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L'autre côté du miroir

Sommaire

Couples : Grimmjow x Ichigo – Shouhei x Ichigo

Rating : +18ans.

Genre : AU / School-fic / Fantastique / Angst

Auteur / Scénario : Jijisub

Nbre de chapitre publiés : 18

Nbre de chapitre prévus : 20

(en cours)

Disclamer : Bleach appartient à Tite kubo

Synopsis :

Ichigo est amoureuse de Grimmjow et cela depuis des années. Elle est son second dans la bande qu’il forme au lycée. Grimmjow est gay et regrette sincèrement qu’Ichigo soit une fille. Il émet un jour le souhait que cette dernière devienne un gars pour qu’il puisse sortir avec elle. A la stupéfaction de tous… son souhait est exaucé.

Ichigo demande à quitter son lycée et Grimmjow la suit. Ils sortent ensemble enfin… pourtant… Ichigo est toujours mal à l’aise avec sa nouvelle apparence et… Grimmjow devient distant avec elle (lui). Leur relation va-t-elle durer ou bien… Grimmjow et Ichigo seront-ils amenés à se séparer et Ichigo restera-t-elle un homme ?

Chapitre 1

L’appartement était frais ce matin-là. Une fenêtre entrouverte laissait passer la dernière brise de la nuit. Les premiers rayons de l’aube se percutaient sur les lourdes tentures sombres qui masquaient la fenêtre. Dans la chambre une armoire, un chevet, une coiffeuse et un lit meublaient la pièce. Une forme endormie remuait faiblement sous les couvertures. Une jambe galbée s’extirpa de ces dernières et un soupir de contentement se fit entendre.

Le cri strident du radioréveil hurla et un grognement d’exaspération également. Une main fine se leva et chercha à tâtons le bouton qui éteindrait la machine infernale. Lorsque le calme fut revenu, une jeune fille se redressa enfin en s’étirant. La nuisette cachait à peine son corps de liane et une poitrine généreuse. Ses cheveux orange courts étaient ébouriffés. Ces grands yeux ambre étaient ombragés par de longs cils recourbés.

Après quelques secondes de prostration, la jeune fille de dix-sept ans se décida enfin à se lever. D’un pas nonchalant, elle se dirigea vers la salle de bain et se soulagea pour ensuite se dévêtir et passer sous la douche. Ichigo fit mousser un shampoing à la fraise dans sa tignasse et se laissa doucement réveiller par le jet de l’eau tiède. Un soupir de satisfaction emplie la salle de bain, lorsqu’elle sortit revigorée par ses ablutions. Se séchant rapidement la jeune fille se dirigea nue dans sa chambre. Elle sortit des sous-vêtements en dentelle et enfila ensuite son uniforme.

Le mois de juin s’entamait à peine et pourtant la chaleur était déjà étouffante. Elle enfila la fine chemisette crème qui avait le blason de l’école cousu sur une poche de la poitrine. Ichigo ensuite passa sa jupe plissée marron qui arrivait à mi-cuisse. Elle finit par enfiler ses chaussettes et ses chaussures en cuir. L’adolescente grimaça… Ils auraient pu choisir des accessoires moins pénibles à porter en été.

La jeune fille entra dans son salon-cuisine et but une tasse de café. Ce dernier avait coulé dans sa cafetière programmable durant sa douche. Elle plaça deux toasts dans le grille-pain. En attendant, elle se dirigea vers ses affaires d’école qui traînaient sur la table basse. Elle rangea ses devoirs et cahiers dans son sac. Un soupir s’échappa de ses lèvres pulpeuses. L’adolescente retourna vers la cuisine et sortit les toasts brûlant pour les manger rapidement. Une fois terminé, elle se précipita dehors en empoignant son sac… Lorsqu’elle ouvrit la porte une journée radieuse l’attendait !

°°0°0°°

Enfermée dans la salle de classe la jeune fille se demanda si c’était vraiment une journée radieuse. Les heures de cours défilaient mais elle avait l’impression d’être clouée sur sa chaise depuis une éternité. Ichigo reçut quelque chose sur son front et fronça les sourcils. Elle baissa les yeux et vit une boulette en papier. Vu la distance, l’angle et la force avec laquelle elle avait été envoyée cela ne pouvait être que Grimmjow.

Ichigo lança un regard de flamme vers son chef qui l’observait amusé. Ce dernier avait son buste allongé sur sa table et son visage grimaçant tourné vers elle. Il avait l’air d’humeur taquine et joueuse. L’adolescente ne répondit pas à sa provocation et écouta le cours vaille que vaille le buste bien droit. Une autre boulette partit dans sa direction et Ichigo l’attrapa en plein vol avant que l’objet volant identifié ne l’atteigne. La jeune fille tourna légèrement la tête vers Grimmjow qui avait l’air de s’amuser. Elle lui tira la langue et lui montra son majeur discrètement. Ce qui provoqua un ricanement léger chez son interlocuteur.

Les élèves environnants commencèrent à remuer sur leurs chaises. Cela n’allait pas tarder à dégénérer entre Grimmjow et Ichigo et il y aurait certainement quelques incidents notables. Mais, il était dit que les dieux seraient avec eux ce matin-là, la sonnerie de fin de cours retentit. L’adolescente fut soulagée également. Elle en avait assez de se faire repérer par le prof à cause des plaisanteries douteuses de son chef. Ichigo rangea ses affaires sur sa table.

- Tu viens ?

La jeune fille leva les yeux et observa Grimmjow. Ce dernier avait quitté son air amusé pour prendre une expression froide. L’adolescente soupira, ce n’était pas une question mais une affirmation. Quelques fois, elle aimerait aussi respirer et faire autre chose que traîner avec la bande. Mais pour Grimmjow ce « concept » de liberté sur son second était inexistant. Ichigo se redressa et suivit silencieusement l’adolescent aux cheveux bleus. Elle observa du coin de l’œil sa stature imposante. Tous se reculaient dès qu’ils s’approchaient.

Chacun dans ce lycée était persuadé qu’Ichigo et Grimmjow sortaient ensemble. Pourtant, il n’en était rien. Cela était tout à fait impossible en fait… Le bleuté était gay et même si Ichigo était hétéro, jamais il ne lui viendrait à l’idée de vouloir sortir avec lui. Il fallait être une imbécile pour sortir avec cet abruti. L’adolescent avait un véritable tableau de chasse et pour lui sortir avec un mec était couché simplement avec lui une nuit. Beaucoup de filles avaient fait une déclaration auprès de ce bellâtre mais, il avait toujours décliné chacune des requêtes. La seule présence féminine tolérée à côté de lui était Ichigo.

La jeune fille se demandait pourquoi. Ils avaient atteint le toit du lycée et le reste du groupe était assis en tailleur attendant, après leurs chefs. Le respect était inscrit sur chacun des visages masculins lorsqu’ils se posaient sur le bleuté. Un sourire éclairait plutôt leurs traits lorsqu’ils croisaient le regard d’Ichigo qui les saluaient toujours chaleureusement.

- Arrête de faire l’hôtesse…

- La ferme Grimmjow… Rétorqua Ichigo. On pourrait croire que tu es jaloux !

La jeune fille planta l’adolescent et s’installa à côté d’Hisagi et de Renji. Ces derniers étaient ouvertement amoureux de l’adolescente et lui prenaient toujours à manger sachant qu’elle n’avait pas trop les moyens pour subvenir à ses besoins. La pension que lui donnait ses parents couvraient les frais du loyer, et les factures. Il lui restait bien quelque argent mais un travail n’aurait pas été de trop pour elle pour vivre normalement. Pourtant, Grimmjow refusait qu’elle le quitte trop longtemps et s’acharnait pour qu’elle quitte les places qu’elle trouvait. Finalement, songea la jeune fille, il était un fléau dans sa vie.

- Je peux savoir pourquoi tu me regardes de travers ?

- Je songe sérieusement à quitter la bande…

- Quoi ? S’exclamèrent les autres membres du groupe.

- Pardon ? Répéta Grimmjow stupéfait.

Ses yeux bleus étaient arrondis et il était évident que cette idée ne lui avait jamais effleuré l’esprit.

- Tu ne peux pas ! S’exclama Renji. Comment on va faire sans toi ?

- Vous êtes grands !

- Il en est hors de question Kurosaki !

Le ton menaçant de Grimmjow et son air des mauvais jours obscurcissaient ces traits.

- Pourquoi ? Demanda Ganju.

- Pourquoi ? Mais parce ce que je suis une fille et que je suis une adolescente et que… Je veux me faire des copines et surtout… j’aimerai… avoir une vie normale et un petit ami !

- Ca, il en est hors de question ! S’énerva Grimmjow.

- Pourquoi ? Demanda calmement Ichigo.

- Parce ce que tu es mon second…

- Voilà pourquoi je veux partir !

- C’est impossible… Murmura Hisagi qui se reprit soudain. Moi, je veux bien être ton petit ami par contre !

Pour la peine, ce dernier reçut un direct de la part de Grimmjow qui se tourna vers Ichigo menaçant :

- Tu es avec moi et tu le resteras. Pourquoi avoir un petit ami ? Tu n’es pas bien parmi nous ?

- Si…

La jeune fille pas démontée, se servit dans les bento de ses amis qui la regardaient stupéfait. Elle reprit calmement :

- Comment veux-tu que j’ai une vie épanouie en traînant dans les bars, être dans les bagarres et les embrouilles ? Vous êtes tous mes amis…

L’adolescente regarda droit dans les yeux chacun des garçons présents,

- Mais, je veux être une fille !

- C’est quoi cette idée stupide qui t’es venue dans la tête ?

Grimmjow s’était approché de son amie et posa une main sur son front pour être sur que cette dernière avait toutes ces capacités.

- Rien. Mais hier soir, je faisais mes devoirs et j’ai repensé à Inoue, Nell et toutes les filles de classes qui étaient parties faire un karaoké et qui ensuite étaient parties faire leurs devoirs chez Nell. J’aurai bien aimée être là-bas plutôt que toute seule dans mon appart.

- Les gars… Maugréa Grimmjow. Ce soir Karaoké et tous chez mes vieux pour faire nos devoirs !

Ichigo repoussa son chef et se redressa en époussetant sa jupe.

- Grimmjow… je pense qu’il faut t’y faire un jour ou l’autre ! Je te quitterai !

- Impossible ! Fit ce dernier d’une voix blanche.

Un silence de plomb vient frapper le toit de l’école et finalement Chad qui était silencieux déclara :

- Pourquoi ne sortez-vous pas ensemble ?

Les deux adolescents se tournèrent vers le mexicain et s’écrièrent en même temps :

- Impossible il est gay et c’est un don juan. Faudrait être con pour accepter !

- Impossible c’est une fille et elle est chiante !

Tous regardèrent le couple, car c’en était un malgré tout ce qu’ils pouvaient dire et dénigrer, sauf qu’ils étaient les seuls à ne pas s’en rendre compte ! Uzuru tenta de leur expliquer :

- Vous êtes toujours ensemble et vous vous comportez comme un vrai couple… Sauf que vous ne couchez pas « encore » ensemble !

- Impossible ! Firent d’une même voix Ichigo et Grimmjow.

Les deux adolescents se foudroyaient du regard. Ichigo quitta les lieux, exaspérée. Elle dévala les escaliers et fut soudain attrapée par son poignet. La jeune fille fut plaquée au mur et elle se trouva nez à nez avec le bleuté qui grinça des dents :

- Tu ne peux pas me quitter. Nous avons toujours été ensemble depuis tous petits.

- Mais Grimmjow… tu ne comprends pas qu’on grandit et que si nous restons ensemble cela veut dire que tu serais mon petit ami ? Que nous devrions nous marier ? Imbécile ! Tu es gay… et moi, je veux construire ma vie. Ce n’est pas compliqué à comprendre !

Ichigo haletait et sa poitrine se soulevait à un rythme soutenu. Le corps de l’autre adolescent était à peine à quelques centimètres du corps de celui de son amie. La jeune fille se sentit soudain troublée pour la première fois par son ami d’enfance. Pour la première fois, elle prit conscience qu’il était vraiment très séduisant voir très sexy et une certaine gêne monta en elle. Ichigo n’avait jamais considéré Grimmjow comme un homme. Et cette prise de conscience soudaine ne l’aidait pas beaucoup. Ses joues s’empourprèrent légèrement, pourtant elle ne baissa pas les yeux en clouant ses yeux ambres dans les yeux bleus du jeune homme qui paraissait aussi troublé.

- Tu as déjà quelqu’un dans ta vie ? Demanda sombrement le bleuté.

- Comment le pourrais-je crétin ! Tu es collé à moi quasiment 12 h sur 24 ! Qui accepterait une telle situation ?

Un petit silence s’installa entre eux et sans que la jeune fille puisse deviner les gestes de Grimmjow, ce dernier l’embrassa. Le cœur de l’adolescente se mit à battre sérieusement. Ces lèvres qui cherchaient les siennes, l’odeur enivrante de l’autre, la chaleur du corps de son ami. Elle s’abandonna à l’étreinte lorsque la langue de Grimmjow explora sa bouche, la jeune fille répondit sur l’instant et brutalement elle se rendit compte de ce qui se produisait, elle repoussa violemment le bleuté et le gifla.

- Ne porte plus tes mains sur moi Grimmjow. Je te le ferai regretter !

Le ton de la jeune fille était bas et relativement tendu. Elle dévala les escaliers laissant l’adolescent figé sur les marches.

- Qu’est ce que ça fait ton premier baiser à une fille ? Demanda la voix moqueuse d’Il Forte.

- La ferme… Maugréa Grimmjow toujours surpris par son propre geste.

- Quoi ! S’exclama Renji. Il a… il a embrassé Ichigo ? Mais… mais il n’aime pas les filles !

- Il est peut-être bi ? Déclara Ulquiorra calmement.

- Où simplement qu’Ichigo est l’exception à sa sexualité ? Suggéra Uzuru.

Grimmjow lança un regard inquiétant à ses subordonnés qui se tassèrent sur eux… sauf Chad et Ulquiorra indifférents aux sautes d’humeurs du bleuté.

- On retourne en cours !

Le groupe se mit en route silencieux et soucieux des derniers développements que prenait leur bande. Sans Ichigo ce ne serait plus pareil et surtout Grimmjow sans cette dernière c’était improbable.

°°0°0°°

Ichigo entra en cours seule ce qui surprit les élèves qui étaient déjà en classe. Elle regagna sa place. Après avoir remis en place sa jupe, elle joua nerveusement avec son crayon qu’elle tapota inconsciemment sur sa lèvre inférieure. Cet abruti de Grimmjow venait de lui donner son premier baiser. Son premier baiser avait été volé par ce sombre crétin qui ne sortait qu’avec des mecs ! La jeune fille était émue par l’échange qui avait eu lieu entre eux. Peut-être que les membres du groupe avait raison. Ils devaient peut-être former un couple ?

Lorsque Grimmjow et Il Forte, le seul membre de leur bande à faire partie de la même classe qu’eux, la jeune fille détourna le visage sur le côté ignorant son chef. Ce dernier ne chercha pas à entrer en contact avec elle non plus. Ce qui la soulagea grandement. Le reste de la classe observa le changement de comportement notoire dans le « couple ». Un murmure parcourut la salle qui s’arrêta net lorsque leur professeur intégra la salle. Bientôt, ils furent capables d’entendre une mouche voler.

Les yeux d’Ichigo s’étaient portés sur le tableau et lorsqu’elle ne les avait pas cloués sur ce dernier, elle baissait la tête pour prendre des notes. A peine la sonnerie retentit, que l’adolescente bondit hors de la pièce, tenant fermement son sac sous le bras. Grimmjow observa le dos de la jeune fille, un pincement au cœur. La seule fille qu’il n’aimerait jamais. Si seulement, elle avait été un gars… tout aurait été plus simple pour eux deux !

- Tu ne fais rien pour la rattraper ? Demanda Il Forte à côté de lui à présent.

- Non… je lui laisse la liberté qu’elle a demandé. Elle reviendra de toute façon !

- Pourquoi ne sortez-vous pas ensemble ? Bon sang… ça se voit comme le nez au milieu de la figure que vous vous aimez !

Grimmjow se redressa enfin et partit sans desserrer les dents. Il ne savait comment tout cela se terminerait mais, il avait un sombre pressentiment. L’adolescent comprenait parfaitement bien son amie et il savait qu’elle avait raison. Mais comment se résoudre à une telle évidence ?

°°0°0°°

Rentrée chez elle, Ichigo se déshabilla et revêtit un pantalon en toile noir à poche et un T-shirt crème avec une grande échancrure. Même si ce dernier était sans motif, le fait qu’il laisse voir la naissance de ses seins suffisait à attirer l’attention. La jeune fille enfila ses baskets. Elle sortit ses lunettes de soleil orange et partit affronter la ville. Pas envie de faire ses devoirs, et pas envie de s’enfermer dans une pièce où elle ressasserait cette putain de scène. Ichigo en voulait à Grimmjow. Pourquoi ce connard l’avait embrassée ? Une chose était sûre pour elle maintenant… c’est qu’elle avait terriblement envie qu’il recommence ! Merde !

La jeune fille arriva rapidement dans les quartiers animés de la ville. Ichigo se dirigea vers la salle d’arcane et bientôt se plongea dans l’univers des combats de rues. Concentrée comme elle l’était, elle ne vit pas tout de suite, que quatre types l’encerclaient. Grimmjow qui observait la scène de loin attendait que la jeune fille se « réveille » et un petit sourire s’inscrivit sur ces lèvres.

- On ne va pas l’aider ? Demanda Chad.

- Non… elle se débrouille ! Ichigo a voulu nous quitter maintenant qu’elle assume !

L’adolescent n’avait pas cherché à retrouver son amie. Mais il se trouve qu’ils ont les mêmes passions. Et évidemment qu’ils soient ensemble ou pas… ils se retrouveraient immanquablement. Et Grimmjow comptait là-dessus pour faire prendre conscience Ichigo qu’il leurs était impossible de se quitter.

Ichigo, quant à elle, prit soudainement conscience des présences autour d’elle.

- Alors mignonne… Tu es toute seule ? Tu veux un peu de compagnie ?

- Dégage connard !

- Fait attention à comment tu me parles chérie…

L’adolescente se tourna d’un bloc vers son adversaire.

Hisagi se redressa excité et murmura :

- Ça va saigner !

- La ferme et assieds-toi Hisagi, je voix rien ! Marmonna Renji.

Ichigo se tenait de telle sorte que son corps puisse se mouvoir rapidement en cas de problème. La jeune fille ricana et lâcha :

- Chérie ? Dans tes rêves… et encore ! Je te conseille de te tirer si tu veux pas recevoir une raclée.

Les « amis » du leader éclatèrent de rire tandis que le jeune homme s’empourpra légèrement.

- Espèce de chienne ! Pour qui tu te prends ?

- C’est excessivement drôle… Remarqua doucement Ichigo. Quand un mec veut se faire une meuf, il l’appelle chérie et tout un tas de noms plus exquis les uns que les autres, mais dès qu’elle refuse, elle se fait traiter de chienne ou de pétasse et j’en passe. Le pire étant que même si cette dite fille accède aux désirs de ces mêmes connards, elle sera considérée au minimum comme une pute ! Vous êtes tellement « primaires » ! Cracha Ichigo entre ses dents, méprisante.

- Salle gamine, je vais te faire raval…

Le jeune homme voulut gifler Ichigo qui s’était soudain relevée et avait bloqué le bras et le tourna violemment, tout en prenant une touffe de cheveux brun fermement entre ses doigts et exécuta un balayage parfait au niveau des chevilles qui firent choir son agresseur. Ceci se passa tellement vite que ce dernier ne se rendit compte des gestes qu’une fois à genoux sur le sol. Un de ces sbires voulut prendre sa défense mais Ichigo lui balança un soigneux kick dans la figure qui lui éclata les narines. Le jeune homme s’effondra sur le sol.

Grimmjow marmonna entre ses dents :

- C’est pour ça que je l’aime…

Les autres gars se précipitèrent mais la jeune fille pas démoralisée tordit violemment le bras de leur leader toujours immobilisé et quelques cheveux en moins. Ces derniers s’étaient arrachés lorsque l’adolescente avait fait pivoter sa hanche pour asséner son coup. Le jeune homme était haletant et sa respiration de plus en plus hiératique faisait penser à un asthmatique.

- Faites un seul mouvement et je lui pète le bras !

- Ok… on… on se recule !

- Bien, gentils garçons… se moqua la rousse. Maintenant, vous allez me faire le plaisir de déguerpir et de me foutre la paix ! Je suis venue ici pour me détendre et pas pour un travail !

- Un… travail ? Souffla sa victime.

- Hum… d’habitude je… Je ne frappe que si Grimmjow me le demande. Mais comme, je ne suis pas avec lui…

- Grimmjow… comme Grimmjow Jaggerjack ? Demanda un second de la bande.

- Exact !

- Attends… Marmonna un des hommes de la bande. Jaggerjack a son second qui est une fille à cheveux… orange…

Tous les adolescents observèrent la chevelure de feu de la jeune fille et tous blêmirent.

- Merde ! C’est sa copine…

- On dégage…

- A… attendez-moi ! Souffla misérablement celui qu’Ichigo tenait toujours fermement.

- Tu me fous la paix et je te lâche…

- Ok… je viendrai plus t’emmerder. Mais fallait le dire que t’étais sa copine !

- Je ne suis pas « sa copine » ! S’énerva la rousse.

Elle finit toutefois par libérer sa victime qui se redressa et se massa le bras et la tête. Les spectateurs évacuèrent les lieux puisqu’il n’y avait plus de spectacle. Les yeux noir énigmatiques de son ancien agresseur se posèrent sur l’adolescente et il déclara avant de partir :

- Tu ferais mieux de te renseigner sur les bruits qui courent sur vous, avant d’affirmer que vous ne formez pas un couple !

- La ferme !

Le jeune homme quitta les lieux et Ichigo le suivit un moment du regard. Elle soupira et posa une main sur sa hanche pensive. L’adolescente n’avait plus envie de jouer. Elle quitta les lieux et décida d’aller se promener pour passer ses nerfs.

- On la suit ? Demanda Chad.

- Non… on s’amuse ! Répliqua Grimmjow qui quittait les lieux pour « discuter » avec les agresseurs de la jeune fille.

°°0°0°°

L’adolescente marchait les mains enfoncées dans les poches de son pantalon. Elle avait rabattu ses lunettes de soleil sur le nez et sa mine renfrognée n’invitait pas à la discussion et encore moins au flirt. La jeune fille tournait la tête vers les vitrines et jetait des coups d’œil méprisant à son environnement.

Elle s’arrêta brutalement devant la vitrine d’un restaurant. Il recherchait une serveuse… Après quelques instants d’hésitation Ichigo pris sa décision. Elle retira ses lunettes de soleil et les glissa dans son T-shirt. La jeune fille poussa la porte de l’établissement et se dirigea vers le comptoir et se planta devant le comptoir… Le réceptionniste leva les yeux et la jeune fille croisa le regard gris-bleu d’un homme qui semblait étranger.

- Que puis-je pour vous ?

Ichigo déglutit et finit par répondre :

- C’est pour l’annonce…

Chapitre 2

La jeune fille se regarda une dernière fois dans le miroir de la boite de nuit. Le léger maquillage rehaussait l’éclat de son regard, sa bouche mise en avant avec du gloss. Dans ses cheveux roux se trouvaient deux barrettes avec une étoile bleue pailletée brillant doucement sous la lumière. Ses longues boucles d’oreilles en forme de serpents tombaient jusqu’au bas de sa nuque gracile et bougeaient doucement. Un léger parfum de fruit entourait la jeune femme.

Ichigo s’était faite quatre amies et pour la première fois, elle profitait d’une sortie entre « filles » ! Elle sortit des toilettes et se dirigea vers sur la piste de danse où Orihime, Tatsuki, Nell et Rukia l’attendaient. L’adolescente attira tout de suite les regards. Sa fine robe à bretelle bleu nuit laissait deviner ses formes généreuses. Déjà grande pour une japonaise, elle avait mis des talons aiguilles qui la faisait paraître encore plus grande. La fine chaînette qui enserrait sa cheville brillait doucement lorsqu’elle recevait un éclat de lumière.

Les jeunes filles furent vite encerclées et cela mit mal à l’aise Ichigo qui plissa les yeux prête à tuer le premier qui chercherait la bagarre. Il ne fallait pas qu’un sombre crétin vienne ternir sa « première » vraie soirée entre filles ! Nell qui avait perçu le regard anxieux et venimeux de la rousse s’approcha d’elle et murmura à son oreille.

- Ne t’occupe pas d’eux ! Au contraire fait comme si tu les voyais pas…

- Pourquoi ? Si jamais, ils nous attaquent il faut être prêtes !

Nell éclata de rire et elle enlaça Ichigo pour lui crier à l’oreille car la musique augmentait en volume.

- Tu n’es plus avec Grimmjow maintenant… Les hommes ne veulent plus te boxer mais plutôt faire un autre genre d’exercices, si tu vois ce que je veux dire ! Et pour sortir avec toi, ils vont te sortir n’importe quel bobard !

La rousse observa son amie qui s’éloignait avec un clin d’œil. Ichigo s’abandonna à la musique et se mit à onduler sensuellement sur le rythme de la musique. Elle avait envie de s’amuser surtout.

°°0°0°°

Grimmjow et sa bande étaient entré discrètement dans la boite de nuit. Ils avaient besoin d’autre chose pour se défouler que les embrouilles. Le bleuté se cherchait une nouvelle proie pour passer la nuit. De préférence, le jeune homme cherchait dans les endroits branchés et pas forcément gay. Il ne tarda pas à trouver sa cible accoudée au bar. Un homme de type hispanique qui semblait hypnotisé par quelqu’un sur la piste apparemment. Curieux Grimmjow tourna le visage vers l’objet en question et sa mâchoire se décrocha et là Renji s’exclama :

- Grim’ regarde sur la piste ! C’est… c’est Ichigo !

Tous regardaient maintenant la jeune femme sur la piste qui évoluait voluptueusement. Elle était sexy en diable et tous les hommes avaient le regard riveté sur cette silhouette sensuelle.

- J’vais avoir une attaque ! Marmonna Renji.

- Ch’savais qu’elle était jolie mais là… Grogna Hisagi les yeux exorbités.

- Hum… fit simplement Chad.

Ulquiorra se dirigea vers le bar indifférent aux charmes d’Ichigo. Pour lui comme ça ou comme avant, c’était pareil… elle avait toujours été jolie, c’est juste l’emballage qui changeait. Le jeune homme fut rejoint par D Roy, Ganju, Hisagi et Chad. Le reste était parti un peu partout dans la salle. Seul Grimmjow restait figé sur place, ses yeux bleus ne quittant pas la rousse. Devant ses yeux se superposait une Ichigo qui devait avoir cinq ans. De longues nattes rousses tenues par des petits papillons multicolores. Sa petite tenue scolaire et sa bonne bouille soit souriante ou renfrognée si le petit garçon n’allait pas assez vite pour accéder à ces désirs.

L’adolescent avait toujours été amoureux d’Ichigo. Mais, il s’était rendu compte que son corps de femme pour lui était un obstacle qu’il ne pourrait jamais surmonter. Il était incapable de rester avec aucune de ses conquêtes car son cœur était déjà pris. Cela faisait un mois qu’Ichigo avait quitté leur bande et qu’elle vivait sa vie de « fille ». Et voilà que ce soir, il l’a découvrait femme. Les regards des autres hommes posés sur elle le mirent en colère. Grimmjow sera les poings et la mâchoire. Ses envies de conquêtes étaient reportées à plus tard.

Ichigo en eut assez de se déhancher et quitta la piste étourdie. L’étudiante vit que toutes ces amies discutaient avec des garçons, indifférentes sur son sort. La rousse se dirigea vers le bar et allait commander sa boisson quand une voix chaude et sensuelle lui demanda :

- Je vous offre un verre ?

Surprise, Ichigo se tourna vers Starck et haussa un sourcil.

- Que fais-tu ici ?

- Comme toi… me changer les idées !

- Oh… Je te remercie pour l’invitation mais je me paye « mes » consommations.

L’homme rit doucement et s’appuya sur le comptoir et se pencha légèrement vers la jeune fille :

- Tu as du succès… C’est vrai que tu es totalement différente de notre première rencontre. Et aussi très différente de tes tenues de services.

Ichigo récupéra son verre et remercia le serveur. La jeune femme se tourna vers Starck qui la dévorait du regard malgré le reste de son attitude qui restait nonchalante.

- Me prend pas pour une imbécile Starck… Je sais qui tu es !

- Peut-être pas !

L’étudiante lui lança un regard en coin et vida son verre contenant un jus de fruit. La rousse ne supportait pas l’alcool et pour elle, hors de question de s’enivrer. Starck reprit :

- Comment une adolescente de 17 ans a réussi à entrer ?

Un simple sourire répondit à l’homme qui la scrutait moqueur.

- Tss… Tu risques gros !

- C’était juste pour une soirée Starck… et puis, tu vas aller le dire aux vigils ?

- Qui sait…

- Rabat-joie !

- C’est une idée où tu ne t’amuses que moyennement ? Ironisa le jeune homme.

La jeune fille fronça les sourcils et tourna son visage vers Starck quand son regard fut happé par une touffe de cheveux bleus. Les yeux ambres s’allumèrent en rencontrant les yeux bleus électriques. Elle oublia totalement son interlocuteur, surprise de trouver son ami d’enfance au sein de la boite de nuit.

- Ichi…

L’adolescente quitta le comptoir et se dirigea vers Grimmjow qui la fixait toujours impassible, oubliant son collègue de travail.

- Qu…qu’est ce que tu fais là ? Demanda t’elle une fois devant lui.

- Je chasse… Je vois que toi aussi…

Ichigo haussa un sourcil surprise.

- Chasse ?

- On ne vient pas ici par hasard généralement…

- Et…

- Tu t’accapares ma proie…

Le cœur de la jeune fille qui battait lourdement depuis qu’elle avait revu Grimmjow autrement que dans son uniforme scolaire, s’arrêta. Elle ouvrit la bouche et se tourna vers Starck qui leva son verre dans sa direction. Ichigo eut un faible sourire et se tourna à nouveau vers Grimmjow. Son mouvement faisait balancer ses boucles qui donnaient un air fragile à l’adolescente.

- Starck ?

- Tu le connais à ce que j’ai vu…

- Il est hétéro…

Elle avait dit ce fait comme une évidence et Grimmjow ricana :

- Comme si ça allait empêcher quoique se soit… tu es naïve…

La jeune fille plissa les yeux et rétorqua :

- Dis-moi pourquoi toi tu ne peux pas aimer quelqu’un d’un autre sexe alors ?

- Parce ce que je suis gay…

- C’est d’une logique…

Exaspérée la jeune fille planta Grimmjow pour se diriger vers les vestiaires. Le bleuté jura entre ses dents, surtout en voyant le mouvement de certains « prédateurs » sur son amie. Il la suivit quelques secondes plus tard. Ichigo quittait la boite de nuit et Grimmjow intercepta quelques mains baladeuses.

- Foutez la paix à ma copine !

- Ta copine… ricana un téméraire. Elle est autant ta copine que la mienne !

Grimmjow était à l’extérieur et se trouvait déjà entouré d’une dizaine d’adolescents près à en découdre. Ichigo qui s’était éloignée, s’était figée lorsqu’elle entendit les exclamations derrière elle. Elle se retourna lentement et vit Grimmjow occupé pratiquement au pied de la boite de nuit par une bande qui lui disait vaguement quelque chose.

Elle allait faire demi-tour quand elle fut stopper par une voix juste à côté d’elle.

- Je crains que ton ami mette du temps à se libérer ma jolie… Et puis, tu vas me tenir compagnie. Une jeune fille belle comme un cœur, seule…

- Je ne suis pas seule…

- Tu comptes sur Jaggerjack pour te sauver ?

La jeune fille observa le jeune homme surprise. Il était démesurément grand. Un frisson se glissa le long de son échine. Ichigo se recula quand il voulut lui prendre son bras. Elle avait reconnu Nnoitra Gilger. Ce type super dangereux… c’était sur qu’elle allait mourir ce soir ! L’étudiante entendit des cris et tourna la tête mais fut saisit par son avant-bras. Le regard de Nnoitra se rapprochait dangereusement de son visage. La peur envahit Ichigo mais elle ne quitta pas des yeux son adversaire. Que pouvait-elle faire dans sa tenue ? Elle tenait à peine l’équilibre sur ces talons. Une idée traversa son esprit, sans réfléchir, elle bondit sur le visage de Nnoitra toutes griffes dehors et un hurlement de douleur retentit mais, contrairement à ses prévisions, l’homme ne la lâcha pas.

Gilger se tenait son visage blessé et sanglant fou de rage.

- Salope !

Ichigo qui se sentait tirer en avant balança un coup de pied dans les tibias de son adversaire mais c’est elle qui geignit sous le choc. Il était fait en quoi ce type ? La rousse ne vit pas venir le coup et elle s’effondra lorsque le poing s’abattit sur sa pommette. L’adolescente s’évanouit presque sous la violence du choc. Elle tomba sur le sol comme une poupée de chiffons. Ichigo maudit sa tenue qui l’empêchait de se défendre. Bientôt, elle entendit des voix se mêler et des bruits sourds. Elle ferma les yeux et songea que cela lui semblait interminable. Quand le silence revint, la rousse gisait sur le sol évanouie. Elle fut soulevée délicatement.

- Ça ira Grimmjow ?

- Je la raccompagne chez elle et ça ira…

Serrant fermement la rousse contre lui, le jeune homme quitta ses amis qui finissaient de donner une dérouiller à la bande à Nnoitra. Le cœur de Grimmjow battait lourdement. Qu’est ce qu’elle ne lui faisait pas faire encore ? Jouer les chevaliers servants ! Bordel pourquoi Ichigo s’était habillée ainsi ? Ne savait-elle pas qu’elle était vulnérable ainsi ? Il tuerait Nnoitra la prochaine fois qu’il le voyait.

Arriver à destination, Grimmjow fit glisser le corps de la jeune femme contre lui et prit le petit sac qui se trouvait sur le ventre d’Ichigo durant le voyage. Il tira une clef et poussa la porte et souleva à nouveau l’adolescente. Il ferma la porte du pied et alluma la lumière. Au passage le bleuté remarqua des nouveautés dans l’appartement de son amie. Grimmjow la porta jusqu’à son lit. Le jeune homme alluma la lampe de chevet et observa le visage maintenant tuméfié de la jeune fille. Se redressant, il se dirigea vers la salle de bain et chercha après des compresses et de l’antiseptique. L’adolescent sortit de l’aspirine et tout ce qu’il jugea utile sur le coup.

Une fois devant le lit, Grimmjow s’agenouilla et passa doucement de l’eau froide sur la partie gonflée du visage d’Ichigo. Il désinfecta la méchante plaie. Et posa un sparadrap pour éviter les écoulements intempestifs. Les gémissements de douleurs de la rousse l’égratignèrent. Finalement, il se redressa et se mit en tête de la déshabiller pour la mettre à l’aise. Il retira ses chaussures à haut talon. Il grimaça, se battre avec des lanières si fines, c’était une nouveauté. Le jeune homme caressa la chaînette de cheville au passage. Qu’est ce qu’il lui prenait maintenant de mettre des trucs pareils ?

Il se redressa et trouva un pantalon de pyjama avec des fleurs et un T.Shirt blanc qu’il ramena devant le lit. Il passa les jambes et remonta le long de ces dernières. Il souleva le corps toujours évanoui de l’étudiante et réussit tant bien que mal à lui ôter la robe qui s’accrochait aux boucles d’oreilles ce qui immanquablement réveillait les douleurs de son amie. Grimmjow maudit les tenues des filles. Un mec n’avait pas besoin d’autant d’artifices et c’était plus pratique et rapide ! Elle viendra encore le saouler sur le sexe faible…

Grimmjow posa néanmoins la robe sur la commode et se retourna pour regarder le corps de la jeune fille. Même s’il était gay, il devait reconnaître qu’elle était vraiment bien foutue. Sachant l’adolescente pudique le jeune homme se gratta la tête pour lui enlever son soutien-gorge sans qu’il regarde sa poitrine. S’il trouvait pas la bonne excuse le lendemain, elle lui exploserait la tête. Il finit par enfiler le T.Shirt et laissa le sous-vêtement en place. C’est ce moment là qu’Ichigo choisit pour se réveiller au grand dan de Grimmjow.

- Grim…

- Ouaih ?

- Tu.. comm…

- Je vais bien et je t’ai ramené !

L’adolescent s’assit à côté de la rousse qui l’observait entre ses yeux mi-clos. Les yeux bleus prirent une lueur bienveillante vis à vis de son amie et ses doigts malgré lui caressèrent les deux barrettes bleues dans les cheveux qu’il n’avait pas songé à enlever.

- M… merci…

- Crétine !

- Gri…

- Dors !

- Je peux pas…

Grimmjow s’exaspéra et la foudroya du regard mais en croisant le visage éclaté, il soupira et grogna :

- Allez pousse-toi ! Je vais dormir avec toi ! Et n’en profite pas pour profiter de mon corps…

Le jeune homme reçut un coup léger dans les côtes. Un léger sourire s’afficha sur ses lèvres et il se leva. Il retira ses chaussures dans l’entrée et revint en retirant sa veste et son pantalon. Il sortit du placard de son amie des vêtements de rechange qu’elle gardait pour lui lorsqu’ils allaient trop loin dans leurs activités. Retirant son T.Shirt et enfilant un autre Ichigo remarqua malicieuse :

- Même si j’ai pas le droit de toucher… je peux mater !

- Parle pas comme un mec !

- C’est de ta faute.

- T’as pas besoin de moi pour ça… Ne m’rejette pas tout sur l’dos !

- Il est large, j’en profite….

Ichigo voulut bailler mais elle se retint en faisant une grimace de douleur. Grimmjow releva la couverture et s’engouffra dans le lit à côté de la rousse.

- Tu te rappelles !

- Croix de bois, croix de fer… fit la jeune fille une main sur le cœur.

- Ouaih ! T’as intérêt !

L’adolescente ne pouvait pas rire mais la lueur malicieuse réchauffa Grimmjow qui préférait la voir dans cet état que prostrée. La rousse se colla contre le corps plus grand et s’endormit comme une masse.

- C’est clair que t’es une fille toi !

Grimmjow avait le coude qui soutenait la tête et observa le visage détendu l’adolescente et se dit que c’était bien la seule personne à qui il foutrait la paix dans un pieu… à son grand désespoir ! Il finit par s’allonger et s’endormir et referma les bras autour de la silhouette à côté de lui.

°°0°0°°

Ichigo se réveilla le lendemain confortablement installé dans le creux des bras de Grimmjow qui avait enfoui son visage dans sa nuque. Une nouvelle fois la proximité de son ami d’enfance la troublait. La lumière pénétrait dans la pièce dont les rideaux avaient été à peine tirés. Ichigo n’avait pas pensé à les fermer complètement. Soudain la jeune fille se souvint de sa pommette et posa une main sur sa joue. La jeune fille roula un peu sur le côté en faisant attention de ne pas réveiller le bleuté. Sa chaleur lui manqua instantanément et elle vit que Grimmjow cherchait après elle. L’adolescente se sentit agripper par la taille par le bras ferme de son ami.

Au delà de la douleur physique, c’était la douleur morale qui la faisait le plus souffrir. Etre amoureuse d’un homme gay ! C’était… les larmes s’installèrent brièvement dans son regard qu’elle essuya doucement avec son poignet libre. Crétin de Grimmjow… la faire pleurer de bon matin !

La lumière s’installa insensiblement dans la pièce et Ichigo observa le visage de l’étudiant. Une des rares fois où elle pouvait le voir reposé, sans cette déformation qu’il infligeait à ses traits par une grimace constante de colère ou moqueuse… les mèches bleues barraient son front et de la pulpe de ses doigts, la jeune fille les fit glisser. Une légère mine contrariée vint barrer l’expression jusque là paisible du jeune homme.

Ichigo décida qu’il était l’heure pour elle de se lever. Doucement, elle s’extirpa des bras puissants de Grimmjow et laissa ses jambes reposer sur le parquet. La jeune fille s’étira et grimaça et posa une main sur la partie gonflée de son visage. Elle allait faire la peau à Nnoitra et prendrait une… batte de base-ball ! Le salaud… il allait morfler la prochaine fois qu’elle le verrait.

La jeune fille se redressa gracieusement et marcha sans aucun bruit sur le sol. Elle jeta un bref coup d’œil à l’horloge… il n’était pas tard et elle avait le week-end pour faire dégonfler son visage. Une chance… Par contre, pour le restaurant, elle allait devoir poser un des jours de congés, elle ne pouvait pas travailler ainsi. Avant de rentrer dans la salle de bain, Ichigo saisit quelques vêtements et s’engouffra dans la pièce d’eau.

Une fois devant sa glace, la jeune fille vit son visage et elle laissa échapper un cri affolé.

- Oh Kami-sama ! Hurla Ichigo.

La jeune fille se laissa tomber sur le sol et de grosses larmes coulaient toute seule. Son visage était complètement déformée. Elle était défigurée… Comment, comment pouvait-elle affronter les autres.

Un bruit se fit entendre dans la pièce et Ichigo se souvint qu’elle n’avait pas fermé la porte. Elle bondit pour s’enfermer mais Grimmjow repoussa le battant et Ichigo n’eut d’autre choix que de se cacher.

- ‘tain qu’est ce tu fous ? S’écria l’étudiant inquiet.

- Va t’en… Souffla Ichigo la voix étouffée.

- Non… qu’es-ce t’as ?

L’adolescente marcha à quatre pattes et partit se réfugier dans un coin. Les genoux repliés devant elle, la tête entre ses jambes. Jamais elle n’oserait regarder Grimmjow. Ce dernier soupira exaspéré et s’assit en tailleur à côté d’Ichigo.

- Ecoute… j’partirai pas d’ici tant que tu m’auras pas montrer ton visage…

- Va… va t’en !

- Pas question… Montre !

- Dégage !

- Commence pas Ichigo… j’ai pas la patience ! Je sais que Nnoitra t’a éclaté la tronche mais quand même c’est pas la première fois que ça t’arrive ! Alors pourquoi tu m’en fais une telle montagne ?

- Je veux… être… seule !

Ichigo hoquetait et Grimmjow s’énerva et la retourna brutalement et releva son visage de force et se figea. Elle était défigurée… Une boule se noua dans la gorge du jeune homme qui resta telle une statue. Les larmes virent coulées silencieusement sur le visage tuméfié.

- Kami-sama… je l’explose la prochaine fois que je le croise… Non, je vais lui faire la peau…

Grimmjow attrapa son amie par les épaules et cacha son visage sur son épaule. Ichigo s’agrippa sur le T.Shirt de l’étudiant qui attendit qu’elle finisse de tarir ses pleurs. Un froncement de sourcil barrait son visage. Tandis que la colère montait en vague dans ses veines. Après quelques minutes, Ichigo arrêta de sangloter et marmonna :

- C’est bon ! Je vais me laver… et… je vais me mettre des compresses. Je vais essayer d’avoir une forme humaine.

L’adolescent observa quelques minutes le visage devant lui et après avoir croisé la lueur vengeresse dans le regard de la jeune fille, un fin sourire s’étira sur ces lèvres.

- Ok… j’prépare le p’tit déj.

- …

- Prend ton temps… Y’a rien qui presse…

Grimmjow ferma la porte et Ichigo se déshabilla. Un sourire vint sur ses lèvres quand elle se rendit compte que son ami avait laissé ses sous-vêtements. Il n’avait pas voulu avoir de problème avec des explications interminables. L’étudiante monta dans le receveur de douche et laissa couler l’eau pendant un bon moment. Finalement, elle se dirigea courageusement devant sa glace et prit beaucoup de soin à se faire des compresses. Quand elle entra dans la pièce de vie, elle croisa le regard de glace de Grimmjow. Ce dernier lui tendit une tasse de café.

- Tu es beaucoup plus jolie avec les compresses… Se moqua le bleuté.

- J’t’retiens ! Quand ça t’arrivera… je saurai me souvenir du discours que je tiendrai…

- Arrête de râler et viens manger !

Les deux adolescents se sourirent et s’installèrent. Ichigo voulut croquer dans son toast mais sa plaie l’empêchait de manger sans souffrir.

- Il était temps que tu fasses régimes de toute façon…

- Va te faire voir ! J’ai pas un kilo en trop Grimm’

- Si, j’ai vu hier soir que tu commençais à avoir des bourrelets.

- Quoi ! S’exclama la jeune fille qui se releva et souleva son T.Shirt pour regarder son ventre et montrer un piercing.

- C’est nouveau « ça » ?

- Et alors ? C’est pas beau ?

- J’t’laisse un mois et tu dévergondes !

- Tss…

- Tu en as d’autres ?

Ichigo eut un petit sourire et tira doucement sur sa langue et montra un autre piercing. Grimmjow siffla et grogna…

- Je te demanderai pas si t’en a un autre… on sait jamais !

- Abruti ! J’en ai que deux !

- Et c’est beaucoup jeune fille…

- Grimmjow arrête de me jouer le rôle de mon père !

- Il faut bien… tu le vois jamais…

- Il.. il est occupé et puis, y’a mes sœurs…

- Foutaise ! Quand il a fallu te créer, il a su être là… Tu crois que c’est juste avec de l’argent qu’on achète de l’amour ?

- Qu’est ce que t’en sais… tu n’aimes personne !

Leurs yeux se rencontrèrent et Grimmjow baissa la tête se concentrant sur son bol de café. Ichigo se leva et débarrassa son relief de repas.

- Je t’aime… Ichigo !

La jeune fille se figea et se tourna vers Grimmjow surprise.

- Pardon ?

- Mais, je sortirai jamais avec toi !

- Pourquoi ? S’énerva la rousse contrariée.

Les yeux glissant sur le corps de l’adolescente fit comprendre le motif de sa non acceptation.

- Imbécile !

Et Ichigo quitta la pièce pour s’enfermer dans sa chambre. Puis se rappelant que les vêtements du jeune homme s’y trouvait et qu’il n’avait pas pris de douche, elle sortit et fit un geste pour que le bleuté puisse au moins se rafraîchir. Les yeux ambres étaient de glace quand il passa devant elle et Ichigo décida de faire le ménage… puisqu’elle était coincée chez elle.

Chapitre 3

Ichigo resta le week-end toute seule. Elle sortit de multiples compresses et passait son temps à les changer pour faire dégonfler son visage. Elle usa et abusa de la crème également. Tout comme l’étudiante passa aussi son temps à prendre de l’aspirine pour son affreux mal de tête. La jeune fille songea soudain à Grimmjow. Il l’avait quittée sans une parole et elle ne l’avait pas regardé au moment du départ. Sa déclaration et le fait qu’il refuse obstinément de sortir avec elle la mettait hors d’elle. Il ne voulait même pas « essayer » !

Le dimanche soir, la rousse s’observa un long moment dans le miroir. Il ne lui restait qu’un bleu sur la pommette droite et une balafre qui cicatrisait sur le haut de la joue. Mais au moins, elle n’avait plus la tête gonflée. Ses efforts avaient été récompensés. La jeune fille sortit son uniforme scolaire pour le lendemain et prépara son petit déjeuner. Au moment où elle programmait sa cafetière son portable sonna :

- Ichigo…

- C’est moi Starck !

- Oh… bonsoir. Quelque chose ne va pas ?

- C’est plutôt à moi de te demander… Comment va ton visage ?

- Il a dégonflé.

- Ton moral ?

- Moyen…

- Ta plaie ?

- Elle cicatrise… Tu n’as que ça à faire ?

- Non… mais je voulais savoir si tu allais reprendre le boulot le week-end prochain ?

- Je pense que je serai moins balafrée. Par contre, je ne sais pas si… cela te conviendra.

- Tu passeras vendredi après les cours… Tu ne veux toujours pas me dire… Qui t’a fait cela ?

- Non ! De toute façon, tu ne le connais pas…

Un petit silence s’installa et Starck repris lentement :

- Kurosaki-san… Si tu as besoin de quoi que ce soit… je suis là !

Ichigo fut surprise par sa proposition et répondit maladroitement :

- Euh… oui.. je.. j’y penserai !

- C’est sérieux…

- Je le sais bien… c’est pourquoi, je te dis merci.

- Je t’en prie… alors… je t’attends au restaurant vendredi soir !

- Oui…

- Salut…

- Salut…

L’étudiante observa son téléphone portable un instant. C’était quoi ce ton super sérieux ? Bon, Starck était du genre très sérieux, voir même trop. Et puis… la jeune fille préféra éluder ses propres pensées. Elle bondit à nouveau dans sa salle de bain et son portable sonna à nouveau. Surprise, la jeune fille l’attrapa et tomba sur Renji. Ce dernier voulait passer pour la voir, mais Ichigo préféra le tenir éloigné d’elle. Elle aurait déjà fort à faire avec le regard de pitié de toute la bande alors si en plus, elle devait le rencontrer plus tôt que prévu… elle ne supporterait pas très longtemps ce sentiment exaspérant.

°°0°0°°

Ichigo arriva en cours, une paire de lunettes vissée sur son nez. Elle entendait les chuchotements dans son dos mais ne dit rien. La jeune fille avait rencontré Rukia et Orihime plus tôt, et à son grand désarrois ces deux nouvelles amies avaient été horrifiées en rencontrant l’étendue de la blessure. L’étudiante s’était empressée de remettre ses lunettes et avait baissé la tête légèrement honteuse de s’être pris une raclée pareille.

Grimmjow vint se planter devant sa table alors qu’Ichigo posait son sac sur le support latéral à sa table.

- Tu vas mieux ? Demanda le bleuté soucieux.

- Ouaih…

- Oui… idiote ! Tu parles trop comme un gars parfois…

- La ferme… j’ai pas besoin de tes conseils !

- N’empêche que tu reviens avec nous. Je veux pouvoir te protéger…

- Non !

S’écria la jeune fille. Puis, voyant qu’elle attirait l’attention, l’étudiante repris aussi sereinement qu’elle le pouvait pour ne pas vexer son ami.

- Grimm’, j’ai promis à Rukia, Nell et Orihime de manger avec elles ce midi.

Le bleuté observa longuement la rousse et l’air crispé qu’elle affichait ne l’incita pas à vouloir la bousculer. Toutefois, il lui demanda :

- Fais-moi la promesse que demain tu manges avec nous… enfin…

Grimmjow se gratta le sommet de son crâne et se reprit, le tact n’étant pas sa qualité première :

- Enfin… mange avec nous de temps en temps… nous sommes aussi tes amis, ne l’oublie pas !

Ichigo baissa ses lunettes et plongea son regard dans celui du bleuté. Il n’avait pas son air conquérant habituel… mais, ne suppliait pas pour autant. Un léger sourire naquit sur les lèvres de la rousse qui déclara :

- Ok… demain, je mange avec vous !

Un sourire carnassier barra le visage de Grimmjow qui partit s’asseoir à sa place sûr de lui. L’étudiante secoua la tête. Décidément… un rien lui faisait plaisir. Ichigo s’installa sur son siège et se rendit compte que des murmures parcouraient la salle. Beaucoup de regards étaient posés sur la rousse qui rougit légèrement mais qui ne baissa pas la tête. Ichigo fit glisser ses lunettes et observa chacun droit dans les yeux, une lueur de défi dans le regard. Ce furent les autres qui se détournèrent. La jeune fille rencontra les yeux bleus et la lueur qui brillait dans le fond de ses derniers lui réchauffa le cœur.

Les cours reprirent et aucun incident ne vint perturber le groupe. Ichigo fut attentive comme toujours aux cours et bientôt elle oublia la partie tuméfiée de ses traits. Le soir à sa grande surprise, toute la bande l’attendait à la sortie et ses amis la raccompagnèrent chez elle. Ichigo même si cela l’exaspéra un peu trouva cette attention touchante. D’autant plus, que tout le groupe essaya de lui faire oublier sa mésaventure. Enfin, il ne fallait pas compter sur Ulquiorra pour ça. Ce dernier faisant même la gaffe de lui rappeler la raclée qu’elle s’était prise le vendredi soir. La rousse bondit sur le brun au regard lointain et Hisagi rattrapa in-extremis la jeune fille qui voulut lui faire la peau.

Tous les étudiants laissèrent Grimmjow et Ichigo se saluer et après avoir vérifier que la jeune fille s’enfermait dans son appartement, ils quittèrent les lieux. Bien malgré elle, Ichigo songea que leurs présences l’avait rassurée et un sentiment agréable l’avait gagné tout au long du chemin. Même si Ulquiorra lui faisait des remarques débiles… même lui, avait tenu à être là pour qu’elle rentre saine et sauve. Par contre le tact était un mot étranger à son vocabulaire. La jeune fille se retrouva dans la salle de bain et entreprit de refaire ses pansements.

°°0°0°°

Le lendemain midi comme promis la jeune fille se retrouva sur le toit de l’école. Renji avait insisté pour qu’elle n’amène rien à manger. Il allait lui apporter son bento. Ichigo se tenait derrière Grimmjow, Il Forte et Hisagi se tenant de part en part de la jeune fille. Tous s’écartèrent sur leur chemin et tous chuchotèrent sur la reformation du groupe. Les sentiments qui s’agitaient dans le cœur de la jeune fille à ce moment là, étaient contrastés. D’un côté, elle était heureuse de se retrouver à nouveau dans le sein de la bande, cela lui apportait un sentiment de sécurité. Et en même temps, elle se sentait agacée de dépendre de ses amis.

Une fois arrivée sur le toit, la jeune fille s’installa à côté de Renji qui l’attendait avec un sourire qui s’étalait d’une oreille à l’autre. Le regard tomba sur les différents visages qui composaient la bande et il était évident que chacun éprouvait de la joie à revoir l’adolescente près d’eux.

- Viens Ichi… Regarde ce que je t’ai préparé…

Baissant les yeux, la jeune fille vit un magnifique bento où Renji s’était amusé à faire des pieuvres, des fleurs et un tas d’assortiments divers.

- Wow.. Renji ! Je vais t’épouser plus tard…

- C’est vrai ?

Demanda l’adolescent aux cheveux rouges plein d’espoir. Toutefois, les yeux rouges glissèrent vers Grimmjow et il vit que son chef était sombre. Cela ternit son instant de joie.

- Qui sait… Répondit Ichigo amusée. On ne sait pas ce que nous réserve l’avenir…

Hisagi se mêla de la conversation :

- Attend Ichi… si Renji a ses chances, moi aussi alors ! Y’a pas de raisons…

- Fermer là ! Répliqua Grimmjow la voix assourdie par la contrariété.

Ichigo fut la seule à ne pas se tourner vers son chef. Elle s’était emparée des baguettes et cria un joyeux « Itadakimasu ! » . Elle se délecta du bento et leva les yeux pour voir que tous se regardaient comme des chiens de faïences.

- Que se passe t’il ?

Renji ricana et marmonna :

- Grimmjow nous fait une crise de jalousie alors qu’il s’est exclu tout seul du jeu. Mais il prétend nous interdire de te draguer. Tu es une fille Ichi…

- Je le sais crétin…

- Oui… mais Grim’ a oublié que toi, tu ne vas pas passé ta vie à l’attendre !

- Boucle-là Renji où tu n’auras plus de dents pour manger ton bento…

- Ess…

- ça suffit !

La voix d’Ichigo avait claqué et un silence accompagna l’ordre. La rousse reprit sombrement :

- Grimmjow… tu as beau foudroyer Renji du regard, il a tout à fait raison. Si tu refuses de sortir avec moi… alors, ne t’attends pas à ce que je reste indéfiniment seule. Il faut que tu t’mettes dans l’idée qu’un jour que ce soit Renji, Hisagi ou quelqu’un d’autre… que j’ai un petit ami.

Un silence accompagna ses paroles et plus personne ne respira. Grimmjow observa longuement la rousse et pour toute réponse, il partit s’installer contre le grillage et se laissa choir sur le sol. Plus personne ne parla et chacun mangea son repas. Petit à petit la discussion reprit et chacun essaya de sortir une vanne pour détendre l’atmosphère. Chacun se retrouva bientôt à parler de ses rêves les plus fous. Ichigo ne participait pas à la conversation, trop occupé à ressasser la conversation entre Renji et Grimmjow. Son cœur avait battu à tout rompre à ce moment là. Bientôt Hisagi demanda au bleuté quel était le rêve le plus fou de Grimmjow. Ce dernier répliqua d’une voix grave au bout de quelques secondes en fixant Ichigo dans le plus profond de ses yeux :

- Qu’Ichigo soit un gars !

Un silence s’abattit à nouveau pesant. Quant à la rousse, elle était outrée… Grimmjow et le fait qu’il ne pouvait l’accepter telle qu’elle était ! Elle le détesta sur le moment et d’un mouvement elle bondit sur ses pieds et se tint devant le bleuté.

- Arrête ton cinéma… Tu rêves que je devienne un mec et tu ne m’acceptes pas tel que je suis. Même si j’étais le dernier gars de la Terre Grim, t’ira te faire foutre !

Et la jeune fille balança son poing dans la figure du jeune homme avant de partir énervée dans les toilettes des filles. Au moins, elle aurait la paix ! Mais c’était sans compter sur Orihime, Nell et Rukia.

- Tiens… tu n’es pas avec ta bande ? Demanda Nell.

La jeune fille regardait derrière Ichigo curieuse.

- Non…

- Tu t’es engueulés avec eux ? Repris Rukia.

Ichigo fit craquer les jointures de ses doigts. Son visage était tellement crispé, qu’il réveilla la douleur sur sa pommette.

- Grim’… ce salaud… son rêve le plus fou serait que je sois un gars…

- Hein ? Fit Nell surprise.

La rousse rougit légèrement et avoua :

- Grim’ est gay. Il m’aime mais ne me touchera jamais parce ce que je suis une fille. Et il refuse qu’un autre pose la main sur moi. Bref, en ce moment c’est tendu entre nous…

- Tu l’aimes ? Demanda Orihime gentiment.

Ichigo posa une main devant ses yeux et un sanglot monta du plus profond de son être. Depuis, si longtemps… qu’elle avait l’impression de mourir. C’était d’autant plus frustrant que son ami, veillait sur elle comme s’ils sortaient ensemble. N’avoir que les inconvénients sans les avantages.

- Eh bien… compliqué toute cette affaire… Murmura Rukia. J’ai toujours pensé que vous sortiez ensemble…

- Moi aussi ! s’exclamèrent Orihime et Nell.

- Non ! Jamais nous ne sommes sortis ensemble… enfin, nous sortons en groupe mais pour… pour des bastons. Mais, ce ne sont pas des rendez-vous amoureux.

- Il a l’air de t’aimer pourtant… c’est ça qui est troublant ! Affirma Rukia pensive.

- Il m’a avoué m’aimer…

Ces amies ouvrirent de grands yeux et Nell demanda :

- Mais où est le problème alors ?

- Il veut que je sois un gars !

- Débile ! Marmonna Rukia.

- Euh… C’est… déconcertant ! Repris Orihime.

Ichigo se mit à faire les cent pas dans les toilettes nerveusement. Bientôt les toilettes se vidèrent et Nell remarqua :

- Il est l’heure de retourner en cours. Mais sache une chose… ne te morfonds pas pour lui. S’il n’est pas capable de t’aimer comme tu es… c’est qu’il est vraiment con !

- Nell à raison ! Rétorqua Rukia.

Orihime s’était déjà éloignée du groupe et avant de quitter définitivement le lieu, elle affirma :

- Je me demande s’il t’aimerait réellement si son vœux se réalisait.

Bientôt Ichigo se retrouva seule dans les toilettes et elle finit par les quitter également pensive. Elle regagna sa place sans un regard vers le bleuté qui ne la quittait pas des yeux. A la fin des cours, la jeune fille s’éloigna rapidement de son chef et réussit à regagner son domicile sans qu’elle ne rencontre qui que ce soit. A peine eut-elle fermer la porte derrière elle, la jeune fille se laissa glisser contre la surface lisse de la porte et se retrouva assise ses jambes autour d’elle. La rousse était blême… Alors pour que Grimmjow soit heureux, elle devait changer de sexe ? Jamais… elle s’aimait en fille. Elle adorait être une fille et la perspective d’être un homme serait… inimaginable. Après avoir passé un coup de fil à ces parents, la jeune fille prit une douche et fit ses devoirs. Pour finalement s’endormir d’un profond sommeil.

°°0°0°°

Ichigo se réveilla difficilement le lendemain matin. Son radio réveil lui cassait les oreilles. La jeune fille tendit son bras et ferma l’objet de torture à tâtons. Jamais, Ichigo ne s’était sentit aussi fatiguée. Elle avait chaud et elle posa une main moite sur son front humide. Elle était brûlante de fièvre.

Lentement, la jeune fille se redressa et se gratta les parties génitales. Et au bout de quelques secondes suspendit son geste. La rousse se sentit blêmir. Avait-elle bien senti ce qu’elle venait de sentir ? Lentement, Ichigo baissa la tête vers son corps et vit qu’elle était engoncé dans sa nuisette et qu’elle avait perdu sa poitrine. La jeune fille hurla et lorsqu’elle entendit sa voix grave posa ses deux mains devant sa bouche pour étouffer ses propres cris.

L’étudiante se leva précipitamment mais se prit les pieds dans ses draps et se retrouva allonger de tout son long sur le sol. Elle jura entre ses dents et le son de sa voix la surprise à nouveau. De plus, son entrejambe la gênait horriblement. Son cœur cognait affolé dans sa poitrine à présent. Elle voulait constater d’elle-même… c’était un cauchemar. Ichigo se redressa et marcha les jambes tremblantes. Arrivé devant la glace, elle leva les yeux vers son reflet et… tomba dans les pommes.

°°0°0°°

Ichigo se réveilla péniblement avec un goût pâteux dans la bouche. Combien de temps était-elle restée allongée sur le sol ? Soudain, elle se rappela pourquoi elle s’était évanouie. Mais… c’était une plaisanterie… oui, c’était une plaisanterie ! Ichigo se redressa brutalement et se regarda dans la glace. Le corps d’homme enserré dans la nuisette jurait affreusement. Son regard remonta jusqu’à son cou qui s’était épaissit et enfin vers le menton et son visage. Elle était devenue « il ». Ichigo se mit à trembler violemment. Elle s’appuya contre le rebord de son lavabo.

Elle se sentait sur le point de défaillir à nouveau. Ichigo se pinça brutalement pour voir si elle ne rêvait pas. Non, vu le cri qu’elle émit. Lentement, elle leva les yeux à nouveau vers son reflet et gémit longuement. C’était quoi cette apparence ? Jamais elle ne pourrait sortir alors… alors qu’elle était un « homme ».

Ichigo se laissa glisser sur le sol et resta prostrée, un long moment. Les larmes coulaient toutes seules sur son visage et les gouttes tombaient lamentablement sur ses jambes tordues de part en part de son corps. Au bout de deux heures, la jeune fille se redressa et observa son visage bouffi. Elle avait une tête horrible ! Entre ses yeux rouges et gonflés, qui ne saillaient pas à un homme, sa cicatrice et son bleu… il était effrayant !

Ichigo se leva enfin, et retira sa nuisette qui semblait sur le point de craquer. La vue de son buste désespérément plat, lui arracha un nouveau sanglot. De plus, ses yeux tombèrent sur sa culotte. Sa… verge semblait vouloir sortir du sous-vêtement féminin pas du tout adapté pour ce genre « d’équipement » ! La vision lui sembla ridicule mais surtout horrible. Ichigo sanglota à nouveau. C’était un horrible cauchemar et il fallait qu’elle se réveille vite.

Pour éviter le ridicule, elle enleva son sous-vêtement et grimaça d’effroi en voyant son sexe. Elle était malgré tout fascinée par la partie de son anatomie et lentement elle posa une main sur sa verge et ses testicules pour la retirer brutalement. Ce contact l’avait brûlée. Restant au milieu de la salle de bain indécise sur la marche à suivre, la jeune fille se dirigea finalement vers sa chambre. Elle ouvrit le tiroir où se trouvait des affaires à Grimmjow et les enfila. Elle sanglota de rage. Ils étaient trop grand. Tant pis, elle garderait les vêtements sur elle.

Ichigo leva les yeux vers son radio-réveil… il était 15h30 ! Sa mâchoire s’ouvrit et elle réalisa qu’elle avait passé sa journée cloîtrée chez elle. Mais pourrait-elle sortir à nouveau ? Soudain, le bruit d’un poing qui cogne contre la porte se fit entendre. Ichigo fit la sourde oreille mais la voix de Grimmjow retentit, ce qui la figea :

- Ouvre cette putain de porte Ichi… Je sais que t’es là !

« Pas lui… pas maintenant ! » Fut la seule chose à laquelle l’adolescent pensa. Pourtant les coups redoublèrent à la porte. Ichigo finit par se placer derrière cette dernière et demanda en entendant vociférer derrière cette dernière :

- La ferme Grim’… je suis malade !

Soudain la colère monta chez Ichigo. C’était la faute de Grimmjow si elle était un homme. C’est son stupide souhait qui s’était réalisé. Il allait se foutre de sa gueule ! Jamais elle ne lui ouvrirait !

- Ouvre… pourquoi t’étais pas en cours aujourd’hui ?

- J.. j’avais de la fièvre !

Ichigo essayait de parler doucement mais Grimmjow avait remarqué le changement de ton et il demanda :

- Tu as une angine ?

- Oui..

- Ouvre !

- Non !

- Ouvre ou je défonce la porte !

- Espèce de malade… je te dis de partir. Si tu ouvres cette porte de toute façon, tu es un homme mort !

Un silence s’établit entre les cloisons. Ichigo poussa un soupir de soulagement pour soudain ouvrir les yeux avec horreur. Dans un fracas de porte, Grimmjow venait de défoncer sa porte d’un seul coup de pied alors qu’elle ne s’y attendait plus. Les yeux ambres étaient effrayés et les yeux bleus… sidérés lorsqu’il parcoururent Ichigo.

 

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Ichigo était prostrée et replia son visage entre ses genoux. Assise sur le sol, elle entendit vaguement entre les propres battements de son cœur, les pas de son ami. Tremblante et ne sachant pas quel comportement adopter, la rousse resta muette. La honte le submergeait. Comment faire face à Grimmjow maintenant ?

 Quant au bleuté, après avoir été figé par le choc, il s’avança vers la silhouette prostrée et tremblante. Il avait vu la lueur de peur dans les yeux ambres. Et cela lui avait remué les tripes. Mais surtout… et c’était à peine croyable… en fait, il n’y croyait pas… Ichigo était un gars ! Il savait que c’était elle malgré son apparence. Son instinct ne le trompait jamais.

Il s’avança pour mieux se rendre compte, s’assurer que ce ne soit pas un rêve… Arrivé à côté du jeune homme habillé dans des vêtements deux fois trop grand pour lui, ce qui accentuait encore son apparente fragilité, il voulut le toucher. Il voulait savoir si tout ceci était bien réel.

La rousse sentit une main douce glisser le long de sa tête vers sa nuque dans un mouvement apaisant.

- Ichigo ?

La voix incertaine du bleuté firent craindre le pire à la jeune fille. Il l’avait vu… Un frisson d’angoisse la parcourue. La voix de Grimmjow se fit entendre à nouveau.

- Ichigo ? C’est bien toi ?

En entendant cette question, un kaléidoscope d’émotions contradictoires vinrent à l’assaut de son cœur. L’amertume, le chagrin, la souffrance, le ressentiment, l’angoisse, la rancune, la fureur, la révolte lui firent redresser la tête à la jeune fille devenu homme. Elle tremblait comme gagnée par une fièvre mystérieuse. L’adolescente bondit sur Grimmjow comme mue par un ressort et le plaqua contre le sol, ses mains s’étaient resserrées autour de la gorge du bleuté.

- Salaud… avec ton putain de vœux à la con… il s’est réalisé, je suis devenu un homme. Fais le vœux inverse, tout de suite ! Je veux redevenir une femme… Je veux redevenir moi, c’est horrible d’être un mec. Je… je…

Les yeux dont le jeune homme ne pouvait percevoir qu’un voile brûlant et intense provoqué par la fureur, qui étaient étrécis jusque là changèrent soudainement d’expression. Ils s’agrandirent et un tourment sans nom vint les baigner d’une brume d’amertume.

Grimmjow était cloué au sol, non par la poigne d’Ichigo même si cette dernière était puissante… non, c’était le fait qu’Ichigo ait vraiment un visage masculin. Même s’il reconnaissait derrière ce visage d’homme, les traits de son amie d’enfance, il était évident que son souhait s’était réalisé et il en était stupéfait, pétrifié par ce miracle. Comment cela avait-il pu arriver ? Le chagrin qui se succéda à la colère sur le visage du jeune homme, le confondit.. Grimmjow savait pertinemment que derrière cette apparence masculine, le cœur d’une jeune fille perdue battait certainement affolé. Cette idée lui était insupportable.

Grimmjow ressentit brutalement l’étreinte se défaire et le roux se redressa tout en serrant nerveusement dans ses mains les vêtements lâches autour de lui. Une expression lasse s’était inscrite sur sa physionomie.

- Pars Grimmjow… je ne veux plus te voir…

- Pourquoi ?

La jeune fille se tourna vers celui en lequel, elle avait le plus confiance jusqu’à ce jour fatidique. La lueur meurtrière qui brillait dans le fond de ses prunelles ne dissuadèrent pas le jeune homme.

- Ichigo… je suis désolé pour c’qui t’arrive… mais, j’peux rien faire…

- Ah non ? Refais le vœux inverse !

- J’peux pas… Souffla Grimmjow.

Ichigo resta sans voix un instant puis, laissant enfin libre court à la colère qu’elle essayait de contrôler, elle envoya son poing dans la figure du bleuté qui ne vit pas le coup venir trop subjugué par la beauté de son amie. Un déluge d’émotions qu’elle avait toujours contenu déferlaient maintenant en elle.

Grimmjow était réellement désolé pour Ichigo certes mais, lui était heureux dans le fond. Et même s’il priait pour que son amie redevienne une femme, il n’y mettrait aucune conviction. L’adolescent gémit sous le coup, la brûlure du coup se répandit en lui à une vitesse identique à la poudre qu’on aurait allumé pour faire éclater une bombe et il tourna son visage irrité vers le roux qui respirait comme un asthmatique sous la colère.

- Arrête tout de suite où je pourrai oublier que t’es une fille…

- Oublié ? Je me chargerai de te le rappeler…

La respiration de la jeune fille devenait plus erratique.

- Tu as fait ton vœux ?

- Putain, tu m’prends pour une machine à souhait ?

Ichigo allait attaquer à nouveau son ami quand elle s’immobilisa. Grimmjow fronça les sourcils soucieux de voir l’agitation s’enrailler pour laisser place à un silence inquiétant.

- Qu’est ce qui t’arrive encore ?

Ichigo bondit vers la salle de bain et claqua la porte derrière elle. La jeune fille verrouilla la porte et fit glisser son pantalon ainsi que son sous-vêtement et s’assit sur les toilettes. Merde ! j’peux pas pisser comme ça ! La jeune fille se redressa et malgré elle, dut se saisir de la partie de son anatomie encombrante. Le tambourinement derrière la porte et la voix de Grimmjow l’agacèrent au plus haut point. La colère d’Ichigo se mua en désespoir en essayant de viser tout en foudroyant la porte du regard.

- Qu’est ce que t’as ?

- Dégage…

- T’es malade ?

- Fous le camp ! Grogna Ichigo

- Certainement pas… si tu as besoin d’aide ou bien…

- Ta gueule, je suis en train de pisser crétin !

Un silence inquiétant aux oreilles d’Ichigo se propagea soudainement dans l’appartement. Brutalement, un éclat de rire se fit entendre et cela acheva les nerfs à vif de la jeune fille.

- J’vais buter Grimmjow une fois que je serai sortie !

Pour seule réponse, un redoublement d’éclat de rire lui répondit. Ichigo se rhabilla et se lava les mains, furieuse. En relevant la tête, elle croisa son visage où un froncement de sourcils contrarié lui donnait un air un peu plus revêche. Le visage si masculin lui donna la nausée et son expression se modifia à nouveau entre dégoût et mélancolie, franchement pas une expression de mec. La jeune fille serra les poings et se retourna brutalement, elle avait des comptes à régler et ça aller se passer cash !

Elle ouvrit la porte ou plutôt l’arracha et marcha d’un pas déterminé tout en tenant ses vêtements trop grand, Grimmjow cessa de rire en voyant sa mine renfrognée.

- Ça va ? Tu t’en es sorti ? Ironisa t’il tout de même.

La jeune fille attrapa son ami par le revers de sa veste et le secoua violemment :

- Tu n’as pas encore fait le vœux inverse ?

- Si… mais, j’sais pas comment ça fonctionne ce truc ! Imagine bien que je pensais pas du tout que ça se produirait la première fois… alors, comment veux-tu que je sache que ça fonctionne dans l’autre sens ?

Le visage des deux adolescents se trouvaient à peine à quelques centimètres. Si proche que leurs souffles se mélangeaient ce qui grisa Grimmjow. L’odeur familière de l’adolescent était restée identique à ce qu’elle était alors qu’il était une fille… et la colère qui émanait de lui ne faisait que l’exciter à sa surprise. Ichigo en devenant ce qu’elle était devenu, avait un pouvoir d’attraction qu’elle n’avait jamais eu lorsqu’elle était sa meilleure amie.

Ichigo en étant si proche vit clairement la lueur de désir s’allumer dans le fond des prunelles bleues. Ce qui la troubla au plus profond d’elle-même. L’atmosphère se modifia brutalement, saturée par une attente ce qui bouleversa la rousse qui relâcha l’adolescent.

- Tu… tu… me veux ?

- C’qui pouvait m’empêcher de t’aimer n’est plus… alors ouaih… j’te veux. T’es vraiment sexy en mec…

D’abord surprise l’adolescente observa son vis à vis dans l’incompréhension.

- Je t’aime Ichi… alors…

Mais avant qu’il ne puisse finir sa phrase, il vit arriver cette fois-ci un direct qu’il intercepta. Ichigo, voyant son attaque bloquée, voulut balancer son pied dans les côtes du jeune homme devant elle mais, elle ne possédait plus tout à fait la même souplesse et la même vitesse et fut une nouvelle fois interceptée. Blême et le visage de Grimmjow à quelques centimètres du sien grave ne fit qu’augmenter sa rage.

- Lâche-moi tout de suite… imbécile !

- Jamais… calme-toi. On peut discuter sérieusement pour une fois…

- Pour dire quoi ? Que maintenant, je suis potable ? Dégage… même si t’étais le dernier mec sur Terre, t’irais te faire voir…

- Tu m’aimes…

- C’est terminé imbécile ! En réalisant ton vœu… tu peux toujours courir pour que je puisse aimer un homme qui m’a transformé contre mon grès. Grimmjow pauvre crétin, j’aime être une femme et… et… regarde ce que je suis devenue ?

Le regard de dégoût que se lança l’adolescent toucha Grimmjow au fond de lui. Il tenait toujours la main et la jambe du roux qui maintenant le regardait avec haine. Il déglutit péniblement.

- Je te hais !

Et d’un mouvement rapide de sa main libre, Ichigo gifla le bleuté qui accusa le coup en relâchant la pression et libérant plus ou moins le captif qui en profita pour le rouer de coup. Grimmjow prit sur lui pour éviter de blesser Ichigo et recula mais voyant que la rage du jeune homme en face de lui ne faisait qu’augmenter, il dut se résoudre à prendre une décision. D’autant que les directs d’Ichigo garçon n’avaient rien à voir avec ceux d’Ichigo fille. Les noms d’oiseaux qui volaient également le blessaient plus sûrement que les coups physiques qu’il encaissait. Pour arrêter la folie qui gagnait peu à peu son amie, il lui asséna un violent coup de poing à la mâchoire ce qui la projeta en arrière. La tête du jeune homme se fracassa contre le mur à côté d’eux. Doublement assommée Ichigo s’évanouit.

Grimmjow resta immobile haletant. Il n’amorça aucun geste pour rattraper la silhouette qui glissait lentement sur le sol. Inconsciemment, il se massa sa propre mâchoire et jura entre ses dents. Que devait-il faire à présent ? Le bleuté se pencha et attrapa le corps inconscient et le porta jusqu’à son lit. Il déposa doucement son amie sur sa couche et observa le visage tuméfié. Un hématome se formait en bas de son visage alors qu’il portait encore les stigmates de la précédente attaque de Nnoitra.

La seule solution qui se présentait à lui sur le moment était d’appeler le père d’Ichigo. Isshin était médecin après tout. Il sortit son portable et appela le domicile de Kurosaki-san. Comme à son habitude, la voix de stentor d’Isshin résonna :

- Kurosaki Isshin à votre service…

- C’est Jaggerjack Grimmjow…

- Grimmjow ? Ichigo n’est pas ici…

- C’est pas pour ça. Ichigo est à côté de moi inconscient…

- Inconsciente ? Que s’est-il passé ?

- Je l’ai frappé…

La voix de Grimmjow était sourde et un silence s’installa. Comment annoncer la nouvelle à Isshin ? Tremblant et mal à l’aise, il entendit la voix grave d’Isshin reprendre posément :

- Peux-tu m’expliquer calmement ce qui se passe ?

- Je sais pas comment vous l’annoncer… J’ai.. j’ai fait un vœux et il s’est réalisé…

- Et en quoi est-ce si terrible ? Et pourquoi toi et Ichigo vous êtes battus ? Tu me diras c’est pas la première fois que ça arrive…

- J’ai souhaité qu’elle devienne un homme… parce ce que je l’aime…

Un ange passa et Isshin éclata soudain de rire et déclara hilare

- Tu as souhaité que ma fille se transforme en garçon et cela c’est réellement passé ? C’est une plaisa…

- Absolument pas ! Je ne sais plus quoi faire ! Elle ou il est devenu complètement hystérique et m’a roué de coup.

Grimmjow passa une main nerveuse dans sa tignasse bleue. Sa mine préoccupée était inhabituelle. Il jeta un bref coup d’œil sur la forme évanouie et sans vraiment se rendre compte se saisit d’une des mains de l’adolescent inanimé. Son pouce caressa lentement la paume chaude et douce, dans un geste rassurant et amoureux.

- Kurosaki-san… j’vous jure que c’est la vérité et… je sais plus quoi faire… Elle était… hystérique…

- Je comprends tout à fait si j’étais à sa place… Vous êtes où ?

- Dans son appartement…

- Très bien… j’arrive ! Vous ne bougez pas…

- Pour aller où ? Pour faire quoi ?

La voix du jeune homme devenait elle-même quelque peu agitée.

- Calme-toi Grimmjow et veille sur Ichigo. Je ne serai pas long…

- Mais s’il se réveille ?

- Essayez de discuter calmement…

- Elle me déteste…

- Moi aussi sur ce coup là ! Reste près d’elle ou de lui… marmonna Isshin qui ne savait plus très bien quoi dire.

Ils raccrochèrent et Grimmjow rangea son téléphone pour se tourner vers son amie. L’adolescent ne savait plus comment considérer Ichigo. Femme ? Homme ? Ce qui était sur, c’est qu’elle avait gardé la même âme dans un corps d’adolescent. Ne serait-ce que par sa façon de se tenir, les mimiques de son visage et expressions de son regard. Cette façon de parler ou de se battre, il était impossible qu’il se trompe. De plus, Ichigo avait gardé la même odeur suave et fruitée.

Finalement, le jeune homme se redressa et quitta la chambre. Il se dirigea vers l’entrée et remit la porte en place. Tout ce temps ouverte et personne n’était venu interrompre leur pugilat ? Décidément dans les grandes villes, c’était l’indifférence générale.

°°0°0°°

Ichigo ouvrit les yeux péniblement et fut surprise d’entendre la voix de son père.

- Incroyable… c’est Ichigo au masculin…

La stupéfaction et surtout les paroles de son père réveillèrent pour de bon la jeune fille qui bondit et gémit par la même occasion. Ichigo porta la main sur le bas de son visage.

- Grimmjow… je vais te tuer…

- Des promesses, des promesses…

L’air revêche que l’adolescent lui adressa lui firent hausser les sourcils innocemment. Isshin poussa un soupir exaspéré.

- Fils ! Je s…

Un coup de poing vint frapper le médecin qui le sentit passer.

- Je ne suis pas un homme… Je suis ta fille !

- Force est de constater que tu as changé de sexe… Que tu le veuilles ou pas… tu es un homme à présent !

Isshin au fond de lui était assez heureux mais ne laissa pas exulter sa joie. Il imaginait très bien la détresse de son enfant et ne voulait pas en rajouter. Son air sauvage et rageur ne laissaient déjà rien présager de bon. Ichigo semblait sur le point de faire une nouvelle crise de nerf. Le médecin sortit de sa sacoche un calmant et demanda à Grimmjow :

- Apporte-moi un verre d’eau Grimmjow…

- J’arrive…

Soulagé d’être enfin utile le jeune homme quitta les lieux, laissant le père et le fils ensemble.

- Qu’est ce que tu vas me faire ?

- Moi ? Rien… je vais juste t’administrer un léger sédatif pour que tu puisses te calmer un peu et avoir une discussion…

- Va te faire foutre ! J’en ai pas besoin… s’énerva à nouveau la rousse qui demanda. Que fais-tu ici d’abord ?

- Grimmjow m’a appelé…

Ce dernier entra dans la pièce au même moment et ralentit son pas en entendant prononcer son nom. Le regard mauvais du roux le mit mal à l’aise.

- Arrête de me regarder comme ça…

Un sourire ironique s’inscrivit sur le visage du jeune homme qui s’assit sur son lit confortablement :

- Les nouveaux sentiments que j’ai pour toi t’importunent ? Pourtant tu devrais t’y habituer rapidement… Quoique je ne souhaite plus te revoir !

- Ichi… Je ferai c’qu’tu voudras mais arrête…

- Alors retransforme moi…

- Comment ?

La rage contenu dans ce seul mot fit sursauter Ichigo qui observa le visage torturé de son ami. Même s’il l’avait souhaité, il semblait complètement déboussolé.

- On se calme les enfants…

Isshin tapota l’épaule de Grimmjow pour ensuite prendre le verre et le tendre à sa fille avec le calmant.

- Maintenant, tu me prends ça Ichigo. Et nous rentrons à la maison. C’est sur que tes sœurs vont avoir un coup aux cœurs avec cette histoire…

La rousse observa longuement le verre et le médicament, ses pensées fusaient dans tous les sens et elle se sentait comme fiévreuse. Au bout de quelques minutes interminables, elle les avala sans un mot. Après tout… si elle pouvait oublier…

- Sors du lit… je vais t’aider à faire tes bagages…

- J’prends rien… c’est que des vêtements de fille…

Isshin observa longuement sa fille. La silhouette longiligne sortit du lit, flottant dans ces vêtements trop grands. L’adolescente marchait pied nu.

- Tes chaussures ?

- Trop petite…

- Ce sont des vêtements de Grimmjow que tu portes ?

- Oui…

Avant qu’Ichigo ne prévoit ce qu’allait faire son père, ce dernier la souleva et Isshin demanda à Grimmjow.

- Tu peux prendre mon sac et nous accompagner à la voiture ? Ah oui, Tu peux fermer la porte derrière nous ?

- Bien sur…

Sous les protestations virulentes de sa fille, Isshin dévala les quelques marches qui descendaient vers le parking du logement. Grimmjow vint les rejoindre rapidement avec la valise du médecin. Dans la voiture, Ichigo jetait un regard lointain et insondable à l’extérieur. Le médecin remercia l’adolescent

- Grimmjow… Pour l’instant, je te laisse les clefs de l’appartement. Si quelque chose arrivait, tu es sur place…

- Ichigo va revenir ? Demanda angoissé le jeune homme.

- Je ne sais pas… cela va dépendre de son état je pense. Tiens, les clefs de l’appartement… Je t’appellerai si quoique ce soit arrivait…

L’adolescent contourna le père de son amie et s’agenouilla à côté de la voiture.

- Ichigo… j’vais tout faire pour que tu redeviennes comme avant mais… ne m’ignore pas…

La rousse abandonna l’expression vide qu’elle arborait pour poser un regard fatigué sur le bleuté :

- T’aurais dû y penser avant…

- Ichi…

- Je ne plaisantais pas tout à l’heure… je veux plus te voir !

Isshin monta dans la voiture et le claquement de sa porte résonna dans la tête de l’adolescent qui scrutait le visage décomposé devant lui. Ses mains étaient moites et une boule s’était formée dans son estomac. D’une voix lasse, Ichigo murmura :

- Pousse toi… je voudrai fermer la porte…

Grimmjow se recula à contre cœur et il poussa le battant en ayant la vague impression qu’il fermait celle de son cœur. Lorsque la voiture s’éloigna, l’adolescent resta un long moment sur le trottoir seul et indécis.

 

Chapitre 5

Ichigo passa la journée du lendemain seule… Elle ne resta pas inactive pour autant. C’est avec un certain écœurement qu’elle s’occupa de son corps étranger. Pourtant, elle se soigna. Puis, elle partit rejoindre sa famille à table. Elle ne mangea pas beaucoup pour autant, mais grignota comme la veille au soir. Toutefois, le fait de la voir à table fut un événement en soit et chacun s’abstint de lui faire un commentaire.

L’adolescente regagna sa chambre et les autres membres de la famille crurent que le même cinéma des dernières semaines allait commencer mais en fait, Ichigo ouvrit ses tentures et ses fenêtres pour faire entrer de l’air frais. Elle rangea sa chambre et dégonda sa porte. Autant finir le travail de Grimmjow commencé la veille. Elle songea à lui parler sur sa manière d’ouvrir les portes ! Pourtant un léger sourire flottait sur ses lèvres.

Ichigo s’installa ensuite sur son lit et tira un livre. Elle se mit à feuilleter les pages mais son esprit revenait sans cesse sur son avenir. Grimmjow avait l’air de croire qu’elle redeviendrait une fille un jour ou l’autre. La seule inconnue était la date ! En attendant ce jour, qu’allait-elle faire ? Rester cloîtrée dans sa chambre ? Retourner au lycée ? Non… pas question ! Elle songea à Renji et Hisagi et la tête qu’ils feraient en la voyant comme elle était ! Cela lui brisa quelque peu le moral soudainement.

Son corps se mit à basculer doucement sur sa couche et le livre atterrit sur son torse formant une pyramide qui n’avait rien d’égyptien. A nouveau l’image de Grimmjow s’imposa à elle. Elle se sentait partagée entre amour, colère et rancune. Ses paupières se fermèrent malgré elle, et la fatigue l’emporta. Ses nerfs ne tenant toujours pas le choc de sa transformation.

°°0°0°°

Grimmjow avait finit sa dernière heure de cours et c’est à peine s’il salua le reste de sa bande. Son frère l’attendait patiemment devant le bahut et Yôichi démarra sa moto dès qu’il sentit son frère installé derrière lui. L’adolescent se remémora le sermon de ses parents la veille et têtus comme ils étaient, il était inutile pour lui de vouloir esquiver le dernier jour d’école. Par contre, ils avaient très bien compris l’inquiétude du jeune homme pour son amie.

Arrivée à destination, Grimmjow frappa à la porte de la maison Kurosaki et Yuzu vint lui ouvrir.

- Où est-elle ?

- Dans sa chambre… elle dort !

- Elle a mangé ?

- Ce matin, elle a grignoté avec nous. Et ensuite, elle est retournée dans sa chambre.

Yuzu qui tenait une louche dans la main l’agitait faiblement comme si elle rythmait ses pensées. Son attitude soucieuse et réservée fit froncer les sourcils du jeune homme qui demanda :

- Et ce midi ?

- Rien, nous n’avons pas osé aller la déranger. Elle avait l’air de si bien dormir…. C’est bizarre de dire « elle » alors qu’elle est devenue un homme.

Grimmjow ne répondit rien à son affirmation. Lui-même fut surpris de qualifier Ichigo en tant que membre de la gente féminine, alors qu’elle était devenue un homme à part entière. Et même un homme très sexy. Il avait fantasmé sur Ichigo toute la nuit. Même s’il paraissait amaigri dû à sa privation volontaire de nourriture, il se dégageait de son amie un charme auquel il était loin d’être insensible. Déjà lorsqu’elle était une fille, elle le fascinait mais maintenant, il avait l’impression de s’enchaîner un peu plus à chaque fois que son regard se posait sur « lui ».

L’adolescent monta les escaliers rapidement après que Yuzu lui permit de se rendre dans la chambre de la jeune fille. Lorsqu’il entra, il vit qu’il n’y avait plus de porte, et que les tentures étaient repoussées et attachées, et que la fenêtre était ouverte et laissait passer la brise chaude de ce premier jour d’août. Ichigo était enfouie recroquevillée dans son lit, l’oreiller étant fermement maintenu par un bras. Seul une partie de son visage était visible.

Grimmjow s’approcha doucement et observa le visage détendu par le sommeil. Ainsi endormie, Ichigo retrouvait presque… oui, presque son ancienne physionomie. Parce ce que malgré tout, la mâchoire n’avait plus rien de féminin, tout comme l’épaisseur de son cou, ou la stature de son corps. Le buste plat était là pour lui rappeler qu’Ichigo avait plutôt une poitrine généreuse à la base… les yeux bleus descendirent plus bas et le ventre plat succéda au torse, pour ensuite détailler les fesses qu’elle avait gardé rondes et musclées vu comment était tendu le tissu. Il était foutrement bien fichu et Grimmjow dut fermer les yeux pour freiner son imagination qui commençait à prendre un chemin dangereux.

Un gémissement sourd fit sursauter le jeune homme qui reporta son attention sur le visage qui maintenant affichait une mine renfrognée. Les mains du jeune homme se resserraient sur l’oreiller qu’il empoigna désespérément. Un mélange de sanglot et de gémissement se fit entendre. Le visage creusa un puits dans la forme moelleuse dans lequel seulement une partie jusqu’à présent était enterrée.

Grimmjow tendit une main hésitante vers Ichigo n’osant la toucher. Pourtant quand il entendit la voix étouffée crier

- … suis une fille ! Je ne mens pas… croyez-moi, je vous en supplie…

Le corps du jeune homme prit une position fœtale et son corps se mit à trembler violemment, Grimmjow n’hésita plus et secoua violemment son amie.

°°0°0°°

Ichigo se sentit secouée comme un prunier et cela lui donnait l’impression d’un arrière goût de déjà vécu. Surprise elle ouvrit les yeux et rencontra ceux de Grimmjow qui semblait très inquiet. Elle posa une main sur l’avant-bras du bleuté et marmonna :

- Arrête ! Tu me donnes le mal de mer…

La voix n’était pas assurée et pâteuse. Ichigo passa son autre main nerveusement dans les mèches oranges de ses cheveux qui lui parurent poisseux. Elle fronça les sourcils, c’était quoi cette impression d’avoir vécu quelque chose d’important, sans pour autant pouvoir mettre la main dessus. Ce ne devait pas être un rêve qu’elle venait d’effectuer et la mine de Grimmjow lui confirma qu’elle devait être plutôt agitée quelques minutes plus tôt !

Grimmjow lâcha l’autre adolescent qui s’assit sur le lit défait, théâtre sur lequel se jouait une scène de son cauchemar quelques minutes auparavant et dont aucune bribe ne lui remontait en mémoire. Ichigo décida qu’il lui valait mieux apprécier son amnésie que de chercher à vouloir savoir absolument ce qui la harcelait.

D’une voix lointaine Ichigo qui ne voulait pas s’appesantir sur ses déboires demanda :

- Que fais-tu ici ?

L’adolescent qui était assis sur le lit se releva et partit s’appuyer contre le mur en face. Son attitude faussement nonchalante tranchait avec la nervosité de ses gestes.

- J’t’ai dit que j’passerai du temps avec toi pendant les vacances…

- Tu passes toujours du temps avec moi Grimmjow…

- Non. Ces derniers temps c’était plus pareil !

Un silence plana et Grimmjow intercepta le regard d’Ichigo qui soutint sans broncher le reproche silencieux qui lui était adressé. Une atmosphère électrique s’installa entre eux, rendant l’ambiance plombée. La rousse sortit lentement de son lit et posa ses jambes devant elle comme si elle avait peur de tomber.

- Il t’arrive quoi encore ?

- Je me… sens bizarre…

Grimmjow se redressa et se retrouva devant l’autre jeune homme qui leva les yeux vers lui. L’adolescent se sentit marqué par les yeux ambres où aucune trace de faiblesses par contre, ne s’y trouvait.

- Qu’est ce tu veux dire par bizarre ?

- J’ai l’impression d’être faible… sans force…

- T’as mangé quoi aujourd’hui ?

Le bleuté posa la question en sachant pertinemment quelle serait la réponse. Yuzu lui ayant expliquée la situation quelques minutes plus tôt. Seul un froncement de sourcil lui répondit. Alors, sans avertissement Grimmjow s’empara d’Ichigo qui plaça comme un vulgaire fêtu de paille au travers de ses épaules et il se dirigea vers l’escalier sous les hurlements de l’autre adolescent outré.

- Lâche-moi imbécile ! Je sais marcher et… qu’est ce que tu fous bon sang ?

- Yuzu a dû te préparer quelque chose…

- Crétin ! Lâche-moi !

Grimmjow la relâcha et Ichigo atterrit durement sur ses fesses. Ils étaient juste en haut de l’escalier et Yuzu entendant les cris de sa sœur se tenait en bas de ces derniers.

- Ichigo… tu vas bien ?

- Pas grâce à cet imbécile…

- Tu viens manger ?

L’estomac de l’adolescent protesta vigoureusement contre le traitement que son propriétaire lui imposait depuis quelques temps.

- T’as vu… allez descend !

- Tu n’as pas d’ordres à me donner !

- Si je t’en donnais pas… tu ferais n’importe quoi ! Regarde, un mois sans moi et t’es devenue une loque !

- Tu ne t’imagines pas que ce serait aussi de ta faute, là où j’en suis aujourd’hui…

- Et tu vas ressasser ça toute ta vie ? Encore et encore… et ça va te mener à quoi dit-moi ? Tu le fais juste pour me blesser où pour qu’on te prenne en pitié ?

- Salaud…

- La vérité ne te plaît pas ? J’dois dire que tu m’impressionnes… Tu as l’intention de faire de moi ton esclave ?

Grimmjow s’agenouilla devant Ichigo et rétorqua gravement :

- Tu peux toujours courir… Je regrette ce qui t’arrive… mais en aucun cas, tu ne feras de moi ton souffre-douleur ! Je veux t’aider car tu es mon amie. Maintenant, si tu veux m’enchaîner à toi en utilisant la pitié et la culpabilité… Tu te goures lourdement sur moi ! Alors, j’t’laisse méditer là-dessus et quand tu cesseras de voir en moi autre chose qu’une personne à manipuler, tu viendras me voir…

Grimmjow se redressa et dévala les escaliers.

- Grimm… jow… Ichigo souffla effondrée.

La porte d’entrée claqua dans un bruit sourd. Yuzu observa quelques secondes sa sœur et finalement murmura :

- Tu sais… il s’inquiète réellement pour toi ! Papa l’a appelé pour discuter avec lui et il est venu tout de suite à la maison. Il est encore là aujourd’hui… Qu’est ce que tu veux de lui exactement à part lui faire porter ton fardeau… je suis sûre que si tu le laissais t’aider tu te porterais beaucoup mieux.

Yuzu quitta les lieux et laissa sa sœur toujours assise sur le sol en haut des marches. Ichigo frappa le sol de son poing et se releva pour descendre les escaliers à son tour, moins vivement toutefois que Grimmjow. Troublée et excédée Ichigo entra dans la cuisine et trouva Karin lisant son journal sportif indifférente à la nouvelle venue. Yuzu adopta le même comportement, que sa jumelle et ignora la rousse qui faillit faire demi-tour, si ce n’était la faim dévorante qui la tenaillait.

L’adolescente attrapa une pomme mais Yuzu l’arrêta net

- Mange quelque chose de consistant, si tu ne veux pas mourir d’inanition. Que vas-tu faire avec une simple pomme dans ton estomac ? J’ai… préparé une collation pour toi.

Ichigo rougit légèrement et se rendit compte qu’elle était vraiment une mufle. Yuzu sortit une assiette et servit généreusement son frère à présent et posa cette dernière à la place qu’occupait habituellement la jeune fille.

- Mange avant que ça ne refroidisse…

Ichigo remercia sa sœur et partit s’asseoir à table. Karin baissa son journal et jeta un bref coup d’œil à son aîné.

- T’as vraiment de la chance qu’on t’aime beaucoup ! Mais n’use pas la patience de Grimmjow !

Sentant la colère l’agitée à nouveau, Ichigo essaya de se concentrer sur son assiette et empoigna sa fourchette pour la plonger dans la nourriture et s’alimenta correctement depuis bien longtemps, à la satisfaction de ses deux sœurs qui l’observaient complices.

°°0°0°°

Ichigo était mal à l’aise… cinq jours que Grimmjow l’avait planté en haut des escaliers et elle s’était avouée avec beaucoup de difficulté qu’il avait raison. Elle voulait faire de lui une sorte de prisonnier. Elle eut honte lorsqu’elle découvrit le pot aux roses. Jamais auparavant, elle n’aurait songé à utiliser un pareil subterfuge. Elle avait voulu téléphoner mais le portable de Grimmjow était injoignable. Ses sœurs la poussèrent à sortir et il lui avait fallut trois jours pour arriver à s’extirper de chez elle.

Elle avait enfilé une casquette qui descendait à ras de ses sourcils, une paire de lunettes opaques empêchait quiconque de croiser ses yeux et malgré la chaleur, elle portait un pantalon et une veste de sport dont la fermeture était remontée jusqu’en haut du vêtement. Ce dernier cachait sa bouche. Ichigo circula en ville tel un fantôme et maudit Grimmjow d’habiter aussi loin. Enfin… la distance à présent lui semblait lointaine maintenant. En fait, il y avait à peine un quart d’heure de route à pied entre leur deux domiciles.

Arrivée à destination non sans se faire remarquer, le cœur battant et les mains moites… quoique son corps transpirait sous la couche épaisse de vêtement… Ichigo sonna à la porte. La porte s’ouvrit et la jeune fille grimaça en voyant Yôichi qui barrait la route. Même si les deux frères se ressemblaient au point de pouvoir les confondre, Ichigo ne s’était jamais trompée entre les deux hommes. Yôichi paraissait le plus cool des deux mais, l’adolescente le soupçonnait d’activité peu recommandable. Grimmjow regardait toujours les gens droits dans les yeux et disait ce qu’il avait à dire que ça plaise ou non à son interlocuteur. Ce qui n’était pas le cas de son aîné.

- C’est pourquoi ?

- Je voudrai voir Grimmjow…

- L’est pas là !

- Merde !

- J’peux laisser un message ?

Ichigo réfléchit quelques secondes et voyant l’air exaspéré de l’homme devant elle, elle se décida :

- Dis lui qu’Ichigo est passée…

- Ichigo ? Attends… laisse-moi rire ! Grimmjow dit que tu t’es transformé en mec…

Et avant qu’elle ne puisse prévoir la réaction de Yôichi, ce dernier lui tira la casquette violemment laissant voir la masse de cheveux enflammée. Ichigo bondit pour récupérer son couvre-chef mais cela parut amuser énormément le jeune homme qui dans un éclat de rire la monta hors de porté du jeune homme.

- Yôichi… salaud ! Rend-moi ma casquette !

- Tss… Tss… si tu veux l’avoir… montre-moi comment tu t’es transformé… et soit polie ça changera Ichigo…

- J’ai rien à te montrer !

Ichigo s’immobilisa et se planta menaçante devant le jeune homme.

- Je savais que tu pouvais être stupide mais à ce point-là…

- Stupide ? J’ai plus la tête sur les épaules que Grimmjow…

- Lui ne s’amuserait pas avec des jeux débiles comme les tiens…

- Moi, je ne suis pas amoureux de toi ! C’est ça la différence Ichi…

Yôichi voulu arracher les lunettes de l’adolescent mais une poigne de fer l’empêcha d’atteindre son objectif.

- Rends tout de suite la casquette d’Ichigo et arrête de la faire chier…

- Oh..oh… tu viens à sa rescousse ! Pourtant, c’est un mec à présent ! Il peut se débrouiller tout seul…

- Ta gueule ! Rends lui sa casquette…

Grimmjow pressa durement le poignet de son frère qui gémit sous la poigne de fer. Yôichi rendit le couvre-chef en maugréant.

- Au fait, pourquoi tu te déguises Ichi ? T’essaye de te cacher ? Laisse-moi te dire que t’attires surtout l’attention. On dirait une fille qui se fait passer pour un mec ! T’as franchement l’air ridicule…

- J’t’ai rien demandé…

Ichigo reçut ces propos en plein cœur et serra les poings.

- Occupe-toi de tes oignons Yôichi…

- Tss ! Toi, arrête de t’adresser à elle… Que tu le veuilles ou pas Ichi… t’es devenu un homme. On peut pas le nier. Alors, si tu veux éviter le ridicule et tes déguisements à cent balles qui te desservent Un conseil… après tu fais ce que tu veux… habille-toi et comporte-toi comme nous.

Un silence de plomb s’installa qui fut interrompu par la voix féminine de la mère de Grimmjow.

- Yôichi… mêle-toi de ce qui te regarde ! Toutefois, je ne peux lui donner tort Ichigo. J’ai été stupéfaite d’entendre l’histoire de Grimmjow et je ne l’ai pas cru. Mais quand je te vois maintenant… je ne peux que constater l’évidence. Cela doit être dur pour toi…

La voix compatissante et réconfortante qui changeait terriblement des propos entendus jusque là, soulagèrent Ichigo qui se sentait prise dans une tenaille depuis quelques jours. La grande femme métissée s’approcha de l’adolescent. Le roux leva la tête pour la regarder dans les yeux. La mère de Grimmjow tapota l’épaule de la jeune fille, et Ichigo sentit son ami se crisper à côté d’elle.

- Courage Ichigo…

- Bon ça suffit ! Marmonna Grimmjow. Elle est v’nue pour moi…

Et il attrapa l’avant-bras de l’adolescente et la tira derrière lui. Ichigo se laissa entraîner sous l’œil goguenard de son frère et l’air exaspéré de sa mère. Ils traversèrent la maison pour arriver devant la chambre de Grimmjow. La jeune fille avait le cœur battant, non pas de se retrouver dans la pièce du bleuté mais plutôt, la proximité dont il faisait montre avec elle. Une fois enfermés dans la pièce, Ichigo jeta un coup d’œil rapide sans vraiment porter attention à ce qui l’entourait, trop nerveuse pour penser, pour analyser… elle voulait avoir finit avant d’avoir commencé.

- Tu m’veux quoi ?

Grimmjow se tourna vers Ichigo et l’observa avec attention entre la fente de ses yeux. La rousse se dégagea la gorge se lança :

- Je…

- Retire moi tes lunettes débiles et ta veste ! Tu crèves pas de chaud ?

Ichigo soupira exaspéré et tout en retirant ses lunettes, elle hurla :

- Bon sang ! Laisse-moi parler ! Je voulais te dire que je m’ex…

- Ok !

- Pardon ?

Grimmjow haussa les épaules et se jeta sur son lit

- Je n’t’demande pas de t’excuser… je veux juste que nous recommencions comme avant !

Le jeune homme se tourna dans son lit et observa l’adolescent planté au milieu de sa pièce.

- Ne me regarde pas comme ça…

- Attends… tu m’as dit…

- Tss ! imbécile… N’empêche arrête de te dandiner… c’est pas masculin !

- Je ne me…

- Tu n’as pas répondu à ma question.

Ichigo ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit. Mal à l’aise, la jeune fille finit par s’asseoir à même le sol.

- Grimmjow… que veux-tu de moi ?

- Juste que nous soyons ensemble…

- Pourquoi ? Nous ne sortons pas ensemble…

- Alors… sortons ensemble.

Grimmjow s’assit sur son lit et déclara sérieusement :

- Tu connais mes sentiments et c’qui nous empêchait d’être ensemble n’existe plus… Ichi… tu m’as dit toi-même que tu m’aimais. Alors quel est le mal à ce que nous soyons ensemble ?

Un silence vient répondre à la question brûlante. Ichigo frissonna. Grimmjow se redressa et s’assit en face de l’autre adolescent qui se mordillait le pouce nerveusement.

- Je ne peux pas… souffla enfin Ichigo.

- Regarde moi au moins et dis moi pourquoi, c’est impossible…

Ichigo leva la tête et plongea dans l’océan azur où une tempête intérieure semblait agiter les fonds abyssaux.

- Pourquoi ? répéta Grimmjow.

- Parce-ce que… parce ce que j’ai peur !

L’adolescent aux cheveux bleus observa son ami avec beaucoup d’attention. Ce dernier était agité. Grimmjow leva une main et caressa les bords du visage défait. Il était aussi troublé et ému qu’Ichigo mais essayait de ne pas le laisser paraître. Il se doutait bien des raisons mais voulait crever l’abcès. Il ne supportait pas les non dits.

- Pourquoi aurais-tu peur ? De moi ?

- Grimmjow… tu es toujours toi. Physiquement parlant… je parle. Ce qui n’est pas mon cas. Je ne sais plus qui je suis, ce que je suis… et tu me demandes que nous sortions ensemble… Comment… pourrions nous être comme avant, alors que je ne suis plus moi-même.

- Alors découvrons-le tous les deux !

- Et lorsque tu te seras bien amusé… tu me laisseras tomber comme tes soit disant petit amis ?

Grimmjow attrapa Ichigo par les épaules et le serra contre lui. La respiration sourde du jeune homme caressait l’oreille de l’ancienne adolescente.

- Jamais Ichi… Tu as toujours eu une place spéciale dans mon cœur. Alors t’abandonner… jamais !

Les doigts d’Ichigo s’enroulèrent dans le T.Shirt aux inscriptions punk de son ami.

- Grimmjow… tu sais qu’au fond de moi, je resterais toujours une fille… le jour où je risque d’en redevenir une… que feras-tu ?

L’étreinte autour d’Ichigo se resserra et Grimmjow après avoir réfléchi quelques secondes rétorqua d’une voix enrouée :

- Laisse-nous déjà débuter notre histoire… et laissons le temps et les événements nous montrer quelle direction, elle doit prendre.

 

Chapitre 6

Ichigo passa la journée du lendemain seule… Elle ne resta pas inactive pour autant. C’est avec un certain écœurement qu’elle s’occupa de son corps étranger. Pourtant, elle se soigna. Puis, elle partit rejoindre sa famille à table. Elle ne mangea pas beaucoup pour autant, mais grignota comme la veille au soir. Toutefois, le fait de la voir à table fut un événement en soit et chacun s’abstint de lui faire un commentaire.

L’adolescente regagna sa chambre et les autres membres de la famille crurent que le même cinéma des dernières semaines allait commencer mais en fait, Ichigo ouvrit ses tentures et ses fenêtres pour faire entrer de l’air frais. Elle rangea sa chambre et dégonda sa porte. Autant finir le travail de Grimmjow commencé la veille. Elle songea à lui parler sur sa manière d’ouvrir les portes ! Pourtant un léger sourire flottait sur ses lèvres.

Ichigo s’installa ensuite sur son lit et tira un livre. Elle se mit à feuilleter les pages mais son esprit revenait sans cesse sur son avenir. Grimmjow avait l’air de croire qu’elle redeviendrait une fille un jour ou l’autre. La seule inconnue était la date ! En attendant ce jour, qu’allait-elle faire ? Rester cloîtrée dans sa chambre ? Retourner au lycée ? Non… pas question ! Elle songea à Renji et Hisagi et la tête qu’ils feraient en la voyant comme elle était ! Cela lui brisa quelque peu le moral soudainement.

Son corps se mit à basculer doucement sur sa couche et le livre atterrit sur son torse formant une pyramide qui n’avait rien d’égyptien. A nouveau l’image de Grimmjow s’imposa à elle. Elle se sentait partagée entre amour, colère et rancune. Ses paupières se fermèrent malgré elle, et la fatigue l’emporta. Ses nerfs ne tenant toujours pas le choc de sa transformation.

°°0°0°°

Grimmjow avait finit sa dernière heure de cours et c’est à peine s’il salua le reste de sa bande. Son frère l’attendait patiemment devant le bahut et Yôichi démarra sa moto dès qu’il sentit son frère installé derrière lui. L’adolescent se remémora le sermon de ses parents la veille et têtus comme ils étaient, il était inutile pour lui de vouloir esquiver le dernier jour d’école. Par contre, ils avaient très bien compris l’inquiétude du jeune homme pour son amie.

Arrivée à destination, Grimmjow frappa à la porte de la maison Kurosaki et Yuzu vint lui ouvrir.

- Où est-elle ?

- Dans sa chambre… elle dort !

- Elle a mangé ?

- Ce matin, elle a grignoté avec nous. Et ensuite, elle est retournée dans sa chambre.

Yuzu qui tenait une louche dans la main l’agitait faiblement comme si elle rythmait ses pensées. Son attitude soucieuse et réservée fit froncer les sourcils du jeune homme qui demanda :

- Et ce midi ?

- Rien, nous n’avons pas osé aller la déranger. Elle avait l’air de si bien dormir…. C’est bizarre de dire « elle » alors qu’elle est devenue un homme.

Grimmjow ne répondit rien à son affirmation. Lui-même fut surpris de qualifier Ichigo en tant que membre de la gente féminine, alors qu’elle était devenue un homme à part entière. Et même un homme très sexy. Il avait fantasmé sur Ichigo toute la nuit. Même s’il paraissait amaigri dû à sa privation volontaire de nourriture, il se dégageait de son amie un charme auquel il était loin d’être insensible. Déjà lorsqu’elle était une fille, elle le fascinait mais maintenant, il avait l’impression de s’enchaîner un peu plus à chaque fois que son regard se posait sur « lui ».

L’adolescent monta les escaliers rapidement après que Yuzu lui permit de se rendre dans la chambre de la jeune fille. Lorsqu’il entra, il vit qu’il n’y avait plus de porte, et que les tentures étaient repoussées et attachées, et que la fenêtre était ouverte et laissait passer la brise chaude de ce premier jour d’août. Ichigo était enfouie recroquevillée dans son lit, l’oreiller étant fermement maintenu par un bras. Seul une partie de son visage était visible.

Grimmjow s’approcha doucement et observa le visage détendu par le sommeil. Ainsi endormie, Ichigo retrouvait presque… oui, presque son ancienne physionomie. Parce ce que malgré tout, la mâchoire n’avait plus rien de féminin, tout comme l’épaisseur de son cou, ou la stature de son corps. Le buste plat était là pour lui rappeler qu’Ichigo avait plutôt une poitrine généreuse à la base… les yeux bleus descendirent plus bas et le ventre plat succéda au torse, pour ensuite détailler les fesses qu’elle avait gardé rondes et musclées vu comment était tendu le tissu. Il était foutrement bien fichu et Grimmjow dut fermer les yeux pour freiner son imagination qui commençait à prendre un chemin dangereux.

Un gémissement sourd fit sursauter le jeune homme qui reporta son attention sur le visage qui maintenant affichait une mine renfrognée. Les mains du jeune homme se resserraient sur l’oreiller qu’il empoigna désespérément. Un mélange de sanglot et de gémissement se fit entendre. Le visage creusa un puits dans la forme moelleuse dans lequel seulement une partie jusqu’à présent était enterrée.

Grimmjow tendit une main hésitante vers Ichigo n’osant la toucher. Pourtant quand il entendit la voix étouffée crier

- … suis une fille ! Je ne mens pas… croyez-moi, je vous en supplie…

Le corps du jeune homme prit une position fœtale et son corps se mit à trembler violemment, Grimmjow n’hésita plus et secoua violemment son amie.

°°0°0°°

Ichigo se sentit secouée comme un prunier et cela lui donnait l’impression d’un arrière goût de déjà vécu. Surprise elle ouvrit les yeux et rencontra ceux de Grimmjow qui semblait très inquiet. Elle posa une main sur l’avant-bras du bleuté et marmonna :

- Arrête ! Tu me donnes le mal de mer…

La voix n’était pas assurée et pâteuse. Ichigo passa son autre main nerveusement dans les mèches oranges de ses cheveux qui lui parurent poisseux. Elle fronça les sourcils, c’était quoi cette impression d’avoir vécu quelque chose d’important, sans pour autant pouvoir mettre la main dessus. Ce ne devait pas être un rêve qu’elle venait d’effectuer et la mine de Grimmjow lui confirma qu’elle devait être plutôt agitée quelques minutes plus tôt !

Grimmjow lâcha l’autre adolescent qui s’assit sur le lit défait, théâtre sur lequel se jouait une scène de son cauchemar quelques minutes auparavant et dont aucune bribe ne lui remontait en mémoire. Ichigo décida qu’il lui valait mieux apprécier son amnésie que de chercher à vouloir savoir absolument ce qui la harcelait.

D’une voix lointaine Ichigo qui ne voulait pas s’appesantir sur ses déboires demanda :

- Que fais-tu ici ?

L’adolescent qui était assis sur le lit se releva et partit s’appuyer contre le mur en face. Son attitude faussement nonchalante tranchait avec la nervosité de ses gestes.

- J’t’ai dit que j’passerai du temps avec toi pendant les vacances…

- Tu passes toujours du temps avec moi Grimmjow…

- Non. Ces derniers temps c’était plus pareil !

Un silence plana et Grimmjow intercepta le regard d’Ichigo qui soutint sans broncher le reproche silencieux qui lui était adressé. Une atmosphère électrique s’installa entre eux, rendant l’ambiance plombée. La rousse sortit lentement de son lit et posa ses jambes devant elle comme si elle avait peur de tomber.

- Il t’arrive quoi encore ?

- Je me… sens bizarre…

Grimmjow se redressa et se retrouva devant l’autre jeune homme qui leva les yeux vers lui. L’adolescent se sentit marqué par les yeux ambres où aucune trace de faiblesses par contre, ne s’y trouvait.

- Qu’est ce tu veux dire par bizarre ?

- J’ai l’impression d’être faible… sans force…

- T’as mangé quoi aujourd’hui ?

Le bleuté posa la question en sachant pertinemment quelle serait la réponse. Yuzu lui ayant expliquée la situation quelques minutes plus tôt. Seul un froncement de sourcil lui répondit. Alors, sans avertissement Grimmjow s’empara d’Ichigo qui plaça comme un vulgaire fêtu de paille au travers de ses épaules et il se dirigea vers l’escalier sous les hurlements de l’autre adolescent outré.

- Lâche-moi imbécile ! Je sais marcher et… qu’est ce que tu fous bon sang ?

- Yuzu a dû te préparer quelque chose…

- Crétin ! Lâche-moi !

Grimmjow la relâcha et Ichigo atterrit durement sur ses fesses. Ils étaient juste en haut de l’escalier et Yuzu entendant les cris de sa sœur se tenait en bas de ces derniers.

- Ichigo… tu vas bien ?

- Pas grâce à cet imbécile…

- Tu viens manger ?

L’estomac de l’adolescent protesta vigoureusement contre le traitement que son propriétaire lui imposait depuis quelques temps.

- T’as vu… allez descend !

- Tu n’as pas d’ordres à me donner !

- Si je t’en donnais pas… tu ferais n’importe quoi ! Regarde, un mois sans moi et t’es devenue une loque !

- Tu ne t’imagines pas que ce serait aussi de ta faute, là où j’en suis aujourd’hui…

- Et tu vas ressasser ça toute ta vie ? Encore et encore… et ça va te mener à quoi dit-moi ? Tu le fais juste pour me blesser où pour qu’on te prenne en pitié ?

- Salaud…

- La vérité ne te plaît pas ? J’dois dire que tu m’impressionnes… Tu as l’intention de faire de moi ton esclave ?

Grimmjow s’agenouilla devant Ichigo et rétorqua gravement :

- Tu peux toujours courir… Je regrette ce qui t’arrive… mais en aucun cas, tu ne feras de moi ton souffre-douleur ! Je veux t’aider car tu es mon amie. Maintenant, si tu veux m’enchaîner à toi en utilisant la pitié et la culpabilité… Tu te goures lourdement sur moi ! Alors, j’t’laisse méditer là-dessus et quand tu cesseras de voir en moi autre chose qu’une personne à manipuler, tu viendras me voir…

Grimmjow se redressa et dévala les escaliers.

- Grimm… jow… Ichigo souffla effondrée.

La porte d’entrée claqua dans un bruit sourd. Yuzu observa quelques secondes sa sœur et finalement murmura :

- Tu sais… il s’inquiète réellement pour toi ! Papa l’a appelé pour discuter avec lui et il est venu tout de suite à la maison. Il est encore là aujourd’hui… Qu’est ce que tu veux de lui exactement à part lui faire porter ton fardeau… je suis sûre que si tu le laissais t’aider tu te porterais beaucoup mieux.

Yuzu quitta les lieux et laissa sa sœur toujours assise sur le sol en haut des marches. Ichigo frappa le sol de son poing et se releva pour descendre les escaliers à son tour, moins vivement toutefois que Grimmjow. Troublée et excédée Ichigo entra dans la cuisine et trouva Karin lisant son journal sportif indifférente à la nouvelle venue. Yuzu adopta le même comportement, que sa jumelle et ignora la rousse qui faillit faire demi-tour, si ce n’était la faim dévorante qui la tenaillait.

L’adolescente attrapa une pomme mais Yuzu l’arrêta net

- Mange quelque chose de consistant, si tu ne veux pas mourir d’inanition. Que vas-tu faire avec une simple pomme dans ton estomac ? J’ai… préparé une collation pour toi.

Ichigo rougit légèrement et se rendit compte qu’elle était vraiment une mufle. Yuzu sortit une assiette et servit généreusement son frère à présent et posa cette dernière à la place qu’occupait habituellement la jeune fille.

- Mange avant que ça ne refroidisse…

Ichigo remercia sa sœur et partit s’asseoir à table. Karin baissa son journal et jeta un bref coup d’œil à son aîné.

- T’as vraiment de la chance qu’on t’aime beaucoup ! Mais n’use pas la patience de Grimmjow !

Sentant la colère l’agitée à nouveau, Ichigo essaya de se concentrer sur son assiette et empoigna sa fourchette pour la plonger dans la nourriture et s’alimenta correctement depuis bien longtemps, à la satisfaction de ses deux sœurs qui l’observaient complices.

°°0°0°°

Ichigo était mal à l’aise… cinq jours que Grimmjow l’avait planté en haut des escaliers et elle s’était avouée avec beaucoup de difficulté qu’il avait raison. Elle voulait faire de lui une sorte de prisonnier. Elle eut honte lorsqu’elle découvrit le pot aux roses. Jamais auparavant, elle n’aurait songé à utiliser un pareil subterfuge. Elle avait voulu téléphoner mais le portable de Grimmjow était injoignable. Ses sœurs la poussèrent à sortir et il lui avait fallut trois jours pour arriver à s’extirper de chez elle.

Elle avait enfilé une casquette qui descendait à ras de ses sourcils, une paire de lunettes opaques empêchait quiconque de croiser ses yeux et malgré la chaleur, elle portait un pantalon et une veste de sport dont la fermeture était remontée jusqu’en haut du vêtement. Ce dernier cachait sa bouche. Ichigo circula en ville tel un fantôme et maudit Grimmjow d’habiter aussi loin. Enfin… la distance à présent lui semblait lointaine maintenant. En fait, il y avait à peine un quart d’heure de route à pied entre leur deux domiciles.

Arrivée à destination non sans se faire remarquer, le cœur battant et les mains moites… quoique son corps transpirait sous la couche épaisse de vêtement… Ichigo sonna à la porte. La porte s’ouvrit et la jeune fille grimaça en voyant Yôichi qui barrait la route. Même si les deux frères se ressemblaient au point de pouvoir les confondre, Ichigo ne s’était jamais trompée entre les deux hommes. Yôichi paraissait le plus cool des deux mais, l’adolescente le soupçonnait d’activité peu recommandable. Grimmjow regardait toujours les gens droits dans les yeux et disait ce qu’il avait à dire que ça plaise ou non à son interlocuteur. Ce qui n’était pas le cas de son aîné.

- C’est pourquoi ?

- Je voudrai voir Grimmjow…

- L’est pas là !

- Merde !

- J’peux laisser un message ?

Ichigo réfléchit quelques secondes et voyant l’air exaspéré de l’homme devant elle, elle se décida :

- Dis lui qu’Ichigo est passée…

- Ichigo ? Attends… laisse-moi rire ! Grimmjow dit que tu t’es transformé en mec…

Et avant qu’elle ne puisse prévoir la réaction de Yôichi, ce dernier lui tira la casquette violemment laissant voir la masse de cheveux enflammée. Ichigo bondit pour récupérer son couvre-chef mais cela parut amuser énormément le jeune homme qui dans un éclat de rire la monta hors de porté du jeune homme.

- Yôichi… salaud ! Rend-moi ma casquette !

- Tss… Tss… si tu veux l’avoir… montre-moi comment tu t’es transformé… et soit polie ça changera Ichigo…

- J’ai rien à te montrer !

Ichigo s’immobilisa et se planta menaçante devant le jeune homme.

- Je savais que tu pouvais être stupide mais à ce point-là…

- Stupide ? J’ai plus la tête sur les épaules que Grimmjow…

- Lui ne s’amuserait pas avec des jeux débiles comme les tiens…

- Moi, je ne suis pas amoureux de toi ! C’est ça la différence Ichi…

Yôichi voulu arracher les lunettes de l’adolescent mais une poigne de fer l’empêcha d’atteindre son objectif.

- Rends tout de suite la casquette d’Ichigo et arrête de la faire chier…

- Oh..oh… tu viens à sa rescousse ! Pourtant, c’est un mec à présent ! Il peut se débrouiller tout seul…

- Ta gueule ! Rends lui sa casquette…

Grimmjow pressa durement le poignet de son frère qui gémit sous la poigne de fer. Yôichi rendit le couvre-chef en maugréant.

- Au fait, pourquoi tu te déguises Ichi ? T’essaye de te cacher ? Laisse-moi te dire que t’attires surtout l’attention. On dirait une fille qui se fait passer pour un mec ! T’as franchement l’air ridicule…

- J’t’ai rien demandé…

Ichigo reçut ces propos en plein cœur et serra les poings.

- Occupe-toi de tes oignons Yôichi…

- Tss ! Toi, arrête de t’adresser à elle… Que tu le veuilles ou pas Ichi… t’es devenu un homme. On peut pas le nier. Alors, si tu veux éviter le ridicule et tes déguisements à cent balles qui te desservent Un conseil… après tu fais ce que tu veux… habille-toi et comporte-toi comme nous.

Un silence de plomb s’installa qui fut interrompu par la voix féminine de la mère de Grimmjow.

- Yôichi… mêle-toi de ce qui te regarde ! Toutefois, je ne peux lui donner tort Ichigo. J’ai été stupéfaite d’entendre l’histoire de Grimmjow et je ne l’ai pas cru. Mais quand je te vois maintenant… je ne peux que constater l’évidence. Cela doit être dur pour toi…

La voix compatissante et réconfortante qui changeait terriblement des propos entendus jusque là, soulagèrent Ichigo qui se sentait prise dans une tenaille depuis quelques jours. La grande femme métissée s’approcha de l’adolescent. Le roux leva la tête pour la regarder dans les yeux. La mère de Grimmjow tapota l’épaule de la jeune fille, et Ichigo sentit son ami se crisper à côté d’elle.

- Courage Ichigo…

- Bon ça suffit ! Marmonna Grimmjow. Elle est v’nue pour moi…

Et il attrapa l’avant-bras de l’adolescente et la tira derrière lui. Ichigo se laissa entraîner sous l’œil goguenard de son frère et l’air exaspéré de sa mère. Ils traversèrent la maison pour arriver devant la chambre de Grimmjow. La jeune fille avait le cœur battant, non pas de se retrouver dans la pièce du bleuté mais plutôt, la proximité dont il faisait montre avec elle. Une fois enfermés dans la pièce, Ichigo jeta un coup d’œil rapide sans vraiment porter attention à ce qui l’entourait, trop nerveuse pour penser, pour analyser… elle voulait avoir finit avant d’avoir commencé.

- Tu m’veux quoi ?

Grimmjow se tourna vers Ichigo et l’observa avec attention entre la fente de ses yeux. La rousse se dégagea la gorge se lança :

- Je…

- Retire moi tes lunettes débiles et ta veste ! Tu crèves pas de chaud ?

Ichigo soupira exaspéré et tout en retirant ses lunettes, elle hurla :

- Bon sang ! Laisse-moi parler ! Je voulais te dire que je m’ex…

- Ok !

- Pardon ?

Grimmjow haussa les épaules et se jeta sur son lit

- Je n’t’demande pas de t’excuser… je veux juste que nous recommencions comme avant !

Le jeune homme se tourna dans son lit et observa l’adolescent planté au milieu de sa pièce.

- Ne me regarde pas comme ça…

- Attends… tu m’as dit…

- Tss ! imbécile… N’empêche arrête de te dandiner… c’est pas masculin !

- Je ne me…

- Tu n’as pas répondu à ma question.

Ichigo ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit. Mal à l’aise, la jeune fille finit par s’asseoir à même le sol.

- Grimmjow… que veux-tu de moi ?

- Juste que nous soyons ensemble…

- Pourquoi ? Nous ne sortons pas ensemble…

- Alors… sortons ensemble.

Grimmjow s’assit sur son lit et déclara sérieusement :

- Tu connais mes sentiments et c’qui nous empêchait d’être ensemble n’existe plus… Ichi… tu m’as dit toi-même que tu m’aimais. Alors quel est le mal à ce que nous soyons ensemble ?

Un silence vient répondre à la question brûlante. Ichigo frissonna. Grimmjow se redressa et s’assit en face de l’autre adolescent qui se mordillait le pouce nerveusement.

- Je ne peux pas… souffla enfin Ichigo.

- Regarde moi au moins et dis moi pourquoi, c’est impossible…

Ichigo leva la tête et plongea dans l’océan azur où une tempête intérieure semblait agiter les fonds abyssaux.

- Pourquoi ? répéta Grimmjow.

- Parce-ce que… parce ce que j’ai peur !

L’adolescent aux cheveux bleus observa son ami avec beaucoup d’attention. Ce dernier était agité. Grimmjow leva une main et caressa les bords du visage défait. Il était aussi troublé et ému qu’Ichigo mais essayait de ne pas le laisser paraître. Il se doutait bien des raisons mais voulait crever l’abcès. Il ne supportait pas les non dits.

- Pourquoi aurais-tu peur ? De moi ?

- Grimmjow… tu es toujours toi. Physiquement parlant… je parle. Ce qui n’est pas mon cas. Je ne sais plus qui je suis, ce que je suis… et tu me demandes que nous sortions ensemble… Comment… pourrions nous être comme avant, alors que je ne suis plus moi-même.

- Alors découvrons-le tous les deux !

- Et lorsque tu te seras bien amusé… tu me laisseras tomber comme tes soit disant petit amis ?

Grimmjow attrapa Ichigo par les épaules et le serra contre lui. La respiration sourde du jeune homme caressait l’oreille de l’ancienne adolescente.

- Jamais Ichi… Tu as toujours eu une place spéciale dans mon cœur. Alors t’abandonner… jamais !

Les doigts d’Ichigo s’enroulèrent dans le T.Shirt aux inscriptions punk de son ami.

- Grimmjow… tu sais qu’au fond de moi, je resterais toujours une fille… le jour où je risque d’en redevenir une… que feras-tu ?

L’étreinte autour d’Ichigo se resserra et Grimmjow après avoir réfléchi quelques secondes rétorqua d’une voix enrouée :

- Laisse-nous déjà débuter notre histoire… et laissons le temps et les événements nous montrer quelle direction, elle doit prendre.

 

Chapitre 7

Ichigo resta manger avec la famille Jaggerjack ce soir-là. Chiaki Jaggerjack avait sermonné l’adolescent qui n’avait pas prévenu son père de son absence. La soirée fut tout aussi agitée que si la jeune fille l’avait passé dans sa propre famille… il y a encore quelques mois à peine. Ce qui laissa songeuse la rousse. Haden Jaggerjack tout comme le reste de la famille fut sidéré de rencontrer la version masculine d’Ichigo. Mais bien vite, voyant que cela chagrinait le jeune homme, car pour lui hors de question de la traiter en fille… il détourna la conversation sur les matchs de football passion partagée par ses fils et sa femme. Ichigo observa juste la discussion animée et ne donna son avis qu’à de rare occasion.

Lorsque l’adolescent quitta la maison chaleureuse, Ichigo fut surprise de voir Grimmjow la raccompagner.

- N’oublie pas que je ne suis plus une fille !

- J’sais…

- Alors pourquoi tu m’accompagnes…

- Tu pourrais te perdre…

La réflexion avait été dite avec le sourire, qu’Ichigo put voir à la faible lueur des réverbères. Il était minuit passé et très peu de monde circulait.

- Imbécile… En tant que fille, tu m’as fait assister à plus de bagarres que je n’aurais dû et maintenant… tu joues les chevaliers servants.

Grimmjow ébouriffa les cheveux oranges et marmonna entre ses dents :

- J’devrais me rattraper pour ça ! Plus question que nous nous impliquions dans quoi que ce soit de ce type…

- Qu’est ce que tu racontes ?

Ichigo s’arrêta surprise. Grimmjow se retourna et déclara sérieusement :

- Vu ce que tu traverses et… je n’ai plus envie de te voir amoché comme tu l’as été. Si un jour ça tournait mal… j’m’en voudrais.

- J’en reviens pas !

L’adolescent roux repris sa marche et déclara songeur :

- Attends… quand je suis une fille… tu me mets dans des situations impossible et j’ai gueule esquintée. Et quand je suis un mec, tu me… protèges ? Y’a pas quelque chose qui cloche quelque part non ?

- M’cherche pas…

Ichigo leva les yeux aux ciels et marmonna :

- Je peux survivre tu sais…

- Ichi…

- Quoi ?

- Demain… on reverra ta façon de marcher !

L’adolescent pila et Grimmjow faillit lui rentrer dedans.

- Qu’est ce qu’elle a ma façon de marcher ?

- Tu marches comme une fille ! Enfin, tu as retiré ta casquette ridicule et tes lunettes de soleil…

- Pour les lunettes de soleil… c’est plutôt logique. Rentre ! J’peux retrouver mon chemin maintenant…

La clinique était visible au milieu de la rue, faiblement éclairée par un réverbère. Ichigo était contrariée et n’était plus d’humeur badine. Grimmjow se comportait d’une façon étrange et c’était déstabilisant. Les deux adolescents se regardèrent en chien de faïence et le bleuté marmonna

- On s’fait un ciné et on mange dans une cafét. avant demain ?

- Ok…

- On se rejoint devant le ciné du centre ville..

- Ok…

- C’est tout ce que t’as à dire ?

- Qu’est ce que tu veux que je te dise ? Non ?

- T’es aussi chiant que t’étais chiante !

- Apparemment tu aimes puisque tu me cours toujours après…

- J’dois être dingue…

- C’est seulement maintenant que tu t’en aperçois ?

Grimmjow était exaspéré et pour le faire taire, il attrapa Ichigo par la taille et l’embrassa brièvement et se recula avec précaution. Un coup était vite arrivé et ce quel que soit sa forme. Mais le jeune homme semblait figé. Pour finalement s’énerver ce qui rassura le bleuté qui avait eu peur de le voir si… rigide.

- Tu me retouches encore une fois comme ça et je t’explose…

- On sort ensemble…

- C’est pas une raison !

- À demain…

Grimmjow quitta les lieux alors que derrière lui, il entendait des noms d’oiseaux censés le représenter. Le mot « pervers » le fit sourire et il se promit de montrer à Ichigo ce qu’était réellement la perversité. De son côté, le roux foudroyait le dos large qui s’éloignait dans la plus pure indifférence. Comment avait-elle accepté de sortir avec un crétin pareil.

- Qui se ressemble s’assemble !

Ichigo hurla et posa une main devant la bouche en reconnaissant son père. Isshin éclata de rire et déclara :

- Tu as passé une bonne soirée fils ?

Pour toute réponse, Ichigo balança son poing à la figure de son père, se remettant difficilement de la crise d’angoisse qu’il venait de lui faire passer. Isshin se caressa la joue et se promit d’esquiver la prochaine fois, car les coups de son fils, était autrement plus douloureux que sous sa forme féminine. L’adolescent partit s’enfermer dans sa chambre et se recroquevilla sur son lit, un doigt passant doucement sur ses lèvres. Le jeune homme avait l’impression d’avoir encore le souffle chaud lui caresser les lèvres. Ce n’était pas réellement un baiser mais, justement parce ce que c’en était pas un, l’impression restait d’autant plus tenace qu’il avait été volé. Maudit Grimmjow ! Mais un sourire flottait sur le visage qui peu à peu se détendait sous l’effet de la somnolence.

°°0°0°°

Ichigo arriva en avance à son rendez-vous. Il faut dire, qu’il avait passé la matinée avec ses sœurs pour trouver la tenue qui ferait le plus masculin possible, une coiffure et des accessoires qui ne fassent pas fille. Ensuite, elles avaient passé ensemble leurs temps à faire marcher Ichigo comme un garçon et atténuer le plus possible les attitudes trop féminines. La remarque de Grimmjow la veille avait fait mouche et elle ne voulait plus être la risée de ce type… et pas que lui en définitive. Elle songea à sa tenue de la veille et eut honte. Elle avait dû se faire remarquer dans tout le voisinage.

Un peu avant l’heure du rendez-vous ne sachant toujours pas quelles seraient ses réactions, le jeune homme quitta le domicile familial sous les encouragements de ses sœurs. Qui voyait de plus en plus Ichigo plutôt en frère qu’en sœur à présent. Les mains un peu moites, le roux se lança à l’assaut des rues et se rendit compte que personne ne faisait attention à lui. Il finit par lâcher un soupir de soulagement et se rendit compte qu’il pouvait se comporter comme il le faisait lorsqu’il était une fille.

Ichigo se rendit compte qu’elle-même maintenant, se considérait comme un homme. Elle s’était habitué peu à peu à sa nouvelle anatomie, quoique parfois… elle vivait encore des crises d’angoisses mais le fait que Grimmjow ne l’abandonne pas, devait y être pour beaucoup.

D’ailleurs, il vit l’adolescent appuyer contre une rambarde métallique. Le jeune homme suivait parfois quelques silhouettes mais l’adolescent était dans l’ensemble très calme. C’est ce qui étonna le roux. Au fur et à mesure que ses pas le rapprochait du jeune homme, Ichigo se rendit compte que Grimmjow paraissait plus posé et mature. Comme si… Il se sentait investit d’une mission ou quelque chose dans le genre. Le roux croisa les yeux bleus qui s’illuminèrent en se posant sur lui. La lueur appréciatrice de son regard, faillit le faire rougir.

- Tu es en avance…

- Toi plus que moi…

- J’avais des affaires à régler dans le coin ! Tu t’es amélioré depuis hier. T’as moins l’air d’une fille.

Ichigo fronça son nez et plongea ses mains dans les poches de son pantalon indécis, et avoua penaud :

- Je me suis entraîné ce matin avec Yuzu et Karin…

- J’comprends mieux…

Le roux haussa les épaules et Grimmjow invita Ichigo à le suivre. Ils marchaient côte à côte quand le bleuté demanda abruptement :

- Ichi…

- Hum ?

- Bientôt… l’école va recommencer. Que vas-tu faire ?

Le roux s’arrêta net. Il n’avait plus du tout penser à cette partie de sa vie. Grimmjow se tourna et observa l’attitude incertaine qu’affichait le jeune homme.

- Tu n’y as pas pensé ?

- Non…

- Il faudra bien pourtant te résoudre à retourner en cours. Si tu dois rester un moment sous cette forme autant que tu…

- Je ne veux pas retourner au lycée…

- Et comment vas-tu faire ?

- J’en sais rien… sûrement en changer déjà…

- Pour aller où ?

- Je… ne sais pas…

Grimmjow attendait patiemment qu’Ichigo se remette en route et ce dernier marchait hésitant, et la mine renfrognée.

- J’avais complètement oublié cette histoire de lycée…

- Tu vas faire quoi ?

- Je ne sais pas… je ne sais plus…

- Tu voulais faire quoi…

Ichigo haussa un sourcil interrogateur et Grimmjow précisa :

- Plus tard, dans ta vie professionnelle…

Ils arrivèrent dans une cafétéria et ils se servirent aux différents buffets. Grimmjow jeta un œil sur l’assiette pratiquement végétarienne d’Ichigo et ajouta de la viande à son menu.

- T’es un homme maintenant… tu tiendras jamais avec ta salade…

- Je ne veux pas être une montagne de muscles.

- Non, ça c’est pour moi… Toi tu te contentes de te remplumer un peu.

Arrivé à table, le froncement de sourcil toujours inscrit sur son front, Ichigo commença à jouer avec la nourriture. Grimmjow se cala sur la banquette et se mit à manger ses frites tout en demandant :

- Alors ? Que vas-tu faire ?

- J’en sais rien…

- Que voulais tu faire quand t’étais une fille ?

- Hum…

Ichigo réfléchit vaguement à ses rêves comme s’ils étaient devenus inaccessibles et finit par avouer mal à l’aise.

- Tu vas te moquer de moi… mais tant pis… Je voulais être maquilleuse dans le monde du spectacle…

- Chez les clowns ?

Le roux lança un regard mauvais vers son vis à vis.

- Va te faire voir Grimmjow ! Je te l’avais dit que tu te foutrais de moi…

- T’es chatouilleux ! Dans le monde du spectacle… j’avais compris. Qu’est ce qui t’en empêche ?

- Je suis un gars maintenant !

- Il y a des maquilleurs… c’est pas réservé qu’aux filles !

Ichigo se grignota le bout de ses doigts et imagina la scène. Lui en homme avec des pinceaux et des palettes de couleurs entre les doigts. Une grimace apparut sur son visage. Il ne savait plus… Lorsqu’il était une fille, elle se maquillait et passait du temps dans les magasins de cosmétiques et lisait des magazines spécialisées tandis que maintenant quand il songea qu’il pouvait se faire traiter de tapette ou d’autre chose dans le même genre, il était mortifié. Et soudain, il réalisa qu’il sortait avec un gars. Ichigo s’étouffa avec son soda et Grimmjow leva les yeux au ciel. Il avait suivit l’évolution sur les traits d’Ichigo et il se doutait qu’une catastrophe aurait lieu.

- Ichigo… faut vraiment que tu te calmes…

- Mets toi à ma place cinq minutes et on en reparle ! Je ne sais plus ce que je dois faire !

- Alors creuses-toi les méninges et arrête de gémir.

A peine, eurent-ils fini de manger que Grimmjow entraîna Ichigo au cinéma. Le cœur de jeune fille qui battait encore dans sa poitrine aurait bien voulu se diriger vers une comédie romantique. Mais lorsque ses yeux se posèrent sur ceux qui s’y rendaient… il ne s’agissait que de groupes de filles ou de couples hétéro. qui se dirigeaient vers cette salle. Grimmjow demanda patiemment :

- Tu veux voir quoi alors ?

Les yeux d’Ichigo fouillèrent les affiches placardées au-dessus du guichet et seul le film romantique l’attirait. Mais mal à l’aise encore dans son corps d’homme, Ichigo se mit à se dandiner et la voix de Grimmjow lui parvint dans un souffle :

- Ichi… tu te comportes comme une fille !

- Désolé…

- Imbécile ! Alors tu veux voir quoi ?

Après mure réflexion, un film d’action bien viril fut choisi. Le bleuté haussa un sourcil et demanda soupçonneux.

- Tu es sur de vouloir aller voir ce film… il est super violent !

- Je te dis que je veux aller le voir… je ne suis pas une fillette…

- Ça reste encore à prouver…

Grimmjow et Ichigo se retrouvèrent à la caisse et chacun paya sa place, le roux était à deux doigts de faire un scandale et le bleuté voulait arrondir les angles. Installés dans un fauteuil un paquet de pop-corn en main, Ichigo attendait que le film commence. Grimmjow retira sa veste et posa ses pieds sur le siège devant lui.

- Grimmjow… retire tes pieds de là !

- Pourquoi ?

Il prit quelques pop-corn du paquet d’Ichigo et les lança en l’air avant de les gober.

- Tu ne sais pas te tenir.

- T’es pas ma mère…

- Tss !

Ichigo mangea quelques pop-corn nerveusement quand la salle s’assombrit et le film commença. L’atmosphère sombre et pesante prit immédiatement le jeune homme par les tripes. Sans vraiment s’en rendre compte, son corps se raidit sur son siège en velours rouge. Grimmjow fit glisser ses yeux sur le côté. Le visage tendu à côté de lui, lui fit comprendre que l’ex-jeune fille n’allait pas vraiment apprécier le film qui allait contenir des scènes de tortures.

Ichigo glissa lentement sur son strapontin et déglutit de plus en plus péniblement, jusqu’à sursauter en entendant les cris de souffrances des prisonniers. Son rythme cardiaque avait adopté un rythme complètement anarchique et ses doigts tremblaient, la paume de ses mains moites l’incommodaient et elle frottait ses dernières dans son jean’s quand soudain, les yeux d’Ichigo s’arrondirent de surprise et un glapissement qui passa inaperçu avec la musique brutalement forte, se fit entendre. Le roux baissa les yeux et vit la main de Grimmjow posé sur le bas de son pantalon lui caressant la partie la plus intime de son anatomie. Relevant la tête, Ichigo vit le visage de Grimmjow à quelques centimètres du sien. La lueur de désir dans le fond de ses prunelles bleues firent déglutir Ichigo.

- Q…qu’est… ce que tu fais ?

- J’t’fais penser à autre chose…

Ichigo posa une main sur celle de Grimmjow voulant retirer l’audacieuse qui essayait maintenant de lui retirer les boutons de son pantalon. Mais Ichigo fut incapable de déloger les doigts de Grimmjow qui se faisaient de plus en plus téméraires. Un violent rougissement s’étala sur les joues du roux qui gémit entre ses dents :

- Mais… t’es pas bien… et si… et si… on nous voyait et retire tout de suite tes mains de là !

- Personne peut nous voir ! Tu crois qu’j’ai choisi notre place au hasard ? Détends-toi…

- Jamais !

Les joues maintenant cramoisies, Ichigo se crispa et lutta pour se libérer. Mais, à son grand désarrois les fermetures de son pantalon le lâchèrent et son sexe se mit à se gonfler sous les caresses instantes et circulaires que lui prodiguaient Grimmjow. Une sensation alors inconnue s’empara d’Ichigo qui se retint de gémir.

- Pourquoi tu n’restes pas calme et profiter du plaisir que je vais te donner !

- Va te faire voir ! Pas q…question !

- Tu crois que j’vais t’écouter ?

Ichigo avait la tête qui lui tournait et ne savait plus très bien ce qu’elle devait répondre. Sa résistance s’amoindrissait et Grimmjow en profita pour glisser sa main dans le boxer du roux. Ce dernier eut un hoquet de surprise et gémit doucement lorsque la main experte de l’autre adolescent caressa sa verge. La voix chaude de Grimmjow se fit caressante et murmura contre l’oreille d’Ichigo :

- Tu vois… laisse-toi faire…

Le bleuté se pencha et commença à lécher la nuque du roux qui se sentait décoller. Ichigo avait trop chaud et voulut repousser une nouvelle fois la main de Grimmjow mais il rencontra son sexe brûlant et la main de Grimmjow qui attrapa la sienne au vol et fit participer l’adolescent à ce qui devait être sa première masturbation. Ecarlate et haletant, les yeux ambres avaient les pupilles dilatées par le plaisir et la bouche entrouverte de son ami fit augmenter le désir de Grimmjow qui trouvait le roux de plus en plus irrésistible. Il le désirait et ce un peu plus chaque jour, chaque heure, chaque minute. De lui voir aborder cette expression abandonnée et en même temps si aguicheuse par son innocence et sa lascivité qu’un frisson violent traversa l’échine de Grimmjow. Il jura entre ses dents car il voulait posséder Ichigo. Son désir était violent et total. Ne pouvant pas passer à l’acte dans ce lieu, il relâcha la main du roux et descendit promptement pour lécher le sexe tendu.

Ichigo pour étouffer un gémissement glissa un doigt entre ses dents et se le mordit violemment. Elle était encore vierge lorsqu’elle était une fille, et là… de connaître ses sensations puissantes qui le prenait de l’intérieur, le poussant à en vouloir plus et qui le laissait haletant et avide, le terrorisait comme cela l’excitait en même temps. Ne sachant plus ce qu’il voulait, il réussit tout de même à articuler.

- Je t’en… prie… arrête !

Mais quand Grimmjow releva la tête et croisa l’expression relâchée et impudique d’Ichigo cela accentua son propre désir. Ses mains bloquèrent les hanches du jeune homme pour le coller contre son siège. Inconsciemment, le roux bougeait et Grimmjow avala la verge et imprégna un mouvement de va et vient avec sa bouche. Les yeux ambres étaient écarquillés et les doigts d’Ichigo vinrent se perdre dans les mèches bleues. Seuls les doux gémissements se faisaient entendre à l’oreille de Grimmjow qui discernait plus ou moins en bruit de fond la musique du film.

Il voulait qu’Ichigo se sente bien, le désire comme lui le désirait, veuille de lui autrement que comme un ami, lui faire découvrir ses premiers émois, s’abreuver de sa semence et qu’il n’ait plus peur d’être un homme. Grimmjow voulait tout d’Ichigo mais il voulait qu’Ichigo veuille tout de lui. S’il voulait que leur relation dure malgré tout ce qui pouvait les attendre tous les deux, il voulait qu’Ichigo le voit comme son homme.

Lorsque le liquide blanchâtre se répandit dans sa bouche, Grimmjow se rendit compte à quel point Ichigo était tendu. Leurs yeux se rencontrèrent et la rougeur qui se laissait voir par le changement de lumière de la salle attisa à nouveau une chaleur dans le creux des reins de Grimmjow. C’était pas possible d’être aussi sexy. Ils restèrent figés quelques instants se contemplant surpris par la violence de leurs désirs. Ichigo tremblait de tous ses membres et fut incapable de prononcer quoi que ce soit.

Grimmjow se redressa et caressa doucement le visage bouleversé d’Ichigo qui brutalement réagit comme s’il était sortit d’un rêve. Le jeune homme se rhabilla de manière désordonnée. Ne sachant quoi penser, submergé par la honte de ce qui venait de se produire, il baissa les yeux accablé. Comment avait-il pu se laisser dominer de cette manière ? Comment un épisode pareil pouvait exister entre lui et Grimmjow ? Ichigo n’en revenait toujours pas des réactions de son corps et du plaisir qu’il avait prit quelques secondes plus tôt.

- Regarde-moi !

La voix ferme et pourtant caressante de Grimmjow le déstabilisa. Ichigo détourna la tête et c’est un doigt sous le menton qui le tira inexorablement vers le visage dont il essayait d’éviter le regard. Avec une acuité soudaine, le son de la salle de cinéma envahit les tympans assourdissantes au point de lui donner le vertige. Ichigo devint blême.

- Ichigo…

- Lâche-moi…

- Regarde-moi…

Comme aspirer par la présence de l’autre, Ichigo redressa la tête et le visage de Grimmjow se trouva à quelques centimètres du sien.

- Dis-toi bien que ce n’était que le prélude… nous irons beaucoup plus loin !

- C’est… impossible…

- Tu n’as pas aimé ?

Ichigo se sentait effrayé par ce qui lui arrivait. Il avait envie de sortir et avant que Grimmjow puisse deviner sa réaction, le jeune homme bondit hors de la salle et se retrouva à l’extérieur de l’établissement remuer au plus profond de lui-même. Une main vint encercler sa taille ce qui le fit sursauter violemment. Se tournant brutalement Ichigo murmura entre ses dents :

- Je n’étais pas d’accord !

- Tu t’attendais à quoi ? Je t’aime et je te désire… Je veux plus…

Ichigo essaya de se reculer et jeta des regards mal à l’aise circulaire. Ils étaient devenus un point de mire sur le trottoir mais cela ne dérangeait pas Grimmjow. Il était focalisé uniquement sur le visage tendu et mortifié du roux.

- Je veux tout connaître de toi…

- Arrête !

- Un jour ou l’autre tu m’appartiendras…

- Pas question…

- Et c’est toi qui viendras à moi…

Ichigo leva la tête en un seul mouvement.

- Pardon ? Tu rêves là…

- J’pense pas…

Un fin sourire s’inscrivit sur les traits moqueurs de l’adolescent qui relâcha l’autre jeune homme. Ichigo tira sur ses vêtements et blême murmura :

- Je ne veux plus te voir…

- C’est c’que nous verrons !

Ichigo foudroya le bleuté du regard et quitta le trottoir sur lequel, les deux adolescents s’affrontaient quelques secondes plus tôt. Les pas du jeune homme se faisaient de plus en plus rapides, les souvenirs de ses gémissements et de ses sensations le poursuivant tel un sort que son ami lui aurait lancé. Une demi-heure plus tard, Ichigo était enfermé dans sa chambre écarlate et tremblante. Elle se détesta et détesta l’autre adolescent qui avait profité de ses faiblesses.

Que devait-il faire maintenant ? Comment affronter le regard des autres ? Sans cesse dans sa tête le film des caresses de Grimmjow venait la poursuivre et une nouvelle chaleur familière maintenant vint lui chatouiller l’entrejambe. Ichigo en aurait pleuré tellement son désir était violent… tellement sa faim de Grimmjow était inassouvie et dévorante. Qu’allait-elle devenir ? Sortant de sa chambre, le roux se précipita dans la salle de bain et se prit une suite de longue série de douches froides. Mais il n’était plus question qu’elle se retrouve seule avec ce pervers.

 

Chapitre 8

Ichigo mangeait pensivement et sentait bien les regards braqués de son père et de ses sœurs sur lui. Il grignota son toast du bout des dents et n’y tenant plus Karin demanda abruptement :

- Tu t’es fait jeté par Grimmjow ?

- Non…

- Vous vous êtes disputés par ta faute ?

Le roux haussa les épaules.

- J’m’en doutais ! Qu’est ce que t’as encore dit ou fait ?

- Rien…

Un silence s’abattit dans la pièce et Isshin eut un regard soupçonneux. Et il interrogea plus avant :

- Rien… Tu veux dire qu’il voulait que vous ayez une relation sexuelle et que tu as refusé ?

- Papa ! S’exclamèrent Karin et Yuzu.

Ichigo rougit et foudroya son père du regard

- La ferme pervers ! J’pensais juste à un truc qu’il m’a dit…

Un froncement de sourcil barrait le visage du jeune homme, une nouvelle fois.

- Papa… Je ne veux pas retourner dans mon ancien lycée… Je… comment, je vais pouvoir affronter tous ces regards sur moi ? Comment expliquer ça ?

Fit-il en désignant sa personne dans un mouvement circulaire.

- J’ai réfléchi et je voudrai rentrer dans un internat de garçon. Si je suis avec des filles… imagine qu’elles me courent après…! Où que je dois faire face à des situations embarrassantes…

- Tu sais pas c’que tu rates fils !

- Aaaarrrhhhh… au lieu de raconter des bêtises… trouve quelque chose pour qu’à la prochaine rentrée, je puisse vivre une vie normale d’adolescent… tant qu’à faire !

- Grimmjow est au courant ?

- Je lui ai dit que je changerai d’établissement…

- Et ? Insista Isshin

Le visage de ses sœurs étaient penchés en avant également, le regard soupçonneux. Ichigo eut la nette impression de se retrouver devant un stéthoscope. Le jeune homme se leva et déclara sèchement :

- J’en sais rien… Je retourne dans ma chambre. Si Grimmjow vient, je ne suis pas là !

Quelques secondes plus tard, un violent claquement de porte se fit entendre. Isshin se caressa la barbe et remarqua :

- Il a dû se passer encore quelque chose entre ses deux là !

Yuzu inquiète remarqua en s’essuyant nerveusement les mains dans son tablier :

- On peut pas laisser Ichigo toute seule. Grimmjow saura la protégée… j’ai peur qu’elle ne fasse des bêtises.

- Ouaih… il a tendance à les accumulés ces derniers temps… Karin était plongé à nouveau dans son livre.

- Je vais m’en occuper. Comptez sur votre cher papa pour arranger la situation ! Il est dit que Grimmjow et Ichigo resteront ensemble…

- J’ch’sais pas si t’as remarqué mais tu pousses ton fils à avoir une relation gay…

- Oui… mais ils vont si bien ensemble… fit Yuzu songeuse. Je les imagine mal séparés.

- Tu m’étonnes… depuis tous petits, ils sont collés l’un à l’autre…

- Justement ! Papa Isshin est là pour régler les problèmes…

- N’en rajoute pas à Ichi où il va t’étrangler…

Isshin leva le pousse en l’air avec un immense sourire et quitta comme un courant d’air la pièce. Karin observa l’espace occupé quelques instants plus tôt et marmonna :

- Je suis pas sure que ça va s’arranger avec papa…

- Moi, je pense que si. Il est trop inquiet pour Ichi et puis… Grimmjow, il le connaît bien. Il était toujours inquiet avec d’autres garçons quand Ichi sortait… mais pas avec lui.

- Ouaih… autant faire confiance au loup pour la garde des moutons…

- Il est sympa Grimmjow… qu’est-ce que tu lui reproches ?

- Rien… rien… J’monte, j’ai des trucs à préparer pour cette aprèm… A tout’

Yuzu observa le dos de sa sœur et fronça les sourcils.

- Je ne vois pas pourquoi tu crains Grimmjow Karin…

°°0°0°°

Isshin entreprit toutes les démarches de transfert pour envoyer Ichigo dans un des meilleurs établissements pour garçons. Au passage, il fit modifier le dossier de son fils et contacta Grimmjow. Ce dernier fut surpris d’avoir Isshin au bout du fil.

- Je te dérange juste quelques instants Grimmjow…

- C’est pour Ichigo ?

- Tu es au courant qu’elle veut changer d’établissement ?

- Il ! Oui… il m’en a vaguement parlé.

- J’ai procédé à son transfert…

Un léger s’installa et Grimmjow demanda :

- Vous attendez quoi de moi ?

- Je vois que la relation entre toi et Ichigo a du mal à s’établir. Je suppose que tu as dû le choquer ou entreprendre de le séduire autrement que par des paroles ?

- …

- Mais ça c’est votre problème… Grimmjow, je l’envoie dans un internat pour garçon… je te le donne, mais en échange prend bien soin d’Ichigo. Pour moi, même si elle a un physique de garçon, à l’intérieur elle reste une fille. Même si elle se donne des attitudes, même si elle essaye de se montrer forte. Je sais qu’elle a peur au fond d’elle-même.

- C’est pas vous qui avez peur aussi ?

- Egalement, je ne le cache pas ! Mais crois-tu qu’un garçon aurait les réactions disproportionnées qu’a Ichigo ? Je pense que tu l’as connaît aussi bien que moi… Peut-être plus par certains côtés… Mais, n’essaye pas non plus de te voiler la face. Tu as obtenu ce que tu voulais… Mais on a beau transformer l’extérieur, l’intérieur reste toujours le même. Et que tu le veuilles ou pas, ça restera une fille surtout qu’elle ne l’a pas désirée. Alors… je peux compter sur toi ?

- Tss ! Je serai partout où il sera…

- Merci…

- J’le fais pour moi… ne vous trompez pas.

- Oui… mais tu l’aimes…

Grimmjow ne répondit pas et raccrocha. Yôïchi passa à côté de son frère et lui demanda en voyant son air pensif :

- Encore des problèmes avec Ichigo ? A ta place… j’la laisserai !

- Ta gueule… J’t’ai rien demandé…

L’adolescent quitta les lieux et partit dans la cuisine rejoindre sa mère pour une petite conversation.

°°0°0°°

Ichigo se regarda dans la glace longuement dans son nouvel uniforme scolaire. Un costume… voilà de quoi elle était affublée. Ca lui allait bien, elle le reconnaissait… mais son autre uniforme lui manquait. Elle refusa toutefois de se retourner vers son armoire où ce dernier était rangé. Elle attrapa son sac et se dirigea vers le hall d’entrée. Isshin l’attendait patiemment et ses sœurs étaient déjà montées dans la voiture.

- Tu n’as rien oublié ?

- Non…

- Donne-moi ton sac, et monte dans la voiture.

Ichigo s’installa et son regard observa la végétation autour de la maison. Il n’y avait pas grand chose et lorsque le véhicule entreprit de se lancer sur les routes sinueuses de la banlieue de Tokyo, les pensées de la jeune fille partirent également au galop.

Elle n’avait pas revu Grimmjow depuis leur rendez-vous. Elle l’avait maudit pour avoir fait naître en elle des désirs qu’elle ne se connaissait pas avant. Et c’était encore plus fort lorsque ses pensées se tournait vers le bleuté. Elle avait même faillit se faire attraper par son père en flagrant délit de masturbation. Elle en rougit encore… Une chance qu’elle ait l’oreille fine et des réflexes prompts. Son corps était comme possédé et elle ne savait plus quoi faire pour éteindre son feu intérieur. Si elle rencontrait à nouveau le jeune homme, elle le tuerait pour ce qu’il lui avait fait ! Elle se rendit compte également que depuis qu’il n’était plus dans son environnement, elle se dénommait en elle et plus en il.

Elle ne put aller plus loin dans sa réflexion. La voiture roulait maintenant doucement à côté du trottoir où se trouvait son nouveau lycée. Il était immense et très chic, rien avoir avec son ancien bahut. Lentement, le jeune homme prit sa valise et il se dirigea vers son nouvel établissement. Isshin et Yuzu étaient excités alors que Karin et Ichigo paraissaient blasés.

- T’as quand même trop de chance de commencer une journée avant les autres…

- Le directeur voulait que je puisse me débarrasser de mes affaires et que je me familiarise avec mon nouvel environnement.

- En tout cas, papa a mis le paquet !

- J’ai quand même dû passer les tests !

- Tu t’en es sorti alors te plains pas…

Karin colla une claque dans le dos de son frère et ce dernier soupira.

- C’est ici que l’on se quitte Ichigo. Fais pas de bêtises et surtout ne te laisse pas tourner la tête par tous les mâles que tu rencontreras ici…

- Crétin !

Les adieux furent bref et Ichigo suivit son sempaï qui était venu à sa rencontre. Kaïen Shiba si elle avait bien comprit. Le jeune homme était agréable et souriant. Tout en marchant, il lui fit un topos sur son nouvel établissement, les horaires, le règlement, les activités proposées, et agrémentait le tout d’anecdotes croustillantes sur les lieux. Ichigo se détendit malgré elle et un presque sourire vint illuminer son visage.

- Voilà… c’est pas compliqué de sourire. Tu as l’air tellement sur la défensive que je me demandais si j’arriverais à te détendre.

- Désolé…

Ichigo regardait autour d’elle anxieuse. La succession de portes devant elle lui fit hausser un sourcil interrogateur.

- Y’a personne aujourd’hui. Enfin, si… en fait la plupart des élèves arriveront plutôt ce soir ou demain matin.

- Tu es juste là pour moi ?

- Non, y’a cinq autres nouveaux qui sont arrivés aujourd’hui. C’est assez amusant… l’un d’entre eux te ressemble beaucoup. Mais certainement en moins discipliné. Et puis…

Kaïen lui adressant un clin d’œil.

- C’est mon job en tant que major de cet établissement. Allez, suis-moi ta chambre est juste au-dessus. Tu l’as partageras avec un autre nouvel élève. Il est arrivé juste avant toi en fait.

- Merci…

Le brun se permit de lui ébouriffer les cheveux et dit en riant…

- Je sais pas pourquoi… mais tu dégages un « je ne sais quoi » qui donne envie de te protéger !

- J’ch’suis pas une fille ! S’énerva la rousse gênée.

- Du calme… je le sais. C’est juste…

Les yeux verts pensifs de Kaïen détaillèrent le jeune homme cherchant ce qui pouvait provoquer en lui cette envie brutale de prendre un soin particulier envers lui. Il haussa les épaules incapable de s’expliquer sa réaction.

- Voilà ta chambre. N’oublie pas que nous mangeons aux réfectoires à 18 h 30 ce soir. A tout à l’heure. Je retourne dans l’entrée, normalement il me reste un dernier étudiant à recevoir. Si tu as besoin de quoi que ce soit, vient me trouver à la chambre 13 du rez de chaussée. Je me ferais un plaisir de t’aider.

Le brun lui adressa un clin d’œil et quitta les lieux avec de longues enjambées dynamiques. Ichigo frappa discrètement à la porte et entra dans la pièce. Elle vit que des affaires étaient posés et proprement rangés sur un bureau et sur un des lits de la pièce assez grande somme toute. Le roux posa sa valise sur le lit disponible et se mit à détailler son environnement. Son voisin avait eu juste l’air de poser quelques affaires ça et là mais pas réellement d’arranger son espace.

Quelque chose retint l’attention d’Ichigo. Elle fronça les sourcils et s’approcha de la photo où elle vit une photo prise récemment par son père où elle se tenait avec Grimmjow. Sa mâchoire pendit et au même moment deux bras puissants vinrent enlacer sa taille et l’odeur reconnaissable entre toute du bleuté vint l’enivrer comme un puissant aphrodisiaque. Les mains de Grimmjow étaient posé sur son ventre et le souffle chaud de l’adolescent murmura contre son oreille :

- Tu crois tout de même pas que je vais laisser mon petit ami tout seul dans un établissement pour garçon…

- G…

Le roux se tourna vers l’autre adolescent et le foudroya du regard.

- Tu crois tout de même pas qu’après ton silence, nous sommes toujours ensemble ?

- J’ai bûché comme un malade pour réussir les tests de cette putain d’école et… j’voulais te laisser du temps…

Un silence plana et la colère du roux descendit immédiatement. Grimmjow essayait-il de se racheter une conduite ?

- Tu m’as manqué Ichi…

Avant que le roux ne puisse réagir, Grimmjow s’était penché pour embrasser sa moitié immobile. Mais, il ne se recula pas précipitamment comme avant, son visage resta à la hauteur de l’autre adolescent pour voir sa réaction ou plutôt son manque de réaction. Les yeux ambres n’avaient pas changé de couleur ou encore la pupille était toujours la même.

Soudain avant qu’il ne puisse réagir, ce fut Ichigo qui se pencha pour lui rendre son baiser. Ce dernier était timide et léger comme si le roux était lui-même surpris par son geste, et Grimmjow sentit la joie le gagner. Ainsi, il ne lui en voulait pas et il souhaitait qu’ils restent ensemble. Le bleuté passa un bras autour des épaules du plus petit et l’attira à lui pour approfondir le baiser qu’il se chargea de transformer en acte érotique signifiant ainsi qu’il n’avait pas perdu de vue ses objectifs avec le roux.

- Ichi… Tu sais où jusqu’où je veux aller avec toi… Ça te convient ?

Grimmjow se redressa et passa une main nerveuse dans ses mèches indisciplinées.

- J’n’aurais demandé ça à personne. Faut vraiment que ce soit toi…

- Je… veux ça aussi…

Ichigo était écarlate mais il soutint le regard surpris de Grimmjow. Et finit par ajouter :

- Mais… j’ai… peur… alors me saute pas dessus comme un malade !

Les dernières paroles étaient dites avec une certaine colère et le poing en avant du jeune homme firent sourire Grimmjow qui arborait maintenant un air carnassier. Le bleuté ébouriffa les cheveux roux et marmonna :

- J’prendrai mon temps avec toi…

Cette réflexion amena une expression suspicieuse chez l’autre adolescent qui fixait maintenant méfiant son vis à vis.

- C’est ce qui m’inquiète…

- Au lieu de raconter n’importe quoi… déballe tes affaires et ensuite on sort !

Ichigo se tourna vers sa valise et commença à défaire son bagage. Grimmjow se jeta sur son lit et s’installa négligemment pour observer le roux qui rangeait son bardât. La conversation roula sur leur nouveau lycée, la réaction de leur bande lorsqu’ils sauraient qu’ils avaient quitté leur ancien lycée. Une fois terminé, Grimmjow et Ichigo quittèrent leur chambre et partirent explorer leur nouvel environnement. Ils ne rencontrèrent personne… jusqu’à ce qu’une voix moqueuse les interpelle :

- Eh bien… qui aurait pu croire que je puisse avoir un double ?

Surpris les deux adolescents se figèrent et se retournèrent et observèrent stupéfait le jeune homme qui se tenait derrière eux. Il était la réplique exact d’Ichigo à part que ses cheveux étaient blanc, ses yeux semblaient phosphorescent mais dans les mêmes teintes que ceux d’Ichigo. Sa peau paraissait opalescente, il était albinos ou presque. Ses ongles étaient peints en noirs et sa tenue faussement débraillée. Un polo ouvert sur sa poitrine pâle, et un jean’s arraché à quelques endroits stratégiques. Les bagues d’argent ouvragés à ses doigts et le collier à billes noir et blanc autour de son cou attirait l’attention.

Quand l’albinos colla son visage à celui d’Ichigo et surtout quand sa langue se pourlécha ses lèvres peintes en noir, un frisson de dégoût parcourut le roux.

- Toi… il s’passera pas longtemps avant que tu finisses dans mon lit !

- Calme-toi crétin… Ichigo m’appartient !

- Oh… ton nom est adorable… On aurait presque envie de te croquer tout de suite…

- T’as entendu ce que j’viens d’t’dire ?

Le jeune homme se redressa et se gratta son oreille avec son auriculaire complètement indifférent.

- C’est qu’une question d’temps avant qu’il n’t’quitte ! T’es pas un obstacle insurmontable…

- Ah ouaih ?

Les deux adolescents se faisaient face tout en se jaugeant. La tension grimpait au fur et à mesure à en devenir étouffante. Ichigo grinça des dents et se tourna vers Grimmjow :

- Grim’ laisse-le ! J’n’ai pas l’intention de te quitter…

Les yeux bleus ne quittaient pourtant pas l’albinos qui ricana à cette déclaration :

- Comment peux-tu affirmer ça ? T’as pas goûté au menu…

Ichigo persifla entre ses dents :

- Tu crois vraiment que ça me fait envie ? Dégage et laisse-nous tranquille…

- Pas question ! Je sens que je vais beaucoup m’amuser ici… bye les amoureux. Et profites-en bien… Grim’… car bientôt, tu le verras de loin !

Et l’adolescent quitta les lieux dans un éclat de rire. Ichigo enlaça Grimmjow qui voulait se faire l’insolent.

- Grim’… Grim’… écoute-moi…

Les yeux bleus se posèrent sur le jeune homme qui le regardait suppliant.

- Crois-tu vraiment que j’ai l’intention de te quitter ? Tu es le seul avec qui j’ai passé toute ma vie et le seul en qui j’ai confiance. Il essaye juste de te mettre un doute dans ton esprit. Tu… es le seul à savoir qui je suis vraiment… Qui pourrait me comprendre mieux que toi ?

L’expression dure de Grimmjow s’adoucit et le jeune homme passa une main tendre dans les cheveux en épis.

- Je ne me gênerai pas de t’rappeler au cas ou tu manquerais à ta parole…

- Crétin !

Ichigo repoussa le jeune homme et croisa le regard vert de Kaïen qui observait la scène de loin. Une légère rougeur apparut sur les joues du jeune homme qui se sentit gêné brutalement. Il n’aimait pas trop être pris en flagrant délit de tendresse. Grimmjow se retourna et le froncement de sourcil qu’il adressa à son sempaï était clairement une menace. Ichigo attrapa discrètement un doigt de sa moitié et le tira avec lui vers une autre partit du bahut :

- Viens Grim’ on a eu assez de problèmes pour l’instant…

- Je n’laisserai personne t’approcher…

- Tu me fais des crises de jalousies ? Et si l’inverse arrivait et si tu tombais amoureux d’un autre type ? Je deviens quoi moi ?

- Ça risque pas d’arriver…

Les yeux ambres exprimaient le doute ainsi qu’une certaine peur. Cette possibilité l’effrayait soudain et Grimmjow voyant la pâleur de son ami, l’attira à lui et murmura contre ses cheveux.

- Ichi… y’a pas de risques !

Mais Ichigo n’entendait que les battements sourds de son cœur. Grimmjow… était l’homme de sa vie. Il en mourrait s’il devait le quitter.

Chapitre 9

Le lendemain se fut le cri strident du radioréveil qui sortit Ichigo de ses rêves. Elle resta un long moment immobile à fixer le plafond. Elle était désorientée. Elle entendait le souffle régulier de Grimmjow quand elle réalisa. Ils vivaient dans la même chambre ! Bon, ce n’était pas comme s’ils n’avaient jamais dormit ensemble… mais, elle était une nana à cette époque là… D’un bond, elle bondit dans la salle de bain et s’enferma avec toutes ses affaires.

C’était idiot ! Grimmjow la connaissait depuis toute petite. Mais, c’était irrationnel ! Il faut dire qu’elle avait repoussé pas mal de ses avances la veille au soir. Même si elle tentait de se raisonner, rien à faire… elle ne pouvait pas lui céder comme cela. En moins de vingt minutes, elle était sortit pour se trouver nez à nez avec son colocataire l’air pas très réveillé.

« On aurait pu prendre notre douche ensemble… Commença Grimmjow en se décrochant la mâchoire. Pourquoi tu ne m’as pas réveillé ?

— Euh… Tu dormais à point fermé et je… ne voulais pas te réveiller… »

Grimmjow lui lança un regard goguenard. Grimmjow plaqua ses deux mains de par en par de la porte ou Ichigo était toujours adossée.

« J’dirai plutôt que t’as eu peur de te faire violer… »

Ichigo rougit et balança son poing dans le bras de Grimmjow qui éclata de rire.

« Soit pas si prude ! Je t’ai déjà vu à poil aussi bien en fille qu’en mec… à moitié… » Rectifia moqueur Grimmjow. « Mais, j’aurai bientôt rattrapé cette erreur ».

— D’un, c’est déjà de trop que tu m’es vu à moitié à poil et de deux… dans tes rêves ! Marmonna Ichigo.

Le bleuté rit à nouveau. Il se redressa et laissa passer sa « proie » rougissante et qui le foudroyait du regard, mauvaise. Grimmjow lança ironique, en pénétrant dans la salle de bain

« Au cas où tu voudrais violer mon corps de rêve, je laisse la porte ouverte !

— Imbécile ! »

Ecarlate Ichigo s’assit sur son lit quelques secondes. La proximité de son petit ami l’avait troublé plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Ses mains en tremblaient encore. En fait, elle n’arrivait pas à rester calme, à maîtriser la situation. Et puis, un Grimmjow qui se baladait torse nu, avec le corps sculpté qu’il avait aurait rendu n’importe qui dingue dès son réveil. Envoyant soudain Grimmjow et son anatomie au diable, elle entreprit d’aérer la chambre et de faire son lit. En quelques minutes la chambre fut rangée.

Lorsque son colocataire revint, cette dernière brillait presque. L’étudiant ne put s’empêcher de siffler.

« C’est mieux rangé que dans ton ancien appart !

— Ta gueule !

— C’n’est pas digne d’une fille. Protesta narquois le bleuté.

— Ça tombe bien… j’n’en suis plus une ! »

Le froncement de sourcils du roux, n’échappa pas à Grimmjow. Il laissa échapper un petit soupir.

« Allons-y… avant que le réfectoire ne ferme ».

Les deux étudiants dévalèrent les volées de marches et furent bientôt cernés par d’autres élèves. Le brouhaha des conversations étaient soutenues. Grimmjow repéra la file d’attente et dirigea Ichigo qui plus petit et dans la foule n’avait rien remarqué.

Le roux attrapa son petit-déjeuner et attendit le retour de Grimmjow. Lorsqu’ils se rejoignirent, Grimmjow ausculta la pièce pour trouver une place. Il rencontra alors quelques regards, dont un qui le happa et le cloua au sol.

Son cœur accéléra inexplicablement. Le type semblait plus vieux que lui. Grimmjow se reprit en entendant la voix d’Ichigo à côté de lui.

« Grim’ t’es long… Regarde ! Des places se sont libérés là-bas ! Viens vite…

— J’te suis… »

Grimmjow tourna la tête à nouveau vers la table où il avait remarqué l’étudiant au regard de braise. Ce dernier était toujous à table accompagné d’autres élèves. Mais, il ne faisait déjà plus attention à lui. Il en eut un drôle de pincement à l’estomac. Il se reprit brutalement et intercepta le regard d’Ichigo qui le regardait surpris. Il avait déjà posé son plateau sur la table et ne comprenait apparemment pas son attitude. Quoique lui non plus ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait.

Il s’assit en face du roux qui le dévisageait scrutateur.

« Quelque chose ne va pas ? Tu as vu quelqu’un que tu connaissais ?

— Non… pas vraiment…

— Ah… »

Ichigo dévisagea Grimmjow et plissa les yeux. Avait-elle rêvé où il avait légèrement rougit. La voix de Kaïen se fit entendre derrière eux. Ils levèrent les yeux vers leur sempai.

« Bonjour, bonjour les nouveaux. Vous vous êtes fait au lieu à ce que je vois. C’est super ! J’ai déjà rencontré les autres nouveaux, ils ne me restaient plus que vous deux ! »

Kaïen tira devant lui un bloc de feuilles et prit une mine un peu soucieuse.

« J’ai une mauvaise nouvelle pour vous… J’ai votre affectation et vous ne vous trouvez pas dans la même classe.

— Quoi ! S’exclama Grimmjow, faisant sursauter quelques élèves autour d’eux.

Ichigo lui jeta un regard en coin exaspéré. Elle était aussi troublée que lui mais, essayait de garder son calme. L’étudiant marmonna dans sa direction.

« J’étais persuadé qu’on serait dans la même classe…

— Moi aussi figure-toi ! »

Le rire contrit de Kaïen reporta l’attention sur lui. Le brun se racla la gorge en voyant combien les deux nouveaux paraissaient contrarié à présent.

« Je suis sincèrement désolé. Disons que cet établissement a des mêmes classes avec des niveaux différents. Jaggerjack-kun est affecté à la 2-a… Toutes mes félicitations ! C’est la classe réservée aux surdoués ou les élèves très brillant en mathématiques ! Toi Kurosaki-kun… tu es en 2-d…

— La classe des « déchets » ? Suggéra Ichigo mi-figue, mi-raisin…

— Euh… » répondit Kaïen surpris sur le coup. « Non ! C’est aussi une des meilleurs classes mais… en littéraire. Les trois premières lettres de l’alphabet sont réservées aux mathématiques et les trois autres aux littéraires. D étant celle équivalente à A, si je faisais une comparaison.

— Mais, je suis bonne en math ! S’exclama contrariée Ichigo.

— Bonne ? Repris Kaïen en haussant sourcil interrogateur.

— Ce timbré a tendance à se prendre pour une fille… Marmonna Grimmjow. Fait gaffe Ichi… Souffla-t-il à l’intention du roux qui s’était figé.

— Ah… »

Kaïen observa quelques secondes Ichigo pour reprendre en haussant les épaules.

— Vous aurez quand même cours dans le même bâtiment et aux mêmes étages.

— Merci sempaï… » Répondit absente Ichigo.

Kaïen s’éloigna et le repas se déroula en silence. Grimmjow voyait bien la mine renfrogné du roux et qu’il allait passer un sale quart d’heure d’ici quelques minutes. Et l’orage éclata alors qu’il mangeait tranquillement sa saucisse.

« Comment un élève aussi nul que toi peut-être dans la classe des surdouées ? Demanda Ichigo en grinçant des dents.

— Je ne l’ai pas fait exprès ! » Se défendit Grimmjow la bouche à moitié pleine et la main sur le cœur.

— Comment ça tu ne l’as pas fait exprès ? Tes résultats étaient moyens dans notre autre lycée…

— J’n’ai jamais ouvert un livre… » Reconnu l’étudiant plongé dans ses réflexions. Il haussa les épaules. « Je retenais tout ce que disais le prof. Tu l’sais en plus… pourquoi tu m’fais chier avec ça ? J’t’rappelle quand même que Yoichi est un surdoué… C’est peut-être de famille ? En plus, c’est pour t’suivre que j’ai étudié… » Accusa Grimmjow brutalement.

Ichigo se pencha menaçante

« Je te fais chier ? Alors pourquoi tu m’as suivi… crétin ! Et comment t’as pu suivre les cours, tu passais ton temps à m’asticoter en cours.

— J’n’en sais rien… » Répondit Grimmjow songeur. « J’ai toujours su suivre plusieurs conversations en simultanées. Alors j’ai dû retenir bêtement… »

— Crétin… T’es un surdoué… mince… je n’aurai jamais pensé que tu sois aussi intelligent »

Ichigo observait maintenant Grimmjow avec suspicion. Grimmjow se sentait mal à l’aise pour sa part. Il ne s’était pas attendu à pareil dénouement.

« Ça fait plaisir à entendre… » Grogna t-il tout de même. T’as finit on va en cours ?

— Ouaih… Surdoué-san… Marmonna Ichigo moqueuse.

— T’as pas finit un peu de me charrier ?

— Non… c’est drôle ! »

Grimmjow ébouriffa les cheveux d’Ichigo. Les deux étudiants se dirigèrent vers la sortie, se laissant emporter par le flux des élèves. Grimmjow fronça les sourcils. Il avait la nette impression d’être observé. Il balaya les lieux du regard et il croisa à nouveaux celui de l’étudiant vu plus tôt. Sa gorge se noua. Ses yeux interceptèrent les trois barres sur le col de veste de l’étudiant. Ainsi, c’était un troisième année ? Un sourire lent s’inscrivit sur les traits de l’inconnu. Grimmjow se détourna brusquement.

Ichigo avançait d’un bon pas. Elle n’avait pas envie d’arriver en retard des le premier jour. Un bras encercla ses épaules à sa grande surprise. La voix narquoise la renseigna immédiatement sur son interlocuteur.

« Salut… mon p’tit cheval ! »

Lorsqu’elle rencontra les yeux jaunes ironiques, Ichigo lui balança son poing à la figure. Shiro esquiva sans problème et éclata de rire.

« T’es chaud comme d’la braise, mon cœur !

— La ferme… obsédé !

— C’n’est pas comme ça qu’tu devrais m’parler tu sais…

— Vas te faire voir ! »

Les deux étudiants se faisaient face. Ichigo les poings serrés et le regard assombris, alors que Shiro l’étudiait d’un regard appréciateur moqueur. Ichigo arborait un visage fermé et il lui fit un doigt d’honneur avant de disparaître, vexé. Quel taré ce Shiro… Grimmjow la rattrapa.

« Attend-moi… Pourquoi tu t’emballes ?

— Shiro ! Répondit simplement Ichigo.

— Vraiment ? » Grimmjow jeta un regard circulaire et ne vit personne. « J’l’ai pas remarqué… »

Ichigo pila au milieu du couloir et fit face à Grimmjow. L’étudiant la dévisageait surpris. Ichigo se hissa sur la pointe des pieds et posa une de ses mains sur son front. Grimmjow la repoussa agacé.

« Ça va pas !

— Tu n’es pas malade ? Shiro m’a fait des avances…

— L’enfoiré ! »

Grimmjow se maudit pour sa distraction. Que lui arrivait-il ce matin ? Il n’avait pas l’impression d’être vraiment lui-même. Il se sentait en quelque sorte dépassé. Ils reprirent leurs marchent en silence. Ichigo déchiffra les plaques.

« Grim’… je suis arrivée… A tout à l’heure…

— Ouaih ! On s’rejoint pour manger ?

— Ok ! »

Après un vague salut, Ichigo suivit Grimmjow du regard. Il avait un comportement étrange depuis qu’ils étaient entrés au réfectoire. Son intuition ne l’a trompait jamais. Elle oublia le jeune homme, quand elle entendit une voix qui l’interpellait.

« Salut… T’es le nouveau ? »

Ichigo balaya du regard l’espace et se rendit compte qu’elle était le centre de l’attention d’une trentaine d’élèves.

« Nan… ch’suis l’père Noël ! » Marmonna Ichigo renfrogné.

— Merde ! il existe vraiment et ch’suis pas au courant ! » Ricana un étudiant.

Le regard du roux fut à nouveau hapé par son premier interlocuteur. Il était plus grand qu’elle. Il avait des yeux noirs intelligents et une épaisse tignasse brune coiffé en épis. Il se présenta

« T’as le sens de l’humour… je suis Akon.

— C’est interdit ? » Marmonna le roux. « Kurosaki Ichigo.

— Ichigo ? Comme une fraise ? Demanda celui qui l’avait titillé plus tôt.

— Ogido… Arrête d’emmerder le monde !

— Que faites vous tous encore dans le couloir ? » Interrogea une voix autoritaire derrière le groupe.

Tous se tournèrent d’un seul bloc vers la voix profonde et grave qui les avait interpellés. Ichigo rencontra de magnifique yeux verts et en resta bouche bée. Si elle avait su qu’il existait d’aussi beaux profs dans cette école, elle serait venue plus tôt… Quoiqu’ils n’acceptaient pas les filles ici !

« Entrez ! »

Tous entrèrent mais, le professeur qui n’avait toujours pas quitter Ichigo du regard, l’interpella.

« Tu es le nouveau ? Kurosaki Ichigo si ma mémoire est bonne…. C’est cela ?

— Hai… »

Le regard de sphinx posé sur elle lui faisait battre le cœur. C’était le plus bel homme qu’elle n’ait jamais rencontré de toute sa vie. Et quelle distinction…

« Je suis Kuchiki Koga… Je suis ton professeur d’histoire et ton principal. Maintenant, rentre et présente-toi à l’ensemble de la classe. Quoique… tu semblais avoir déjà bien entamé la conversation !

— Hai ! »

La matinée passa comme une flèche finalement. Ichigo pensait s’ennuyer mais, les professeurs se succédaient et chaque cours était dense. Cela n’avait rien à voir avec ce qu’elle avait étudié dans son ancien lycée. Son poignet en fin de matinée hurlait de douleur et elle se maudit de ne pas avoir de dictaphone.

A l’heure du déjeuner, Ichigo s’étira et se leva pour se diriger vers le self afin de rejoindre Grimmjow. A sa surprise Akon mais, aussi Ogido, Rose, Love, Ichinose, et Yumichika se joignirent à elle sans qu’elle sache vraiment pourquoi. Son regard fouillait les environs, cherchant désespérément les cheveux bleus de Grimmjow.

« Tu as rendez-vous avec quelqu’un ? Demanda Yumichika en remarquant son agitation.

— Juste un ami…

— Il est en quelle classe ? Questionna Ogido.

— 2-a…

— T’es pas prêt de le revoir alors… Répondit le brun avec un regard entendu. Les surdoués ont leurs tables et ils ne se mélangent pas avec nous. Enfin, le moins possible… on va dire. Le directeur prétend qu’il n’y a pas de différences de traitement entre les élèves. Mon cul… Bon tout ça pour dire… oublie-le ! Lui… il ne tardera pas à t’oublier… crois-moi ! »

Ichigo n’eut pas le temps d’encaisser le coup, qu’Ichinose embraya sur un autre sujet de conversation. Comme si l’affaire était close.

« T’as prévu d’entrer dans quel club ?

— Aucun…

— Shiba-sempai ne t’as pas donné une feuille avec toutes les activités pratiquées dans ce lycée ? » Demanda Rose surpris.

Tout ce que désirait ardemment Ichigo, c’était de retrouver Grimmjow après les cours… Alors, entrer dans un club ? Il en était hors de question à présent. A moins, qu’elle ne rejoigne celui de Grimmjow ? Ils auraient l’occasion d’en parler le soir même.

« Mince… Je prends des cours d’art floral. Déclara Ogido. Il manque de participants alors, si tu veux te joindre à nous…

— Il aurait peut-être envie de participer à une activité plus… virile ? Suggéra Akon.

— Qu’est ce que t’as contre l’art floral ! Interrogea Yumichika. Rose et moi en faisons partie également…

— C’est bien ce que je disais… » Rétorqua le brun en se grattant le sommet du crâne. « Personnellement, je suis au club de chimie…

— Qu’est ce que tu fous en littérature alors ? Demanda Love.

— Je n’ai pas le choix… je dois être bon en langues étrangères et les meilleurs cours sont dans les classes littéraires. »

Tout en discutant, ils étaient entrés dans le réfectoire et s’étaient servit un plateau repas. Ichigo avait aperçut Grimmjow. Ce dernier mangeait avec appétit. Il était entouré d’amis avec lequel, il semblait particulièrement bien s’entendre. Ichigo se sentit tirée sur le côté. Elle croisa les yeux d’Akon et d’Ichinose.

« Oublie-le ! Comme l’avais dit plutôt Ogido… Lui l’a déjà fait ! »

Le roux du admettre qu’ils avaient raisons. Grimmjow était à présent sur une autre planète que la sienne. Enfin pour l’instant. Elle chercherait à en savoir plus le soir même. Elle décida qu’elle aussi allait prendre son émancipation et c’est dans une ambiance détendue que le déjeuner se déroula. Même si, elle ne pouvait pas s’empêcher de jeter des rapides coups d’oeils à la table assez proche finalement de la sienne. A sa grande surprise, Grimmjow était assis à côté de Shiro et ils paraissaient s’entendre comme larrons en foire. Avait-elle loupé quelque chose ?

Personne ne lui fit plus aucune remarque à son grand soulagement. Après les cours, Ichigo se précipita dans sa chambre. Elle allait pouvoir enfin avoir une discussion sérieuse avec Grimmjow. Elle se laissa tomber sur son lit, son sac abandonner au milieu de la pièce. Elle s’endormit comme une masse. Quand elle se réveilla une demi-heure plus tard, elle était toujours seule. Que devait-elle faire ? Au moins faire ses devoirs car vu le nombre incroyables dont elle avait hérité en une seule journée, elle ne pouvait pas se permettre d’être en retard. Et puis, elle serait plus disponible au retour de Grimmjow…

Absorbée par son travail, Ichigo ferma ses cahiers alors que le soir déclinait. Elle avait fréquemment jetée un œil à sa montre mais, avait décidé qu’elle ne se rabaisserait pas à rechercher Grimmjow. Elle soupira et partit manger. Elle mourrait de faim. Ichigo se figea sur le seuil du réfectoire. Grimmjow sortait de table accompagné des mêmes élèves que ceux du midi. Elle allait partir comme une voleuse mais, la colère reprit le dessus. Il se moquait d’elle ?

Grimmjow éclatait de rire quand il croisa son regard de braise. Il s’arrêta net ! Ses amis le regardèrent surpris.

« Ichi…

— Tu sais encore comment je m’appelle ? C’est… surprenant ! Déclara le roux narquois.

— C’est qui Grim’ ? Demanda un blond.

— C’est Kurosaki Ichigo ! » Répondit avec un grand sourire Shiro.

Le bleuté était pâle sous le regard incendiaire d’Ichigo. Shiro voulu poser un bras autour des épaules d’Ichigo dans un geste amical mais, son intervention fut stopper par Grimmjow qui malgré tout ne comptait pas laisser faire l’albinos.

« J’t’ai déjà dit de laisser Ichigo tranquille… Shiro !

— Ok, ok… j’t’laisse…

— Je vous rejoins tout à l’heure… »

Le groupe se dispersa et le couple se fit face. Grimmjow cacha son anxiété derrière une attitude de bravade, alors qu’Ichigo ne savait plus quoi penser.

« J’n’ai plus le droit de parler avec mes amis ? J’n’savais pas qu’il y avait un couvre feu…

— Je peux savoir de quoi tu me parles Grim’ ? Je ne t’ai jamais interdit de voir tes amis… Mais, je pensais que nous devions manger ensemble ce midi… où que tu serais au moins venu me rejoindre après les cours. Mais apparemment, je te gêne à présent !

— Non… Et merde ! » Grogna Grimmjow. « C’ n’est pas ça… Tu t’en es rendu compte…

— Quoi ? » Demanda Ichigo en fronçant les sourcils.

— Et bien… Les élèves de notre classe ne se mélange pas avec…

— Ok… j’ai compris ! Va les rejoindre… Je vais manger puisque moi, j’ai eu la bêtise de t’attendre ! »

Grimmjow voulu attraper l’épaule d’Ichigo. Il ne se sentait coupable de rien. Il était persuadé qu’Ichigo se ferait des amis comme lui et découvrirait le lycée comme lui l’avait découvert. Après tout, ils étaient des mecs… Grimmjow en songeant à cela, se baffa intérieurement. Il avait oublié… mais, le roux lui ne paraissait pas avoir oublié sa première condition et lorsqu’il se tourna mauvais vers lui, il déglutit.

« Ne t’avise pas de me toucher Grimmjow ou tout au moins pas avant un bon petit moment. »

Se détournant folle de rage, Ichigo se prit un plateau et empila de la nourriture qu’elle n’était même pas sûre de manger. Elle attaqua son repas rageuse et contrarié. Que se passait-il ? Elle ne comprenait plus rien ! Grimmjow représentait tout pour elle. Quoique… que représentait-elle pour lui ? Il ne s’intéressait vraiment à elle depuis qu’elle était devenue un homme. Avant, elle n’était qu’une amie. Est-ce que cela représentait une base solide et durable pour une relation ? Elle s’était emballée et avait été ravi au fond de son cœur d’avoir trouvé Grimmjow avec elle dans cette chambre…

Elle rit doucement et se rejeta en arrière, les jambes croisées sous la table dans une attitude désinvolte. Un sourire amer plissait le coin de sa bouche. Qu’était-elle en droit d’attendre de Grimmjow sincèrement ? Elle avait finit par prendre comme un avantage le fait qu’elle soit devenu un « homme ». Mais, elle dans le fond de son âme, elle se sentait toujours une femme. Devait-elle culpabilisé Grimmjow parce que son vœu l’avait transformé en homme ? Le tenir par une laisse invisible et l’empêcher de vivre sa vie ? C’était « ça » le bonheur ?

Pourquoi ce crétin l’avait rejoint ? Pour ensuite l’abandonner et… rapidement qui plus est ! Ichigo se redressa et allait se lever quand la voix de Kuchiki Koga l’arrêta.

« Vous semblez avoir des problèmes… Vous devriez en parler à l’infirmière. Unohana Retsu est très qualifié pour les problèmes de santé… mais, aussi en tant que psy. Ce qui ne gâche rien, est qu’elle est très discrète !

— Merci professeur… Mais, je n’ai besoin de rien.

— Comme vous le voulez. Mais sachez qu’il y a des personnes prêtes à vous écouter en cas de besoin…

— Même vous ? Ironisa Ichigo.

— Même moi… »

Kuchiki tourna le dos à l’étudiant. Ichigo secoua la tête déprimée. Qui pouvait la comprendre dans ce lycée ? Qui à part Grimmjow ? Mais apparemment, elle ne pouvait plus trop compter sur lui prochainement.

Chapitre 10

« Tu ne lui as pas encore annoncé ?”

Grimmjow se raidit. Il terminait de passer son hakama. Ses doigts serrèrent l’obi un peu plus qu’à l’ordinaire. Son regard glissa vers Gin, puis vers Sosuke. Les deux étudiants de troisième année paraissaient décontractés, pourtant Grimmjow savait qu’ils étaient suspendus à ses lèvres. Ils avaient déjà passé leurs armures et tenait leur men sous leur bras.

« Non, pas encore. » Avoua finalement Grimmjow honteux de la situation dans lequel il se trouvait.

« Bien… bien… » Murmura Sosuke.

Le dernière année se dirigea vers le première année et lui tapota l’épaule d’une manière compréhensive. Grimmjow déglutit. Les yeux de Sosuke n’étaient qu’à quelque centimètre des siens. La lueur affable était le pire des avertissements pour lui. Pourtant, bien loin de le menacer Sosuke était toujours amical et très chaleureux avec lui.

« Grimmjow, comme je te comprends. Gin et moi sommes en couple depuis si longtemps. Nous sommes tombés sous ton charme… Nous formons un trisome et ce n’est pas évident pour toi, d’autant que tu es plus jeune que nous, et… l’année prochaine nous, nous rentrons à la fac. Peut-être ne savons nous pas te montrer combien nous sommes amoureux de toi ? Peut-être que nous ne sommes pas très clair sur notre avenir commun ? Quoiqu’il en soit, tu devrais te poser les bonnes questions ! Si tu l’aimais tant que cela, lui cacherais-tu la relation que nous entretenons depuis maintenant un mois ? Gin, toi et moi ? Et puis… si tu l’aimais autant que tu le dis… pourquoi n’es-tu jamais passé à l’acte ? Maintenant, je vais rejoindre le dojo… Ne soit pas en retard, kouhai. »

Grimmjow vit Sosuke s’éloigner avec distinction. Gin lui effleura le menton avant de le laisser seul dans le vestiaire. Le cœur de l’étudiant s’était précipité. Que ce soit Gin ou Sosuke, ils lui faisaient le même effet. Son esprit se reporta sur Ichigo… et Grimmjow se laissa choir sur le banc. Il n’éprouvait plus que de l’amitié pour Ichigo. Et même ça, il le bafouait. Il devait lui annoncer !

Mais comment donner un nom sur ce genre d’amour ? Et puis, Grimmjow se sentait coupable… Ichigo était devenu un homme par sa faute ! Que devait-il faire pour permettre d’inverser le processus ? Tout serait plus simple si Ichigo redevenait une femme. Il priait sans cesse pour le retour à la normale de son amie… et lui permettre de quitter cet école où finalement, elle n’a plus rien à faire.

Grimmjow attrapa son men et l’enfila. Il n’avait plus de temps à passer à tergiverser. L’idée de retrouver ses sempai, le fit frissonner de plaisir. Grimmjow se sentait si bien dans la bulle qu’ils s’étaient créés tous les trois. Ils vivaient leurs amours discrètement, sans que personne ne remarque quoi que ce soit. C’était mieux ainsi, songea Grimmjow qui se dirigea vers son professeur sans jeter le moindre regard vers ses deux amants. Et tout serait meilleur, si Ichigo quittait l’établissement…

°°0o0°°

Dans la pièce, seul l’écho du vent se répercutait. L’atmosphère en était lugubre. Tout comme l’humeur de l’occupant de la chambre. La petite lampe de bureau était le seul point lumineux, renforçant cette impression d’austérité et de sinistre. Ichigo grattait sur ses cahiers et jetait de plus en plus souvent un regard à sa montre, agacé. Grimmjow n’était toujours pas là ! Certes, il était occupé depuis qu’il avait été sélectionné dans l’équipe de kendo… mais, il semblait au jeune homme qu’il revenait de plus en plus tard.

Un coup sec se fit entendre brusquement, faisant sursauter le roux. Interrompu dans ses réflexions par se son étranger. L’adolescent fixa le stylo qu’il venait de plaquer sur son cahier. Son esprit une nouvelle fois s’échappa. Ce n’était pas un rêve… Grimmjow depuis la rentrée de septembre ne la voyait presque plus. Il ne cherchait même plus d’excuses à ses absences. Au départ, il bafouillait devant le regard scrutateur d’Ichigo. A présent, c’est à peine s’il se souvenait de lui ou d’elle !

Ichigo avait prit l’habitude de sa nouvelle apparence à présent. Elle évoluait avec aisance dans son corps, même si parfois la nostalgie la guettait encore. Son esprit se reporta sur Grimmjow une nouvelle fois. Que faisait-il ? Pourquoi ne rentrait-il pas ? Le regard ambre s’attarda sur les branches d’arbres nues qui fouettaient l’air rageusement par moment. Elle devait en avoir le cœur net. La jeune femme se redressa et décida de se rendre jusqu’au dojo. Sa main attrapa une veste chaude et c’est dans un couloir pratiquement désert qu’elle s’élança.

Son regard était absent et c’est du bout des lèvres qu’elle salua les quelques élèves qu’elle reconnaissait. Ikkaku et Yumitchika voulurent discuter, mais Ichigo s’enfuie trop vite pour qu’ils puissent la harponner définitivement. Une fois dehors, elle serra contre elle, les deux pans de sa veste et partit à l’assaut des bourrasques pour se rendre au dojo. De là où elle se trouvait, elle pouvait voir les lumières allumées. Sans faire attention à l’allée goudronnée qui effectuait un détour pour parvenir à l’entrée principale, elle s’engagea sur la terre battue et couru pour se réfugier à l’arrière du bâtiment.

A sa grande surprise la porte était ouverte. Elle avait testé sans y croire. Elle s’essuya les pieds, ne voulant pas laisser de traces de son passage dans les lieux. Ses baskets ne s’entendaient pas sur la surface lisse du local de réserve. Elle colla son oreille au double battant. Son cœur cognait tellement fort qu’elle cru qu’il y avait quelqu’un dans la pièce principale. Sans bruit, Ichigo poussa la porte et jeta un œil à l’intérieur. Vide ! Désespérément vide. Pourquoi la sortie derrière le bâtiment était-elle ouverte alors ? N’importe qui pouvait voler le matériel entreposé.

Ichigo retira ses chaussures et voulu s’assurer qu’il n’y avait personne. Le bâtiment était peut-être vide, mais les lumières étaient ouvertes. Etais-ce une manie des kenshi ? Ichigo allait faire demi-tour, lorsqu’elle entendit des voix étouffées. Elle resta indécise. Devait-elle y aller, après tout cela ne la concernait pas… mais, mue par sa curiosité, elle traversa sur la pointe des pieds le dojo pour se retrouver devant les vestiaires réservé aux professeurs.

Par l’entrebâillement de la porte, Ichigo écouta la conversation et fut surprise d’entendre des gémissements sourds. Elle se figea et remarqua une chevelure bleue reconnaissable entre toute. Inutile qu’elle ouvre la porte pour savoir ce qui se tramait derrière la porte. La colère monta en elle comme un ras de marée et elle poussa brutalement le battant et resta saisit d’effroi. Son cœur s’arrêta. Tout comme les protagonistes de la scène qui fixèrent l’intrus.

Elle ouvrit la bouche tout aussi stupéfaite que les trois hommes figés dans leur accouplement. Une terrible envie de vomir la saisie. Les talons d’Ichigo se détournèrent comme mu d’une vie propre. Elle ne voyait plus rien, elle traversa la cours en ayant des raclements de gorge acide. Une grosse goutte tomba sur son front. Puis, une autre. Mais, son cerveau n’enregistrait pas l’information. La seule chose dont elle se souvenait, c’était Grimmjow prit en sandwich entre deux troisièmes années. Son expression de jouissance, puis la stupéfaction en croisant son regard.

Voilà à quoi il s’adonnait depuis si longtemps ? Elle se doutait bien qu’entre eux, il n’y avait plus rien. Mais, Grimmjow n’avait rien dit. Et elle non plus par extension. C’était plutôt étrange lorsqu’on y pensait, en connaissant leurs caractères entiers. Ils n’avaient pas su se dire les choses, comme si une barrière invisible s’était formée dans leurs esprits. Ichigo avait mal mais son regard était sec. Il se réfugia sur une des toitures de l’école ou la pluie déversait des trompes d’eaux. Qu’importe si le lendemain, il était malade… plus rien n’avait d’importance.

Ichigo vomit tout ce qu’il avait dans l’estomac, la pluie balaya bien vite le méfait. Il renversa la tête et ouvrit la bouche pour que l’eau nettoie sa gorge en feu. C’était donc cela qu’il lui proposait comme relation ? Ichigo s’aperçu qu’elle serait incapable d’identifier les deux autres personnes avec qui Grimmjow s’envoyait en l’air, son regard ayant été aspiré par celui de son ami d’enfance. Ami d’enfance ? C’était bien cela le problème… ami d’enfance.

Elle resta un long moment prostrée en observant la cour du lycée. Ses cheveux roux ruisselaient sur ses traits et dans son cou. Le visage blafard était opalescent comme celui d’un fantôme. Le regard ambre était éteint. Pourtant, à l’intérieur Ichigo bouillonnait. Mélange entre amertume, colère, impuissance, et écœurement. Qu’allait trouver Grimmjow pour se défendre ? Quelle excuse ?

Son cerveau fonctionnait très vite. Elle n’allait pas se laisser faire ! Finit de fermer les yeux… Mais, quoi dire après avoir été témoin d’une pareille scène ? Elle pencha la tête sur le côté comme si, elle essayait de percer le secret de la position qu’elle avait plus tôt dans les vestiaires. Jamais, elle n’aurait imaginé pareil… spectacle !

Ichigo s’avança vers le bout du toit et ses doigts s’agrippèrent aux grillages qui l’entouraient. Elle n’y voyait goutte. Ses pieds nus commençaient à être gelé. D’ailleurs, un claquement de dents se fit entendre. Ichigo resta un long moment immobile le dos tourné à la porte. Lorsque la voix de Grimmjow derrière elle, se fit entendre… elle écouta sans se retourner.

« Ichi… je… je suis désolé. Je voulais te l’dire depuis longtemps… Mais, j’n’ai pas pu. Tu n’comprendrais pas. C’est un coup de foudre. J’pensais que toi et moi, on était fait l’un pour l’autre… mais, mais… Quand j’ai rencontré son regard, c’était comme si j’existais plus. J’ai eu un véritable coup de foudre pour Sosuke et… Gin, et… à force de nous voir, enfin, on a débuté une relation à trois. C’est comme ça… »

Ichigo se tourna lentement sur lui-même. Il observa longuement Grimmjow et un sourire narquois fleurit sur ses lèvres. Grimmjow fronça les sourcils. Lentement, le roux traversa le toit, ses pieds nus pataugeant dans les flaques d’eau glacés. Une expression presque démoniaque s’était inscrite sur ses traits. Grimmjow se sentit mal à l’aise. Il avait eu peur de la réaction d’Ichigo… il avait pensé aux cris, et aux coups de poings, mais pas cette expression cruelle, sardonique qui lui donnait l’air d’un prédateur. Grimmjow songea à Shiro l’espace d’un instant. Ses vêtements trempés lui donnaient l’air d’un psychopathe. Il n’y avait rien de féminin chez Ichigo.

« Oh… la pauvre chose… » Ricana d’une voix rauque Ichigo. « Quel dilemme… j’en viendrais presque à te plaindre ! Maintenant que tu as trouvé l’amour de ta vie… ou les amours… je m’en fou à présent. Rend-moi mon apparence !

— Pardon ?

— Refais de moi une femme, ce que j’étais à la base !

— Mais… j’en sais rien moi. » Ragea Grimmjow en passant une main dans ses cheveux détrempé. « Ça fait plus d’un mois que j’essaie de te transformer !

— Vraiment ? »

Ichigo serra les poings, si fort que du sang coula lorsque ses ongles un peu trop longs pour un garçon déchirèrent sa paume. Son sourire disparut, ses yeux devinrent plus sombres.

« Vraiment ?

— Je n’sais même pas comment, t’as pu te transformer en mec ! » S’écria Grimmjow soucieux en voyant la lueur mauvaise dans le regard ambre. Ichigo ne riait plus.

Avant que Grimmjow ne puisse réagir, le roux lui balança un formidable coup de poing à la mâchoire, lui projetant son crâne contre la porte métallique derrière lui. Le fracas se mélangea au bruit du torrent qui tombait à présent. Un typhon devait approcher. Le vent devenait de plus en plus violent, tout comme la colère qui secouait Ichigo.

Sans attendre que Grimmjow reprenne ses esprits, le roux lui colla une droite dans l’estomac et un nouveau direct. Grimmjow se redressa en se tenant le ventre. Son regard s’était allumé d’une lueur tout aussi dangereuse que celle qu’il y avait dans celui du roux.

« Tu vas trop loin, Ichi…

— Moi ? Tu plaisantes ? » Ricana l’ancienne adolescente. « Tu as brisé ma vie… et tu dis que je vais trop loin ? Tu sais Grimmjow… je viens de me rendre compte de quelque chose. »

Voyant l’air suspicieux de l’étudiant, Ichigo continua un sourire mauvais sur le coin des lèvres.

« Je viens de m’apercevoir que le proverbe est exact… l’amour est le plus proche sentiment de la haine ! »

Une bourrasque envola la phrase… Grimmjow vit le poing d’Ichigo arrivé et l’esquiva. Les deux étudiants se lancèrent dans une lutte sans merci. Ichigo brulante de colère et de rage, aveuglée par sa haine nouvelle. Et Grimmjow qui tentait d’éviter les coups mortels, tout en essayant de maitriser son ancienne amie. Pourtant, au fil des minutes, il devenait de plus en plus difficile pour lui de retenir ses coups.

Ichigo encaissait sans broncher. Grimmjow crut que ses bras étaient devenus en coton. La force d’Ichigo par contre était réelle, décupler par ses envies de meurtres inscrites sur son front. Il devait lutter contre les éléments également, alors que le roux ne semblait absolument pas déranger par les conditions dans lequel, ils réglaient leurs comptes.

La colère grimpait au point qu’elle ne possédait plus de raison. Ichigo voulait faire mal. Faire mal à Grimmjow, comme pour le punir de toutes ses années de fausses promesses. Pire que cela… elle voulait le tuer ! Grimmjow lui rendait les coups, son corps souffrait… mais qu’importe, il ne le ferait certainement pas autant souffrir que son cœur à ce moment là.

Au moment, où elle coinça Grimmjow pour l’abreuver d’une nouvelle salve, un coup violent porté par l’arrière l’assomma. Elle tomba mollement au sol, comme s’il se fut agit d’un pantin. Grimmjow qui allait porter un coup de genoux dans l’entrejambe d’Ichigo pour l’arrêter une bonne fois pour toute, resta saisit. Il faillit perdre l’équilibre sous une bourrasque. Il s’aperçut que le sifflement du vent était assourdissant. Il leva les yeux et croisa le regard d’Aizen.

« Pourquoi lui as-tu fait ça ?

— Soit heureux que je ne lui ai pas trancher la gorge. » Répondit calmement Sosuke en jetant un regard méprisant à Ichigo. « Maintenant vient ! »

— Mais…

— Laisse-le ! Je sais que tu tiens à lui et c’est pour cette raison que je l’épargne… mais, il est hors de questions que je lui pardonne ce qu’il vient de te faire…

— Mais c’est d’ma faute et… c’est mon amie. »

Aizen observa calmement son amant. Il marcha en écrasant la main d’Ichigo qui trainait sur le sol. La pluie avait trempé le troisième année jusqu’au os. Grimmjow déglutit. Quelque chose chez Sosuke l’avait toujours impressionné, il était envouté par ce type dès qu’il l’avait aperçut. Son regard chocolat était froid pour la première fois.

« Grimmjow… Je ne t’ai jamais rien fait remarqué sur les sentiments que tu nourris à son égard, même si je ne les comprends pas. Mais, je n’accepterais pas qu’il te défonce la gueule sans rien dire. Surtout que tu n’as pas été capable de te défendre. Tu crois que je n’ai pas vu tes hésitations ?

— Tu étais là ? » S’étonna Grimmjow.

— Je tiens à toi… et je sais… que tu tiens à lui. Rentrons, tu vas attraper froid. »

Grimmjow observa le visage d’Ichigo fouetté par la pluie. Il se pencha et souleva en grimaçant le corps inerte de son amie. Une expression de désespoir traversa quelques instants ses traits, pour redevenir impassible. Sosuke se posta devant le première année et lui caressa la joue du revers de la main avec tendresse.

« Fait-ce que tu le souhaites… je ne veux pas que tu me reproches quoique ce soit. Mais, je ne supporterai pas une seconde fois un pareil comportement. Tu comprends ? Tu es aussi important pour moi que l’est Gin… S’il porte à nouveau la main sur toi, je le tue. »

Sosuke après un dernier regard quitta Grimmjow. Ce dernier suivit et croisa le regard bleu de Gin qui lui tenait la porte.

« Il t’aime beaucoup, Grimmjow, tout comme moi… Je ne supporterai pas non plus qu’il puisse t’arriver quelque chose. Hum… » Gin, baissa ses yeux sur le corps que Grimmjow tenait. « J’étais persuadé qu’il allait le tuer… Ne le tente plus la prochaine fois… »

Gin disparut rapidement. Grimmjow descendit difficilement les étages. Ichigo avait une force qui n’était absolument pas comparable à ce qu’elle était lorsqu’elle était une femme. Sa personnalité masculine s’imposait de plus en plus. Jamais l’ancienne Ichigo ne l’aurait roué de coup comme elle l’avait fait. Elle l’aurait engueulée, et giflé mais pas… ça ! Mais que savait-il sur elle après tout ? Ou il, à présent.

Il devait se rendre compte à l’évidence… Ichigo était devenu définitivement un homme. Il poussa la porte de l’infirmerie. Grimmjow était inquiet, le roux était livide, ses lèvres bleus tout comme ses pieds nus. Il fit du bruit pour réveiller l’infirmier. Ce dernier apparu les traits tirés, ses cheveux blonds en bataille et sa mine contrarié l’était plus qu’à l’ordinaire.

« C’est pourquoi ?

— Ichi… »

Grimmjow ne put rien dire d’autre. Il désigna sur la couverture le corps détrempé et bleui par le froid. Lemura repoussa ses lunettes et hurla

« Les draps !

— Connard, tu n’vois pas qu’il va crever !

— Ça je vais appeler l’hôpital… je ne peux pas le soigner… c’est… »

Grimmjow attrapa l’infirmier à la gorge et déclara sèchement

« Et bien qu’est t’attend ? »

Lemura béguailla quelque chose et repoussa Grimmjow pour se diriger vers le téléphone. Il appela les urgences et lorsqu’il revint vers Ichigo, il entreprit de le déshabiller. Grimmjow avait déjà commencé. Le blond déclara sèchement.

« Va chercher des draps secs dans l’armoire. Je vais l’envelopper à l’intérieur. Trouve moi aussi une serviette… »

Grimmjow l’aurait envoyé promener, mais Ichigo paraissait plus mort que vivant. Il s’exécuta. Quelques minutes plus tard, le roux était étendu au sec, enroulé chaudement dans des couvertures. Lemura lui avait fait une piqure et c’est ce moment là que choisit le médecin des urgences pour intervenir.

La femme était plutôt jeune et jolie. Grimmjow ne comprenait rien au charabia que le personnel soignant utilisait, si ce n’est qu’Ichigo était vraiment mal en point. Lorsqu’il se retrouva seul dans l’infirmerie, Grimmjow resta planté au milieu de la pièce, comme s’il ne réalisait pas ce qu’il s’était passé.

Non, il ne réalisait pas ce qu’il venait de se passer. Il éternua bruyamment. Il avait chopé la crève lui aussi… Il sortit son portable et composa un numéro de téléphone. La voix d’Isshin se fit entendre, endormis.

« Kurosa…

— Kurosaki-san… Ichigo a été admis à l’hôpital de la ville… »

°°oOo°°

Ichigo se réveilla difficilement. Il leva les yeux et observa le plafond. Où se trouvait-il ? Il ne connaissait pas cette chambre qui lui faisait vaguement pensé à celle d’un hôpital. Et pourquoi avait-il si mal à la tête ? Enfin pas qu’à la tête apparemment ! Il fit courir ses mains sur son corps et se figea. Il était de nouveau une fille ?

Brutalement, il s’assit sur le matelas. Sa tête lui tourna. La porte s’ouvrit et une infirmière hurla en la voyant se débattre avec ses perfusions.

« Ah non ! Veuillez rester calme, Kurosaki-san… vous avez été très malade… et ne toucher pas aux perfusions ! »

Ichigo s’arrêta lorsqu’elle rencontra le regard d’Isshin.

« Papa ?

— Ma fille… je suis si content de te revoir…

— Papa… qu’est ce qu’il m’est arrivé ?»

Ichigo parlait d’une voix blanche. De « il », il était passé à « elle » au moment où il acceptait sa nouvelle identité ! Il allait devenir fou, ou folle. Isshin sourit chaleureusement à sa fille et prit une chaise pour s’asseoir à côté de sa fille. L’infirmière avait réussit à faire se rallonger la lycéenne.

« Ne faites pas d’efforts inconsidérés ! » Maugréa-t-elle. « Vous avez été très malade… enfin, Kurosaki-san va vous expliquer mieux que moi. Si vous avez besoin de quoique ce soit, Kurosaki-sensei, n’hésitez pas à sonner !

— Merci Kudo-san… »

Isshin suivit du regard, la silhouette qui s’effaçait derrière la porte. Ichigo elle observait son père avec attention.

« J’ai été si malade que ça ?

— Pleurésie et… quelques hématomes à soigner, ainsi qu’une fracture au poignet.

Ichigo observa ses mains où seul un bandage subsistait.

« Ton plâtre a déjà été enlevé. Les médecins ont préféré te laisser inconsciente pour que tu ne souffres pas trop. Tu nous as fait une belle peur… Que s’est-il passé ? Pourquoi te promenais-tu sans rien sur le dos en pleine nuit et sous un déluge pareil ?

Les souvenirs en même temps que son père s’exprimait, revenaient en masse. Le regard bleu de Grimmjow, la colère, ou plutôt la rage qui l’avait submergé lui semblait tellement étrangère à présent. Enfin, une chose était sûre à présent pour elle, c’est qu’elle haïssait Grimmjow. Son père l’étonna.

« C’est Grimmjow qui m’a appelé… qui a prévenu les secours. Il est venu tous les week-ends pour savoir comment tu allais. »

Ichigo observait ses mains attentivement. Elle étouffa un ricanement nerveux et tourna la tête vers la fenêtre.

« Je suis dans cet état depuis combien de temps ?

— Un mois…

— Je ne pourrai plus aller dans mon lycée…

— Non. D’ailleurs, j’ai fait les papiers pour te retirer… je t’ai ré-inscrite à ton ancien établissement. Renji, Chad, Shouhei et Izuru sont venus te voir… et même ton ancien patron… Starck Coyote.

— Ah…

— Je vois que je ne tirerai rien de toi pour l’instant, alors repose-toi.

— Comment… tu as expliqué mon départ aux autres ? Demanda Ichigo en tournant son visage las, à nouveau vers son père.

— J’ai toujours dit que tu étais partit dans la famille à Kobe, dans un établissement privé select pour jeune fille. Enfin, tu vois ce genre de choses… » Rit Isshin heureux de sa trouvaille. « J’ai simplement annoncé que tu t’y sentais seule finalement, et que tu avais décidé de rentrer à la maison… mais, qu’entre temps. »

Isshin tapota du plat de sa main les couvertures. Il murmura

« Espérons que tu ne te transformes plus… Les excuses vont être très difficiles à trouver…

— Le plus gênant c’est pour moi papa !

— Oui, oui… tu es la seule personne au monde à qui ce genre d’aventure est arrivé ! Finalement, tu préfères être une fille ou un garçon ?

— Une fille !

— Oui, je me disais aussi ! »

Isshin adressa un sourire plein de tendresses à sa fille à la mine renfrognée. Ichigo était toujours aussi pâle et amaigrit. Isshin n’avouerait pas à sa fille la peur qu’il avait éprouvé durant ce mois où elle avait été entre la vie et la mort. Il ne lui dirait pas non plus qu’il avait eut une discussion musclée avec Grimmjow. L’étudiant avait seulement dit que tout ce qui arrivait à Ichigo, était entièrement sa faute.

L’arrivée de Renji, Chad, Nell, Shouhei, Rukia et Uzuru avaient permis à Grimmjow de partir. Tous avaient essayé de parler à leur ancien camarade de classe, mais ce dernier était aussi fermé qu’une huitre. Isshin le saurait de toute façon tôt ou tard… Ichigo parlerait, enfin, il l’espérait.

Ichigo resta seule. Son regard fatigué se porta sur les fleurs, les fruits et les magazines qui encombraient la pièce. Finalement, ses yeux glissèrent sur son corps. Une femme une nouvelle fois ! Elle fit basculer le lit dans une position plus allongé avec l’interrupteur du matelas. Elle ferma les yeux. Elle renvoya dans le fond de sa mémoire tous les souvenirs des derniers mois qui décidaient de la hanter. Non ! Elle ne se laisserait pas abattre.

Un certain engourdissement la gagna. Son ancienne vie la rattrapait et cette fois-ci, elle se ferait sans Grimmjow.

°°0o0°°

Ichigo descendit rapidement les marches de sa maison. Elle croisa Karin et Yuzu qui l’observaient inquiètes.

« Quoi encore ? » Demanda Agacée l’adolescente.

— Tu es sûre que ça va Ichigo ? » Interrogea Yuzu inquiète.

— Pourquoi cela n’irait pas ? » Rétorqua agacée la lycéenne.

Ichigo attrapa une briquette de jus de fruit et son bento pour quitter la clinique. Yuzu et Karin s’observèrent dubitatives.

« Tu crois qu’elle s’en sortira pour son retour au lycée ? S’inquiéta la plus jeune.

— Oh… c’est Ichigo ! On ne devrait pas s’inquiéter… »

Les deux jumelles s’observèrent une nouvelle fois, avant de grimacer. Ichigo était totalement différente depuis qu’elle était revenue de son dernier lycée. Peut-être parce qu’elle était devenu à nouveau une fille ?

 

 

Chapitre 11

Installée au fond de la classe, à côté de la fenêtre, Ichigo suivait à peine le cours qui était dispensée. Que lui importait après tout ? Elle l’avait déjà vu dans son ancien établissement. En entrant dans la pièce plus tôt, elle avait du se présenter à nouveau. C’était étrange, mais pour son plus grand soulagement, elle ne connaissait personne dans la pièce.

Quelques élèves avaient tenté de l’approcher à l’interclasse, mais son froncement de sourcil et son regard noir avait stoppé toute tentative de rapprochement amicale. Seule, et enfermée dans ses pensées, elle avait eu tout le loisir de se souvenir du temps où elle se trouvait dans le même établissement que Grimmjow. Si elle n’était pas devenue un homme, il ne vivrait pas une relation à trois à l’heure actuelle…

Une relation à trois… c’était pour les détraqués ! Peut-être, mais elle… elle se sentait seule et perdue. Depuis qu’elle avait quitté le lycée, se sentiment lui pesait. Même si Grimmjow n’était plus vraiment à ses côtés, ils se voyaient au dortoir et quelque fois aux interclasses, et maintenant… plus rien. Une espèce de vide où le silence criait si fort, qu’il en était étourdissant.

Ce qui était clair également, c’est qu’elle n’avait eu aucun mal à s’adapter à sa condition féminine. Finalement, c’était comme le vélo. Une fois qu’on avait été une femme, cela revenait automatiquement. Elle n’avait pas éprouvé le soulagement auquel, elle s’était attendu alors qu’elle rêvait d’en redevenir une. En fait, cela ne lui faisait ni chaud, ni froid. Elle avait de toute façon perdu la seule chose auquel, elle tenait… Jaggerjack Grimmjow. Et qu’elle soit aussi bien un homme ou une femme, cela n’y changerait rien !

Son regard une nouvelle fois balaya la salle de classe. Les uniformes étaient différents. Les élèves étaient différents. Elle devait recommencer sa vie de zéro. Le sourire carnassier de Grimmjow lui manquait. Il avait toujours fait parti de son univers. Elle avait envie de pleurer… certes, c’était un salaud, mais comment se sevrer aussi rapidement d’une relation qui a duré pratiquement toute une vie ?

Jouant avec son crayon nerveusement, elle s’était mise à le faire rebondir sur son bureau, et n’entendis pas et encore moins ne vit le regard furieux que lui lançait son professeur.

« Kurosaki-chan ! »

Cette fois-ci, Ichigo l’entendit et reporta son attention vers son professeur principal.

« Bienvenue parmi nous ! Lança ironiquement Yoshino Soma. Je vais profiter de votre présence, pour vous demander de traduire le texte de la page 45 de votre livre. »

Ouvrant son ouvrage à la page indiquée, Ichigo lu rapidement le texte avant d’en commencer la traduction sans difficulté. Lorsqu’elle referma la couverture, le silence qui avait fait place, la surpris.

« Ai-je mal traduit ?

— Non, non… c’est très bien Kurosaki ! »

Le cours repris, et Ichigo songea qu’elle avait de la chance, il ne s’agissait pas de math. Et elle n’avouerait pas non plus qu’elle avait déjà vu ce texte quelques semaines auparavant. L’adolescente tenta de se reprendre. Pas question qu’à cause de Grimmjow, elle perde encore du temps… Elle devait le rattraper et surtout l’oublier. Mais plus facile à dire qu’à faire. Elle avait beau faire, elle se prenait toujours la tête pour lui, depuis qu’elle était réveillée. Comme si elle n’arrivait pas à tourner cette foutue page, alors qu’elle… qu’elle avait vu…

La pause déjeunée fut pire. Nell, Rukia, Hinamori et Inoue vinrent la rejoindre à la pause déjeunée. Sa mélancolie ne s’était toujours pas évaporée.

« Eh bien, nous ne nous attendions plus à te revoir Ichigo. Que s’est-il passé ? Où étais-tu ? Questionna Rukia.

— À Kobe…

— Kobe ? Mais, qu’est ce que tu es partie faire là-bas ?

— Je voulais prendre l’air. »

Les trois adolescentes se regardèrent puis reportèrent leur attention sur une Ichigo qui n’avait toujours pas sorti son bento, et qui semblait indifférente à ce qui l’entourait.

« Ichigo… Nous allons prendre notre déjeuner dehors…

— Par ce froid ? S’étonna la rousse. Je reste ici.

— Sors un peu de ta classe… Proposa gentiment Nell. Je suis sûre que cela te fera du bien, plutôt que de rester replier sur toi-même. Ecoute, si cela t’es vraiment insupportable, tu pourras revenir ici. Enfin, je veux dire…

— Très bien. Je vous suis. Mais, je n’ai pas spécialement envie de parler. »

Ichigo enfila sa veste, et sortit enfin son bento de son sac, sous le regard des filles qui l’attendaient patiemment. Le groupe s’éloigna de la classe et monta à l’étage supérieur pour se retrouver sur les toits. En voyant le chemin emprunté, le cœur d’Ichigo se mit à battre plus vite. Et comme elle l’avait craint, l’ensemble de l’ancien groupe était là. Leurs sourires étaient véritablement ravis. Renji se précipita devant elle, et déclara

« Bienvenue parmi nous ! Tu nous as manqué Ichi…

— Contente de vous retrouver.

— Tu m’as l’air aussi joyeuse qu’Ulquiorra dans ses grands jours. Remarqua Kiego moqueur.

— Je n’ai pas envie de rire.

— Qu’est-ce qui t’es arrivée, Ichi ? »

Surprise, elle tourna son visage vers Hisagi. Ce dernier se tenait en retrait, mais son froncement de sourcil et sa mine préoccupée indiquait clairement l’inquiétude qu’il ressentait pour elle.

« Rien…

— Moi, je me demande où est passé Grimmjow ? Commença Hinamori. Il était toujours collé à tes basques et là, tu es seule. Regarde, lorsque tu nous as quittés pour partir à Kobe, il t’a suivi. Mais maintenant tu reviens ici seule.

— Et ? Interrogea Ichigo mal à l’aise.

— Que s’est-il passé entre vous ? Ton père semblait sur le point de vouloir lui faire la peau la dernière fois où…

— Cela suffit ! Coupa Ichigo d’une voix forte. Écoutez… Je n’ai pas envie d’en parler. Tout ce que vous avez besoin de savoir c’est que Grimmjow à trouver chaussures à ses pieds et qu’entre lui et moi… et bien… »

Ichigo se détourna et se rapprocha de la grille qui entourait le toit. Hinamori allait ouvrir à nouveau la bouche, mais Inoue posa un doigt sur sa bouche.

« Je crois que nous avions dit que nous la laisserions tranquille. Puis se tournant joyeusement vers le groupe consterné, elle lança dans un rire. Et si nous mangions à présent ? Nous avons tous faim, n’est-ce-pas ? Allez, allez… à table !»

Pour renforcer ses dires, elle se tapa violemment l’estomac. Ulquiorra arrêta son poing alors qu’elle allait se frapper une nouvelle fois.

« Inutile d’être aussi explicite. Nous avions compris. »

Enfermé dans son silence, Ichigo ouvrit son bento et le mangea adossée contre le grillage, le regard dans le vague. Personne n’osait plus s’approcher d’elle, sauf Hisagi.

« Tu devrais rester auprès de nous… Cela t’éviterait d’attraper la crève. »

Ichigo leva les yeux vers son ami. Elle allait lui répondre vertement, mais s’en abstint, elle ne savait pas pourquoi. Le mutisme d’Ichigo, inhabituel par sa longueur inquiéta l’adolescent.

« Cela ne sert à rien de remuer le passé… Apparemment, il ne reviendra pas. Alors viens ! »

La main que lui tendit Hisagi, Ichigo l’examina longuement sans un mot. Tous les regards étaient braqués sur eux. Visiblement, ils attendaient quelque chose. Au moment où Shouhei allait la laisser retomber, Ichigo la saisit. Hisagi la tira doucement en avant et la poussa vers le groupe, qui d’un comme un accord silencieux n’aborda plus le sujet.

Le regard d’Ichigo passait sur les visages souriants de Renji, Rukia, Nell, Inoue, Ganju, Kiego, Tatsuki et plus modérés d’ Ulquiorra, Uzuru, Mizuiro, Chad et Hisagi. Dire qu’elle pensait ne plus les revoir. Dire qu’elle avait tout fait pour les oublier… sans remord. Grimmjow, elle pensait que c’était pour la vie… ou plutôt, elle s’était voilée la face, quelque part c’était beaucoup plus pratique.

Maintenant, ceux qu’elle avait soigneusement mis de côté, essayait de lui redonner le sourire, sans explications, sans lui demander de comptes… elle n’était qu’une pauvre tâche ! Mécaniquement, elle mangea du bout des lèvres, se contentant d’écouter les anecdotes où les plaisanteries qui fusaient. Elle était incapable de retrouver l’entrain qui la caractérisait auparavant.

Retournant en cours, elle sursauta lorsqu’une main effleura la sienne. Surprise, elle leva les yeux vers Hisagi et se souvint brutalement, en rencontrant son regard inquiet, qu’il l’aimait. Tout comme Renji. Furtivement, elle glissa son attention vers son autre sempai et s’aperçut qu’il la couvait du même regard dont l’abreuvait Hisagi. Sa gorge se noua. Elle s’écarta et regagna sa salle.

Son cœur s’était affolé l’espace d’un instant, ou sa raison ? Pour se venger… elle pourrait les utiliser. Montrer à Grimmjow qu’il n’était pas le seul à pouvoir tourner la page. Mais cela ne serait pas juste ni pour Hisagi, ni pour Renji… ni pour qui que ce soit. Pour l’instant, elle voulait avoir la paix ! Plus d’aventures, plus d’émotions, seulement… seulement quoi ? Que voulait-elle ?

Un sourire amer se dessina sur ses lèvres. Et si Shouhei et Renji se seraient retrouvés dans la situation de Grimmjow qu’auraient-ils fait ? L’aimaient-ils réellement et l’auraient-ils accepté homme et femme ou bien, auraient-il fait comme Grimmjow… Ne l’accepter que dans le sexe qui leur convenait ? Quoique non, même ça finalement, il ne l’avait pas accepté.

En fin d’après-midi, toujours plongé dans ses pensées moroses, elle remonta chez elle, en compagnie de Chad, Mizuiro, Kiego, Inoue et Hisagi. La conversation roulait sur leur journée et sur les fêtes de Noël toute proche à présent. Chacun essayant de deviner avec qui il serait susceptible de passer cette fête des amoureux. Surprise, Ichigo s’arrêta brusquement et posa un regard étonné sur Shouhei.

« Tu n’habites pas de ce côté-ci de la ville Shouhei…

— Non. Approuva l’étudiant.

— Alors pourquoi fais-tu un détour pareil ?

— À ton avis ? » Demanda calmement Hisagi.

Un silence gêné prit place. Inoue éclata soudain de rire et tira Chad et Mizuiro par leurs manches.

« Bon, je crois que nous allons vous laisser seuls. Euh Chad ! Tu crois qu’ils vendent encore les bonbons qui font splash dans la bouche, et qui sont de toutes les couleurs ?

— De quoi tu me parles encore ? Marmonna le colosse au calme olympien.

— Eh Ichigo… au cas où tu ne l’aurais pas remarqué Shouhei enpmdlfjdlqmerus… »

— Bon, bon… on va vous laisser ! » Déclara Inoue la main scotchée sur la bouche de Kiego qui commençait à devenir bleue sous l’étreinte de fer de l’adolescente.

Chad retira la main d’Orihime et laissa Kiego reprendre son souffle tout en le tirant à sa suite. Le groupe laissa le couple seul. Ichigo se sentait mal à l’aise, son cœur se mit à battre plus vite. L’expression d’Hisagi était tellement claire, qu’Ichigo savait ce qui allait se produire… et elle ne voulait pas l’entendre. Lorsqu’il ouvrit la bouche, son regard s’était fait suppliant, mais la détermination du jeune homme ne fléchit pas.

« Ichigo… Tu connais mes sentiments pour toi. Je ne te les ai jamais cachés…

— Écoute Shouhei… ce n’est pas le moment, je n’ai pas envie de t’écouter, surtout pas pour cela. Je voudrais que nous restions amis.

— Impossible ! »

Les yeux d’Ichigo s’arrondirent légèrement. Hisagi s’était rapproché d’elle, de telle sorte qu’ils se retrouvaient face à face. L’adolescente sentait la chaleur du corps de son ami avec acuité, ils se frôlaient presque.

« Ichigo, c’est impossible. Je t’ai cherché durant ses longs mois. Je n’ai fait que penser à toi. Je ne sais pas ce qui s’est passé entre Grimmjow et toi. Je n’en sais rien, et je… je m’en moque. Tout ce que je souhaite à présent que je t’ai retrouvé, c’est de sortir avec toi. J’ai perdu assez de temps, et je ne suis pas le seul à être sur les rangs. Je ne peux pas te laisser partir.

— Shouhei… tu m’as l’air un peu désespéré… Tenta Ichigo pour détourner la conversation.

— Ichigo… Je t’aime. »

Un lourd silence s’abattit sur le couple. Hisagi avait atteint l’apogée de son stress, quoique… maintenant, il avait avoué ses sentiments, ce qu’il refoulait depuis si longtemps parce que Grimmjow était toujours l’obstacle à ses désirs ; son cœur retrouvait un rythme plus confortable… même s’il allait exploser sous cette attente.

Hisagi faisait des efforts considérables pour éviter de prendre Ichigo dans ses bras. L’air vulnérable qu’elle affichait depuis son retour l’agaçait, il l’a préférait intrépide. Mais, il ne savait pas ce qui s’était passé entre Grimmjow et elle. Il ne se moquait pas de ce qui lui était arrivé, et s’il tenait cette andouille de Jaggerjack, il lui ferait la peau !

« Shouhei… j’aimerai te dire oui. Mais, c’est non. Je pourrai faire comme si… Mais, je ne peux pas. Je ne sais même pas où j’en suis. »

Ichigo sentait le stress monter, et l’expression neutre d’Hisagi ne l’aidait pas. S’il était aussi passionné que Grimmjow, il se serait emporté, ou… fait ou dit quelque chose d’inconséquent sur lequel, elle aurait rebondit, ils étaient tellement identiques ! Renji à la limite aurait réagit comme elle aurait aimé également. Elle n’appréciait pas le calme et ce côté responsable de Shouhei. Elle avait envie de le frapper pour cela ! La colère grimpa, en même temps que sa frustration.

« Écoute, ce n’est vraiment pas le moment pour ça ! Restons amis… J’ai besoin de calme et de…

— Non. Répondit sereinement Shouhei.

— Pardon ? Demanda Ichigo d’une voix éteinte.

— Non… Tu fuis. Si je reste à tes côtés, se sera uniquement en tant que petit ami, mais pas en tant qu’ami. J’en ai assez de souffrir en silence… Mets-toi aussi un peu à ma place ! Que ferais-tu ? Ne serais-tu pas la première à refuser ce genre de proposition, alors que tu connais les sentiments de ton soi-disant ami ? Je ne serai pas hypocrite… Si Renji veut remplir ce rôle, je le lui laisse. Tu me dis que tu as besoin de temps… Mais combien de temps te faudrait-il accepter que Grimmjow ne te rende jamais tes sentiments ? Combien de temps te faudra-t-il un larbin à tes côtés pour pouvoir pleurer… »

Une gifle retentit sur le chemin de halage. Ichigo foudroyait Hisagi du regard. Ce dernier émit un petit ricanement, un sourire satisfait s’affichait sur ses traits.

« J’ai cru que tu n’étais plus qu’une pauvre petite chose, mais je vois que tu as toujours une bonne droite…

— Tu l’as fait exprès ? »

Ichigo était estomaquée. Elle fixait à présent Hisagi sans comprendre. Ce dernier effleurait sa joue du bout de ses doigts, tout en l’examinant.

« Je t’aime Ichigo. Que tu le veuilles ou pas, et je suis prêt à te le dire un nombre incalculable de fois pour que tu le comprennes. Mais, s’il y a une chose que je ne supporte pas, c’est que tu t’apitoies sur toi-même comme maintenant. As-tu l’intention de rester figée encore combien de temps ? Réagit ! Même si tu finis par me détester… au moins, ce ne sera pas de l’indifférence.

— Je ne te savais pas si bavard Shouhei…

— Cela fait des années que je me tais, commença Hisagi soudain en colère fronçant les sourcils comme son interlocutrice, tout ça pour un type qui n’aime que les hommes et qui s’est bien foutu de toi ! Comment veux-tu que je le prenne ? Cet égoïste t’as fait miroiter une possible relation. Et toi… toi… tu ne voyais que lui, alors que tout était voué à l’échec !

— Dit que je suis une imbécile ? S’échauffa toute seule Ichigo.

— Oui tu en es une… »

Ichigo voulu gifler à nouveau Shouhei, mais ce dernier captura son poignet avant que sa main ne percute à nouveau son visage. L’expression dure qu’affichait Shouhei mis Ichigo hors d’elle. De quel droit, se permettait-il de dire qu’elle était une imbécile ? Pourquoi lui avait-il dit qu’il l’aimait pour finalement l’insulter ? C’était quoi ce genre d’amour ? Pourquoi la mettait-il au pied du mur ? Pourquoi ne la laissait-il pas tranquille à la fin ? Ivre de rage, elle bondit sur Hisagi et laissa libre court à toutes les émotions refoulées depuis tant d’années.

Shouhei esquiva ou empêcha les coups d’arriver à leurs points d’impacts. Peu à peu son expression se modifiait pour laisser voir de la peine. Elle était tellement identique à la sienne… qu’Ichigo sentait ses forces l’abandonner. Était-ce elle qui se l’imaginait ? S’arrêtant aussi brutalement qu’elle avait commencé, Ichigo fixa Shouhei comme si elle le voyait pour la première fois. Il se tenait toujours sur ses gardes, même s’il s’était relâché. Son regard noirs et profonds, lui renvoyait un sentiment de calme… toute son expression, lui disait combien il l’a comprenait.

« Pourquoi ? Chuchota Ichigo. Pourquoi il m’a fait cela ? Pourquoi toi, tu acceptes ça ? »

Abandonnant sa colère, seule la tristesse la submergea. Elle bondit contre le torse d’Hisagi et le frappa de ses poings fermés, mais cela n’avait plus rien à voir avec les coups qu’elle lui portait plus tôt. Shouhei encaissa sans broncher. Les sanglots d’Ichigo se firent entendre déchirants, remplacé peu à peu par des pleurs silencieux. Hisagi enlaça les épaules secouées des spasmes, et son regard fixait les mèches rousses en désordre.

« Pourquoi ? Pourquoi ? Chuchota l’adolescente.

— Je ne peux pas t’apporter de réponses… Mais, je te comprends.

— Pourquoi fais-tu cela… Fit Ichigo en levant son regard rougit. Je te déteste !

— Je préfère cela à ton indifférence. Répondit Hisagi du tac au tac.

— Je ne suis pas indifférente ! Décréta sèchement Ichigo.

— Tss… Tu ne m’as jamais regardé de toute ta vie, sauf maintenant.

— Imbécile, je t’ai toujours vu.

— Je te parle de regarder, pas balayer du regard… »

Ichigo cessa de pleurer et s’aperçu qu’Hisagi la tenait dans ses bras. Ils étaient si prêts qu’elle remarqua pour la première fois le tatouage à la base de sou cou qui était en parti caché par le col de sa chemise. Elle observa les tatouages sous son œil. Trois lignes fines, grises horizontales. Malgré elle, et fascinée, elle leva ses doigts vers eux pour les effleurer. Et les rétracta lorsqu’ils entrèrent en contact avec la chair chaude.

« Tu ne m’as jamais vraiment regardé. Constata Shouhei sans sourire. Ou même Renji… Nous avons été logés à la même enseigne. Toute ton attention, tu ne l’as jamais porté que sur Jaggerjack ! Tu l’admirais tellement, qu’il m’était impossible de pouvoir me faire me remarquer un tant soit peu, et quoique je fasse. Continua-t-il fataliste. La seule chose que j’ai pu trouver pour que tu poses ton regard sur moi un tant soit peu, c’était de te dire ouvertement que je t’aimais… Tu n’as même pas bronché. »

Hisagi se recula de quelques centimètres et glissa un doigt sous le menton d’Ichigo pour qu’ils puissent se regarder bien en face. Il n’y avait aucune trace de colère dans son regard, juste du fatalisme.

« Cela faisait rire Grimmjow, mais pas moi. Renji s’était résigné, je n’ai jamais pu le faire… Mais maintenant qu’Abarai te voit à nouveau libre, avec une plus grande possibilité pour toi de pouvoir tombée amoureuse, il veut se remettre sur les rangs. Il n’en est pas question ! Sauf, si… si tu le choisissais lui, bafouilla soudain Hisagi mal à l’aise, ou bien tout autre personne autre que moi. Je veux dire par là que… que je veux tenter ma chance en premier… Je suis pathétique. » Marmonna-t-il à la fin exaspéré.

Shouhei lâcha Ichigo et se recula comme si le contact le brûlait. Passant une main nerveuse dans ses cheveux, le jeune homme termina sous le regard scrutateur d’Ichigo.

« J’ai tellement voulu que tu ne vois que moi… Enfin, si tu prends une décision me concernant, je ne veux pas de ta pitié ou enfin… je te laisse réfléchir à tout ça. Je vais finir par croire que je suis aussi égoïste que l’autre… Tss… oublie ce que je viens de te dire. »

Et avant qu’Ichigo ne devine les intentions d’Hisagi, ce dernier tourna les talons et la quitta en courant, se réfugiant dans l’obscurité qui était tombée durant leur conversation.

« Shouhei… Shouhei… imbécile, reviens ! »

Mais, il était trop loin et l’adolescente s’aperçu que ses jambes flageolaient tellement qu’elle était incapable de faire le moindre mouvement pour le suivre. Mais quel grand crétin ! Et elle… n’était pas mieux ! Ichigo balaya les environs pour s’apercevoir qu’elle était seule sur la berge. Au loin, un cyclo arrivait la lumière allumée. Le ciel se parsemait d’étoiles et elle ne voyait plus de puis longtemps le dos d’Hisagi.

Elle soupira et repris sa route. Shouhei mentait, elle avait toujours fait attention à ceux qui l’entouraient. Par exemple… Inoue ! Elle aimait… des trucs bizarres. Chad aimait… des trucs calmes… Kiego… faire l’andouille. Et… et… merde ! Elle n’en savait rien ! Hisagi… elle le connaissait depuis sa première année de collège et voilà qu’elle s’apercevait qu’elle ne connaissait en rien ses goûts. Elle réfléchissait… Shouhei était calme, posé… quoique parfois, il sache parfaitement rendre les coups qu’on lui portait.

Que faisaient-ils lorsqu’ils étaient en groupe auparavant ? Ichigo se tortura les méninges jusqu’à ce qu’elle rentre enfin chez elle. Elle énuméra : Ils allaient aux jeux d’arcades, ils allaient au ciné en groupe ou acheter des mangas, allaient chercher quelques poux aux bandes rivales… mais mis à part cela, elle se rendit compte qu’individuellement, sauf pour Grimmjow, elle était incapable de citer ne serait-ce une chose qu’ils aimaient. Le regard de Shouhei l’obséda toute la soirée.

« Ichigo… Arrête d’être dans la lune, depuis tout à l’heure papa ne fait que parler au poster de maman parce que tu ne lui prêtes pas attention ! »

Surprise, Ichigo leva les yeux vers Karin et s’aperçu qu’effectivement son père se roulait devant le poster de Mazaki.

« Papa… t’es pathétique ! » Lança Ichigo méprisante.

— Mazaki ! tu entends comment notre fille nous parle ? Je déteste l’adolescence… »

Ichigo passa devant son père et le snoba, mais bien loin de se laisser impressionner Isshin lui barra la route, et un sourire carnassier aux lèvres demanda

« Je peux connaître le nouvel objet de ton tourment ?

— Pardon ? Et c’est quoi cette manière de me parler ? S’irrita Ichigo.

— Disons qu’habituellement ses derniers temps, tu paraissais amorphe et sans vie.

— Et je ne vois pas le rapport…

— Aujourd’hui, tu es rentrée seule, à pas d’heure… et tu fronces à nouveau les sourcils… T’as même attrapé un pli entre les deux yeux ! »

Ichigo loucha pour voir de quoi son père lui parlait avant de le repousser lorsqu’il tenta de lui désigner le marquage indélébile sur son front.

« Imbécile !

— Son doux prénom ? » Insista Isshin tout sourire et les yeux papillonnants.

Ichigo s’aperçut que Karin et Yuzu étaient suspendus aussi à ses lèvres.

« Arrêtez de vous faire des idées !

— C’est vrai que tu n’as pas retrouvé ta joie de vivre, ma fille… mais, je suis sûr que celui qui te fait battre ton cœur à présent, est digne de notre confiance.

— Dégage ! »

Repoussant son père, elle réussit malgré une nouvelle intervention dont Isshin avait le secret à échapper à sa curiosité. Arrivée dans sa chambre, elle fit claquer le battant suffisamment fort pour faire part de sa désapprobation.

« Tu crois qu’elle va nous en vouloir ? Demanda Yuzu inquiète.

— Bah… Ichigo a enfin abandonné son air de chien battu… Je pense qu’elle est sur la bonne voie, et que d’ici peu elle sera comme avant…

— Tu crois ? Questionna Isshin plein d’espoir en posant son regard sur Karin.

— Ahhh… Tu devrais mieux connaître tes enfants, papa ! Bien sûr, qu’elle va redevenir ce qu’elle était. Surtout qu’il n’y a plus Grimmjow dans les parages pour… »

Karin se tu brusquement et quitta la pièce, contrariée. Jaggerjack, si elle le tenait, elle lui ferait la peau sans aucun remord ! Si seulement, les amis d’Ichigo avaient raison… si seulement, elle pouvait tourner cette foutue page Jaggerjack, tout rentrerait dans l’ordre.

°°0o0°°

Le bar était bondé. Les salarymen se bousculaient au comptoir, et certains agitaient leur bière. La sueur se mélangeait aux relents d’alcools de plus ou moins bons qualités, donnant des envies de vomir à Shouhei qui observait son oncle servir ses clients maintenant passablement éméchés.

Observant la bière qu’il lui avait versé pour le consoler de ses peines de cœur, Shouhei se demandait s’il avait bien fait de parler comme il l’avait fait à Ichigo ?

Mais bon, les déclarations fanfaronnes de Renji l’avaient agacé, et il était certain qu’avec ce genre de comportement Ichigo se fermerait définitivement. Renji et Grimmjow avait un caractère assez similaire. Ils fonçaient dans le tas sans se poser de questions ! Qu’importe les conséquences… Et lui, il attendait depuis si longtemps qu’ELLE le voit ! Pas l’effleurer du regard comme auparavant.

Un sourire naquit sur ses lèvres. Et Ichigo l’avait enfin remarqué ! Oh certes, il ne savait pas si cela lui apporterait du positif ou s’il venait définitivement de se couler. Mais peu lui importait dans le fond. Elle ne pouvait plus être indifférente ou faire comme si cela n’avait pas d’importance. Peu importe à présent si elle le rejetait… il souffrirait une bonne fois pour toute, irait se souler la gueule après avec ses potes, et se tournerait enfin vers un autre avenir avec quelqu’un d’autre.

Toussotant, Shouhei attrapa son verre et avala une large gorgée. Elle était forte ! C’était une brune ! Il jeta un œil mauvais à son oncle qui indifférent essuyait son comptoir délaissé par quatre clients. Un homme le poussa avec sa sacoche, Shouhei le repoussa de mauvaise humeur. Il ne voulait pas finir sous la table alors que le lendemain, il devrait affronter son regard.

Soudain son cœur se mit à battre… et si elle choisissait quelqu’un parmi leurs amis que ferait-il ? Il déglutit péniblement… Il ne le supporterait pas. Merde ! Sa vie était drôlement compliquée depuis le retour de Kurosaki. À croire qu’il allait finir par regretter le temps ou Grimmjow était là… et d’ailleurs que s’était-il passé entre eux, pour qu’Ichigo soit dans un état pareil ? Les bobards d’Isshin, il ne les avait pas crus.

Le souvenir des yeux ambre chaleureux posés sur Grimmjow refit surface à la mémoire d’Hisagi. Si seulement, elle pouvait le regarder avec ses yeux là… Si seulement, il pouvait cesser de souffrir… Il devrait faire comme n’importe quel adolescent de son âge, se tourner vers des filles plus faciles. Après tout, nombreuses étaient celles qui s’étaient déclarées. Il avait l’embarras du choix, alors pourquoi s’emmerder avec une chieuse ?

Shouhei ne remarqua pas, qu’il avait finit son demi-litre de bière, et avait perdu de l’éclat dans son regard. C’est avec difficulté qu’il se leva pour regagner sa maison. Son père lui ferait certainement sa fête pour être rentré si tard. Hisagi songea qu’il rentrerait par la fenêtre du premier. C’est en ayant la tête dans sa main droite qu’Hisagi rentra. L’autre étant occupée à garder le contact contre les parois en bois des clôtures.

D’habitude, il ne buvait pas… ou à peine un galopin de bière blonde. Le demi-litre de brune l’avait achevé. D’ailleurs son amertume ne quittait pas son palais, un peu comme ses sentiments. Finalement, c’était l’alcool qui se mariait le mieux à son humeur. Shouhei s’arrêta net en voyant que tout le rez-de-chaussée de sa maison était allumé. Il allait se faire descendre en règle. Oubliant sa migraine, il traversa en silence le jardin, et se faufila près de la gouttière pour l’escalader.

Alors qu’il pensait être arrivé à bon port, un bruit comme quelque chose qui se dessellait avec un craquement métallique lui fit battre le cœur un peu plus vite. Voulant attraper le rebord du balcon pour se mettre à l’abri, le jeune homme n’eut que le temps de crier et alerter par la même occasion, ses parents de son retour peu glorieux au bercail.

Se redressant sur les coudes, une grimace de douleur déformant ses traits, Shouhei observa le mur nu, plus équipé de la précieuse gouttière en zinc. Sa grimace se fit un peu plus large lorsqu’il vit les trous causés par les pattes de scellements arrachées. Mais son cœur s’arrêta lorsque la voix de son père remarqua derrière lui, alors qu’il s’apercevait qu’il avait toujours la gouttière entre les cuisses, et ses mains.

« Fils ! Je crois que nous allons avoir une très longue conversation cette nuit ! Lâche-moi cette gouttière et rentre à la maison… »

Et merde ! Sa migraine était non seulement de retour, mais en plus il avait mal au dos. Se redressant, il maugréa. Et dire qu’il s’était pris la tête toute la soirée pour Ichigo… malgré lui, Hisagi entra chez lui, et le regard sombre de son père lui fit comprendre qu’il en avait effectivement pour un long moment avant de pouvoir ruminer seul sur sa mauvaise fortune du moment.

 

 

Chapitre 12

Se furent les gouttes qui fouettaient la fenêtre qui réveillèrent Ichigo. Se retournant pour faire face au mur, elle fixa les tentures à peine éclairées par son radio réveil. L’adolescente leva les yeux vers sa fenêtre, et sans se lever tira du bout de ses doigts le double rideau qui pendait à côté de son lit. Le ciel était brouillé par la pluie, telle une aquarelle chargée d’humidité d’un gris noir encrassé. La neige ne tomberait pas cet hiver ? Les yeux ambre suivaient distraitement les taches translucides qui s’éclataient violemment contre la paroi en verre.

Une nouvelle journée commençait déjà. Le regard d’Ichigo tomba sur son réveil, elle n’avait plus qu’une demi-heure à rêvasser. Elle s’étira tel un chat, une de ses jambes testa la fraîcheur de ce début de matinée. Bon, inutile de traîner ! Elle devait se secouer… Faisant voler ses couvertures. Elle bondit dans la salle de bain, coupant la route à Karin qui hurla.

« Nan ! C’était moi la première !

— Trop lente !

— Ichigo, sort de là…

— Crève ! »

Ichigo haussa les sourcils lorsqu’elle entendit l’acharnement dont faisait preuve Karin, qui secouait la porte sur laquelle, elle s’était adossée. Un fin sourire éclaira ses traits. Elle se déshabilla et apprécia quelques minutes plus tard le jet d’eau sur son corps de femme. C’était comme si elle se réveillait d’un cauchemar qui aurait pu ne pas prendre fin.

Lorsqu’elle sortit, elle prit soin de se coiffer et fouilla dans les tiroirs sous le lavabo. Elle trouva la boite de Yuzu qui y mettait toutes ses barrettes et en glissa quelques unes dans ses cheveux. Où avait-elle mis son maquillage ? Dans un éclair, elle se souvint de l’avoir jeter. Une journée shopping devait être organisée d’urgence.

Nouvelle chance, nouvelle vie ! Elle saurait profiter de chaque seconde. Finit de se prendre la tête… sauf… sauf pour Hisagi. Ichigo s’arrêta quelques secondes, et se tourna vers la glace pour s’observer. Son visage se superposa sa version masculine. Non !

Elle se reprit, et entendit les cris de Karin qui voulait entrer, jugeant le temps d’Ichigo largement écoulé. La voix d’Isshin se fit entendre, très tendre comme à son habitude. Un vrai sourire fleurit sur les lèvres de la jeune femme. Son père… le seul homme adaptable de la planète ! Ichigo ouvrit la porte à la volée et coupa Isshin dans sa diatribe interminable.

« Voilà ta salle de bain, pas la peine de râlée !

— Ça fait une heure que tu y es ! S’écria Karin tout en observant sa sœur avec des yeux ronds. »

C’était quoi ce sourire sur ses lèvres ? Même Isshin paraissait hébété à présent.

« Faux ! J’ai mis à peine un quart d’heure… Bon, je vais faire le petit déjeuner…

— Mais c’est Yuzu qui le prépare d’habitude… Lança Isshin qui se reprenait.

— Et alors, ce n’est pas une fatalité ! »

Disparaissant et laissant sa famille bouche bée, Ichigo dévala les marches. Une fois dans la cuisine, elle se mit à préparer le riz, les légumes, les toasts. Mis la table en quelques minutes sous le regard ahuris de son père et de Yuzu toujours en pyjama et mal réveillée.

« Tu sais, je pouvais le faire grande sœur…

— Profite s’en pour passer plus de temps à te préparer pour une fois Yuzu. Je pars devant…

— Mais et ton bento ? Interrogea Yuzu qui observait les préparatifs d’Ichigo avec curiosité.

— Mon bento ? Je suis en train de le préparer, ainsi que le tien et celui de ta sœur…

— Et moi ? Demanda Isshin gourmand.

— Toi ? Tu bosses ici, tu peux te le faire comme un grand !

— Maieeuhhhh… pourquoi tu es aussi méchante avec moi ? Pleura Isshin dégoutté de ne pas pouvoir goûter au plat de sa fille aînée.

— Parce que !

— C’n’est pas une réponse… Protesta Isshin.

— Tu t’en contenteras. Coupa Ichigo.

— Papa, je vais te faire ton bento. Proposa Yuzu le cœur sur la main comme à son habitude.

— Mais, je voulais celui d’Ichi… »

Isshin porta un doigt vers le bento de Karin, mais cette dernière apparu devant lui, et lui tapa le dos de sa main.

« Pas question, papa… fallait-être dans les petits papiers d’Ichi.

— Pourquoi mes filles sont-elles aussi méchantes avec moi ? Se plaignit de nouveau Isshin en pleurs. »

Ichigo réprima un sourire et prépara le bento de son père et le porta dans le réfrigérateur. Puis prenant ses affaires, lança par-dessus son épaule.

« Bon, j’y vais… et papa, ton bento est dans le frigo ! »

Elle n’écouta pas sa réponse, et sortie d’un pas décidé à l’extérieur, tout en dépliant son parapluie. La pluie tombait toujours aussi drue, et bientôt son uniforme se trouva trempé. La voix de Kiego se fit entendre derrière elle. Sans se retourner elle demanda

« T’es tombé de ton lit ?

— Tu peux parler… Marmonna Kiego mécontent. Tu te rends compte que Mizuiro est déjà parti ? Le salaud ne nous a même pas attendus !

— Il a certainement dû demander à une de ses copines de le prendre en voiture… Souffla Ichigo en sortant son portable.

— Comment fait-il pour que toutes les filles tombent dans le panneau ? Je ne suis pas mal de ma personne… Pourquoi aucune fille ne veut sortir avec moi ? Tu peux m’expliquer ?

— Ton côté pleurnichard ? Pathétique ? Ou bien parce que tu donnes l’impression à une fille d’être un sous-homme ? »

Elle n’avait pas quitté son portable des yeux, et elle c’est parce qu’elle entendit un drôle de gargouillis derrière elle, qu’elle s’arracha à la contemplation de ses messages. Voyant Kiego pleurant contre une palissade, son parapluie gisant à ses pieds, qu’elle s’aperçut de la cruauté de ses paroles.

« Tu sais… vaut mieux voir la vérité en face Kiego… plus vite tu remédies au problème, plus vite tu pourras te trouver quelqu’un dans la vie.

— Tu n’avais pas besoin de me le dire comme ça ! » Pleura Kiego.

Ichigo soupira, et fit demi-tour. Elle plaça son parapluie au dessus du jeune homme pour le protéger des trombes d’eau. Quoiqu’à présent, cela semblait inutile. Surpris, Kiego se tourna vers Ichigo et l’observa les yeux ronds.

« T’es peut-être pathétique parfois… mais tu es un de mes meilleurs amis, et la fidélité ça compte aussi. Sourit la rousse de bonne humeur.

— Tu veux sortir avec moi ?

— Crève ! Déclara Ichigo en fronçant les sourcils.

— Merde ! T’étais gentille là…

— J’ai quelqu’un d’autre en vue.

— Quelqu’un d’autre ? Et qui ?

— Tu le sauras bien assez tôt. Allez grouille ou nous serons en retard par ta faute encore…

— Comment ça encore ? » Hurla Kiego outré par se mensonge éhonté.

Ichigo éclata de rire, et repris sa route d’un bon pas, suivit par un Asano qui devait courir pour la rattraper. Kiego observa le dos de son amie, et le trouva plus droit que la veille. Son regard était amusé, complice, brillant, son cœur s’était soudain accéléré. Elle était vraiment belle, même avec ses cheveux courts. Si elle lui avait dit oui… Il se traita de crétin. Une aussi belle fille qu’elle. Pourtant, il était tout à fait sérieux, mais ça elle ne s’en rendrait jamais compte.

Devant le lycée, de nombreux élèves couraient pour se protéger sous le préau. Ichigo n’en voyait plus l’utilité pour elle, elle était noyée de la tête au pied… ou presque. Seuls ses cheveux étaient secs. La jeune fille balaya du regard les gens qu’elle croisait sans vraiment les voir. Lorsqu’elle fut à l’abri, elle prit le temps d’agiter son parapluie, et de discuter avec Kiego qui faisait le pitre à ses côtés. C’était bizarre cette impression de vivre au ralentis, comme elle le faisait depuis le matin même.

Comme si, son excitation montait crescendo et pourtant, elle maîtrisait ses émotions… elle était impatiente tout en étant sereine… parce qu’elle savait. Ses yeux cherchaient pour elle inconsciemment une silhouette masculine familière. La voix de Nell derrière elle, la fit retourner.

« Ichigo… oh mon Dieu, tu es trempée !

— Je vais chercher une serviette dans mon casier. Je vais aller me sécher aux toilettes. Tu m’accompagnes ?

— Je vais faire la même chose, mais je suis quand même moins humide que toi.

— Je peux venir ? Interrogea Kiego innocemment.

— Certainement pas ! Déclara Nell en le regardant de travers.

— Pourquoi ? Moi aussi je suis trempé… vous pourriez être plus sympa avec moi ! S’exclama le jeune homme.

— Pourquoi je n’arrive pas à le prendre en pitié ? Demanda Nell dédaigneuse.

— Parce qu’il n’est pas crédible… Sourit Ichigo qui fit un signe d’au revoir à l’adolescent en pleurs.

— Tu as l’air de bonne humeur Ichigo… Il s’est passé quelque chose ? » Interrogea Nell curieuse.

Elle observait du coin de l’œil la rousse qui affichait un air décontracté et volontaire. Jamais elle ne l’avait vu aussi déterminée. C’était différent de la période Grimmjow… dissemblable par rapport aux derniers jours où elle avait vu son attitude abattue, et effacée. Elle rayonnait. Comme si… elle avait pris des résolutions. Quelque part, cela lui faisait plaisir, d’autant qu’elles discutaient à bâton rompu. D’habitude Ichigo ne répondait que par monosyllabe. Quel changement…

Traversant les couloirs, Rukia, Hinamori et Inoue vinrent se joindre à elles.

« Tu te rends compte ! Déclara les joues rouges de colère Rukia, il a osé me demander de sortir avec lui. Mais quel crétin… qui voudrait d’un type pareil ? S’énerva la petite brune.

— Tu peux me le donner ? Demanda Nell intéressée. Moi, ça fait un moment qu’il m’a tapé dans l’œil.

— Tu rigoles ! S’exclama Rukia.

— Non… Moi Renji, je le trouve tout à fait à mon goût.

— J’aimerai beaucoup que Kira… s’intéresse à moi. Hésita à avouer Hinamori. Mais bon, j’ai l’impression qu’il me considère uniquement que comme une bonne amie.

— Pourquoi tu ne fais pas le premier pas ? Proposa Nell. Donc décides-toi Rukia… soit tu acceptes sa proposition ou bien, je me mets sur les rangs ! De toute façon, s’il ne veut pas, j’irais voir Hisagi.

— Non ! Il en est hors de question. Répondit calmement Ichigo en fixant Nell droit dans les yeux.

— Oh… Tu te serais enfin décidé ? Remarqua Inoue.

— Comment ça ? S’étonna Ichigo.

— Le pauvre se meurt d’amour pour toi depuis un sacré bout de temps… Sourit Rukia.

— Oui, j’ai cru qu’il allait nous faire une dépression le jour où tu as quitté le lycée… et comme il était heureux que tu reviennes ici… J’en reviens pas que tu te décides en sa faveur. Commenta Hinamori tout sourire.

— Moi aussi, j’ai cru qu’il allait mourir sans jamais connaître l’amour, pourtant tout le lycée ou presque c’est déclaré à lui ! Fit Nell en tapotant l’épaule d’Ichigo. Il a la côte, tu peux me croire.

— Je suis si heureuse pour Hisagi-kun ! S’exclama tout sourire Inoue.

— Toi… occupe-toi d’Ulquiorra… c’est lui qui dépérit devant ton indécision… »

Inoue devint écarlate et bafouilla.

« Mais non, mais non… vous vous trompez. Schiffer n’éprouve rien pour moi…

— Et toi ? Demanda moqueuse Nell. Si tu ne veux pas… moi je…

— Arrête deux minutes de nous menacé avec le fait que tu veuilles sortir avec la Terre entière Nell ! Rit Ichigo en voyant la malice dans le regard vert. Enfin, c’n’est pas tout ça, mais y’a cours aussi… »

Dans un même mouvement, elles sortirent toutes des toilettes pour ranger leurs affaires dans leur casier respectif, pour rejoindre ensuite leurs salles de cours. Installée au fond de la classe, Ichigo suivit les paroles de son professeur avec attention, même si elle connaissait déjà les sujets abordés. C’était surtout pour occuper son esprit, et lui éviter de mourir sous la chaleur qui l’envahissait peu à peu.

Si elle réfléchissait bien, c’était la première fois qu’elle allait se déclarer de la sorte. Grimmjow avait toujours su les sentiments qu’elle lui portait. Mais Hisagi Shouhei… Bon l’avantage avec la déclaration de son sempai la veille, c’est qu’elle connaissait ses sentiments. Ce n’était pas comme si elle allait se prendre un râteau. Enfin… s’il avait changé d’avis entre temps ?

Non, non, non… elle devait penser positif ! Où était la sérénité qui l’accompagnait depuis le matin même ? Ses certitudes ? Tout était grignoté inexorablement par le temps. Le fait d’avouer à voix haute dans les toilettes son envie de sortir avec Shouhei… Mais qu’est ce qu’elle avait encore fait ? Se concentrant sur sa leçon, elle trouvait brusquement que l’heure de cours défilait beaucoup trop vite.

Lorsque la cloche du déjeuner sonna, Ichigo cru défaillir. Merde de merde ! Se levant brutalement, elle se sauva à l’extérieur et monta à l’étage supérieur pour coincer Hisagi et en terminer une bonne fois pour toute. Traversant le couloir avec de grandes enjambées, elle poussa tout ce qui pouvait être considéré comme un obstacle. De nombreuses protestations se soulevèrent, mais personne ne broncha en reconnaissant la tignasse rousse de l’explosive élève.

Les troisièmes années se souvenaient avec une acuité cuisante les coups violents qu’Ichigo Kurosaki pouvait porter. Ichigo remarqua Ulquiorra et Uzuru qui se trouvaient devant la classe de Shouhei. Elle s’arrêta net devant eux, et jeta un regard circulaire avant de s’adresser à eux.

« Où est Hisagi ?

— Il est malade. Répondit stoïque Ulquiorra.

— Malade ? Fit Ichigo les yeux exorbités.

— Ouaip ! Confirma Uzuru. Apparemment, il a eu une très longue discussion sur les bienfaits d’emprunter une porte plutôt que d’escalader un mur pour rentrer chez lui.

— Escalader ? S’étonna Ichigo en haussant les sourcils. Quelle drôle d’idée… mais qu’est-ce qu’il foutait ?

— Ichigo… surveille ton langage. Déclara calmement Mizuiro. Quelque fois on se demande si tu es vraiment une fille. »

Ichigo blêmit et se crispa. Elle foudroya l’adolescent qui consultait ses mails sur son Smartphone, sans s’émouvoir du regard venimeux dont l’abreuvait Kurosaki.

« Ne raconte pas n’importe quoi ! Protesta-t-elle.

— Tu as besoin de quelque chose Ichigo ? Interrogea le jeune homme. Ou bien, est-ce exclusivement Hisagi que tu venais voir ?

— Euh… Non, ce n’est rien. »

Ichigo quitta brusquement le groupe d’adolescents et retourna dans sa salle pour manger son repas. Un élève lui signala que Nell était passée, ainsi que Rukia. Mais, là elle n’était pas d’humeur. Allait-elle attendre la fin des cours de l’après-midi ? Son regard se tourna vers la fenêtre. La pluie tombait toujours diluvienne. Tout jouait contre elle ! Pourquoi ? Maintenant, elle était pressée d’en finir. C’était inhumain, de la torture à l’état pur !

Soudain, Ichigo se redressa et couru à l’étage supérieur pour choper Mizuiro. Mais en chemin, elle rencontra Kiego qui tentait de se faire remarquer auprès d’une première année. Lui aussi devait l’avoir !

« Arrête deux minutes de faire le clown Kiego ! Aurais-tu le numéro d’Hisagi, s’il te plaît ? »

Etonné par la politesse d’Ichigo le jeune homme l’examina avec attention.

« Tu vas enfin te déclarer ?

— La ferme ! Ça ne te regarde pas…

— Y’en a un qui a vraiment de la chance.

— Tais-toi et donne-moi son numéro !

— C’est bon, c’est bon… t’as de la chance que c’est un bon ami. Au fait, si tu te prends un râteau, tu pourrais penser à moi ?

— Dans tes rêves !

— Ah t’es pas sympa…

— Je ne l’ai jamais été… ce n’est pas un scoop ! Alors ? S’impatienta la rousse.

— Ça va, ça va… y’a pas le feu. »

Kiego fournit le numéro d’Hisagi et Ichigo disparue pour se réfugier dans un coin tranquille. Se retrouvant dans une salle inoccupée, la jeune fille remarqua que ses mains tenaient difficilement son portable. Elles transpiraient ! Portant une main à son cœur, elle s’aperçut qu’elle était beaucoup plus troublée qu’elle ne voulait bien le laisser paraître. Qu’est-ce que… ? Repoussant ses doutes, et ses interrogations, elle composa le numéro d’Hisagi sans réfléchir. Ce dernier décrocha visiblement suspicieux.

« Ne râle pas ! Commença Ichigo mal à l’aise. C’est moi !

— Ichigo ?

— Oui… »

Ichigo cru qu’il lui faudrait bientôt un médecin réanimateur, elle était proche de la tachycardie. Mais quelle émotivité ! Elle ne se connaissait pas sous ce jour. C’était rageant !

« Quelque chose est arrivé ? Je veux dire…

— Pourquoi a-t-il fallu que tu sois malade le seul jour où je voulais te voir ? Remarqua sèchement la rousse.

— Me voir ? S’étonna Hisagi.

— Ne fait pas l’innocent ! S’énerva Ichigo.

— Écoute, je ne vois vraiment pas de quoi tu veux me parler… si tu parles d’hier, je te présente mes excuses, je n’aurais pas dû te dire ce que je t’ai dit… je ne veux pas briser notre amitié et…

— Mais quel crétin ! Marmonna la jeune fille. Écoute-moi bien Hisagi Shouhei. Tu m’as déballé tout ce que tu avais à me dire hier soir, alors maintenant après m’avoir pourri toute ma nuit, parce que je n’arrivais pas à dormir, et m’avoir perturbé toute la matinée, tout ça parce que j’étais morte de trouille à l’idée de te parler… de me déclarer. J’en pouvais plus d’attendre, alors je t’ai téléphoné. Je veux abréger mes souffrances… Tu comprends ?

— Pas vraiment… Chuchota Hisagi.

— Bon sang ! Se crispa Ichigo. Il faut vraiment que je te fasse une sorte de déclaration officielle ?

— … J’aimerai assez…

— Salaud ! » Cracha Ichigo exaspérée.

La rousse s’était approchée de la fenêtre et étreignait les doubles rideaux d’une main, comme si elle tordait le cou de cet imbécile qui voulait absolument une déclaration. Son cœur battait à un rythme fou. Cela elle ne se l’expliquait pas. Normalement, elle aurait dû maîtriser la situation. Avec Grimmjow, elle s’était toujours sentie maîtresse d’elle-même, même si elle était troublée.

« Je ne t’oblige pas à sortir avec moi Ichigo…

— Mon œil ! Tu m’as mis un tas d’idées absurdes en tête et… et… faisons court, faisons bien.

— Ichigo…

— Hisagi veux-tu sortir avec moi ? Coupa la jeune fille morte de peur à présent.

— Pourquoi ? »

Un lourd silence tomba. Ichigo cru qu’elle allait se téléporter chez Hisagi et lui faire la peau. La colère était montée en flèche.

« Pourquoi, QUOI ? Explosa-t-elle.

— Excuse-moi Ichigo… mais comme je te l’ai dit hier, je ne veux pas que tu sortes avec moi parce que je suis un pis aller. Je ne le supporterai pas. Je…

— Tu veux, tu veux… S’agaça la rousse au bord des larmes.

— Je veux que tu m’aimes Ichigo. C’est aussi simple que cela. Sais-tu dans quel état je me trouve à l’heure actuelle ? C’est déstabilisant… J’ai attendu cet instant depuis si longtemps. Ich… »

Ichigo avait coupé la conversation téléphonique. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse. Elle avait besoin de mettre les points sur les « i » apparemment, et au téléphone, c’était inutile.

« Je ne vais certainement pas me dégonfler ! » Chuchota-t-elle pour elle-même, déterminée à régler cette histoire rapidement.

Les cours avaient repris. La rousse vérifia les couloirs et s’échappa du lycée discrètement. Pour ses affaires, tant pis ! Elle braquerait le lycée cette nuit. Là, elle devait remplir sa mission… autrement dit, régler son compte à Hisagi. Jamais elle n’avait dû se rabaisser à ce point… C’était quoi, ce pourquoi ? Ce n’était pas évident ? Si elle n’était pas intéressée par ce stupide lycéen boutonneux, jamais elle n’aurait téléphoné.

Son portable vibra, elle jeta un coup d’œil alors qu’elle rentrait dans l’autobus complètement trempée. Si elle attrapait la crève à cause de lui, elle l’achèverait avec les pires tortures possibles et inimaginables ! Elle veillerait de toute façon à lui en faire baver. Le regard sombre, elle fixait les trottoirs délavés. Le froid la saisissait à présent. Elle n’avait que son pull, sa jupe plissée et ses chaussettes qui remontaient aux genoux.

Groupant ses poings l’un contre l’autre et les réfugiant dans les manches de son lainage. Les serrant contre sa poitrine, Ichigo se traita de folle à lier. N’importe qu’elle nana normale attendrait patiemment le retour de son prince charmant. Mais pouvait-elle se considérer normale après ce qui lui était arrivée ? La bonne blague ! Finalement, si elle ne prenait pas les choses en main, rien ne se ferait jamais. Que ce soit avec Grimmjow ou Hisagi…

Non, c’était différent pour Hisagi… il avait toujours été honnête avec elle. Ichigo fronça les sourcils… Comment réagirait Shouhei si elle se transformait en homme à nouveau ? Son cœur cessa de fonctionner. S’il la rejetait ? Mais ce n’était pas ce genre de questions qu’elle pouvait poser. « Hé Hisagi… si je me transforme en mec, je resterai toujours ta petite amie ? » Cette question la turlupinait. Et si ce n’était pas Grimmjow avec son souhait qui l’avait transformé ? Et si ça recommençait ?

La panique la saisie et sa détermination commençait à fondre. Non, non et non ! Assez de temps perdu, elle aviserait lorsque cela arriverait et si… et si Hisagi ne l’aimait pas suffisamment pour… pour la garder alors, elle… ferait quoi ? Voyant brusquement qu’elle allait louper son escale, elle appuya sur le bouton de l’arrêt. Les portes coulissèrent et bondissant rapidement sur le trottoir trempé, elle couru pour se protéger sous l’abribus et se repérer.

Cela faisait un bail qu’elle n’était pas venu chez Hisagi. Pour comble de malchance, des travaux étaient effectués dans la rue. Décidément… ce n’était pas son jour ! Et si elle abandonnait ? Ça serait facile après tout… Hisagi n’était pas au courant… Personne ne l’était, elle avait été discrète. Bon, il y avait ses affaires coincées dans son bahut, mais ça… c’était une autre histoire.

Mais, comme une litanie pour ne pas entendre la voix de la raison, Ichigo avait entreprit de remonter le chemin où se situait la maison d’Hisagi. Lorsqu’elle arriva dans la ruelle où se situait des maisons traditionnelles, et où les hautes barrières en bois en cachaient la vue, Ichigo était devenue bleue. Ses vêtements étaient maculés de boues, et détrempés. Ses cheveux pendaient lamentablement… et gouttaient d’eau glacé. Elle devait être moche… une échappée d’un asile de fou !

Tant pis ! Ce n’était pas comme Hisagi ne connaissait pas son visage habituel. Il devrait s’y faire ! Et s’il n’était pas content… elle lui en collerait une ! Enfin non… On n’attirait pas les mouches avec du vinaigre. Mais elle lui ferait regretter. Lorsqu’elle se présenta devant la porte à double battant en bois, elle claquait des dents. Elle sortit le bout de son index devenu bleue pour appuyer sur l’interrupteur.

Aucune réponse ? Deux minutes qu’elle attendait. Elle recommença… « Merde ! » Jura-t-elle peu fémininement. C’était trop fort ! Elle n’avait pas fait tout se chemin pour trouver porte close. Son regard détailla rapidement les alentours. Bien, puisque c’était comme ça, elle escaladerait le portail. Retirant ses mains de ses manches maintenant agrandit, elle se recula pour prendre son élan.

Aux grands mots, les grands moyens ! Après une grande inspiration, elle bondit en avant et sauta pour escalader le portail. Basculant en avant, elle vit soudain Hisagi qui s’apprêtait à ouvrir le battant. Surpris d’entendre du bruit au dessus de sa tête, le jeune homme arrondit les yeux en voyant Ichigo basculer en avant. Son visage exprimait l’affolement de le voir aussi soudainement.

« Aaaahhhh… » Hurla Ichigo en dérapant.

Elle tenta de s’accrocher à la porte, mais l’élan qu’elle avait prit et son manque de stabilité à la réception, dû à sa surprise, la firent déraper et basculer. Son regard s’emplit de panique. Voyant ses dernières heures arrivées, Ichigo ferma les yeux s’attendant à un impact retentissant. Toutefois, se furent deux bras puissants qui la saisirent au vol, puis le bruit d’un impact moue et spongieux d’une chute dans de la boue. Sa chute à elle avait été amortie par un corps écrasé à présent par le sien.

« Merde… Souffla Hisagi. Ça fait mal… Putain Ichigo… T’es folle ? T’as faillit nous tuer…

— Tu ne répondais pas !

— Excuse-moi mais l’interphone ne fonctionne plus, et j’étais à l’autre bout de la maison. »

Ichigo se redressa brusquement en voyant la position compromettante, et surtout ses jupes relevées montraient sa culotte. Le regard de Shouhei s’attardait sur ses formes découvertes. Elle les cacha promptement, gênée par la lueur qui s’était allumée dans les yeux d’Hisagi.

« Je… je suis désolée.

— Bon sang, tu réfléchis jamais… il faut toujours que tu t’emballes. »

Hisagi se redressa en secouant ses vêtements mouillés. Son regard remonta les vêtements détrempés de la rousse, et il fronça les sourcils.

« Idiote ! Tu vas attraper la crève… Viens ! »

Ichigo allait protester, mais elle s’aperçut qu’elle claquait des dents. Le jeune homme attrapa sa main qu’elle tentait de cacher dans son pull ruiné.

« Vraiment, toi alors… Chuchota l’adolescent. Tu n’fais jamais les choses à moitié.

— Atchoum ! Fut la seule réponse d’Ichigo.

— Ça ne m’étonne pas vu ta tête. »

Ichigo leva les yeux vers Hisagi qui regardait droit devant lui, les joues légèrement rougis. Ichigo s’exclama en voyant le torrent d’eaux qu’elle déversait sur la terrasse vernis de sa maison.

« T’es complètement trempée… mais c’n’est pas grave. Tu vas prendre une douche pour te réchauffer… je vais te filer des fringues aussi. Pendant que tu changeras, je nettoierais les dégâts. Allez suis-moi.

— Mais… mais…

— Tais-toi ! T’es frigorifiée… t’auras tout le temps de protester tout à l’heure, et même de m’engueuler si tu veux. En attendant, va te réchauffer. »

Ichigo se retrouva à l’étage, dans une grande salle de bain. Hisagi disparu, la laissant seule, après un « je reviens ». Ichigo s’aperçue qu’elle avait marché main dans la main avec Hisagi ! C’était seulement maintenant qu’elle le remarquait. Que lui arrivait-il ? Certes… elle avait décidé de vivre sa vie, et de profiter de tous les instants. Mais, mais… elle n’avait pas prévu ce genre de choses. Ichigo observa autour d’elle assommée.

« Ichigo… »

Surprise, elle se tourna et vit une main qui tenait une pile de vêtements.

« Tiens, c’est pour toi… ça sera un peu grand, j’en suis désolé. Mais au moins tu n’auras pas froid. Dépêche-toi d’aller sous la douche aussi. À tout à l’heure… »

Ichigo se déplaça et attrapa les vêtements. La porte se referma doucement. Hisagi… La rousse se rendit compte qu’elle noyait ses nouveaux habits et les déposa sur une étagère. Se déshabillant rapidement, elle fit tomber ses derniers dans la baignoire dans un bruit spongieux, pour ensuite se précipiter sous la douche complètement frigorifiée. Elle laissa longuement le jet de l’eau réchauffer toutes les parties de son corps. Rien d’autre n’effleura son esprit… sauf le soulagement d’être arrivé à destination.

 Nettoyant rapidement toute l’eau qu’avait semée Ichigo autour d’elle, Shouhei avait quelque mal à respirer. Elle était chez lui ! Lorsque plus tôt Ulquiorra lui avait dit avoir vu Ichigo s’enfuir du lycée, il ne l’avait pas cru. Surtout qu’il était effondré par la tournure de leur conversation téléphonique qui avait coupé court. Lorsque la sonnette avait résonné avec insistance, il avait eu du mal à réagir. Cela ne pouvait pas être Ichigo.

Et enfin lorsqu’elle était pour ainsi dire tombée du ciel, il avait cru voir un ange noyé sous des trombes d’eaux. Son cœur, malgré sa douleur physique avait éclaté comme une bulle de savon, d’un bonheur trop grand à contenir dans un si petit récipient.

Kami-sama, qu’il l’aimait. Et merde ! Elle était en haut en train de prendre une douche dans sa salle de bain ! Malgré lui, son corps réagissait en s’imaginant la jeune femme nue. Pour le peu qu’il avait pu voir, elle était très bien foutue.

Se reprenant, il songea qu’il n’aurait pas cru cela possible… Son regard escalada une nouvelle fois la montée d’escalier… C’est avec grand peine qu’il se retint d’aller défoncer la porte pour aller la couvrir de baisers… s’assurer qu’elle était tout simplement là, dans les murs de sa maison. C’était le plus beau jour de sa vie… !

Il remonta les marches essuyant consciencieusement le bois, surtout pour éviter de faire des bêtises plus que par maniaquerie, Shouhei s’arrêta en haut des marches et releva les yeux pour voir, Ichigo habillée dans ses fringues beaucoup trop grandes pour elle. Elle ressemblait à un chat sauvage échappé d’une gouttière, mais pour lui, elle valait bien toutes les plus belles princesses existantes sur cette planète.

Leurs regards se rencontra, pour ne plus se quitter. La chaleur de ses yeux là… combien de fois avait-il essayé de la capturer ? Et maintenant… elle le transperçait, irradiait sur sa personne de son éclat solaire.

« Hisagi… ce que je voulais te dire tout à l’heure… je… Je ne pouvais pas te le dire par téléphone. Pourquoi tu rends les choses aussi compliquées ? Enfin… je voulais te dire que… Veux-tu sortir avec moi ? Je… je ne sais pas si je t’aime… tout ce que je sais, c’est… c’est que je voudrais essayer, si tu veux bien. »

Ichigo semblait reprendre sa respiration visiblement rongé par l’inquiétude, alors que lui, allait tomber à la renverse, n’en revenant toujours pas de se retournement de situation.

« Tu veux bien me donner une chance ? »

Chapitre 13

Sentant le rouge monter à ses joues, devant le silence d’Hisagi, l’adolescente rit gênée et déclara misérablement.

« Je suis désolée… oublie ce que je vi… »

Entourée par deux bras, et plaqué contre le corps de Shouhei, Ichigo se tue. Elle s’était raidie devant cette manifestation spontanée. La voix rauque de Shouhei lui parvint contre son oreille.

« Bien sûr que je veux… Ça fait des années que j’attends ça…

— Hisagi… Je veux… je veux être honnête avec toi. »

Ichigo repoussa légèrement le jeune homme, et releva la tête pour le fixer dans les yeux. Cette soudaine proximité la troublait, décidément Shouhei avait beaucoup plus de charmes qu’elle ne l’aurait cru. Sa gorge se noua légèrement.

« Tu sais… Grimmjow a toujours eu une place à part… Je ne pourrai pas l’oublier aussi facilement. Mais, mais je veux que tu saches que… tu n’es pas un pis allé. Si Chad, Ulquiorra, Uzuru ou même Renji m’avaient posé cette question, je leur aurais répondu non. Alors…

— Alors je suis le plus heureux des hommes. Sourit Hisagi. Grimmjow, je te le ferais oublier. Je ferai mon maximum pour ça. Je suis si heureux que tu acceptes ! »

Ichigo devint écarlate sous le regard d’adoration dont le couvait Hisagi. C’était déstabilisant de se sentir aimer à ce point là. Elle l’avait ignoré durant toutes ses années, ou avait pris soin de l’ignorer… et à présent, d’être si proche, de sentir son cœur qui battait à une allure folle sous ses doigts, alors que l’expression même de Shouhei était sereine, prise d’une impulsion, et sans vraiment réfléchir, Ichigo se mit sur la pointe des pieds et effleura les lèvres de Shouhei d’un baiser.

Leurs regards ne se quittaient pas, et alors qu’elle aurait aimé se reculer, l’étreinte autour d’elle se resserra. Les lèvres d’Hisagi cherchèrent les siennes à présent. Ce n’était plus un frôlement, mais un baiser plus franc, quoique les lèvres du jeune homme n’écrasaient pas les siennes. Ichigo enroula ses bras autour de la nuque de Shouhei et répondit à ses caresses. Elle ferma les yeux pour mieux apprécier l’instant. Les mains d’Hisagi caressaient son dos, et la chute de ses reins.

Un claquement en bas des marches les fit sursauter. Immédiatement, Ichigo se recula, mais une des mains d’Hisagi lui retint une des siennes.

« Hisagi ? Je peux savoir quelle catastrophe tu as encore provoqué dans la maison ? »

Ichigo devint écarlate. C’était de sa faute. Voyant le trouble chez son amie, Shouhei secoua la tête et lui adressa un clin d’œil rassurant.

« Excuse-moi maman… je suis en train de nettoyer !

— Qu’est-ce que tu fais là-haut dans les escaliers ? »

Hisagi se recula et laissa voir à sa mère, plantée en bas des marches, Ichigo habillée dans des vêtements trop grands.

« Qu’est-ce…

— Je suis désolée, Madame… commença l’adolescente mal à l’aise. C’est de ma faute. J’étais trempée et… et…

— Ce sont tes vêtements ? S’étonna Mai Hisagi.

— Ichigo est venue me rendre visite… et elle a oublié son parapluie…

— Par un temps pareil ? S’exclama sa mère stupéfaite.

— Je suis désolée… »

Ichigo s’était inclinée en même temps qu’elle s’excusait. Mai monta les marches et fit un signe de la main comme si cela n’avait pas d’importance.

« Où sont vos vêtements, ils doivent être noyés. En plus, de nouvelles trombes d’eaux tombent…

— Je les ai mis dans la baignoire en attendant. Expliqua Ichigo mal à l’aise, mais en regardant la mère d’Hisagi droit dans les yeux.

— Bon, je vais m’en occuper ! Shouhei va préparer quelque chose de bien chaud pour ta petite amie, elle va se transformer en glaçon si vous continuez à stationner comme vous le faite dans les escaliers ! »

Les deux adolescents se regardèrent surpris, et se tournèrent vers Mai qui affichait un petit sourire entendu. Shouhei qui tenait toujours la main d’Ichigo, la tira derrière lui pour échapper à la lueur amusée des yeux noirs de sa mère. Il jura doucement, et entendit la voix de sa génitrice le poursuivre.

« Je t’ai entendu Shouhei ! Soit un peu poli en ce moment… n’oublie pas que tu as des choses à te faire pardonner.

— Pardonner ? » S’étonna Ichigo qui jetait des regards circulaires autour d’elle.

La maison était plutôt grande. Elle mélangeait deux styles avec un bon goût qui ne devait pas être à la portée de toutes les bourses. Tout à coup, Ichigo prit conscience que les parents d’Hisagi devaient être riches, ou mener une vie plus que confortable… Les meubles patinés, la décoration qui brillait doucement sous les lumières diffusent de certains spots, les tapis en laine confortables qui s’offraient au regard, les dimensions spacieuses de chaque pièce qui se laissaient entrevoir par les shoji ouverts, à côté elle semblait pauvre.

Qui était vraiment Hisagi Shouhei ? Se demanda soudainement Ichigo. Elle avait toujours cru que chacun vivait dans le même type de maison… puisqu’ils fréquentaient le lycée de Karakura. Certes, elle savait que les personnes qui vivaient ici avaient quelques moyens… À vrai dire, elle n’avait jamais franchit le seuil des clôtures en bois qui encerclaient la propriété d’Hisagi. Et elle devait le reconnaître, elle ne s’était jamais intéressée à Hisagi auparavant.

Cette constatation la stupéfia. Hisagi avait raison… son monde n’avait fait que graviter autour de Grimmjow. Son trouble dû se voir car Shouhei l’interrogea

« Eh… Ichigo, qu’est ce qui ne va pas ? »

Le jeune homme avait lâché sa main et s’activait en cuisine. Il lui désigna une place confortable près du radiateur.

« Assieds-toi là, Ichi… Tu te réchaufferas. Tu te sens mal ?

— Shouhei… je viens de m’apercevoir que tu avais raison. »

Voyant l’air perplexe de son petit ami, Ichigo précisa

« Je… je ne connais rien de toi, ou même des autres. Tu sais, je…

— Et bien, nous n’aurons pas le temps de nous ennuyer. Sourit Hisagi qui terminait la préparation de son thé. Et si ça peut te rassurer, je ne connais pas la vraie Ichigo. Et même toi d’ailleurs, je me demande si tu la connais. Finit songeur Shouhei avant de sortir des tasses.

— Ne raconte pas n’importe quoi, je me connais !

— Je n’en suis pas aussi sûr. Ton monde ne faisait que graviter autour de la même personne. Tu es jusqu’à aller te modeler selon ses désirs à lui. Ichigo, je crois que tu ne sais pas qui tu es.

— Et tu vas me le faire découvrir ? Ironisa la rousse.

— C’est gênant si je te dis que cela me fait particulièrement plaisir ? Je serai le seul à te connaître vraiment… »

Déposant les tasses fumantes sur la table en verre, Shouhei se pencha au-dessus d’Ichigo qui retint sa respiration sans vraiment s’en rendre compte. Hisagi était hypnotisé par se regard qui ne le quittait pas une seule seconde.

« Et j’en suis d’autant plus heureux que même Grimmjow ne connaîtra pas cette part de toi ! »

Un léger raclement de gorge les fit sursauter. Hisagi se redressa et affronta le regard moqueur de sa mère.

« Je m’excuse de vous déranger… mais, je voulais vous prévenir que j’ai mis à laver l’uniforme de… Ichigo, si j’ai bien compris ?

— Ah… maman, je suis désolé. Je te présente Kurosaki Ichigo… nous sommes du même lycée.

— J’avais remarqué Shouhei. » Sourit un peu plus Mai.

Se tournant vers Ichigo, son sourire chaleureux s’agrandit un peu plus.

« Il faut dire que Shouhei n’a pas l’habitude de nous présenter ses petites amies, c’est la première fois.

— Maman ! Protesta Shouhei écarlate.

— Mais c’est vrai ! Et puis, je suis contente… et ça me rassure un petit peu tout de même. J’ai cru que tu finirais vieux garçon.

— J’t’jure… » marmonna Hisagi furieux à présent.

Un sourire se forma sur les lèvres d’Ichigo qui observait la mère et le fils se chamailler sans conséquence. Elle attrapa la tasse de thé et la dégusta tant qu’elle était chaude encore. Un frisson la traversa, elle était plus frigorifiée qu’elle ne le pensait. Mai au cours de son altercation se tourna vers la rousse et demanda

« Vous n’aviez pas court cette après-midi ? »

Ichigo s’étouffa avec sa gorgée, et Hisagi vola à son secours.

« Maman, c’n’est pas le moment…

— C’est beau l’amour. Sourit coquine Mai avant d’ajouter. Je vais vous laisser, inutile de vous gâcher l’après-midi. »

Disparaissant avec un petit sourire aux lèvres, les deux adolescents se fixèrent surpris.

« Hisagi… commença Ichigo, je me demande si j’ai bien fait de venir. Je vais te ramener des problèmes apparemment.

— C’est n’importe quoi ! Bien sûr que non… ma mère aime particulièrement me taquiner. Marmonna Shouhei mécontent.

— C’est amusant…

— Quoi ?

— En fait, je te vois toujours très sérieux, très sûr de toi… tu dégages un je ne sais quoi de sérénité qui fait qu’on a tendance à se tourner vers toi automatiquement quand les choses commencent à s’écrouler autour de nous. Tu es tellement réfléchi… et de te voir aussi troublé par ta mère… »

Ichigo rit doucement en portant une main devant sa bouche.

« Excuse-moi, mais c’est très drôle.

— Ne dit pas ça… Dit Hisagi en fronçant les sourcils. Ma mère est une extra-terrestre !

— Vraiment ? Sourit Ichigo.

— Elle m’empoisonne la vie et se moque toujours de moi. Enfin, tu devrais bien le savoir… »

Hisagi s’arrêta dans sa phrase. Il se tourna vers Ichigo et s’aperçu qu’elle s’était renfrognée.

« Je suis désolé. Je ne voulais pas…

— Ce n’est rien. Hisagi… tu n’es pas réellement malade. Pourquoi tu n’es pas venu en cours aujourd’hui ? Demanda abruptement Ichigo en examinant le jeune homme.

— En fait, hier j’ai fait une chute du premier étage, et j’ai passé des examens médicaux pour voir si je n’avais rien. J’avais toujours mal au dos ce matin.

— Une chute du premier ? Mais qu’est-ce que tu as fait ?

— J’ai voulu escalader le mur… commença Shouhei, voyant l’expression goguenarde d’Ichigo, il se reprit. Je suis rentré vraiment très tard hier soir, je me suis arrêté au bar que tiens mon oncle. Et je ne voulais pas que mes parents sentent l’alcool sur moi.

— Tu as bu ?

— Pas grand-chose, mais chez moi ça prend des proportions… Je ne tiens pas l’alcool. Avoua Shouhei pour sa plus grande honte.

— Donc, tu as monté un mur, en étant complètement bourré ?

— Je n’étais pas bourré, juste un peu vaseux. Reprit Hisagi contrarié.

— C’était de ma faute ?

— Quoi ?

— Le fait que tu boives de l’alcool et que tu rentres à pas d’heure ? » Interrogea Ichigo inquiète de sa mauvaise influence sur lui.

Hisagi traversa la pièce et se mit à genoux devant la rousse qui le fixait soucieuse. Il n’aimait pas le tournant de la conversation.

« Écoute Ichigo. Je suis un grand garçon, et si j’ai fait cela… c’est parce que… j’avais besoin de réfléchir, d’analyser calmement la situation. À la maison, je me serai senti comme un lion en cage…

— Et c’est mieux de boire seul dans un bar ?

— J’étais chez mon oncle !

— Oui… Fit une voix masculine derrière eux. D’ailleurs, j’ai été voir mon frère à ce sujet. »

Surpris le couple se tourna d’un bloc vers la réplique d’Hisagi en plus vieux, et un peu plus costaud. Le père de Shouhei jeta un œil sur son fils et la fille qui l’accompagnait, sans vraiment s’attarder. Ce n’était pas ses affaires.

« Tu es déjà rentré ? S’étonna son fils.

— Je repars sur un chantier… Ta mère m’a demandé de faire des courses à cause de la pluie. Je comprends mieux pourquoi elle paraissait si excitée à présent. »

Le regard sombre s’était à nouveau posé sur Ichigo quelques secondes. Puis, sans s’émouvoir plus que cela, il disparu pour rejoindre son épouse, les laissant seuls à nouveau.

« Je suis désolé… je ne pensais pas qu’ils seraient là cet après-midi.

— Oh… si c’était chez moi, tu aurais eu mon père collé à ton dos comme une sangsue. Rétorqua Ichigo en imaginant Isshin les yeux brillants d’excitation. Au moins, tes parents nous laissent tranquille. Je n’ose même pas imaginer ce que tu subiras lorsque tu rencontreras mon père. Marmonna l’adolescente. Et ce que tu penseras de lui également.

— Pourquoi ? »

Hisagi s’était assis à côté d’elle et l’observait avec curiosité à présent.

« Mon père parle au poster de ma mère !

— Pardon ? »

— Mon père lorsque ma mère est décédée, a fait afficher un poster de ma mère aussi grand que ma taille pour te donner une idée, dans la cuisine. Soit disant que c’était pour qu’elle soit toujours avec nous, pour qu’elle ne nous manque pas. Et il lui parle comme si elle pouvait lui répondre à chaque fois. Alors, si tu rencontres mon père dans ses circonstances… ne soit pas étonné. Enfin, ne t’enfuis pas !

— C’est surprenant… commenta Hisagi.

— J’aime beaucoup mon père, même s’il est collant. Enfin bref… mes sœurs et moi avons grandit normalement malgré tout.

— Tu es tout à fait normale, Ichigo. » Sourit compatissant Hisagi.

Ichigo sursauta. Normale ? Elle en doutait la plupart du temps, enfin… surtout depuis son étrange transformation inexpliquée. Devait-elle en parler à Hisagi ? Elle décida une bonne fois pour toute de se taire. De toute façon, cela ne lui arriverait plus, puisqu’elle ne fréquentait plus Grimmjow. Soudain, la tête du père d’Hisagi passa la porte.

« Le temps est vraiment mauvais. Je retourne sur un chantier… Je vais vous raccompagner chez vous, Kurosaki-chan.

— Papa ! S’exclama outré Shouhei qui voyait une occasion de rester avec Ichigo seul à seule.

— D’après la météo, ça ne se calmera pas aujourd’hui, et ton amie va attraper froid avec les vêtements que tu lui as prêtés. Je suis désolé pour toi… en fait non, c’est pour la gouttière d’hier au soir. » Reprit Teru en fixant son fils durement.

Apparaissant par l’autre porte donnant sur la salle à manger, Mai déclara conciliante.

« Ton amie pourra revenir quand elle le souhaite. Ce n’est pas comme si vous ne deviez plus vous voir. Je ferai sécher vos vêtements, et je les donnerai demain à Shouhei. Vous avez un uniforme de rechange ? S’inquiéta la mère de son ami.

— Oui, oui… j’en ai deux en fait.

— Très bien. Je vous aurais dit de rester plus longtemps, mais mon mari ne va pas rentrer immédiatement… et je ne veux pas que vos parents s’inquiètent inutilement.

— Je vous remercie beaucoup pour tout ce que vous faites pour moi. Remercia Ichigo en se levant. »

Se tournant vers Hisagi visiblement déçut, Ichigo lui adressa un large sourire.

« Nous nous verrons en cours demain Hisagi. Se détournant pour observer le père de son ami, elle reprit Je suis prête.

— Allons-y. »

Ichigo sentait derrière elle la présence de Shouhei, mais elle n’avait pas le courage de se tourner vers lui. Intimidée ? Elle se sentait confuse. Rejoignant Toru Hisagi qui l’attendait sur le pas de la terrasse avec un grand parapluie, elle se détourna pour lui faire un vague signe de la main, avant de suivre le pas déterminé de son père.

Une fois dans la voiture, elle osa rencontrer ses yeux noirs. Sa silhouette disparue rapidement derrière un rideau de pluie. Ichigo observa la route, et indiqua le chemin à suivre au conducteur, qui ressemblait tant à Shouhei. Le même sérieux, le même flegme… Toru Hisagi se montra tout à fait courtois, et s’assura qu’elle ne se prenne pas une nouvelle averse, en l’accompagnant à la porte.

Isshin vint ouvrir et observa sa fille avec surprise, et le père d’Hisagi tout autant.

« J’ai raccompagné votre fille. Prenez bien soin d’elle, il semble qu’elle ait prit froid en voulant rejoindre mon fils.

— Entre Ichigo. Se tournant vers Hisagi, Isshin le remercia chaleureusement.

— Ce n’est rien… Nous rendrons les vêtements secs demain par l’intermédiaire de Shouhei. Je vous prie de m’excuser, je dois m’en aller, on m’attend. Je vous souhaite une bonne journée. »

Ichigo éternua bruyamment lorsqu’elle entra dans la cuisine. Se fut comme le point de départ à son coup de froid. Les vêtements qu’Hisagi lui avait donnés n’étaient pas très épais, même s’ils étaient confortables. Elle voulu grimper dans sa chambre mais tomba nez à nez avec son père.

« Viens ici que je vois ce que tu nous as attrapé.

— Je vais bien ! Protesta Ichigo avant d’éternuer à nouveau bruyamment et commencer à tousser.

— J’en doute fort… »

Isshin posa une main sur le front de sa fille et déclara soucieux.

« Tu as de la fièvre ! Va t’allonger dans ton lit, je vais t’apporter ce qu’il faut… »

Sans demander son reste, Ichigo fila dans sa chambre, et se changea pour enfiler un pyjama molletonné et s’engouffrer sous ses couvertures. Lorsqu’Isshin la rejoignit, son nez coulait et des quintes de toux se faisaient entendre.

« Eh bien… si je m’attendais à ce que tu fasses le mur pour rejoindre ton Roméo. Sourit Isshin.

— Ce n’est pas le moment ! Et comment sais-tu que j’ai fait le mur… »

Un éternuement violent secoua la carcasse de la jeune fille. Isshin rit doucement.

« Il ne faut pas être un grand limier pour le savoir. Il est… quinze heures, heure à laquelle tu finis normalement les cours, le père de ton ami te ramène en voiture, et dans des vêtements qui sont loin de t’appartenir… et tu n’as pas tes affaires d’écoles ! Termina Isshin plutôt réjouit.

— Franchement, je ne vois pas ce qui te fait sourire. Un père normal me ferait une leçon de moral !

— Vraiment ? En fait, je suis trop heureux que tu retrouves l’envie de vivre et je suis vraiment impatient de serrer la main de mon futur gendre !

— Eh ! Ne raconte pas n’importe quoi ! C’est juste un ami !

— Bien sûr. Sourit Isshin qui en profitait pour ausculter sa fille dans tous les sens. Tu as attrapé un bon coup de froid Juliette !

— Va te faire voir ! Maugréa la jeune fille en se planquant sous ses couvertures.

— Je t’ai apporté de l’aspirine pour ton futur mal de tête et pour descendre ta fièvre. Ne soit pas si boudeuse… Je retourne au cabinet, si tu as besoin de quoi que ce soit, téléphone moi sur mon portable, j’arriverai tout de suite. Ce n’est pas tous les jours que je dois soigner ma fille chérie. »

Ichigo leva les yeux en l’air, et serra très fort contre elle sa couverture. Elle était glacée. Lorsque le battant fut fermé, elle s’extirpa de sa cachette pour boire son médicament. C’était comme toujours aussi horrible. Se réinstallant au fond de son lit, elle songea à ce qu’elle avait entreprit. Était-elle folle ? Regrettait-elle vraiment ce qu’elle avait fait ? Non… certainement pas.

Le souvenir de l’étreinte d’Hisagi lui revint en mémoire. Elle avait senti très largement le trouble de son sempai. Il l’aimait et se sentir aimer sans restriction, sans retour, juste parce que l’on était soi, Ichigo l’avait apprécié à chaque seconde. Finalement, elle n’aurait jamais réellement su ce que c’était être aimé sans condition, si elle était restée avec Grimmjow. Elle n’avait plus aucun chagrin sur la tournure des événements… plus aucun…

Ichigo s’endormit profondément, d’un sommeil récupérateur et sans rêve. À présent, elle était seulement impatiente d’être au lendemain, et voir ce que la vie pouvait lui réserver de bien. Cela ne faisait plus aucun doute à présent.

°°0o0°°

La cour était bondée, et le regard de Shouhei fit le tour complet de l’établissement, impossible de discerner la chevelure rousse caractéristique.

« Inutile… elle ne viendra pas. Elle a plus de trente-huit de fièvre d’après son père. Fit la voix de Kiego derrière lui.

— Elle est si mal en point ?

— Une bonne crève ! Confirma le jeune homme en haussant les épaules.

— J’irai la voir tout à l’heure.

— Vous sortez ensemble à présent ? » Demanda Uzuru.

Hisagi s’aperçut que ses amis l’entouraient. Un sourire se forma sur ses lèvres, et il jeta un coup d’œil de défi à Renji qui venait de les rejoindre.

« Oui…

— Félicitations ! S’exclama le groupe.

— Et dire que je lui avais proposé de sortir avec moi. Remarqua Kiego

— Aucune chance… Eclata de rire Renji.

— Je suis aussi bien qu’Hisagi ! »

Tous les regards jaugèrent les deux silhouettes et pour chacun, il n’y avait pas photo, Shouhei surclassait Kiego. Sentant la pression retombée du fait, qu’Ichigo ne serait pas en cours le jour même, il gagna sa salle de classe. La journée s’étirait en longueur et il eut la vague impression qu’elle prenait un malin plaisir à le faire languir. À la pause déjeuner, alors qu’il ouvrait son portable, Shouhei remarqua un message

« Shouhei… je ne pourrai pas aller en cours les trois prochains jours. J’ai trop de fièvre. Tu n’imagines pas combien mon père est content de m’avoir coincée. Je suis déçue. Porte-toi bien, Ichigo. »

– Ce message est d’Ichigo vu ton air niais ! Se moqua Renji.

— Je me demande quel air intelligent, tu aborderas, lorsque tu seras vraiment amoureux. Ricana Hisagi.

— Ne fait pas ton malin parce que tu es en couple avec Ichi… Et évite de trop t’impliquer aussi. Imagine que Grimmjow revienne. Je ne serai pas sûr qu’elle veuille encore te garder s’il est dans les parages. »

Shouhei encaissa la réflexion. Uzuru qui avait entendu la réflexion hocha la tête.

« C’est vrai qu’elle n’en a jamais eu que pour Jaggerjack. On ne sait rien de ses mois d’absences… et surtout ce qui s’est passé entre eux. Je t’avoue que j’aurais vraiment hésité avant de m’engager.

— Elle n’est pas stable et se conduit comme un mec. Rétorqua Ulquiorra. Elle s’est de plus, toujours conformée aux souhaits de Grimmjow. Qui te dit qu’elle pourrait avoir une relation avec quelqu’un d’autre. Finalement, tu serras toujours mis en concurrence.

— Je ne suis pas d’accord. Coupa Chad. Ichigo est une fille qui a la tête sur les épaules. Certes, elle a été amoureuse de Grimmjow, mais jamais elle n’aurait voulu sortir avec Hisagi si elle ne ressentait rien pour lui. Ce n’est pas son genre. Et contrairement aux filles habituelles, elle a toujours été honnête. Elle n’a jamais pu cacher ses sentiments derrières des œillades. Je l’imagine mal se transformer au point de ne plus être elle-même.

— Je suis d’accord avec Chad. Glissa Kiego sérieux pour une fois. Hier, elle semblait vraiment contente de te rejoindre. Je l’ai trouvé changé… comme si… comme si elle avait prit une décision importante. Elle avait quitté son air de chien battu. J’ai fait la route avec elle pour venir ici, et sincèrement, Ichigo n’était plus comme avant.

— Ben on verra ! Lança Renji avec un sourire carnassier. Personnellement, je ne parierai rien sur votre relation qui me semble vouée à l’échec.

— Ne serait-ce pas de la jalousie ? Demanda Chad calmement.

— He ! Qu’est-ce que tu vas imaginer là ? S’énerva Renji en colère. Je suis content pour lui, mais bon… vu les antécédents d’Ichigo… Personnellement, c’est bon pour un coup d’un soir et… »

Le coup de poing qu’il reçut de la part d’Hisagi le fit taire. Le sang qui coulait à la commissure de ses lèvres, attira l’œil de chacun. Renji se redressa et toucha sa joue avec sa langue, tout en essuyant la commissure de ses lèvres. Le silence qui suivit inquiéta bon nombres d’élèves présents. Shouhei et Renji étaient les meilleurs amis, et de les voir se disputer étaient rare, pour ainsi dire inexistant. Hisagi déclara froidement.

« Attention à ce que tu dis Renji… Je ne suis pas sûr de vouloir l’entendre.

— Ne te monte pas la tête Shouhei. Le jour où elle te laissera tomber pour Grimmjow, tu ne viendras pas dire que je ne t’avais pas averti ! Cette fille n’est pas pour toi !

— La ferme !

— Comme tu veux… »

Renji quitta la pièce, suivit d’Uzuru qui s’excusa auparavant auprès d’Hisagi. Seuls Chad et Kiego restèrent près de lui.

« La violence ne résout rien, Shouhei, et je sais que tu le sais… Veille bien sur Ichigo. Je crois qu’elle compte beaucoup sur toi.

— Je suis d’accord avec Chad. Approuva Kiego. Et contrairement à ce que pense Renji, je ne suis pas sûr moi qu’elle veuille retourner auprès de Grimmjow. »

Hisagi se leva. Il avait besoin de prendre l’air brusquement. Tout le monde ne faisait que de lui parler de Grimmjow, Grimmjow, Grimmjow… Comme s’il ne le savait pas qu’il prenait un risque. Pourtant, lorsqu’il songeait à la veille où Ichigo avait bravé les éléments pour venir le rejoindre. Prête à entrer par effraction dans sa maison… et surtout… l’index d’Hisagi s’attarda sur sa lèvre inférieure. C’était elle qui l’avait embrassée la première.

Comme le disait Chad, Ichigo avait été honnête avec lui. Mais, ses certitudes étaient montés sur du sable, alors d’entendre les autres doutés et en rire… il en perdait la raison. Qu’ils se taisent tous, et qu’ils les laissent vivre leur relation. Qu’importe où cela les menait après tout… mais qu’on leur laisse une chance de vivre quelque chose.

Lorsqu’il quitta le lycée, Hisagi tenait un sac en papier. Kiego se joignit à lui, ainsi que Chad et Inoue. Ils marchaient rapidement, le temps était une nouvelle fois, incertain. Orihime se tourna vers lui pour lui tendre un sac.

« C’est celui d’Ichigo, elle a oublié de le prendre hier… et je voulais te dire quelque chose… J’ai su par Chad que les autres mettaient en doute sa parole. Sache qu’elle était déterminée. Elle n’a jamais été comme cela même à l’époque ou Grimmjow était parmi nous. Elle nous a fait clairement comprendre qu’elle voulait être avec toi, alors… ne doute pas. Je crois qu’il faut juste lui laisser un peu de temps. Mais tout ira bien au final. »

Hisagi examinait les traits souriants et confiants d’Inoue. Elle était très jolie, et l’aurait certainement attiré, s’il n’y avait pas eu Ichigo. Ses paroles lui firent du bien, même s’il ne le montrait pas. La nuit tombait lorsque Shouhei sonna à la porte d’Ichigo. Il baissa les yeux pour rencontrer une gamine d’une douzaine d’année. Elle mâchouillait un chewing-gum et portait une casquette de base-ball sur la tête. Sur le coup, il aurait pensé à un garçon, mais malgré ses allures, elle était trop féminine pour la prendre pour un gamin.

« Vous êtes le petit ami de ma sœur ? » Demanda-t-elle abruptement.

Hisagi failli sourire. Décidément, toute la famille était taillée sur le même modèle.

« Elle est malade… Entrez ! »

Hisagi entra dans le couloir de la maison plutôt petite s’il la comparait à la sienne. La porte s’ouvrit sur une deuxième fille, beaucoup plus féminine avec des pinces en forme de fraises dans les cheveux.

« Oh… le petit ami d’Ichigo. Je vais la prévenir !

— Elle ne pourra pas se lever Yuzu.

— Euh… alors, je vous conduis à elle. Enfin, si elle ne dort pas.

— Ce n’est pas grave, je ne reste pas très longtemps. Je voulais seulement voir comment elle allait. Sourit Hisagi.

— Venez, je pense qu’elle sera contente de vous parler. »

Shouhei suivit Yuzu. Ses mains serraient un peu plus fort la poignée des sacs qu’il tenait. Lorsqu’il franchit le pas de la porte de la chambre d’Ichigo, il remarqua immédiatement la forme emmitouflée sous les couvertures. Laissé seul, il traversa la pièce et prit le siège de bureau juste à côté du lit, et s’installa. Il en profita pour mettre les affaires de la jeune fille en place.

« Ichigo ? Appela-t-il doucement pour s’assurer qu’elle ne dormait pas.

— Hisagi ? S’étonna la rousse en sortant un peu son visage rougit de dessous les couvertures.

— Je suis venu t’apporter tes affaires.

— Mes… ah oui ! Soupira la malade. Je les avais oubliés »

Shouhei glissa sur le sol, et se mit à genou pour contempler de plus près le visage fiévreux. Les yeux étaient tellement brillants qu’ils en paraissaient liquéfier.

« Tu es sûr que ça ira ? »

Ichigo hocha la tête. Sortant doucement de ses couvertures sous les protestations d’Hisagi, elle l’attira à elle, et se serra contre lui, lui faisant battre le cœur comme un fou. Sa voix rauque d’avoir toussé, chuchota contre son oreille.

« Je suis si heureuse que tu sois là… ne m’abandonne jamais Shouhei… »

 

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