Installé sur le toit du lycée, Ichigo sortit une cigarette de son paquet. Il se l’alluma et après avoir tiré une bouffée et rejeté la fumée en l’air, il observa la cour plus bas. Certainement qu’un groupe viendrait le rejoindre pour lui chercher des noises… Un mois qu’il était dans cet établissement à présent. Les choses ne changeaient pas beaucoup par rapport à ses anciens lycées. À une différence près… il se laissait tabasser !
Il éprouvait une haine sans borne pour Unohana qui le laissait se faire pourrir la vie comme cela. Son seul réconfort, c’était sa clope… Enfin, il était mauvais joueur, car Ikkaku et Yumi n’hésitaient pas à venir l’aider. Chad un élève calme et serein, grand comme une armoire à glace, venait régulièrement aussi prêtée main-forte. Il était étonnant. Il ne lui parlait pas, mais venait dès qu’Ichigo avait le moindre problème.
Dans sa nouvelle vie, ce qui était agréable c’était que son voisin de chambre, qui après lui avoir mis les points sur les i sur ses exigences, lui foutait une paix royale. D’ailleurs, Ichinose jouait le rôle de dragon dans le couloir et ceux qui voulaient venir l’emmerder lorsqu’il regagnait son dortoir se faisaient pourrir la vie à leur tour. Maki ne parlait pas, ou le strict minimum. Ce qui convenait à Ichigo qui n’était lui-même pas un grand bavard.
La porte derrière lui émit un grand claquement. Encore un connard qui venait lui faire une déclaration de guerre ? Ichigo termina sa clope et se tourna vers ses agresseurs. Ces derniers n’auraient jamais réussi à lui tenir tête s’il pouvait se battre comme il l’entendait. Un sourire ironique flotta sur les lèvres du roux.
« Kurosaki… » Lança Ho visiblement très en forme. « Arrête de nous regarder comme si on était des merdes !
— Ce n’est pas ce que vous êtes ? En v’la un scoop…
— Ta gueule ! Rétorqua Ban furieux.
— Dégagez les gamins… » Marmonna Ichigo en s’appuyant contre la grille du toit.
— T’es tout seul et tu l’as ramène comme si t’étais un caïd ! Ricana D-Roy. On va te péter ta sale petite gueule.
— Essaye d’y parvenir… »
Ichigo ne prit même pas la peine de regarder son interlocuteur. Et dire que la pause était bientôt finie et qu’il allait devoir rejoindre son enfoiré de prof de chimie. Tant qu’à faire, il allait essayer d’arriver à l’heure et pas trop dégueulasse.
Le groupe s’était resserré autour du roux qui haussa les sourcils en voyant un couteau sorti.
« Tu fais moins le malin, Kurosaki ! » Remarqua Carias, narquois. « Quand on disait qu’on allait te faire la peau… c’n’était pas au figuré… »
Ichigo se recula lorsque la lame vint à sa rencontre. Il se saisit au passage de la main de Vega et l’immobilisa à la grande surprise de ce dernier visiblement.
« J’ai jamais dit que je m’laisserai égorger connard ! »
Au même moment Ho et Ban fondirent sur le roux pour faire pleuvoir une volée de coups. Ichigo les repoussa, mais D-Roy, Redder, Carias, Fujimaru et Tatsufusa lui tombèrent sur le râble alors que Vega sortait de la prise de Kurosaki en lui enfonçant son poing dans l’estomac.
Ichigo reçut une pléiade de coups qui s’arrêtèrent brusquement. Ichigo qui était tombé à genoux releva la tête et vit entre les gouttes de sang, Ikkaku, Yumi, Chad et Ichinose qui réglaient leurs comptes au groupe de lyncheurs.
« Je vous accompagne chez la directrice ! » Lança Ichinose mauvais. « J’en ai marre du bordel que vous créez systématiquement autour de Kurosaki…
— T’es qu’un petit lèche-cul, Maki… Lança D-Roy. Tu profites que t’as un petit grade pour emmerder les autres !
— Ta gueule ! » Lança Ikkaku. « Et toi, t’es qu’un merdeux qui n’est pas capable de faire du un contre un… alors, boucle là ! » Le responsable des troisièmes années se tourna vers Yumichika et lui demanda « Accompagne Kurosaki jusqu’à l’infirmerie…
— Comme d’habitude… On va finir par prendre un abonnement. » Soupira fataliste l’étudiant. « Allez vient Ichi… J’suis sûr que tu le fais exprès pour voir cette nana aux gros seins !
— Ta gueule ! Si tu crois que ça m’plaît de me faire passer à tabac toutes les cinq minutes…»
Ichigo se redressa et constata que son uniforme était encore taché de sang. Comment allait-il pouvoir justifier ça ? Est-ce que Unohana allait encore le convoquer une énième fois ? Faisait chier, tien… qu’il soit la victime ou le bourreau finalement ça revenait au même. Il laissa Yumichika parler tout seul et enfonça ses mains dans ses poches pour le suivre nonchalamment.
Le cerveau d’Ichigo fonctionnait à toute vitesse. Il en avait vraiment ras le bol. Devait-il faire venir Grimmjow et sa bande pour qu’enfin, on lui foute la paix ? Il risquait le renvoi… sauf… sauf si c’était à l’extérieur des murs… Un fin sourire se forma sur les lèvres du roux qui entra dans l’infirmerie et entendit la voix de Kotetsu s’exclamer.
« Kurosaki-kun ! Que vous est-il encore arrivé ?
— J’ai glissé sur une peau de banane et y’avait une porte… un accident !
— Un accident ? Mais un jour vous allez finir par vous faire tuer surtout ! »
L’infirmière était dans tous ses états. Ichigo se retrouva assis sur un siège. Il se tourna vers Yumi
« Laisse-moi, pas la peine qu’on soit tous les deux en retard.
— Comme tu veux, mais essaye d’éviter les peaux de banane à l’avenir.
— Je vais prendre grand soin de les jeter aux ordures. »
Ichigo ne souriait même pas. Son regard sombre ne quittait pas Yumichika qui déglutit. Quelque chose le mit mal à l’aise dans la façon, dont Kurosaki le fixait. Il quitta les lieux avec une impression d’insatisfaction. Que mijotait le deuxième année ?
Après s’être fait recoudre l’arcade sourcilière et poser quelques bandages, Ichigo vit apparaître Ichinose sur le pas de la porte. Ce dernier paraissait plus rembruni qu’à l’ordinaire.
« Ichigo… t’es convoqué par la directrice…
— Les cours ?
— Après…
— Génial… Elle m’fait chier cette sale conne avec ses sermons à deux balles»
Isane parut choquée. Ichigo lui adressa un regard polaire. Il se leva et suivit Ichinose. Contrairement à son habitude, il ne resta pas silencieux.
« Elle a l’air d’être furax…
— Quand c’est moi, elle prend un grand soin de jouer la comédie.
— Pardon ? S’étonna Maki en se tournant vers son camarade de chambrée.
— Elle sait que j’m’fais molester… et cette salope m’a interdit de rendre les coups sinon j’ch’suis viré. Elle n’croyait pas qu’avec ma couleur de cheveux, j’allais passer inaperçu… Tout ça, c’est pour récupérer le fric de mon père !
— J’n’avais pas vu ça sous cet angle… Je sais que le lycée a besoin d’argent… » Murmura Ichinose à lui-même.
— Mon père devrait m’payer des cours par correspondance… ça lui r’viendrait moins cher.
— J’suis pas sûr que tu réussirais tes études…
— Je m’en fous… De toute façon, mon avenir est tout tracé. »
Ichigo haussa les épaules et continua à avancer. Lorsqu’il s’arrêta devant la porte, il repoussa ses cheveux en arrière et attendit que Maki pousse le battant et entre avant de le suivre. Le regard bienveillant que lui adressa la directrice le laissa froid. Il commençait à en avoir une certaine expérience. Si elle pensait le déstabiliser, elle allait en avoir pour son argent.
Contre toute attente, il prit un siège et s’installa dessus sans invitation. Les jambes largement écartées et les mains dans ses poches de pantalon, il attendit qu’elle parle. Cette dernière voyant son comportement désinvolte toussota et demanda courtoise.
« N’avez-vous pas oublié quelque chose, Kurosaki-kun ?
— Sama pour toi !
— Pardon ?
— Tu m’as bien compris… »
Le regard d’Ichigo devint tout aussi dangereux que celui d’Unohana à ce moment-là. La tension était montée en flèche dans le bureau. Ichinose n’osait plus respirer. Jamais, il ne se serait permis un comportement pareil.
« Je ne vous permets pas Kurosaki-kun ! Vous n’êtes ici qu’un simple élève, et votre rang a été mis (laisser) de côté à la grille de l’établissement. De plus, vous me devez le respect et…
— Pourquoi ?
— Pardon ? S’étonna Unohana qui ne s’attendait pas à la question.
— Pourquoi vous devrais-je le respect ? » Son regard s’était fait plus dur encore. « Vous m’avez intégré dans votre putain de lycée uniquement pour pomper du fric de mon père ! En plus, je dois me laisser tabasser par des connards qui n’ont rien dans leurs calcifs, s’ils ne sont pas au minimum six et armés… J’en ai marre de risquer ma vie ici… j’préfère que vous me viriez de votre établissement de bouseux. De toute façon, j’n’en ai rien à foutre de vos sanctions à la con.
— Kurosaki-kun, vous allez trop loin…
Ichigo ricana et se redressa. Il sortit son portable et téléphona à son père.
« Papa ? C’est moi… j’quitte le lycée.
— Hein ! Hurla Isshin. Mais… mais ça n’va pas… pas question…
— J’ai failli me faire trouer par une bande de petits cons avec des armes blanches. J’ch’suis pas en sécurité ici, en plus j’n’ai pas le droit de me défendre.
— Mais… mais et tes études ?
— Tu m’paieras des cours particuliers !
— Je voudrais que tu continues au lycée Ichigo… tu as besoin d’être au contact des autres… Tu es où là ?
— Dans le bureau de la directrice…
— Passe-la-moi. »
Ichigo tendit son téléphone à Unohana qui le fixait sans ciller. Elle prit le téléphone et se redressa comme un I.
« Kurosaki-sama… » Commença aimablement Unohara.
— Bonjour Unohara-san. Je suis désolé pour le comportement de mon fils. Je sais qu’il est difficile et que vous devez en voir de toutes les couleurs, mais ne le laissez pas à la porte. Je voudrais sincèrement qu’il termine ses études dans ce lycée.
— Si votre fils m’avait laissé parler au lieu de se croire en terrain conquis et de se monter la tête tout seul… j’aurais pu lui dire que les personnes qui l’avaient agressé sont actuellement suspendues et renvoyées chez elles pour une semaine avec un avertissement d’un renvoi définitif pour toute prochaine tentative envers lui. De plus, je voulais m’entretenir avec lui sur les problèmes qu’il rencontre dans l’établissement. Je me rends bien compte qu’il a beaucoup de mal à s’intégrer… ses professeurs m’ont dressé un portrait des plus noir.
— Oh… » Isshin parut gêné. « Il est si… difficile ?
— Si votre fils se donnait les moyens d’étudier, s’il mettait un minimum de bonne volonté, nous pensons tous qu’il ferait partie des meilleurs élèves. Malheureusement, il ne fait aucun effort. »
Maki fronça les sourcils. Ichigo travaillait chaque jour sur ses devoirs. C’était même lui qui l’aidait avec ses propres cours, quand il ne comprenait pas. C’était quoi cette histoire de mauvais résultats ? Certes, ils ne faisaient pas partie de la même classe, mais… Ichigo était très sérieux. Il suivait les cours de kendo et Ikkaku lui avait dit qu’il progressait. Certes, il n’était pas le meilleur, mais les résultats n’allaient pas dans le sens inverse… En fait, Ichinose aurait voulu recruter Ichigo pour le basket… il était doué pour ce sport.
Mais, vu l’emploi du temps d’Ichigo, c’était impossible… il aurait fallu faire sauter les cours de kendo et avec Urahara… autant dire que c’était mort ! Son regard glissa sur Ichigo qui ne bronchait pas devant les explications d’Unohana qui le faisait passer pour un gosse peu raisonnable. L’habitude du lycéen ne se modifiait pas. Visiblement, il avait atteint son seuil de tolérance.
Lorsqu’Unahona rendit le portable d’Ichigo, elle ne le lâcha pas lorsque le roux le reprit. Le deuxième année observa la directrice.
« Kurosaki-kun… Je vous garde dans notre établissement. Je vais mettre votre comportement sur le compte de votre frayeur… Toutefois, je ne vais pas rester les bras croisés sur votre manque total de respect. Je vais vous coller.
Ichigo ricana en entendant la sanction.
« Vous allez vous occuper de ramasser les papiers dans la cour, vous irez donner un coup de main au bibliothécaire, et vous aiderez à la salle des professeurs après les cours…
— Quoi ! » S’exclama Ichigo ahuri.
— Vous m’avez bien entendue… cela durant un mois. Je vais demander à ce qu’un planning vous soit donné… Urahara sensei est votre professeur principal ?
— Oui… » Maugréa Ichigo mécontent.
— Bien, je lui ferai parvenir votre nouvel emploi du temps, et il se chargera de superviser tout cela.
— Il n’a pas autre chose à foutre ? » Interrogea Ichigo furieux et bravache.
— Je suis sûre que cela lui fera plaisir. Bien au contraire… »
— Vous n’pouvez pas demander à un autre prof ? Je ne sais pas… Ukitake sensei par exemple ?
— Non… Ukitake sensei a d’autres fonctions au sein de l’établissement et je ne pense pas que votre comportement s’améliorerait avec lui… Il est trop… malléable.
— C’est vrai qu’un vieux pervers qui se fout de ma gueule toutes les deux minutes, c’est mieux… » Maugréa Ichigo au quatrième dessous.
Ichinose faillit s’étouffer de rire, mais garda un air imperturbable. Unohana haussa les sourcils et répliqua flegmatique.
« Je vais faire semblant de ne pas avoir entendu. Sachez que Kisuke Urahara a toujours obtenu de très bons résultats avec des cas comme le vôtre.
— Et y’a que vous qui ne vous posez pas de questions ?
— De quel genre ? » Demanda surprise la directrice.
— Oh rien… Puis-je disposer ou bien y’a-t-il quelque chose que je dois entendre ?
— La prochaine fois que vous viendrez dans mon bureau. Attendez que je vous invite à vous asseoir… et pour moi, vous serez toujours Kurosaki-kun dans cet établissement. Vous pouvez disposer. Ah… J’ai envoyé un message à Urahara sensei pour l’avertir de votre absence aujourd’hui aussi bien au cours que pour le reste de la journée, ainsi que pour le cours de kendo. Reposez-vous et réfléchissez à votre avenir. »
Ils se mesurèrent du regard une dernière fois. Ichigo ne cillait toujours pas, tout comme la directrice, absolument pas impressionnée par le caïd qu’était son élève. Elle déclara doucement.
« Vous pouvez disposer… Kurosaki-kun. »
Elle observa la silhouette disparaître derrière la porte et soupira. Elle se leva et se servit une tasse de thé. Son esprit divaguait sur le parcours chaotique de Kurosaki. Cet élève était complètement paumé et instable. Elle savait que ce n’était qu’une question de temps avant que la cocotte n’explose. Elle avait pensé qu’elle aurait explosé plus rapidement.
Retsu termina sa tasse et la rinça dans le petit local à côté de son bureau. Ichigo ancien chef de gang était un vrai dur. Pas de ceux que l’on accepte dans son établissement. Isshin Kurosaki avait dû mettre une grosse pression sur les épaules de son fils pour qu’il ne bronche pas de cette manière. Elle soupira à nouveau. Elle avait voulu brider les instincts agressifs du jeune homme et Retsu se demandait si elle n’avait pas fait fausse route. Mais, c’était aussi une question de survie et de sécurité pour ses autres élèves. Aucun ne pourrait faire face à Kurosaki.
Ses pensées se dirigèrent vers Kisuke Urahara. Professeur atypique qui obtenait d’excellents résultats avec les têtes dures. Maintenant, elle se demandait si Kurosaki ne serait pas l’élève de trop. Kisuke lui semblait confiant et très heureux de s’occuper du jeune homme. Peut-être un peu trop ? Elle espérait sincèrement qu’il s’assagisse rapidement, et qu’il devienne enfin un élève comme les autres.
°°0o0°°
Installé devant la photocopieuse grande ouverte parce qu’une feuille s’était froissée à l’intérieur du mécanisme, Ichigo n’entendit pas les bruits de pas qui se faisaient entendre derrière lui.
« Oh… Kurosaki… quelle belle vue. Ton petit cul est à croquer ! Ricana Ggio Vega.
— Ta gueule et trouve-toi une autre proie.
— Tss… Tss… Tu sais que nous sommes seuls…
— Et ? Tu vas me faire ta déclaration ? » Fit Ichigo en se redressant avec le papier déchiré. « J’t’rassure, même pas si t’étais le dernier mec sur terre !
— T’es qu’un enfoiré… J’voulais te proposer que tu nous rejoignes dans notre gang.
— Quel gang ? » S’étonna Ichigo en jetant le papier à la poubelle. « Merde ! T’n’as pas autre chose à foutre que venir ici alors que j’ai du boulot ?
— T’es devenu le sous-fifre des profs… ça n’met pas en rogne ? » Sourit de manière carnassière le deuxième année narquois.
— Non, j’ai la paix. Enfin, sauf maintenant puisque je vois ta sale tronche, ça va me pourrir ma soirée.
— Tu refuses ma proposition ?
— Laquelle ? Ton gang ? Attends… Vous vous êtes fait tatouer les bisounours sur les bras ? J’imagine que tu t’es fait graver Tirenours le brave ?
— Dis donc, tu m’as l’air de bien les connaître !
— J’ai l’excuse d’avoir des petites sœurs… Et la tienne ? »
Les deux adolescents se retrouvaient à présent front contre front, la même expression frondeuse sur le visage.
« J’ch’suis sûr que t’as des posters accrochés sur les murs et que t’en Groscalin dans ton pieu » continua Ichigo moqueur. « T’es qu’un gros pervers ! »
— Oh… que vois-je ! »
— Merde… » Murmura Ichigo en se tournant vers Urahara apparemment très heureux.
— Vous avez une facilité déconcertante pour vous faire des amis, Kurosaki-kun.
— C’est bien ma veine…
— Etiez-vous venu porter main forte à Kurosaki-kun, Vega-kun ? Je ne vous connaissais pas sous un jour si serviable.
— Nan… j’ai des trucs à faire. »
Vega était parti plus vite que son ombre. Ichigo soupira et se détourna pour replacer les panneaux de la photocopieuse en place.
« Vous n’avez pas encore fini ?
— Y’a qu’une machine et de toute façon, j’n’ai que deux bras… si j’n’vais pas assez vite à votre goût, vous pouvez vous les faire vous-même vos photocopies ! » Cracha le roux exaspéré.
Urahara prit appui sur le montant de la porte avec son épaule et observa le roux des pieds à la tête.
« Vous respirez la joie de vivre, je ne voudrais pas vous gâcher ces moments de plaisirs. » Souriait toujours Urahara.
Ichigo lui lança un regard mauvais et termina son travail. Il jeta un œil à sa montre.
« Auriez-vous un rendez-vous ? »
Le roux attrapa à la volée tous les documents et traversa la réserve où était placée la photocopieuse.
« Vos copies Urahara-sensei.
— Auriez-vous des problèmes dans cet établissement Kurosaki-kun ? Je veux dire…
— Jouez pas un rôle d’adulte, vous n’en avez pas les capacités !
— Aaahhh… c’est plutôt bas, comme réflexion. » Sourit Kisuke en examinant la mine renfrognée de son élève.
— J’pourrai passer ?
— Et, s’il vous plaît sen-sei, tu sais, ça peut marcher. »
Kisuke ne se laissait pas décourager par le regard mauvais que lui adressa son élève.
« Vous avez un bonus sur votre salaire pour venir m’empoisonner la vie ?
— Non, c’est gratuit…
— Y’a personne d’autre que moi à qui vous pourriez casser les pieds ?
— Non, tu es le seul qui m’intéresse… »
Ichigo ouvrit les yeux de surprise. Il vit le léger raidissement chez Urahara, comme s’il était lui-même surpris par sa déclaration. L’élève et le professeur s’observèrent avec étonnement, et quelque chose monta dans l’atmosphère. Quelque chose de ténu qui mit pourtant Ichigo très mal à l’aise. Regarder Urahara lui était insupportable.
« S’il vous plaît Sensei… laissez-moi passer. »
Kisuke s’effaça, mal à l’aise également. Que venait-il d’avouer ? Ichigo passa devant lui, comme s’il prenait ses jambes à son cou. Pourtant, il lança au jeune homme
« Personnellement, c’est Grosdormeur qui est dans mon lit.
— Ne vous approchez pas de moi, espèce de pervers ! »
Ichigo s’était retourné l’espace d’un instant et avait menacé le blond de son index, complètement furieux. Le roux ne supportait pas ce sourire sur ses lèvres. Il détala presque comme un lapin, lorsqu’il rencontra le regard vert plus intense qu’à l’ordinaire. Son professeur avait cessé de sourire. Lui donnant une mine sinistre qu’il ne lui connaissait pas.
°°0o0°°
Installé devant son bureau, Ichigo essayait de se concentrer sur ses devoirs. L’expression d’Urahara le poursuivait, ainsi que sa réflexion. Il avait besoin sans conteste de bouger. Rester comme ça à ne rien faire ce n’était pas son genre. Il leva les yeux et observa la place d’Ichinose. Ce dernier occupait la salle de bain et quelques affaires traînaient sur son lit, indiquant qu’il serait bientôt de retour. Ichigo se leva et composa le numéro de Grimmjow.
« Kurosaki ! Qu’est ce que tu fous ?
— J’ai besoin de prendre l’air ce soir, Grim’ vient me chercher, avec le reste de la bande.
— Enfin… c’n’est pas trop tôt. J’commençais à m’demander quand tu passerais à l’action.
— Ta gueule et vient me chercher ce soir à partir de vingt-trois heures…
— Les surveillants ? Grommela son bras droit.
— Comme si cela avait été un problème jusqu’à présent. Bon, j’t’laisse. »
Ichigo rangea son portable au moment ou Ichinose sortait de la salle de bain. Il s’arrêta sur le seuil comme s’il paraissait surpris.
« J’ai cru qu’il y avait quelqu’un avec toi…
— Non, un coup de fil de mon vieux.
— Ah… T’as bien de la chance. Moi, j’l’ai perdu y’a deux ans. Ma mère n’a pas beaucoup de temps à me consacrer.
— Elle bosse ?
— Ouaih… »
Ichinose s’installa sur son lit et termina de s’essuyer ses cheveux. Aucun apitoiement ne transpirait de sa physionomie.
« Elle travaille comme secrétaire le jour, et elle fait des petits boulots le soir pour me payer mes études. Alors, elle n’a pas le temps de me téléphoner.
— Ah… Ça n’doit pas être facile. Mes parents ont plein de frics… J’avoue ne pas savoir ce que c’est « être dans le besoin ».
— J’ch’suis plutôt fier d’elle. Et puis, les week-ends quand je rentre, je travaille à l’épicerie du coin. C’n’est pas grand-chose, mais c’est mieux que rien.
— Ouaih… ma mère ne travaille pas.
— Qu’est-ce que ça peut faire ? Ton père est riche. »
Ichigo hocha la tête. Ichinose se redressa un peu et demanda
« En fait, tu vas hériter de ton clan, et reprendre les affaires familiales ?
— Ouaih…
— T’as pas à te casser la tête… J’aimerai connaître ça, en fait.
— Même mon mariage est programmé…
— Mariage ? S’étonna Ichinose surpris.
— Ouaih… Je sors déjà avec elle. On s’est dit que c’était plus pratique de se connaître avant. Le clan Kuchiki n’a plus la même influence qu’avant, mais a un passé prestigieux, nous… on a l’argent, mais pas assez de quartier, enfin aux yeux de notre clan. Quelques téméraires se sont mariés avec des roturières en court de route, contrairement aux Kuchiki.
— Tu m’en diras tant… » Murmura Ichinose qui semblait réfléchir. « Finalement, je préfère ma vie… garde la tienne. Même si t’as du fric, tu n’peux pas faire ce que tu veux. Je comprends pourquoi t’es aussi agressif et fermé parfois.
— Tu trouves ? » Ironisa Ichigo en attrapant ses affaires pour passer à la douche. « Ne me fais pas rire… Je suis drôlement calme, contrairement à ce que tu penses.
— T’as pas l’intention de faire des conneries ? » Demanda soudainement Ichinose.
Mais la porte de la salle de bain s’était fermée dans un claquement. Le lycéen posa sa serviette et fronça les sourcils. Il avait un mauvais pressentiment brusquement. Il surveillerait de plus près le noble. Ichinose n’avait pas envie de récolter les pots cassés.
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C’est furtivement qu’Ichigo se glissa à l’extérieur de l’établissement. Il se dirigea vers le trottoir faisant face à son dortoir et vit bientôt arrivé des motos de grosses cylindrées. Ichigo sentit son cœur battre plus fort. Un vrai sourire naquit sur ses lèvres. L’excitation le gagnait. La plupart des gars de sa bande étaient majeurs, et possédant tous le permis. Et c’était lui, à dix-sept, presque dix-huit ans qui en était le chef.
Il les avait tous défoncés un par un ou contre plusieurs. L’art du combat était une seconde nature chez lui. Ichigo ne pourrait vivre que pour ça… Grimmjow retira son casque et se planta devant son chef, un sourire au coin des lèvres.
« Ichi… t’as été long, connard ! »
Une claque vint s’écraser contre son épaule. Elle n’avait rien de câline, plutôt franche, à dévisser l’omoplate d’un quelconque scribouillard, elle ne fit même pas broncher le roux.
« Eh… Ichi… il était temps que tu reviennes, on se fait plutôt chier et Grim’ se prend pour le nouveau chef du groupe ! »
Renji repoussa ses longs cheveux rouges. Ses tatouages parurent plus nombreux sur le visage du motard. Hisagi se plaça à côté de lui, imperturbable. Le 69 affiché sur le haut de sa pommette attirait toujours autant l’œil. Les cicacitres sur son autre œil étaient nouvelles par contre.
« T’as rencontré un cougar Shouhei ? Ironisa Ichigo.
— Ta gueule…
— C’est sa nouvelle moeuf ! » Répondit Il Forte en repoussant ses longs cheveux blonds.
— Il a réussi à se caser ? » Se marra Ichigo, tout en esquivant la frappe du brun.
— Bon… on pourrait changer d’air ? » Demanda Iba. « Ça m’donne de l’urticaire ce genre d’endroit.
— T’étais trop nul à l’école ! » Se moqua Nell. « Moi, ça m’rend nostalgique !
— Arrête de raconter n’importe quoi… C’est moi qui me tapais tous tes devoirs ! » Répondit Koga. « Allez, on fait quoi ?
— Et si on allait boire un verre suggéra Ichigo, en prenant le casque que lui tendait Grimmjow.
— Y’a le Blue hoster bar qui vient d’ouvrir… Suggéra Rose.
— Putain, c’est un bar de pédé Rose… » Protesta Grimmjow. « j’veux aller au J.Fox… on aura la paix !
— On n’peut pas se garer avec nos bécanes ! » Marmonna Shouhei.
— Au Womb[i] ! Décida Ichigo.
— Héééé… moi ç’m’convient ! Sourit Nell.
— Ouaih… tu vas pouvoir bouger ton cul…
— Ta gueule, t’aimerais bien te le faire Iba. »
Kensei ricana et, compatissant, tapa l’épaule du seul moustachu du groupe. Les motos firent entendre leurs vrombissements, toutefois Ichigo entendit distinctement une voix. Il se tourna alors qu’il enfilait son casque et qu’il s’apprêtait à monter derrière Grimmjow.
« Kurosaki-kun… »
Ichigo observa Urahara Kisuke qui lui parlait, mais il n’entendait rien… sauf ce bref instant où il avait entendu son nom. Le roux enfila son casque et se glissa contre Grimmjow. Ce dernier ne prêtait pas attention à ce qui l’entourait et démarra en trombe, bientôt suivi par le reste du groupe. Kisuke observa les feux rouges des cylindrés disparaître.
Kisuke avait été pris au dépourvu lorsqu’Ichinose était venu le prévenir de la fuite de Kurosaki. Les gars qui l’entouraient à l’instant n’étaient pas des enfants de chœur, et ils paraissaient tous plus âgés qu’Ichigo. Urahara réfléchit… lui-même avait fait partit d’une bande… il en avait été le chef. Il devait sortir Kurosaki du cercle vicieux dans lequel il s’était fourré.
Le problème… c’est que Kurosaki Ichigo lui plaisait un peu trop. Beaucoup trop… Il n’était pas sûr de pouvoir rester objectif. Le jeune homme lui faisait sentir cette exaltation qu’il éprouvait lorsqu’il écumait la ville. A présent il s’était rangé. Mais il était toujours gay, et surtout… attiré par le danger.
Et Kurosaki l’excitait par de bien nombreux côtés. Il allait déjà téléphoner au père de ce dernier. S’il arrivait quoique ce soit à son fils, il aurait de très gros problèmes… Ensuite, il aviserait pour la prise en charge de ce turbulent jeune homme.
Une chose était claire toutefois pour Urahara, il ne comptait pas le mettre dans son lit. Les relations profs/élèves ce n’étaient pas pour lui, et puis… Ichigo était mineur. L’avantage dans tout cela, c’est qu’il s’était aperçu de son attirance, donc il pourrait la maîtriser. Comme à chaque fois… il verrouillerait son cœur pour éviter le moindre ennui.
« Unohana-san… bonsoir, Urahara Kisuke… je voulais vous avertir que… »
°°0o0°°
[i] Le Wombi fait partie du top 10 des boîtes de nuits dans le monde, situé à Tokyo.