monta en Ichigo qui voyait déjà sa séance se transformer comme celle avec Grimmjow. Ses yeux rencontrèrent le regard perçant du jeune homme qui l’attendait dans un petit bain, qui le rendait incroyablement ridicule. Pourtant, Nnoitra semblait se fiche comme de sa dernière chemise des réflexions qui lui étaient faites. Son regard restait obstinément posé sur son élève réticent et apeuré.

- J’ne vais pas d’bouffer !

Ichigo sursauta en entendant la réflexion et faillit prendre ses jambes à son cou. Il allait faire marche arrière quand la voix de son maître nageur repris calmement mais légèrement agacé.

- Ecoute… je suis aussi emmerdé que toi ! Normalement, je ne m’occupe pas des gens qui apprennent à nager. Ton copain me paye grassement pour que t’apprenne au moins à ne pas couler. Je te demande pas de nager, ni de me faire un cent  mètre olympique. Juste de venir jusqu’à ma hauteur… Tu fais juste que marcher jusqu’à moi et si tu veux après tu ressors…


Ichigo écoutait le ton raisonnable de Nnoitra et l’exercice qu’il lui proposait ne lui semblait pas trop compliqué. Le roux calcula la distance qui le séparait de Nnoitra, ainsi que la profondeur de l’eau où se tenait le maître nageur. Le tout lui semblait surmontable. Ses yeux rencontrèrent ceux d’un gamin qui devait être âgé de six ans qui le regardait moqueur. Ce dernier bondit jusqu’à Nnoitra et le nargua pour lui montrer le ridicule de ses peurs.

A sa surprise, Nnoitra fit dégager le gamin rudement

- Dégage de là morveux ! Où j’t’fais ta fête !

Le gamin regardait terrorisé à présent l’homme qui le fixait méchamment. Comme Nnoitra avait baissé la tête pour bien fixer le « morveux », ses longs cheveux ébène encadraient son long visage lui donnant un air plus effrayant encore. Le gamin prit ses jambes à son cou en hurlant.

- Maman… maman… y’a un démon à la piscine.
- C’est ça casse-toi !

Ichigo ne put s’empêcher d’éclater de rire en assistant à cette scène surréaliste d’un géant contre un gnome et oublia la raison de sa venue au bord du bassin. Cela reporta l’attention de l’échalas vers lui.

- Tu as l’intention de camper ?
- Non !
- alors qu’Est-ce t’attends ?

La gorge d’Ichigo le fit souffrir à nouveau et ses yeux se reportèrent vers le liquide transparent. Une angoisse profonde, primale lui noua l’estomac et empêcha son cerveau de fonctionner. Vaguement le jeune homme entendit le bruit de l’eau remuée et sursauta quand il vit devant lui de grands pieds.

- Bon maintenant… si je descends les marches de ce petit bain avec toi… tu survivrais à l’exercice ?

Levant les yeux vers Nnoitra, il fut troublé par la taille du jeune homme et par l’assurance qu’il dégageait.

-  Je… Je crois…
- Regarde-moi dans les yeux si ça peut-aider…

Sans cesser de fixer le jeune homme il avança en même temps que ce dernier reculait. Ichigo se rendit compte qu’il avait les yeux plutôt petits, incroyablement profonds et intenses. Le regard sombre que Nnoitra lui adressait le fascinait. Il ne souriait pas, il avait juste cette impression d’ennui qui le faisait se sentir mal. Et quand il s’arrêta ce dernier lui demanda

- Comment tu te sens là ?

Ichigo redescendit sur Terre et jeta un bref regard autour de lui. Il vit qu’il était immergé jusqu’à la taille. Il était tellement plongé dans la contemplation de son regard si différent de celui de Grimmjow  qu’il en avait oublié le lieu où il se trouvait. Immédiatement, l’homme se crispa et son cœur se mit à battre violemment. La voix de Nnoitra lui apparut incroyablement lointaine.

- Le bord est juste à côté de toi à deux pas… tu as juste à les franchir…

Désorienté et paniqué, le roux tourna la tête à droite et à gauche vivement. La détresse qu’il dégageait énerva Nnoitra mais, il resta calme en se disant qu’il aurait une bonne paye. Mais quand il vit qu’Ichigo semblait incapable de voir la rive, il fronça les sourcils. Il n’avait jamais vu un tel cas de panique chez une personne.

Qu’avait donc bien pu vivre ce roux qui ressemblait plus à une femellette qu’autre chose. Il s’approcha de lui et posa une main sur son épaule mais la peur prit complètement le dessus et Ichigo se mit à se débattre. Ichigo était terrorisé et il ne voyait plus rien… rien que cette eau qui voulait s’infiltrer en lui. Des images oubliées commencèrent à remonter à la surface et lorsqu’une main se posa sur lui, il la terreur le terrassa. Une voix claqua autoritaire

- Ca suffit ! Tu te calmes et tu me regardes !

Ichigo releva la tête pour observer celui qui l’interpellait aussi brièvement. Les traits de Nnoitra étaient déformés par la colère et le dégoût.

- Ecoute-moi crétin ! La berge est là !

L’homme suivit le doigt qui lui indiquait la sortie à cet enfer. Il vit le rebord qui l’attendait accueillant. Ichigo dans sa précipitation pour rejoindre la margelle glissa et faillit tomber la tête la première mais une poigne de fer s’abattit sur son épaule pour le redresser. Ichigo resta en suspens quelques secondes la tête à quelques millimètres de l’eau. Il sentait l’odeur du chlore lui agresser ses nerfs olfactifs et soudain rejeter en arrière, il se sentit presque soulever et assis brutalement sur le rebord.

Soudain, Ichigo entendit des éclats de rire. Il releva la tête et vit qu’il était la risée de toute une bande de gamins et les regards de pitié de certains adultes ou amusés, lui firent prendre conscience du ridicule de son comportement. Il osait à peine regarder Nnoitra qui devait furieux après lui.

- T’es plutôt courageux pour venir affronter une phobie pareille.

Surpris par cette déclaration inattendue ou la sincérité perçait, Ichigo leva son visage étonné. Nnoitra le fixait calmement et même s’il était agacé par son comportement, il ne semblait pas vraiment en colère. Pris au dépourvu, le roux murmura confus

- Non… avoir peur de l’eau c’est ridicule… regarde comment il se moque de moi. J’ai l’air du dernier des crétins… c’Est-ce que Grimmjow me dit.

- Grimmjow et ces connards qui nous regardent et qui seraient incapable de faire le moindre geste pour se retrouver en face de leur peur les plus profondes et surtout pas devant témoins, car ils auraient trop la honte ? J’ai plus de respect pour toi que pour ces débiles qui voient l’occasion des lâches de se moquer d’un autre !

Nnoitra le déclara suffisamment fort pour que tous les concernés, baissent la tête et se détournent gêné. Il continua sur un ton plus modéré

- Par contre, on mettra plus de temps que prévu… je n’avais pas réalisé que c’était à se point ! Bon, tu vas te rhabiller et on va boire un truc !
- Pardon ?
- Ca fait partit de ta thérapie… tu vas m’expliquer pourquoi t’as si peur de l’eau… ou essayer de m’en parler. T’as besoin de me donner les détails si c’est gênant…

Ichigo se sentit soulagé rien qu’à l’idée de sortir du bâtiment et se retrouva rapidement dans les vestiaires. Un léger sourire vint sur les lèvres de Nnoitra qui gagna lui-même une cabine pour se changer.

°°0°0°°

C’est en se retrouvant dans les rues de Karakura qu’Ichigo réalisa qu’il se trouvait en compagnie d’un homme qui n’était pas Grimmjow, ou plutôt… jeune homme ou gamin ? Si son amant les apercevait ensemble, c’est sur qu’il allait leur faire la fête, enfin surtout la sienne, possessif  et jaloux comme il l’était, Ichigo imaginait déjà la scène auquel il aurait droit. Mais quelque part, ça lui faisait du bien d’être avec quelqu’un d’autre dans le fond.

Nnoitra montra un café branché dans une des rues piétonnes, très animé du centre. Ils étaient encombrés par leurs affaires de sports, et ils choisirent de se placer à une table à quatre sièges. Nnoitra fit un signe à la serveuse qui se trouvait être Tatsuki. Cette dernière vint prendre les commandes et ses yeux s’arrondirent en croisant le regard d’Ichigo. Elle glissa rapidement un regard vers Nnoitra pour reporter son attention sur Ichigo.

- Grimmjow le sait ? L’inquiétude perçait dans sa voix.

 

La jeune femme connaissait le caractère très jaloux de son amant et surtout son côté hyper possessif.


- Excusez-moi, je vous ai fait venir pour passer une commande pas pour que vous veniez raconter votre vie !

Tatsuki lança un regard flamboyant sur le jeune homme qui avait allongé un peu ses jambes. Son regard à lui était neutre. Les joues légèrement empourprés par l’émotion, elle demanda

- Vous prenez ?
- Un expresso… un vrai !
- Nous n’en servons pas des faux à ce que je sache !

Le ton de la serveuse était rêche et Ichigo qui connaissait le tempérament chatouilleux de Tatsuki, intervint pour détourner son attention.

- Tatsuki, je voudrai un café noir normal s’il te plaît… et Grimmjow est au courant !
- Vraiment ? Elle était stupéfaite.

L’intérêt de la jeune fille se reporta sur Ichigo qui la regardait franchement. Un haussement de sourcil vint souligner l’étonnement manifeste de la serveuse et Ichigo continua

- C’est mon prof pour mes cours de piscines et c’est Grimmjow qui me paye les leçons…
- Oh… c’est pour votre lune de miel je suppose… Et tu es entré dans l’eau ?

Ichigo se dandina légèrement sur son siège en sentant le regard calme mais perçant de Nnoitra qui ne perdait pas une miette de la discussion.

- Oui…
- Vraiment ? Mais… attend… c’est formidable !

L’éclat du regard de Tatsuki et son admiration rendirent le jeune homme mal à l’aise. Le roux déclara d’une petite voix.

- Arrête, j’ai paniqué et je me suis rendu ridicule…
- On s’en fou ! Tu es rentré dans l’eau, je trouve ça vraiment courageux de ta part !
- Tatsuki… on dirait que j’ai grimpé l’Everest !

Un sourire franc vint s’inscrire sur les traits de la jeune femme.

- Mais c’est ton Everest et c’est super que tu commences enfin son ascension !

Se tournant vers Nnoitra, elle prit un ton plus sociable

- Merci de vous occuper d’Ichigo… ça ne sera pas facile, mais je suis vraiment heureuse que vous l’aidiez dans cette tâche.
- Je suis payé pour ça !

Le ton bref et le regard maussade qu’il lui lança firent remonter la tension en quelques secondes chez la serveuse qui allait répondre, mais Nnoitra déclara sèchement

- Les café… c’est pour quand ?

Tatsuki était devenue écarlate par la colère, toutefois, elle fit un remarquable demi-tour et s’enfonça dans le café pour relayer la commande.

- Vous n’êtes pas obligé d’être désagréable… remarqua le roux.

Il se mit à pianoter avec ses doigts sur le bord de table. Ichigo se rendit compte que le brun le rendait nerveux pour il ne savait quelle raison. Pourtant, c’était ridicule, c’était un étudiant beaucoup plus jeune que lui. Déjà, il avait protesté auprès de Grimmjow qui s’était moqué de lui pour lui dire que maintenant tous les hommes seraient plus jeunes que lui. Le connard quand il s’y mettait !

 

Et puis, c’était aussi peut-être parce qu’il s’était rendu ridicule plus tôt ? Son calme et ses silences pour Ichigo était inhabituel. La plupart du temps Grimmjow faisait la conversation pour deux, et ça dégénérait en général car il devait se battre contre les décisions de son amant.

 

Le roux, se rendit compte brutalement qu’il se posait beaucoup de questions sur sa relation sur son couple. De plus en plus en fait, depuis qu’il lui avait coulé la tête sous l’eau et qu’Ichigo avait faillit faire un malaise. Il n’arrivait pas à lui pardonner.

Soudain, Ichigo croisa le regard noir qui était fixé sur lui sans qu’il ne s’en aperçoive.

- Quelque chose ne va pas ? Demanda Ichigo embarrassé.

Nnoitra prit son temps pour répondre. Le temps que Tatsuki revienne avec les tasses à café et le donne avec un sourire à Ichigo, et de claquer plus violemment celle de l’étudiant sur la surface claire et plastifiée, l’air revêche. Elle posa l’addition et quitta les lieux dans un silence désapprobateur qui laissèrent parfaitement indifférent l’étudiant.

En fait, ce dernier n’avait toujours pas quitté Ichigo du regard. Ce qui perturba le bibliothécaire. Jamais Grimmjow ne le faisait de cette manière. Bien sur, il le regardait mais pas comme Nnoitra le faisait et son cœur s’accéléra malgré lui. A quoi pensait-il ? Se moquait-il de lui et ses phobies ? Pourquoi ne répondit-il pas à sa question ? Il ne faisait que soulever sa tasse et la boire, sans cesser d’avoir les yeux river sur lui.

- Ecoutez… si nous sommes venu ici uniquement pour que vous me fixiez sans me répondre…
- Tu peux me tutoyer… Après tout… tu es pl
- Je préfère garder une certaine distance… et tu es plus jeune que moi…
- A cause de ton mec ? Plus jeune ? J’vois pas où est le problème… t’es pas non plus grand-père !

Le ton ironique, voir sarcastique glaça Ichigo. Pour quoi le prenait-il exactement ? Pour une potiche ? La colère le gagna et d’un geste sec attrapa sa propre tasse. Il n’avait pas besoin de lui répondre à se sujet.

- Tu es plutôt docile…
- Pardon ? Fit Ichigo d’un ton dangereux.
- Imbécile, idiot ou vraiment amoureux ?

Le roux ne pu qu’ouvrir la bouche et la refermer outré par les paroles et le ton blessant du maître nageur.

- Quel est le crétin qui a une phobie comme la tienne, irait affronter aussi docilement ses peurs ? Il me paye pour ça en plus…
- Justement, comme il te paye ferme-là ! T’es pas censé réfléchir sur mon cas…
- Un peu si… s’il t’arrivait quoique ce soit, se serait moi qu’on viendrait voir !

Nnoitra se redressa et posa ses coudes sur la table. Il croisa ses longs doigts et posa le menton dessus. Il reprit très sérieusement.

- Tu pourrais en faire un arrêt cardiaque. Tu n’as pas pu voir ta tête tout à l’heure…
- C’est parce que la dernière fois, il m’avait plongé la tête sous l’eau. Avoua Ichigo
- Tss ! Ce connard te dirait d’aller te noyer tu le ferais ? T’es vraiment qu’un crétin !

Cette fois-ci, Ichigo était à deux doigts de lui balancer son poing en pleine figure. De plus, sa nervosité s’était accentuée alors qu’il s’était accoudé à la table pour le scruter de plus près. Une colère sourde monta chez le roux qui déclara les dents serrées.

- A part dire que je suis le plus grand crétin de la Terre… Pourquoi m’as-tu amené ici ?

Un bref sourire brilla sur les lèvres de Nnoitra qui s’abandonna une nouvelle fois, contre le dossier de son siège.

- Je voulais savoir pourquoi tu avais une telle peur. J’ai déjà vu des personnes qui avaient des phobies de l’eau mais à ce point, c’est… intriguant. Enfin, si tu peux en parler. Je t’avoue que l’idée que tu clamses à l’un de mes cours ne me réjouit pas trop.
- Je ne peux pas t’en parler… répondit Ichigo précipitamment.

Le roux jeta un regard sur l’addition et allait payer. Nnoitra attrapa fermement le poignet du jeune homme. Ichigo leva les yeux vers lui interrogateur.

- Ne t’enfuis pas… Ecoute, j’ai pas l’intention de te paniquer avec mes questions. C’est juste que je trouve quand même assez fort que TOI, tu dois affronter apparemment quelque chose qui te traumatise profondément. Et que LUI ne cherche pas à trouver une solution pour que vous puissiez vivre une lune de miel sans que tu ais à angoisser comme tu le fais. Normalement, un mariage c’est partagé…
- Tu ne peux pas comprendre ! Lâche-moi maintenant…

Le ton d’Ichigo était glacial. Nnoitra surpris d’étreindre le poignet du roux, relâcha sa prise. Et puis, c’est vrai qu’avait-il à se mêler d’un truc aussi stupide.  Nnoitra rétorqua entre ses dents

- Non… je ne comprends pas !

Ichigo paya l’addition, ramassa son sac et quitta les lieux. L’homme entendit la voix ironique de Nnoitra

- J’ch’suppose que les leçons sont terminées ?

Lentement, le roux fit un demi-tour et observa longuement son maître nageur. Il finit par soupirer et se gratter la tête.

- Non… si j’abandonne…
- Ok. Ah dans deux jours alors… salut !

Sans lui laisser le temps de répondre, le jeune homme quitta les lieux et Ichigo fixa la haute silhouette s’éloigner. Il était toujours aussi troublé par les paroles de l’étudiant.

°°0°0°°

Après avoir marché longuement dans le parc se trouvant non loin de son appartement, Ichigo finit par rentrer. Grimmjow ne reviendrait certainement pas avant un long moment encore. Il le rejoignait de plus en plus tard ces derniers temps. Il était vrai que s’était grâce à sa paye qu’ils pouvaient vivre dans le luxe. Ichigo monta lentement l’escalier en forme d’escargot. Les marches en marbres en disaient long sur le genre de personne qui pouvait vivre dans cette résidence.

Le trouble qu’avaient soulevé les paroles de Nnoitra ne cessait de l’agiter. Lui-même les avait dites à Grimmjow mais, son amant lui avait fait comprendre qu’il agissait comme un enfant gâté. Ichigo ne savait plus très bien ce qu’il devait penser et après s’être prit une douche et changé dans des vêtements plus confortable, enfila un tablier et commença à préparer le dîner.

Ces derniers mois tout s’étaient enchainés si vite… La proposition de Grimmjow était totalement inattendue. Le mariage, une chose à laquelle il n’avait jamais songé. En fait, son amant avait été son seul petit ami. Ils se connaissaient depuis qu’ils avaient l’âge de onze ans. Ils en avaient 35 aujourd’hui… Ils avaient échangé leur premier baiser à quatorze. Et Grimmjow avait toujours décidé pour eux… Ichigo protestait mais finissait toujours par accepter.

Le roux finit par repousser ses idées qui le dérangeaient finalement et dressa la table. Il se blottit sur le fauteuil et alluma la télé qu’il regardait d’un air vague. Il sombra dans le sommeil quelques minutes plus tard. Lorsqu’il se sentit soulevé, il se ne prit pas la peine d’ouvrir un œil. L’odeur de Grimmjow l’entourait et s’était tout ce qui importait à ce moment-là.

- Tu as eu une dure journée ? Demanda doucement la voix grave de Grimmjow.
- Hum…
- Et tu as quand même fait à manger ?
- Hum…
- Tu veux dormir ou on mange ensemble ?
- Huummmm
- Ok… je te mets au lit et j’arrive avec un plateau !
- …

Ichigo sentait Grimmjow le déposer avec douceur sur le couvre-lit. Le roux entendit vaguement les lourdes tentures se refermer dans un bruit sec. Le froissement de tissus que l’on repousse et toujours la douceur de Grimmjow pour le mettre sous les couvertures. Le jeune homme perçut le contact des lèvres sur son front. Contact bref et pourtant tout l’amour qu’éprouvait Grimmjow pour lui passait à l’intérieur de se simple effleurement.

- Tu es vraiment sur de vouloir manger Ichi ? Chuchota Grimmjow
- Hum…
- Alors t’endors pas… j’arrive !

Le bruit des pas étouffés, décroissants indiquait que l’entrepreneur avait déjà quitté la pièce. Ichigo eut un petit sourire quand il entendit le tintement des couverts, le juron lorsque Grimmjow attrapa les couvercles certainement sans aucune protection et cassa un verre au passage. Lentement, le jeune homme s’étira et ouvrit les yeux pour se caler contre les coussins. Au même moment surgit au coin de la porte Grimmjow.

- Tu veux un coup de main Grim’ ?
- Pas la peine…

Il traversa la pièce avec précaution pour ne rien renverser et posa le plateau au milieu du lit.

- Tu n’étais pas obligé tu sais…
- Foutaise ! Alors ? C’était comment ?

Le roux clos ses paupières pour ensuite fixer Grimmjow calmement et déclarer placidement

- Je crois ne m’être jamais autant ridiculisé qu’aujourd’hui ! En plus, je me suis engueulé avec le maître nageur. Bref, tu n’imagines pas combien j’étais heureux de rentrer…

Grimmjow avait attrapé ses baguettes et dégustaient déjà son repas.

- Tu vas y retourner ?
- Il m’a posé la même question…
- Et ?
- Bien sûr…
- Bien…
- Nnoitra m’a demandé si se serait pas plus simple qu’on change de destination… prendre par exemple un endroit moins… effrayant pour moi.
- Pas question ! J’ai toujours rêvé d’aller aux îles Grenadines… et puis, j’ai vraiment envie de me sentir dépayser… Ce n’est même pas la peine de m’en reparler. Par contre ce Nnoitra devrait se mêler de ses affaires.

Ichigo avala une nouvelle bouchée et déclara d’une voix neutre

- On est allé boire un verre après la piscine… il voulait me parler de ma phobie….

Le bruit sec de couverts qui claquent fit sursauter Ichigo. Il redressa la tête et vit la colère déformer les traits de son amant. Le serrement de mâchoire et le froncement de sourcil de Grimmjow mirent en alerte le jeune homme.

- Il ne s’est rien passé et Tatsuki était là…
- Je m’en fou de Tatsuki… Qu’Est-ce que t’es allez foutre dans un café pour boire un verre avec ce type…
- Il veut juste m’aider à affronter mes peurs et les comprendre…
- Y’a rien à comprendre ! Rétorqua sèchement Grimmjow. Tu apprends à nager point barre. Si jamais, il te propose de boire à nouveau un verre tu refuses…
- Grimmjow, je n’ai pas d’ami… je peux plus sortir… j’étouffe !
- Tu as moi et c’est largement suffisant.

Le cœur du roux battait la chamade, il fixait son petit ami de toujours avec consternation. Grimmjow s’enflammait de plus en plus souvent dernièrement. Le cœur de Grimmjow battait la chamade. Pourquoi Ichigo éprouvait-il le besoin de voir quelqu’un d’autre que lui ? Lui ne vivait que pour Ichigo. C’était sa vie, son obsession… S’il le quittait, son monde s’écroulerait.  Un frisson d’horreur le traversa et sa colère monta encore d’un cran. Pourtant, en croisant le froncement de sourcil de son amant, et en même temps, cette espèce de peur, cette dernière retomba comme un soufflet. Grimmjow voulait qu’Ichigo l’aime… l’aime comme lui l’aimait… comme un fou !

Chapitre 2

Ichigo se leva doucement en prenant garde de ne pas réveiller Grimmjow. La dispute de la veille avait été violente au point où Grimmjow l’avait accroché au prêt à le frapper. C’était la première fois que cela arrivait… Ichigo savait son compagnon fragile ces derniers temps mais, lui aussi devait faire face à de nombreux problèmes.

 

Les paroles cruelles de Grimmjow résonnaient encore à ses oreilles. Ichigo se réfugia dans la cuisine et se prépara du café. Il tentait désespérément de se raisonner. Tous les couples traversaient des crises, alors pourquoi pas eux ? Des images du visage de Grimmjow furieux se superposaient au visage si heureux de lui plus jeune. Que s’était-il passé pour que son amant perde confiance en lui de cette manière ?

 

Prenant sa tasse de café, Ichigo s’assit sur un tabouret et remonta ses genoux sous le menton. Il était en équilibre précaire mais, qu’importe. Son regard se porta sur le parking en contre bas de leur résidence. Quelques lèves tôt quittaient déjà leurs appartements pour partir travailler. Lui aussi devrait se résoudre à partir…

 

Le liquide brûlant réchauffa les lèvres blêmes d’Ichigo, leur redonnant un semblant de couleur. « Tu ne fais rien pour moi… je suis toujours aux petits soins pour toi ! » Grimmjow ne voyait-il pas tous ceux à quoi Ichigo s’astreignait pour son confort ? Il n’avait plus d’amis, plus de vie sociale… il restait enfermé la plupart du temps… Ichigo avait peur de sortir de peur de déclencher une crise… comme celle qui avait eu lieu la veille au soir. De plus, il veillait à rentrer de bonne heure afin de préparer un repas qui soit digne de se nom… les papiers, le ménage, Ichigo s’occupait de toute l’intendance de la maison…

 

Il ne gagnait pas les mêmes revenus que son compagnon mais, il n’avait pas à rougir de sa paye… La tête d’Ichigo bascula. C’était ça le bonheur ? C’était donc cela vivre à deux ? Il devait s’écraser sans cesse devant la volonté de son compagnon ? Il ne pouvait pas se plaindre. Ichigo obtenait presque tout ce qu’il voulait ou presque. Il vivait dans un duplex cossu et il avait une aide ménagère qui lui donnait un coup de main… Mais lui, il voulait sortir… au cinéma, se promener sans but, pique-niquer, partir à l’aventure sans plan, qu’importait l’endroit, même la Sibérie lui irait… il voulait partager, voir ses amis, vivre… une vie normale…

 

Que devait-il faire ? Qu’avait-il à espérer de sa vie ? Peut-être que l’herbe était plus verte ailleurs ? En pensant à cela, Ichigo eut un sourire amer et pour se donner une contenance, il finit sa tasse d’une traite. Le liquide avait eu le temps de refroidir… Son regard se porta sur l’horloge qui lui indiqua, le peu de temps qu’il lui restait pour se préparer. Le  bibliothécaire fila prendre sa douche. Il attrapa un toast et voulu quitter l’appartement mais, Grimmjow se tenait contre la porte d’entrée.

 

Ichigo se mordit la lèvre inférieure. Bon dieu qu’il était sexy ! Mais, est-ce tout ce qu’il restait de leur amour ? La passion ? La passion est douloureuse… C’était un poison ou un élixir… cela dépendait du temps où l’on était assujettit à l’addiction…

 

« Tu comptes allez où ?

—    Bosser ! Laisse-moi passer s’il te plaît, Grimmjow…

—    Tu m’en veux pour hier soir ?

—    Tu étais énervé à cause de ton boulot… »

 

Ichigo observa Grimmjow qui s’approchait de lui, tel un félin. Son visage se colla sur le sien et son compagnon murmura

 

« Je m’excuse… pour hier soir. J’y ai été un peu fort…

—    Je vais être en retard… souffla Ichigo

—    Tu n’fais pas d’efforts ! » S’énerva Grimmjow impatient.

 

Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase et le ton grimpa irrémédiablement entre eux.

 

« Arrête de vouloir me culpabiliser ! J’en ai assez, tu vois !

—    Et moi ? Qu’est ce que je devrai dire ?

—    Qu’as-tu à me reprocher ? Objecta Ichigo à bout de nerfs. Je n’ai plus rien… à part mon boulot ! Tu veux me l’enlever aussi Grimmjow ? Qu’est ce qu’il faut que je te donne pour que tu sois satisfait ?

—    J’te reconnais plus ! Qui t’as fait tourner la tête ? Avant… tu étais plus doux, plus compréhensif… tu ne fais plus que te plaindre !

—    Y’a peut-être une raison… Non ?

—    Qu’est ce que tu veux dire par là ?

—    Ecoute… Laisse-moi passer et on en rediscute ce soir !

—    Pas question… c’est maintenant !

—    Merde ! Tu me fais chier et grave ! On y a passé combien de temps avec cette explication ? Tu veux recommencer ? T’en a pas marre ? »

 

Grimmjow attrapa Ichigo et le repoussa jusqu’à ce qu’il rencontre un mur. Ichigo tenta de se défaire de la poigne de fer de son compagnon mais, il ne cédait pas. La lueur dangereuse dans son regard mit Ichigo en alerte.

 

« Tu comptes me faire quoi là exactement ? Ça fait deux fois en moins de 12 h…

—    C’est de ta faute ! »

 

Ichigo tenta de repousser Grimmjow mais, ce dernier le bloqua. La respiration du roux devint courte. C’est ainsi qu’il le prenait ? D’un autre mouvement Ichigo réussit à défaire la prise mais, Grimmjow se saisit d’Ichigo une nouvelle fois. Ce dernier pousser par l’exaspération eut un mouvement sec du poignet pour se dégager. Bientôt, leur affrontement se transforma en pugilat. Les deux hommes renversèrent la vitrine du couloir qui se brisa contre le sol dans un fracas de verre… broyant les statuettes modernes de valeur à l’intérieur.

 

Haletants et stupéfaits, ils se fixèrent à bout de souffle.

 

« Pourquoi… pourquoi tu veux plus de moi ?

—    Mais qu’est ce que tu me racontes Grimmjow ? Est-ce que je t’ai abandonné un seul jour ? Je suis toujours à la maison à t’attendre ! Je ne sais plus quoi te faire pour que tu ais confiance en moi… Et, j’ai l’impression de ne jamais en faire assez. Je n’ai plus d’ami, plus personne à part toi ! Que veux-tu de plus ? »

 

En disant cela, le regard d’Ichigo était douloureux. Il avait un goût amer au fond de la bouche. Comment en était-il arrivé-là ? Ichigo culpabilisa et se dirigea vers Grimmjow qui fixait ses mains. A peine le roux fut à sa portée qu’il l’attrapa et le serra contre lui.

 

« Ichi… toi et moi c’est pour la vie… je suis désolé… je vais ranger tout ça. Je t’attends ce soir ! »

 

Le roux se détacha de Grimmjow et l’observa inquiet.

 

« Tu me caches quelques choses Grim’ ?

—    Qu’est ce que tu racontes ?

—    Si tu as si peu confiance… c’est que tu aurais toi-même quelque chose à me cacher ? Non ?

—    Je t’signale que j’n’ai pas le temps ! J’trime pour que tu puisses avoir tout ce dont tu rêves…

—    C’est quoi mon rêve, justement… Souffla Ichigo.

—    Hein ? »

 

Grimmjow scruta le visage de son amant comme s’il était fou. Il fut incapable de répondre et Ichigo secoua la tête et murmura

 

« C’est pas grave. J’y vais… à ce soir ! »

 

Sans rien ajouter, Ichigo quitta l’appartement. Grimmjow voulu le toucher mais, le roux eut un reflexe de protection inconscient. Les deux hommes se figèrent sur le pas de la porte, interdit. Grimmjow laissa ses bras tomber le long de son corps. Leurs yeux se rencontrèrent et celui d’Ichigo devint fuyant… sans ajouter un mot ce dernier disparut. Grimmjow frappa le chambranle de porte et échoua son visage contre l’encadrement. Il n’arrivait plus à se contrôler… tout lui échappait… et ça faisait mal, très mal… Pourquoi Ichigo ne le comprenait pas ?

 

°°0°0°°

 

A peine avait-il franchit le seuil de la bibliothèque, Ichigo oublia ou presque la tension qui régnait dans son couple. En fait, il faisait tout pour. Son esprit s’était emballé durant tout le trajet qui l’avait amené à l’université où il travaillait. La même question le taraudait… Comment en étaient-ils arrivés là ? Ichigo avait l’impression que tout était de sa faute. Qu’il avait encore foiré quelque part… mais où et quand ? Si Grimmjow se sentait si mal, c’était de sa faute… sans aucun doute possible.

 

Toutefois, une fois à l’intérieur des murs de l’université, il se donna à fond presque toute la journée. Presque car à la pause de midi, il était seul… Ichigo refusait de se faire le moindre ami, de peur de troubler Grimmjow… donc, étant seul en tête à tête avec le bento acheté sur le chemin qui le conduisait sur son lieu de travail. Ichigo se retrouvait face à lui-même…

 

Isolé, sur un des toits d’un bâtiment, Ichigo songea qu’il aurait aimé pouvoir avoir quelqu’un avec qui pouvoir parler… pour lui permettre d’y voir plus clair. Le roux mangea du bout des lèvres, son esprit à mille lieux de là, où il se trouvait. Son esprit lui fit remonter le temps… il se souvint des années heureuses qu’ils avaient vécu au collège et au lycée…

 

Aucuns nuages ne pointaient le bout de son nez. Puis, l’université pour Ichigo et le monde du travail pour Grimmjow. Ce dernier avait bâtis son entreprise à la force du poignet… comme disait son compagnon, il se l’était coulé douce durant quatre ans alors que lui avait trimé pour que son entreprise commence enfin à démarrer.

 

Les choses avaient débuté à ce moment-là certainement… Enfin, c’est là que les crises de jalousies ont commencé à se faire sentir. Les justifications incessantes à fournir à chaque sortie, à chaque sourire qu’il adressait. Grimmjow lentement et inexorablement avait éliminé le moindre contact extérieur. Ichigo culpabilisait… car, il avait une vie facile par rapport à Grimmjow.

 

Mais facile en quoi ? Ichigo se souvenait de ses nuits à bosser ses cours, la course entre le métro car il rentrait chaque soir auprès de Grimmjow alors que le lieu de leur appartement était proche de son entreprise à lui… et forçait Ichigo à traverser presque toute la ville pour rejoindre l’université. Il était épuisé… il s’était épuisé… Mais, Grimmjow n’avait jamais voulu le reconnaître. La tension qui avait grimpé à un moment donné dans leur couple, atteignait presque celle qui régnait aujourd’hui. Car Ichigo se refusait à Grimmjow… trop crevé pour penser à la bagatelle.

 

Mais, aujourd’hui se n’était rien de tout cela… Pourquoi la dispute avait éclaté la veille ? Ah oui… Nnoitra l’avait invité à prendre un verre. Même si Ichigo avait quitté l’étudiant contrarié… ce petit échange impromptu avait fait souffler une bouffée d’air frais dans sa vie. Le plaisir qu’il avait eu de revoir Tatsuki… Tatsuki… le cerveau d’Ichigo s’arrêta sur ce nom. Le bibliothécaire sortit son portable et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Non… à part les numéros de téléphone de Grimmjow et le numéro de son médecin qu’il voyait très souvent pour ses problèmes de santé… plus rien…

 

C’était à ça que sa vie ressemblait ? Ichigo enfoui son visage entre ses genoux. Que devait-il faire ? Il devait en parler avec Grimmjow… et peut-être attendre avec ce mariage. Ichigo n’était plus sur de rien. Plus sur de ses choix… était-ce vraiment les siens de toute façon ? Après avoir jeté un coup d’œil à sa montre, Ichigo quitta les lieux et descendit tranquillement l’escalier.

 

Personne ne fit attention à lui. Un fantôme parmi les élèves et les professeurs… Pourtant, au collège, au lycée, il avait eu un tas d’amis… Alors pourquoi ? Pourquoi tout lui pesait maintenant ? La fin d’après-midi se passa lentement. Isane était venu le voir pour qu’il fasse une tonne de photocopies. Elle n’avait pas le temps de s’en occuper et comme lui ne faisait rien de sa journée. Encore un reproche… Ichigo avait été à deux doigts de l’écraser contre un mur… Pour se rendre compte qu’il n’était que misérable.

 

°°0°0°°

 

A la surprise d’Ichigo, Grimmjow était déjà là. Il fut surpris de lui voir ouvrir la porte avec un immense sourire sur les lèvres.

 

« T’es enfin de retour Ichi…

—    T’es déjà là ? Fit saisie Ichigo.

—    J’ai décommandé mes rendez-vous de l’après-midi. On sort ce soir !

—    On sort ?

—    Oui… entre ! Ne reste pas dehors… »

 

Grimmjow attrapa le poignet d’Ichigo et le fit entrer. Les yeux du roux balayèrent l’entrée ou les dégâts du matin avait disparut. Il ne restait plus rien dans l’entrée, juste un meuble pour suspendre les manteaux et ranger les chaussures, ainsi qu’une sellette où ils posaient leurs clefs. L’entrée peinte en blanc parut encore plus grande à Ichigo. Ichigo demanda lointain

 

« Où comptes-tu nous emmener ?

—    J’ai réservé une table dans l’ meilleur restaurant de la ville. Et j’ai pensé qu’on pourrait aller jouer après… comme quand on était au lycée… »

 

Ichigo haussa un sourcil et observa son homme qui faisait de véritable effort. Peut-être qu’il s’était emballé un peu vite ? Un sourire effleura les lèvres d’Ichigo qui saisit la main que lui tendait son amant.

 

« Va t’changer…

—    Je vais prendre une douche et je me change… »

 

Sans hésitation, Ichigo attrapa un costume et fila sous la douche. Il sortit de cette dernière, Grimmjow lui tendit une serviette. Ichigo haussa un sourcil, cela faisait combien de temps qu’ils ne s’étaient pas croisés dans une salle de bain ? Le roux se plaça devant son miroir après s’être essuyé sous l’œil appréciateur de son compagnon.

 

« Ichi… les années n’ont pas de prise sur toi…

—    Toi non plus… »

 

Ichigo se rasait et jeta un œil à sa moitié qui avait collé son corps contre le sien. Son battement de son cœur se fit plus lourd. Les bras de Grimmjow l’enlaçaient. Ichigo avait l’impression de disparaitre dans l’étreinte de son amant. Ce dernier avait enfouis son visage contre la nuque d’Ichigo se frottant le bout de nez comme pour mieux soulever le parfum de sa chair cachait dans les profondeurs de ses pores…

 

« On reste tous les deux ? » Suggéra Grimmjow. 

 

Le roux se raidit imperceptiblement mais suffisamment pour avertir Grimmjow que son amant se trouvait une nouvelle fois sur la défensive.

 

« J’plaisante… j’ch’suis juste bien, comme ça… 

—    Moi aussi mais, j’ai envie de sortir… Grimm… 

—    J’t’attends dans le salon… si j’reste ici… c’est mort ! »

 

Sans laisser le temps à Ichigo de répondre, Grimmjow quitta la pièce brutalement. Le roux resta immobile longuement. Le battant d’une porte ne l’avait jamais hypnotisé à ce point là. La douceur de l’étreinte autour de lui se faisait encore ressentir… brûlante !

 

C’est avec beaucoup de difficulté qu’Ichigo finit sa toilette et rejoignit Grimmjow qui finissait sa conversation de chantier apparemment.

 

« Tu dois partir ? Interrogea Ichigo sur le qui-vive.

—    Non… Mais, demain je n’rentrerai pas de bonne heure !

—    Demain ? Ce n’est pas trop grave…

—    Pourquoi ? L’interrogea surpris Grimmjow.

—    J’ai rendez-vous avec le maître nageur…

—    Ah… lui ?

—    Tu ne veux plus que je sache nager ?

—    Si… si… je suis juste surpris que tu veuilles y retourner…

—    Attends, tu m’as tanné je ne sais combien de fois pour que j’aille à ces cours de piscines !

—    Ok ! ok… j’ch’suis content… On y va ? 

—    Hai ! »

 

Les deux hommes quittèrent leur appartement en silence. Toutefois, Grimmjow repris quelques minutes plus tard avec les chantiers dont il s’occupait actuellement. Ichigo songea qu’il s’était fait une clientèle de plus en plus trié sur le volet. Quand il songeait à ses débuts… son entreprise n’avait plus rien à voir. C’était le bébé dont il était fier… et il  avait de quoi l’être !

 

La soirée se déroula agréablement. Ichigo avait l’impression de voir sa relation avec Grimmjow renaître. Même s’ils étaient vêtus de costume, ils se retrouvèrent dans des salles des jeux vidéo.

 

« Ichi… tu es prêt à te prendre une raclée ?

—    Tu crois que je vais me laisser faire sans rien dire ? »

 

Les deux hommes ricanèrent et Grimmjow enclencha un jeu de baston. Leurs vestes tombèrent rapidement, se prenant au jeu. Finalement, se fut Ichigo qui gagna la partie au grand désespoir de Grimmjow qui voulu prolonger la soirée.

 

« On va prendre un dernier verre ?

—    Où ?

—    J’connais, pas loin un troquet… Il est plutôt sympa… viens ! »

 

Ichigo suivit Grimmjow sans rien dire. Ils marchaient côte à côte sans se parler. La soirée était douce et plaisante. Les piétons marchaient en prenant soin d’éviter les deux hommes qui en imposaient au milieu de la rue.  Bientôt, Grimmjow tira Ichigo par la manche et lui indiqua un sous-sol d’un vieux bâtiment. Ichigo ne connaissait pas le lieu.

 

A peine Grimmjow franchit-il le seuil, que le patron le salua chaleureusement. Les deux hommes discutèrent amicalement, avant que Grimmjow ai la présence d’esprit de présenter Ichigo

 

« Ichigo, je te présente Hisagi-san… Hisagi… j’t’présente ma moitié ! 

—    J’comprends mieux pourquoi tu l’caches ! »

 

Grimmjow et Hisagi-san continuèrent à plaisanter sur le compte du roux qui se demanda brutalement, ce qu’il faisait là ! Il était visible qu’ils étaient plus qu’amis. Ichigo se pose la question, s’il devait faire une crise de jalousie ? Pourtant, il s’installa tranquillement sur un tabouret et se contenta d’observer la scène. Grimmjow était visiblement connu d’une partie de la clientèle masculine et féminine. On ne pouvait pas discuter de manière si décontracter en étant que de simples connaissances de bar.

 

Au bout d’une bonne heure, Grimmjow tout à sa partit de fléchette avec quelques autres habitués, dont Ichigo avait oublié le nom… trop occupé à se débattre entre sa jalousie, sa frustration, sa colère et une évidence qu’il refusait à admettre jusqu’ici…

 

« On peut passer la soirée ensemble si tu veux ! »

 

Tournant son visage vers l’audacieux qui avait tenté sa chance… ce dernier continua

 

« De toute façon, Grimmjow une fois qu’il est partit pour faire la fête… on ne peut plus l’arrêter !

—    Vraiment ? »

 

Le ton rêche du jeune homme fit sursauter l’homme qui le détailla avec attention. Ses yeux aciers se durcirent

 

« T’es aussi coincé que Grimmjow t’avait décrit !

—    Tu sembles bien le connaître Grimmjow…

—    Un peu ? Il vient ici tous les soirs depuis… j’dirai bien… fit pensif son interlocuteur. Au moins, onze ou douze ans… voir une quinzaine d’année… car j’sortais avec Nell à l’époque ! Enfin, la première fois où on s’était rencontré… »

 

Ichigo encaissa l’information et son regard se porta sur Grimmjow qui l’avait totalement oublié. C’était un peu normal après tout… il venait ici seul depuis quinze ans ! Se fut comme une révélation pour Ichigo… un point de non-retour. Ichigo se tourna vers son interlocuteur et se mit à parler avec lui et de ses rencontre avec Grimmjow…

 

Une demi-heure plus tard, Ichigo s’enfonçait dans un taxi. Grimmjow se trouvait toujours dans le bar ignorant son départ ou plutôt… ignorait qu’il existait ! A peine eut-il franchit le seuil de l’appartement qu’Ichigo attrapa des vêtements et une valise. Il avait besoin de réfléchir et d’air. Il attrapa une feuille et un crayon et laissa un message pour Grimmjow.

 

Ichigo ne voulait pas de dispute ce soir là… il ne voulait pas d’une discussion interminable où se serait encore lui le fautif… Un quart d’heure après qu’Ichigo eut quitté l’appartement, Grimmjow entra furieux. Il trouva sur la sellette une page de cahier griffonné à la hâte, sur lequel son compagnon avait écrit

 

« Grimmjow,

Je pensais que ce soir réanimerait notre relation… j’y ai cru au début mais, comment ressusciter une flamme depuis longtemps éteinte ? J’ai préféré partir, plutôt que d’avoir une énième conversation stérile que tu tourneras à ton avantage… Je te recontacterai prochainement, pour discuter posément. Mais, tant que tout n’est pas très clair dans ma tête, je préfère m’éloigner. Je ne veux plus céder à la passion, ou croire en quelque chose qui n’existe peut-être plus depuis longtemps… Ichigo 

Ps : inutile de harceler ma famille… je n’y serai pas ! »

 

Le papier se retrouva en boule sur le sol. Froissé presque déchiré par la violence de la colère de l’homme qui le tenait d’une main tremblante quelques instants plus tôt ! Où était Ichigo ? Il ne connaissait plus personne… plus d’amis et sa famille… depuis le temps qu’ils vivaient ensemble, les liens s’étaient doucement étiolés. Grimmjow se laissa glisser sur le sol… Il ne comprenait plus ce qui se passait… Le regard sec, la mâchoire qui se serrait convulsivement… Grimmjow pensait à sa vengeance. Personne n’avait le droit de le faire souffrir et encore moins Ichigo que les autres.

 

°°0°0°°

 

Ichigo tremblait lorsqu’il remonta l’allée menant à la clinique Kurosaki. Il se réchauffa lorsqu’il posa sa valise à ses pieds. Il ne savait pas si s’était la peur ou la joie, l’angoisse… il était devant la porte de chez ses parents ! Depuis combien de temps n’y avait-il pas été réellement ? Si ce n’est une fois cette année pour annoncer son mariage avec Grimmjow ?

 

Prenant son courage à deux mains, Ichigo sonna à la porte. Son cœur se mit à battre furieusement lorsqu’il vit les lumières s’ouvrir une à une et les bruits de pas qui s’avançaient, se faisant entendre de plus en plus fortement… Lentement la porte s’ouvrit et Isshin apparut sur le pas de la porte brillamment éclairé au point d’éblouir l’homme qui restait immobile devant lui, tétaniser par ses émotions.

 

« Ichigo… »

 

Chapitre 3

Ichigo dormi jusqu’à une bonne partit de la matinée le jour suivant. Lorsqu’il se réveilla, il resta un long moment à observer le plafond, pensif. Qu’avait-il fait ? Un malaise récurant le tenaillait. Au bout d’un petit moment plutôt que de se ronger seul, Ichigo finit par se lever et trouva Mazaki dans le salon finissant de ranger la salle. Il salua brièvement sa mère et finit sa course dans la cuisine.

Mazaki le rejoignit compatissante

« Tu as bien dormi ?

—    Pas vraiment. Je me demandais, si j’avais bien fait. J’aurai peut-être dû lui en parler ou faire une esclandre… plutôt que de… fuir ! Répondit songeur le roux.

—    Ce n’est pas une fuite Ichigo. Ce n’est pas en n’étant sous tension, qu’il te sera possible d’y voir plus clair. »

La mère d’Ichigo contourna la table et s’installa en face du jeune homme. Elle prit les mains d’Ichigo entre les siennes et déclara doucement

« A ton humble avis, crois-tu que Grimmjow t’aurait laissé le loisir de prendre de la distance ? Aurais-tu une chance pour pouvoir mettre les choses à plats dans l’état de confusion dans lequel, tu te trouves ?

—    Je n’en sais rien… je ne sais plus… Murmura le bibliothécaire.

—    Ichigo. Je n’ai pas à me mêler de ta vie. Je t’avoue que ses trois dernières années ont été dures pour moi, car je te voyais de moins en moins… Mais, je n’ai pas à interférer dans le cours de ta vie. Je te dirai seulement de bien réfléchir à ce que toi tu veux vivre. Si ton bonheur est avec Grimmjow malgré sa manière d’agir, se sera ton choix. Par contre, si tu te rends compte que ce n’est pas ce que tu souhaites… Que tu as besoin d’autres choses… Tu devras prendre les dispositions nécessaires pour vivre selon tes désirs. Mais, si tu choisis cette option, discutes-en d’abord avec Grimmjow…

—    Hai…

Ichigo resta pensif, la mine sérieuse. Mazaki se leva avec un grand sourire et proposa

—    Que veux-tu pour déjeuner ?

—    Des toasts… Répondit machinalement Ichigo.

—    C’est partit pour des toasts… La voix joyeuse de Mazaki résonna dans la pièce.

—    Je peux le faire…

—    Depuis que Karin, Yuzu et toi êtes partit de la maison, je n’ai plus personne à chouchouter… Alors, laisse-moi faire ! »

 

Ichigo ne répliqua rien et observa sa mère déambuler devant les placards de sa cuisine. C’était agréable cette atmosphère chaleureuse. Le doux parfum du café frais qui coulait, l’odeur du pain grillé qui se rependait… Tout cela donnait une ambiance cocooning qui apaisait les nerfs à vif d’Ichigo. Le dessus de la table, se trouva bientôt joyeusement encombré par du beurre, de la confiture, des fruits, un bol, un couteau, une cuillère disposée dans un désordre artistique dont sa mère avait le secret.

 

Retrouver les repères de son enfance, conforta soudain Ichigo dans sa décision de s’éloigner quelques jours. Il mangea de bon appétit et conversa le reste de la matinée avec sa mère.

L’après-midi, Ichigo monta dans sa chambre et sortit son portable qu’il avait soigneusement fermé la veille au soir. Il l’ouvrit et trouva une vingtaine de messages provenant tous de Grimmjow… Qui d’autre d’ailleurs ? Songea Ichigo. Il composa le numéro de Grimmjow et fut surpris par la rapidité avec laquelle ce dernier décrocha.

 

« Ichigo ?

—    Salut Grim’

—    Où t’es ? Gronda son compagnon.

—    Ne me cherche pas…

—    Attend ! tu t’es barré de l’appart’ et je n’devrai pas t’chercher ? Tu m’prends pour qui ? Hurla Grimmjow.

—    Ecoute-moi pour une fois ! Répondit glacial Ichigo. Je te demande de me laisser du temps…

—    Pourquoi faire ? »

 

La respiration d’Ichigo était saccadée. Il était prêt à se rapprocher de Grimmjow mais, il ne voulait pas céder à un coup de tête.

 

« Je voudrai réfléchir…

—    A quoi ?

—    A nous…

—    Nous ? Mais on va se marier et…

—    Justement… je ne suis plus sûr…

—    Pourquoi tu t’es barré hier ? »

Ichigo prit une profonde inspiration. Il s’assit sur le bord de son lit, une main enfoui dans la masse de ses cheveux roux, et déclara calmement

« Tu ne semblais pas avoir besoin de moi hier…

—    On est sortit tous les deux…

—    Et tu as préféré terminé avec tes amis… apparemment tu es as beaucoup… et depuis longtemps. » Déclara amer Ichigo. « J’ai eu l’impression de découvrir un pan de ta vie…

—    N’raconte pas n’importe quoi ! tout le monde à des amis e…

—    Sauf moi ! » Repris froidement Ichigo. « Pourquoi ?

—    Rentre ! On va en discuter tous les deux…

—    Pas question ! Je te passais se coup de fil, simplement pour te prévenir… je ne rentrerai pas tout de suite, et je refuse de discuter avec toi, tant que je ne vois pas clair en moi.

—    Qu’est-ce qui te passe par la tête ? T’es devenu une fille ? Ironisa l’entrepreneur.

—    Tu as besoin de me rabaisser ? Grinça des dents Ichigo.

—    Tu déconnes là ! Je veux te parler ! Insista Grimmjow.

—    Pas question ! Pourquoi tu ne veux pas me laisser respirer ? » Demanda énervé Ichigo à bout de nerfs.

—     

Un long silence s’ensuivit. Grimmjow annonça d’une voix crispée

 

« Très bien… fait comme tu l’veux ! Mais compte pas t’en tirer comme ça !

—    Gr… »

 

La communication fut coupée abruptement. Ichigo resta un long moment à observer son portable. Il finit par le fermer d’un geste sec. Une foule d’émotions étreignit l’homme, implacablement. Il bascula sur son lit et ferma les yeux. L’avant-bras recouvrant son visage pour éviter que la pièce silencieuse ne découvre les larmes qui perlaient aux coins des yeux.

 

Vingt-quatre ans qu’ils se connaissaient… dont vingt-un ans en couple ! Ichigo joua avec le chiffre dans sa tête. Cela devait-il se finir ainsi ? Ichigo tourna la tête et son regard tomba sur l’horloge et il sursauta. Son rendez-vous avec Nnoitra… Il attrapa son téléphone et composa le numéro de l’étudiant. Ce dernier décrocha rapidement et contrarié

 

« Ouaih !

—    C’est… Kurosaki Ichigo…

—    J’vous attends !

—    Je… je ne viendrai pas…

—    Putain ! Vous auriez pu me le dire avant ! J’vous attends depuis un quart d’heure !

—    Je suis désolé. Je vous donnerai un cheque en compensation…

—    Pas besoin… Marmonna Nnoitra. J’suppose que vous viendrez plus ?

—    Si j’insiste ! Et… non… je n’irai plus à vos cours…

—    Vous abandonnez, ça va être difficile pour votre lune de miel… Se moqua Nnoitra.

—    Il n’y a plus… enfin, cela ne concerne que moi. Se reprit Ichigo.

—    Oh ? Y’a de l’eau dans le gaz entre vous et votre moitié ?

—    Tout va très bien... entre nous. » Ichigo affermit son ton sur la fin de sa phrase. « Mais, je ne souhaite plus prendre les cours de piscine auprès de vous…

—    Moi ? Ou n’importe qu’elle…

—    Non… je ne souhaite plus apprendre à nager, c’est tout ! Affirma Ichigo.

—    Ok ! Quand aurais-je mon cheque ?

—    Je peux vous l’envoyer ?

—    Pas de problème… vous avez de quoi noter ?

—    Hai… »

 

Ichigo se déplaça dans sa chambre et pris note de l’adresse du jeune homme. Après un bref salue, le roux raccrocha. Il resta longtemps à observer son portable et fronça les sourcils. Le seul contact extérieur à part Grimmjow. Le roux constata qu’il avait besoin d’air. Après une fouille de son placard, le roux jeta son dévolu sur une veste et se précipita dehors.

 

°°0°0°°

 

La brise soulevait doucement les feuilles des branches du parc et c’est avec un certain sourire qu’Ichigo rejoignit Chad. Ce dernier se leva de son banc en voyant son ancien ami arrivé de loin. Ils se saluèrent chaleureusement

 

« T’as pas changé Sado !

—    Toi… un peu… »

 

Chad se retint de dire qu’il trouvait Ichigo complètement différent d’il y a quelques années en arrière mais, s’abstint de tout commentaire éloquent. Ichigo eut un demi-sourire ironique, ce qui prouva au mexicain que le roux n’était pas dupe à ses paroles.

 

« J’suis désolé de t’avoir interrompu tout à l’heure… mais, j’étais tellement content de te revoir….

—    J’ai été très surpris moi-même. Depuis tout ce temps…

—    J’ch’suis content que tu es accepté mon invitation.

—    Content que tu parles à nouveau… » Répondit le mexicain très ému malgré son manque d’expression extérieur.

—    C’était si… terrible ? Grimaça Ichigo.

—    …

—    Je vois… »

 

Sans rien ajouter, Chad posa ses lunettes de soleil sur son nez et entrepris de remonter le parc, accompagné d’Ichigo. Ils remontaient l’allée principale en silence, se dirigeant vers un magasin de musique tenu par Renji un autre pote à eux ado.

 

« Il va être content de te voir… » Déclara brutalement Chad.

 

Ichigo eut un sourire et hocha la tête.

 

« Renji va certainement te demander de revenir dans le groupe… 

—    Vous avez du trouver un bon bassiste depuis le temps… Dit Ichigo en regardant Chad du coin de l’œil.

—    Oh… en fait, on change assez souvent. On nous dépanne… la plupart du temps.

—    Ah… »

 

Ils se trouvaient maintenant dans une des rues principales de la ville. Ils remontèrent l’avenue pour s’enfoncer dans une rue piétonne très fréquentée. Ils n’avaient nul besoin de discuter. C’était une évidence qu’ils étaient toujours amis, malgré la longue interruption d’Ichigo dans leur relation.

 

Chad n’avait pas besoin de détails et il s’en moquait. Il était trop heureux de retrouver Ichigo au bout de toutes ses années de silence. Il trouvait dommage l’attitude de Grimmjow vis-à vis d’Ichigo. Sa jalousie maladive n’apportait que du malheur dans la vie du roux. Mais, aussi loin que ses souvenirs se portent, Grimmjow aimait Ichigo d’un amour irraisonné… au point de pouvoir briser le seul homme qui compte dans sa vie.

 

La foule était assez dense dans la rue. Normal, le samedi était toujours bondé et ce quelle que soit la ville où on se trouvait. Ichigo joua presque du coude pour arriver devant la boutique tenue par Renji. Il s’arrêta quelques secondes, admirant la vitrine soigneusement tenue. Le tintement de la sonnette de porte, lui fit tourner la tête. Chad passait la porte et Ichigo lui emboita le pas.

 

L’air frais de la pièce, fut la bienvenue. Ichigo ne s’était pas attendu à une telle chaleur en cette fin avril. Ses yeux s’habituèrent à la luminosité un peu plus sombre qu’à l’extérieur. Et il vit… Renji ! Ce dernier était accoudé sur le comptoir de la caisse. Un peu plus de tatouages qu’à l’adolescence, plus grand et musclé aussi, il était d’une beauté à coupé le souffle.

 

Le sourire chaleureux qu’il adressait à sa future cliente, lui fit aussi recourber les commissures de ses lèvres. Apparemment, Renji n’allait pas tarder à vendre une Fender Mustang… Ichigo se raidit… il reconnut la guitariste et haussa un sourcil. Renji avait donc réussit à réaliser son rêve. Faire côtoyer sa boutique par des artistes reconnus ? Lentement, Ichigo fit le tour du magasin, attendant la fin de la transaction. Chad était au fond de la boutique sortant quelques pièces, feuilletant avec attention chaque feuillet.

 

Les yeux d’Ichigo s’arrêtèrent sur une Gibson Thunderbird. Les doigts de l’ancien musicien frôlèrent la carcasse de l’instrument. Ichigo sursauta quand une voix proche de son oreille murmura

 

« Tu peux la prendre en main… elle te bouffera pas ! »

 

Ichigo ne se retourna pas et eut seulement un sourire. Il attrapa l’instrument avec révérence et le glissa entre ses bras.

 

« Ça te fait quoi Ichi de la prendre en main ?

—    La même chose qu’il y a vingt ans… » Souffla Ichigo.

 

Le roux leva la tête pour enfin rencontrer le regard rouge de Renji. Ce dernier le fixait incrédule, comme s’il n’arrivait toujours pas à croire l’apparition qui s’était matérialiser dans son magasin.

 

« Chad t’a recruté ? Comment t’as échappé à Grimmjow ? Et comment ça se fait que se soit Chad avec qui tu viennes ?

—    T’as toujours été un crétin où c’est parce que je suis revenu que tu fais des efforts ?

—    La ferme ! Tu l’as prend ou pas ? Demanda soudain Renji.

—    T’es dingue ! J’n’ai pas joué depuis… une dizaine d’année… ou peut-être un peu moins…

—    C’est comme le vélo… et t’étais foutrement bon… Ichi… »

 

Ichigo eut un sourire carnassier et secoua la tête. Il reposa avec révérence le bel instrument et observa son ami.

 

« T’es là pour combien de temps avant que l’ogre se ramène ?

 

Le roux fronça les sourcils en entendant Grimmjow se faire malmener. Ça le touchait plus qu’il ne le pensait. Renji s’en aperçut et reprit sombrement

 

« Ecoute, j’ch’suis super content de te voir… mais, la dernière fois que nous nous sommes vu… il a cassé mon matos. Mon père était fou d’ailleurs… toutes mes économies…

—    J’t’l’paye, si tu veux…

—    Non ! Il a payé… Si t’es là, j’suppose que t’as rompu avec lui… enfin ! »

 

Renji était visiblement soulagé. Ichigo était mal à l’aise mais, il affronta le regard de son ami sans broncher.

 

« C’est juste un break…

—    Quand on fait un break dans un couple… c’n’est pas bon généralement ! T’en as marre de sa possessivité ?

—    Oui… » avoua Ichigo.

—    C’n’est pas trop tôt… » Rétorqua Renji en son ami intensément.

 

Chad s’était joint à eux et écoutait en silence la conversation. Renji eut un pauvre sourire puis, tapant dans le dos d’Ichigo déclara

 

« Tu nous accompagnes samedi ? »

 

Ichigo observa Renji sans comprendre. Se fut Chad qui répondit.

 

« On donne un petit concert dans un café…

—    T’es sourd ? J’n’ai pas touché à une basse depuis… un bail !

—    Tu t’entraines… la Gib’ t’fait un clin d’œil d’ailleurs… Sourit Renji.

—    Ne raconte pas de connerie ! »

 

Ichigo se tourna vers la IV et observa la nacre de la basse. Au fond de lui, Ichigo avait terriblement envie de jouer mais, pas devant un public. Juste pour lui… se souvenir… ou quelque chose du genre. Rattraper une jeunesse perdue en quelque sorte. Il songea au studio que son père avait aménagé pour lui lorsqu’il était adolescent. Il pourrait répéter dans son petit local… Quoiqu’il devait être à présent encombré par autre chose que du matériel de musique à présent.

 

« Y’aura aussi Ikkaku, tu sais… »

 

Le jeune homme haussa les épaules et observa Chad et Renji avec intérêt soudainement.

 

« Il devient quoi lui ?

—    Marié, deux gamins et assureur ! »

 

Ichigo éclata de rire et voyait très mal Ikkaku en assureur… Garde du corps aurait mieux convenu ! Les yeux d’Ichigo tombèrent une nouvelle fois sur la Gibson et d’un mouvement se saisit de la basse et demanda

 

« Tu m’en ferais un bon prix ? »

 

Renji eut un sourire et hocha la tête

 

« Vient l’essayer d’abord !

—    Hai ! »

 

Les trois hommes s’éloignèrent de la vitrine et se rendirent au fond du magasin. Chad appela Renji par l’épaule. Quand il capta les yeux rouges, Chad désigna de son pousse les clients qui attendaient devant la caisse.

 

« Merde ! Jura Renji. Faut toujours des empêcheurs de tourner en rond ! 

—    C’est ton boulot et c’est toi le patron. » Rétorqua Chad calmement.

 

Renji s’éloigna et Chad attrapa le tabouret en face d’Ichigo qui s’installait avec sa basse. Le roux fit courir ses doigts sur le manche et fit glisser ses doigts sur les cordes. Son autre bras reposait sur le châssis de la Gibson. Les doigts d’Ichigo ne bougeaient pas. La pause était toujours la même, constata Chad sans sourire. Son cœur battait plus fort. Comme si le temps avait fait une contraction sur lui-même, lui faisant oublier les presque quinze ans où ils ne s’étaient vus.

 

« C’est pas en jouant dans le vide que tu en connaitras la sonorité Ichi… Se moqua Renji depuis son comptoir.

—    La ferme ! Laisse-moi reprendre mes repères… »

 

La voix d’Ichigo n’était plus qu’un murmure. Il pinça les cordes de la Gibson et joua un morceau qui lui passait par la tête. Il avait perdu en dextérité et ses mains étaient raides. Il était lent voir poussif…  Mais, le plaisir était au rendez-vous. Une profonde émotion étreignit Ichigo, comme une vague se brisant sur la grève. Un sentiment de liberté… un goût d’aventure qui l’avait quitté, il y a bien des années en arrière.

 

« Tu manques de pratique c’est sur… mais, je suis certain que tu pourrais rapidement rejouer comme avant…

—    Raconte pas n’importe quoi Renji… mais, je la veux ! 

—    T’as bien fait de me l’amener Chad ! »

 

Chad haussa les épaules, indifférents. Il s’en foutait du commerce de Renji. Il avait vu l’émotion qu’avait soulevée ce bref morceau, dans les yeux ambre si expressifs d’Ichigo. Plus d’une heure plus tard, Ichigo sortait avec Chad du magasin de Renji avec sur le bras sa Gibson. Un coup de folie comme n’en avait pas fait Ichigo depuis bien des années.

 

Les deux hommes échouèrent dans un bar, bientôt rejoint par Renji et… Ikkaku.

 

« Putain ! Il t’en a fallu du temps pour te détacher de ce connard ! S’écria Ikkaku.

—    C’était mon choix Ikkaku…

—    Ouaih ! Alors t’as une Gib’ ? C’est Renji qui a vendu la mèche…

—    … Regarde… »

 

Ikkaku tourna son visage vers l’instrument caché par une housse. Un sourire se forma sur les lèvres du guitariste.

 

« Donc, tu reviens parmi nous ?

—    Non. » Répondit Ichigo le cœur battant tout de même un peu plus vite.

—    Alors pourquoi ? » Fit Ikkaku en haussant les sourcils étonné.

—    C’est juste pour me faire plaisir…

—    A 190 000 yen ? » Siffla son ami.

—    La ferme Ikkaku ! Il pourrait s’en souvenir et me demander un avoir ! » Rétorqua Renji qui avala une gorgée de bière. « Il a payé comptant !

—    Il ne peut plus rien te réclamer…

—    Ch’suis son ami, abruti !

—    En affaire y’a pas d’ami Renji ! Rétorqua Ikkaku avec un sourire carnassier.

—    Parle pour toi… t’es assureur et les assureurs, ils n’ont pas de cœur…

—    Si on en a un… quand le client signe ! Tu vois, dans ma pauvre cage thoracique mon cœur, il fait boum, boum, boum en imaginant les yens qui vont tomber en fin de mois sur ma fiche de paye ! »

 

Ikkaku avait la main posée sur son cœur, une mine pitoyable vite remplacé par un air de requin. Ichigo avala sa bière et sourit. Il écoutait avec plaisir ses amis se chamailler comme des gamins. Sa vie venait de prendre un tournant complètement inattendu. Quelque chose en lui renaissait. Mais quoiqu’il arrive, il devrait affronter Grimmjow et là, il s’aperçut combien son compagnon l’effrayait. Son cœur se serra à cette idée. Etre enfermé, il ne pourrait plus… non, c’était impossible.

 

°°0°0°°

 

Bien plus tard en soirée, Ichigo regagna la clinique de son père. Son sourire ne quittait pas ses lèvres. Renji avait fait avouer à Ikkaku qu’il se faisait mener par le bout du nez par sa femme. La sœur d’Asano ! Ichigo s’était retenu de rire en imaginant la bouillante sœur de Kiego sur le dos de Madarame. Et puis, il échafaudait des plans pour occuper à nouveau le sous-sol de la clinique. Il demanderait certainement à Isshin de débarrasser son petit local.

 

Ichigo marchait d’un bon pas mais, ce dernier ralentit en approchant de la clinique. A sa surprise la maison était sombre. Aucune lumière n’éclairait une quelconque fenêtre. Il voulu ouvrir la porte et cette dernière était fermée. Inexplicablement le cœur d’Ichigo se mit à courir sous sa poitrine. Sa mère était toujours à la maison, comme son père. S’ils avaient eu un rendez-vous, ils auraient prévenu… Quoique… il était un imbécile, sourit Ichigo. Ses parents avaient un train de vie différent, depuis que leurs enfants avaient quitté le foyer.

 

Ichigo sortit son trousseau de clef et entra. Il alluma la lumière du couloir et se dirigea vers la cuisine. Il remonta la sangle de la housse qui glissait de son épaule. En appuyant sur l’interrupteur, la lumière inonda la pièce et la première chose que vit Ichigo fut le bout de papier sur la table. Fronçant les sourcils, le roux se déplaça rapidement pour lire le message.

 

« Papa a été emmener d’urgence à l’hôpital d’Ishida-san… J’ai rien dit à tes sœurs… Ne t’inquiète pas… Nous devrions rentrer ce soir ! »

 

Ichigo poussa la manche de sa chemise et jeta un œil à sa montre. Il était presque vingt-deux heures. Ce soir ? Vu l’heure se serait étonnant. Ichigo posa sa Gibson dans un coin de la pièce et attrapa son portable pour avoir les renseignements téléphoniques. Son cœur cognait lourdement. Qu’était-il arrivé à Isshin ? C’était un roc et la veille au soir, ce dernier pétait le feu.

 

Le son de la voix de l’opératrice se fit entendre… tout comme la voix de Grimmjow derrière lui. Surpris Ichigo se tourna vers ce dernier en fronçant les sourcils.

 

« J’savais bien qu’l’vieux me mentait… T’es rentré au bercail ! »

 

 

Chapitre 4

L’ambiance dans la cuisine se tendit brutalement. Ichigo fronça les sourcils et son cœur se mit à battre sourdement. Un frisson glacé serpenta sa colonne vertébrale. Ichigo observa calmement Grimmjow et demanda avec le même flegme

 

« Comment es-tu entré ?

—    Par la porte… tu n’fermes jamais derrière toi ! Ricana Grimmjow.

—    Tu m’attendais ?

—    Depuis quatre heures en fait… au coin de la rue… Où t’étais passé ? J’ai cru que l’vieux avait raison y’a quelques minutes !

—    Que veux-tu dire par… J’savais que l’vieux me mentait ?… Tu as vu mon père ? Ne me dit pas que tu as quelque chose à voir avec le fait que mon père soit à l’hôpital ? »

 

La voix d’Ichigo était devenue légèrement agressive, son cœur battait à tout rompre entre sa colère, sa tristesse et l’envie meurtrière de frapper son ex-amant. Grimmjow s’appuya contre le mur et ses yeux bleus parcoururent le corps du bibliothécaire. Ichigo plissa les yeux agacés par le silence pesant qui s’éternisait. Avant qu’ils ne s’aperçoivent de ce qu’il faisait, Ichigo attrapa Grimmjow par les revers de sa veste et le plaqua contre le mur

 

« Répond-moi connard ! Grinça des dents Ichigo.

—    Il n’voulait pas m’dire où t’étais… » Voulu se disculper Grimmjow.

—    Tu l’as frappé ? Ichigo était incrédule, la colère monta en lui prête à tout balayer sur son passage.

—    J’y peux rien, c’est partit tout seul ! Il n’voulait pas que j’aille vérifier dans ta chambre…. Il m’a retenu et j’n’ai pas support… »

 

Une formidable droite s’abattit sur la joue de Grimmjow, dont la tête cogna contre le mur. L’entrepreneur posa une main devant sa bouche et du sang coula entre ses doigts. Relevant la tête stupéfait Grimmjow déclara incrédule

 

« Tu m’as frappé ? j’t’ai jamais frappé…

—    Tu étais à un cheveu de le faire Grimm’ et là… tu as frappé mon père ! »

 

Le roux avait la respiration saccadée. La rage déformait ses traits. Il se retenait de peur de vouloir tuer Grimmjow sous le coup de son excitation.  

 

« Tu te rends compte ? Repris Ichigo ému… tu as frappé mon père !

—    Il l’a mérité ! Rétorqua Grimmjow furieux à son tour.

—    Comment tu as réussit à l’avoir… il est plus fort que toi !

—    Peut-être pas ! » Suggéra Grimmjow avec un sourire cruel.

 

L’homme n’attendait qu’une chose, c’est qu’Ichigo lui saute à nouveau dessus. Il allait avoir un prétexte pour lui rendre la pareille. Il ne voulait pas qu’Ichigo se pose en victime ! Tout le monde prenait fait et cause pour Ichigo. Grimmjow n’était pas fier pour Isshin… Jamais, il ne s’en serai cru capable en fait.

 

Et à sa grande satisfaction, Ichigo lui porta un nouveau coup qu’il encaissa. Sa voix lui parvint étouffée par la colère et le désespoir.

 

« Pourquoi ? Pourquoi ? » Hurla Ichigo.

 

Grimmjow répondit avec son poing dans l’estomac de son amant. Quand le corps d’Ichigo plia sous le coup, Grimmjow eu l’impression de s’être porté une blessure à lui-même. Son cœur se déchira mais, enlisé dans ses pensées contradictoires et par la fureur qu’Ichigo puisse le quitter et l’angoisse de le perdre, il lui porta un autre crochet à la mâchoire faisant valser son compagnon contre la table de la cuisine. Ichigo avait besoin d’une punition…

 

Quand la tête d’Ichigo heurta avec violence le coin de la table et que cette dernière vola au travers de la cuisine… Grimmjow su que quelque chose de grave venait de se produire. Le corps inanimé d’Ichigo sur le sol et le sang qui commençait à couler en abondance lui fit perdre toute velléité de combat. Il se précipita en hurlant pour saisir le corps d’Ichigo.

 

« Ichi… Souffla Grimmjow d’une voix qu’il ne se connaissait pas. Ichi ! Ichi ! » Hurla Grimmjow.

 

Mais, Ichigo restait inconscient, la pâleur de sa peau fit craindre le pire à l’entrepreneur qui sortit son portable et appela les secours. Il en bégayait presque… la peur de perdre son compagnon le paralysait. Une voix féminine lui demanda de rester calme et il appliqua les conseils qu’on lui prodiguait avec flegme.

 

°°0°0°°

 

Isshin et Mazaki pâlirent en voyant une ambulance devant la clinique. Précipitamment, le médecin traversa sa cour et se précipita à l’intérieur de sa maison, Mazaki sur les talons. Ils n’avaient pas parlé mais, tous les deux avaient sentit un danger. Un sixième sens qui les avertissait d’un malheur. Quand Isshin arriva dans sa cuisine, le personnel soignant qui s’agitait ne lui permis pas de voir qui était au sol.

 

Quand il leva les yeux et qu’il vit Grimmjow les vêtements en sang, il su… La rage l’étreignit mais, le sort de son fils l’inquiéta plus que le reste. Isshin s’approcha et retint à temps Mazaki qui allait se jeter sur le corps de son fils.

 

« Ichigo ! Hurla sa mère.

—    Mazaki… tu te calmes.

—    S’il vous plaît Madame… » fit le medecin urgentiste. « Veuillez rester calme, nous faisons notre possible pour le sauver. Monsieur Kurosaki, occupez-vous de votre femme, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir.

—    Vous allez pouvoir le déplacer ? Fit d’une voix blanche Isshin.

—    Nous ne pourrons pas le transférer. Nous allons utiliser l’équipement à disposition dans votre clinique. D’ailleurs… »

 

Le médecin demanda à Isshin de préparer une salle d’opération et signala qu’un spécialiste arriverait bientôt sur place. Isshin demanda à Mazaki de préparer une chambre pour leur fils. Moins d’un quart d’heure plus tard, un chirurgien apparaissait sur le pas de la porte. Isshin avait été gentiment écarté de l’opération. Son propre état ne permettait pas qu’il assiste à cette dernière.

 

Revenant rejoindre Mazaki, il vit à nouveau Grimmjow. Il était en état de choc et prostré dans la même attitude depuis qu’il l’avait aperçut en entrant dans  la cuisine. Isshin se dirigea vers l’ancien compagnon de son fils, car pour Isshin s’était terminé entre eux. Ichigo ne pouvait plus être avec un type aussi violent que Grimmjow.

 

« Que s’est-il passé ? » Demanda froidement le médecin.

 

Isshin faisait un effort surhumain pour ne pas envoyer son poing à la figure de Grimmjow. Il ne pouvait pas ! Son fils était entre la vie et la mort par respect et de peur de précipiter le destin d’Ichigo Isshin rongea son frein.

 

« Je… je ne sais plus…

—    Tu ne sais plus ? Que fais-tu chez moi ? Je t’avais dit tout à l’heure que tu n’étais plus le bienvenu… Après… ton attaque surprise… »

 

Grimmjow sursauta. Il se souvint brutalement avec acuité le coup qu’il avait asséné par derrière au médecin. Ce dernier avait bloqué quelques minutes plus tôt une de ses attaques avec une facilité déconcertante et… il ne l’avait pas supporté. Comment se type plus vieux… à l’air aussi jovial avait pu contrecarrer un de ses coups les plus violents ?

 

« Je… je pouvais pas croire qu’il… ne soit pas ici… Il ne pouvait venir qu’ici…

—    Grace à toi… oui, Ichigo ne pouvait venir qu’ici ! Il n’a plus d’ami, à faillit ne plus avoir de famille…

—    Isshin… protesta Mazaki à bout de nerf. S’il te plaît… Ichi… Ichigo est à côté… »

 

Isshin se détourna de Grimmjow qui resta planter bêtement à sa place. Isshin prit Mazaki dans ses bras. Les tremblements convulsifs de sa femme lui firent comprendre qu’elle était sous le choc. Il baissa son regard pour croiser le sien et essaya de paraître rassurant.

 

« Ça va aller Mazaki… Ichi est un battant ! »

 

Il tira doucement sa femme vers le salon et la fit assoir sur le canapé. Il savait par quelles angoisses sa femme passait. Il connaissait ce regard-là et il l’effrayait plus que n’importe quel autre. Isshin ne voulait plus que le malheur sonne à leur porte.

 

« Tu restes ici, j’arrive tout de suite et je vais te donner quelque chose pour te détendre. »

 

Mazaki attrapa le pan de veste d’Isshin alors qu’il allait partir. D’un regard suppliant, elle demanda le souffle court.

 

« Tu me promets qu’il…

—    Tout ira bien Mazaki. Je reviens tout de suite… ne bouge pas ! »

 

Isshin disparut après un dernier sourire rassurant, qu’il perdit en entrant à nouveau dans la cuisine. L’air menaçant qu’il arbora fit sursauter Grimmjow qui n’avait jamais vu Isshin aussi en colère.

 

« Toi… tu as assez fait de dégâts… tu sors !

—    Je voudrai…

—    Tu sors ! Tu es une menace pour ma famille ! Si je te surprends à tourner autour d’Ichigo, de cette maison ou d’un membre de ma famille… je te tue ! Est-ce que c’est clair ?

—    Très clair… »

 

Grimmjow serra les poings. Il quitta enfin les lieux suivit par Isshin qui claqua la porte derrière lui. Quelques minutes plus tard, Isshin rejoignit Mazaki et lui donna un comprimé pour les nerfs. Il prit sa femme dans ses bras et une interminable attente faite d’angoisses commença pour eux.

 

°°0°0°°

 

Isshin et Mazaki se relayèrent au chevet d’Ichigo. Renji, Ikkaku et Chad se rendirent à la clinique pour prendre des nouvelles du jeune homme. Mazaki les fit entrer avec un plaisir manifeste.

 

« Ça fait si longtemps… Vous venez voir Ichigo ?

—    Chad a vu un papier dans le journal ce matin… alors, on est venu prendre des nouvelles. Il va bien ? Demanda Renji.

—    Il est sortit d’affaire… mais, il n’est pas encore réveillé… »

 

Malgré le sourire qu’elle adressait aux amis d’Ichigo, le visage de Mazaki était anxieux. Ikkaku l’interrogea

 

« C’est Jaggerjack qui lui a fait ça ?

 

Mazaki se crispa en entendant le nom de Grimmjow. Elle demanda

 

« Vous prendrez du thé ?

—    J’vais aller le trouver et… Grogna Renji.

—    Non ! » S’exclama Mazaki en se tournant brutalement vers eux.  « Non… Ichigo est sortit d’affaire et… je ne pense qu’il voudrait… que vous touchiez à Jaggerjack-san. Isshin a fait des démarches auprès de la police afin qu’il ne puisse plus s’approcher d’Ichigo à moins de cent mètres….

—    Mais, il sait où il habite, où il travaille… il va vouloir s’incruster dans sa vie encore une fois…

—    Non ! Il ne pourra pas ! »

 

Mazaki observa calmement le groupe puis, se détourna pour faire du thé. Les trois amis se jetèrent un coup d’œil ne sachant pas comment réagir.

 

« Comment…

—    Mon mari est actuellement en discussion avec des amis à lui bien « placés ». Grimmjow ne pourra plus trouver sa trace… »

 

Mazaki se tourna vers le groupe et leur adressa un faible sourire. Elle dressa la table et continua son récit d’une voix lointaine et atone.

 

« Isshin et moi ne voulons plus qu’il y ai le moindre contact entre eux. Pour l’instant, nous ne connaissons pas encore la portée du traumatisme crânien d’Ichigo. Il est très mal tombé… Se n’est pas tant la violence… c’est juste qu’Ichigo est mal tombé… » Répéta Mazaki au bord des larmes. « Ça aurait pu arriver à n’importe qui, de glisser et de tomber…

—    Mais Grimmjow était…

—    Grimmjow est sous le choc ! Je sais que lui et Ichigo se sont battus. J’ai discuté il y a quelques jours avec lui par téléphone. Il a voulu m’expliquer ce qui s’était passé entre eux. Je ne peux pas pardonner à Grimmjow mais, je comprends… en quelque sorte ce qui a pu leur arrivé.

—    Comment éviterez-vous à Grimmjow de retrouver Ichigo ?

—    Comment ? » Repris Mazaki songeuse. « Nous attendons de voir comment se porte Ichigo. Isshin est en pourparler pour trouver un nouveau travail de bibliothécaire pour Ichigo. Des que nous aurons confirmations de son nouveau poste, nous lui trouverons un appartement. Nous avons changé son portable et reporter vos numéros… Je suis heureuse qu’Ichigo vous ai retrouvé… Avec des amis comme vous autour de lui, je suis sûre qu’Ichigo reprendra vite goût à la vie... » Mazaki eut un sourire et demanda « Ichigo reprend la musique ? »

—    Il est venu dans mon magasin ! » Confirma Renji avec un sourire qui se voulait rassurant.  « Vous n’avez pas peur qu’il ne soit pas d’accord… ses amis…

—    Ichigo n’a plus d’amis… plus personne ! Vous êtes les seuls que je vois en quinze ans… »

 

Un silence glacial s’abattit dans la pièce. Ikkaku se gratta la tête et marmonna

 

« Si on avait su que Grimmjow serait un tel salaud… On se serait chargé de sortir Ichi de là depuis bien longtemps… On pensait sincèrement qu’il était heureux…

—    On voulait peut-être s’en persuader… Rétorqua Renji songeur.

—    Vous êtes là maintenant… et je pense que ça comptera beaucoup pour lui ! 

—    Nous serons là ! » Affirma d’une voix forte Chad.

 

Tous observaient le mexicain qui n’ajouta rien. Cependant, son regard sombre brûlait de colère et de détermination. Si Grimmjow rencontrait Chad, il était évident que le mexicain lui réglerait son compte. Renji détourna la conversation et se mit à parler musique avec Mazaki. Bientôt Ikkaku se joignit à la conversation. La cuisine s’emplie de rire même si tous les esprits étaient tournés vers la chambre d’Ichigo.

 

Quand le groupe quitta la clinique, chacun d’eux promis de revenir visiter Ichigo. Mazaki quitta l’encadrement de porte et débarrassa la table. Sans s’en apercevoir, les larmes coulèrent sur ses joues. Elle ne pourrait jamais pardonner à Grimmjow… Et elle se promit de tout faire pour qu’Ichigo ne le rencontre plus jamais !

 

°°0°0°°

 

Isshin entra dans l’immense bureau de son ami Urahara. Les lambris aux murs, et l’immense bureau en acajou écrasaient le visiteur. Pourtant, Kisuke avait mit de nombreux objets hétéroclites dans son cabinet attisant la curiosité dudit visiteur. Les larges fenêtres faisaient couler à flot les rayons du soleil, l’ambiance en fait donner une impression un peu british des maisons désuètes. Pourtant, Isshin était bien dans le bureau du directeur de l’université de Todai, la plus prestigieuse du Japon.

 

« Rentre Isshin, soit le bienvenu… depuis le temps où nous ne nous sommes vu !

—    Merci de m’avoir répondu Kisuke…

—    T’es un ami et tu as besoin d’aide… Tu m’as apporté la tienne et c’est à mon tour de te renvoyer l’ascenseur. »

 

Urahara contourna son bureau et désigna un confortable fauteuil, lui s’accaparant celui d’en face. Une théière trônait sur la table basse encerclée par les sièges.

 

« Tu vis plutôt bien… Kisuke… » Remarqua Isshin.

—    Je ne vais pas me plaindre… » Confirma Urahara avec un sourire. « Installe-toi, je t’en prie… »

 

Isshin s’assit sur le bord de son siège. Son regard sombre se posa avec insistance, sur l’homme blond qui paraissait insouciant… Mais, connaissant suffisamment son ami d’enfance, Isshin savait pertinemment que ce n’était qu’une façade.

 

« Cela doit-être grave pour que tu paraisses si tendu… Isshin… 

—    Si je demande… ce qui te pousse à te tourner vers moi et demander mon aide…

—    Tu es ma dernière chance…

—    Oh ? »

 

Urahara haussa les sourcils et ne cacha pas sa surprise. Jamais, il n’avait vu aussi inquiet cet homme taillé dans le roc. Il se reprit et adopta un petit sourire de circonstance. Il n’aimait pas voir cet air grave sur les traits d’Isshin, cela ne lui ressemblait pas de toute façon !

 

« Que puis-je pour toi ?

—    C’est pour Ichigo… il doit quitter son ancien travail…

—    Que lui arrive-t-il ? »

 

Isshin fut mal à l’aise. Il ne voyait pas comment raconter les dernières péripéties et finalement se jeta à l’eau. Kisuke perdit son sourire et fronça les sourcils au fur et à mesure du récit. A la fin, Kisuke demanda

 

« Et… comment se porte Ichigo-kun aujourd’hui ?

—    Il s’est réveillé… depuis deux jours.

—    Tant mieux, tant mieux… mais, je suppose qu’il y a des séquelles à… cet incident ?

—    Ichigo a oublié tout ce qui concernait sa vie avec Grimmjow Jaggerjack. Il ne sait plus qui il est. Il se souvient de son travail, il se souvient de ses amis… Renji, Ikkaku et Chad sont passés le voir et il les a parfaitement reconnus. Par contre, le souvenir de son ancien compagnon à disparu. Une amnésie sélective…

—    Je vois… »

 

Kisuke se gratta le menton et réfléchit longuement à la demande d’Isshin.

 

« Isshin, là pour l’instant… je n’ai rien à te proposer. Mais, laisse-moi me débrouiller… je trouverai certainement quelque chose pour ton fils. Hum… de toute façon, il ne pourra pas venir tout de suite dans nos murs, je suppose ?

—    Non, il a besoin de repos. Je pense d’ici un ou deux mois…

—    Parfait ! Ça me laisse le temps de m’organiser. Tu as prévu quelque chose pour le logement ?

—    Non, je vais…

—    Il y a des logements de libre qui sont dévolus aux enseignants. Ça, je peux lui procurer… le temps, qu’il se trouve un chez lui.

—    Merci Kisuke… » Souffla Isshin visiblement soulagé.

—    Tu n’as pas à me remercier Kurosaki-san… je te dois bien plus que ce petit service… Considère ceci comme un acompte !

—    Tu ne me devras plus rien Kisuke…

—    Je fais ce que je veux Kurosaki-san. » Déclara de sa voix caressante Urahara. « Et maintenant, si nous nous prenions un verre de sake pour fêter nos retrouvailles ?

—    Ça ne sera pas de refus… » Acquiesça Isshin.

 

Kisuke sourit et se leva prestement pour sortir sa meilleure bouteille. Il était bouleversé par l’épreuve qu’Isshin traversait. Il ne méritait pas cela. Et son fils encore moins… Il devait la vie à Isshin et il se jura de trouver un autre moyen pour rembourser sa dette. C’est avec un grand sourire qu’il revint avec un plateau sur lequel était déposé deux coupes et une bouteille Manotsuru un des meilleurs sake du pays.

 

« Et que deviens-tu depuis ses dix dernières années Isshin-sensei ? »

 

Le médecin sourit en entendant Urahara se moquer gentiment de lui. Les deux hommes discutèrent longuement. Quand Isshin quitta Kisuke, il se sentait enfin rassuré pour l’avenir d’Ichigo.

 

°°0°0°°

 

Les yeux tournés vers le plafond, Ichigo essayait de se rappeler d’une partie de sa vie. Mais, un immense brouillard obscurcissait ses souvenirs épars. Il évoquait sans difficulté sa journée récente avec Ikkaku, Renji et Chad pour le reste… rien ! Juste des brides… comme son immense solitude, ses frayeurs, ses angoisses. Que s’était-il passé dans sa vie ? Il voyait le malaise de ses parents, lorsqu’il parlait de ses trous de mémoire. Ichigo avait finit par abandonner. Une part de lui était effrayé pour il ne savait quelle raison.

 

Le roux finit par se lever et se dirigea vers le fond de sa chambre pour attraper sa Gibson. Il se mit à jouer en mettant un casque sur les oreilles. Isshin n’avait pas eu le temps de sortir tous les appareils médicaux qu’il avait entassé dans son ancien studio. Comme son matériel était inaccessible, Ikkaku était venu lui filer le reste de l’équipement qu’il lui manquait pour pouvoir laisser sa mère tranquille. Ichigo n’en revenait d’avoir perdu autant dans l’exécution d’un morceau. Ce qui l’avait d’ailleurs poussé à refuser l’invitation de ses potes à un petit concert dans un café branché de la ville. Pas question de se ridiculiser et puis… quelque chose le gênait…

 

En jouant, Ichigo oublia tout. Dans moins d’une semaine, il commençait un nouveau boulot à Todai ! Il n’en revenait pas… Comment avait-il été admis dans la meilleure université du Japon ? Il savait qu’Isshin avait intercédé en sa faveur… Quelque part, il n’aimait pas cette implication paternelle dans sa vie. Il était suffisamment grand pour s’occuper de lui. Mais, il était certain que son accident n’était pas étranger à la prise de position radicale d’Isshin et Mazaki.

 

Enfin, le lendemain il intégrait son nouvel appartement. Il avait plutôt de la chance, c’était un grand appartement avec une vue panoramique sur l’un des parcs de l’Université. Ichigo l’avait visité la veille avec Isshin et Mazaki. Le quartier était calme et la série d’apatō était d’un autre niveau que ceux habituellement en ville. Les murs étaient épais et les pièces plus grandes que la normale. En tout cas, Ichigo s’y était sentit comme chez lui ! Il sentait qu’il allait adorer sa vie à Todai.

 

°°0°0°°

 

C’est d’un pas pressé qu’Ichigo traversa le campus. Il allait être en retard… Le bibliothécaire avait rendez-vous avec Renji et les autres pour un petit concert. Son premier concert depuis un bail. Le problème, c’est que ce foutu prof de chimie n’avait pas voulu le lâcher ! Lui demander de faire des recherches improbables sur une documentation, bien sur, non archiver sur microfiche… Aaaahhh, il n’avait pas de bol !

 

Il s’entendait plutôt bien avec Hirako-sensei mais, il était plutôt chiant. Toujours à lui demander des trucs et à venir le voir… comme s’il n’avait aucune recherche à mener. Ichigo allait s’engager dans l’allée qui remontait vers ses appartements quand une voix l’arrêta nette dans son parcours. Elle ne lui était pas familière…. Et en même temps, il l’avait déjà entendu.

 

Ichigo se retourna et du lever la tête pour voir s’approcher d’un gars aussi grand que Chad  pouvait l’être mais… en plus fin. Quelque chose chez le jeune homme attirait son attention, le captivait.

 

« Kurosaki-san… je ne savais pas que vous étiez bibliothécaire à Todai ! »

 

Ichigo plissa les yeux. Qui était ce jeune homme ? Il n’en avait aucune idée mais, lui semblait le connaître apparemment. Ichigo hésita

 

« Nous nous connaissons ? »

 

L’étudiant pila devant lui, visiblement surpris.

 

« Bien sur ! Ne me dite pas que vous avez oubliez vos leçons de natations… enfin, il n’y en a eu qu’une seule, vous avez décommandé les autres. J’dois être un piètre professeur ! Ironisa Jiruga.

—    Je ne me souviens pas… » Souffla songeur Ichigo en détaillant son interlocuteur.

 

Son cœur battait plus vite brutalement. C’était comme s’il avait quelque chose sur le bout de langue mais, qui refusait de sortir. Ichigo était troublé. Il se mit à frissonner et l’angoisse monta en lui. L’étudiant repris visiblement contrarié

 

« Je suis Nnoitra Jiruga… »

 

Ichigo resta planter sur place observant longuement Nnoitra. Le silence s’installa entre eux et brutalement, Nnoitra quitta Ichigo. Il n’avait pas envie de perdre son temps et visiblement se stupide bibliothécaire l’avait oublié ! Ce qui était loin d’être son cas…

 

Surpris, Ichigo voulu attraper le jeune homme mais, une migraine violente lui enserra la tête. Il fut incapable de l’appeler… et l’étudiant ne se retourna pas ! Quand Ichigo repris conscience de son environnement, Nnoitra avait disparut. Ichigo resta indécis puis, haussa les épaules. Il jeta un œil à sa montre et bondit pour rattraper son retard. Décidément…

 

 

Chapitre 5

Ichigo se dirigea vers la bibliothèque du campus réservée aux départements chimie. Il espérait qu’Hirako-san lui foutrait la paix. Mais, il ne devait pas trop compter dessus, c’était certain. Inconsciemment, Ichigo fouilla la foule d’étudiants qu’il croisait et ne rencontra pas la haute silhouette de Nnoitra Jiruga qui l’avait abordé le vendredi soir. Peut-être ne faisait-il pas partie de ce département après tout…

 

Le roux traversa la cour pour pousser quelques minutes plus tard les portes vitrées du bâtiment moderne. Ichigo salua le personnel de la réception. Inoue rougit. Ichigo la soupçonnait d’être tombée amoureuse de lui. Cela ne provoquait chez lui aucune émotion particulière. En fait, le bibliothécaire se demandait s’il avait eu une vie sentimentale au cours de ses dernières années. Rien ! Il ne se souvenait de rien et tout le monde évitait le sujet. C’était exaspérant et même plus que cela.

 

Il avait eu beau fouiller chez ses parents, dans sa mémoire… partout où c’était possible… Rien ! Etai-il vierge ? Non… il ne pensait pas cela possible. Après un énième soupir, Ichigo monta l’escalier principal et se dirigea vers ses quartiers au premier étage.

 

A peine franchit-il le seuil que la voix d’Hirako joua avec ses nerfs.

 

« Kurosaki-san… vous voilà enfin ! Vous…

—   Que puis-je pour vous Hirako-san ?

—   Vous êtes en retard ! »

 

Ichigo baissa son regard sur sa montre et constata qu’il n’avait que deux minutes de retard. Le roux soupira doucement et demanda au scientifique d’une voix sereine.

 

« Qui avait-il de si urgent que deux minutes ne pouvait pas supporter ? »

 

Hirako se déplaça pour se poser devant Ichigo, un sourire en coin des lèvres. Le bibliothécaire observa la silhouette gracile du scientifique. La frange de cheveux cachait en partit son visage et son sourire omniprésent empêchait quiconque de connaître le fond de sa pensée.

 

« Votre absence… »

 

Ichigo haussa un sourcil surpris et le fixa incrédule.

 

« Vous ne trouvez pas que vous y aller un peu fort ?

—   Vous êtes plutôt lent… Kurosaki-san n’est-ce pas ?

—   Lent ?

—   Tss ! J’imagine que je dois vous faire un dessin ?

—   Arrêtez de vous adresser à moi comme si j’étais un demeuré ! Maintenant, je vais vraiment être en retard alors excusez-moi. Si vous avez besoin de quelque chose… venez me voir à mon bureau… Sur ce… bonne journée Hirako-san ! »

 

Ichigo quitta le blond qui soupira. Conquérir le bibliothécaire allait être beaucoup plus compliqué qu’il ne le pensait. Mais, quelque part, c’était beaucoup plus excitant de cette manière. Kurosaki l’intriguait et il était incroyablement sexy. Il finirait bien par craquer ! Il savait qu’il n’avait personne… Shinji se chargerait de remplir sa vie.

 

Ichigo salua Hanataru d’un vague signe de la main. Le petit bibliothécaire avec lequel il travaillait se joignit à lui compatissant, une tasse de thé fumante à la main. Il lui tendit et déclara

 

« Hirako-san est encore venu vous embêté Kurosaki-san ?

—   Si seulement il pouvait m’oublier ! » Soupirer Ichigo. « Je n’avance pas par sa faute dans mon travail d’archivage.

—   Je comprends… Hirako-sensei en fait… toujours trop… parfois… » Tenta d’expliquer Yamada qui ne savait pas comment présenter les choses.

—   Dans mon cas, c’est assez souvent ! Qu’est ce que je lui ai fait à la fin ? » Grogna Ichigo.

—   Vous lui plaisez… vu la manière dont il vous regarde… » Souffla Hanataru sur le ton de la confidence.

—   Pardon ? »

 

Ichigo avait le cœur qui se mit à battre brutalement. Jamais, il n’avait songé qu’il puisse plaire à un homme. C’était… impossible ! Ses mains se mirent à trembler et c’est un peu brutalement qu’Ichigo posa sa tasse. Il était hors de question qu’un homme l’approche ! Fermant son esprit à quelque chose qui visiblement ressemblait à un mauvais souvenir, Ichigo quitta les lieux et se dirigea vers la salle du fond où se trouvait tous les documents qu’il devait scanner.

 

Sans attendre, il se mit au travail. La matinée fut courte pour Ichigo. Il fut surpris de voir Hanataru près de lui. Voyant l’interrogation se peindre sur ses traits, Yamada eut un petit sourire et annonça joyeusement

 

« C’est la pause déjeuné… Kurosaki-san, voulez-vous partager votre repas avec moi ?

—   Bien sur ! Mais, j’ai rien apporté à manger pour moi ce midi…

—   Oh… nous pouvons partager ! Ma femme en fait toujours de trop de toute façon…

—   Vous êtes marié Yamada-san ?

—   Oui… depuis quelques mois seulement… » avoua en rougissant Hanataru.

 

Ichigo sourit en voyant l’air gêné du bibliothécaire timide. Quelque chose au fond de lui se sentait interpellé et inconsciemment, il porta son regard vers ses mains où ne brillait aucune alliance. Avait-il eut quelqu’un d’important ? Non… il ne pensait pas ! Après tout, s’il avait eu quelqu’un d’important dans sa vie, il s’en souviendrait… On n’oubliait pas les personnes que l’on aimait…

 

« Vous avez quelqu’un vous aussi Kurosaki-san ?

—   Non ! » Répondit Ichigo sans hésitation.

—   Vraiment ? Pas de petite amie ? Un flirt ? Euh… pardon, je me mêle de ce qui ne me regarde pas…

—   Non, je n’ai personne ! Peut-être bientôt... qui sait… » répondit avec un sourire le roux.

—   Je l’espère pour vous… c’est formidable, vous savez… »

 

Ichigo éclata de rire et répondit taquin

 

« Vous voir si heureux, ça donnerait envie Yamada-san !

—   Si Momo vous entendait… elle serait contente, je crois… »

 

Les deux hommes s’installèrent bientôt dans la salle du personnel et déballèrent le bento artistiquement préparé par « Momo ». Ichigo félicita Hanataru. Les plateaux avaient l’air tout bonnement délicieux.

 

« C’est une excellente cuisinière en tout cas ! »

 

Le bibliothécaire rougit et hocha la tête.

 

« Oh… elle est aussi une femme d’action ! J’avoue ne pas comprendre son métier et pourquoi, elle a choisit celui-là à un autre… » Hanataru se pencha en avant et souffla sur le ton de la confidence « Mais, elle peut-être terrible parfois ! 

—   Quel est son métier ? Interrogea curieux Ichigo qui visualisaient très mal le type de femme qu’Hanataru pouvait épouser. Une femme effacée certainement.

—   Elle est garde du corps ! »

 

Ichigo faillit s’étouffer avec son onigiri. Une image se forma dans la tête d’Ichigo d’un musclor féminin et maquillée, rougissante… Il secoua la tête pour effacer la vision d’horreur qui se formait dans sa tête. Ichigo songea qu’il avait vraiment trop d’imagination. Il reporta son attention sur Hanataru qui finissait tranquillement sa bouchée.

 

« Se n’est pas trop dangereux pour une femme ?

—   Oh Momo s’en tire très bien ! Et puis, comme elle passe relativement inaperçue avec sa taille, je ne m’inquiète pas trop. En fait, Momo est capable de me mettre ko en un coup !

—   Ah… Impressionnant… » murmura Ichigo pas convaincu.

 

Qui en effet n’arriverait pas à mettre Hanataru Yamada ko en un seul coup ? Ichigo était sur que le jeune homme pouvait se mettre ko tout seul… et sans se forcer… Ne voulant pas vexer son nouvel ami, Ichigo n’ajouta rien.

 

En sortant du local, Ichigo percuta un étudiant qui s’arrêta brutalement devant lui. Le bibliothécaire faillit partir à la renverse, si ce n’est une main ferme qui lui enserra le poignet pour qu’il ne tombe pas. Ichigo releva la tête et voulu remercier son « sauveur ». Ses mots moururent sur ses lèvres.

 

« Mer…. »

 

Nnoitra fixa Ichigo d’un regard de glace. Un autre étudiant se trouvant à côté de lui l’interpella.

 

« Jiruga… ramène-toi ! On n’a pas beaucoup de temps pour nos recherches…

—   J’arrive ! »

 

Nnoitra se détourna et Ichigo voulu l’interpeller mais, la voix d’Hanataru souffla.

 

« Non… ne lui parlez pas ! Il est flippant ce type ! C’est le major de sa promo en chimie et il est le fils d’un type très, très riche… mais, sincèrement… il est effrayant… »

 

Ichigo ne l’écouta pas et traversa le couloir pour rattraper Nnoitra. Il l’appela

 

« Nnoitra-kun… »

 

L’étudiant tourna son visage, visiblement agacé.

 

« Je voulais vous remercier pour tout à l’heure et… je voulais vous poser une question. »

 

Nnoitra observa un instant le bibliothécaire surpris. Que lui voulait-il à présent ? Ce type était vraiment bizarre… Mais, en même temps, lorsqu’il croisait son regard… rien d’autre n’existait pour lui.

 

« Je… je ne me souviens plus de vous… car, j’ai tout oublié de mon passé. Je suis amnésique… Je n’ai pas voulu vous vexé. Je… Vous avez l’air de me connaître et il y a certaine chose qui m’échappe. Pourrions-nous discuter après les cours un soir Nnoitra-kun ?

—   Vous êtes amnésique ? » Nnoitra fixait à présent Ichigo stupéfait.

—   Hai ! J’ai eu… un accident. Je ne m’en rappelle plus très bien en fait. Et j’essaye de me souvenir de mon passé.. mais, sans succès »

 

Nnoitra hésita, le visage visiblement déçut de l’homme l’ému et finalement déclara d’une voix dédaigneuse.

 

« Pourquoi vous ne demandez pas à votre copain…

—   Mon copain ?

—   Ouaih… Jaggerjack Grimmjow… vous étiez fiancé, il devrait pouvoir vous éclairez ! j’vous laisse ! Bye ! »

 

Ichigo avait l’impression que ses chaussures venaient d’être coulées dans le béton. Il avait un copain et il était fiancé ? Il aimait les hommes ? Hanataru vint se poster près d’Ichigo

 

« Vous ne devriez pas écouter ses mensonges… »

 

Le roux fut incapable de répondre. Il fouilla dans sa mémoire. Le nom lui était familier ? Il ne savait plus. Jamais, il n’avait été aussi perdu de toute sa vie. Ebranlé, Ichigo regagna sa pièce et continua son travail. Contrairement à la matinée, l’après-midi se traina en longueur. Hirako-sensei vint se joindre à lui.

 

« Oï ! Kurosaki-san… J’ai besoin de votre aide… » Sa voix mourut sur ses lèvres. Il reprit «  Non… c’est vous qui avez besoin d’aide apparemment. »

 

Hirako observa  le profil du bibliothécaire qui sursauta quand il posa la main sur son épaule. Son expression dégoutée, Shinji l’a prit comme une gifle. Il n’était pas gay, alors qu’il avait cru le contraire ? Ichigo se reprit. Il  se rendit compte à la tête du professeur qu’il venait de le froisser.

 

« Je suis désolé… Excusez-moi… je ne me sens pas bien !

—   Allez à l’infirmerie alors ! Inutile de nous causer des soucis inutiles !

—   Vous aviez besoin de quelque chose ?

—   Non. Je me débrouillerai tout seul sans problème. »

 

Shinji quitta la pièce et se perdit dans les rayonnages de la bibliothèque.

 

Son cerveau cherchait désespérément un indice, une information… Quelque chose. Ichigo avait besoin de savoir ! Il s’aperçut que c’était très important pour lui.

 

Lorsqu’enfin, Ichigo pu quitter son travail, il se précipita dehors et prit son téléphone. Il composait le numéro de Renji… il devait savoir ! Quand ce dernier décrocha, Ichigo attaqua immédiatement

 

« Connais-tu Grimmjow Jaggerjack ? »

 

Seul le silence lui répondit. Ichigo reconnaissait en lui, une colère sourde monter. Pourquoi ce silence ?

 

« Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

—   Ton père ne voulait pas que tu saches ! Et moi, je ne voulais pas que tu revois ce salaud ! C’était aussi bien que l’oublie ! » Déclara froidement Renji.

—   Merde ! Et moi…. Vous y avez pensé à moi ?

—   Tout le temps Ichi… » Souffla Renji. « On a assisté impuissant à ta descente en enfer… Nous voulons te protéger.

—   Mais, vous auriez pu le dire ? Ne serait-ce que pour m’éviter un choc !

—   Tu l’as revu ? » Interrogea faussement calme Renji.

—   Qui ?

—   Jaggerjack ?

—   Non ! » Rétorqua sèchement Ichigo.

—   Alors comment as-tu su ? » S’étonna Renji.

—   Ça ne te regarde pas ! Où habites Jaggerjack-san ?

—   Là, aucune idée… et même si je savais…

—   Très bien ! Je me débrouillerai seul !

—   Pense à tes parents…

—   Laisse tomber Renji… ça prend pas avec moi ! »

 

Ichigo traversa le campus très rapidement pour se trouver une nouvelle fois nez à nez avec Nnoitra. Il n’avait jamais vu ce type durant les deux premiers mois de son travail et maintenant, il ne cessait de le croiser. Ce dernier l’observa également surpris. Ichigo se dit qu’il s’agissait d’un signe du destin ! Il se dirigea droit sur lui.

 

« Nnoitra-kun… connaissez-vous mon ancienne adresse par hasard ?

—   Eh Nnoitra… c’est qui ce type ? T’l’connais ? N’oublie pas qu’on doit terminer notre rapport et…

—   Ta gueule Szayel… » Fixant Ichigo, Jiruga répondit « Non… on s’était donné rendez-vous dans un café… 

—   Ah… dommage… » Souffla désappointé Ichigo.  « Excusez-moi de vous avoir encore une fois dérangé. »

 

Ichigo s’éloigna rapidement mais, une main s’abattit sur son épaule. Surpris, Ichigo tourna la tête vers Nnoitra qui le dévisageait sombrement.

 

« J’ai votre adresse.

—   Mais, vous venez de dire que…

—   J’pensais que vous me cuisineriez… »

 

Ichigo soupira et scruta le visage de l’étudiant qui faisait un effort pour paraître calme. Devant son silence, Ichigo relança

 

« Je suppose que le renseignement ne sera pas gratuit ?

—   Ouaih…

—   Combien ?

—   Combien ? » Répéta Nnoitra sans comprendre. Puis, il se reprit et déclara sèchement « Vous me prenez pour qui ? Non, je veux juste boire un verre avec vous. 

—   Mais, je t’ai proposé déjà de te voir après les cours…

—   Pas ça… comme… un rendez-vous ! »

 

Les yeux ambre fouillaient les yeux noirs de Nnoitra. Il n’y avait pas de moquerie ou de malice. Il semblait même tendu. Apparemment, il ne devait pas souvent tendre ce genre de piège. Ichigo soupira et secoua la tête. Il n’allait pas se laisser mener par le bout du nez par un élève !

 

« Non, je regrette. Je ne prends pas de rendez-vous avec des hommes plus jeunes que moi… vraiment plus jeunes que moi…

—   Ça m’gêne pas que vous soyez plus âgé ! » Protesta Nnoitra en fronçant les sourcils.

—   Quand je parlais de nous voir après les cours, c’était juste à la cafétéria… pas d’un rendez-vous extérieur. Je regrette Nnoitra-kun !

—   Si vous changez d’avis, vous saurez me retrouver ! » Affirma l’étudiant bravache.

—   Mais oui, mais oui… » Répondit Ichigo qui quitta les lieux pour rentrer chez lui.

 

Ichigo se morigéna pour avoir accéder à son coup de tête. S’il avait su que le jeune homme en profiterait pour lui proposer un vrai rendez-vous, il ne serait pas allé vers lui. Ichigo monta l’étage pour gagner son appartement et c’est fiévreusement qu’il prit ses clefs dans sa poche de pantalon.

 

Une fois à l’intérieur, il se dirigea vers sa chambre où se trouvaient son bureau et surtout son  ordinateur. Immédiatement, il chercha le nom de Grimmjow Jaggerjack. Il ne trouva pas d’adresse de particulier… mais, une entreprise de travaux publics à ce nom. Se pouvait-il ? Ichigo fouilla le site de présentation et trouva le nom du PDG et… il s’appelait Grimmjow Jaggerjack.

 

Ichigo sans réfléchir tira son portable et le posa sur son bureau. Que devait-il lui dire ?  Et faire ? Mais… Qui ne tente rien… n’a rien ! Sans plus tergiverser, Ichigo composa le numéro et tomba sur une voix grave, un peu bourrue.

 

« Jaggerjack Grimmjow…

 

Le cœur d’Ichigo bondit dans sa poitrine. Cette voix… Devant le silence, la voix repris

 

—   Oi ! J’ai autre chose à foutre que d’subir les plaisanteries à la con !

—   Jaggerjack-san…” Fit Ichigo hesitant.

 

Un silence de plomb lui répondit. Les mains d’Ichigo se mirent à trembler, le roux se racla la gorge et continua

 

« Je m’excuse de vous déranger… mais, je voudrai vous rencontrer !

—   Pour un rendez-vous, veuillez vous adresser à ma secrétaire ! » Répondit sèchement son interlocuteur.

—   Mais… nous nous connaissons…. Je suis Ichigo Kurosaki. » S’exclama le roux prit au dépourvu.

—   Je n’vous’connais pas, Désolé… Maintenant, j’ai autre chose à fou… » Rétorqua indifférent Jaggerjack.

—   Vous mentez ! Protesta vigoureusement Ichigo.

—   Ecoutez-moi bien, Kurosaki-san ! Je n’vous connais pas ! Maintenant, allez emmerdez quelqu’un d’autre ! »

 

Ichigo resta avec le téléphone coller à l’oreille… alors que le bruit d’un bip, bip sourd résonnait dans sa tête. Une image fugace se forma dans son esprit… Celle d’un homme incroyablement beau et sexy. Son cœur se mit à battre plus lourdement encore.

 

L’évidence s’imposa d’elle-même, Grimmjow Jaggerjack et lui se connaissaient. Un frisson serpenta sa colonne vertébrale. Pourquoi refusait-il de le voir ? Le regard d’Ichigo se posa sur l’adresse de l’entreprise. Il irait y faire un tour en semaine. Il devait en avoir le cœur net ! Quelque chose s’était passée et quelque chose de grave entre eux. Sinon, Jaggerjack ne le rejetterait pas de cette façon. Mais, Ichigo avait besoin de savoir. Ses parents ne lui fourniraient aucune explication s’était évident.

 

Vu la réaction de Renji ou même des autres…  Personne ne l’aiderait… Et Nnoitra Jiruga que savait-il sur lui et Grimmjow ? Ichigo se pencha sur son ordinateur et commença à fouiller le site de l’université. Grâce à ses mots de passe, il entra dans l’administration et trouva la fiche de l’étudiant.

 

Etudiant de deuxième cycle de chimie, il avait pour professeur principal Hirako Shinji. Une grimace se forma sur le visage d’Ichigo. Il avait des résultats brillants. Nnoitra était âgé de vingt-quatre ans presque vingt-cinq… et venait de la ville de Sendai. Il était le fils d’un chef d’entreprise dans les industries chimiques et pharmaceutiques…. Evidemment. Et une des plus importantes du Japon… Et… il ne logeait pas très loin du campus.

 

Ichigo nota son adresse et il trouva également son numéro de portable. Ça pouvait toujours lui être utile. S’il fallait utiliser Nnoitra… Si c’était juste un rendez-vous… cela ne le tuerait pas non plus. Ichigo s’arrangea avec sa conscience. Enfin, il essaierait de trouver le jeune homme dans les couloirs ou bien sur le campus. Apparemment, il avait le don pour tomber sur lui ses derniers temps.

°°0°0°°

 

Grimmjow termina sa soirée au bar. Il avait besoin d’un remontant. Grimmjow s’installa sur un des hauts tabourets et Hisagi vint vers lui.

 

« Ça n’a pas l’air d’aller ? Mauvaise journée ?

—   Ouaih… on va dire ça comme ça… sert-moi un Whisky ! »

 

Hisagi haussa un sourcil et s’exécuta sans rien dire. Il trouva bizarre de voir Grimmjow arriver au bar un lundi. Personnellement, il en était ravi. Il aimait Grimmjow depuis des années… en silence. Il revint sans rien dire et posa le verre demandé devant l’entrepreneur qui avait enfouis ses doigts dans ses cheveux avec nervosité. Il ne l’avait pas vu comme ça… depuis, l’accident de son ex-compagnon.

 

« C’est Kurosaki-san… qui te perturbe encore ? »

 

Grimmjow sursauta. D’entendre prononcer le nom de son ex-amant le terrassa. Il sortit son paquet de cigarettes pour fumer mais, Hisagi lui montra le panneau d’interdiction de fumer.

 

« Tu n’peux pas Jaggerjack-san…

—   Soit pas poli avec moi Shouhei…

—   Comme tu veux mais, y’a que lorsque j’suis poli qu’tu m’écoutes ! »

 

Grimmjow eut un petit sourire en coin.

 

« Si j’t’faisais l’amour, tu serais aussi poli ?

—   Je serai tout ce que tu veux Grimmjow… »

 

Grimmjow fixa Shouhei incrédule. Voyant que le barman était très sérieux, Grimmjow déglutit péniblement.

 

« N’raconte pas de connerie… c’était pour plaisanter !

—   Moi non… Grimmjow, j’ai toujours voulu coucher avec toi !

—   Coucher ? »

 

Le barman s’approcha et se pencha vers Grimmjow et lui déclara droit dans les yeux

 

« Tu as tellement Kurosaki dans la peau que tu te rends même pas compte de tous les hommes qui te tournent autour. Maintenant, que tu as fait ton deuil de ton ex… Moi… j’suis prêt à le remplacer sans problème…

—   Le deuil tu dis ? »

 

Le ton amer renseigna tout de suite Hisagi sur la souffrance de Grimmjow. Il aimait toujours Ichigo Kurosaki à en crever. De toute façon, il le savait… l’avoir dans la peau comme Grimmjow l’avait dans la peau… ça ne partait pas en six mois. Pourtant, il était prêt à tout. Et c’est sans se démonter qu’il déclara

 

« Grimmjow… c’est pas en restant tout seul que tu l’oublieras ! Tu sais très bien que tu ne pourras jamais recoller les morceaux… Moi, j’t’aime depuis des années. J’t’ai jamais rien dit, car je respectais tes sentiments pour Kurosaki. Mais, il est plus là ! Tu comptes rester célibataire toute ta vie ? 

—   Non.

—   Ecoute… j’t’demande pas de m’aimer… Seulement faire un p’tit bout chemin ensemble. Si t’as envie de m’jeter car tu t’rends compte que ça va pas, tu me le fais savoir. Tout comme moi, je te le ferai savoir si tu m’emmerdes trop ! T’es quand même un chieur Grimmjow…

—   Connard !

—   C’est bien c’que j’disais. Réfléchis… et tien moi au courant ! »

 

Hisagi s’éloigna calmement. Il sortit un instant et partit dans la réserve et se servit d’une petite flasque de sake qu’il but d’un coup. Merde ! C’était quoi sa déclaration à la con ? Mais au moins maintenant Grimmjow était au courant.

 

Grimmjow resta immobile. Le fait d’avoir entendu la voix d’Ichigo l’avait bouleversé. Il lui avait fallu tout son self-control pour ne pas sauter de joie. Mais, il avait fait la promesse à Isshin et… à lui-même… plus jamais, il ne s’approcherait d’Ichigo. Leur vie ensemble était terminée. De toute façon, Ichigo souhaitait s’éloigner pour réfléchir…

 

Et puis, la vie sans Ichigo était très difficile mais en même temps… il était soulagé. Il n’avait plus ses angoisses qui le tenaillaient pour savoir si Ichigo serait là ou pas. S’il était heureux… malgré toutes ses demandes fantasques.

 

Il tuerait père et mère pour l’avoir dans ses bras et voir la passion s’allumer dans son regard… Mais, Grimmjow était toxique pour Ichigo… et sans Ichigo Grimmjow revivait, autrement… Mais au moins, même s’il n’y avait plus de passion, plus d’amour… il se reconnaissait en tant qu’homme. Pourquoi Ichigo revenait dans sa vie ? Il avait réussit à se faire une raison. Même si c’était bancal.

 

Grimmjow resta longtemps seul accompagné par son unique verre. A la fin du service, Grimmjow releva la tête et croisa le regard sombre de Shouhei. Il n’avait peut-être plus la passion et l’amour… Mais, la possibilité de recommencer sa vie sur un bon pied. Grimmjow eut un petit sourire et eut un léger geste envers Hisagi et sortit.

 

Quelques minutes plus tard, le barman apparut à côté de lui. Grimmjow voulait tirer les choses au clair.

 

« Shouhei… je ne t’aime pas. Et je n’sais pas si je t’aimerai un jour… Mais, si malgré tout tu veux bien m’accompagner pendant quelques temps…

—   J’t’en demande pas plus…

—   On est d’accord ! » Sourit Grimmjow.

—   Chez toi ou chez moi ? » Demanda Shouhei indécis brutalement.

—   Chez moi ! » Rétorqua fermement Grimmjow.

 

Plus vite, il effacerait les souvenirs d’Ichigo par un autre dans son appartement… Plus vite, il reprendrait goût à la vie. Les deux hommes montèrent dans le véhicule de l’entrepreneur en silence. Grimmjow démarra la voiture et quelque chose s’éteignait doucement au fond de lui alors qu’il regagnait son chez lui… non… Il jeta un coup d’œil à Shouhei qui fixait l’extérieur. Non… leur chez eux !

 

Chapitre 6

La journée parue exceptionnellement longue pour Ichigo. Il avait décidé de ce rendre le soir même sur le lieu de travail de Jaggerjack. Il n’avait pas vu Nnoitra et songea que ce n’était pas plus mal. À peine eut-il finit son travail qu’il se précipita dehors et faillit bousculer Hirako Shinji qui venait à sa rencontre.

 

« Excusez-moi Hirako-san… j’ai un rendez-vous…

—    Mais, je… 

—    Excusez-moi Hirako-san, je suis pressé ! »

 

Shinji observa la silhouette qui s’effaça au détour du couloir dans la précipitation. Il n’avait pas de chance avec Kurosaki. Peut-être que se n’était pas le moment pour lui d’intervenir ? Shinji haussa les épaules, il avait tout son temps.

 

Nnoitra vit passer devant lui le bibliothécaire et le trouva anormalement animé. Comme si… Il fronça les sourcils. Se pouvait-il qu’il ait remit le couvert avec Jaggerjack ? La voix de Szayel et de Nell le tira de ses pensées…

 

« Arrête de rêvasser Jiruga… j’ai oublié mes affaires au labo…

—    C’est ton problème pas le mien Szayel ! » Rétorqua sèchement Nnoitra.

—    Ecoutez les garçons… si nous voulons finir notre devoir, il va falloir que tout le monde y mette du sien.

—    Où est passé Tessla ? Demanda Nnoitra.

—    Euh… je crois qu’il voulait parler à une fille. Il a dit qu’il viendrait nous voir tout à l’heure… » répondit tranquillement Nell. 

 

Nnoitra soupira… une fille ! Lui ne pensait qu’à Kurosaki depuis qu’il l’avait rencontré. Merde ! La vie n’était pas juste ! Depuis quand s’intéressait-il aux hommes ?

 

°°0°0°°

 

Le taxi traversa rapidement les abords du campus mais, ralentit en abordant la ville. Puis, repris sa route pour arriver à Karakura. Ichigo ne savait pas à quoi s’attendre. Tout ce qu’il voulait savoir, c’était la vérité. Et cette émotion qui l’avait troublée lorsqu’il avait cru reconnaître le visage de… Grimmjow.

 

Le véhicule s’arrêta sur le bas côté et Ichigo descendit tout en fixant l’entreprise devant lui. Il ferma la porte et le taxi repris sa route. Le vent frais du début de l’automne souleva les cheveux roux. Cet endroit disait vaguement quelque chose à Ichigo. Il n’avait pas du y venir très souvent, il en avait l’intime conviction. En tout cas, s’était beaucoup plus grand que ce à quoi il pensait.

 

Le bâtiment était sur un étage. Les murs blancs étaient impeccables et fraichement repeints. Des lourds véhicules étaient parqués sagement dans la cours. Ichigo déchiffra une pancarte sur lequel était indiqué le mot « accueil ». Le roux se dirigea vers la porte, le cœur battant. Ichigo entra et vit une jeune femme blonde derrière un bureau classant des dossiers.

 

Elle releva la tête et se figea en le reconnaissant visiblement.

 

« Kurosaki-san… Ça fait longtemps… enfin, excusez-moi…

 

Ichigo avait l’impression que son cerveau entrait en ébullition. Il demanda d’une voix enrouée.

 

« Excusez-moi… nous nous connaissons ? J’avoue avoir perdu une partie de ma mémoire…

—    Je suis Tia Hallibel… Je suis l’assistante de Jaggerjack-san. Cela fait un petit moment que vous n’étiez pas venu dans le bureau… C’est peut-être pour cela, que vous ne me reconnaissez pas.

—    Non ! Je suis en partit amnésique. Ne vous excusez pas… »

 

Ichigo s’approcha du comptoir et posa ses mains tremblantes par-dessus. Il fixait Hallibel avec attention et demanda

 

« Je souhaiterai voir Jaggerjack Grimmjow…

—    Il n’est pas là ! Il est sur un chantier sur Tokyo et ne rentrera pas avant ce soir ou peut-être rentrera t-il directement chez lui… Enfin, je veux dire… J’ai su que vous n’étiez plus avec Jaggerjack-san…

—    Ne vous excusez pas ! » S’exclama Ichigo confus de l’embarras évident de la jeune femme. « Je ne me souviens plus de l’adresse. Pouvez-vous me la donner, s’il vous plaît ? Je…

—    Non ! Je suis désolée… Mais, Jaggerjack-san m’a interdit de donner son adresse à quiconque. Même si c’est vous qui le demandez… si vous ne vous en souvenez pas, je ne peux rien faire pour vous. Comprenez-moi… je tiens à ma place.

—    Je comprends… Pourtant, vous pourriez faire en sorte… enfin, comme si je me souvenais de ce détail ? » Déclara Ichigo avec espoir.

—    Non ! Je ne tenterai pas ma chance. J’en suis désolée. »

 

Ichigo resta longuement accoudé au comptoir, ne sachant quelle décision prendre. L’air fermé de la jeune femme montra toute sa détermination à ne pas faillir à son poste. Finalement, il demanda

 

« Pourriez-vous au moins lui laisser un message de ma part ? »

 

Tia posa sa pile de dossiers et rejoignit Ichigo au comptoir. Elle sortit dessous, une feuille à l’effigie de la société et un crayon. Elle posa discrètement une enveloppe alors qu’Ichigo écrivait son message.

 

« Jaggerjack-san,

Je ne souhaite pas vous harcelez et se sera ma dernière tentative pour vous contacter. Je souhaiterai vous rencontrer pour que je puisse retrouver une partie de ma mémoire. Il y a un grand vide que je n’arrive pas à combler. Je sais que vous faites partit de mon passé. Alors, s’il vous plaît accordez-moi un rendez-vous… Je vous laisse mes coordonnées…. Même si vous ne m’appelez pas tout de suite.

Sincèrement Kurosaki Ichigo »

 

Ichigo ferma l’enveloppe quelques minutes plus tard, ne sachant quoi ajouter. Il tendit l’enveloppe à Hallibel qui fixa la missive un instant. Lorsqu’elle voulu parler, Kurosaki avait quitté les murs de l’entreprise. Elle se racla la gorge mal à l’aise et traversa le couloir pour frapper à la porte de son employeur.

 

« Entrez !

—    Un courrier… Jaggerjack-san. »

 

Grimmjow haussa un sourcil surpris et demanda

 

« La poste n’est déjà pas passé ?

—    C’est de… Kurosaki-san… »

 

Le cœur de Grimmjow eut un raté. Il se leva d’un bond, Hallibel continua

 

« Il vient de me la donner

—    Il était ici ?

—    Hai ! A l’instant… mais, vous m’aviez dit de dire que vous n’étiez pas là et… »

 

Hallibel vit le dos de son patron qui s’enfuyait à l’extérieur de l’entreprise. Grimmjow couru comme un dératé et arracha presque la porte d’entrée. Ichigo était venu jusqu’ici pour le rencontrer. Quand il avait donné l’ordre à Hallibel, c’était sous le coup de la colère et avait oublié cet ordre stupide… ne se doutant absolument pas qu’Ichigo viendrait jusqu’à lui.

 

Grimmjow s’arrêta sur le parking et observa la route à droite à gauche… personne. Quelques passants marchaient rapidement pour échapper au vent devenu mordant. Grimmjow jura et passa une main lasse dans ses cheveux. Il retourna dans son bureau d’un pas lent. Il se trouva stupide. Puis, il se souvint de la promesse faite à Isshin… et ses menaces. Et enfin, il songea à Hisagi… Son cœur se serra. Ils venaient seulement de débuter leur relation. Que devait-il faire ?

 

Il trouva l’enveloppe sur son bureau et après l’avoir observé longuement, Grimmjow la rangea dans le fond de son tiroir. Il avait eu beaucoup de mal à se sortir de la tête, le visage d’Ichigo… et n’était pas encore guérit apparemment. Il ne devait pas… ne pouvait pas le rencontrer ou lui parler. Peut-être un jour mais, pas maintenant. Il aurait trop mal comme à cet instant.

 

°°0°0°°

 

Ichigo entra dans son appartement dépité. Il était passé voir ses parents profitant d’être à Karakura. Le roux avait avoué son passage dans l’entreprise de Grimmjow. Sa mère était devenue très pâle. Son fils lui avait affirmé ne pas l’avoir rencontré et que de toute façon, son énigmatique ex-compagnon refusait de le voir. Même s’ils n’avaient rien dit, les parents d’Ichigo semblaient rassurés.

 

Maintenant seul, il se jeta sur son lit. Il allait devoir construire sa vie avec un trou immense sur son passé. Compliqué pour construire un avenir, s’il y pensait bien. Ichigo se demandait comment avait été leur vie à tous les deux. L’homme ne savait plus par quel bout prendre son destin… puis, opta sur l’option de construire sa vie au jour le jour. Se serait déjà pas si mal, vu le tournant que prenait sa vie.

 

°°0°0°°

 

Le silence de la pièce était confortable. Les rares bruits étant le grincement discret d’une chaise, les feuilles des pages qui se tournent, ou le cliquetis léger d’un clavier. Ichigo aimait être dans cette atmosphère feutrée. Plongé dans la base de données de sa bibliothèque, Ichigo sursauta lorsqu’une voix chuchota

 

« Kurosaki-san… »

 

Ichigo leva les yeux pour rencontrer ceux de Nnoitra Jiruga.

 

« Que puis-je pour vous Nnoitra-kun ?

—    Vous avez repensé à ma proposition ? »

 

Une légère coloration marbra les joues d’Ichigo qui ne pensait pas se faire relancer en plein travail. La colère brilla dans son regard et c’est sèchement mais à voix basse qu’il répliqua

 

« C’est toujours non !

—    Tss… vous n’courrez pas beaucoup après vos souvenirs ! Quoique… vu comment vous étiez à l’époque… » Se moqua Nnoitra. 

 

Ichigo dévisagea avec attention le jeune homme et son cœur se mit à battre plus vite. Savait-il quelque chose à sa vie ? Pourtant, s’ils ne s’étaient croisés qu’une seule fois ?

 

« J’vous laisse… vous avez l’air occupé !

—    Attendez ! »

 

Ichigo se crispa, il avait crié sans s’en rendre compte. Il toussota et Nnoitra vint s’accouder au comptoir du bibliothécaire, un demi-sourire aux lèvres.

 

« Vous voulez savoir ?

—    Oui… je veux savoir. Je voudrai pouvoir tourner une page… » Ichigo baissa les yeux vers son bureau et avoua « C’est compliqué de construire quelque chose sur du vide… ».

—    Écoutez… j’veux juste qu’on prenne un verre ensemble…

—    Pourquoi ? » Demanda Ichigo intrigué par l’insistance du jeune homme. Peut-être aussi pour le déstabiliser…

—    Parce que vous m’intéressez ! »

 

Nnoitra se pencha un peu plus et regarda Ichigo avec sérénité. Son sourire s’était effacé et le cœur d’Ichigo se mit à battre plus fort. Les yeux sombres étaient petits et pourtant quand on se situait de manière suffisamment proche comme maintenant, une foule d’émotion y circulait. Le violet de ses prunelles devint plus sombre, comme si un désir violent si longeait. Là, il voyait de la détermination et une franchise dont il ne se sentait pas capable lui-même.

 

« Depuis que nous nous sommes croisés la première fois, vous m’intriguez… vous paraissiez si effacé derrière votre mec et pourtant, vous étiez prêt à affronter votre phobie pour lui ! Vous hantez mes nuits Kurosaki-san… »

 

Ichigo déglutit, Nnoitra avait chuchoté chacune de ses paroles et pourtant, il était accroché à ses lèvres, son regard suivait d’ailleurs le mouvement de sa bouche. Lorsqu’il leva les yeux pour affronter son regard, un frisson traversa Ichigo.

 

« J’vous demande pas d’couchez avec vous… j’vous demande pas de devenir mon petit ami… simplement d’aller boire un verre et… ça ne serait pas la première fois… »

 

Ichigo était manifestement surpris. Nnoitra se redressa et pianota de ses longs doigts fins le comptoir. Aucune animosité ne filtrait de la longue silhouette. Les longs cheveux noirs cachaient en partit le visage sérieux de Nnoitra. Ichigo songea qu’il n’avait rien à perdre… pourquoi pas après tout. Rien ne se passerait entre eux mais, au moins, il récupérerait une partie de ses souvenirs…

 

« Très bien ! J’accepte… »

 

Nnoitra eut un sourire victorieux et il cessa immédiatement de pianoter.

 

« Mais, il n’y aura rien entre nous… » Précisa Ichigo.

—    Ok ! Juste un rendez-vous… amical… » Sourit Nnoitra.

—    Oui… amical… » Souffla inconsciemment Ichigo comme pour se persuader lui-même.

—    Je peux donc me considérer votre ami Kurosaki-san… Je peux vous appelez par votre prénom ?

—    N’allez pas trop loin Nnoitra-kun

—    Ok… c’est précipité pour ça… mais, évitez le Nnoitra-kun durant notre rendez-vous… Vous pourrez m’appeler Jiruga…

—    Dans tes rêves ! » Grinça des dents Ichigo.

 

Nnoitra éclata de rire et Ichigo le foudroya du regard et le menaça en chuchotant.

 

« Maintenant, si vous n’avez plus rien à faire ici… déguerpissez !

—    Ok, ok… mais, donnez-moi d’abord une date…

—    Je peux m’adapter… je ferai en fonction de vos possibilités…

—    Vous êtes… arrangeants… » Marmonna Ichigo en fixant Nnoitra droit dans les yeux.

 

Le jeune homme lui rendait son regard, un léger sourire sur les lèvres.

 

« Je ne veux pas vous servir d’excuses pour vos travaux !

—    Vous êtes mignon en colère vous savez…

—    Foutez-vous encore de moi et j’annule ! » Grinça Ichigo qui s’était redressé pour se sentir moins écraser par la stature de l’étudiant en face de lui.

 

Nnoitra se pencha brutalement, leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres, leurs soufflent se mélangeaient.

 

« Kurosaki-san… ce samedi soir me conviendrait parfaitement… vous pourrez même vérifier l’avancement de mes travaux…

—    N’abusez pas…

—    J’ch’suis prêt à faire tous les efforts… »

 

Un sourire carnassier fleurit sur les lèvres de Nnoitra. Il fixait Ichigo avec tellement d’insistance que ce dernier lui répondit, ne voulant pas perdre au petit jeu de son adversaire.

 

« En soirée… de préférence… termina Nnoitra.

—    20 h ?  Répondit en murmurant Ichigo furieux

—    Ça marche ! » Répliqua triomphant une nouvelle fois Nnoitra qui se redressa brutalement. « Donc, à samedi… Kurosaki-san… »

 

Ichigo voulu répondre à Nnoitra mais, ce dernier quitta les lieux en saluant Hirako Shinji qui les fixait, les yeux plissés. Ichigo se rendit compte avec le départ de Nnoitra qu’ils avaient été le point de mire de la bibliothèque. Il se racla la gorge mais, s’installa comme si de rien n’était. Il reprit son travail et la voix d’Hirako Shinji remplaça celle de Nnoitra.

 

« Ainsi vous accordez des rendez-vous à un étudiant ? »

 

Ichigo ne leva pas la tête et continua son travail, essayant de paraître indifférent.

 

« Cela ne vous regarde pas Hirako-san…

—    C’est un de mes élèves ! Protesta Hirako.

—    Et alors ? Il est majeur… et moi aussi… où est le problème ?

—    Je voulais vous invitez… »

—     

Ichigo leva les yeux et fixa étonné son interlocuteur. Hirako ne souriait pas comme à son habitude. Il reprit sombrement

 

« Il est plus jeune que vous… beaucoup plus jeune… quel intérêt pour vous d’entretenir une relation qui ne durera pas plus qu’un ou deux mois ? Ou bien, c’est seulement pour une nuit ? Je ne pensais pas que vous étiez ainsi…

—    Hirako-san… ce que je fais de mes nuits, avec qui je sors, ou quoi que ce soit qui se reporte à ma vie privée ne vous regarde en rien !

—    Je m’intéresse à vous… Kurosaki Ichigo ! Alors, cela me regarde ! Et ne me dite pas que vous ne l’aviez pas remarqué. » Termina Shinji sombrement.

 

Le bibliothécaire ne répondit rien. Il se souvenait des paroles d’Hanataru mais, avait repoussé cette éventualité. Maintenant, il devait l’affronter et l’air très sérieux d’Hirako-san  ne lui laissait aucune porte derrière laquelle se réfugier.

 

« Hirako-san… je… je suis incapable d’entretenir la moindre relation avec qui que ce soit…

—    Sauf avec Nnoitra-kun ?

—    Cela ne vous regarde pas ! Répondit calmement Ichigo.

—    Vous vous enflammez avec lui…

—    Je ne vois pas le rapport…

—    Vraiment ? Ironisa Shinji. Connaissez-vous la passion Kurosaki-san ? Et puis… N’oubliez pas que vous ne venez pas du même milieu »

 

Ichigo se raidit et son regard se voila. Un sentiment étrange étreignit le roux qui détourna le regard pour cacher son malaise.

 

« Quand vous en aurez assez de courir après une certaine chimère… venez me voir ! Quoique, je n’attendrai pas éternellement.

—    Je ne souhaite pas établir une quelconque relation avec vous Hirako-san… Répondit calmement Ichigo blessé au fond de lui-même.

—    Comme vous le voulez… Mais, faites attention à vous !

—    Je ne suis pas un adolescent. Rétorqua Ichigo.

—    Nnoitra-kun… lui, vient juste d’en sortir ! »

 

Hirako Shinji haussa les sourcils pour quitter la bibliothèque sans ajouter la moindre parole, le dos très raide. Une multitude de souvenirs venaient lui effleurer la mémoire… Notamment un, qui se nommait Kuchiki Byakuya. Une pointe de douleur traversa le cœur du chercheur et il sentit tout le poids de sa solitude s’abattre sur ses épaules.

 

Ichigo se réfugia dans son travail pour le reste de sa journée. Quand il quitta la bibliothèque, il sortit son portable et appela Renji.

 

« T’as un problème ?

—    J’ai besoin d’air !

—    Ah ouaih ? Des problèmes ?

—    Non, besoin de boire un verre…

—    Ok ! Rejoins-moi à la fermeture. On ira au bar d’à côté et tu me raconteras ou pas ce qui te turlupines… Sinon, on parlera des femmes et de le…

—    Je suis gay ! Soupira Ichigo.

—    Ah… tu t’en souviens maintenant ! T’as flashé sur quelqu’un ? » Interrogea abruptement le commerçant.

—    La ferme ! J’veux juste me changer les idées…

—    Ok… ok… j’dis plus rien ! »

 

Quelques minutes plus tard, Ichigo passa les portes de l’établissement et son regard tomba sur Nnoitra accompagné par une dizaine d’étudiants. Sa haute stature se détachait du lot. Il avait l’air heureux même s’il affectait une mine renfrognée. Il était à l’aise avec son entourage, sa façon décontracté de se tenir… A quoi pensait-il ? Ichigo fronça les sourcils et au même instant croisa le regard sombre de Nnoitra. Ce dernier lui lança un œil indéchiffrable.

 

Ichigo détourna son visage, se ne fut pas le cas de Nnoitra. Le bibliothécaire ressentait la brûlure de son regard sur son dos. Que lui arrivait-il encore ? Son portable sonna et Ichigo décrocha absent.

« ‘tain lâcheur ! Déclara Ikkaku. J’ai su qu’t’avais invité Renji à boire un coup ! Et moi ?

—    T’es marié et t’as des gosses…

—    J’ch’suis pas moine imbécile !

—    Ikkaku-san ne dira rien ? Ironisa Ichigo.

—    J’dirai que j’ai une réunion ! Déclara Ikkaku. Et puis, c’est vrai de toute manière. Faut qu’on se voie. Nous avons reçut une invitation à nous produire.

—    Où ça ?

—    J’t’explique tout à l’heure ! Mon rendez-vous vient d’arriver… A tout’ »

 

Ikkaku raccrocha brutalement et Ichigo soupira. Quand il tourna la poignée de sa porte, il se dirigea vers sa chambre et s’installa sur le sol. Un nouveau concert ? Ichigo attrapa sa basse, brancha sa chaine et posa un casque sur ses oreilles. Autant tuer le temps de manière efficace et oublier… un certain Nnoitra Jiruga qui s’incrustait un peu trop dans ses pensées.

 

°°0°0°°

 

Installez autour d’une table le quatuor discutait férocement. Ikkaku était un peu plus énervé qu’à son habitude. 

 

« Merde ! C’est une occasion en or ! Pourquoi n’voulez-vous pas ?

—     J’n’ai jamais dit que je voulais être pro Ikkaku ! » Répliqua calmement Ichigo.

—    Moi c’est pareil. » Approuva Chad sortant de son mutisme.

—    Ça m’tenterait bien… Mais…

—    Pas de mais les gars ! Et ce n’est pas pour être pro !

—    Ikkaku ! Moi les petits cafés pour sortir de notre routine me convienne… » Déclara Chad.

—    Mais putain c’est le…

—    C’est pareil pour moi. » Fit Ichigo en attrapant sa pinte.

—    Kurosaki-san ?

 

Surpris les quatre hommes se tournèrent et croisèrent un regard sombre d’un homme très grand et très jeune. Renji, Madarame et Chad se tournèrent vers Ichigo qui fronça les sourcils.

 

« T’l’connais ? » Demanda Renji surpris.

—    On avait rendez-vous ce soir… déclara Nnoitra moqueur.

 

Ichigo s’étouffa et foudroya Nnoitra du regard.

 

« Nous n’avions pas rendez-vous ce soir mais, samedi !

—    C’est ton nouveau petit ami… enfin, « petit » c’n’est pas le terme ! » Déclara Madarame en jetant un regard incrédule sur Nnoitra.

—    Non ! » Répliqua sèchement Ichigo.

—    Vous avez rendez-vous. » Rétorqua Chad.

—    Installe-toi avec nous ! » Déclara Renji avec le sourire.

 

Nnoitra attrapa une chaise à la table d’à côté sous les protestations des étudiantes mais, le regard de glace du jeune homme les réduisit au silence. Il s’installa et observa Ichigo avec un petit sourire moqueur. Le regard sombre de ce dernier lui fit comprendre combien il était énervé. La tension à la table monta brutalement.

 

« Donc, tu es le petit ami d’Ichigo et depuis quand ? » Interrogea Renji très curieux.

—    Ouaih ! Il nous tient jamais au courant… » fit Ikkaku en se servant d’une large gorgée de bière.

—    Normalement, ça ne nous concerne pas ! Répondit Chad.

—    J’ch’suis heureux que tu sois là Chad ! Remarqua Ichigo.

—    Ah Chad dit amen à tout c’que tu dis ! Râla Ikkaku.

—    Donc, depuis quand ? » Demanda Renji se moquant des réponses de ses amis.

—    Depuis aujourd’hui ! » Répliqua Nnoitra une lueur de défi dans le regard à l’intention d’Ichigo.

 

Le regard d’Ichigo se modifia, une lueur dangereuse brilla au fond de ses yeux. Il bu tranquillement sa bière. Il allait laisser Nnoitra se débrouiller mais, il réglerait ses comptes avec lui très rapidement. Peu importe ce qu’il dirait… il ne se laisserait pas marcher sur les pieds et certainement pas par un gamin. Une rage sourde le submergea pourtant, rien dans son attitude ne se modifia. Il croisa les jambes et s’installa plus confortablement. Il ne quitta plus Nnoitra du regard du reste de la soirée.

 

Il voulait qu’ils sortent ensemble ? Très bien… il allait lui montrer ce qu’il lui en couterait et lui ferait amèrement regretter d’avoir dépasser certaines bornes. Nnoitra confusément avait ressentit le changement de comportement du bibliothécaire. Il ne savait pas ce qu’il avait déclenché mais, il était prêt à en subir les conséquences. Il voulait Kurosaki et pas comme un ami… C’était des foutaises ! Il le voulait comme amant… et qu’importent les risques qu’il prenait.

 

Renji, Chad et Madarame étaient conscient de la tension à leur table mais, il n’avait jamais vu Ichigo aussi en alerte. Quand il était avec Grimmjow, il était effacé tandis qu’avec ce Nnoitra, il leur faisait penser à un prédateur. Cela promettait d’être très intéressant durant les prochaines semaines. Et puis, même si Nnoitra avait l’air impressionnant, il ne paraissait pas être un mauvais bougre.

Chapitre 7

Allongé sur son lit, Ichigo se souvint de sa soirée plutôt mouvementé et pour le moins inattendue. Nnoitra avait subit l’interrogatoire serré de ses amis et c’est avec délectation qu’Ichigo avait assisté aux explications plus ou moins véridiques de  l’étudiant. Il était évident que le jeune homme n’avait jamais été confronté à un groupe d’hommes plus âgés, dans une soirée de ce type. Mais, il s’en était sortit plus que vénérablement.

 

Nnoitra avait été très surpris d’apprendre qu’Ichigo et ses amis étaient musiciens à leurs heures. Pour sa plus grande consternation, il avait pris le partie d’Ikkaku et Renji avait finit par suivre le projet fou d’Ikkaku de se produire dans un festival de musique rock. Ichigo était donc obligé de suivre le groupe. Madarame pour le remercier l’avait invité à se joindre aux répétitions du vendredi soir et le jeune homme avait accepté avec un grand sourire, en jetant un regard en biais victorieux à Ichigo. Nnoitra plaisait au groupe, c’était évident.

 

Ichigo n’avait pas participé à la conversation, la plupart du temps, il était resté silencieux. Son regard restait constamment accroché au visage de Nnoitra qui glissait de temps à autres un œil vers lui, parfois déconcerté. Pourtant, au fil de la soirée, il ne prêta plus attention  à l’attention particulière que lui portait le bibliothécaire. Ichigo ne savait plus si la situation l’agaçait, l’amusait ou l’étonnait. Sa colère s’estompait…

 

Quand le groupe se sépara, Nnoitra marchait à côté d’Ichigo. Après avoir vérifié qu’ils étaient bien seuls, le jeune homme avait attaqué immédiatement

 

« Vous êtes en colère Kurosaki-san ?

—   Tu as obtenu ce que tu voulais, non ? » Rétorqua Ichigo calmement.

 

Nnoitra jeta un regard de côté et observa l’homme qui se tenait à quelques pas de lui. Ichigo fit un geste pour appeler un taxi.

 

« Je veux plus que de l’amitié… continua Nnoitra

—   Ah… »

 

Un taxi s’arrêta à la hauteur d’Ichigo qui ouvrit la portière et s’engouffra à l’intérieur sans regarder l’étudiant. Ce dernier fronça les sourcils. Que devait-il faire ? La portière restait ouverte. La voix d’Ichigo lui parvint moqueuse.

 

« Tu comptes camper ? »

 

Nnoitra plissa les yeux. Kurosaki n’était plus l’homme qu’il avait l’habitude de côtoyer et quelque part, il trouvait ça excitant. Il monta dans le véhicule et ce dernier démarra immédiatement.

 

« Pourquoi ?

—   Pourquoi ? » Répéta simplement Ichigo.

—   Cessez de jouer ! » Rétorqua agacé Nnoitra.

—   Je joue ton jeu… » répliqua Ichigo moqueur. « Tu veux sortir avec moi ? Tu as tout fait pour me provoquer ? Très bien… j’accepte ! »

 

Ichigo se déplaça sur le siège et colla son corps contre celui de Nnoitra qui se raidit ne s’attendant pas à un tel comportement de la part d’Ichigo. Le roux sourit devant le malaise de l’étudiant.

 

« Mais, il n’est pas dit que je ne ferai pas tout pour que tu jettes l’éponges Nnoitra-kun… Tu as des amis de ton âge, tu es brillant, tu es le fils d’un homme d’affaire important… pourquoi tiens tu t’en à sortir avec un petit bibliothécaire pommé, qui a perdu la moitié de sa mémoire ? Pour avoir un frisson ? Une nouvelle découverte ? Te foutre de moi ?

—   Rien de tout cela… et vous êtes plutôt bien renseignés… sur mon compte… Kurosaki-san. » Nnoitra eut un petit sourire.

—   Je travaille au campus Nnoitra-kun, répondit calmement Ichigo.

—   Si nous sortons ensemble arrêtez de m’appeler Nnoitra-kun ! » Déclara entre ses dents le jeune homme. Mon prénom c’est Jiruga…

—   Je continuerai à t’appeler comme cela si ça me chante ! Tu n’as rien à décider à ma place, ni à m’imposer !

—   Et bien… dommage que vous n’ayez pas mis le haut-là de cette manière avec Jaggerjack-san. » Siffla Nnoitra.

—   Jaggerjack ? »

 

Le cœur d’Ichigo se mit à battre furieusement et il observa Jiruga sans comprendre. Nnoitra vit la détresse dans le regard ambre. Il retrouvait cette fragilité qu’Ichigo semblait avoir perdu depuis son amnésie. Sans se rendre compte de son geste, Jiruga glissa une main sur la joue d’Ichigo qui sursauta surpris par son geste.

 

« Il vous écrasait… Souffla Nnoitra.

—   Comment peux-tu le savoir ? Tu ne m’as croisé qu’une fois ou deux…

—   Vous deviez allez aux Iles Grenadines pour votre voyage de noce… » Commença l’étudiant d’une voix grave. « Vous avez une peur panique de l’eau. Et vous avez décidé de prendre tout de même des leçons de natations… vous avez essayé de raisonner Jaggerjack et il n’a pas pris vos phobies au sérieux apparemment… » Continua calmement Nnoitra en voyant l’air stupéfait du bibliothécaire. « Vous ne pouviez plus voir vos amis, vous n’en aviez pas. Et pour le peu que vous ayez rencontré une ancienne connaissance, vos amis étaient apeurés ! Vous avez perdu la mémoire… C’est tout de même bizarre que se soit passé au moment où vous aviez une certaine tension dans votre couple ! Je vous aie croisé à la fin avril et nous sommes fin septembre… »

 

Ichigo s’enfonça sur la banquette et porta son pouce à sa bouche pour mordre son ongle, dans un réflexe de pure nervosité. Le taxi s’arrêta devant les portes du campus. Ichigo sortit du véhicule comme un automate. Il resta pensif sur le trottoir. Nnoitra se posta devant lui.

 

« Ce n’est pas ici que tu descends norm…

—   J’n’ai pas loin jusqu’à ma piaule ! » Coupa Nnoitra.

 

Ichigo leva les yeux vers l’étudiant qui le fixait sans sourire.

 

« J’n’plaisante pas avec vous… Vous n’êtes pas un jeu et… j’ch’suis pas lui ! Je voudrai une vraie relation… Kurosaki-san. Je ne suis pas votre ennemi. Laissez-moi une chance. »

 

Naviguant dans un maelström d’émotions divergentes, Ichigo était indécis. Pourquoi devait-il se venger sur ce gamin ? Il était idiot. Il était manifeste que Nnoitra était sincère ce qui n’était pas son cas. Devait-il reporter sa frustration sur lui ? Ichigo leva les yeux vers la haute silhouette immobile de l’étudiant et déclara placidement

 

« Je ne sais pas ce que tu attends de moi Nnoitra-kun… Je ne suis même pas sur de pouvoir t’apporter quoique ce soit. Tu fais peut-être une erreur en voulant à tout prix avoir une relation avec moi…

—   Je vous laisserai partir… si vous en avez assez de moi. Je ne tenterai pour vous retenir… » Tenta de convaincre Jiruga.

 

Il fronça les sourcils en voyant, le visage de Kurosaki se fermer.

 

« Tu vas souffrir Nnoitra…

—   Laissez-moi seul juge de ce qui est bon ou pas pour moi ! J’ai envie de vous… je veux essayer, vous m’obsédez… Déclara sèchement l’étudiant.

—   Je n’aime pas ce terme… » souffla Ichigo.

 

Un silence s’instaura. Ichigo soupira et fixa le trottoir quelques instants, indécis. Il releva la tête pour fixer son interlocuteur droit dans les yeux et l’interrogea

 

« Est-ce que… j’étais malheureux ?

—   Vous aviez l’air de n’manquer de rien… mais, pas satisfait de votre vie…

—   J’ai l’air misérable ?

—   Non, perdu. »

 

Ichigo rit doucement et passa nerveusement ses mains dans les cheveux.

 

« J’ai besoin de réfléchir… » Ichigo médita un instant et prononça « Nnoitra, laisse-moi du temps…

—   V’nez me trouver quand vous aurez votre réponse…

—   Pas trop longtemps ? Ironisa Ichigo.

—   J’m’en fou du temps que ça prendra… de toute façon, j’ai mes études ! » Haussa les épaules Nnoitra.

—   Je ne suis pas si important… » Fit narquois Ichigo qui se sentait blessé dans le fond par l’air indifférent du jeune homme.

—   Je vous aie harcelé parce que je voulais attirer votre attention ! Je voulais que vous me regardiez comme quelqu’un de crédible et pas comme un simple étudiant. Kurosaki-san, je peux être très patient lorsque je veux quelque chose… Ne pensez jamais que je ne calcule pas les risques ou mes actes. Je peux briser les gens que je croise… mais, ce n’est pas ce que je cherche avec vous… J’vais vous laisser réfléchir. Je pense que vous trouverez mes coordonnées ?

 

Nnoitra s’approcha d’Ichigo et se pencha vers lui. Le cœur du roux se mit à battre plus vite. Une imperceptible odeur boisée l’entoura. Il l’avait déjà perçut plus tôt, inconsciemment… L’étudiant était trop proche, trop rapidement. Leurs corps s’effleuraient et la stature de Nnoitra enveloppait celle du bibliothécaire.  Ichigo sentit les lèvres de Nnoitra effleurer le lobe de son oreille et sa voix grave susurrer

« Bonsoir… Ichigo… 

—   Ne t’emballe pas ! » Chuchota Ichigo qui ne bougeait pas malgré leur proximité.

 

Nnoitra se redressa pour observer le visage levé vers lui. Un fin sourire étira ses lèvres. Et avant qu’Ichigo ne puisse réagir l’embrassa. Le bibliothécaire tenta de repousser l’étudiant mais, l’étreinte se resserra autour de lui. Son cœur battait la chamade, les lèvres souples de Nnoitra caressaient les siennes presque voluptueusement. Le souffle de Nnoitra se mélangeait au sien. C’était troublant et il se sentait faiblir… Mais, d’un geste brusque Ichigo poussa Nnoitra quand ce dernier titilla sa bouche avec sa langue.

 

« Ne pousse pas ta chance trop loin ! Je pensais que tu avais le temps ? Que…

—   Y’a l’air que non finalement… » Se moqua Nnoitra. « Mais, comment pouvez-vous juger si vous ne savez pas… si vous n’avez pas eu au moins un baiser ? Ça ne vous pas déplu ! Avouez… »

 

Nnoitra scrutait le visage d’Ichigo qui était visiblement furieux et embarrassé. La lueur dans son regard le mit en alerte. Visiblement, le baiser n’était pas au goût de Kurosaki même s’il l’avait apprécié.

 

« Ce n’est pas la question !

—   Vous ne savez pas ce que vous voulez ! Vous m’avez maté toute la soirée… vous sembliez accepter et… je suis sur que vous n’êtes pas indifférent ! Alors pourquoi tergiversez-vous ?

—   Je ne m’engage pas sur un coup de tête !

—   Je ne vous demande pas en mariage et je ne vous promets rien ! S’exclama froidement Nnoitra. »

 

Un silence suivit les paroles du jeune homme qui observait de toute sa hauteur le bibliothécaire. Ichigo sentait la colère monter en lui et il demanda d’une voix doucereuse.

 

« Je suis donc bien, juste un coup d’une nuit !

—   Comment pouvez-vous savoir si une relation va durer ou pas ? » Interrogea cassant Nnoitra.  « Nous nous connaissons depuis peu ! Moi, j’n’ai pas envie de perdre du temps ! Je veux vous connaître tout de suite et au fur et à mesure… Si ça marche tant mieux, si ça n’va pas… et bien on se sépare ! Je n’dis rien de mal ! Vous n’êtes pas un coup d’une nuit pour moi, je vous l’ai dit… Mais, j’n’ai pas une boule de cristal ! »

 

Nnoitra respira et se calma en tapant dans un caillou. Il se détourna ne sachant pas comment faire comprendre les sentiments qu’il avait au fond de lui. Kurosaki était plus compliqué qu’il ne le pensait et ça l’énervait ! Personne ne l’agaçait comme lui ou soulevait cette curiosité que personne d’autre n’éveillait en lui. Mais, c’était épuisant ! Nnoitra ferma les yeux devant le silence d’Ichigo et sans rien ajouter quitta le trottoir.

 

Ichigo avait regardé s’éloigner l’immense silhouette et n’avait rien dit et rien fait pour le retenir. Il ne savait plus.  Tout comme maintenant… Il fixait le plafond pour se remémorer sa soirée. Si seulement, il en savait plus sur lui-même déjà ! S’il se trompait ? Il ne voulait pas faire souffrir ce pauvre étudiant… et puis, il n’avait que vingt-quatre ans ! Ichigo s’avoua enfin que c’était ça qui le dérangeait. C’était la différence d’âge et cette partie de vie qu’il ne connaissait plus. S’il se trompait ? Et s’il ne retrouvait jamais la mémoire ? Pourquoi il hésitait ?

 

Une chose était sûre en tout cas, c’est que le baiser de Nnoitra ne l’avait pas laissé indifférent. Ce qui l’avait également surpris, c’est que cela ne faisait écho à rien de ce qu’il avait connu auparavant. Aucun souvenir n’avait effleuré sa mémoire ! Que devait-il faire ?

 

°°0°0°°

 

Le lendemain, Ichigo ne vit personne et il oublia l’incident… en fait, il le rangea quelque part dans un coin de son cerveau. Hirako trainait souvent à la bibliothèque mais ne semblait pas vouloir accoster le roux. A l’heure du déjeuner, Ichigo croisa au loin Nnoitra qui lorsqu’il croisa son regard se détourna. Ichigo fut prodigieusement agacé !

 

Lorsqu’il sortit du bâtiment principal, Ichigo vit au loin Nnoitra une nouvelle fois. Il semblait avoir une conversation animé avec une jeune femme aux formes plus que généreuses. Les longs cheveux verts se balançaient doucement sous le vent léger mais légèrement glacial. Ichigo soupira. Cette vision le contraria.

 

Il emprunta un chemin qui lui permet d’éviter le couple. Les réverbères éclairaient le chemin de manière spasmodique et Ichigo se rendit compte qu’il était seul, alors que la nuit tombait. Un frisson le traversa. Quelque chose en lui s’agita. L’éclat de rire d’un enfant. Le cœur d’Ichigo se mit à battre lourdement. Il se figea au milieu du chemin. Tous ses sens étaient en alerte. Bientôt une voix enfantine déclara

 

« Allez Ichi… fait pas ta poule mouillé !

—   J’vais l’dire… »

 

Un horrible mal de crâne, comme une pointe s’enfonçant dans son cerveau le fit plier les genoux.

 

« T’es pas cap Ichi… Regarde, j’n’ai même pas peur ! »

 

Cette voix ? Le sang d’Ichigo se mit à bouillonner et sa vision devenir trouble. Quelque chose ou quelqu’un l’appelait mais, ça venait de très loin, trop loin pour qu’il puisse le discerner. Ichigo appela… mais, il ne savait pas qui ou quoi ! Il voulait juste que tout s’arrête… Ses voix qu’il entendait, il ne voulait pas les entendre. La peur, voir la terreur le tétanisait. Ichigo vit un manteau noir le recouvrir et il oublia ce qu’il était.

 

°°0°0°°

 

Ichigo reprit conscience lentement. Un horrible mal de crâne lui fusillait la tête et les tempes. Il gémit lorsqu’il voulu se redresser et s’accrocha à son lit. Tout basculait irrésistiblement. Il ne s’entendit pas crier. Il bascula mais, une poigne le retint avant qu’il ne bascule complètement et il se rappela vaguement quelque chose

 

« Nnoitra ! S’exclama Ichigo brutalement.

—   Je suis là Kurosaki-san… »

 

Ichigo leva la tête et rencontra le regard violet de l’étudiant. Son visage sérieux et la réelle inquiétude qui se lisait au fond de son regard, accrochèrent l’attention d’Ichigo. Ce dernier s’aperçut qu’il était plaqué contre la poitrine de l’étudiant, ses mains crispées sur sa chemise à rayure.

 

« Que… s’est-il passé ?

—   Vous vous êtes évanoui. Vous m’avez fait peur ! Que vous est-il arrivé ? »

 

Fouillant dans sa tête, Ichigo fut incapable de répondre. Dépité, il posa son front contre l’épaule de Nnoitra et souffla d’une voix rauque

 

« Je ne sais pas… quelque chose… quelque chose m’est revenu en mémoire et… j’ai été pris de panique…

—   Grimmjow-san ? » Demanda Jiruga en fronçant les sourcils.

—   Non ! S’était… un enfant… moi aussi… j’étais un enfant…

—   Un souvenir probablement…

—   Je pense… »

 

Ichigo se raidit soudain. Nnoitra lui caressait le dos presque tendrement, alors qu’il était alangui contre lui. Comment Nnoitra avait-il trouvé son appartement ? Comment était-il entré ? E…

 

« Vous n’êtes pas le seul à enquêter… Kurosaki-san ! »

 

Nnoitra semblait avoir lu dans ses pensées. Ichigo releva la tête et plongea son regard dans celui de l’étudiant, qui avait un sourire ironique sur le bord des lèvres.

 

« Tu es un idiot ! Marmonna Ichigo.

—   Et vous êtes borné ! Répliqua Jiruga.

—   Je ne suis certainement pas le seul… maugréa Ichigo en réponse.

—   Allongez-vous et reposez-vous… J’ai le diner sur le feu.

—   Tu cuisines ? » S’étonna Ichigo.

 

Nnoitra se relevait, tandis qu’Ichigo s’allongeait. Jiruga jeta un regard en biais à l’homme allongé et se détourna comme si la question était trop stupide pour avoir à répondre. Ichigo suivit la silhouette de Nnoitra quitter sa chambre. Il passa ses deux mains sur son visage. Une odeur alléchante monta de la cuisine. Ichigo sourit. Nnoitra ne lui avait pas menti. Son visage s’assombrit insensiblement.

 

Des souvenirs de son enfance ? Ichigo fouilla dans ses souvenirs. Tout semblait être en place pourtant… aucun trou quelconque ne venait le désorienter. Cette voix lui était familière. Le visage, Ichigo ne le voyait pas ou plutôt ne parvenait pas à s’en souvenir !

 

Ichigo roula sur le côté et enfouie son visage dans l’oreiller. Une de ses mains se crispa sur le drap. Il entendait comme un écho cette voix enfantine. Indistincte. Troublante. Un frisson d’horreur l’assaillit. Sa respiration devint plus courte et son corps se mit à trembler.

 

Ichigo voulait savoir tout en étant effrayé par ce qu’il découvrirait. Un effleurement dans ses cheveux le fit sursauter. Le roux tourna son visage et jeta un œil hagard sur Nnoitra qui le scrutait les sourcils froncés.

 

« Je vais appeler le docteur…

—   Non ! » S’écria Ichigo. « Non… j’essaye de me souvenir… et…

—   Vous en faites trop. Vous êtes borné…

—   Peut-être…

—   Peut-être ? Vous êtes livides Kurosaki-san ! »

 

Leur regard se rencontra un instant. Nnoitra glissa une main sur le visage anxieux d’Ichigo. Ce dernier ne repoussa pas le geste. Ils restèrent un instant à s’observer silencieusement. Un courant passa, les enveloppants tous les deux. C’était chaud. Ensorcelant. Comme un instant de grâce. Un frisson les parcourus. Nnoitra entrouvrit la bouche pour parler et s’arrêta. Un soupir passa par ses lèvres et il murmura après un dernier regard.

 

« Venez manger… vous vous sentirez mieux !

—   Hai… Chuchota Ichigo.

—   Vous êtes une petite nature… » Se moqua gentiment l’étudiant.

—   Boucle-là ! Grogna le bibliothécaire.

—   Non, c’est assez amusant en fait ! Ironisa Nnoitra.

—   Tu n’écoutes jamais ce que je dis ? Interrogea Ichigo.

—   Non ! Plaisanta l’étudiant.

—   Tss… si on sortait ensemble… tu n’en ferais qu’à ta tête…

—   Si on sortait ensemble Kurosaki-san… » Fit Nnoitra en se retournant brusquement et en se penchant vers le bibliothécaire.  « Je vous mènerai la vie dure ! »

—   Pardon ? S’étonna Ichigo.

—   Vous vous attendiez à quoi ? Que je vous dorlote ?

—   Non !

—   Pas de fausses promesses… »

 

Nnoitra agitait un doigt devant le nez du bibliothécaire. Il se détourna et entra dans la cuisine suivit par Ichigo. Ce dernier qui venait d’entrer dans la cuisine, s’arrêta. La table était mise avec goût et la cuisine était propre et rangée.

 

« Ne pas me dorloter… hein… » Souffla Ichigo stupéfait.

 

Lorsqu’il releva la tête, l’intensité du regard de Nnoitra lui coupa le souffle. Ichigo s’immobilisa. Une nouvelle fois, il se sentait aspiré par l’étudiant. Ichigo eut chaud pour il ne savait quelle raison. Non, c’était faux ! Il le savait… et c’est d’un pas déterminé cette fois-ci qu’il se dirigea vers Jiruga.

 

Il ne savait plus rien sur lui-même, il était troublé pour diverses raisons et certaines n’étaient pas forcément valables. Ichigo se l’avoua. Nnoitra l’attirait inexplicablement. Irrésistiblement. Il ne ferait plus volte-face, ne trouverait plus de prétexte de dernière minute. Si Nnoitra voulait sortir avec lui… si lui, ressentait ce désir insensé pour cet étudiant… Qu’est ce qui le retenait encore de franchir le pas ?

 

Ichigo n’avait personne… si ce n’était que des scrupules et des prétextes.

Nnoitra ne fit aucun geste et Ichigo arriver devant le jeune homme posa ses mains sur sa poitrine et les fit glisser sensuellement sur le tissu. Malgré sa minceur, les muscles de Nnoitra étaient bien présent… dessiné pour être caresser. Ses doigts courraient, vibraient sous la chaleur que dégageait Jiruga. Mais, ce n’était rien en comparaison avec le regard brulant que lui adressait ce dernier.

 

Attrapant les rebords de la chemise entrouverte Ichigo fit basculer le buste du jeune homme qui n’offrit aucune résistance. Après un long regard qui fit monter un peu plus la tension entre eux, Ichigo monta sur la pointe des pieds et enlaça sa nuque. Ses lèvres caressèrent celles du jeune homme qui resta figé un instant, avant de le plaquer contre lui, férocement.

 

La langue, humide. Chaude. Entreprenante de Nnoitra agaça, aguicha celle d’Ichigo. Les mains qui palpaient son corps pour l’enfermer dans une étreinte plus intime, scellèrent plus encore leur enlacement. Comme une douce prison ne laissant aucune chance, à aucun des deux de pouvoir s’échapper. Ichigo ne le voulait pas. Ses doigts s’égaraient dans les cheveux mi-longs, si soyeux de Jiruga.

 

Les lèvres de Nnoitra le faisaient fondre par leurs lascivités. Il était évident que le jeune homme prenait plaisir à goûter ses lèvres avec une certaine volupté, prenant et reprenant sans relâche celles d’Ichigo. Quand le baiser cassa pour l’air quelques minutes plus tard… Aucun des deux ne pu prononcer un seul mot. Seules leurs respirations étaient audibles. Hachées. Précipités. Rauque.

 

Un frisson traversa Ichigo en voyant la flamme dans les prunelles de Nnoitra. Inconsciemment son souffle s’accéléra tout comme son cœur. Ichigo repoussa les idées qui tentaient de traverser son esprit enfiévré. Ses mains ne cessaient de caresser le tissu qui cachait le corps de Nnoitra. Chaque fibre de son corps voulait appartenir à cet étudiant.

 

Il l’agaçait, l’ébranlait par ses paroles pour le moins surprenantes et pourtant, Ichigo pensait sans cesse à lui. Il était devenu son centre d’intérêt. Il attendait chacune de ses visites. Il ne savait pas de quelle manière, il avait aimé Jaggerjack mais, Nnoitra à cet instant précis le bouleversait… attisait en lui un feu intérieur.

 

Ichigo repoussa Nnoitra contre le plan de travail derrière lui et prit appui pour être à sa hauteur.

 

« Nnoitra-kun… tu es sûr de toi ? » Chuchota Ichigo.

 

Seul un sourire répondit à la question du bibliothécaire. Nnoitra fit remonter ses mains et enserra le visage d’Ichigo qu’il embrassa une nouvelle fois. Ichigo perçut les battements lourds contre son cœur. Nnoitra était aussi troublé que lui-même s’il semblait s’imposer une certaine maitrise.

 

« Ichigo… » Souffla Jiruga.

 

Quand leurs fronts se touchèrent quelques instants plus tard, ils étaient à bout de souffle. Nnoitra se redressa et souleva Ichigo.

 

« Eh…

—   Je ne l’ferais pas ici !

—   Mais… »

 

Nnoitra déposa Ichigo sur les draps froissés, ne laissant plus au bibliothécaire l’occasion de protester. Suspendu au-dessus d’Ichigo qui ne lâchait pas son étreinte autour de la nuque de l’étudiant. Ils basculèrent sur le lit…

 

Chapitre 8

Ichigo leva les yeux vers ceux de Nnoitra qui le fixa un court instant. Un délicieux frisson traversa le roux qui était envouté par l’intensité des yeux violets. Jiruga avait la gorge nouée par l’appréhension et par l’excitation. L’expression d’abandon de son partenaire l’émouvait. Il pencha, explora lentement la nuque offerte. Sa langue parcourait le lobe tendre de son oreille pour descendre le long de sa mâchoire. Les petits léchages firent frissonner Ichigo. Les mains de Nnoitra caressaient son dos avec volupté. Comme si l’étudiant essayait de se souvenir par des attouchements, chaque fibre de son être. Chacun de ses muscles étaient pétris, effleuré par delà le tissu qui masquait encore son corps.

 

Gêné par sa position, Ichigo écarta les jambes et coula son corps contre celui de Nnoitra. Les deux hommes n’ignoraient plus le désir qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. En entendant le halètement de son amant, Ichigo ondula son bassin contre celui de Nnoitra, qui se redressa pour le contempler, le souffle court.

 

Sans sourire, le bibliothécaire empoigna les cheveux mi-longs ébène de son partenaire

 

« Jiruga… »

 

Ichigo se redressa et lécha les lèvres de Nnoitra qui répondit à ses baisers. Le cœur d’Ichigo battait lourdement. Ses bras s’enroulaient autour de la nuque de son amant, voulant se fondre en lui.

 

Insensiblement, Ichigo descendit en déposant des baisers sur la mâchoire de Nnoitra qui se laissait faire. Les mains d’Ichigo dévalèrent lentement le buste de son amant et elles dégrafèrent les boutons de la chemise rayée. Sous ses doigts Ichigo sentait l’écho de son propre cœur palpitant.

 

Sa bouche glissa vers la clavicule de Nnoitra, qu’il repoussa plus fermement contre les oreillers. Ichigo enjamba le corps de l’étudiant. Puis, attrapa son visage pour le ramener  au sien.

 

« Ichigo… Tu me demandes si je suis sur, mais toi ? » Interrogea incertain Jiruga.

 

Le bibliothécaire eut un simple sourire et après un baiser chaste retourna conquérir le corps abandonné sous lui. La langue d’Ichigo dégustait le sel de la peau de son amant. Sa langue s’attarda sur un téton. Il l’émoustilla en le léchant, le mordillant, le suçant, respirant cette odeur enivrante que dégageait la chair souple. Ses mains ne pouvant s’empêcher de caresser la chair blanche de Jiruga.

 

Ichigo observait les réactions de son compagnon au travers de ses yeux mi-clos. Ce dernier paraissait troublé pour sa plus grande satisfaction. Il descendit petit à petit le grand corps à moitié dénudé, déposant des baisers tendres sur sa peau. Les pans de chemises s’écartant sous son exploration, dévoilant un corps musclé.

 

Une des mains d’Ichigo défit la ceinture, alors que l’autre effleurait la bosse proéminente, couverte par le tissu du pantalon. Le soupir qui s’échappa des lèvres de Nnoitra, amena un sourire  à Ichigo. Ce dernier continua d’effeuiller son compagnon, en baissant son pantalon.

 

Nnoitra posa une main sur la tête d’Ichigo, et frémit sur les prochaines minutes à venir. Sa gorge se noua. L’étudiant sentait la chaleur du désir se répondre en lui. C’était la première fois qu’un mec lui faisait l’amour ! Il n’avait pas osé l’avouer… il était si difficile d’approcher Kurosaki. Il voulait que cet homme lui appartienne. Cela faisait des mois qu’il fantasmait sur lui. Alors… lever un nouvel obstacle, il en était hors de question.

 

Maintenant, il goûtait aux caresses expertes d’Ichigo et de sentir son corps puissant contre lui, cette bouche avide qui l’aspirait tout entier, ses mains qui glissaient sur son corps. Nnoitra en éprouvait de l’ivresse. Il ne put retenir un gémissement et ses doigts s’enfoncèrent un peu plus profondément dans la chevelure de feu.

 

Lorsque la langue taquine remonta sur son corps, le découvrant à nouveau. Il n’avait plus de vêtements à sa totale stupéfaction, il n’avait rien vu. Tout se passait comme si Ichigo orchestrait une partition bien huilée par des années d’entrainement. Lorsque leurs langues se mêlèrent une nouvelle fois. Leurs respirations devinrent rauques. Nnoitra fit basculer son amant sous lui. Il fouilla fiévreusement cette bouche qui avait été impudique quelques instants plus tôt. Il voulait lui aussi découvrir ce corps qui restait caché à son regard.

 

Ichigo voyait la fièvre dans le regard sombre. La respiration erratique de Nnoitra le troublait et l’excitait. Les doigts de Jiruga avait écarté rapidement les pans de sa chemise. Son pantalon et son caleçon tombèrent quelques minutes plus tard, avec le reste des vêtements déjà défaits. Le cœur d’Ichigo battait rapidement, les gestes de Nnoitra lui semblaient un peu maladroits mais, il remarqua son émoi, ses gestes un peu tremblants. Ce qui amena un sourire sur ses lèvres.

 

Lorsque la main de Nnoitra fit de long va et vient sur sa verge, Ichigo ferma les yeux. Appréciant l’émulation de l’étreinte autour de son sexe. Il les rouvrit en sentant le souffle chaud de Jiruga contre sa bouche.

 

« Je… »

 

Nnoitra se tut. Il ne savait pas quoi dire à Ichigo ou l’exprimer plutôt. Il voulait donner du plaisir mais, Ichigo était silencieux à peine une respiration plus rapide. Faisait-il tout pour satisfaire son amant ?

 

« Donne-moi tes doigts Jiruga… » Souffla Ichigo.

 

Hésitant, Nnoitra porta ses longs doigts fins à la bouche du roux. Lentement et en fixant droit dans les yeux son amant, Ichigo suça un par un les doigts de l’étudiant, pour ensuite les lécher laissant échapper un filet de bave.

 

Jiruga sentit sa gorge se nouer un peu plus à chaque coup de langues. Elle passait lentement, s’enroulant avec langueur sur chaque extrémité. Les yeux mi-clos du bibliothécaire l’hypnotisaient. Quand Ichigo relâcha sa main, Nnoitra fit glisser cette dernière sous le corps d’Ichigo.

 

La tendresse et la passion qui brillaient à l’intérieur des prunelles devenues incandescentes, l’enflammait. A tâtons, Nnoitra fit glisser un doigt à l’intérieur d’Ichigo avec précaution. Ce dernier se laissa pénétrer sans protester. La bouche d’Ichigo s’entrouvrit. Nnoitra colla son front contre celui de son amant qui murmura

 

« Je ne suis pas en porcelaine…

—    Je veux te donner du plaisir, pas te blesser… »

 

Ichigo eut un petit sourire, pour ensuite souffler d’une voix hachée

 

« Plus Jiruga…

 

Nnoitra glissa un deuxième doigt et vit le corps d’Ichigo se cambrer. En voyant l’expression suppliante de son amant, il fit glisser un troisième. L’espace était doux sous ses doigts. Soyeux et chaud. Un de ses doigts percuta une zone qui électrisa visiblement son amant qui colla son corps contre le sien.

 

Emerveillé par l’effet qu’il produisait sur Ichigo, Jiruga taquina la tâche délicatement, au point de rendre fou son amant qui gémissait entre ses bras. Pourtant, il perdit le contrôle lorsque Ichigo attrapa sa verge et la sienne et les caressa dans un même mouvement. Il se laissa tomber très près d’Ichigo. Leurs regards se noyaient dans l’autre.  

 

Nnoitra se laissa aller contre son amant encerclant sa taille et caressant doucement son flanc. Il se laissait envahir par les délicieuses sensations. Sa tête se nicha contre la nuque d’Ichigo.

 

« Nnoitra, je peux plus respirer… » Chuchota Ichigo qui arrêta ses caresses.

—    Désolé… »  l’étudiant se redressa confus intérieurement.

—    Viens… Jiruga… »

 

Nnoitra observa Ichigo qui s’allongeait pour le recevoir. Il frissonna et se glissa entre ses jambes. Lentement, il pénétra son amant qui retenait son souffle à présent. Son cœur allait éclater dans sa poitrine. Jiruga ferma les yeux. Ce fourreau qui l’enserrait si étroitement, allait le rendre dingue. Quand, il ouvrit les yeux, il rencontra le regard ambre et la passion qu’il lisait à l’intérieur, le fit vibrer. Il maintint fermement d’abord les hanches d’Ichigo, bougeant lentement.

 

Mais, son excitation montait en lui, fulgurante. C’était comme un incendie qui se propageait comme un feu de brousse. Jiruga se suspendit au-dessus d’Ichigo qui rejetait la tête en arrière alors qu’il bougeait plus vite en lui.

 

Ichigo se laissait envahir par une tornade de sensations. Ses nerfs étaient à vifs. Ses mains agrippèrent les bras de Nnoitra et ses ongles s’enfoncèrent dans la chair ferme. Ichigo leva les yeux à nouveau vers Jiruga et sourit faiblement à son amant. Une légère transpiration recouvrait leurs corps. Il était visible que lui aussi était profondément troublé par leur union.

 

Plus Nnoitra augmentait la cadence, plus Ichigo s’accrochait à son amant. Il oublia tout ce qui n’était pas Jiruga. Son cœur battait à un rythme fou, lorsque Nnoitra se pencha pour l’embrasser une nouvelle fois, Ichigo enfouie ses mains dans les cheveux soyeux. Ichigo se sentait vivre dans le regard de braise.

 

L’extase gagna Ichigo qui respirait de manière plus saccadée. Son regard se liquéfia, comme un signal silencieux Jiruga plongea plus profondément et plus rapidement dans le corps d’Ichigo. Les deux hommes lâchèrent un long gémissement au moment de leur libération. Nnoitra se laissa aller contre le corps d’Ichigo. Son visage au-dessus du sien, une expression grave.

 

« Kuros…

—    Ce n’est plus Ichigo ? Taquina gentiment le roux, à voix  basse.

 

Nnoitra se redressa un peu puis, bascula sur le côté avec le sourire. Ichigo se tourna vers lui. Un silence confortable s’installant entre eux. Leurs cœurs reprenant un rythme plus calme.

Ichigo repris quelques minutes plus tard, avec un demi- sourire aux lèvres.

 

« Mais, uniquement lorsque nous sommes seuls où en dehors de l’université… Jiruga.

—    Hai ! »

 

Ichigo observa le jeune homme en face de lui. Nnoitra semblait recouvrer son calme. Le jeune homme se leva et quitta la chambre sans qu’Ichigo ne sache ce qu’il allait faire. L’étudiant revint avec un linge humide et sans une parole nettoya son amant.

 

« Tu n’as pas besoin de le faire… je peux me débrouiller seul…

 

Nnoitra leva son regard vers Ichigo

 

« J’aime ton corps… et je peux pas m’empêcher de le toucher. Laisse-moi faire ! »

 

Ichigo eut un petit rire et se redressa.

 

« Idiot ! »

 

Sans rien ajouter Ichigo se leva et attrapa ses vêtements et se dirigea vers la salle de bain.

 

« Que fais-tu ? Interrogea l’étudiant.

—    J’ai faim… et ça sentait très bon tout  à l’heure… »

 

Nnoitra ne répondit pas et vit son amant s’enfermer dans la salle de bain. Soudainement, il se sentit assommé par ce qu’il venait de vivre. Ce n’était pas prévu tout de suite à son programme. De plus, il n’avait jamais ressentit pareil bonheur d’être dans les bras d’un autre. Jiruga se moqua de lui-même et attrapa ses vêtements pour se rhabiller.

 

♣ ♣ ♣

 

Ichigo rejoignit Jiruga qui l’attendait patiemment. Son visage avait retrouvé son sérieux. Son cœur se mit à battre inexplicablement. Ichigo avait sérieusement songé lorsqu’ils avaient fait l’amour, Nnoitra et lui, que des souvenirs viendraient l’assaillir. Hors, rien de tout cela n’était arrivé.

 

Ils passèrent à table et un silence gêné vint s’installer dans la pièce. Ichigo observa son jeune amant qui semblait perturbé. Sans un mot, ils se servirent et Ichigo coupa le premier le silence inconfortable.

 

« Jiruga… si quelque chose… enfin, si cela ne t’as plu…

—    Non ! S’exclama l’étudiant surpris. C’est… »

 

Nnoitra ferma la bouche. Comment en parler avec Ichigo ? Il allait certainement se moquer de lui. Voyant que le silence reprenait, le roux attrapa ses baguettes en désespoir de cause et commença à manger pour s’arrêter à la première bouchée, stupéfait.

 

« Mais c’est bon !

—    Tu croyais quoi ? » Interrogea Nnoitra sur la défensive.

—    Je ne sais pas… Il y a quelque chose qui me chiffonne mais, je suis incapable de te dire de quoi il s’agit particulièrement. »

 

Ichigo se sentait confus. Quelque chose… le bouleversait à présent. Mais quoi ? Il observa son assiette puis, reporta son attention sur Jiruga qui le fixait avec un froncement de sourcil. Ichigo reprit cherchant à effacer toute confusion.

 

« Jiruga, mon compliment était sincère.  Mais je n’arrive pas à m’expliquer pourquoi je suis étonné. Je ne veux pas te froisser…

—    Ok… »

 

Les yeux d’Ichigo tombèrent sur l’horloge moderne de sa cuisine et demanda

 

« Tu passes la nuit avec moi ?

—    Je veux rentrer…

—    Ah… »

Jiruga vit la déception s’inscrire sur les traits d’Ichigo. Il secoua la tête et repris pour dissiper toute confusion.

 

« Demain matin, je dois me lever de bonne heure. J’n’ai pas finit mes travaux qui devait être rendu pour… aujourd’hui ! »

 

Nnoitra fit la grimace en consultant le cadran.

 

« Mais, je resterai la prochaine fois avec toi… enfin… y’en aura une ?

—    Pourquoi non ? Rétorqua surpris Ichigo.

—    Non… rien… »

 

Nnoitra qualifia Ichigo d’un sourire et mangea brutalement de bon appétit. Ichigo l’interrogea sur ses qualités culinaires. Il était intrigué par la personnalité de Nnoitra

 

« C’est à cause de mes vieux ! Ils sont jamais là… ils sont toujours partit aux quatre coins du Japon… Quoique très souvent à Tokyo. » Marmonna Jiruga « Mon frère, ma sœur et moi… on est plutôt livré à nous même. Nous ne sommes pas seuls… notre famille dispose d’une armée de serviteurs. J’avoue en avoir eu assez de devoir dépendre des autres. Et puis, je m’entendais bien avec le chef de la maison. Alors, j’ai passé mon enfance et mon adolescence dans sa cuisine, au grand désespoir de ma mère. Enfin, quand elle revient… n’empêche, que des que j’en ai eu l’opportunité j’ai quitté leur baraque et je me suis installé dans un appartement. Je sais tout faire tout seul… Mes parents pensaient que je serai incapable de survivre une semaine seul… ça fait quatre ans que j’ai quitté le bercail ! » Finit moqueur Nnoitra.

—    Une baraque ? Si tu as des serviteurs… » Sourit Ichigo.

—    Mes parents ! » Rectifia Nnoitra. » Moi, j’en ai pas.

—    J’ai vu que ton père était dans l’industrie chimique…

—    Ouaih… et j’irai le rejoindre dans son entreprise une fois que j’aurai mes diplômes en poche. » Enonça comme une évidence Nnoitra.

—    Tu vas reprendre l’entreprise familiale ?

—    Non ! J’laisse ça à Nanao. C’est une naine… mais, question organisation, elle en connaît un rayon. Moi, j’n’aime que la recherche…

—    C’est ta sœur ? 

—    Ouaih… et ce n’est pas un cadeau.

—    Tu ne l’aime pas ?» S’étonna le roux.

 

Nnoitra observa quelques instants Ichigo, puis se gratta la tempe, pensif.

 

« Non… c’est pas que je l’aime pas… en fait, mon frère et ma sœur me laissent indifférent ! Ma sœur est le genre carriériste et mon frère est un lèche-cul de première ! 

—    Ce n’est pas très chaleureux… » Ne pu s’empêcher de remarquer Ichigo.

—    On s’en fiche ! Comment veux-tu que j’ai de bon rapport avec ma famille, quand chacun fait ce qui lui plaît ? Je ne connais pas les anniversaires… Je me demande même si mes parents en connaissent la date. Ni les fêtes de famille… ni les sentiments chaleureux d’une famille dite aimante. Nous, on se croise dans des couloirs et la seule chose que nous sachions nous dire, c’est de parler de nos résultats scolaires ! »

 

Le ton de Nnoitra était dur. Ichigo ne fit aucun commentaire. De toute façon Nnoitra n’attendait visiblement pas de lui, un quelconque réconfort. C’était comme ça… point barre. Jiruga se leva et débarrassa son assiette. Ichigo finit sa dernière bouchée et se redressa à son tour pour finir de ranger.

 

Il attrapa d’une main habile le chiffon que tenait Jiruga et déclara moqueur

 

« Je sais aussi me débrouiller tout seul. Rentre, si tu dois finir tes travaux. Je m’occupe de nettoyer. Je n’ai rien à terminer pour ma part…

—    Tu te sens mieux ?

—    Bien sûr… Il serait peut-être temps de t’inquiéter… Ironisa Ichigo.

—    Je me préoccupe de toi. » Protesta Jiruga.

 

Nnoitra était tellement sérieux qu’Ichigo se sentait ému. Il secoua la tête et poussa gentiment mais, fermement  l’étudiant vers la sortie.

 

« Rentre… et cesse de te tracasser pour ma personne. »

 

Jiruga attrapa sa veste au vol dans le genkan. Il se rechaussa et lorsqu’il se redressa, il rencontra la chaleur du regard ambré. Du bout des doigts, Nnoitra caressa le visage d’Ichigo et attrapa quelques secondes plus tard, la poignée de porte pour quitter les lieux. Ichigo ne prononça aucune parole et sortit pour observer la longue silhouette de Nnoitra s’effacer dans la nuit.

 

♣ ♣ ♣

 

La matinée du lendemain passa relativement vite. Ichigo reçut un message de Renji sur la répétition du soir même. Immédiatement, Ichigo répondit. Renji envoya un nouveau SMS

« Nnoitra se joindra à toi ? »

 

Le roux resta un instant surpris. La voix d’Hirako lui parvint aux oreilles au même instant.

 

« Vous semblez peu déborder pour vous occuper de vos messages personnels…

 

Ichigo se tourna vers le professeur de chimie. Il ne l’avait pas entendu arriver. Hanataru passa devant eux, avec un chariot remplis de livres et Ichigo l’interpella.

 

« Laisse-moi les ranger Hanataru. Tu dois sortir dans moins d’une heure, si j’ai bien compris ?

—    Oui… » Répondit abattu Yamada. « Je dois faire ma visite médicale obligatoire. Mais, j’ai peur d’aller à l’infirmerie. Kenpachi-san peut-être flippant parfois.

—    C’est pour ça qu’il y a si peu d’absentéisme sur cette partie du campus, si t’avais pas remarqué ! » Déclara Shinji entre ses dents.  « À mon avis, vous devriez même déjà partir… J’ai su que vous arriviez constamment à la bourre. Kenpachi a horreur des retards !

—    Oui… oui, je le sais… mais, à chaque fois… j’ai un empêchement. En fait, je suis proie à des maux d’estomac terribles… Je finis toujours aux toilettes. » Termina piteusement le bibliothécaire.

—    Certainement du à ta visite à l’infirmerie. Répliqua Shinji.

—    Ah… je vais y aller maintenant, vous avez raison. Comme Ichigo-san accepte de s’occuper de mon rangement… Peut-être que Kenpachi-san sera plus gentil avec moi, cette fois-ci… Enfin, je l’espère… » Marmonna anxieusement le petit bibliothécaire.

 

Hanataru fit demi-tour en abandonnant son chariot aux mains d’Ichigo et partit récupérer sa veste. Lorsqu’il repassa quelques minutes plus tard devant Ichigo et Shinji, il était blême, près à faire un malaise, apparemment.

 

« A mon avis… Kenpachi va certainement lui réserver un traitement de son cru… » Ironisa Shinji.

 

Ichigo récupéra le charriot et après avoir lu brièvement les fiches, il se dirigea entre les rayonnages de la bibliothèque concerné. Derrière lui, Hirako lui demanda

 

« Avez-vous pensé à ma proposition ?

—    Laquelle ? » Demanda Ichigo absent.

 

Il attrapa un livre et s’arrêta devant une étagère. Ses yeux balayèrent les noms d’auteurs et le titre des ouvrages. Shinji soupira

 

« Je vous avais demandé de sortir avec moi…

—    Je décline votre proposition… »

 

Ichigo se tourna pour faire face au professeur blond et déclara sérieusement

 

« Hirako-san… je vous remercie pour l’intérêt que vous semblez éprouver pour moi, mais… je n’ai pas l’intention d’accepter à aucun moment, une de vos invitations. »

 

Shinji eut l’air de prendre sur lui. Un sourire ironique flottait maintenant sur ses lèvres.

 

« Vous avez rencontré quelqu’un ?

—    Cela ne vous regarde en rien… Répliqua calmement Ichigo.

—    Nnoitra-kun ?

—    Mêlez-vous de vos affaires ! » Le ton était sec.

 

Ichigo ne se sentait pas le besoin de se justifier. Hirako l’agaçait et il n’avait pas l’intention de sortir avec lui. Qu’il sorte déjà avec quelqu’un, ou non. Ichigo reprit son travail sous les yeux inquisiteurs d’Hirako.

 

« Nnoitra Jiruga est quelqu’un d’égoïste ! Il est beaucoup plus jeune que vous et… ne venez pas vous plaindre, le jour où il rompra après avoir trouvé une nouvelle conquête. Ce type… est plutôt volage… Je le connais depuis plus longtemps que vous. Et puis, n’oublions pas qu’il n’est sortit jusqu’à présent qu’avec des femmes ! Très belles et pulpeuses au demeurant. Je me suis toujours demandé ce qu’elles lui trouvaient d’ailleurs… Et puis… Si ce n’est pas cela qui vienne à bout de votre relation, son père se chargera de vous séparer…

—    Vous avez finit ? » Demanda Ichigo froidement, ébranlé d’apprendre tout de même que Jiruga était bi.  « Si vous n’avez pas de travail, ce n’est pas le cas des autres…

—    Comme je vous voyais prendre le temps de lire vos messages privés… c’est que vous ne deviez pas être si débordé. »

 

Ichigo n’avait envie que d’une chose, s’était étranglé le blond. Il prit sur lui et poussa son charriot et se concentra sur les étagères devant lui.

 

« Croyez-vous vraiment qu’il va rester très longtemps avec vous ? Et même si cela devrait-être… pensez-vous que le père de Nnoitra-kun vous laissera continuer votre relation ? Après tout… Jiruga Nnoitra est le brillant ainé de la famille. Et Nnoitra-san est assez… à cheval sur les principes ! Tout au plus, votre relation durera le temps des études de Jiruga. Vous ne serez après pour lui, tout au plus qu’un merveilleux souvenir de jeunesse.  Sur ce… je vous laisse méditer mes paroles. Bonne journée… Kurosaki-kun… » Se moqua Hirako.

 

Ichigo resta un moment immobile. Ses yeux s’étaient fixés sur la physionomie gracile de professeur de chimie qui disparu au coin du rayonnage. La lueur dans ses yeux noisette, était délibérément ironique. Après être resté quelques secondes cloué au sol, Ichigo repris son rangement. Il était fatigué soudainement. Son cœur battait très fort dans sa poitrine. Pourtant, il prit le partit d’ignorer  les paroles assassines d’Hirako et s’acquitta de sa tâche.

 

Quelques minutes plus tard, alors qu’il allait quitter les rayonnages du fond de la bibliothèque deux bras l’entourèrent. Ichigo reconnu immédiatement, la légère odeur boisée de Nnoitra. Un sourire se forma sur ses lèvres.

 

« Kurosaki-san… je vous ai trouvé ! Se moqua le jeune homme.

—    Cela à l’air de te faire plaisir… »

 

Ichigo se tourna lentement et croisa les yeux noirs de Jiruga. Ce dernier arborait une mine réjouit, quoique les cernes sous ses yeux témoignaient du peu d’heures qu’il avait consacré à dormir. Ichigo repoussa gentiment son amant et l’observa avec tendresse.

 

« Je voulais te parler…

—    Pourquoi ? Demanda surpris Nnoitra.

—    Ce soir… c’est notre répétition, je ne sais pas si tu t’en souviens… et Renji voulait savoir si tu te joignais à nous… et moi aussi par la même occasion… » Ajouta avec un sourire en coin le bibliothécaire.

—    Ce soir ? »

 

Nnoitra se redressa et fixa un instant le plafond tout en se grattant le sommet de son crâne. Puis baissa les yeux vers Ichigo

 

« Tu pars à quelle heure ?

—    Pas avant 20 heures. Ikkaku était à Kobe aujourd’hui, tant qu’il rentre…

—    Ça devrait aller… nous y allons ensemble ?

—    Je t’attendrai à l’entré du campus,  j’appellerai un taxi…

—    Non… pas besoin, j’ai une voiture !

—    Ah… très bien… je t’attendrai devant l’entrée principale. Je dois passer au bureau d’Urahara Kisuke, ça m’évitera de revenir ici…

—    Ok… j’viendrai te chercher.

—    Tu avais besoin de quelque chose ? » Interrogea soudainement Ichigo, se demandant ce qui avait pu amener Nnoitra à la bibliothèque.

—    Oui…

 

Nnoitra se pencha au-dessus d’Ichigo. Ses mains attrapant une étagère derrière le bibliothécaire. Ses bras formaient un petit espace clos entre eux. L’atmosphère changea rapidement entre eux. Devenant intime et chaleureuse. Ichigo ne pouvait détacher son regard de celui de Nnoitra. Leurs nez s’effleuraient. Ichigo ferma l’espace entre eux, et rasa les lèvres de Jiruga de son souffle.

 

« Pour ça ? Chuchota Ichigo taquin.

—    J’y ai pensé toute la matinée… j’crois que je vais finir par camper ici… Murmura Nnoitra.

—    Ce n’est pas que cela me dérangerait… mais, tu as du travail et moi aussi. Et… on pourrait nous voir.

—    Juste… »

 

Nnoitra ne finit pas sa phrase et s’empara de la bouche entrouverte d’Ichigo. Le baiser fut bref mais, intense. Cette façon sensuelle que Nnoitra avait d’embrasser, jouant avec la langue d’Ichigo. Léchant ses lèvres et reprenant sa bouche encore, troublait le bibliothécaire. Ils s’observèrent quelques secondes avant que Nnoitra se recule.

 

« On se voit tout à l’heure… Au fait, donne-moi ton portable en cas de problèmes… »

 

Ichigo sortit son portable et donna son numéro, tout comme Jiruga. Quelques minutes plus tard, l’étudiant avait disparu. Ichigo se rendit compte brutalement, qu’il avait les jambes sillées. Son cœur avait un mal fou à reprendre un rythme normal. Il poussa son charriot en prenant un léger appui dessus.

 

Il ne se rendit pas vraiment compte mais, son regard rayonnait, tout comme le petit sourire qui frisait sur le coin de sa bouche. Ichigo se traita d’imbécile. Il se comportait comme s’il vivait son premier amour d’adolescent. Quoiqu’il ne se souvenait pas de son premier amour d’adolescent. Son expression s’obscurcit légèrement.

 

Ichigo n’était pas bête. Il se savait amoureux de Nnoitra. Ses mains se mirent à transpirer légèrement en songeant aux paroles d’Hirako. Que ferait-il lorsque sa prédiction se réaliserait ? Ichigo choisit délibérément d’ignorer les avertissements de son collègue. Il rangea le charriot dans le local de servitude. Quand il rejoignit l’accueil, il déchargea Akon qui retourna à ses précieux livres.

 

Chapitre 9

L’après-midi passa relativement rapidement. Ichigo quitta la bibliothèque au pas de charge. Il souhaitait travailler un peu sa basse. La veille, il n’avait rien fait… Quoiqu’il n’allait pas se plaindre de ce qui s’était produit la soirée précédente.

Cela faisait longtemps qu’Ichigo  n’avait pas ressentit un tel bien-être. Habituellement, rongé de l’intérieur il n’appréciait pas l’instant présent. Il ne savait pas si c’était parce qu’il avait pris le partit de vivre au jour le jour quand Hirako était venu lui parler, ou si s’était parce qu’il avait décidé de mettre au placard, les différences entre lui et Nnoitra… mais, il trouvait son existence très agréable soudainement.

A peine franchit-il le seuil de son appartement et retiré ses chaussures, qu’il partit se prendre une douche et enfila un quart d’heure plus tard une tenue décontractée. Une fois dans sa chambre, il attrapa sa Gibson et passa son casque afin d’écouter les accords qu’il plaquait sur ses cordes. Un frisson le traversa.

Il observait souvent sa montre pour être sur de ne pas se changer à la dernière minute. Finalement, une demi-heure avant son rendez-vous, Ichigo plaça sa basse dans son étui. Son portable sonna et Ichigo vit le nom de Nnoitra s’afficher.

« Ichigo ?

—    Hai…

—    Je voulais te prévenir… je ne pourrai pas t’accompagner ce soir. Je suis désolé.

—    Ah ?

—    A cause de mon paternel. Il veut que je rentre ce week-end ! Apparemment branle bas de combat dans la famille… J’suis désolé…

—    Je vais appeler un taxi… Et ce n’est pas grave… Tu ne rentreras que lundi ?

—    Oui… J’aurais sincèrement préféré t’accompagner…

—    Se sera pour une autre fois Jiruga.

—    Hai… »

Ichigo resta un instant figé et demanda d’une voix lointaine.

« Cela ne te dérange pas que je parte… sans toi ?

—    Pourquoi ? J’m’en fou du moment que tu m’restes fidèle ! Après, tu peux aller voir tes potes ! Ne me confond pas avec Jaggerjack ! » Le nom avait claqué.

Ichigo fronça les sourcils. Il n’avait pas pensé à cela… il ne savait pas pourquoi non plus, il avait posé la question. Se rendant compte du malaise qu’il avait provoqué Nnoitra repris plus doucement.

« Je  ne voulais pas parlé de lui. Je suis sur que tu t’en rappelles même pas…

—    Non… cette partie-là de ma vie… je ne m’en souviens pas. » Souffla Ichigo mal à l’aise.

—    Désolé. Amuse-toi bien ! Tu me raconteras lundi.

—    C’est juste des répétitions...

—    Oui, mais tu n’fais pas un petit concert demain soir ?

—    Oh si… c’est dans un vieux café.

—    Ok… à lundi !

—    A lundi… »

Ichigo soupira et après un dernier regard sur son portable, se dirigea vers son annuaire pour trouver le numéro d’un taxi. Le week-end serait moins bien que prévu.

♣.♣.♣

Le lendemain soir, Ichigo entra par la porte de derrière dans le café underground de l’ami de Renji. Un certain Kensei, s’il avait bien compris. Il trouva Ikkaku déjà sur la petite scène.

« Grouille le patron a l’air de vouloir expédier la balance !

—    Ok ! J’arrive… »

Ichigo régla sa basse et cala son rythme sur celui d’Ikkaku. Chad vint se joindre à eux et demanda

« Où est Renji ?

—    Certainement à discuter avec Kensei…

—    Le v’la… » Marmonna mécontent Madarame. « Tu n’peux pas te grouiller Renji. Ichi et moi on a déjà passé par la balance, il ne manque plus que toi !

—    C’n’est pas comme si j’en avais pour des heures… » Rétorqua le chanteur du groupe.

Un homme aux cheveux blancs courts vint les rejoindre. Renji fit les présentations et le patron s’installa pour les écouter jouer. Visiblement, il aimait ce qu’il entendait et son regard se posait avec insistance sur Ichigo.

« Il est meilleur que tes autres bassistes, celui-là !

—    C’est notre bassiste d’origine… il a rejoint à nouveau notre groupe. » Fit avec un sourire Renji visiblement ravi.

—    Dommage qu’il vous ait quitté… vous auriez  pu faire quelque chose…

—    C’n’est pas comme si on était des croulants ! » Rétorqua Ikkaku entre ses dents.

—    Ce n’est pas à la quarantaine ou pas loin qu’on perce dans ce milieu ! Répliqua calmement Kensei.

—    Oi ! Fermer-là ! On est ici pour s’amuser… » Répondit Renji qui commençait à froncer les sourcils.

Ichigo haussa les épaules. Il ne se sentait pas particulièrement concerné par la conversation. Ils quittèrent la scène et gagnèrent les coulisses. Kensei leur avait fait apporter des bières fraiches. Ichigo entendit bientôt la salle de remplir. Le bar était un peu plus grand que ceux où ils jouaient la plupart du temps. Il prenait tout le sous-sol d’un immeuble. De nombreux piliers en béton soutenaient l’édifice.

L’endroit aurait pu être froid mais, Muguruma avait fait installer un immense bar en cuivre dont les coins avaient de larges arrondis. Il était abondamment éclairé par des spots jaunes et orangés, donnant une lumière or qui faisait étinceler l’espace.

Devant la scène des tables éparses et peu proches des unes des autres permettaient à quelques « privilégiés » d’apprécier le spectacle. Ichigo s’était rendu compte d’ailleurs que le sol était recouvert de parquet. Il s’était attendu à du béton mais, après un examen minutieux du lieu, il s’était avéré qu’il s’agissait bien de bois.

De nombreuses tables rondes ou carré encombraient l’espace. Des nappes rouges carmin les recouvraient. Dans le fond, se trouvait lové contre le mur de gros fauteuil crapaud capitonnés de rouge. Pour un peu, Ichigo se serait cru dans un bar pour prostitution… Mais, les murs en briques qui devaient être autrefois blanc étaient recouverts d’affiches modernes de villes cosmopolites. Cela tranchait avec le côté un peu surfait du décor dans certaines parties de la salle.

Le personnel, pour le peu qu’Ichigo avait pu le constater, était masculin au bar, et féminin en salle. Tous étaient habillés de manière identique. Pantalon noir, chemise blanche et cravate pour les hommes, foulard pour les femmes.

Ichigo décida de s’approcher une nouvelle fois de la scène. Il laissait Renji, Ikkaku discuter. Il voulait voir au travers la fente des tentures pourpres, qui cachait la scène à présent. Le bruit qui provenait de la salle devenait de plus en plus assourdissant. Son regard tomba sur les premiers clients. Un sourire s’inscrivit sur ses traits. Ichigo avait le trac, une nouvelle fois. Cela l’agaçait comme cela l’excitait.

Son regard fut accroché brutalement par quelque chose de bleu alors qu’il faisait un mouvement pour s’éloigner. Surpris, il se retourna et s’approcha à nouveau pour découvrir un quatuor se situant devant la scène. L’homme le plus près avait les cheveux bleus, court. La haute silhouette athlétique était familière à Ichigo. Mais, il ne voyait pas son visage. Il tenta de se pencher et plissa les yeux pour mieux scruter l’homme qui lui tournait le dos.

Malgré ses mouvements en équilibre, il ne parvenait pas à le voir. Au bout de quelques minutes, il se tourna suffisamment pour lui permettre de voir son profil de trois quart. Ichigo devint livide.

Précipitamment, Ichigo prit appui sur le mur le plus proche. Une de ses mains se posa sur sa bouche. Ses yeux étaient exorbités. Sa respiration courte et hachée ne lui disait rien qui vaille. Son esprit tournait dans un maelstrom de souvenirs qui venait se percuter dans sa tête et pas des moindre. Son cœur qui au départ avait bondit et avait adopté un rythme effréné, devint plus lent mais aussi plus lourd.

Les larmes perlèrent aux coins de ses yeux. Ichigo les effaça rapidement. Il ne voulait pas de cela ! Impossible ! Ça vie ne pouvait pas se résumer à ça ! Il se sentait faible…Ichigo avait envie de vomir. Il avait eu le temps de voir l’effleurement des mains entre Grimmjow et son voisin de table. Ils étaient visiblement ensemble… Comment avait-il eut le temps de voir cela ?

Ça lui faisait mal… et puis, l’image de Nnoitra s’imposa à lui. Ichigo se traita d’imbécile et se redressa.

« Tu vas bien Ichi ? » S’inquiéta Renji brusquement à ses côtés.

Le chanteur du groupe s’était penché sur le bassiste et posa une main fraiche sur son front.

« Oui… c’est… un petit étourdissement. Ce n’est rien, je t’assure ! Souffla d’une voix vacillante Ichigo.

—    Ne me fous pas la trouille ! Une fois à l’hôpital mais pas deux…

—    Pas la peine de te tracasser pour moi. » Répondit Ichigo en fronçant les sourcils.

Pour sa plus grande joie, sa voix avait retrouvé une certaine fermeté. Il repoussa la main de Renji et se redressa. Son regard était incandescent. Ce qui eut le don de rassurer Renji. Les autres membres du groupe observaient Ichigo interrogateurs, mais, aucun ne fit de commentaires. Bientôt, ils entendirent la voix de Kensei amplifié par un micro.

« Bon, vous savez ce que nous devons faire ce soir… Ichi, si à un moment donné ça ne va pas… Tu me le signales…

—    Je vais bien ! » Assura Ichigo calmement.

Et c’était vrai. Il n’avait jamais été aussi serein depuis longtemps. Ses souvenirs s’imbriquaient les uns après les autres. Il remercia les dieux qui lui avaient évité de rencontrer Grimmjow trop tôt. Et surtout, d’avoir pu démarrer sa relation avec Nnoitra. Se connaissant, une rencontre trop rapide,  aurait certainement ralentit le début de sa liaison avec l’étudiant.

Lorsque le nom des Shinigami, le nom de leur groupe fut annoncé, le quatuor monta sur scène. Ichigo croisa un bref instant, le regard incrédule de Grimmjow. Ce dernier ouvrit la mâchoire comme pour parler mais, Ichigo se détourna pour brancher sa basse. Le bassiste entendit les jurons des autres membres du groupe et Ichigo leur adressa un sourire bref, qui se voulait rassurant.

Renji empoigna le micro et salua la salle. Il raconta une petite blague pour mettre le public dans sa poche, ce qui laissa le temps à Ichigo d’évacuer son stress. Jouer devant Grimmjow… il prenait enfin toute l’ampleur de l’événement. Lui qui lui avait assuré un nombre incalculable de fois qu’il n’était pas fait pour la musique. Il allait lui montrer ce soir, qu’il n’en était rien !

Déterminé, Ichigo fit face au public et attendit du coin de l’œil le signal du chanteur. Renji comme un chef d’orchestre donna le départ de la première chanson. Ils commencèrent par un standard Voodoo Chili. Le public adhéra immédiatement au choix du groupe qui se produisait. Le morceau suivant se porta ensuite sur Lucky man. Un rythme plus lent et moderne. Le concert prit un rythme de croisière et la voix chaleureuse de Renji remplissait la salle de ses intonations sincères et justes.

Les femmes ne voyaient que lui. Ichigo gardait son masque de froideur durant tout le tour de chant. Il se gardait bien de regarder vers la petite table proche de lui. Se contentant de fixer le lointain ou de temps à autres sur Renji. Quelques coups d’œil de connivences avec Ikkaku le tiraient parfois des limbes de ses pensées noires. Ichigo donna tout ce qu’il pouvait, en rejetant avec rage presque les souvenirs qui tentaient de le déconcentrer.

Quand la fin de leur concert sonna une heure et demie plus tard, le groupe quitta en bon ordre la salle. Ichigo reçut une tape dans l’épaule de la part d’Ikkaku.

« J’ch’suis fier de toi ! J’aurai cru que tu aurais craqué en le voyant !

—    C’est pour ça que t’étais blanc tout à l’heure ? » L’interrogea Renji. « T’aurai pu nous le dire ! Et si…

—    Il ne s’est rien passé Renji. Et je savais que rien ne se produirait. Alors, ne me fais pas de sermon ! » Répliqua cassant Ichigo.

—    Laissez-le. » Demanda Chad. « Il savait ce qu’il faisait. Nous n’avons rien à lui reproché. Il a assuré et mieux que les autres soirs…

—    C’est vrai… » Marmonna Ikkaku , qui reprit ragaillardie. « Ça se fête !

—    Quand vas-tu grandir Madarame ? Interrogea Renji.

—    C’est toi qui m’dit ça ? C’est l’hôpital qui se fou de l’infirmerie…

—    Excusez-moi… » Fit une voix timide derrière eux.

Surpris le groupe se tourna vers une serveuse qui rougit en voyant quatre paires d’yeux se poser sur elle.

« Euh… y’a-t-il un Kurosaki Ichigo parmi vous ?

—    Moi… » Se désigna Ichigo en fronçant les sourcils.

—    J’ai un message à vous remettre… »

La serveuse lui tendit un papier soigneusement plié. Ichigo attrapa la page griffonnée. Il se sentait très nerveux et son cœur cognait douloureusement dans sa poitrine. Il déplia le papier et lu rapidement le message.

« Ichi… J’ai besoin de te parler. Viens me rejoindre à la sortie du bar. Grimmjow »

« Pas question ! Qu’il aille se faire enculer ce connard ! » Répliqua Ikkaku derrière l’épaule d’Ichigo.

—    Il n’est pas adressé à toi ce message Madarame…

—    Ch’suis assez d’accord avec lui. Approuva Renji.

—    Ton père a tout fait pour vous tenir éloigné l’un de l’autre. Vu ce qu’il t’a fait… » termina Chad à la surprise de tous.

Ichigo se tourna vers la serveuse et la remercia avec un sourire. Un frisson le parcouru et il se rendit compte qu’il n’était pas prêt pour l’instant à affronter Grimmjow. S’était trop tôt pour lui. Et puis, il avait besoin de prendre du recul. Renji demanda

« Qu’est ce que tu vas faire ?

—    Boire un coup ! » Souffla Ichigo.  « Et ensuite… quitter les lieux discrètement. Mais, je ne sais pas où passer.

—    Attends, je vais voir Kensei. Je vais t’appeler un taxi.

—    Je vais rester à la porte au cas où cet enfoiré tenterait de passer. » Déclara Ikkaku.

—    Je m’en charge. » Répondit Chad en quittant les lieux.

—    Il est toujours aussi remonté après lui… » maugréa Madarame, mécontent de s’être fait ravir le rôle de videur.

Ichigo ne dit rien. Il attrapa une bouteille de bière et la porta à ses lèvres. Tout ce qu’il voulait s’était partir. Il vida sa cannette d’un trait. Ichigo se sentait crevé. Toutes ses idées qui ne faisaient que s’accumuler allaient lui faire exploser la cervelle. Renji réapparut avec un Kensei sombre.

« Bon, suis-moi ! Renji m’a expliqué. Je vais te faire passer par mon bureau. Personne ne connait cette sortie. Faut que tu sois un ami à Renji pour que je te fasse passer par là ! »

Ichigo suivit Kensei quelques minutes plus tard. Ils suivirent un dédalle de couloirs pour remonter un escalier en colimaçon. Après avoir ouvert la porte, Ichigo se retrouva dans le hall d’une résidence de luxe.

« Suis-moi ! » Repris Kensei froidement.

En silence, Ichigo suivit l’homme et ils se retrouvèrent derrière la rue principale. Cette dernière était piétonne et beaucoup de monde circulait à cette heure de la nuit. Ichigo comprit aux nombreux bars et boites qu’il se confondrait rapidement dans la foule de fêtards. Après un dernier remerciement, Ichigo s’éloigna.

Il ne savait pas trop où aller. Renji, Madarame et Chad iraient certainement dans un pub. Lui n’en avait plus aucune envie. Avant de croiser Grimmjow, il y serait allé de bon cœur mais là… le certain bien-être qu’il avait acquis s’était envolé. Il sortit son portable et appela un taxi pour qu’il vienne le prendre à un embranchement de rues.

♣.♣.♣

Quand il regagna son appartement, une petite demi-heure plus tard, il resta figé en haut de l’escalier. Nnoitra était assis à même le sol. Ses longs bras entouraient ses genoux. Ichigo s’approcha doucement de son amant et demanda

« Lève-toi, tu vas attraper froid.

—    Ichigo… »

Nnoitra se leva lentement comme s’il avait du mal à réaliser la présence du roux à ses côté. Il observa le visage fatigué d’Ichigo.

« Quelque chose s’est produit ?

—    Tu ne devais pas être en famille ?

—    Ah… mon vieux m’a soulé ! Je peux passer la nuit chez toi ? »

Ichigo tira les clefs de sa poche. Une fois entré, il défit ses chaussures et il posa sa basse contre un mur. Ichigo ferma la porte derrière Nnoitra. Ce dernier l’observait toujours ne sachant pas s’il devait se sentir inquiet ou non. Ce qui amena un petit sourire à Ichigo.

« C’est moi qui devrait te regarder comme cela et pas l’inverse.

—    Tu es bizarre… Chuchota Jiruga.

—    Fatigué… Protesta Ichigo.

—    Ce n’était pas bien ?

—    Si… le concert s’est bien passé. Je peux prendre une douche et je te raconte après ?

—    J’vais faire du café…

—    Non… je veux seulement m’allonger…

—    Ok… »

Ichigo examina Nnoitra et demanda

« Tu as pris quelque chose, des affaires ?

—    Rien ! J’m’suis enfui ! »

Ichigo et Nnoitra se fixèrent un petit instant en silence. Il était évident qu’ils devaient se dire beaucoup de choses. Mais, pour l’instant, Ichigo voulait juste prendre une douche rapide pour se débarrasser de sa sueur et plonger dans son lit. Il ne pourrait pas arrêter les battements de son cœur. La peur l’envahissait petit à petit de manière inexplicable.

—    Ah… tu me raconteras ça dans cinq minutes… » Finit-il par dire.

Ichigo s’enferma dans la salle de bain et frissonna. Apparemment, il n’était pas le seul à avoir passé une soirée mouvementée, le regard de son amant ne le trompait pas. Quelques minutes plus tard, il rejoignit Nnoitra qui feuilletait un magasine littéraire en l’attendant. Nnoitra se tourna vers Ichigo qui était habillé d’un pyjama.

« J’ai rien à mettre ! Marmonna Jiruga.

—    Tout ce que j’ai, serait trop petit pour toi…

—    Tant pis… de toute façon, je dors à poil ! »

Ichigo haussa un sourcil et finit par sourire. Il attrapa la main de son amant au passage et le poussa sur son lit. Nnoitra se laissa tomber et observa longuement le visage du bibliothécaire qui le fixait visiblement bouleversé.

« Je suis content que tu sois là…

—    Qu’est ce qui t’es arrivé ? » Nnoitra voulait savoir ce qui perturbait Ichigo, même si cela devait lui déplaire.

—    J’ai… J’ai vu Grimmjow. Et… » Ichigo se tu.

Nnoitra scrutait les traits penchés sur lui. Il entoura son visage avec ses deux mains et demanda anxieusement.

« Et ?

—    Je me suis souvenu… »

Un instant silencieux, comme s’il enregistrait l’information avec soin, Nnoitra repris.

« Et ? Vous vous êtes parlé ?

—     Non ! Muguruma-san est un ami de Renji. Ils m’ont fait sortir par une porte dérobée. Grimmjow voulait me parler. Mais… »

Ichigo détourna son visage pour éviter que Jiruga lise en lui comme dans un livre ouvert. Mais, ce dernier ne s’en laissa pas compter. Il attrapa le menton d’Ichigo et repris

« Mais ?

—    Je ne pouvais pas ! Avoua Ichigo.

—    Pourquoi ?

—    Parce que c’est trop tôt. Je ne vois pas très clair depuis que tous mes souvenirs me sont revenus. Et c’était trop violent. Je n’aurai pas su quoi lui dire…

—    Tu… comptes retourner, je veux dire… reconstruire ton couple avec lui ?

—    Non ! »

Ichigo bascula sur Nnoitra et le fixa intensément. Assis à califourchon sur son amant, le visage penché sur celui de Jiruga, les yeux ambre se perdaient dans ceux de l’étudiant.

« Il n’en ai pas question ! Je vivais un enfer avec lui. Le jour où je t’avais téléphoné pour t’envoyer ton chèque… je venais de rompre avec lui. Et puis… tu es important pour moi Jiruga. »

Nnoitra enlaça la taille d’Ichigo et le fit basculer sous lui. Tendrement, il l’embrassa. L’étudiant sentait frémir le corps contre lui. Un sourire se forma sur ses lèvres.

« Tu es sur de vouloir dormir ?

—    Hai…

—    Ok… »

Nnoitra repoussa  Ichigo et se leva. Le roux se glissa sous les couvertures et fut bientôt rejoint par Nnoitra qui laissa son caleçon. Un sourire étirait les lèvres d’Ichigo.

« Tu restes pudique ?

—    C’est pour éviter que tu n’me sautes dessus. » Ironisa Nnoitra.

Ichigo moula son corps contre celui de Nnoitra et bailla.

« Pourquoi tu as quitté ta famille ? » Interrogea d’une voix lointaine le bibliothécaire.

—    Oh… rien d’important. Tu me manquais, c’est tout… »

Ichigo approuva d’un hochement de tête et s’endormit rapidement. Nnoitra lui resta un long moment les yeux ouverts. Comment annoncé à Ichigo que son père voulait le marier ? Qu’il avait organisé un Omiai, qu’il voulait le voir rapidement à la tête de sa société et qu’en aucun cas, il ne voulait entendre parler d’une quelconque relation homosexuelle. Que devait-il faire ? Ses chances de rester auprès d’Ichigo étaient quasiment nulles.

D’une main absente, Nnoitra caressa les cheveux roux. Ichigo sentait merveilleusement bon. Son souffle régulier eut raison de ses tensions intérieures. Il verrait et trouverait une solution. Mais laquelle ? Son père l’avait menacé de lui couper les vivre lorsqu’il avait presque arraché la porte de son bureau. Ce à quoi, Nnoitra l’avait envoyé se faire foutre !

Nnoitra Matsuta était ivre de rage après son fils. Il était clair qu’il ferait payer son insurrection à Jiruga. Inconsciemment, ce dernier resserra l’étreinte autour d’Ichigo qui enjamba ses cuisses avec la sienne dans son sommeil. Nnoitra leva les yeux au ciel et jura. Il devait rester calme. Il devait profiter de tous les instants que la vie lui offrirait avec Ichigo. Il n’était pas sur que cela dure encore très longtemps. Connaissant son père.

♣.♣.♣

Le lendemain, Ichigo poussa le corps de Nnoitra qui le couvrait en bonne partie. Le jeune homme se détourna en marmonnant, mécontent. Un sourire s’esquissa sur le visage d’Ichigo qui se leva sans tarder. Une heure plus tard quand Nnoitra gagna la cuisine, la table était mise. Ichigo était rasé et propre sur lui.

D’un pas de somnambule, Jiruga se dirigea vers son amant et le serra contre lui. Il étouffa un bâillement contre l’épaule accueillante sur laquelle sa tête reposait.

« Il est quelle heure ?

—    Neuf heures…

—    J’vais être en retard…

—    Mais non… ton appartement n’est pas loin du mien…

—    Hai !

—    Tu es sur que ça va Jiruga ?

Nnoitra releva la tête et embrassa son amant.

« Maintenant, je me sens mieux.

—    Si tu le dis… »

Ichigo suivit Jiruga qui s’installa à table pour manger. Ichigo se retrouva sur les genoux de Nnoitra qui ne voulait plus le lâcher.

« Jiruga… tu n’es pas prêt d’être à l’heure…

—    Je sais… Je veux juste sentir ton odeur. Tu sais que tu es un aphrodisiaque ambulant ?

—    Et toi un beau parleur ! Mange ! »

Ichigo se leva et s’installa à côté de Nnoitra qu’il trouvait étrange par son comportement si démonstratif. Quelque chose semblait avoir changé. Pourtant, jusqu’à son départ Nnoitra se comporta par la suite tout à fait normalement. Ichigo songea qu’il s’était mal réveillé.

Nnoitra regagna son appartement et comme il s’y attendait, une limousine noire attendait devant l’immeuble. L’ordre était très clair ! Jiruga se raidit et fronça les sourcils. Il allait devoir affronter une nouvelle fois son père.

Chapitre 10

Le martèlement des talons de chaussures de Nnoitra, claquait sur le marbre rutilant de hall d’entrée de la demeure familiale. Le regard sombre et la crispation de sa mâchoire firent reculer les domestiques qui voyaient les prémices d’une tempête qui ne tarderait pas à éclater dans toute la maison.

 

Déjà, le comportement de Nnoitra-san la veille au soir et le matin même avait été odieux. Jiruga qui n’était pas tombé loin de son arbre, allait certainement attiser la flamme qui brûlait dans le regard de son père. Il demanda d’une voix polaire au majordome.

 

« Il est où ?

—    Dans la salle à manger… Nnoitra-sama… »

 

Sans un remerciement, le jeune homme traversa le couloir principal pour s’arrêter devant un double battant blanc ouvragés de moulures plaquées d’or vingt quatre carrât. Un mouvement de jambe, Nnoitra éclata la porte qui céda dans un craquement sinistre. Sa mère hurla de terreur et de surprise. Son père leva la tête lentement pour faire face à son fils. Nanao remonta ses lunettes nerveusement, feigniant de ne pas être surprise et Tessla soupira en voyant la brusque tempête se raviver. Il avait eu son cotas la veille au soir.  

 

« C’est quoi ce bordel ? S’écria Nnoitra furieux.

—    Jiruga ! » Menaça sa mère interloquée par le langage de son fils.

—    Laisse-moi m’expliquer avec notre fils… Umeko. »

 

Matsuta Nnoitra eut un geste apaisant pour sa femme et se tourna lentement en calculant chacun de ses gestes vers sa version plus jeune. Non seulement, ils se ressemblaient mais, Jiruga avait hérité de son caractère emporté.

 

« Quand je te dis de venir Jiruga… tu viens ! J’ai organisé un Omiai pour toi et ta sœur. Kyouraku-san et Nanao vont prochainement se marier. Quand à toi… j’attends la fin de tes examens pour que tu épouses Yoruichi Shinoui.

—    Cette folle ?

—    Fait attention à ce que tu dis ! Menaça Matsuta.

—    Mais, je refuse ! J’aime quelqu’un…

—    Oublie-la !

—    C’est un homme !  Et il est hors de question que je l’oublie !» Déclara abruptement Jiruga pour choquer son père.

 

L’opération fut réussit. Ce dernier se mit à avoir une respiration sifflante. Il se leva et se dirigea vers son fils. Les deux hommes faisaient la même taille et quand, Matsuta frappa son fils ce dernier bougea à peine. Son regard restant obstinément fixé sur son père.

 

« Tu pourras me frapper autant que tu le veux… Je l’aime et je ne compte pas rompre !

—    C’est que nous allons voir ! Si tu refuses, je te couperai les vivres…

—    Je m’en fiche…

—    Tu ne trouveras du travail nulle part ! On verra s’il sera toujours d’accord pour vivre avec un moins que rien…

—    Ne prends pas ton cas pour une généralité ! »

 

Nnoitra reçut une seconde gifle. Elle fut plus violente que la première. La colère montait en lui et il se promit que la prochaine fois, c’était lui qui frapperait.

 

« Écoute-moi bien fiston ! Ici, c’est moi qui décide ! Tu n’as pas ton mot à dire… Tu épouseras Shinoui où je me charge de refaire ton éducation !

—    Tu n’étais pas là la première fois… »

 

La main de Matsuta vola mais, fut arrêter par Jiruga qui enserra violemment le poignet de son père. La lueur meurtrière qui perçait dans son regard noir, fit frissonner Matsuta mais, il ne voulait pas se laisser impressionner par son fils. Après tout, il était plus fort que lui.

 

« Porte encore la main sur moi, et c’est moi qui te démolit ! » Menaça Nnoitra.  « Et pour ta gouverne… Si pour moi vivre ma vie comme je l’entends, c’est devoir quitter cette famille, se ne sera un problème que pour toi ! »

 

La tension dans la pièce ne pouvait pas être plus électrique. La respiration hachée et rauque des deux hommes figeaient les spectateurs.

 

« Que je ne sache pas qui il est… je me charge de l’éliminer !

—    Alors, je me chargerai personnellement de ton cas ! S’il lui arrive quoi que ce soit…

—    Tu me feras quoi ? »

 

Nnoitra se pencha en avant et posa son front contre celui de son père. Les deux hommes entendirent les chaises raclées le sol et les cris de protestations du reste de la famille mais, Jiruga ne voulait pas montrer la moindre peur à son père. Il ne lui ferait pas se plaisir là !

 

« Tu ne peux pas être absent de la vie de tes enfants pour ressurgir et vouloir leur faire faire ce qui te chante ! En aucun cas, je suis l’un de tes employés… Si pour moi, me débarrasser de toi veux dire renoncer à la famille Nnoitra, je le ferai. J’entends par là, et met le toi bien dans la tête… Que ce soit Ichi, ou qui que ce soit d’autre, j’agirai à ma guise. Tu veux éliminer Ichi… fait-le ! Mais, si tu crois que j’épouserai l’autre pétasse… Il n’y a que le chemin de fer qui ne soit pas passer dessus ! Et me faire cocu le jour de mon mariage, tu te fourres le doigt dans l’œil ! »

 

Nnoitra repris sa respiration et continua avant que son père ne reprenne la parole.

 

« Je me suis toujours débrouiller sans vous… je n’ai jamais laissé personne me dicter mes actes et encore moins maintenant… Tu veux me virer de la famille ? Fait-le ! Tu veux me couper les vivre ? Fait-le ! Ichi ne voudra plus de moi ? Tant pis ! Ma vie ne s’arrêtera pas pour autant ! Dans la vie y’a des gagnants et des perdants ! Se n’est pas forcément parce que j’n’ai pas ton fric et ton influence qu’il faut croire que ma vie sera foutue sans toi pour autant ! Je ne t’aime pas… Tu ne m’aimes pas… Alors maintenant, tu fais ce que tu veux… Mais, ne compte pas sur moi pour tes combines ! Si Nanao est assez conne pour se taper un vieux et vivre malheureuse et sous ton joug même mariée, c’est son problème… Si Tessla aime te lécher le cul… grand bien lui fasse… De toute façon, t’as toujours un héritier, alors ne viens pas m’emmerder ! »

 

Matsuta considéra son fils et lui demanda en grinçant des dents

 

« Tu as finit ?

—    Hai ! »

 

Nnoitra fixait méchamment son père qui lui rendait une expression glacée.

 

« Alors, je vais te faire plaisir mon fils ! Car que tu le veuilles ou pas, tu es bien mon fils ! Donc, je vais te rendre ta liberté. Je ne donnerai plus d’argent de poche et je te laisse te débrouiller pour payer ton appartement, tes charges, tes études, tes vêtements, ta nourriture, tes impôts, et toutes tes dépenses liés à tes loisirs… nous verrons bien et d’une la réaction de ton « petit ami », de deux si tu es capable d’être un « gagnant » en te forgeant ta propre société. Tu n’es plus évidemment le bienvenu… à part, si tu viens me voir pour quémander ma clémence. Je ne suis même pas sûr de vouloir te la donner ! Alors réfléchis bien ! Si tu franchis le seuil de cette maison, ne reviens plus ! 

—    Matsuta ! » Protesta sa femme.

 

Umeko se leva et se dirigea vers son mari et son fils.

 

« Si tu as besoin de quoi que ce soit… je serai là mais, arrête d’énervé ton père ! »

 

Nnoitra baissa son regard sur sa mère qui paraissait très agitée. C’était la première fois qu’il la voyait ainsi. Habillée dans son tailleur Dior et les cheveux tirés par un chignon sévère, elle paraissait pour une fois humaine.

 

« Maman… J’préfère vivre comme je l’entends que baisser mon froc pour sa gueule ! » Fit Nnoitra en désignant son père du menton.

—    Jiruga… c’est ce… cet homme… qui t’apprends à parler ainsi ? » S’offusqua sa mère.

—    Arrêtez de mettre ce qui ne vous convient pas chez moi, sur le dos d’Ichi… Je me casse ! »

 

Nnoitra quitta la pièce après un regard méprisant vers sa sœur et son frère. Jiruga entendit la voix de sa mère derrière lui. Quelque part, il se sentait mal de partir de cette manière mais, de l’autre, si cela pouvait lui permettre de respirer. De toute façon, il avait envisagé de vivre selon ses propres règles de voler de ses propres ailes.

 

« Jiruga… attend-moi ! »

 

S’était un ordre. Le jeune homme se tourna vers sa mère et la laissa remonter vers lui.

 

« Jiruga… tu ne peux pas faire cela ! Nous sommes ta famille… tu as besoin de nous. Tu ne peux pas nous quitter de cette manière. Nous avons déjà pris toutes les dispositions nécessaires. N’agit pas sur un coup de tête. Si tu es… homosexuel… essaye de t’arranger pour voir ce… ce… enfin, cet homme en tant qu’amant si ça te chante après ! »

 

Nnoitra estima que sa mère avait la chance d’être sa mère. Il releva le visage et rencontra le regard de son père. Froid. Méprisant. Rien qui ne s’apparente à la chaleur de ceux d’Ichigo. Nnoitra fit volte face et allait franchir le seuil quand la voix de Matsuta lui parvint, glacée.

 

« Si tu franchis cette porte…

 

L’étudiant ne laissa pas finir son père et ouvrit la porte sans une ombre d’hésitation. Son cœur battait très fort. Il devait maintenant prendre ses responsabilités et agir en conséquence de ses choix. Il ne voulait pas être un poids pour Ichigo… ni pour personne.

 

°°0°0°°

 

La foule dense s’agitait dans un joyeux brouhaha. Les étudiants semblaient agités par un courant électrique. Ichigo se sentait gagner par la fièvre. Pourtant, il se sentait préoccupé. Nnoitra ne lui avait toujours pas donné de nouvelles. Il lui avait envoyé plusieurs texto restés sans réponses. Ne voulait-il plus le voir ? Regrettait-il ?

 

Ichigo s’aperçut qu’il ne connaissait pas ses amis, sa famille… rien. Nnoitra lui connaissait beaucoup de choses de sa vie. Et avait approché ses amis, même son ex. S’était-il fourvoyé ? Le bibliothécaire repoussa ses idées noires et se concentra sur son travail. En fin d’après-midi, il reçut un appel de Renji.

 

« Yo… c’est pour te prévenir… on devrait faire un concert ce week-end.

—    Encore ? » Demanda surpris Ichigo.

 

Le roux ne s’attendait pas du tout à faire autant de concert. Se ne devait-être que quelques concerts et finalement, il voyait presque tous ses moments de libre de prit. Et si Nnoitra voulait faire autre chose que l’accompagner à ses répétitions et concert ?

 

« Fait pas la gueule… t’es content quand ton cachet te tombe ! Au fait, Ikkaku va passer te le donner demain, celui que tu devais recevoir samedi.

—    Ok… Vous n’avez pas eu de problème avec Grimmjow ?

—    Oh, il a tenté de venir te rencontrer. Mais, lorsqu’il ne t’a pas vu avec nous, il est partit sans rien dire. Tu me diras, il était accompagné. Peut-être a-t-il fait une croix sur toi ?

—    Oui… peut-être… » Répondit Ichigo lointain.

—    Ça n’a pas l’air de te perturber plus que cela…

—    Je t’avoue que… je ne pense plus à Grimmjow. Pour moi, tout est terminé avec lui. Samedi, j’étais sous l’emprise de… mes souvenirs. J’ai eu peur et je ne pouvais pas le rencontrer. Maintenant, si je devais le revoir… Je ne serai plus quoi lui dire !

—    Et bien… quel changement… C’est… Nnoitra-kun qui te faire un tel revirement dans tes amours ?

—    En partit…  en partit seulement. Il a été comme le détonateur. Mais, j’avais déjà réfléchit bien avant à tout ce qui m’arrivait… Je vais te laisser Renji. J’attendrai Ikkaku demain… »

 

Une heure plus tard, Ichigo tournait le verrou de la porte de la réserve, quand une voix inconnue l’interpella.

 

« C’est vous Kurosaki Ichigo ? »

 

Ichigo se tourna pour faire face à son interlocuteur. Un jeune homme se tenait devant lui, faisant à peu près sa taille le fixait intensément. Ichigo se souvenait l’avoir vu une fois en compagnie de Nnoitra.

 

« Oui… je suis bien Ichigo Kurosaki…

—    Vous êtes content ? » Demanda d’une voix rêche l’étudiant.

 

L’air absolument perdu du bibliothécaire, poussa Tessla à continuer.

 

« Mon frère a quitté la maison. Mon père ne veut plus en entendre parler… Ma mère est effondrée. Et Jiruga se retrouve sans toit, sans argent… seul, sans personne sur qui compter ! Jiruga était l’héritier de notre famille… Renoncer à lui ! Faites qu’il…

—    Je ne vois pas de quoi vous me parler. » Rétorqua calmement Ichigo très inquiet au fond de lui à présent. « Je suis désolé pour votre famille… mais, je n’ai plus de nouvelles de Jiruga depuis quelques jours et… »

—    Vous l’avez laissé tombé alors qu’il a quitté notre famille ? » Gronda Tessla.

 

Son attitude brutalement était clairement menaçante. Ichigo ne se laissa pas impressionner.

 

« Ecoutez… apparemment, Jiruga est un membre de votre fam…

—    C’est mon grand frère ! S’écria Tessla furieux.

—    Votre frère est assez grand pour prendre ses responsabilités, et sincèrement je ne sais pas où est Nnoitra-kun, et encore moins ce qui se passe. Alors, si vous voulez me menacer ou bien me jeter la pierre faite-le ! Mais, ne croyez que cela réglera quoique ce soit. »

 

Tessla s’approcha d’Ichigo au point où leurs corps se frôlaient presque. Il essayait de l’impressionner. Mais, Ichigo ne bougea pas. Il était hors de question qu’un gamin de vingt ans à peine, apparemment vienne le tourmenter. Il avait d’autres soucis à affronter actuellement. Il se pencha légèrement en avant et leurs visages s’effleura. Le ton d’Ichigo fut de miel.

 

«  Que tentez-vous de faire ? Me menacer ? M’effrayer ? Je suis sincèrement désolé pour votre famille. Maintenant, si vous revenez me voir pour ce genre de problème pour lequel, je ne suis pas au courant, je risque de ne pas le prendre avec le même flegme. Je n’ai rien à vous dire de plus…

—    Mon père se vengera et n’en restera pas là ! Menaça Tessla.

—    Vraiment ? Et je suis censé trembler de peur ? Se moqua Ichigo.

—    Bientôt vous ne rirez plus…

—    Serais-ce du harcèlement ? Demanda mi-figue, mi-raisin Ichigo.

—    Une promesse…

—    Soit ! »

 

Ichigo se redressa et déclara froidement.

 

« J’espère sincèrement vous rencontrez la prochaine fois pour un sujet ayant trait pour un livre. Si vous remettez les pieds dans cette bibliothèque pour un autre motif, je ne suis pas sur de rester aussi calme. Maintenant, si vous vous n’avez rien à faire… ce n’est pas mon cas. Je vous souhaite une bonne soirée Nnoitra-kun ! »

 

Sans rien ajouter, Ichigo contourna le jeune homme et quitta la bibliothèque. La colère assombrissait le visage du roux. Il avait tenté de rester imperturbable. Maintenant, son masque se fendillait. Il serra les poings convulsivement. Où était Jiruga ? Que se passait-il ? C’était quoi ces menaces ?

 

Ichigo se plaisait là où il se trouvait. L’université était accueillante,  ses collègues agréables, il ne s’était jamais sentit aussi bien qu’actuellement. Pourtant, il voyait son avenir sérieusement menacé par la famille de son amant. Hirako-san ne lui avait pas menti. Lui, n’avait rien voulu voir. Regrettait-il pour autant ?

 

°°0°0°°

 

Ikkaku s’installa sur le sol après avoir tirer sur la capsule de bière. Il avala une large rasade et jeta un bref coup d’œil à son ami.

 

« A ta place, je m’en ferai pas trop… m’a l’air d’avoir la tête sur les épaules. Et puis, pour un gamin… il en a !

—    Oh… en fait, je ne suis pas trop inquiet pour le sort de Jiruga. C’est juste qu’il ne m’en parle pas. J’ai l’impression d’être tenu éloigné à un moment important où j’aurai pu être là pour lui.

—    Ichi… Tout le monde n’a pas besoin d’être couvé dans sa vie. Et je pense qu’il veut s’affirmer en tant qu’homme. Tu ne vas pas lui reprocher ? Il reviendra vers toi quand il en aura besoin… »

 

Ichigo se laissa glisser sur un fauteuil et avala une gorgée de sa propre bière. Ikkaku soupira et fouilla dans la poche intérieure de sa veste. Il jeta une enveloppe sur la table.

 

« C’est ton cachet pour samedi.

—    Merci… »

 

Ichigo examina l’enveloppe sur la table basse avant de la prendre et d’en regarder le contenu. Il ne pu s’empêcher de siffler. Quand il redressa la tête, Ikkaku lui adressait un large sourire  de prédateur.

 

« On est bon… et même plus que ça Ichi…

—    Que veux-tu dire par là ?

—    Tien…. Matte-moi ça ! »

 

Ichigo se pencha une nouvelle fois pour récupérer une feuille pliée soigneusement. Il lu rapidement le contenu et laissa ses mains tombées sur ses genoux, stupéfait.

 

« Cela veut dire ?

—    Que nous avons un contrat dans une maison de disque mon ami…

—    Mais… mais, nous sommes trop vieux ! Protesta Ichigo.

—    C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures ! Ecoute… Tous les autres sont d’accord. Notre groupe a toujours eu du potentiel. Mais, nous changions toujours de bassiste et notre groupe n’était plus trop soudé. Avec ton retour, c’est comme si on récupérait une certaine jeunesse. Et mine de rien toi et Renji vous êtes plutôt charismatiques ! C’est une occasion unique pour nous de nous faire connaitre et de gagner de la tune

—    Attend, attend… Moi mon métier, il me plaît bien…

—    C’est quoi classer des bouquins quand tu as la gloire qui vient frapper à ta porte bordel ?

—    Gloire ? Tu y crois ? » Ironisa Ichigo. « Peut-être gagnerons nous une petite notoriété au mieux… mais, ne t’attends pas à quelque chose d’extraordinaire non plus.  Et puis nous faisons de petits concerts…

—    Et alors ? On commence tous comme ça ! Qu’as-tu à perdre ? Ça pourrait te faire un appoint… Ecoute, saisissons notre chance. Peut-être que ça marchera pas… peut-être que si ! Mais, si on ne fait rien on ne saura jamais. »

 

Ichigo finit sa bière resta pensif un long moment. Décidément, tout semblait tourner de travers actuellement dans sa vie. Quoiqu’il estima soudain avoir la chance de tergiverser. S’il était encore en couple avec Grimmjow… jamais, il n’aurait eu à se poser ces questions ! Un fin sourire étira ses lèvres. Après tout, si Nnoitra estimait ne pas avoir à donner de ses nouvelles… lui aussi avait bien le droit de vivre sa vie comme il l’entendait.

 

« Ok… allons jusqu’au bout et voyons voir où cela nous mènera ! »

 

Ikkaku se redressa et d’une main ébouriffa les cheveux de son ami d’enfance.

 

« Putain Ichi… J’sens qu’on ne le regrettera pas !

—    Si tu le dis… »

 

Une demi-heure plus tard, Ichigo regagna la salle et ses yeux tombèrent sur l’enveloppe. Il l’attrapa et l’ouvrit une nouvelle fois. Maintenant, avec la menace de la famille de Nnoitra au-dessus de sa tête, Ichigo estima qu’il devait jouer toutes ses cartes. Le visage de Jiruga flotta quelques instants devant ses yeux. Que faisait-il ? Pourquoi ne lui laissait-il aucunes nouvelles ? Enfin, comme le disait Ikkaku… il avait peut-être aussi besoin de temps.

 

°°0°0°°

Les journées devenaient de plus en plus froides et Ichigo resserra la veste autour de ses épaules. Son cœur battait furieusement sous la colère, enfin moins qu’il y a à peine un bon quart d’heure dans le bureau d’Urahara. Le souvenir de la conversation restait brûlant.

 

« Ichigo-kun… je suis sincèrement désolé. Même si je dois un service inestimable à votre père… je ne pourrai rien contre la famille Nnoitra. Ils sont très influents et Nnoitra-san est un homme entêté et de parole. Je ne pourrai plus vous garder dans notre établissement. J’ai même peur qu’il ne pousse la chose jusqu’à faire en sorte que toute bibliothèque universitaire refuse votre candidature…

—    Mais… Ichigo était époustouflé et cherchais ses mots. « Je ne connais pas cet homme… »

—    Mais son fils oui ! Attention, je n’ai rien contre le fait que vous soyez gay… C’est simplement que Nnoitra-san fournit de généreuses donations à l’université et… il fait partit du conseil d’administration. Nous ne pouvons ignorer la menace !

—    Et votre place ?

—    Oh… mes chances de la conserver sont minces. Mais, s’il ne s’agissait que de cela. » Kisuke devint plus sombre. « S’il n’y avait que ma place… se ne serait pas un problème mais, cela ne résoudrait rien. Nnoitra-san est véritablement furieux et que ce soit moi ou mon successeur peut lui importe du moment qu’il atteint son but. Autrement dit vous éliminez ! »

 

Un frisson traversa Ichigo en se remémorant le visage sombre d’Urahara. Il était évident qu’il cherchait une solution pour le sortir de son impasse. Tout au moins, lui permettait-il d’habiter le temps nécessaire sur le campus, afin qu’il trouve un nouveau logement.

 

Ichigo sortit son portable et consulta sa boite mail. Rien ! C’était désespérant et Ichigo se sentait comme une jeune fille attendant son prince charmant et ce constat, l’énerva. Cela faisait un mois que Nnoitra ne lui donnait plus de nouvelles. Ichigo décida de faire une croix sur cette relation. De toute façon, Nnoitra était trop jeune et… visiblement, il était tout au plus un sex friend.

 

Quand Ichigo monta à l’étage de son appartement une demi-heure plus tard, il se figea. La silhouette de Nnoitra se trouvait accroupie devant sa porte. Visiblement, le jeune homme était endormi. Ce qui n’était pas le cas du cœur d’Ichigo. Il resta quelques secondes, indécis. Le soulagement tout d’abord le traversa, puis la joie pour être remplacé par la colère. Furieux, Ichigo traversa l’espace et donna une pichenette sur le front du jeune homme assoupis.

 

Nnoitra se réveilla brutalement et rencontra le regard de braise d’Ichigo. Il déglutit. Jiruga sentait qu’il allait connaître les affres de la colère de son petit ami.

 

« Pourrais-tu me laisser un accès à ma porte ?

—    Hai ! »

 

Jiruga se leva et se déplaça sur le côté. Ichigo ne le regardait plus et fourrait avec rage ses clefs dans la serrure. Il fronça les sourcils.

 

« Je suis désolé… je ne pensais pas que tu serais en colère…

—    Tu ne pensais pas ? »

 

Ichigo lança un regard polaire au jeune homme et ouvrit le battant de la porte de son appartement. Il entra. Nnoitra resta sur le seuil indécis. Le roux se tourna et observa un instant la haute silhouette immobile et rencontra son regard de marbre.

 

« Entre !

—    Tu es sur ?

—    Où reste dehors si tu préfères ! »

 

Ichigo s’éloigna du genkan et se dirigea vers son bar pour se verser un alcool fort. Il avala son sake d’un trait alors que Nnoitra le rejoignait. Le silence se prolongea jusqu’à ce que Jiruga le coupe à voix basse.

 

« Quelque chose de grave c’est passé ? »

 

Lentement, Ichigo se tourna pour examiner son amant. Il paraissait épuisé.

 

« Pour toi non plus, les choses n’ont pas du aller au mieux…

—    Mon père est un imbécile ! » Grogna Nnoitra.

 

Ichigo haussa les épaules et se resservit un verre.

 

« Tu en veux un ? Proposa Ichigo las tout à coup.

—    Non… Ichigo… Je suis…

 

Le roux traversa la pièce et gagna un fauteuil où il s’assit. Il leva les yeux vers Nnoitra qui l’examinait avec attention. Ichigo soupira et désigna la place à côté de lui du plat de la main.

 

« Viens…

—    Tu n’es plus en colère ? »

 

Nnoitra était déstabilisé par le changement de comportement du roux. Le sourire amer qui incurva le coin de ses lèvres, ne lui laissait pas présager une discussion facile. Où plutôt une vérité qu’il lui serait certainement difficile à entendre.

 

« Si… je le suis. Mais, je suis soulagé de te voir vivant et en bonne santé. Et puis, tu es revenu… J’ai toujours reproché à Grimmjow de ne pas me laisser assez d’espace. Peut-être faut-il que j’apprenne à vivre avec quelqu’un qui m’en laisse trop ?

—    Non ! »

 

Nnoitra s’assit sur la table basse en face d’Ichigo et lui prit une de ses mains qui reposait sur l’accoudoir du canapé.

 

« Non… Ichigo… je voulais régler mes problèmes avant de venir te voir. Mon père et moi avons eut une discussion très houleuse. Le week-end où je suis venu te retrouver, il m’annonçait qu’il voulait que je participe à un Omiai et pour moi, c’était impossible !

—    Pourquoi ?

—    Parce que je t’ai toi ! » Rétorqua Nnoitra en colère.

 

Ichigo se pencha en avant et scruta le visage de Jiruga. Les paroles de Shinji lui revinrent en mémoire. L’expression douloureuse de ses traits aussi. Lui-même savait mais, refusait d’y croire. Il ne parvenait pas à rester fâché contre son amant, car tout cela… tout ce qui arrivait, Ichigo savait que cela se produirait. La colère qu’il lisait dans son regard faisait écho à son désespoir et à sa propre colère impuissante.

 

« Jiruga… nous ne sommes amants que depuis peu. Tu as une famille, un nom et tu ne sais pas de quoi demain sera fait !

—    Tu parles comme mon père ! Mais quelqu’un sur cette planète se demande ce que moi, je veux ? C’est trop égoïste ? Je n’ai fait que penser à toi tout ce temps ! Mais… je voulais régler certaines choses et ne pas être un fardeau pour toi.

—    Fardeau ? »

 

Ichigo fronça les sourcils. Jiruga lâcha la main d’Ichigo et se leva pour marcher nerveusement dans le salon.

 

« Mon père m’a renié et m’a coupé les vivre. Donc, j’ai liquidé les biens que j’avais en ma possession et je me suis trouvé un travail. En plus, j’n’ai pas lâché mes cours… j’n’ai presque pas dormi ses derniers temps. Je ne pouvais pas te demander de l’aide car, je n’envisage pas une relation avec toi en étant une source d’ennuis. Je voulais au moins te montrer que je pouvais régler mes problèmes et pouvoir venir te parler sans avoir à rougir. »

 

Jiruga se tourna vers Ichigo qui était blême. Il traversa la pièce et s’agenouilla devant le bibliothécaire toujours figé.

 

« Ichigo… j’aurai du te donner des nouvelles où tout au moins répondre mais… j’avais peu de temps et surtout, je n’aurai pas su quoi te dire. Où comment te le dire sans que tu ne te fasses du souci. Je ne suis pas irresponsable.

—    Je suis un imbécile… murmura Ichigo.

—    Non ! Si tu avais agit de la même manière avec moi, je ne t’aurai même pas écouté. »

 

Nnoitra eut un faible sourire désabusé.

 

« Je suis par bien des côtés immatures et égoïste. J’aurai pu t’en parler… »

 

Jiruga ouvrit les yeux de surprise. Ichigo avait glissé entre ses bras et appuyait sa tête contre son épaule.

 

« Tu m’as manqué Jiruga… »

 

Les traits du jeune homme s’adoucirent. Il referma ses bras autour des épaules d’Ichigo. Il réalisa tout à coup, qu’il n’avait pas du être le seul à souffrir. Ichigo se redressa et plongea son regard dans celui de son compagnon.

 

« Jiruga… je… je me suis fais viré ! Il faut que je cherche un nouvel appartement et… je n’aurai pas moi-même beaucoup de temps à te consacrer prochainement. De plus, mes chances pour retrouver un nouveau job sont relativement minces, si j’ai bien compris.

—    Pardon ? Nnoitra était incrédule.

—    Maintenant, c’est à moi de me montrer mature Jiruga. Il va falloir que…

—    Vie avec moi ! » S’écria l’étudiant.

 

Ichigo resta interdit. Nnoitra avait encadré le visage du bibliothécaire et déclara gravement.

 

« Vie avec moi Ichigo ! Comme ça nous serons ensemble. Avec mon job à mi-temps, mes études et toi ton nouveau job, si nous ne vivons pas ensemble, nous ne pourrons plus nous voir… et ça, je refuse. Ce mois sans toi a été un enfer ! C’est l’occasion de commencer réellement notre relation. Dit-moi oui ! »

 

Le cerveau d’Ichigo ne fonctionnait plus. Il se laissait engloutir par le regard sombre et grave posé sur lui.

 

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