L'enfer au bout de mes doigts (Stark x Ichigo)

Auteur / Scénario : Jijisub

Rating : Ma – Public avertis

Couples : Stark x Ichigo

Nbre chapitre en cours : 6

Statut : En cours

Genre : Aventure / Action / Romance / Yaoi / Ansgt / UA

 Disclamer : Bleach appartient à Tite Kubo. Je ne suis qu’une misérable fan-ficeuse, qui s’est permise de tout métamorphoser en yaoi !

 Ceci est une fan-fiction qui débutera le jour de mon anniversaire. (je prends plus de temps que prévu pour l’écrire… mais, je présume de mes forces -_-’).

 Synopsis :

 Isshin est quelque peu ennuyé avec son turbulent fils. Obligé de montrer l’exemple par la noblesse et le rang de sa famille, il envoie Ichigo à l’académie pour le canaliser et surtout lui apprendre à maîtriser son reiatsu monstrueux.

 L’adolescent perturbé et grognon, se fait remarquer par d’exceptionnelle qualité de combat et une force hors du commun. Pourtant, son point faible reste le kido.

Ichigo qui s’aperçoit de son homosexualité, se renferme de plus en plus sur lui-même… jusqu’à ce que son professeur Stark lui avoue des sentiments qu’il croyait les seuls à ressentir.

Quel avenir est réservé pour Ichigo dans un monde où il se doit de tenir son rang de noble et où le mariage lui sera imposé, tout comme celui de capitaine un jour ou l’autre ?

 

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Chapitre 1

Dans les murs du Sereitei, la douceur de vivre n’était pas un vain mot. En cet fin d’hivers où les prémices du printemps bataillaient pour remporter la bataille des saisons, l’aube projetait ses premiers rayons pourpres, violet et jaunes tel un artiste jetant ses couleurs sur sa toile sombre, brute, pour devenir peu à peu brillante jusqu’à arrivé à l’iridescense. Les premiers bourgeons des arbres voyaient éclorent les feuilles d’un vert tendre, et les fraîches gouttes de rosées du matin, scintillaient tel des miroirs retournés et renvoyaient les premiers rayons du soleil d’un éclat plus aveuglant. Le doux pépiement des oiseaux matinaux se faisaient entendre sur la ville encore endormis.

Aux travers des dédales de chemins et de murs blancs soigneusement entretenus, le bruissement des feuilles d’arbres vénérables se percevait comme un chant à la gloire de la nature. Certains shinigami qui empruntaient les larges avenues des quartiers résidentiels ne pouvait qu’imaginer les jardins somptueux que cachaient les murs plus haut que ceux du Goteï13 et les gardes armés se trouvant devant les grandes portes ouvragées ne leurs laissaient aucun espoir un jour de pouvoir les admirer.

Un des grand battant s’ouvrit pourtant pour laisser passer un des propriétaires de ces immenses demeures secrètes. Il faisait partit du plus noble et du plus puissant clan de tout le Sereitei. Avoir affaire au clan Shiba était un honneur ou un malheur en fonction des affaires qu’on avait à régler avec eux. L’homme était grand, de stature imposante, ses cheveux sombres hirsutes donnaient un air négligé tout comme la barbe naissante. Les yeux chocolats étaient éclairés par la bonté et une certaine joie de vivre et même s’il affichait ce matin-là une mine préoccupée, ses traits n’évoquaient guère la cruauté.

Isshin maugréa dans sa barbe et prit la direction du Goteï13 afin de rencontrer Yamamoto Genruisei. C’était lui qui avait demandé l’entrevue et cela ne lui plaisait pas plus que cela, mais actuellement, il y avait urgence. Arrivée très rapidement grâce au Shunpo, Isshin se retrouva devant la porte de Yama-jii et attendit que Sasabike lui ouvre la porte. Ce dernier s’inclina avec révérence devant le capitaine de la dixième division et s’effaça pour le laisser entrer.

Le noble se plaça devant le Soutaïcho qui attendait patiemment le pourquoi de la visite si matinale du plus puissant capitaine de ses divisions. Isshin ne tourna pas autour du pot et attaqua immédiatement comme à son habitude :

- Yama-jii… j’ai besoin de votre appui, afin de permettre à mon fils Ichigo de rentrer à l’Académie à la rentrée prochaine.

Le vieil homme haussa un sourcil blanc et entrouvrit les yeux pour laisser entrevoir son regard sombre. Un silence prit place et Isshin savait pertinemment que Yamamoto ne parlait jamais sans une courte réflexion. Donc, il prit son mal en patience et attendit la réponse du vieil homme qui ne tarda pas.

- Ton fils est un adolescent à peine sortit de l’enfance Isshin…

- Certes… certes… reprit le capitaine nerveusement. Mais, il montre déjà de bonnes capacités et pour tout dire, je ne sais plus quoi faire pour qu’il cesse ses bêtises d’une part et surtout qu’il maîtrise son reiatsu. Non pas qu’il applique pas mes conseils… mais apparemment, il a besoin de plus que ce que je peux lui apporter pour le moment.

Tout en parlant, l’homme qui devait avoir dans les trente-cinq ans s’était mis à marcher de long en large.

- A vrai dire, je comptais sur l’Académie aussi pour lui mettre du plomb dans la tête.

- Tu n’es pas spécialement discipliné toi-même Isshin…

Ce dernier crispa sa mâchoire pour ce rappel à l’ordre qui visait le dernier incident qui n’était pas très vieux, à peine quelques jours en arrière. Il s’était permis de laisser en vie quelques ennemis alors qu’il lui avait été expressément demandé de tuer toutes les âmes de quincy qu’il rencontrerait. Mais, Isshin n’était pas doué pour le meurtre d’enfants et de femmes… Le regard des siens le poursuivait à chaque sortie.

- Ce n’est pas la peine de revenir sur cet événement…

- Lorsque je donne un ordre, j’attends toujours qu’il soit exécuté Shiba-san. Je ne vous demande pas de réfléchir. Vous n’avez pas à contester les ordres de la chambre des 46. Vous comme moi ne sommes que des instruments. Nous sommes là pour appliquer les lois et quel qu’elles soient. Pensez-vous qu’il me soit si facile de vous transmettre de telles demandes ? Je sais que s’est vous qui êtes en première ligne… mais si nous vous demandons d’agir, c’est qu’il en va de la sécurité de chacun. Nous devons garder l’équilibre des deux mondes et même s’il y a un prix à payer pour garantir cette équité… vous n’êtes pas à même de le juger. Maintenant, concernant votre fils… si vous me demandez de vous aider, c’est qu’il doit y avoir un problème dont vous n’avez pas la maîtrise . Avant de donner mon accord pour que votre fils puisse intégrer l’Académie, je souhaite comme tout élève qu’il passe le concours d’entrée. S’il le réussit, je demanderai vu son âge à ce qu’il intègre malgré tout l’école. S’il échoue, il passera les examens comme n’importe quel autre élève. Est-ce clair ?

- Oui… très clair !

- Très bien… Je vais envoyer un courrier au directeur de l’Académie. Je pense que votre fils recevra une lettre lui donnant ses dates d’examens. Qu’il se tienne prêt… Maintenant vous pouvez disposer.

Isshin s’inclina et remercia pour quitter la pièce. Le vieux Yama lui en voulait encore pour l’incident et le changement de ton et l’utilisation du vouvoiement en étaient la preuve. Le shinigami savait pertinemment qu’il y avait une raison à tout ordre… mais, le regard suppliant des enfants lui remontaient sans cesse en mémoire et il savait pour lui impossible d’abattre de sans froid un adversaire sans aucune défense et d’autant plus humain…

Toutefois, il était heureux que malgré son ressentiment, le vieux est accepté que son fils passe l’examen. Il espérait maintenant de tout cœur qu’Ichigo y mettrait du sien et qu’il réussisse son épreuve. Avec toutes les bêtises qu’il accumulait, cela ne devrait pas être un trop gros problème…

°°0°0°°

Dans les cours intérieures de la maison du clan vénérable des Shiba, le hurlement stridents des femmes juraient avec l’ambiance reposante du lieu. Bientôt, le jardin zen fut piétiner par des pieds uniquement chaussés de tabi*. Des femmes habillées de kimono traditionnel se dispersaient tel un envol de perdrix affolées par l’arrivé du chasseur. Ce dernier justement apparu tenant dans sa main un sabre en bois sur lequel au bout pendait lamentablement le cadavre de ce qui devait être un rat. Le jeune freluquet fit tournoyer le pauvre animal et ses yeux ambres cherchaient partout où se trouvaient les domestiques qui d’ordinaire accomplissaient leurs tâches dans un silence quasi-monacal. Le sourire cruel en disait long sur ce que le pré-adolescent allait faire subir à ces victimes humaines. Mais, une voix féminine aux accents distinguées firent écrouler en moins de deux secondes les projets machiavéliques mit en place.

- Ichigo Shiba ! Je vous sonne d’arrêter immédiatement vos incartades. Laissez donc, les domestiques vaquer à leurs occupations. Ils n’ont nuls besoin de vous servir de jouets.

Le jeune homme fit tomber la pointe de son katana en bois et l’animal accroché tomba d’une manière flasque sur le sol. Le froncement de sourcil caractéristique du jeune homme lorsque ses plans étaient contrariés vint orner son visage d’ordinaire si séduisant. Les grands yeux aux couleurs or n’avaient pas l’incrédulité de l’enfance.

Sa mère se demanda soudain quant Ichigo avait perdu cette innocence qui le caractérisait il y a peine quelques années. Elle était sur qu’il devait être arrivé quelque chose à son fils, mais Mazaki n’avait jamais réussit à le faire parler. Depuis lors, Ichigo était comme possédé par le démon et torturait tout ceux et celles qu’il pouvait ennuyer. Cela ne s’arrêtait pas aux domestiques, la maîtresse de maison avait du protéger ses plus jeune filles également du caractère instable du jeune homme.

Mazaki songea soudain en rencontrant les yeux de son fils, qu’elle avait encore de la chance que ce dernier lui obéisse.

- Très bien…

Ichigo fit un mouvement pour s’éloigner mais sa mère l’arrêta :

- Où comptes-tu aller ?

- Je vais me changer les idées… ailleurs…

- Sais-tu que ton père est partit demandé ton entrée prochaine à l’Académie ?

- Grand bien lui fasse…

- Ichigo ! Ichigo… reprit plus doucement Mazaki. S’il te plaît… arrête d’effrayer les autres.

L’adolescent se retourna vers sa mère et l’observa quelques minutes sans rien dire. Puis, tournant les talons, le jeune homme quitta les lieux. Ichigo bondit de branches en branches dans le parc, et finalement se retrouva sur les murs d’enceintes extérieurs. Il savait qu’il n’avait aucun droit de sortir de ces hautes murailles mais, il s’en moquait éperdument. Il étouffait ici entouré de tous ces serviteurs obséquieux. Il ne désirait qu’une chose… vivre comme il l’entendait. Son père l’avait recommandé pour son entré à l’Académie ? Quelque part, cela le soulageait… peut-être échapperait-il à tous ces hypocrites.

L’adolescent marchait sur le mur d’enceinte et observait les shinigami qui vaquaient à leurs occupations. Lui aussi serait bientôt un des leurs… Son cœur se mit à bondir de joie. Il allait quitter cet espace étouffant et clos. Son cousin lui avait expliquer avec moult détails la vie à l’Académie mais aussi le changement lorsqu’il était arrivé à la 13ème division. Il avait l’air heureux et apparemment servir le capitaine Ukitake était pour lui une bénédiction. Le jeune homme fronça les sourcils en songeant à Kaïen. Il s’était rendu compte qu’il en était tombé amoureux et cela l’effrayait. La découverte de ses sentiments ne lui permettait plus aujourd’hui de faire face au jeune homme.

Amoureux ? Il était terrifié car normalement, il aurait du tomber amoureux d’une fille et là, il s’agissait d’un garçon et en plus de son cousin. Dans quelle galère c’était-il embarqué. Il savait que Kaïen ne le gronderait pas et d’apprendre la nouvelle lui amènerait un sourire bienveillant… Ichigo savait que son cousin ne se moquerait pas de lui. C’était aussi, tout un mélange d’émotions qui le perturbait. Il était amoureux d’un homme comme ce dernier était fiancé, il ne lui retournerait jamais ces sentiments ! Le roux s’accroupit et fixa sans le voir le mur sous ses pieds. Que lui restait-il comme avenir ? Comment allait-il faire face à sa famille avec une telle nouvelle ? Tous s’attendaient à ce que le mâle de la famille soit marié et père de famille et pas… gay !

Peut-être qu’avec de la chance, serait-il peut-être bi ? Il essaya de s’imaginer avec les jeunes filles qu’il connaissait au sein de la famille Shiba et un frisson d’angoisse l’étreignit. Non… les filles s’étaient pas pour lui. Il se promit de garder son secret au plus profond de lui-même et d’éviter d’avoir une quelconque relation avec qui que se soit. Cette idée l’effraya puis, il se dit que s’était pas plus mal. Qui voudrait de lui de toute façon avec sa couleur de cheveux et son caractère de chien ? Il enviait Byakuya Kuchiki qui était beau, intelligent et normal. Ichigo avait été un temps attiré par le jeune homme qui venait de sortir de l’Académie mais tout cela n’avait à voir qu’avec son physique. Byakuya était trop pompeux et à cheval sur les principes que lui s’amusait à foulée du pied.

Ses pensées revinrent vers Kaïen et un soupir à fendre l’âme résonna dans sa poitrine. Ichigo se sentit le besoin de se défouler et il allait quitter les lieux lorsqu’il entendit la voix moqueuse de Yoruichi derrière lui.

- Oï ! L’héritier Shiba… tu as l’air vaguement de t’ennuyer…

Ichigo se tourna vers la plantureuse héritière du clan Shinouin et observa les yeux prunes de la jeune femme. Toujours une lueur ironique qui était comme incrustée dans son regard.

- La ferme Yoruichi… j’ai pas envie de m’amuser… mais de me défouler !

- Jouons ensemble…

- T’as pas une division à t’occuper ?

- Soï Fong s’en occupe très bien ! Allez… un pré-adolescent comme toi doit avoir de l’énergie à revendre ! Amusons-no…

Ichigo s’était glissé derrière l’héritière et avait retiré son ruban rouge d’une geste prompt.

- Si tu veux t’amuser… va trouver quelqu’un à ta hauteur !

- Prétentieux… et sale gamin…

- Tss ! Tu sais pas ce que tu veux…

Le roux se recula en ricanant et en agitant le bout de tissu pour mieux narguer la jeune femme. Yoruichi réussit à attraper le tissus au nez et à la barbe du jeune prétentieux qui perdit son sourire en constatant le tour de force du capitaine de la 2ème division. De colère, Ichigo bondit pour rattraper son trophée mais Yoruichi le nargua car une nouvelle fois, elle avait réussit à esquiver les attaques du jeune homme. Bientôt, le couple parcouru tout le Sereitei afin de savoir qui remporterait le ruban. Le rire de Yoruichi résonna dans les murs de quelques divisions, dont celle d’Isshin qui se crispa en voyant brièvement son fils sur les traces de la noble qui le taquinait férocement.

- Taïcho… demanda Matsumoto. Quelque chose ne va pas ?

- Je vais m’absenter pendant quelques minutes Rangiku… Ne fais pas de bêtises durant mon absence…

Ne laissant pas de temps de réponse à la jeune femme, Isshin se mit à poursuivre, les deux nobles qui semaient la pagaille sur leurs passages. Déjà, il devait gérer Ichigo, si Yoruichi se mettait à taquiner son fils, il craignait pour sa famille et surtout pour les prochaines remontrances de Yamamoto.

°°0°0°°

Ichigo réussit à coincer la jeune femme et ils basculèrent tous les deux, Ichigo se retrouva assis à cheval sur la jeune femme. D’un mouvement vif, il réussit à attraper le ruban et il ricana :

- C’est toi la plus présomptueuse… après t’être moqué de moi, tu mérites un châtiment…

- Vraiment ? Fit la voix froide du capitaine de la sixième division.

Les deux nobles pris sur le fait tournèrent la tête et rencontrèrent deux paires d’yeux gris. Ceux du grand-père Kuchiki et celui de son petit-fils. Ichigo et Yoruichi se regardèrent en faisant la grimace, ils allaient passer un sale quart d’heure.

- Vous n’êtes vraiment pas un exemple pour l’ensemble du Sereitei et du Rukongaï. Vous devez être irréprochable… et surtout toi, Shiba Ichigo futur héritier du clan…

- La ferme ! Je fais ce qu…

L’adolescent se sentit soulever prestement et la voix de son père résonna à ses oreilles.

- Mille excuses ……….. Kuchiki. Mon fils n’a pas toute sa raison actuellement et je suis sincèrement désolé pour ses écarts de langage.

L’expression froide du visage parcheminé en disait long sur le bien qu’il pensait du clan Shiba.

- Une honte pour toute la noblesse…

Le ton compassé et emplie de dédain hérissèrent Ichigo qui était déjà prêt à en découdre, si ce n’est qu’Isshin resserra son étreinte sur son fils et finit par le soulever d’un bras.

- Je ne vois pas de quoi vous me parler Kuchiki-san. Ma famille n’a jamais jeté l’opprobre sur la noblesse et se n’est pas parce ce que j’ai un fils un peu turbulent qu’il faut le juger sur le reste de sa personne. De toute façon, je pense que le clan Shinouin est loin d’être en reste à ce sujet et pourtant… l’héritier est beaucoup plus âgé.

Les yeux d’Isshin glissèrent malicieusement sur Yoruichi qui haussa les épaules, occupé à remettre son ruban autour de ses cheveux. Byakuya foudroyait la jeune femme du regard à la surprise d’Ichigo qui ne comprenait pas la discussion silencieuse qui avait lieu entre les deux nobles.

- Nous rentrons à la maison…

- Mais…

- Tu rentres Ichigo…Tu as fait suffisamment d’éclat pour aujourd’hui…

Ichigo était mortifié. Etre pris tel un sac de sable et il n’osait pas se débattre de peur de se rendre encore plus ridicule. Il savait d’avance qu’il n’arriverait pas à se sortir de l’étau des bras de son père.

- Ooohhh que vois-je ? Shiba Isshin qui procède à un rapt ?

La voix moqueuse d’Hirako se fit entendre dans la cour au grand dan du capitaine de la 10ème division. Isshin serra la mâchoire et marmonna :

- On peut savoir ce que tu fais ici Hirako ?

- Oh… pas grand chose. Je voulais voir de plus près les tornades qui ont dévasté ma division il y a quelques minutes… Mais, je vois que tu as résolu le problème.

Ichigo commença à gigoter et souffla à l’intention de son père :

- Papa lâche-moi… je suis ridicule…

- C’est ta punition !

Le roux devint écarlate et une idée traversa son esprit. Il sortit de sa manche une paire de ciseau et coupa sans se faire remarquer l’obi de son père. Caché par la stature de son géniteur, Ichigo fut rapide à la besogne malgré le tissu récalcitrant. Lorsque le dernier fil lâcha l’hakama d’Isshin tomba au sol dans un jolie mouvement souple. La discussion fut interrompue, le formidable de rire de Yoruichi retentit tendit que le capitaine de la 10ème division restait stupéfait. Isshin relâcha Ichigo qui se redressa avec dignité et hurla après son père

- Ça t’apprendra à me retenir contre ma volonté !

- Caractériel ? Ironisa le capitaine de la 5ème division…

- Une honte pour la noblesse surtout… Marmonna le capitaine de la 6ème

- Trop drôle ! Jolie caleçon Isshin…

Yoruichi se tenait les côtes alors qu’Isshin se pencha pour récupérer son pantalon en foudroyant son fils du regard.

- Ichigo… je te demande de venir immédiatement dans ma divisi…

Le jeune homme bondit et se retrouva sur un muret

- Dans tes rêves…

Isshin fit pression sur son fils avec son reiatsu mais le roux ricana et lâcha le sien en réponse. La pression devint irrespirable pour tous ceux présents dans la cour. Certains simples shinigami firent un malaise.

- Ichigo arrête immédiatement !

Mais l’adolescent commença à paniquer en se rendant compte qu’il perdait une nouvelle fois le contrôle de son énergie spirituelle. Il maugréa et disparu s’enfuyant loin de la zone où se trouvait son père.

- Je t’ai connu plus cool Isshin. Fit remarquer Yoruichi.

- Il n’en fait qu’à sa tête et ses bêtises deviennent un peu plus dangereuses chaque jour.

- Tu m’as l’air quelque peu désespéré…

La voix d’Hirako fit retourner le capitaine de la 10ème division.

- Le mot est faible…

Le blond fit quelques pas pour finalement déclarer moqueur :

- Fait lui faire un stage à l’Académie… je suis sur qu’il va s’épanouir là-bas.

- C’est prévu… Il va passer les tests prochainement.

- Il n’est pas trop jeune ?

Isshin observa Kuchiki et répondit :

- Ces capacités dépassent largement celles de certains shinigami.

- Si tu le dis Shiba…

Yoruichi qui voyait l’air dubitatif du vieil homme répondit :

- C’est de la mauvaise fois, si je puis me permettre Kuchiki-san. Vous avez déjà pu juger de son reiatsu à l’instant, il n’a rien à envier à celui d’un capitaine…

- Mais s’est-il seulement le maîtriser ? Remarqua Hirako songeur.

Le capitaine de la cinquième division quitta les lieux laissant les nobles à leur problème. Un sourire s’inscrivit sur son visage. L’adolescent avait l’air intéressant et le fait qu’il cause un tas de troubles auprès de la noblesse n’était pas pour lui déplaire. Mais une chose était véridique dans les propres de Yoruichi. Il n’était resté que quelques minutes, mais le reiatsu de ce jeune homme était réellement impressionnant. Encore un futur capitaine en puissance dans la noblesse. Un soupir exaspéré filtra entre ses lèvres. Il oublia l’incident et se concentra sur le reiatsu de son fukutaïcho qui avait disparu… ou plutôt qui disparaissait ces derniers temps de manière inexplicable.

°°0°0°°

Ichigo sauta de murs en murs. Il était mal à l’aise depuis qu’il avait relâché son énergie spirituelle. Que lui arrivait-il encore ? Il en avait assez de toutes ces complications et assez de sa vie ordinaire. Il ne savait plus très bien ce qu’il voulait dans le fond et où se diriger. Personne ne le prenait au sérieux et puis, il était troublé par ses propres désirs. Si seulement la vie était plus simple. Ichigo s’arrêta quelques instants se perdant dans ses pensées et lorsqu’il voulut reprendre sa route la tuile sur lequel il s’était immobilisé, se descella. Le jeune homme trop inattentif perdit l’équilibre pour chuter et tomber lourdement sur le capitaine de la cinquième division. Les jambes du pré-adolescent entourait la taille du blond qui gémissait de douleur.

- ‘Tain qu’est ce qu’il foutait là ?

- Jeune homme vous avez des écarts de langage et mon corps qui vous sert de paillasson a amortis votre chute ! Soyez reconnaissant au moins…

Shinji se redressa sur les coudes et grimaça encore sous le coup de la chute imprévue du rejeton d’Isshin. Ce dernier le regardait courroucé. Hirako se sentit outré, s’était lui qui devait être en colère.

- J’aurais pu me rattraper si vous n’étiez pas là ! Fit Ichigo de mauvaise fois.

- Insolent ! Puis mi-figue, mi raisin… Tu comptes rester longtemps monter sur moi de cette manière ?

Ichigo baissa son regard et vit qu’il était à califourchon sur le capitaine de la cinquième division, dans une position des plus équivoques. L’adolescent rougit violemment et se redressa précipitamment sous le regard goguenard de Shinji.

- Moi… ça m’allait…

- La ferme !

- Fait attention comment tu me parles jeune crétin !

Ichigo sentit la moutarde lui monter au nez et répliqua :

- Crétin toi-même…

Et il lui fit des grimaces à laquelle Shinji répondit à sa grande surprise. En colère, puis amusé Ichigo fit un concours avec le capitaine blond qui n’avait rien à lui envier sur la laideur des mimiques, des singeries et pitreries en tout genre. Les deux en avaient oublié le pourquoi de leurs disputes si ce n’est qu’une voix mielleuse et grave demanda :

- Hirako Taïcho… excusez-moi de vous déranger dans votre… concours… mais, nous vous attendons pour notre mission dans le monde humain !

Shinji se redressa et retira la main de ses fesses qu’il tapaient quelques instant plus tôt. Il maugréa

- Rabat-joie… Tss… c’est toujours quand on s’amuse que tu t’pointes !

Ichigo observait l’homme aux lunettes qui lui faisait face. Son sourire bienveillant lui hérissait le poil. Il bloquait complètement sur cette longue silhouette qui se tenait calmement à côté de son capitaine. Shinji vit le regard de l’adolescent et fronça les sourcils quand tout à coup, Ichigo réagit en bloquant quelque chose derrière lui. Le roux fit une torsion et une exclamation de douleur se fit entendre. Et Shinji vit Ichigo plaqué Gin au sol. Que faisait là ce jeune crétin ?

- Qu’est ce que tu voulais me faire ? Tu me suis depuis ce matin connard !

- Aaahhh… Tu me fais mal…

- Vraiment ?

Ichigo eut un sourire cruel et accentua la pression de ses doigts sur la prise implacable qu’il exerçait sur Gin.

- J’pourrais t’faire encore plus mal…

- Lâche-le !

Shinji n’avait pas spécialement pitié de l’albinos qu’il appréciait autant qu’Aïzen, mais il ne souhaitait pas que la situation dégénère. A sa surprise, Ichigo relâcha sa victime et replaça son kimono. Hirako se dirigea vers le noble qui observait méchamment le shinigami qui se redressait en pestant entre ses dents.

- Shiba-sama… vous devriez rentrer chez vous…

Ichigo surpris par la politesse dont faisait preuve maintenant le capitaine, le regardait s’approcher avec une expression maussade. Le roux haussa les épaules et allait quitter les lieux lorsque la voix d’Isshin se fit entendre une nouvelle fois.

- Ichigo… Qu’as-tu encore fait ?

- Rien…

- Si j’en crois mes yeux…

- Ichigo n’a fait que se défendre… Isshin.

- Se défendre ? Contre qui ? Contre quoi ?

Ichigo se tourna à nouveau vers Hirako et posa une main apaisante sur l’avant-bras du capitaine.

- Ne vous fatiguez pas… il ne vous croira jamais car il s’agit de moi !

- Vous semblez bien amer, aussi jeune… Fit ironique Aïzen.

- La ferme ! Toi j’t’aime pas ! Tu souris tout le temps comme l’autre mais vous êtes des…

- Ichigo !

Isshin observait son fils furieux.

- Tu vas présenter tes excuses immédiatement…

- Pourquoi ? Parce ce que je les traite d’hypocrites ? T’es pas fichu de voir à deux mètres ce qui se passe… alors…

Le capitaine de la dixième division voulu attraper son avorton de fils mais ce dernier esquiva son père sans trop de difficulté. Isshin exaspéré utilisa un sort de kidô pour immobiliser l’insolent adolescent.

- Tu es expéditif… Ironisa Hirako.

- Il est effronté et il n’écoute personne…

- Moi, j’dis qu’il est plutôt clairvoyant ton fils…

Aïzen émit une sorte de gargouillis qui firent se retourner les deux capitaines et à l’horreur d’Isshin, Ichigo se débattait violemment contre ses entraves.

- Arrête immédiatement Ichigo… Tu vas…

Mes les liens explosèrent à la stupéfaction de tous. Haletant et furieux, Ichigo foudroyait son père du regard qui s’était repris entre temps.

- Tu es inconscient…

- J’rentre à la maison ! J’dirai à maman que t’as utilisé du kidô sur moi…

- Quand elle en connaîtra la raison…

- J’avais rien fait !

- Ecoute ton fils Isshin.

- Je n’ai pas demandé ton avis Hirako…

Ichigo sentit la colère lui monter au nez et il posa son regard sur le blond qui avait pris sa défense. C’était la première fois que quelqu’un tenait tête à son père pour le défendre lui. Cela alluma quelque chose en lui. C’était réconfortant de se savoir comprit. Le roux lança à l’intention du capitaine de la 5ème division…

- Merci Taïcho…

Puis sans attendre, la réponse le jeune homme disparut.

- Isshin… Tu devrais avoir plus confiance en ton fils…

- Justement c’est mon fils et je pense le connaître mieux que toi. Il est menteur et incontrôlable…

- C’est un adolescent… T’étais comment au même âge ? Le même homme qu’aujourd’hui remplie de préjugés et borné ?

Hirako quitta les lieux en laissant les autres interlocuteurs pantois. Personne ne s’adressait ainsi à Shiba Isshin.

°°0°0°°

Ichigo ragea quand sa mère vint lui faire des remontrances plus tard pour le désordre qu’il avait soit disant causé au Goteï13. Il reçut l’ordre formel de ne plus y mettre les pieds. De plus, sa mère lui rappela qu’il était inutile de mentir.

- Je ne mens pas ! J’ai joué avec Yoruichi à chat et je me suis fait agressé par ce type…

- C’était un adolescent

- Et ça l’empêche de toutes tentatives d’agressions ? Il m’a suivi toute la matinée…

- Il arrive à te suivre quand tu joues à Chat avec Yoruichi-san ?

- De loin… Maugréa Ichigo.

Mazaki adressa un sourire indulgent au pré-adolescent indomptable. Même si Isshin ne s’en souvenait plus… il avait été tout aussi sauvage que son fils. Quoiqu’Ichigo était tout de même plus turbulent.

Quelques jours plus tard, Ichigo qui s’ennuyait ferme décida d’explorer les rues du Sereitei puisque le Goteï13 lui était interdit. Comme à son habitude, il sauta de mur en mur et ne trouva rien de spécialement intéressant. Jusqu’à ce qu’il tombe sur l’albinos qui l’avait agressé par derrière lorsqu’il était au Goteï13. Il avait une tenue de Shinigami et il semblait vouloir se cacher. Il n’arborait pas son sourire figé qui lui semblait ordinaire. Qu’est ce qui pouvait tramer ce type ? Ichigo se concentra sur son énergie et fit un effort comme s’il exécutait un mouvement d’apnée.

Ichigo ne fut pas tout à fait sur d’avoir réussit à camoufler son énergie mais, ne pouvant résister à l’appel de la curiosité se mit à suivre l’adolescent devant lui.

°°0°0°°

Shinji soupira et se mit à pianoter de ses longs doigts fins le rebord de son bureau. Aïzen avait encore disparu et cela commençait sérieusement à l’exaspérer. Jouait-il un jeu avec lui ? Il était toujours aussi efficace et affable. Distillant son miel autour de lui au point que cela en devenait écœurant pour le capitaine de la 5ème division. Ne pouvant résister à la curiosité, le blond repoussa une de ses longues mèches et sortit pour retrouver son fukutaïcho.

A l’extérieur, il ne trouva nulle trace du brun dans sa division, il entreprit de sortir de ses murs et tomba sur le nouveau capitaine de la douzième division. Une espère d’abruti blond qui venait de la deuxième division. Hiyori allait encore venir l’agacer et lui donner des coups parce qu’elle n’arrivait pas à passer ses nerfs sur Urahara qui prenait tout à la légère. Même lui cela l’agaçait. Pourtant, il n’était pas lui-même un modèle de vertus.

- Hirako Taïcho… Fit de sa voix amusée et un peu mal assurée le blond.

Hirako lui jeta un regard légèrement méprisant mais répondit tout de même :

- Je peux vous aider Urahara-san ?

- Oh… non ou si… je cherchais Hiyori-san, je lui avais confié les plans de mes dernières recherches lors de mon déménagement et je suis incapable de remettre la main dessus. J’en ai besoin mais je ne retrouve pas mon fukutaïcho.

- J’ai le même problème… marmonna Shinji.

- Vous parlez d’Aïzen-san ? Je l’ai croisé, il y a quelques minutes… Il se dirigeait vers les quartiers résidentiels du Sereitei. Il avait l’air quelque peu pressé. Mais il ne m’a pas vu.

- Vraiment ? Tss… dans quoi est-il partit encore se fourrer ?

- Pardon ?

Urahara regardait surpris le capitaine de la cinquième division qui avait pour lui un comportement étrange parfois, mais là-dessus, dans un autre genre il n’avait rien à lui envier. Il avait du respect pour se capitaine bourru, toutefois, il n’était pas certain que ce dernier éprouve le même genre de sentiment à son égard.

- Rien… Hiyori va certainement arrivé dans ma division d’un instant à l’autre. Vous pouvez l’attendre dans mon bureau. Elle va vouloir certainement passer ses nerfs sur moi.

- Vraiment ?

- Tss… à chaque fois que quelque chose l’énerve… elle finit toujours par m’empoisonner la vie. Et quelque chose me dit qu’avec vous, je vais la voir souvent débarquer dans mon bureau.

- … Gomen…

Urahara se gratta la tête confus mais Shinji quitta les lieux voulant retrouver Aïzen. Qu’était-il partit faire dans les quartiers résidentiels ? Il utilisa le shunpo pour avoir une chance de le surprendre en flagrant délit d’il ne savait qu’elle cause obscure. Et lorsqu’il arriva sur place, il fut stupéfait de voir Gin Ichimaru en maille à partir avec le rejeton d’Isshin. Shinji fronça les sourcils quand il vit Ichimaru sortir son zanpakuto et l’utiliser contre le roux. Sans réfléchir, il bondit.

°°0°0°°

Ichigo pesta, il s’était fait capter par l’albinos.

- Alors Shiba… tu me cherches ?

- Disons que vous alliez l’air de préparer un coup douteux… j’vérifais…

- Ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas !

- Comme si j’allais vous écoutez alors que j’écoute même pas mon père…

Gin vit du coin de l’œil Aïzen et se dernier lui fit un geste sans équivoque. Un sourire cruel vint se dessiner sur les lèvres du jeune homme qui sortit son zanpakuto. Ichigo s’inquiéta :

- He… Mais qu’est ce que tu fais ?

- Tu me tutoies quand tu te sens en danger ? Tu vas comprendre la peur… petit noble sans envergure… Ikorose Shinzo !

La lame partit et rencontra un zanpakuto qui dévia le coup. Ichigo sentit soudain un bras l’entourer et une poitrine contre lequel on le serrait. Il ouvrit de grands yeux et reconnu une des mèches du capitaine de la cinquième division. Shinji avait le regard riveté sur son agresseur. L’expression froide qu’il arborait était effrayante.

- Oh la… Ichimaru… Je peux savoir ce qui t’amène à vouloir transpercer un noble ?

- Oh… Hirako-Taïcho… En fait, je voulais montrer les capacités de mon zanpakuto à ce gamin qui était curieux de le voir à l’œuvre…

- Tu me prends pour un con en plus ?

- Euh… Taïcho…

Ichigo avait le cœur qui courait dans sa poitrine. Hirako l’avait sauvé d’une mort certaine. L’albinos avait bien l’intention de le supprimer. Le roux leva la tête pour croiser les yeux noisettes du capitaine. Ce dernier posait sur lui un regard interrogateur.

- Je… vais bien !

Hirako relâcha le jeune garçon qui se recula toujours sur le coup de son émotion.

- Je pense que tu devras t’expliquer auprès de ton capitaine Ichimaru. Et trouves-toi d’ici là une excellente explication… car je ne pense pas que ton excuse bidon puisse fonctionner longtemps.

- Je ne pense pas avoir de soucis particuliers… avec le caractère de Shiba-sama… se sera un jeu d’enfant de le faire passer pour coupable. Surtout aux yeux de son père…

Ichigo rougit violemment et tourna un regard furieux vers Gin et gronda :

- Tu vas essayer de monter mon père contre moi ?

- Je ne pense pas que mon intervention n’envenime les choses plus qu’elles ne le sont actuellement….

- Salaud ! S’écria énervé Ichigo qui tendait son poing près à frapper Ichimaru.

- Isshin-sama va être tellement déçut par son fils encore une fois… Se moqua l’albinos.

Ichigo allait se jeter sur le shinigami qui le narguait mais Shinji l’attrapa par les épaules et le serra fermement contre lui. Le roux voulu se débattre mais le blond déclara imperturbablement :

- Calme-toi… il ne cherche qu’à t’énerver pour que ses propos soit crédibles. Laisse-le et rentre chez toi et n’en sors plus. J’irai voir ton père pour lui parler. Mais essaye de te calmer un tout petit peu d’ici là.

L’adolescent s’immobilisa et se tourna vers Hirako. Ichigo vit dans les yeux noisettes une sincérité qui le toucha.

- Merci Taïcho… Je rentre chez moi et je n’en bougerais pas. Je vous le promet !

- Bien…

Hirako ébouriffa les cheveux oranges et il eut un petit sourire en voyant la lueur de respect qui brillait dans les yeux du noble. Jamais il n’aurait pensé aidé un Shiba un jour… mais ce gamin là était complètement déboussolé et son caractère impétueux lui plaisait assez. D’autant plus qu’Ichimaru et Aïzen avaient l’air de ne pas le porter dans leurs cœurs. Il n’en fallut pas plus à Hirako pour prendre sous son aile le pré-adolescent turbulent.

Ichigo quant à lui rentrait chez lui… impressionné. Tout s’était passé si vite… Et en plus, Hirako Taïcho l’avait protégé. Il avait déjà pris sa défense contre son père et cette fois-ci, il lui avait sauvé la vie alors que lui et son père n’était pas en bon terme apparemment… et il allait une nouvelle fois intercéder en sa faveur sans poser de questions, en le croyant lui… et personne d’autre ! Un sourire flottait sur les lèvres d’Ichigo quant il retourna dans sa chambre.

Chapitre 2

Ichigo était partit de chez lui sans attendre le retour de son père. Le jeune homme ne voulait pas avoir son boulet de géniteur qui lui fasse encore des remontrances avant qu’il ne rentre à l’Académie. Cela faisait sept ans qu’il y était, il n’avait pas besoin de lui mettre encore la honte. Ichigo n’avait pas fait un détour pour voir sa mère… les aux revoir avaient eu lieu la veille. Pas besoin d’en rajouter…

Avant d’entrer dans le bâtiment, Ichigo se réfugia dans un arbre et sortit de son shihakusho un joint qu’il s’était roulé avant de partir. Après tout… il devait fêter sa nouvelle et dernière année d’Académie. Un sourire ironique avait éclairé ses traits désabusés. Il se faisait chier comme un rat mort mais personne ne voulait le laisser entrer dans une quelconque division à cause de son caractère imprévisible et son refus d’obéissance. Enfin, il n’y avait pas que cela et à cette idée son sourire s’étira.

La brise souleva les branches des arbres et Ichigo pu voir ses camarades de classes les « sempai » s’occuper des nouveaux arrivés. Cela lui fit penser à lui-même lorsqu’il était entré à l’Académie. Il s’était tenu à carreau… durant la première journée pour ensuite mener la vie dure à tout ceux qui l’entouraient. Ichigo savait qu’il était détesté. Mais il n’en avait cure. Cela ne l’intéressait pas d’avoir des amis. De toute façon, ils se plaignaient tous la plupart du temps. Quoiqu’il arrive de toute façon, il finirait capitaine de division… alors pourquoi passerait-il son temps avec ceux qui resteraient de simples shinigami ?

Ichigo descendit de son poste d’observation et il passa enfin les murs d’enceintes et ceux de sa classe le regardaient furieux. Il devait faire partit du comité d’accueil et il se comportait comme n’importe quel étudiant de première année. Des chuchotements se faisaient entendre sur son chemin. Lentement, l’adolescent arriva devant sa classe et s’accroupit devant la porte où se tiendrait son premier cours. Les autres élèves se tinrent à une distance respectueuse de l’élève turbulent. Ichigo ne leva même pas la tête pour voir qui toussotait pour enfin déclarer :

- Si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer…

Le reiatsu était familier au jeune homme mais, il resta le regard dans le vague figé dans une attitude nonchalante. Ichigo attendit que tous passent devant lui et une fois que le dernier élève fut en cours, sortit un livre et commença sa lecture. La porte s’était refermée derrière le dernier étudiant et lui restait à la porte… comme les années précédentes, sauf sa première année.

Comme le temps passe vite songea Ichigo rêveur. L’étudiant quitta finalement le couloir et se dirigea vers une de ses cachettes favorites, autrement dit le dernier étage où se trouvait les fenêtres plus basses ou les rebords étaient plus large, cela lui permettait d’avoir une vue imprenable sur l’établissement tout en lui permettant de s’installer confortablement pour lire.

Il n’avait nul besoin de cours… Ichigo les connaissait tous par cœur. Génie parmi les génies disait on… sauf en kidô. Il n’y arrivait tout simplement pas. Il réussissait plus ou moins à maîtriser son reiatsu. Surtout quand il devait préparer un coup en douce et c’était à cause de cela qu’il avait réussi à le faire et non à cause des cours qu’il était censé suivre.

Installé commodément, le jeune homme repris sa lecture. Les heures passaient et au moment d’aller déjeuner, il remarqua dans la cours une certaine agitation. Le regard d’Ichigo se fit aiguë et se plissa pour voir qui éprouvait apparemment une telle joie. A sa surprise, il s’agissait des élèves de sa classe. Que leur arrivait-il donc ?

Le roux quitta sa place privilégiée et se rendit au réfectoire. Que pouvait-il bien se passer pour que tous soit si joyeux ? Oubliant le comportement étrange des étudiants Ichigo se servit à manger et s’installa seul à sa table.

Le réfectoire était immense avec de nombreuses tables rondes ou carrés qui encombraient l’espace. De nombreux étudiants étaient attablés et certains allaient voir à la table du voisin pour continuer une quelconque discussion. Le réfectoire était éclairé par d’immense baies vitrées. Ces dernières donnaient sur des jardins bien entretenus. Des allées gravillonnées de petits cailloux blanc les agrémentaient. Des bancs disséminés ici et là bordaient les chemins et invitaient à la flânerie digestive.

Ichigo ne prêtait pas vraiment attention au paysage et beaucoup lui enviait sa place privilégié. Peu de personne pouvait se prévaloir s’asseoir près d’une vitre. Seul les nobles de haut rangs ou les donateurs généreux pour l’Académie y avait une table réservée. Ichigo était le plus haut noble de toute la Soul Society, non seulement cela mais son père était aussi le donateur le plus généreux. Lui, il aimait cette place uniquement parce ce qu’il avait la paix. Le jeune homme ressortit son livre quand il entendit le grincement d’une chaise que l’on tirait au sol dans un grincement.

- Shiba-sama… Je ne pensais pas avoir la chance de vous croiser aujourd’hui…

La voix était traînante et grave. Ichigo glissa un œil sur le côté et croisa un regard métallique. L’attitude de l’homme était pour le moins… étrange. Il semblait plus ennuyé d’être là qu’autre chose. Comme s’il était obligé de venir le rencontrer. Cela agaça le noble d’autant plus qu’il s’était permis de s’asseoir sans lui demander la permission.

- Qui êtes-vous ?

- Si vous aviez assisté à vos premiers cours, vous sauriez que je suis votre professeur principal pour l’année.

- C’est vrai ? J’ai pas besoin de vous…

L’ennui perceptible dans la voix du jeune homme ne découragea pas le professeur qui continua sur sa lancée.

- Malheureusement vous êtes en septième année et vous avez un ex…

- Faites-le moi passer et on en parle plus…

- Vous êtes sur de vous…

- Vous me cassez les pieds !

- Insolent…

- Ennuyeux…

- Grossier…

- Soporifique…

- Ingrat…

- Barbant…

- Vous ne vous arrêtez jamais ? Demanda l’homme en posant une main sous son menton.

- Pourquoi assisterais-je à vos cours ? Qu’on t’il de plus que les autres ? Ironisa Ichigo.

- Venez et découvrez vous-même…

- Tss !

Une main attrapa le livre et le ferma brutalement. Ichigo releva la tête et croisa à nouveau le regard métallique de l’homme mur qui se tenait en face de lui. Il était plutôt beau et dégageait un charisme particulier. Son attitude nonchalante ou faussement nonchalante faisait de lui un homme attirant. Tout au moins pour les yeux du jeune homme excité soudain par l’idée d’une nouvelle proie à attraper. L’instinct de chasse en lui qui sommeillait se ranima….

- Accordez-moi au moins le bénéfice du doute…

Ichigo haussa les épaules désinvolte et voulu récupérer son livre d’un mouvement rapide mais le brun le fut plus que lui. Le roux en fut stupéfait… personne n’allait plus vite que lui et certainement pas un prof. Ichigo fronça les sourcils et le professeur se leva pour lui lancer le livre de façon apathique.

- Ne vous fiez jamais aux apparences…

- Je n’ai pas besoin de vous pour cette leçon…

- Peut-être pour une autre… Qui sait…

Sur ces paroles sibyllines, l’inconnu quitta les lieux et Ichigo se rendit compte qu’ils avaient été le centre d’attention de toute la salle. Le cœur du jeune homme reprenait progressivement un rythme normal. Il ne s’était pas rendu compte de l’accélération de ce dernier. Ichigo haussa les épaules et repris sa lecture et son déjeuner se donnant ainsi une contenance. Quand il ouvrit la page qu’il avait marqué, Ichigo vit un message à l’intérieur du livre.

« Je suis Starck et je suis votre professeur principal. Cet information vous intéressera peut-être ? Vous aurez cours avec moi demain matin. Tachez d’être à l’heure pour que je puisse au moins vous remettre votre emploi du temps. Quoique… vous semblez tout connaître. La chance d’être jeune je suppose ? Cet après-midi vous avez cours de Kidô et d’après les bruits qui courent sur vos capacités en ce domaine, je ne pense pas que se soit du superflus. Au moins un professeur qui aura la chance de vous voir assister à un cours ! Sur ce… faites votre possible ! »

Ichigo froissa la feuille. La colère grondait en lui mais, il resta assis à sa place et finit tranquillement de déjeuner. Il était hors de question qu’il se laisser perturber par un prof quelconque. Son cerveau lui remit en mémoire la vitesse de déplacement de ce Starck et le jeune homme ne pu s’empêcher de faire une grimace.

L’expression de son visage se fit soudain plus sérieuse. Il existait un homme qui le surpasserait ? Ou quelqu’un qui attiserait un minimum sa curiosité ? A cette idée, quelque chose au fond de lui se réveilla. Une vague de chaleur se répandit en lui et cette impression lui semblait vaguement familière. L’image de Kaïen s’imposa à son esprit… Kaïen… Ichigo ferma un bref instant ses yeux essayant de s’accrocher vaguement au visage souriant de son cousin.

Après quelques secondes qui lui semblèrent futiles dans le fond, encore s’accrocher à un rêve impossible… c’était tout lui. Le jeune homme quitta la salle sous le regard de certains élèves. Le roux entendit quelques réflexions sur son sujet qui le laissèrent de marbre. « Soit disant que c’est un génie… au combat mais qu’il est nul en Kidō. » « Un noble de la famille Shiba… il est pourrit jusqu’à la moelle » « méfie-toi… il trempe dans des trucs pas net » « Shiba est violent et imprévisible » « la grosse tête mais il est pas capable de jeter un sort » « ce connard a déjà manqué un cours et il essaye de faire croire qu’il est intelligent ». Ichigo poussa la porte du réfectoire et respira à plein poumon l’air extérieur.

Le roux traversa ensuite une des esplanades qui composaient l’Académie et ses pensées voguèrent vers les cours de Kidō. C’est vrai qu’il était vraiment nul… le dernier sort qu’il avait tenté de jeter lui avait explosé à la figure et tous les élèves de la classe avait explosé de rire, et son professeur avait lui même eut un sourire goguenard. Il avait alors voulu se venger en donnant une correction à tous les élèves mais il s’était fait viré avant. Il n’a plus jamais mis un pied à un seul cours de kidō…

Ichigo réfléchit calmement… cela s’était produit à quel moment déjà ? Il tapota sa lèvre inférieure du coin de son doigt, les yeux fixés sur le ciel bleu azuré à peine tapissé de nuages. Un sourire narquois fleurit sur ses lèvres, il ne pouvait pas oublier, c’était en deuxième année…

L’incident l’avait empêché d’ailleurs de sauter des classes et il avait été contraint par son père à faire toutes ses année d’Académie au lieu de se voir attribuer un poste dans une division. Même Isshin avait refusé de le prendre dans sa propre division. Ichigo haussa les épaules… de toute façon, moins il voyait son père, mieux il se portait… Sans vraiment s’en rendre compte, Ichigo se retrouva devant le shajō et il hésita. Son cœur se mit à battre un peu plus fort et un froncement de sourcil vint barrer son visage. Pourquoi irait-il à ce putain de cours d’ailleurs ? Une voix derrière lui le fit se retourner lentement

- Oh… qui voyons-nous là ? Ne serait-ce pas Shiba-sama ? Auriez-vous condescendu à vous joindre au cours cet après-midi ?

Le visage pâle et hautain d’Uyruu Ishida l’agaça quelque peu. La voix caressante, le ton ironique avaient normalement le but de le faire sortir de ses gongs. Toutefois, Ichigo qui connaissait se personnage particulièrement imbu… quoiqu’il pouvait parler… le laissa indifférent.

- Auriez-vous envie de progresser en cours de Kidō ? Cela va être difficile pour vous de rattraper presque six ans de non présence en cours. Quoique… se n’est pas en tant que génie que l’on vous traite ?

Une partie de l’esprit du roux enregistrait les paroles de l’autre étudiant. Autour de lui quelques élèves riaient mais toutefois de manière non ostensible ne voulant pas s’attirer les foudres du noble. Tous se souvenaient que trop bien comment les bagarres se terminaient avec Shiba et aucun ne voulait devenir handicapé, estropié ou perdre leurs pouvoirs de shinigami…

Ichigo n’avait aucune pitié pour qui que se soit. Par contre, à leur étonnement il ne cherchait pas spécialement à attaquer quiconque, contrairement aux racailles habituelles. Il ne répondait qu’aux provocations mais n’agressait personne gratuitement. Juste quelques farces quelque fois assez glauques mais rien de réellement blessant… sauf pour l’amour propre de la victime.

- Tien…

Tous arrêtèrent de respirer. Le jeune homme semblait plongé dans une profonde réflexion depuis l’heure du déjeuner… depuis que leur professeur principal inconscient avait quitté la table du roux. Le fait qu’il réponde les étonnèrent également

- Tu as raison Ishida… ça fait longtemps que j’ai pas participé à un cours…

Se tournant vers lui avec un sourire féroce au coin des lèvres, Ichigo s’avança souplement vers Uryuu qui déglutissait malgré lui.

- Comme tu es un ami proche… pourquoi n’irions-nous pas ensemble faire ce cours, cher Président du Comité des Elèves ?

- Euh… oui…

Ishida remonta nerveusement ses lunettes et ses épaules sous le coup de la tension se rétractèrent. Shiba avait glissé un bras autour des épaules du brun qui se sentait étouffer dans cette étreinte faussement amicale. Une voix timide demanda

- Euh… Shiba-kun serait-il devenu notre ami ?

Ichigo jeta juste un regard moqueur en y ajoutant une lueur faussement candide dans le regard.

- Bien sur Orihime-chan… je viens de devenir votre meilleur ami…

Un frisson glacé traversa Chad, Tatsuki, Kiego, Mizuiro, Chizuru, Ogawa, Kunieda et Mahona qui assistaient à la scène impuissants.

Le noble tira par les épaules le major de promotion très tendu à sa suite. Le groupe suivit sans rien dire de peur d’attirer l’attention de cet adolescent instable. Lorsqu’ils entrèrent sur le Yamachi les professeurs et les élèves déjà présent restèrent cloués au sol. Seuls leurs yeux suivaient le couple improbable que formait Shiba et Ishida.

Soudainement, Kanisawa l’instructrice de l’exercice bondit en avant et se planta devant les deux étudiants

- Peut-on savoir à quel jeu vous jouer Shiba-sama ?

Ichigo tapota amicalement l’épaule d’Ishida et eu un petit sourire canaille.

- Ishida-san et moi venons de sceller notre amitié !

La jeune femme se mit à regarder attentivement les élèves mal à l’aise devant elle et demanda d’une voix plus dure

- Avez-vous l’intention de suivre les cours Shiba-sama ?

- Bien sur professeur Kanisawa-san. Je veux devenir un élève modèle comme mon ami ici présent…

Et ne pouvant s’empêcher de taquiner le jeune homme qu’il tenait d’une fausse étreinte amicale, il se pencha vers le brun et caressa du bout de sa langue le lobe de l’oreille d’Uryuu dont le teint prit une couleur de craie. Ce qui n’échappa pas à Ichigo se fut le frisson involontaire qui avait parcouru le corps de sa victime. Le noble eut un petit sourire carnassier… finalement, les cours de Kidō allait être très intéressant.

- Cessez immédiatement d’ennuyer Ishida-kun, Shiba-sama et si vous voulez suivre les cours, veuillez prendre place et attendre votre tour !

- Bien sur, bien sur…

Ichigo plaça ses bras le long de son corps et se déplaça avec une grâce innée. Son pas ne s’entendait pas sur le parquet ciré du yamichi. Malgré eux, tous suivaient cette silhouette élégante et racée qui se mouvait de manière féline. La dangerosité que dégageait le jeune homme et son charme naturel accentuait cette idée de se trouver face à un prédateur, et le comportement qu’il affichait en toute occasion renforçait cette impression de fauve.

Uryuu respira tout à coup, comme s’il avait fait de l’apnée depuis que Shiba avait posé son bras puissant autour de lui. Jamais il n’avait été aussi proche du noble et son cœur s’affolait encore de cette promiscuité inattendue. Le parfum de bois précieux et de santal enivrait encore ses sens à sa plus grande consternation. Jamais il n’aurait pensé être touché par ce type qu’il détestait au plus profond de lui-même.

Doué, impertinent, arrogant, imbu de lui-même, tapageur et… solitaire. Un peu comme un loup rejeté par ses propres congénères. Mais ça Ishida s’en fichait. Lui avait du trimer pour arriver à la place où il était. Il venait du Rukongai et son père avait été inflexible avec lui… alors c’était pas un gosse de la haute noblesse pourrit, gâté qui allait lui en faire voir de toutes les couleurs.

Ichigo allait se laisser glisser sur le sol quand Ōga l’interpella.

- Shiba-sama… si vous nous faisiez l’immense honneur de commencer le premier exercice. Cela fait tellement longtemps que nous n’avions pas eu l’honneur de votre présence en ce lieu, que nous voudrions profiter du spectacle…

Le roux se redressa et se dirigea docilement à la consternation du professeur principal, vers la place qui lui était indiqué.

- Qui se place en binôme avec Shiba-sama ? Demanda encore Ōga moqueur persuadé que personne ne prendrait la perche.

Un petit silence suivit ses paroles jusqu’à ce qu’une main timide, ainsi qu’une voix étouffée s’élève dans le silence glacial.

- Moi… je veux bien… si Shiba-sama accepte.

Tous se tournèrent horrifiés vers Orihime qui maintenant se tordait les mains nerveusement. Ichigo scruta le visage rouge et les yeux innocents de la jeune fille et soupira intérieurement. Kanikawa-san voulut protester

- Pourquoi pas ? Rétorqua le roux presque indifférent.

Uryuu voulu attraper le bras de la jeune fille mais, Inoue s’avança calmement mais fermement vers le jeune homme qui l’attendait ironique. La rousse crue que le noble la raillerait mais elle cru voir dans son regard si chaud, une lueur de reconnaissance. Un sourire timide s’inscrivit sur les traits d’Orihime qui se plaça derrière le jeune homme. Tous retrouvèrent leurs places, toutefois Ishida brûlait de rage et son aura se modifia quelque peu.

Le cours commença et Ichigo ne réussit aucun des exercices proposés… pire, il avait démolit les clôtures du fonds, avait fait exploser les cibles de ses voisins, s’était lui-même enflammé et il s’en était sortit de justesse que grâce à Inoue qui était venue à son secours. Au début tous riaient plus ou moins ouvertement mais à la fin du cours, c’était la pitié qu’inspirait Ichigo aux autres élèves de la classe.

Ichigo resta seul assis sur le yamichi furieux contre lui-même et en même temps consterné devant autant de difficulté. Pourquoi ? Pourquoi n’y arrivait-il pas ? Il était pire que nul ! Inoue s’agenouilla à côté de lui et murmura gentiment

- Je suis sur que vous parviendrez à y arriver Shiba-sama…

Le roux leva la tête et observa la jeune fille qui n’avait cessé de l’encourager et ne s’était jamais moquée de ses performances qu’il jugea lui-même catastrophiques.

- Merci… Inoue…

L’étudiante devint écarlate et balbutia quelque chose mais Ichigo fut incapable de déchiffrer ses paroles précipitées. La rousse s’enfuie plus qu’elle ne quitta les lieux. Oga et Kanikawa-san observèrent l’étudiant et finalement se fut le brun qui se dirigea vers Ichigo qui se redressait en s’époussetant.

- Votre venue était juste exceptionnelle ou comptez-vous revenir suivre notre enseignement ?

Seul le bruissement des feuillages soulevés par le vent léger répondit à la question. Le roux fit un demi-tour et quitta les lieux sans se retourner une seule fois alors que Kanikawa l’interpella. Ōga posa une main sur le poignet de la jeune femme et marmonna entre ses dents

- Inutile Kanikawa… il n’a jamais écouté et se n’est pas parce ce qu’il est venu en cours aujourd’hui, qu’il continuera demain…

- Mais tu as vu comme moi tout de même… Il n’a pas protesté et il a persévéré… cela n’était jamais arrivé avant ! Enfin… c’était il y a longtemps, en deuxième année je crois, qu’il avait quitté le cours et n’était plus revenu…

- Je refuse de m’investir pour un gosse qui ne sait plus quoi faire pour s’amuser.

- Tu crois vraiment que c’est uniquement de l’amusement ? Shiba s’est accroché pour une fois… et en plus, Orihime Inoue est restée avec lui… Je suis sur qu’il mûrit enfin…

- Tss ! T’es bien une bonne femme… toujours à voir de l’espoir où il ne faut pas !

Kanikawa lui fit la grimace et Ōga haussa les épaules. Il resta un long moment à scruter l’espace qu’occupait quelques minutes plus tôt le noble. Shiba l’avait pris au dépourvu en assistant au cours. Qu’elle mouche l’avait piqué ? Et pourquoi insistait-il ? Pour lui… c’était inutile de persévérer, Ichigo n’aurait jamais l’étoffe d’un nécromancien. Il n’était juste qu’une brute épaisse… très doué tout de même dans son domaine… Quel étudiant était arrivé au bankaï en moins d’un trimestre de présence à l’Académie ?

°°0°0°°

Ichigo marchait dans les couloirs de l’Académie et se sortit un joint à la vue de tous. Il se l’alluma et fuma en prenant soin de bien distiller la fumée bien épaisse dans l’atmosphère de telle sorte qu’il était impossible pour quiconque d’ignorer ce que fumait le jeune homme. Certains se reculaient à l’arrivée du jeune homme qui arborait un sourire particulièrement joyeux. Le roux tenait négligemment son shinaï avec une de ses mains.

Il se mit à le faire tournoyer entre ses doigts et l’objet s’échappa de ses mains malencontreusement pour aller se ficher au travers d’un shoji.

- Merde ! Ça glisse ses machins là…

- Shiba ! Qu’est ce que vous foutez ?

La voix de l’instructeur résonna à travers tout le couloir. Ichigo se tourna avec une mine contrite.

- J’l’ai pas fait exprès…

- Te fou pas de ma gueule ! Tu fumes quoi là ? Et depuis quand c’est permis de fumer dans l’Académie ?

- Merde… c’est interdit ? Se moqua le roux

Les yeux ambres avaient viré à la couleur or légèrement phosphorescente. Aïzagawa observa le jeune homme qui n’était absolument pas dans son état normal, d’ailleurs ce dernier enlaça brutalement ses épaules massives.

- J’vous aime… Si, si… c’est vrai… Affirma le roux avec un air séducteur, s’il n’avait pas son air moqueur.

- On va voir si tu fais le mariol sur le tatamis, tu m’éteins ton truc et tu ramènes tes fesses noble ou pas mon gaillard !

- Haï… à vos ordres !

Ichigo se mit au garde à vous dans une posture militaire grotesque. Puis se mit à pouffer pour éteindre son joint sous son pied. Aïzagawa n’avait certainement jamais sentit un joint de toute sa vie… songea brutalement Ichigo et un sourire torve se dessina sur ses lèvres pour finir par un ricanement, alors que sa main attrapait son shinaï et que l’autre passait dans ses cheveux.

Arrivé dans le dojo, Aïzagawa déclara abruptement

- Comme Shiba est en forme aujourd’hui… vous passerez tous en combat singulier avec lui… Met ton cul sur le tatamis abrutis !

- Vous savez pourquoi j’vous aime Taïcho ?

- Ta gueule Shiba et soit concentré !

Ichigo posa dans un grand geste son sabre en bambou sur l’épaule et prit une pause décontractée attendant le premier adversaire qui serait assez fou pour le rejoindre sur l’aire de combat. Et se fut Kusaka qui vint se planter devant Ichigo. Le regard de marbre du jeune homme amena un rire crétin sur les lèvres du roux qui ne bougea pas d’un yota lorsque après un avertissement Kusaka lui bondit dessus. Ichigo fit un mouvement d’esquive mais perdit l’équilibre ce qui rendit son mouvement lent à la base, complètement inattendu et avait quelque chose d’irréel en même temps. Une pirouette gracieuse et maladroite… qui le firent s’agenouiller. Tous hésitaient en fait à définir la glissade du jeune homme.

Aïzagawa se demanda à quoi jouait l’étudiant. Chacun avait la nette impression qu’il avait bu prenant des pauses loufoques et riant de chacun de ses adversaires avec qui il avait une prise d’arme. Mais Ichigo arrêta de rire ou sembla plus concentrer quand il se retrouva face à Hitsugaya. Enfin… c’est ce que donnait le début du combat mais bientôt Ichigo se mit à reprendre ses pauses imbéciles ce qui exaspéra l’albinos en face de lui. Le roux se mit à s’agiter dans tous les sens sans vraiment chercher à battre le vrai génie comme l’appelait certains élèves de l’Académie. Cela amusait beaucoup le jeune homme de voir la colère allumé dans les yeux bleus polaire. Il aimerait tellement que cette colère le déchire et qu’il cesse d’exister… pour qu’arrête enfin sa douleur.

Ichigo attrapa soudain son shinaï et se mit à rouer de coup Toshiro qui repoussait toutes les attaques comme il le pouvait. Le roux voulait de la colère et de la rage… il voulait… quoi au fait dans cette vie morne et sans relief où il ne pourrait jamais obtenir ce qu’il désirait au plus profond de son cœur. Putain qu’il en avait rien à foutre de cette Académie et de ses règlements. Qu’avait-il a espéré de la vie toute tracée qui se trouvait devant lui ? Un mariage des enfants ? Il était gay… Le prestige ? La fortune ? Son père l’avait déjà… et lui donnerait dans une cuillère en argent. Des rêves ? C’était pour les imbéciles et les doux rêveurs… et on ne lui permettrait pas d’en avoir !

Le reiatsu du jeune homme devint instable et accabla la pièce et certains élèves commencèrent à se sentir mal. Toshiro qui subissait les attaques plus ou moins désordonnées mais puissantes du noble commença à inverser la tendance. Il devenait urgent de contrôler Shiba qui perdait les pédales… sous l’emprise de ses stupéfiants. Hitsugaya avait toujours observer de loin Ichigo, ce noble solitaire qu’il qualifiait de dangereux lorsqu’il avait décidé comme maintenant de délibérément contrevenir aux règlements.

Ichigo arrêta brutalement de donner des coups et s’assit en seiza en fermant les yeux. Toshiro perdit l’équilibre et faillit basculer sur le roux qui avait adopté une posture de recueillement. C’était quoi encore ses frasques ? En plein combat ? Il allait lui donner une correction… Hitsugaya leva son shinaï mais s’arrêta à quelques millimètres de la tête du noble.

- Tss… Tu fais vraiment n’importe quoi…

Tous observaient le jeune homme qui se releva finalement et s’arrêta devant Aïzagawa

- L’heure de cours était dépassée chef !

- Pardon ?

- J’m’suis arrêté à la sonnerie !

Tous se figèrent… personne n’avait entendu la sonnerie de fin de cours. Les élèves s’agitèrent et il s’avéra qu’Ichigo avait raison, la classe suivante attendait impatiente que le groupe des septième année quitte l’espace de combat. Ichigo quitta les lieux et balança son arme au passage dans un des râteliers qui se trouvait à la sortie de la salle d’entraînement. Un sourire amer sur le coin de la bouche, le jeune homme se demanda brusquement ce qu’il pouvait bien faire pour occuper son temps ?

Ichigo vit passer devant lui Inoue et l’interpella

- Orihime…

L’étudiante s’arrêta et revint sur ses pas pour se poster devant le noble qui l’observait intrigué.

- C’est quoi notre prochain cours ?

La rousse tira son planning et décréta

- Gestion…

- On va se faire chier !

- Tu vas sécher les cours ?

Ichigo qui regardait les feuilles des arbres bougées doucement sous la brise, se sentait des envies de pique-nique.

- Tu viens avec moi Orihime ?

- Où ?

- J’ai envie de prendre l’air…

La rousse rougit légèrement et un raclement de gorge fit tourner la tête d’Ichigo qui rencontra le regard de marbre d’Uryuu.

- Si tu veux rater ta vie… fait le seul Shiba… n’entraîne pas les autres dans tes frasques. Viens Orihime !

- Je suis désolée… shiba-sama…

Ichigo haussa les épaules et quitta les lieux sans un regard en arrière. L’appel de la nature était soudain beaucoup plus attrayant que ses larves obéissantes et sans valeurs. Le jeune homme utilisa le shunpo pour se retrouver à l’extérieur… encore une pratique interdite qu’il utilisait mais de toute façon, plus personne ne faisait attention à lui… Sauf des yeux bleus aciers au travers d’une vitre. Starck suivit longuement la silhouette solitaire avec attention.

 

Chapitre 3

Ichigo s’était réfugié sur le toit de l’Académie et se sortit une bouteille de sake qu’il avait subtilisé aux cuisines plus tôt lorsqu’il avait séché son cours de gestion. Le jeune homme se demanda s’il devait réellement terminer cette septième année. Cela servirait-il vraiment à quelque chose ? Il avala promptement une gorgée d’alcool qui le réchauffa artificiellement. Puis, dans sa position d’à peine une seconde avant, il bloqua une attaque venue par derrière.

- On ne nous avait pas menti sur vos prédispositions au combat sempaï…

La voix était moqueuse et grave. Ichigo relâcha le shinaï qui s’était abattu sur lui. Il ne se tourna même pas. De toute façon, les quatre crétins derrière lui n’étaient pas assez forts pour le faire chanceler. Le roux se sortit une nouvelle petite bouteille de sake. Ses yeux plongés dans la nuit étoilée, l’esprit très loin du lieu où il se trouvait.

- Tu pourrais au moins faire semblant de t’intéresser à nous sempaï !

- Pas intéressant !

- Qu’est ce t’as dit connard ?

- Tss…

Ichigo consentit à se tourner et à baisser son regard sur les quatre étudiants devant lui. Leur chef était du genre nerveux apparemment. Ce dernier s’avança pour se planter devant le roux qui releva son visage pour observer condescendant son kouhai inconscient.

- Tu t’prends pour qui saleté de noble ?

- Au moins tu sais à qui tu t’adresses morveux…

- Putain, j’vais t’exploser…

Le jeune homme l’attrapa par son shihakusho et le fit décoller de terre mais une voix paniquée fit remarquer

- Grimmjow… il est intouchable… et tu ne voulais pas t’en faire un ami ?

- Un connard pareil ? Plutôt crever…

- Rien de plus facile… Rétorqua Ichigo.

Le roux se libéra de la poigne d’acier de l’étudiant aux cheveux bleus et fit une torsion qui envoya valser le jeune homme de l’autre côté de la toiture. Ichigo s’épousseta et marmonna contrarié

- Même la nuit, j’peux plus avoir la paix !

- Mais… mais… Grimmjow voulait vraiment devenir votre ami…

- Rien à foutre des gamins dans son genre…

Ichigo quitta les lieux sans qu’aucun des kouhaï présents ne sachent où le jeune homme avait disparu.

- C’était quoi ce type ? Demanda Luppy.

°°0°0°°

Le lendemain, intrigué par la discussion qu’il avait eu la veille avec son professeur, Ichigo se présenta au cours de Starrk Coyote. Pour se donner contenance, il avait pris une mine affectée et prit délibérément une place au fond. Bien sûr, il envoya promener un élève déjà installé. Ce dernier foudroya Ichigo du regard mais céda sa place près de la fenêtre. Tous les élèves tournaient un regard mal à l’aise vers la place du fond mais aucun n’osa déranger le noble sauf… Inoue Orihime. C’est avec un regard effrayé que chacun l’observa s’approcher du roux.

Inoue avait le cœur qui battait la chamade. Elle ne savait pas trop pourquoi, elle s’intéressait soudain à Shiba mais la lueur chaleureuse et furtive n’y était pas étrangère. Le noble n’était pas aussi méchant que certains se plaisaient à le décrire. Peut-être était-il juste un incompris ? Elle savait qu’elle avait beaucoup de chance d’être rabrouée plutôt méchamment mais, si elle ne faisait rien, elle ne penserait qu’à ça toute la matinée.

Ichigo sursauta lorsqu’il entendit la voix d’Orihime si proche. Il tourna son visage vers elle, étonné.

« Shiba-sama… je suis heureuse que vous vous joignez à nous encore aujourd’hui. »

Le ton était sincère et Ichigo après avoir scruté le doux regard posé sur lui, eut un hochement de tête et répondit poliment

« Ce n’est pas forcément l’avis de tout le monde… Mais, merci quand même…

- Je suis sincère…

- Je le sais…

- Ah ? »

Inoue se mordit la lèvre inférieure de surprise et Ichigo tourna vers elle un visage souriant.

« Tu as le même regard que ma mère quand elle s’adresse à moi… »

Sous la réflexion qu’elle prit pour un compliment, la jeune fille rougit de plaisir.

« Je peux m’installer à côté de vous… Shiba-sama ?

- Si tu n’as pas peur de moi…

- Non ! Enfin… je veux dire, il n’y a aucune raison d’avoir peur… Répliqua Inoue

- Orihime ! » S’exclama Uryuu Ishida. « Qu’est ce qui te prend de vouloir t’asseoir à côté de lui ? Ta place est à côté de la mienne !

- Non… Que je sache, je peux m’installer où bon me semble ! » Rétorqua Inoue doucement. « Je veux m’installer à côté de Shiba-sama…

- Tu n’es pas obligée Orihime… Constata Ichigo. Si cela provoque des tensions parmi tes amis… Je ne voudrai pas que l’on m’accuse encore des maux de cette classe. » Ironisa Ichigo.

Ce dernier fixait Uryuu avec une lueur de défi. Ishida remonta ses lunettes nerveusement et déclara entre ses dents.

« Tu ne viendras pas te plaindre si t’as des problèmes avec ce type !

- Ce n’est pas mon intention ! »

Inoue était furieuse contre son ami. Elle l’adorait et… en était amoureuse. Mais parfois, il l’agaçait prodigieusement. La jeune fille attrapa une chaise et s’installa à côté d’Ichigo. L’élève qui occupait la place l’avait désertée en voyant Shiba s’emparer de la place à côté de la sienne. Ichigo observa Inoue s’installer. Il ne l’avouerait pas à voix haute mais le fait que la rousse ait tenu tête au Président du Conseil des Elèves le réjouissait beaucoup. Et puis, c’était la première fois qu’une personne de son âge essayait de s’intéresser à lui, sans vouloir le duper ou attendre quoique ce soit apparemment. L’avenir lui dirait s’il avait vu juste de toute façon.

Sur ses entrefaites, Starrk entra dans la salle de classe et après avoir parcouru la pièce, son regard accrocha celui ambre de l’élève le plus turbulent que l’Académie n’ait jamais compté. Assis près d’une fenêtre au fond de la salle, une mine profondément ennuyée. Le menton réfugié dans sa main.

A la surprise de Starrk, Inoue Orihime se tenait à côté de lui. Il faillit sourire mais réussit à rester neutre. Il avait eu une discussion horripilante et violente avec ses collègues de travail. Tous avaient abandonné Ichigo Shiba, le traitant comme le pire des voyous. Mais lui savait pertinemment que le noble était désorienté et effrayé. Il s’était juste réfugié derrière une attitude bravache et turbulente le poussant à être solitaire.

Starrk se demandait bien ce qui le poussait à vouloir distancer les autres. En tout cas, même si ses collègues étaient en colère à cause de lui…, surtout parce qu’Ichigo avait rejoint le cours de Kido, lui était vraiment content de son intervention. Shiba n’avait rien fait qui mérite de le considérer comme un pestiféré.

Il commença son cours. Il donna ses premiers tracés tactiques et rappela à chacun l’importance d’exécuter les ordres et de ne pas les discuter. Bientôt, Starrk entendit derrière lui le bruissement de feuilles et le léger choc que produisaient les pinceaux contre leur support en ardoise.

Quand il se tourna cinq minutes plus tard, tous copiaient en s’appliquant les instructions qu’il donnait, sauf Shiba qui le fixait et écoutait visiblement de toutes ses oreilles. Quoiqu’il prit un air ennuyé lorsqu’il se vit observé par Starrk.

Inoua coula un regard de côté et vit qu’Ichigo avait croisé ses bras sur la table. Il ne prenait aucune note. Elle soupira et se dit qu’au moins pour une fois, il était en cours avec eux. Faire acte de présence c’était au moins un bon point pour lui.

Ichigo écouta le cours avec attention. Il reporterait plus tard tout ce qu’il avait entendu. Tous l’ignoraient mais ses nombreuses années à vouloir sécher les cours pour ennuyer les autres et puis l’habitude, l’avait poussé à écouter aux portes et à écouter les cours des différentes années. Il avait développé une mémoire auditive telle, qu’il était capable de prononcer mot pour mot un discours entendu quelques heures auparavant. A part qu’il se contentait de résumé condensé.

Les yeux d’Ichigo suivaient les mouvements gracieux de son professeur de technique militaire. Il n’avait montré aucun signe de reconnaissance. Seul son regard, qui s’était attardé quelques secondes de plus sur lui, avait manifesté sa surprise. Mais, Ichigo n’avait reçu aucune réflexion et le cours avait commencé normalement. Il en était soulagé. Il avait craint un instant, un air victorieux ou une quelconque réflexion qui lui aurait fait hérisser le poil.

Lentement, Ichigo se détendit pendant le cours et trouva même l’ambiance confortable. Chacun étant occupé à retranscrire le cours sur papier, personne ne fit attention à lui. A sa surprise d’ailleurs, le cours passa à une vitesse fulgurante. La voix grave et agréable l’avait presque hypnotisé.

Quand il se retrouva plus tard seul à sa table pour manger, Ichigo se rendit compte que c’était l’un des meilleurs cours auquel il avait assisté. Ce n’était pas le contenu ou même le prof, ou si… quelque part, il contribuait à l’intérêt du cours… mais c’était que pour une fois, il agissait normalement et que personne n’avait rien trouvé à redire. Même lorsqu’ils étaient tous sortis du cours, chacun se contenta de l’ignorer ou de lui jeter un regard en biais interrogateur mais, aucun n’avait posé sur lui un regard de pitié ou moqueur.

Ichigo fit l’effort de se présenter à tous les cours. Il s’abstint de faire des mauvaises blagues. Parfois, il partait s’isoler pour prendre un joint mais, durant les trois semaines qui suivirent, Ichigo devint un élève modèle. Seul Oga un de ses professeurs de Kido, refusait de voir en lui un élève repenti.

Toutefois, ce n’était pas pour cela qu’Ichigo avait plus d’amis. Seule Inoue persistait à vouloir rester à ses côtés. Quelque part au fil du temps, cela apaisait ses nerfs. Et c’était toujours plus drôle que de rester seul.

Alors que pour une énième fois, Ichigo s’était réfugié dans un arbre pour fumer tranquillement en fin d’après-midi, il entendit la voix d’Inoue l’appeler. Sur le coup, il n’avait pas fait particulièrement attention. Mais ce sont les ricanements qui accompagnèrent la voix féminine qui l’interpellèrent.

Se penchant légèrement pour voir entre les feuilles, Ichigo vit un groupe d’élèves… les mêmes qui avaient tenté de l’agresser en pleine nuit. Ichigo tendit l’oreille.

« Alors… Tu cherches à trouver Shiba ? Ce putain de noble de mes deux n’viendra pas !

- Il passe son temps à se terrer et puis, c’est devenu une mauviette ses derniers temps… » Ricana un jeune homme plutôt fin, avec une marque sous un œil.

Ichigo fronça les sourcils. Il n’aimait pas beaucoup ce petit groupe de trou du cul. Il les avait vus agir et leurs comportements étaient plutôt agressifs. Autant lui se permettait quelques petites blagues parfois douteuses, mais jamais il n’avait tenté de nuire à la vie d’un étudiant. Ce qui n’était pas leur cas.

Il vit arriver Uryuu, Chad, Tatsuki, Kiego, Mizuiro et Chizuru. Ils tentèrent de délivrer la jeune fille mais le groupe en face d’eux était plus important et surtout franchement haineux. L’écho des voix et des ricanements lui parvenaient au point de commencer sérieusement à l’agacer.

Sans attendre, et parce qu’il considérait Inoue au fil du temps comme sa première amie, Ichigo descendit et traversa l’espace sans se faire remarquer. Quand l’un d’entre eux voulut frapper de son poing la jeune fille, Ichigo bloqua l’attaque sans aucune difficulté.

« On se calme… Marmonna le jeune homme.

- Mais qui voyons nous là ? » S’exclama la voix moqueuse de Grimmjow. « Sa majesté himself descendu dont ne sait où ! Depuis quand tu défends la veuve et l’orphelin Shiba ? On te croyait plus viril !

- Ta gueule, morveux ! Répliqua ennuyé Ichigo. Inoue est mon amie et j’ai horreur qu’on touche à mes amis !

- T’as des amis ? Et depuis quand ? Connard…

- Si tu considères les merdes qui t’entourent comme tes amis… j’en ai plus que toi ! »

Le regard indifférent d’Ichigo énerva Grimmjow. Ce dernier s’avança menaçant vers le roux, tandis que ses autres amis tenaient en respect les élèves de dernière année. Le regard bleu de Grimmjow s’était figé dans celui doré d’Ichigo. La froideur avec laquelle ils se dévisageaient fit frissonner les spectateurs des deux clans. La tension montait progressivement entre les deux étudiants.

« Shiba ! Tu n’pourras rien faire ! Tu sais pourquoi ? Parce que t’es grillé et dès qu’tu lèves le petit doigt et qu’t’émets un pet… tous les profs te tombent toujours dessus. » Ricana Grimmjow. « Alors, laisse-nous nous occuper de cette fille et retourne à ta vie pépère de riche désœuvré !

- Touche à un seul de ses cheveux et tu es mort !

- T’es con ou quoi ? J’t’ai dit…

- C’est toi qui es bouché… » Reprit calmement Ichigo. « Lâche-là immédiatement !

- Yami ! Amuse-toi avec elle ! Ricana Grimmjow.

- Avec plaisir ! » S’exclama la montagne de muscle.

Grimmjow voulut barrer le chemin à Ichigo mais ce dernier, avec ses années de pratique à jouer à chat, esquiva l’étudiant sans aucune difficulté. Sans pitié, Ichigo envoya promener le corps de Yami loin d’Inoue. Le roux se plaça devant la jeune fille qui balbutia

« Shiba-kun… »

Mais Ichigo ne fit pas attention à elle. Il se contenta de bloquer le poing de son nouvel ennemi. Ce dernier le fixait, le visage déformé par la rage.

« Compte pas t’en sortir comme ça Shiba ! Tu te balades tel un prince mais tu n’es qu’une merde et…

Ichigo se contenta de lui envoyer son poing à la figure pour le faire taire. Pas besoin d’explications avec ce genre de type. Et puis, ça l’ennuyait de jouer les preux chevaliers et encore plus devant témoin. Autant en finir vite ! Il ne voulait pas que le groupe d’élèves qui faisaient partie de sa classe se méprenne.

Pourtant, quand il en eut terminé avec l’ensemble des élèves de troisièmes années, il rencontra le regard admiratif de ses camarades de classe. Et celui complètement étoilé d’Inoue, ce qui le crispa plus particulièrement. Il serait plus qu’énervant si elle tombait amoureuse de lui. Ichigo fit un mouvement pour quitter les lieux mais la voix d’Uryuu l’arrêta.

« Shiba-kun… pourquoi ne te joindrais tu pas à nous ? »

Ichigo tourna son visage vers le groupe d’étudiants et marmonna

« Je n’en ai pas l’envie… »

Et il utilisa le shunpo pour s’échapper du groupe. Il regrettait amèrement son action. Qu’allaient-ils penser de lui ? Et s’ils venaient maintenant pleurer toutes les deux minutes dans son hakama ? Déjà, il avait la mauvaise surprise de devoir rentrer chez lui le week-end qui arrivait. Que lui voulait son père ? Il n’avait rien fait à l’Académie pour mériter une énième convocation paternelle.

°°0°0°°

La fin de semaine avait sonnée et Ichigo attendait justement avec impatience la fin du dernier cours. Starrk allait leur donner la copie de leur dernier devoir, quand un bruit sec à la porte se fit entendre. Le professeur invita le visiteur à entrer et à la surprise de tous, le secrétaire du directeur entra.

« Merci Coyote-san, je ne vous dérangerai pas très longtemps. Shiba-kun… le directeur vous attend immédiatement dans son bureau. »

Ichigo ouvrit les yeux de surprise. Qu’avait-il donc fait pour mériter une convocation aussi formaliste ? Ces derniers temps, il se tenait à carreau.

« Pourquoi ? » Demanda brièvement l’étudiant.

Le jeune homme même s’il paraissait surpris, ne semblait pas décider à se laisser faire.

« Shiba-kun… le directeur vous en parlera lui-même, une fois que vous aurez condescendu à venir le rejoindre à son bureau. Je ne suis que le messager.

- Cela ne pouvait pas attendre la fin du cours ? » Interrogea Starrk surpris.

- J’exécute les ordres…

- Laissez Coyote-san… j’y vais. »

Ichigo se redressa dans un raclement de chaise. Il sentait vaguement la colère monter en lui mais ne laissa rien paraître. Juste un froncement de sourcil plus prononcé qu’à l’ordinaire fleurissait sur son visage.

Sans un regard autour de lui, Ichigo emboita le pas du secrétaire et sortit de la salle de classe. Un léger murmure parcourut la pièce mais, Ichigo avait fermé son esprit. Certainement que ses camarades émettaient encore des hypothèses douteuses à son sujet.

Après avoir traversé le long couloir du deuxième étage, Tashibana-san et Ichigo regagnèrent le rez-de-chaussée et se dirigèrent vers l’aile Ouest de l’Académie. Le roux n’essaya même pas d’interroger son escorte.

De tout façon, ce type était aussi ouvert qu’une porte de prison. Plutôt petit de taille et trapu, ses traits charnus arboraient un pli renfrogné. Ses yeux ne se voyaient presque pas derrière ses sourcils broussailleux. Ce n’était pas une mauvaise personne mais il était certain qu’il ne s’en laissait pas compter. Généralement quand il se déplaçait, c’était parce que Hanatawa-san était furieux après un des étudiants.

Quand la porte du directeur s’ouvrit, Ichigo se figea sur le palier. Il vit Grimmjow et ses amis debout au milieu de la pièce. Le roux plissa les yeux et entra imperturbable. La fin d’après-midi serait longue et apparemment, il n’irait pas rejoindre son père immédiatement après les cours.

« Entrez Shiba-kun… » Invita inutilement Hanatawa Yukio. « Je suppose que vous vous doutez pour quelle raison vous vous trouvez dans mon bureau ? Ironisa t-il.

- Non ! » Répondit Ichigo. « Y’a une fête qui s’organise alors que je n’étais pas au courant ? Où vous rassemblez tous les voyous de l’Académie pour monter un colloque sur les violences scolaires ? »

Grimmjow pâlit et fronça les sourcils. Shiba semblait complètement indifférent à ce qui se passait. Mais il déchanterait très bientôt. Le cœur d’Ichigo battait un peu plus fort depuis qu’il était entré et avait vu le groupe de troisième année. Il savait ce qu’il faisait là… Il se doutait très bien de ce qui avait pu se dire peu avant son arrivée.

Oui, tout ceci serait très long. Sans s’en apercevoir et comme à chaque fois qu’il était ennuyé, Ichigo tira un paquet de cigarettes de son shihakusho et s’en alluma une, sous les yeux exorbités de l’ensemble des spectateurs.

« Shiba-kun ! Hurla Hanatawa outré.

- Quoi ? Interrogea Ichigo surpris.

- Veuillez m’éteindre votre cigarette ! Je vous rappelle qu’il est interdit aux élèves de fumer et…

- Tss ! Je l’ai commencé… je peux la finir !

- Ce n’est pas parce que vous êtes noble que vous pouvez faire comme bon vous chante ! Lorsque je dirai à votre père que…

- Laissez Isshin en dehors de ça ! Marmonna Ichigo. Ok, je l’éteins. »

Ne voyant de cendrier nulle part, Ichigo éteignit sa cigarette dans sa paume de main, sans montrer un quelconque signe de douleur. Bien qu’intérieurement, il hurla à la mort. Il ne voulait pas ruiner sa réputation pour une simple clope ! Mais c’est sûr, il ne le referait plus.

« Votre comportement est indigne de la noblesse et indigne d’un shinigami…

- Vous n’avez vraiment pas de chance, je fais partie des deux !

- Je ne vous permets pas de répondre, insolent !

- Bon et qu’est ce que j’ai fait pour mériter tout votre courroux à part fumer ?

- Ne vous moquez pas Shiba… vous…

- Etes familier avec moi ? S’étonna Ichigo sarcastique.

- Je…

Hanatawa respira un grand coup. Cette homme de très grande taille et d’un âge déjà bien avancé ne comprenait absolument plus ses jeunes, qui semblaient tout savoir et se croyaient plus forts que l’ensemble du Gotei13… Quoique pour Shiba Ichigo la deuxième option devait être vraie. Mais ce n’était pas une raison pour lui empoisonner sa vie et sa routine !

« Vous avez agressé Jaggerjack-san et ses amis..

- Complices… rectifia Ichigo en jetant un regard moqueur au bleuté qui faisait tout son possible pour ne pas paraître stupéfait.

Jamais Grimmjow n’aurait parlé de cette manière au doyen de l’Académie. Et encore moins fumé et… s’écraser sa cigarette dans la main. Il voua une admiration sans borne au noble qui pourtant se foutait de lui. Mais Grimmjow se dit qu’il avait encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à la cheville de son maître. Lui qui avait cru qu’il s’était ramolli ! Le voilà qui était rassuré. Il attendait de voir comment le noble Shiba allait s’en sortir tout de même avant de le remettre définitivement sur son piédestal.

« Shiba-kun ! Cessez de m’interrompre ! Vous avez agressé ces malheureux jeunes gens. Je vous rappelle qu’ils sont vos Kouhai. »

Ichigo haussa les sourcils et observa le groupe d’étudiants tous plus grands que lui. Il avait l’air d’une malheureuse crevette devant ces armoires à glaces. D’ailleurs pour bien démontrer qu’il était en apparence plus faible, l’étudiant s’approcha du groupe et releva la tête. Son expression innocente dérouta Grimmjow. Hanatawa soupira et savait très bien où voulait en venir le jeune Shiba.

« Je suis sincèrement désolé de vous avoir mis une raclée… Déclara Ichigo toujours aussi contrit. Je ne pensais pas venir à bout de vous aussi facilement. Comme quoi, votre apparente force n’est qu’une façade…

- Shiba-kun ! Coupa Hanatawa exaspéré. Vous savez aussi bien que moi et que n’importe qui dans cette Académie, qu’il n’y a personne qui vous batte au corps à corps. Par contre… je vais finir par installer une arène où je mettrai les meilleurs combattants en kido pour vous mettre une correction, si vous continuez à vous faire remarquer !

Reprenant avec une respiration quasiment asthmatique

« Cessez de vous battre ! Depuis un mois, vous vous comportez comme un élève modèle. Vos résultats ont grimpé dans toutes les matières et pour certaines de manière significatives… Sauf en kido mais nous nous sommes tous résigné sur le sujet… Pourquoi venez-vous briser de manière si grotesque tous vos efforts ?

- Demandez-leur ! Répliqua Ichigo exaspéré. Je n’ai rien fait ! Si vous croyez toutes les personnes qui veulent me nuire vous n’avez pas fini !

- Il est vrai que vous n’avez pas d’amis… Shiba-kun… Acquiesça Hanatawa.

- Je ne cherche pas à en avoir ! Déclara énervé Ichigo.

Le regard noir d’Hanatawa fixa d’un air désolé le jeune homme.

« Comme c’est dommage ! Vous ne savez pas ce que vous ratez !

- Vraiment ? » Ironisa Ichigo.

Hanatawa allait répondre quand un bruit sec à la porte se fit entendre. Visiblement étonné par l’interruption, le directeur invita le perturbateur à entrer. Coyote Starrk se tenait sur le seuil. Son regard balaya la pièce et s’attarda sur la silhouette d’Ichigo, pour reporter son attention sur Grimmjow. Il fronça les sourcils et demanda.

« Je viens d’apprendre le motif de la convocation de Shiba-kun… Puis-je entrer ?

- Auriez-vous quelque chose d’important à nous dire sur le sujet ? Demanda Hanatawa qui voyait là une nouvelle charge sur le compte d’Ichigo.

Starrk entra et s’avança suffisamment pour discuter avec le directeur de l’Académie.

« Shiba-kun s’est porté au secours d’une élève de sa classe. J’ai été témoin de l’agression d’Orihime Inoue par Monsieur Jaggerjack, ainsi que ses amis. »

Grimmjow pâlit. Il n’avait pas calculé le prof et son regard se porta sur Hanatawa qui se tournait vers lui à présent.

« Pouvez-vous m’expliquez Jaggerjack-kun ?

- Je n’ai absolument rien fait à Inoue Orihime. Si cela avait été le cas, elle serait venue porter plainte dans…

- Donc, je suis un menteur ? » Interrogea doucement Starrk.

L’étudiant observa son professeur hébété. Que lui prenait-il de venir à la rescousse de Shiba ? Il était nonchalant et plutôt long à la détente la plupart du temps. Pourquoi était-il venu sauver l’étudiant de dernière année, que l’ensemble des professeurs méprisaient ?

Pourtant, il était là. Très calme. Ichigo était stupéfait. Son regard ne pouvait se détacher de la haute silhouette de Starrk. Son cœur se mit à battre. Il était furieux qu’il vienne prendre sa défense comme s’il en avait besoin ! Mais, en même temps, quelque chose se débattait au fond de son estomac.

« …lument pas ! Mais, je sais ce que j’ai vécu…

- Je sais ce que j’ai entendu et vu Jaggerjack-kun. J’allais intervenir lorsque Shiba-kun est venu. Il n’est pas venu vers vous tête baissée. Il vous a demandé de la relâcher mais vous avez ordonné à Rialgo Yammy de s’amuser, si mes souvenirs sont exacts, avec mademoiselle Orihime… Je pense que si cette dernière n’a pas porté plainte, c’est que son cœur généreux l’a empêché de le faire… de peur de vous causer des ennuis. Voilà, pourquoi j’interviens aujourd’hui. Tout le monde n’a pas la grandeur d’âme d’Inoue Orihime… et certainement pas vous Jaggerjack-kun ! »

Un silence plana dans la pièce.

Lorsqu’Ichigo quitta la pièce du directeur d’où il venait d’être congédié suivi par Starrk, il se retourna vers son professeur.

« Ils risquent gros ?

- Cela ne vous concerne pas Shiba-kun ! Laissez le directeur les sermonner comme il se doit.

- Pourquoi ?

- Pourquoi je vous ai aidé ?

Starrk plongea son regard dans ceux de Shiba. Ce dernier semblait désorienté. C’était la première fois qu’il le voyait aussi vulnérable. La première fois en fait…

« Vous avez fait beaucoup d’efforts depuis la rentrée. Je trouve injuste que vous deviez pâtir pour des bêtises que vous n’avez pas commises. Je connais les bruits qui circulent sur vous et… il serait temps que ces derniers se taisent…

- Pourquoi vous intéressez vous à moi ? » Souffla Ichigo.

Coyote Starrk quitta la porte et s’éloigna d’un pas tranquille. L’espace d’un instant, Ichigo avait été troublé par la lueur qu’il avait vu dans le regard bleu de Starrk. Se pouvait-il que son professeur s’intéresse à lui ? Il n’avait jamais fait attention jusqu’à présent à son entourage. Il était tellement focalisé sur son amour inconditionnel pour Kaien, qu’il n’avait jamais songé qu’il puisse troubler quelqu’un. Et encore moins un prof… si séduisant. Ichigo pouvait se tromper. Il était hésitant, son cœur battait la chamade.

Et si… Sans réfléchir, il suivit Starrk et l’interpella.

« Répondez-moi au moins ! Pourquoi ? Tous les profs me méprisent… tous, sauf vous et ce depuis le départ… pourquoi ? »

Coyote ne prit pas la peine de se retourner. Il continua son chemin en fronçant juste un peu plus les sourcils. Il ne s’était pas attendu à ce que Shiba le poursuive de cette manière. Pour lui l’affaire était close. Il ne voulait pas que Shiba sache qu’il avait été révolté pour un étudiant dont il ne connaissait rien à son arrivée… et encore moins qu’il sache qu’il en était tombé amoureux.

Il avait observé Ichigo depuis le début d’année. Il n’avait pas d’ami et ne semblait pas attiré par la gente féminine. Lui aussi avait eu ce comportement quand il avait été étudiant… et qu’il se savait gay. Starrk comprenait Ichigo au-delà de ce que pouvait imaginer ce dernier. Mais, il ne voulait pas… et ne pouvait pas sortir avec un étudiant noble… surtout de cette noblesse là.

Coyote sentit une main sur son avant-bras et l’homme se sentit brutalement tiré en arrière. Starrk rencontra le regard désespéré d’Ichigo et son cœur fondit. Cette lueur, Shiba devait être désorienté et suffisamment perturbé pour le regarder de cette manière. Coyote soupira et observa rapidement autour d’eux et tira Ichigo dans un renfoncement. Sans se rendre compte de ce qu’il faisait, il plaqua le corps de Shiba contre le sien.

Starrk surplombait Ichigo qui le fixait avec un certain atterrement. Il soupira à nouveau et marmonna entre ses dents.

« Shiba-kun… Shiba-sama » rectifia Starrk.

Ichigo était stupéfait. Jamais, il n’avait été aussi troublé par la promiscuité d’un corps masculin. Ses doigts s’accrochèrent aux tissus du shihakusho de Starrk. Ichigo ne savait plus où il était. Entre l’odeur de Starrk, mélange de cannelle et de fragrance plus boisée, légèrement musquée, et la chaleur de son corps. Son souffle sur son visage et l’incroyable intensité de ses yeux… jamais, il ne l’avait vu si… animé.

Il déglutit péniblement. Lui paraissait toujours aussi calme. Il ne semblait pas se rendre compte de l’effet qu’il produisait sur l’étudiant qu’il tenait toujours fermement contre lui. Ichigo voulut parler mais, c’est Starrk qui reprit.

« Shiba-sama… si je vous ai porté assistance aujourd’hui, il ne fallait pas chercher plus loin que le bout de votre nez ! Mon explication de tout à l’heure est tout à fait plausible…. Mais…

- Mais ? Répéta Ichigo hébété et hypnotisé.

- Mais… soupira Starrk, il faut que vous sachiez la vérité n’est-ce pas ? Si je vous disais que je sais pourquoi vous rejetez les autres ? Pourquoi vous êtes aussi révolté… Vous aimez les hommes n’est-ce pas ?

Ichigo était blême et voulut repousser Starrk. Mais la prise se resserra autour d’Ichigo qui sentait le désespoir l’étreindre. Il se figea quand il entendit la voix basse de Starck souffler contre son oreille.

« Je suis comme vous… Shiba-sama… »

Surpris, Ichigo leva la tête vers Starrk. Son cœur cognait maintenant sourdement dans sa cage thoracique. Comme s’il cherchait à s’échapper. Les yeux bleus étaient incroyablement tendres et l’expression si ennuyée qui s’affichait habituellement, avait disparu des traits de Coyote Starrk.

« Ce pourquoi je vous ai défendu… ce pourquoi, je m’intéresse à vous… c’est parce que vous me plaisez… Shiba-sama… »

Un éclair venait de foudroyer Ichigo. Il ne se rendait pas compte que ses mains empoignaient maintenant le tissu noir. Ichigo sentit un poids se retirer de ses épaules. Une espèce d’immense valise qui s’évanouissait. Sans un mot, Ichigo posa son front contre l’épaule de son professeur qui resserra l’étreinte de ses bras autour de la silhouette d’Ichigo qui sanglotait contre lui.

Starrk sentait sa gorge se nouer. Il savait qu’Ichigo se vidait d’un immense poids. Il rencontrait enfin quelqu’un comme lui et qui pourrait le comprendre quelque part. Inconsciemment, une de ses mains caressa les cheveux orange avec tendresse. Il aimait ce gosse… Il atteindrait bientôt sa majorité et il devait le préserver… mais maintenant que lui-même avait avoué ses sentiments, la barrière qu’il avait soigneusement érigée, tiendrait-elle encore très longtemps ? De cela, il n’en était pas très sûr.

Chapitre 4

Ichigo traversa les rues du Sereitei songeur. Il ne fit pas attention à ce qui pouvait l’entourer. Il ne cessait de penser à la discussion qu’il avait eue avec Starrk. Son professeur l’avait calmé et ensuite il l’avait accompagné jusque devant sa chambre. Ils n’avaient pas échangé un mot jusque là. Arrivés devant la porte de sa chambre, Ichigo avait demandé comme s’il avait du mal à croire à ce qui s’était produit plus tôt.

« Je vous plais… réellement ? » Demanda Ichigo hésitant.

Ça, Ichigo avait un mal fou à le réaliser. Son regard doré se posa sur Starrk qui resta de marbre. Pourtant, il répondit sereinement.

« Oui… »

Ichigo sembla réfléchir et demanda d’une voix incertaine, ne sachant pas trop comment s’y prendre.

« Vous… vous voulez sortir avec moi ? »

Starrk eut un sourire bref et reprit très calmement.

« Non ! Vous n’avez jusqu’ici pas fait attention à moi. Ce n’est pas parce que je suis comme vous que je vais vous sauter dessus. Si j’entretiens une relation quelconque, autant que les sentiments soient partagés…

- Sentiments ? »

Ichigo scruta Starrk qui le fixait intensément.

« En avez-vous pour moi ?

- Oui…

- Si je vous demandais de…

- Ce serait non ! Vous êtes mineur !

- Je serai majeur à la fin de l’année scolaire ! Protesta Ichigo.

- Oui… à la fin de l’année scolaire » répéta Starrk calmement.

Ichigo voulut protester une nouvelle fois mais son professeur embraya d’une voix déterminée.

« Shiba-sama… le jour où vous aurez sérieusement réfléchi à la question… le jour où vous serez sûr de vous… vous viendrez me trouver. Pour l’instant, je ne souhaite pas entretenir une quelconque relation avec vous. Je ne suis pas de bois et… je veux que vous compreniez bien ce à quoi vous vous exposerez à vouloir entretenir une relation avec un… autre homme ! »

Une couleur écarlate s’étala sur les joues d’Ichigo. Son cœur battait toujours comme un fou. Il avait vraiment l’impression de vivre pour la première fois de son existence. Il avait trouvé enfin un intérêt et il se trouvait en face de lui. Nonchalant, sûr de lui et légèrement amusé.

« N’aviez-vous pas cité tout à l’heure un quelconque rendez-vous avec votre famille ? Demanda Starrk.

- Oui…

- Je vous souhaite un bon week-end… Shiba-sama »

Et à sa stupéfaction Starrk s’effaça comme… téléporté. Ichigo tourna son visage à droite, à gauche du couloir, il était seul. Un frisson le parcourut. Il était rapide, mais Coyote Starrk était d’une autre trempe que la sienne. Etait-il plus fort que lui aussi ? Un nouveau frisson d’excitation le traversa. C’est avec le sourire qu’Ichigo entra dans sa chambre individuelle.

Il resta appuyé sur le battant pendant quelques minutes, songeur. Le fait de pleurer lui avait fait beaucoup de bien. Des années qu’il prenait sur lui… qu’il mentait, qu’il voulait que quelqu’un le comprenne ou l’aide ou… il ne savait plus très bien en fait.

Lorsqu’il arriva devant le portail de la demeure familiale, une voix chaleureuse reconnaissable entre toute le fit sursauter.

« Ichigo !

- Kaien ! » Répondit aussi joyeusement le jeune homme.

Son regard tomba sur le visage de Miyako qui accompagnait évidemment son cousin. Il se reprit et essaya un sourire aimable.

« Tu vas bien Miyako ?

- Hai Ichigo-kun… Tu es sorti de l’Académie ?

- Mon père m’a convoqué… Marmonna Ichigo mécontent.

- Tu as encore fait des bêtises ? Demanda Kaien en ébouriffant férocement les cheveux de son cousin.

Il avait attrapé la tête d’Ichigo qu’il avait coincé dans l’étreinte de son bras et de son corps. Ichigo tenta de se débattre mais ne le fit pas. Il l’aurait blessé sans aucun doute. Il attendit patiemment que Kaien cesse de le torturer.

« Kaien… laisse Ichigo-kun tranquille ! Tu dois lui faire mal…

- Il ne se débat pas ! Protesta Kaien.

- Oui, c’est bien ce que je dis ! »

Kaien relâcha sa victime qui respira un grand coup. Il était à moitié étouffé. Ichigo toussa et foudroya son cousin du regard.

« La prochaine fois, je t’explose !

- Voyez-vous cela ! Allons-y… avant que ce ne soit ton père qui t’explose ! »

Kaien souriait de toutes ses dents et Ichigo leva les yeux au ciel, le prenant à témoin. Ichigo trouva son cousin exaspérant et remonta l’allée pour se rendre au domicile familial. Il discuta avec le couple sans jamais vraiment les regarder. Ichigo aurait aimé être encore seul un petit moment. Son esprit était ailleurs.

« Quelque chose t’es arrivé Ichigo-kun ? » Interrogea Miyako soucieuse.

Surpris Ichigo tourna son visage vers elle et secoua la tête.

« Non ! Je réfléchis…

- Tu es… différent ! » Murmura la jeune femme en l’observant.

Ichigo haussa un sourcil et ne voyait absolument pas de quoi elle voulait parler. Arrivés une bonne demi-heure plus tard et après une discussion animée entre les trois jeunes gens, ils entrèrent dans la maison du Clan Shiba.

Mazaki vint les accueillir le sourire aux lèvres.

« Kaien, Miyako c’est un plaisir de vous voir… Ichigo… »

Mazaki voulut caresser le visage de son fils qui se recula. Ichigo plissa les yeux. Il avait horreur des démonstrations d’affection en public. En plus, ça ne rimait à rien, il allait encore se faire engueuler par Isshin. Mazaki parut blessée mais changea de sujet de conversation.

« On ne vous attendait pas si tôt… par contre, ton père t’attend depuis une heure à son bureau Ichigo. Va le voir… Il est impatient !

- Sans blague ! Il est toujours impatient pour m’en passer une… » Maugréa le jeune homme.

Ichigo quitta le hall d’entrée et se dirigea vers le fond de la demeure pour se rendre au bureau de son père. Mazaki paraissait préoccupée et Miyako demanda

« Il a fait quelque chose ?

- Qui ? Ichigo ?

- Généralement quand tonton Isshin veut le voir, c’est pour l’enguirlander. Il a encore fait des bêtises ? Interrogea

Kaien. Il ne s’est pas encore assagi. Tu sais que tous les capitaines parlent de lui ?

- Vraiment ?

- Ses exploits sont relatés assez souvent dans le Gotei et personne ne semble vouloir le prendre dans sa division quand il sortira de l’Académie.

- Non, en fait… Isshin voulait voir Ichigo pour le féliciter. Nous avons reçu une lettre du directeur cette semaine qui nous annonçait un changement radical de comportement d’Ichigo depuis quelques semaines… depuis la rentrée en fait…

- Incroyable ! S’exclama Kaien très surpris.

- Je le trouve changé… Souffla Miyako. Je ne sais pas quoi… Quelque chose dans son regard. Il ne ressemble plus à une bête traquée… »

Un immense éclat de rire remplit le hall d’entrée. Kaïen posa une main affectueuse sur l’épaule de sa femme et déclara moqueur.

« Ichigo ressemble à tout sauf à cela…

- Tu te trompes Kaien… Ton cousin a un problème et il n’en parle pas ! Je suis sure que c’est pour cela qu’il a ce comportement. Peut-être a-t-il trouvé un moyen de s’apaiser ?

- Je suis du même avis que toi Miyako. S’il a trouvé ce qui pouvait l’apaiser… j’en suis très heureuse. Il va pouvoir enfin, être heureux.

- Mais de quoi parlez-vous ? Interrogea Kaien étonné par la connivence évidente entre les deux femmes. »

Lui ne voyait son cousin que comme un enfant doué, turbulent, ne sachant pas quoi faire de ses pouvoirs et gâté à l’extrême… mais certainement pas comme un être blessé ou torturé par quoi que ce soit. Son regard vert s’assombrit… Et si c’était le cas, il trouvait qu’Ichigo, pour son jeune âge, le cachait plutôt bien.

°°0°0°°

Ichigo entra dans la pièce et trouva son père assis devant le fusuma ouvert. Isshin fit un signe à son fils pour qu’il le rejoigne. Ichigo hésita. C’était la première fois qu’il voyait son père si décontracté quand il l’apercevait. Cela faisait combien de temps qu’il ne lui avait pas souri de cette manière.

« Approche Ichigo… n’aies pas peur… »

Facile à dire pour quelqu’un qui ne subissait pas des sempiternelles réflexions sur son comportement. Toutefois, le jeune homme s’approcha et se laissa choir sur la terrasse. Isshin but sa coupe de saké. Ichigo vit une lueur de fierté dans le regard de son père.

« J’ai reçu une lettre du directeur de l’Académie…

- J’ai rien fait ! » Objecta Ichigo immédiatement sur la défensive.

Isshin éclata de rire et ébouriffa les cheveux de son fils qui repoussa les mains de son père exaspéré.

« Faut vous faire soigner toi et Kaïen… Un jour on pourrait vous accusez de meurtre ! On ne tue pas les gens qu’on aime ! Marmonna Ichigo.

- Et je t’aime beaucoup Ichigo. »

Ichigo observa son père soupçonneux. Que lui arrivait-il encore ? Et qu’avait écrit Hanatawa-san dans son courrier ? Isshin reprit en voyant l’incertitude dans le regard doré.

« Je voudrai t’adresser toutes mes félicitations Ichigo. Le directeur ne tarit pas d’éloges à ton sujet. Tu te serais assagi de façon spectaculaire et tu as fait grimper ta moyenne… enfin, sauf en kido. »

Isshin observa son fils un instant et demanda

« Je n’ai jamais compris pourquoi cela te posait autant de difficulté de jeter un sort de kido !

- Tous les capitaines doivent obligatoirement savoir utiliser le kido ? Interrogea maussade Ichigo.

- Non… non… Kenpachi-Taicho ne sait absolument pas s’en servir !

- Alors, cela n’est pas primordial. Je sais me battre ! Je suis fort !

- Oui… c’est vrai… »

L’admiration qui perçait dans la voix d’Isshin fit tressaillir Ichigo. Jamais son père ne s’adressait à lui de cette manière. Son regard également… Une boule se forma dans la gorge du jeune homme. Ichigo se rendit compte qu’il attendait cela depuis des années. Une douce chaleur se répandit en lui et pour la première fois depuis très longtemps, il se détendit en face de son père.

Isshin se redressa et déclara

« Viens Ichigo… allons rejoindre le reste de la famille…

- Hai ! »

°°0°0°°

Rentré au sein de l’Académie, Ichigo fonça dans sa chambre. Il n’avait envie de rencontrer personne. Pourtant, la voix d’Uryuu l’arrêta à mi-parcours.

« Déjà rentré Shiba-kun ? Nous voulions savoir… si tu accepterais de te joindre à notre table ce midi… enfin… si le cœur t’en dit… »

Ichigo se tourna vers Ishida et l’observa longuement. Ce dernier semblait sur le point d’exploser. Comme si ce qu’il venait de dire était la pire énormité qu’aucune personne n’avait prononcé. Ichigo eut un sourire et Uryuu devint blême. Nouvelle tactique de Shiba pour décontenancer les gens ?

« Ok ! Mais c’est vous qui viendrait à ma table… »

Et Ichigo s’enfuit ne laissant pas le temps à Ishida de se reprendre. Inoue, Chad et Tatsuki vinrent rejoindre le Président du comité des élèves.

« Alors ?

- Il a dit oui et il veut qu’on aille à sa table…

- Vous voyez je vous l’avez dit ! » Déclara très contente d’elle-même Inoue. « Je savais que Shiba-kun était un élève comme les autres…

- Comme les autres, comme les autres… » Maugréa Tatsuki. « Pas tout à fait quand même… »

Jetant ses affaires sur le lit, Ichigo bondit sous la douche. Il voulait réfléchir à ce qui s’était produit le week-end même. A sa surprise, il avait vu Kaien pour ce qu’il était… son cousin et rien d’autre. Ichigo ne savait pas si c’était parce que Coyote Starrk lui avait dit qu’il était gay comme lui, ou bien si c’était l’affection qu’il éprouvait pour lui qui lui avait ouvert les yeux… mais quoiqu’il en soit… il ne s’était jamais senti aussi bien de toute sa vie.

Il irait trouver son prof… et… faire quoi ? Et dire quoi ? Non, il voulait attendre un peu pour voir… Ichigo ne voulait pas se tromper. En tous les cas, maintenant, il avait l’impression de vivre réellement. C’était passionnant et palpitant tout à la fois.

°°0°0°°

Les semaines passaient et Ichigo s’impliquait de plus en plus dans la vie de l’Académie. Certes, il ne pouvait pas s’empêcher de jouer des tours à quelques élèves mais c’était bien loin des blagues glauques qu’il faisait les années précédentes. A la surprise du jeune homme, il devint même populaire auprès des filles de l’Académie. Il s’en serait passé. Mais, en même temps, c’était étrange d’être entouré comme il l’était. Quelques fois, il regrettait de ne pouvoir être seul.

Ichigo s’installa à sa table et attendit que Coyote-san entre en classe. Un frisson le traversa et son regard se modifia légèrement. Ses pupilles s’agrandirent sous l’émotion que suscitait en lui la présence dans la même pièce que cet homme. Quand il entra, Ichigo rencontra brièvement le regard bleu glacé de Starrk. Son souffle se raccourcit immanquablement.

Il observa la longue silhouette de l’homme qui posait ses cahiers sur son pupitre. Ichigo attendait la prochaine rencontre de son regard. Et quand il se redressa Ichigo croisa une nouvelle fois, les yeux aciers. Un frisson le traversa. Ses mains devenaient moites et son esprit eut quelque mal à se concentrer sur le sujet du jour.

Les yeux ambre passaient du regard, vers le nez fin, puis sur les lèvres sensuelles qui restaient entrouvertes quand il finissait de parler. Ichigo avait l’impression qu’il pouvait l’observer pendant des heures.

« Shiba-kun… pourriez-vous répéter ce que je viens de vous dire ? Demanda brutalement Starrk amusé.

Ichigo sentit ses joues le brûler. Il se racla la gorge et répondit maladroitement

« Je… je n’ai pas fait attention…

- Vous viendrez me voir, après l’heure de cours…

- Hai ! »

Le cœur d’Ichigo battait de manière désordonnée. Il jeta un bref coup d’œil autour de lui mais tous les élèves semblaient crispés sur leurs chaises. Il était évident que personne n’avait réellement suivi le cours. Quand la cloche retentit, Ichigo emballa ses affaires de mauvaises grâces et se dirigea vers le bureau de son professeur qui lui rangeait ses notes.

Après quelques secondes, Starrk daigna poser son regard sur son élève.

« Shiba… sama… »

Boum… fut la seule réponse de son cœur. Le ton de velours sur lequel s’était exprimé Starrk allait le faire défaillir. Ichigo se noya dans l’azur du regard qui s’était posé sur lui. Il rougit et voulut jeter un regard autour de lui et Starrk reprit amusé.

« Nous sommes seuls… Mais cessez de me regarder comme vous le faites en cours, où je ne pourrai bientôt plus me maitriser… Shiba-sama…

- Comme je… vous regarde ?

- Avec envie…

- … Je…

- Passion… »

Ichigo sentait son crâne surchauffé brutalement.

« Vous me regardez comme si j’étais l’homme le plus désirable de la Terre… Non pas que cela ne me fasse pas plaisir bien au contraire… mais ma patience à ses limites… »

Un silence s’installa et Ichigo ouvrit et ferma la bouche.

« Dites-moi ce que vous voulez… Mais ne jouez pas avec moi ! J’éprouve des sentiments pour vous ne l’oubliez pas. Et je ne suis pas un adolescent…

- Je… Voulez-vous sortir avec moi Coyote-san ! » Déclara brutalement Ichigo.

Ichigo se sentait comme une cocotte sous pression qui venait brutalement d’exploser. Des semaines qu’il fantasmait sur Starrk mais, contrairement à Kaien, ce n’était pas comme une sorte de rêve lointain. La proximité du corps de Starrk lui avait fait comprendre que son professeur était un être de chair et de sang, tout comme lui. Et il voulait connaitre et goûter à une relation amoureuse partagée.

Starrk le considéra un instant et son visage grave se détendit légèrement.

« Cela sera très difficile pour nous voir… Shiba-sama…

- Je m’en moque…

- Si cela est découvert, le scandale recouvrira votre famille…

- Je m’en moque… » Mais Ichigo se mordilla sa lèvre inférieure.

- Nous ferons attention alors…

- Vous acceptez ? Demanda surpris Ichigo.

- Je vous ai provoqué en quelque sorte…

- Quand… je veux dire…

- On se calme… allez en cours, vous allez finir en retard. Ne vous inquiétez pas. Je vous contacterai. »

Ichigo rayonna soudain. Il hocha la tête et quitta la salle de classe. Starrk s’assit sur une chaise, les jambes sciées. Il n’en pouvait plus des regards languissants et amoureux d’Ichigo. Il s’étonnait lui-même que personne n’ait rien remarqué. Des semaines qu’il attendait patiemment. Enfin, le jeune Shiba répondait à ses sentiments. Il brûlait déjà de le tenir dans ses bras une nouvelle fois.

C’est impassible qu’il rejoignit la prochaine classe. Rien dans son comportement ne s’était modifié et c’est avec un certain détachement qu’il prodigua ses cours aux troisièmes années.

°°0°0°°

Au cours suivant, Ichigo fut absent. Hitsugaya le battit facilement au cours d’un combat singulier. Ichigo s’en moquait complètement au grand dan de Toshiro qui voyait s’envoler le sérieux du jeune homme. Voyant que personne ne pourrait rien en tirer de la journée, tous le laissèrent seul dans ses pensées. Le spectre de l’ancien Shiba flottait derrière la silhouette mince. Pourtant, il ne semblait pas spécialement agressif. Juste tête en l’air.

Ichigo sortit le dernier de la salle d’entrainement de Kido. Il traversa le court chemin arboré quand il se sentit soulevé et presque transporté hors du périmètre de l’école. Il respira lorsque Starrk le lâcha. Furieux, Ichigo maugréa.

« J’ai failli avoir une attaque !

- Tu n’es pas malade et tu m’en vois soulagé… Ironisa Starrk.

- Malade ?’ Repris Ichigo surpris.

Puis, Ichigo jeta un coup d’œil autour de lui et vit qu’ils étaient au milieu d’une forêt. Il reporta son attention sur son professeur qui s’assit sur un rocher à côté de lui.

« Je voulais pouvoir te parler tranquillement… et c’est impossible d’être discret dans cette Académie. Beaucoup d’yeux nous épient…

- T’es pas parano ?

- Shiba-sama… vous me voyiez ravi de vous voir aussi familier… »

Ichigo rougit et se reprit. Il n’allait tout de même pas se laisser écraser par Coyote Starrk parce qu’il était plus jeune.

« Ne te fous pas de moi… C’est toi qui a voulu qu’on se rapproche… »

Starrk haussa un sourcil et eut un petit sourire en coin.

« Tu es drôlement loin Shiba-sama… » Se moqua le professeur.

Ne voulant pas se départir de son courage, Ichigo s’approcha le cœur battant et en fixant ou plutôt en clouant Starrk avec son regard doré presque phosphorescent.

« Approche Shiba-sama… »

Ichigo se trouvait maintenant à la hauteur de Starrk. Ce dernier lui caressa la joue.

« Je n’ai pas envie que qui que ce soit découvre que toi et moi avons une aventure…

- Ce serait préjudiciable pour toi ? Ironisa Ichigo.

- Pour toi… Tu m’as dit que tu te moquais de ce qui pouvait arriver si cela était découvert, ce n’est pas le cas pour moi. »

Starrk caressa de son pouce les lèvres entrouvertes d’Ichigo. Il était si proche.

« Comment allons-nous pouvoir nous voir ?

- Chez moi… Je ne vis pas à l’Académie. J’ai une maison extérieure et je vais t’y emmener. »

Ichigo se raidit et voulut se reculer. Starrk sourit et eut un geste d’apaisement.

« Je ne ferai rien que tu ne veuilles. Même si c’est très compliqué pour moi… Je sais me contrôler. Mais ma maison, bien que modeste, est suffisamment reculée pour avoir un maximum de tranquillité. Tu ne risqueras rien… Ne dévoile jamais à quiconque l’endroit où je vis…

- Pourquoi ? Tu es recherché ?

- Tu sais Ichigo… je viens d’une famille modeste. J’ai longtemps été officier du Gotei 13… et ma sexualité n’est pas très tolérée. Enfin, je suis sûr que tu comprends. Il faut savoir être prudent. Et je me suis tenu éloigné des autres et j’ai toujours eu un comportement mesuré dans tout ce que je faisais. Ichigo… il faut que tu apprennes à te fondre dans le moule. Il faut que personne ne te soupçonne. »

Tout en parlant, Starrk avait attiré contre lui le corps d’Ichigo. La bouche de l’homme frôlait la tempe du roux.

« Es-tu d’accord pour être discret et… de vivre avec moi une relation interdite ?

- Hai ! »

Ichigo avait relevé la tête. Son cœur cognait furieusement dans sa poitrine. La voix chaude et rauque de Starrk l’émouvait et l’attirait.

« Je te protégerai toujours Ichigo…

- Je sais me défendre ! Répliqua Ichigo contrarié.

- Je ne te parle pas de force physique… Je te parle des attaques diffusent et invisibles… enfin, c’est mon problème… »

Starrk se sentait revivre sous la chaleur des yeux dorés. Il était tellement beau, tellement chaleureux malgré son air renfrogné la plupart du temps et surtout innocent. Ce gamin était la bouffée d’air frais qu’il recherchait depuis si longtemps. Cette bouche… c’était à son tour d’être hypnotisé par son compagnon. Starrk se redressa avant de perdre le contrôle.

« Viens, suis-moi et essaye de te souvenir du chemin. Tu es rapide ?

- Pas aussi rapide que toi… Souffla Ichigo déçu.

- Je vais t’apprendre à être plus rapide… et bien d’autres choses…

- Comme ?

- Cela ne t’intéresserait pas de devenir bon en kido ?

- Impossible ! Répliqua catégorique Ichigo.

- Fais-moi confiance… Sourit Starrk.

- Pourquoi ?

- Je pense contrairement aux autres que tu peux être très bon en kido… et je veux que tu réussisses ton examen… Je veux que tu sois un très bon shinigami.

- Hai ! Je ferai mon maximum…

- Très bien… allons-y »

Ichigo suivit Starrk aussi vite qu’il le pouvait. Il devait bien se l’avouer, Starrk était franchement difficile à suivre. Il le percuta lorsqu’il s’arrêta et tomba à la renverse. Coyote se pencha sur Ichigo et tendit une main

« J’aurai du te prévenir. Je suis désolé. Viens… »

Sans rien dire, Ichigo accepta la main et à sa surprise Starrk enlaça ses doigts aux siens. Voyant la surprise dans le regard d’Ichigo, il déclara doucement

« C’est le seul endroit où nous pourrons avoir un comportement normal. Je veux… pouvoir te toucher… et être tendre avec toi, sans me soucier des convenances. Cela te sera insupportable ?

- Non… j’étais surpris…

- Bien… »

Starrk s’avança dans la petite clairière où une maison se trouvait nichée à l’orée de la forêt. Jamais Ichigo n’aurait imaginé un lieu d’habitation si éloigné de tout. Ichigo eut la gorge nouée et demanda

« Coyote-san… Comment font les autres… je veux dire, les hommes ou les femmes comme nous ?

- Chacun à sa technique. Et nous savons nous reconnaitre au fil du temps… Tu t’en rendras compte Ichigo… »

Ils entrèrent dans la maison de plein pied. Une pièce immense ou presque se trouvait dans la pièce principale. Ichigo vit que l’ensemble était dépouillé mais confortable. Il était évident que Starrk vivait dans ses murs. Sur une partie du tatami un zabuton avait basculé et une haori était posé sur une chaise dans la cuisine.

Ichigo buta une nouvelle fois sur Starrk. Il leva les yeux et rencontra le regard azur de son professeur. La chaleur avec laquelle il le fixait bouleversa Ichigo.

« Laisse-moi t’embrasser… Ichigo… Cela fait si longtemps que j’en ai envie… »

Le cœur battant, Ichigo se figea. Il ne répondit pas mais, son regard parla pour lui. Un faible sourire fleurit sur les lèvres de Starrk qui enlaça Ichigo.

« Je pensais que tu ne me ferais rien… protesta en chuchotant Ichigo qui reprit un minimum de conscience.

- C’est bien ce que je disais… Souffla Starrk en se penchant en avant. Rien que tu n’acceptes… »

Ichigo se rendit compte qu’il avait enlacé le cou de Starrk et ouvrit les yeux de surprise. Quand le front de Starrk se posa sur le sien, Ichigo était définitivement troublé et sous le charme. Il aspirait autant que lui, à cet échange et inconsciemment entrouvrit la bouche pour recevoir son premier baiser.

Chapitre 5

Dans l’amphithéâtre, toutes les têtes étaient penchées en avant. Concentrées, sur le bout de papier qu’elles avaient devant elle. Le chuintement de la plume sur le parchemin qu’ils remplissaient, les élèves faisaient abstraction du gazouillis extérieurs des oiseaux, et des pages tournées par l’examinateur plus bas derrière son bureau. L’atmosphère était impalpablement tendue. Il s’agissait du dernier examen écrit avant le premier jour de stage dans la division qui serait certainement plus tard la leur.

Après, les épreuves pratiques qui avaient permis de connaître les aptitudes aux combats, ce dernier test permettrait de connaître les aptitudes des candidats aux commandements. Aux fils des heures, quelques têtes se relevaient. Quelques bâillements se firent entendre. Et l’examinateur avait perdu son attitude nonchalante pour observer avec attention les étudiants qui terminaient petit à petit leurs écrits.

Après un dernier coup d’œil à sa montre, Soejima Iwaki fit claquer sa règle sur son bureau et déclara froidement.

« Terminé ! Veuillez poser vos plumes et quitter vos places. Vous déposerez vos copies sur mon bureau en partant ! »

Les élèves de la première rangée se levèrent et posèrent leurs feuilles sur le pupitre. Lorsqu’ils eurent quitté la salle, ce fut le tour de la deuxième rangée et ainsi de suite jusqu’à la dernière. Aucun bruit ne se faisait entendre, si ce n’était le froissement du tissu et le bruissement des feuilles. Par contre, dans le couloir un brouhaha s’élevait.

Tous s’interpellaient mi-inquiet et joyeux, d’avoir terminé la longue série d’épreuves qu’ils enduraient depuis plus d’une dizaine de jours. Ichigo se fraya un chemin pour quitter le couloir devenu trop bruyant. Une voix l’interpella, le freinant dans son élan.

« Ichigo… tu ne restes pas avec nous ? »

L’étudiant s’immobilisa et se tourna vers Chad. Pour une des rares fois, où il entendait, se type, il faisait l’effort d’être poli.

« Non. J’ai besoin de respirer et ici, y’a trop de monde. »

Et sans attendre une éventuelle réponse, Ichigo disparu de la vision d’Uryuu, Orihime, Tatsuki et Kiego qui rejoignaient Chad.

Le roux trouva un havre de paix dans les branches d’un chêne centenaire. Le feuillage dense obstruait toute intrusion dans son domaine. Le roux maîtrisait à présent pleinement son reiatsu, ce qui était un avantage certain. L’étudiant chercha dans sa poche intérieure de son shihakusho un paquet duquel il se sortit un joint. Il se l’était préparé le matin même, en prévision de cet instant.

C’est avec délectation qu’il tira une première bouffée, et son regard absent suivit les volutes épaisses au-dessus de lui. Un sourire amer se forma au coin de sa bouche. Et dire qu’il y a quelques mois à peine, il pensait tout arrêté définitivement… Oui, mais… Coyote Starck était du genre indécis. Des mois qu’ils sortaient ensemble et… rien ! Zero, nada, nic, nothing, nichts, ничто, nulla, niets, τίποτα… il allait s’arrêter là, car de toute façon, cela ne changerait rien !

Leurs rencontres se résumaient à des exercices de kido, quelques baisers, et de longues discussions. Au début, Ichigo trouvait cela romantique, maintenant… il voulait autre chose. Il comprenait d’une part le comportement de Starck. Il n’allait pas lui reprocher d’avoir peur de son clan. Le nom de Shiba Isshin faisait trembler tout le Sereitei et au-delà. Mais quand même… comme s’il allait se plaindre auprès de son père de ce genre de relation. Il se ferait tuer sur place et il n’osait même pas imaginer la honte qui serait jetée sur son nom et la compromission de son statut au sein du Gotei13.

Starck lui avait bien expliqué les règles. Ichigo avait été très surpris d’apprendre qu’ils étaient plus nombreux qu’il ne le pensait. Lui qui se croyait seul, découvrait un monde autre. Les homosexuels n’étaient pas acceptés et ne le seraient jamais. Ils étaient tous des parias et la plupart d’ailleurs vivait une double vie. Les rencontres étaient la plupart du temps furtives, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

Par malheur, si un noble était l’un d’entre eux, généralement il était enfermé dans sa demeure. Le déshonneur frapperait la famille et le clan. C’était une tare méprisable et scandaleuse. La pire infamie qui pouvait toucher une famille qu’elle soit noble ou pas. Ichigo avait écouté tous les conseils que lui fournissait son amoureux, mais au fil des conversations sur le sujet, il se sentait abject. Oui, c’était cela qu’il avait ressenti au départ.

À présent, Ichigo trouvait cela très injuste. Il ne le faisait pas exprès. Les filles ne l’intéressaient pas ! Ce qui l’avait le plus perturbé dernièrement, c’était l’insistance de Mazaki à vouloir lui parler du nom Shiba et de la prochaine génération. Comment allait-il s’en sortir ? Il était sûr qu’il allait devoir subir un Omiai. Si c’était le cas… inconsciemment le cœur d’Ichigo se mit à battre plus vite. L’idée même d’une telle union le consternait, le révulsait, lui donnait envie de hurler.

Ses pensées se tournèrent enfin vers l’examen qu’il venait de terminer. Il avait fait de son mieux contrairement aux examens de kido où il avait lamentablement échoué. Incapable de jeter le moindre sort, il s’était ramassé certainement une bulle. Une chance qu’au combat, il se soit rattrapé… et puis, il y avait les écrits. Enfin, quoi qu’il en soit, s’il voulait obtenir un siège et non être le sous-fifre d’une quelconque division, il avait donné ce qu’il pouvait au test final. Il avait terminé dans les premiers et s’était relu à plusieurs reprises pour être sûr de ne pas s’être trompé.

Starck n’avait pas voulu le privilégier en lui donnant des cours particuliers. Il s’était seulement consacré à lui redresser son niveau déplorable en nécromancie. Et il y était parvenu, sauf qu’énervé par la dernière entrevue qu’il avait eue avec lui le matin de l’examen, Ichigo s’était vautré à son test. Le fait d’y repenser l’agaça une nouvelle fois.

« Pourquoi refuses-tu d’aller plus loin ? S’était écrié Ichigo. Tu ne m’aimes pas ? De quoi as-tu peur ? Tu es pathétique à force… »

Ichigo avait donné un violent coup de pied dans une chaise la faisant basculer. Starck était resté impassible, sous le regard devenu cognac de son jeune amant. Il avait passé une main lasse dans ses cheveux mi-longs.

« Ichigo… je t’ai déjà dit qu’ici, il était préférable que nous ne nous voyions pas. Souviens-toi que l’on sait pour moi… je ne veux pas que cela te touche…

— Et si je m’en fichais ?

— Et si moi, je ne m’en moquais pas ? Que crois-tu qui arriverais si tout ceci éclatait au grand jour ? Pense un peu à ton avenir…

— Mais je ne le vois pas sans toi ! »

Starck avait eu un faible sourire. Ichigo se souvenait avec acuité de la chaleur de son étreinte, puis de celle glacé de la séparation. Starck s’était échappé à la porte alors qu’Ichigo cherchait à l’enlacer à son tour.

« Shiba-sama… entendre ses paroles me procures beaucoup de plaisir, mais en même temps… je connais déjà l’issue d’une telle liaison. Je pense ne pas avoir assez réfléchis aux conséquences…

— C’est maintenant que tu y penses ? Hurla incrédule Ichigo.

— Je suis désolée, Shiba-sama ».

Ichigo en était resté pantois, alors que la porte se refermait doucement.

Qu’allait-il bien pouvoir faire de sa vie ? Ichigo s’allongea sur la grosse branche et suivit du regard les feuilles qui se balançaient doucement sous la brise printanière. Ses yeux se fermèrent à demi. Des images psychédéliques se formèrent dans son cerveau qui n’arrivait plus à présent à faire la différence entre les souvenirs, la réalité et son imaginaire. Finalement, il détestait toujours un peu plus sa vie qui n’avait aucun sens.

°°0o0°°

C’est avec mauvaise grâce qu’Ichigo se dirigea vers la cinquième division, accompagné de quelques élèves ayant fait partie ou non de sa classe. Il avait fait des pieds et des mains pour aller à la onzième et tous d’un commun accord, avait décidé d’envoyer le noble dans la division d’Hirako Shinji.

Yoruichi était la seule à avoir protestée et avait demandé une dérogation pour sa propre division. Mais, le Soutaicho avait préféré envoyer l’étudiant dans une division où justement il n’aurait pas d’accointance avec son capitaine.

Isshin avait été favorable à cette décision. Hirako s’en foutait. Il se souvenait à peine de ce jeune garçon turbulent, et pourtant poli avec lui. Il songeait qu’il allait bien s’amuser, puisque cette tête d’huître de noble n’arrivait pas à maîtriser même un misérable sort tel que « Saï ».

Lorsque les murs de la division furent en vue, Ichigo contempla quelques secondes la grande porte. Le souvenir du capitaine blond l’effleura. Un sourire naquit sur ses lèvres, en songeant aux grimaces auxquelles s’étaient laissées aller Hirako… sept ans déjà. Un froncement de sourcil se forma sur son visage, en ruminant sur le type à lunette et sa tête de faux-cul. Lui, c’était sûr, il ne pourrait pas le blairer !

Il suivit le reste du groupe et posa son paquetage à ses pieds, alors qu’apparaissait justement le type à lunettes que ne pouvait pas voir Ichigo. Son badge de fukutaicho le fit se raidir. Il observa longuement la fleur de muguet emblème de la division. Le jeune homme ramassa ses affaires et prit soin de se trouver dans les derniers, ne voulant pas attirer l’attention sur lui, dès le premier jour.

Bien sûr, sa couleur de cheveux parla plus fort que s’il avait crié. Le regard du fukutaicho se porta sur lui. Le sourire qui se grava sur ses lèvres, fit plisser les yeux d’Ichigo de méfiance. Ainsi donc, il ne l’avait pas oublié ? D’ailleurs, ce dernier le masqua rapidement, et s’adressa à l’ensemble des nouveaux arrivés.

« Soyez les bienvenus à la cinquième division… Je suis Aizen Sosuke, le fukutaicho de la cinquième division. Notre Taicho n’est pas présent actuellement, je le remplacerai donc aujourd’hui. Chacun d’entre vous a été assigné à une tâche particulière, ainsi qu’à un programme collectif à la division. Mais, avant tout cela, je vais vous montrer vos chambres où vous pourrez ranger toutes vos affaires. Ensuite, vous rejoindrez cette cour. Nous vous ferons visiter votre peut-être, future division… »

Ichigo se demanda si c’était son imagination ou bien, le fukutaicho avait appuyé sur le peut-être en le fixant ? Il écouta le reste du discours d’une oreille distraite. Ichigo se plaça à l’arrière du groupe une nouvelle fois. Il intégra le dortoir des hommes et se retrouva devant son futon. Il rangea ses affaires dans son armoire et observa le grand dortoir ou de fines cloisons séparaient les futons des uns des autres, laissant un peu d’intimité. Toutefois aucune porte ne fermait l’espace.

D’un seul coup d’œil, Ichigo embrasait la pièce qui devait mesurer dans une vingtaine de mètres sur dix. Ichigo gagna l’extérieur et vit apparaître dans le bâtiment à côté du sien, les filles qui faisaient partie de sa promotion. Aucun ne parlait vraiment, trop impressionné pour certains, et d’autres comme Ichigo qui attendait de voir comment les choses allaient se dérouler dans la division qui serait peut-être la leur.

Contre toute attente, Aizen se révéla un guide courtois, et plein de charme. Notamment auprès des jeunes femmes. Ichigo eut la surprise de se retrouver de garde la première semaine. Il serait accompagné par deux autres recrues dont Hinamori Momo. Ichigo l’appréciait bien, calme et d’humeur égale, elle n’empoissonnait personne avec des questions idiotes. D’autres commençaient moins bien leurs vies dans la division, en étant de corvée de nettoyage.

Ichigo prit son emploi du temps et constata que sa première semaine était plutôt bien remplis. Toutes les instructions étaient notées clairement et le petit mot d’avertissement sur un quelconque retard ou manquement à la discipline faillit le faire sourire. Mais, il se garda bien de le faire. Pour une fois, Ichigo tenterait d’être sérieux. Peut-être qu’ainsi, il pourrait demander sa mutation à la onzième division ?

Le fait que tout soit réglé comme une horloge apaisa le shinigami. Il n’avait pas à se creuser la tête pour chercher quoi que ce soit. Aizen avait montré toutes les structures de la division, et fournit un plan. Il était impossible de se perdre ou de s’ennuyer. Finalement, cette vie allait lui plaire constata-t-il au fil des heures qui s’écoulaient. Même le fukutaicho lui parut hautement sympathique.

Lorsqu’il s’échoua sur son futon en fin de soirée, le ventre tendu par une nourriture excellente en goût et en quantité, ravi de s’être fait quelques amis rapidement, le roux sombra dans un sommeil sans rêves. Le lendemain serait un autre jour…

°°0o0°°

Ichigo fut réveillé le lendemain par l’équipe de nuit. Fujimaru Kudo le laissa pour réveiller les autres stagiaires de faction. Le roux ne traîna pas, et il gagna les douches pour ensuite terminer au réfectoire. À sa surprise une centaine d’hommes déjeunaient déjà. Momo vint se joindre à lui.

« Je suis excitée par ce premier jour…

— Je suis impatient de commencer également.

— Tu crois que nous serons immobiles devant la porte ?

— Je n’en sais strictement rien. »

Ichigo sortit sa feuille et Hinamori en fit autant. La jeune femme commenta.

« On nous attend devant l’entrée principale. D’ailleurs, il ne nous reste plus beaucoup de temps. »

Les deux shinigami terminèrent rapidement leur repas. Lorsqu’ils se présentèrent, ils furent parmi les premiers. Aizen les attendait la tête plongée dans des documents. Il s’arracha à sa lecture, une fois qu’une trentaine de shinigami se furent rassemblés autour de lui.

« Bien, vous êtes tous à l’heure… Je voudrais que les nouveaux, se mettent en poste avec un shinigami aguerri. Il va vous expliquer durant toute la semaine vos tâches et votre mission au sein de la division. Chacun d’entre eux à un planning strict à respecter. Si vous ne vous conformez pas à ce dernier, vous serez mis aux arrêts ! Le maître mot de la division est la discipline et l’honneur. Gardez-le toujours en tête. Sachez qu’un entraînement aura lieu en début d’après-midi pour vous les stagiaires. Nous allons faire une simulation de combat, avec bien sûr des cas de figure auxquels nous avons été confrontés sur le terrain. Pour le kido, nous verrons cela en milieu de semaine… »

Aizen jeta un œil sur son document, puis comme s’il se rappelait quelque chose d’important, il leva les yeux et les dirigea vers Ichigo.

« Shiba, vous vous joindrez à moi pour cet entraînement. On nous a fait parvenir vos résultats et… le mot catastrophique est vraiment faible pour mesurer vos compétences dans le domaine. Il est hors de question que vous soyez à la traîne sur cet exercice. C’est une question d’honneur pour la division. D’ailleurs, le capitaine a demandé que vous le rejoigniez après le repas de ce soir, pour vous donner un entraînement particulier. Il tient à voir de lui-même l’ampleur des dégâts… »

Ichigo devint écarlate devant tous les regards qui s’étaient fixés sur lui. Il se racla la gorge plus ou moins discrètement, et aurait fait ravaler le sourire d’Aizen s’il n’était pas le point de mire de la division.

« Vous pouvez rompre. »

Ichigo entendit son nom et vit un homme roux presque rouge se diriger vers lui. Il devait avoir dans la trentaine. Un froncement de sourcil barrait son visage.

« Tu es Shiba Ichigo ?

— Hai…

— Je m’appelle Suzunami Seigen. C’est moi qui serais ton instructeur durant tout ton stage ici. Contrairement aux autres qui auront un instructeur différent au cours de leur vie ici dans la division.

— Pourquoi ? S’étonna Ichigo.

— Parce que je suis noble comme toi. Enfin, ma famille est moins puissante que la tienne… Il faut dire qu’il faut s’appeler Kuchiki pour rivaliser, et encore…

— C’est parce que je suis noble qu’on me réserve ce traitement ?

— Oui. Et puis, nous avons su par l’Académie que tu n’étais pas très… malléable. Un shinigami sans titre, serait trop impressionné pour oser te répondre. Le capitaine a donc décidé de me mettre à ton service. Sache que j’ai ordre de te faire entrer dans le rang et de te faire progresser… »

Voyant l’air contrarié du roux, Seigen soupira et se gratta la tête.

« Écoute, Hirako Taicho souhaite que tu es de bons résultats. Il refuse qu’un de ses stagiaires et ce quel qu’il termine à la traîne. Il n’est pas dit que tu finisses dans notre division… et Hirako Taicho se fait un point d’honneur à ce que chaque shinigami passé dans sa division puisse survivre dans une autre. Ne crois pas que tu es un traitement spécial, mis à part moi dans cette équation. Tous les stagiaires ont un programme qui les fera progresser là où ils sont les plus faibles.

— Je n’avais pas songé à cela…

— Toutes les divisions ne pratiquent pas ce genre de programme… je crois même qu’il n’y a que la cinquième division qui le propose. Allez viens, nous sommes déjà en retard. Nous avons une zone à surveiller. »

Ichigo suivit Suzunami en silence. Il dut faire en sorte de maîtriser son shunpo. Le quatrième siège comme il l’apprit une heure plus tard, était beaucoup plus lent que lui. La journée passa comme un éclair. Entre l’apprentissage de son tour de ronde, le rapport qu’il devait effectuer, les exercices de combats auxquels il participait. Ce n’était pas Aizen qui s’occupa de l’exercice mais le troisième siège Matsuri Kudo qui s’en chargea. La shinigami avait de l’énergie à revendre et surtout un timbre qui n’avait nullement besoin de porte-voix.

Pour éviter toute polémique, Ichigo se tint à carreau. Il préféra jouer les profanes plutôt que d’imposer sa puissance et sa technique au cours du premier exercice. De toute façon, de revoir les bases lui faisaient du bien. La vie dans la division lui plaisait de plus en plus et c’est enthousiaste qu’il retrouva Hinamori pour le repas du soir.

« Tu as l’air… détendu, Ichigo. » Sourit Hinamori. « Je ne t’ai jamais vu aussi heureux

— La vie dans la division me plaît.

— C’est vrai que c’est beaucoup plus intense et intéressant qu’à l’Académie. Aurais-tu pour projet d’abandonner ta candidature pour la onzième division ? » Fit Momo en avalant une cuillère de son oden.

— Je ne sais pas. » Répondit en haussant les épaules le roux. « Je verrai bien comment les choses vont se dérouler ici, et puis, tout ne dépend pas de moi. Le capitaine de la division à son mot à dire…

— Tu dois le rejoindre pour quelle heure ?

— À la fin du repas. Tiens-le voilà ! »

Ichigo et Momo tournèrent leurs regards vers leur capitaine, accompagné par son fukutaicho sur les talons. Hirako bailla en passant une main lasse devant sa bouche. Il n’avait pas particulièrement éveillé et paraissait plutôt d’humeur boudeuse contrairement à son fukutaicho, qui arborait toujours une mine réjouie. Même un peu trop parfois pour Ichigo. Mais, c’était son opinion personnelle. La voix d’Hinamori le tira de ses rêveries.

« Qu’il est beau… » Soupira Momo.

— Le taicho ? » S’étonna Ichigo en détaillant le blond aux longs cheveux. « Ce n’est pas ce qualificatif-là que j’aurais choisi.

— Non, Aizen Sosuke ! » Rit Hinamori.

Le regard d’Ichigo se dirigea vers le fukutaicho qui s’installait en seiza. Il était effectivement séduisant et le serait certainement plus sans ses lunettes, admit le shinigami. Mais en comparaison avec Starck, son choix était vite fait. Ce fut à son tour de soupirer mais pas pour les mêmes raisons. Il aurait pu être à ses côtés, finalement leurs soirées lectures allaient lui manquer.

Une heure plus tard, Ichigo frappa à la porte de son capitaine. Un « entré » sec se fit entendre. Le cœur battant et mal à l’aise, le roux entra. Hirako Taicho n’était pas grand, lui-même devait, le dépasser de quelques centimètres, mais il en imposait derrière son bureau. D’autant plus que sa mine n’était pas lasse ou rêveuse, mais concentrée. Le blond fit tomber sa plume et examina le shinigami planté comme un I au milieu de la pièce.

« Shiba Ichigo… quel plaisir de vous revoir. Vous avez grandit dites-moi depuis notre dernière rencontre…

— Vous vous en souvenez ? » S’étonna le roux.

— Oh… je n’organise pas tous les jours des concours de grimace avec n’importe qui. » Sourit le capitaine malicieux.

Hirako attrapa une feuille sur le coin de son bureau et lue la page avec attention.

« J’ai ici vos résultats de vos examens… Vous êtes digne d’obtention d’un siège, Shiba-kun, mais… votre niveau de kido est nul, sans vouloir vous vexer. Comment avez-vous fait pour n’obtenir aucun point ? Vos résultats aux combats sont prodigieux. Ceux portant sur la théorie et l’organisation de division, vos résultats sont impressionnants ; vous pourriez postuler pour un troisième siège. Alors pourquoi n’êtes vous pas plus appliqué ? J’ai vu sur votre dossier que vous aviez foulé aux pieds le règlement et que vous n’aviez participé à aucun cours de kido en six ans… Ceci explique cela… » Marmonna Shinji.

— J’étais en… »

Ichigo hésita à répondre, ne trouvant pas les mots exacts à son indiscipline.

« Oui ? » Interrogea doucement Hirako en se levant. « Cela m’intéresse… autant que je sache tout de suite ce qui cloche ! Au fait, j’ai vu que vous postuliez pour la onzième. Pas question ! Si je vous forme et que j’ai des résultats, vous resterez dans ma division.

— Mais si je ne progresse pas ?

— Vous n’êtes pas un imbécile… Si ? Hum… je pourrais savoir où avez-vous planqué votre reiatsu ?

— Pardon ? » S’étonna le roux alors que son capitaine passait devant lui.

— Suivez-moi, nous allons aller sur le terrain d’entraînement numéro deux. Vous pourrez pulvérisez tout ce qui s’y trouve, il doit bientôt être fermé pour travaux.

— Hai… »

Ichigo suivit Shinji et observa les longs cheveux blonds qui se balançaient au rythme de sa démarche.

« Donc, vous maîtrisez votre reiatsu Shiba-kun ?

— Hai !

— Vous avez beaucoup progressé. » Fit malicieux le capitaine en lui jetant un coup d’œil par-dessus son épaule.

— Mon père a refusé que j’intègre l’Académie si c’est pour assommer tout le monde. Alors… je n’ai pas eu beaucoup de choix.

— Vous l’avez maîtrisé en si peu de temps, je vous admire. » Sourit Shinji.

— Non, enfin, une bonne partie en arrivant à l’Académie, mais c’est surtout depuis deux ou trois ans que j’y arrive parfaitement.

— Bien, bien… »

Hirako disparut du champ de vision d’Ichigo qui localisa son Taicho se dirigeant vers le terrain numéro deux. Le roux se dirigea dans la même direction et évita de montrer ses réelles dispositions à son capitaine.

« Shiba-kun… nous allons commencer ce soir par des exercices simples de concentration. Nous verrons pour la mise en pratique un peu plus tard. Le fait que vous dominiez votre reiatsu est déjà un grand point. Cela prouve que vos instructeurs n’ont pas trouvé les bons moyens pour vous intéresser à cette discipline.

— Vous croyez ? S’étonna le roux.

— Bah… peut-être êtes-vous aussi très mauvais, ou bien êtes-vous mal embouché ? Ou bien, vous le controlez, mais vous ne voulez pas que cela se saches… qu’en sais-je moi ? » Fit Hirako en inclinant la tête pour se gratter l’oreille.

Ichigo eut un petit sourire. Il examina d’un œil neuf son nouveau capitaine.

« Enfin quoi qu’il en soit, je m’en fiche ! Suzunami m’a averti que vous mettiez de la bonne volonté dans toutes vos tâches et Kudo m’a affirmé que vous étiez très appliqué durant les exercices. Il n’y a pas de raison pour que cela ne fonctionne pas avec moi non plus ! Bref… nous allons faire de vous un shinigami des plus brillants. Votre père en sera ravi…

Ichigo se raidit légèrement à l’évocation d’Isshin.

« Je m’en fiche de mon père…

— Pas lui ! Il m’a fait un laïus très instructif ce midi. Je lui ai dit de s’occuper de ses augustes fesses. »

Ichigo faillit éclater de rire en imaginant la tête de son père. Personne ne lui répondait ainsi, et le jeune noble savait qu’Hirako ne racontait pas de mensonges, il était connu pour son parler franc et direct.

« Bon, ce n’est pas tout ça, commençons la leçon… »

Ichigo suivit à la lettre les instructions d’Hirako. À sa surprise, la façon d’enseigner de Shinji était complètement différente de celle de Starck. Lui qui pensait commencer le soir même à envoyer des boulets rouges ou immobiliser un objet ou un petit animal, il se contenta d’apprendre à respirer, et à maîtriser les images qui passaient dans son esprit. La concentration pour Hirako était la clef de toute la réussite. Ichigo ne put s’empêcher de faire la réflexion.

« Hum… comment veux-tu exploser quoique ce soit agiter comme tu l’es ?

— Agité ?

— Tu te poses beaucoup de questions, Shiba-kun. À ta place, je m’en poserais tout autant. Cela doit être dur lorsque son destin est déjà tout tracé. Lorsque l’étiquette vous impose vos choix et votre vie… »

Le cœur d’Ichigo se mit à battre très vite. Il demanda la gorge sèche.

« Que voulez-vous dire ?

— Quoi ? Vous n’êtes pas au courant ?

— A propos de quoi ? S’étonna le roux de plus en plus mal à l’aise.

— De votre mariage… »

— P… pardon ?

— Ah… je crois que j’ai gaffé. » Soupira Shinji visiblement mécontent. « Je suppose qu’Isshin voulait vous faire la surprise… Nous avons appris il y a quelques mois que vous alliez vous mariez avec la plus jeune sœur du capitaine de la huitième division… Hisae Kyouraku. Magnifique alliance sur le papier… »

L’annonce apparut comme un coup de tonnerre. Les bras d’Ichigo tombèrent le long de son corps. Ce qu’il craignait depuis si longtemps, venait de lui être annoncé. Comment allait-il pouvoir vivre ? Starck était-il au courant ? Un tas de questions tourbillonnait dans sa tête. Qui était cette fille ? L’idée même le révulsa. Ichigo disparu ne laissant pas le temps à Hirako de faire le moindre geste.

« Rapide… » Souffla Shinji qui voyait l’un de ses soupçons se concrétiser. Shiba était très fort… il se demandait même s’il n’avait pas le niveau de son fukutaicho qui lui aussi, était d’un niveau capitaine. Cela allait provoquer quelques vagues… enfin, se n’était pas sa faute, Shiba Isshin ne l’avait pas prévenu que son fils n’était pas au courant de son propre mariage ! D’autant que tout le Sereitei était au courant…

Chapitre 6

C’est avec difficulté qu’Ichigo se leva le lendemain. Il n’avait presque pas dormi. Malgré ses traits tirés, et sa mauvaise humeur évidente, le jeune homme arriva à l’heure à son poste. Suzunami l’examina longuement avant de l’entraîner dans la zone dont il devait assurer la sécurité. Un frisson d’excitation traversa Ichigo, lorsque Seigen lui déclara.

« Tu vas t’occuper seul de la zone A. N’oublie pas qu’une livraison va avoir lieu dans le courant de la matinée pour le service de restauration. En plus, de nouveaux uniformes ont été commandés, on ne sait pas si les ateliers de coutures nous les livre aujourd’hui ou demain. Je ne serais pas très loin, si tu as besoin d’aide. Je te laisse… à toute l’heure ! »

Seul, Ichigo resta quelque temps devant la porte, avant de disparaître dans un arbre. Il sortit de son shihakusho un joint et resta accroupi à fumer tout en observant les allées et venues des shinigami de la division. Il s’acquitta correctement du passage des couturiers, puis vérifia avec minutie la livraison d’aliments destinés au réfectoire.

Il n’y eut aucun incident notable et il notifia par écrit les événements de la matinée, puis ceux de l’après-midi. Lorsqu’il rejoignit le terrain d’entraînement, tous les stagiaires étaient déjà présents. Matsuri lui jeta seulement un regard neutre, mais comme il n’était pas en retard, elle ne lui fit aucune remarque.

Comme la veille, Ichigo s’appliqua. Mais, il remarquait bien malgré lui que son cœur n’y était pas. Il se contentait d’esquiver, surprenant quelquefois ses adversaires par la rapidité de son shunpo. Le soir, ce fut de mauvaise grâce qu’il rejoignit son capitaine. Hirako lorsqu’il entra, l’observa longuement.

« Shiba-kun… je suis très content de vos implications dans la division, mais pourquoi avez-vous perdu de l’intérêt pour le combat ? Ce n’est pas votre matière préférée ?

— Je, j’ai l’esprit ailleurs Taicho ! » Répondit Ichigo en regardant au loin.

— Cela concerne votre mariage ?

— Hai ! »

La réponse avait fusé. Hirako soupira et se posta devant son stagiaire.

« Écoutez, Shiba-kun… il est hors de question pour moi de vous réserver un traitement de faveur, et vous permettre de sortir alors que tous les stagiaires sont consignés durant un mois dans leurs divisions. Donc, soit vous mettez votre questionnement à plus tard, et vous vous libérez l’esprit, ou bien vous passez votre temps à vous morfondre, mais quoi qu’il en soit, je vous interdis de quitter la division. Est-ce clair ?

— Hai !

— Je comprends très bien que vous deviez encaisser la nouvelle, mais ne me dites pas qu’avec votre statut vous n’en saviez rien… Alors, veuillez vous concentrer sur ce qui vous est demandé.

— Hai !

— Venez me rejoindre au terrain numéro deux.

— Je ne sais pas si…

— Fermez là et suivez-moi. Pensez un peu à autre chose, cela ne pourra vous faire que du bien…

— Hai Taicho. »

Ichigo suivit sans réelle difficulté Hirako. D’ailleurs, Ichigo le soupçonnait d’avoir deviné ses réelles aptitudes au shunpo. Mais, une fois qu’il donna ses directives sur son nouvel exercice, Ichigo remarqua qu’en aucun cas, le capitaine n’avait cherché à sonder son secret. Il agissait parfois durement avec lui, mais jamais de manière injuste. Ichigo apprécia ses remarques tranchées qui lui permettaient de se concentrer sur le présent et non sur un avenir somme toute incertain.

Toute la semaine, Hirako lui donna ses cours. Ichigo joua au bêbête au cours d’Aizen, se récoltant quelques remarques acerbes de certains shinigami. Mais, tous les stagiaires s’en abstenaient. Il connaissait Shiba, et ils n’avaient aucune envie de se retrouver nez à nez avec lui au cours d’un combat singulier, surtout s’il avait une saute d’humeur.

Sosuke s’en aperçut. Cette espèce de déférence dont Ichigo Shiba était auréolée auprès des autres étudiants de l’Académie. Cela l’agaçait profondément. Comment un type aussi mauvais pouvait être mis sur un piédestal ? Quoique, le capitale sympathie auprès des stagiaires n’était pas forcément au beau fixe, entrevit le fukutaicho. Il tacherait d’en savoir un peu plus, au cours des prochains jours. D’autant qu’Hinamori semblait l’idolâtrer… et elle paraissait être amie avec le noble.

Les jours passèrent et Ichigo ne progressait nullement en kido. Même les cours de Starck Ichigo semblaient les avoir oubliés. Lorsque enfin, on lui donna l’autorisation de sortie, il se propulsa aussi vite qu’il le pu, stupéfiant Aizen Sosuke au passage. Mais, le noble s’en moquait. Ichigo entra dans la pièce principale de la famille Shiba et tomba nez à nez avec son cousin. Le roux l’ignora pour la première fois de sa vie. Rapidement et sans écouter Kaïen qu’il sema sans difficulté, il fracassa la porte du bureau d’Isshin.

Ce dernier leva les yeux vers son fils surpris.

« Que t’arrive-t-il ? Es-tu si pressé de me retrouver ? »

Ichigo attrapa son père à la gorge et le plaqua contre le sol. Isshin arrondis les yeux de surprise. La rage inscrite sur les traits de son fils ne lui laissait rien entrevoir de bons.

« Qui est Kyouraku Hisae ?

— Ah… comment as-tu su ?

— Comment ? Tu te fous de moi ou quoi ? Tout le Sereitei est au courant… sauf moi !

— Ah, ah, ah… » rit doucement Isshin en se défaisant doucement mais fermement de la poigne de son fils. « Je pensais pouvoir te le cacher encore un peu.

— Depuis quand as-tu préparé ton coup ?

— Ton entré à l’Académie…

— Je comprends mieux pourquoi maman me questionnait sur mes soi-disant prétendantes.

— Nous ne voulions pas que tu te fasses des illusions sur ton prochain mariage.

— Des illusions ?

— Ichigo… ne me dis pas que cela ne t’as jamais traversé l’esprit. Tous les mariages de la famille Shiba, enfin ceux en ligne directe avec la succession, voit leurs mariages arrangés. Tu n’y as jamais songé ?

— Si… » Avoua piteusement Ichigo.

— Ne t’en fait pas fils, Kyouraku-chan est une gentille femme… » Isshin parut un peu gêné, pour reprendre en toussotant, « certes, elle est plus âgée que toi… enfin, un peu mais…

— Combien ? » Demanda Ichigo ayant soudain très peur.

— Pardon ? » Tenta de retarder Isshin.

Kaien, Miyako, Mazaki, Yuzu et Karin s’étaient arrêtés au seuil du bureau. Tous étaient suspendus aux lèvres d’Isshin et à la réaction d’Ichigo.

« De combien d’année à de plus que moi, Hisae Kyouraku ? »

Isshin chuchota dans sa barbe.

« Dix… »

Ichigo en resta abasourdi. Il ne demanda même pas à son père de répéter. C’était pire que tous ceux à quoi il s’était attendu. Il avait besoin d’air, et l’image de Starck flotta devant ses yeux. Était-il au courant ? Avant que qui que ce soit puisse réagir, Ichigo s’était évadé du manoir familial et se dirigeait à la vitesse d’un sunido vers l’extérieur de l’Académie. La rage l’animait.

Il ressentit de très loin le reiatsu caractéristique de Starck. Ichigo fonça sur lui, et le cueillit en plein vol, éclatant son corps contre un tronc d’arbre. La grimace de douleur du professeur n’était pas feinte. Starck observait le visage déformé par la rage, dans une totale incompréhension.

« Que t’arrive-t-il ? » Souffla Starck désarçonné.

— Que m’arrive-t-il ? Espèce de menteur ! tu le savais n’est-ce pas ? Et tu ne m’as rien dit ! C’est pour cela que tu refusais de me faire l’amour. Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?

— Pour Kyouraku-chan ? »

Ichigo lâcha Starck comme s’il le brûlait. L’expression de stupéfaction parut étonner le professeur de l’Académie.

« Ne me dit pas que tu ne te doutais pas de ce mariage ?

— Pourquoi n’as-tu pas été sincère avec moi ? C’était si compliqué de…

— Je ne t’ai pas menti, je t’aime Ichigo.

— Tu m’aimes ? » Le roux ricana et passa une main devant ses yeux. « Tu m’as caché la vérité…

— Tu te l’es caché à toi-même. Je ne pouvais pas accéder à ta demande. Imagine si cela se serait su ? Ton mariage était compromis ! Je ne veux pas que l’opprobre soit jeté sur toi. Je ne veux pas que tu sois désigné du doigt comme j’ai pu l’être ! Cela te servirait à quoi d’être enfermé chez toi pour le restant de tes jours ? Je t’aime et tu es noble, nous n’aurions jamais dû… Non, je n’aurais jamais dû jeter mon dévolu sur toi. Je suis le seul à blâmer, ne supportant plus ma solitude, j’ai été faible. »

Ichigo ricana. Il retira sa main de son visage, et recula ne s’attendant pas à voir Starck d’aussi près.

« Je ne t’ai jamais autant entendu parler… quel exploit !

— Qu’aurais-tu fait à ma place en toute honnêteté ?

— Que crois-tu que je pense actuellement ? » Souffla Ichigo anéantis. « J’avais confiance en toi… je pensais sincèrement que nous aurions pu…

— Vivre ensemble ? » Coupa Starck calmement.

— Non, mais au moins avoir une vraie relation. Je sais très bien que nous n’aurions jamais pu…

— Alors, n’ai aucun regret. » Coupa de nouveau l’homme plus âgé. « Je préfère que tu sois au-dessus de tout soupçon.

— En fait, tu as décidé à ma place. Tu as tout pris à ton compte… et moi, je n’ai rien eut à dire ? Tu appelles cela une relation ? » Ichigo fronça les sourcils et demanda froidement. « Tu t’es bien amusé ?

— Je ne me suis jamais amusé à tes dépens !

— Comment veux-tu que je te croie à présent ?

— Tu n’es pas très juste non plus, Ichigo. Tu oublies facilement que tu as un rang… Tu mets ce qui t’arrange de côté et tu laisses le soin aux autres d’assumer les conséquences. »

Un lourd silence s’abattit dans le pré. Ichigo se recula et embrasa du regard toute la clairière où il avait passé tant de temps avec son professeur, ou celui qu’il considérait à l’époque comme son amoureux. Son cœur saignait en même tant qu’un terrible sentiment d’injustice et de colère.

« Ne fais pas de bêtise… »

Ichigo s’enfuit, ne laissant pas le temps à Starck de finir sa phrase. Les larmes coulèrent l’aveuglant au passage. Deux bras l’immobilisèrent. Ichigo reconnu l’étreinte de Starck. Même s’il était devenu très rapide, son amant le restait un tout petit peu plus que lui. Les lèvres contre sa nuque lui donnèrent le frisson.

« Ne fais pas de bêtise, Shiba-sama… pour moi, ta seule sécurité est importante. Tu es la seule personne ici pour lequel je donnerai ma vie. Ichigo comprends combien, je te désire et je dois taire cette passion de peur qu’elle ne t’accable ?

— Je ne te demandais pas la lune, ni l’amour éternel… je voulais seulement que tu m’aimes, comme n’importe qui ! À qui veux-tu que je le crie ? À mon père ? Au Sereitei ? Imbécile ! Il est si dur de ne pas pouvoir… vivre en plein jour. D’aimer en plein jour, alors imagine combien est grande ma tristesse. Je t’aime… Ce n’est pas un caprice d’adolescent. Tu le comprends ça au moins ? »

Ichigo se sentit tourner lentement. Il leva la tête et croisa le regard acier de Starck. Son souffle se raccourcit, il était tellement beau. Ichigo encercla le visage mal rasé de son amant et caressa ses joues avec ses pouces. Rien qu’une fois, songea Ichigo. Comme si Starck avait entendu ses paroles, il se pencha et étouffa Ichigo dans une étreinte passionnée. Ses lèvres s’emparèrent de celle de son jeune amant, qui répondit avec désespoir à son appel. Ses mains empoignèrent le tissu sombre avec force. Starrk se détacha d’Ichigo et avant que ce dernier ne puisse protester, il le kidnappa pour consommer enfin cette passion qui le dévorait.

°°0o0°°

Hirako écoutait le rapport de son fukutaicho d’une oreille distraite. Son regard se dirigea vers la cour où un soleil éclatant éclaboussait les moindres recoins, incitant plus à la sieste qu’à un travail de forcené. Le capitaine dressa l’oreille à l’évocation du nom de Shiba. Il tourna son visage vers Aizen et ce dernier répéta calmement comme si son capitaine était atteint de la maladie d’Alzheimer

« Shiba-kun semble avoir une vitesse de shunpo tout à fait exceptionnelle…

— J’avais remarqué. » Répondit en haussant les épaules Shinji.

— Ah, je ne le découvert que tout à l’heure. C’est déconcertant…

— Tu sais, Sosuke » Commença le blond. « Ichigo est comme toi ! Toi comme lui, vous pourriez prétendre à un poste de capitaine…

— Il est nul en kido et vous me faites trop d’honneur Taicho.

— Raconte pas n’importe quoi Sosuke. Je sais très bien que tu raffoles de ses petits compliments. Comme si je ne pouvais pas reconnaître tes aptitudes ! Et puis, Zaracki Kenpachi est nul en kido, il ne connaît même pas son shikai, et pourtant, il est capitaine, ne l’oublie pas…

— Il s’agit d’une exception… » Remarqua calmement Aizen.

— Tu vois Sosuke… T’es le genre de personne qui m’horripile. » Soupira Shinji exaspéré sous le regard indifférent de son fukutaicho. « Pourtant, je fais avec… Je prendrais franchement mon pied, le jour où ce jeunot t’en mettra plein la vue. Et je ne te parle pas uniquement en combat singulier. Je rêve qu’il te ferme ton caquet hautain au kido. Mais bon… déjà le niveau que tu as atteint et que tu as bien voulu me montrer et déjà largement supérieur à la moyenne, alors je n’ose pas imaginer tes réelles capacités en nécromancie. Je suis surpris d’ailleurs que l’on ne t’a pas recruté dans ce service.

— Vous me flattez !

— Pas de fausse modestie, Sosuke… Je vais finir par croire que tu me prends pour un crétin. Et tu n’oserais pas… n’est-ce pas ?

— Jamais Taicho.

— C’est bien ce que je me disais. » Soupira à nouveau le blond qui se remit à observer la nature à l’extérieur de son bureau.

Un besoin de changement d’air, voilà ce dont il avait besoin ! Il sortit calmement et lança derrière son dos.

« Je te souhaite un bon week-end de garde Sosuke. Tu n’oublieras pas de me mettre ton rapport sur mon bureau pour lundi matin.

— Hai Taicho… »

Shinji disparut du champ de vision de Sosuke qui jura doucement entre ses dents. Son capitaine était vraiment perspicace à défaut d’être intelligent. Il devrait apprendre à se méfier…

°°0o0°°

Une fois seul, Shinji prit la direction d’un plan d’eau. Il allait effectuer quelques brasses, cela lui détendrait les muscles de son dos trop noués ses derniers temps. Yama-jii l’agaçait avec toutes les missions dont il l’affublait. Et puis, Isshin lui tapait sur les nerfs à lui demander des nouvelles de son rejeton toutes les cinq minutes. Shinji se demanda s’il ne devait pas faire la demande pour renvoyer Ichigo au sein de la dixième division.

Puis, il songea au jeune homme qui semblait terrassé par la nouvelle prochaine de son mariage. Non, il ne méritait pas ça. Il n’aurait pas hésité si ce gamin était une tête de mule, doublé d’un imbécile finit comme pouvaient l’être les nobles, dans le genre Kuchiki, … mais, Shiba était plutôt paumé et très gentil. Shinji se demandait parfois s’il ne servait pas de nurse au jeune homme.

Arrivé à destination, Shinji se déshabilla et plongea dans le lac la tête la première. Il apprécia le contact de l’eau fraîche contre sa peau. Ses longs cheveux formaient une corolle une fois qu’il prenait une petite pause au milieu de l’étang. Au bout d’un petit quart d’heure, en ayant assez de ses ébats aquatiques, il voulut sortir et s’immobilisa alors qu’il enfilait son shihakusho. À quelques pas de lui, Ichigo se tenait sans nul doute possible même s’il lui tournait le dos, se tenait dans les bras de Starrk Coyote.

Son horreur augmenta lorsqu’il vit l’ancien shinigami de renom embrassé fiévreusement son stagiaire qui loin de se débattre s’accrochait à lui. Lorsqu’ils quittèrent brutalement les lieux, Shinji en tomba à la renverse et faillit tomber à l’eau. Il dégagea ses vêtements et s’habilla dans un état second. Avait-il rêvé ? Sûrement… c’était le soleil qui lui tapait sur la tête… Pourtant, l’image très précise d’un baiser passionné lui revint en mémoire. Et pourquoi aurait-il imaginé Shiba avec Coyote ? D’autant que c’était notoirement connu que ce type était gay !

Shinji se laissa choir sur le sol, perplexe. Que devait-il faire ? Le dénoncer à sa famille ? Pas question, il était tout sauf une espèce de taupe. Et puis, il n’aimait pas Isshin. Enfin, c’était un bon moyen d’exécuter une petite vengeance, mais ce ne serait pas lui qui écoperait de la peine la plus lourde mais son gamin. Pourquoi avait-il dû assister à la scène ? Merde, Coyote ne pouvait pas être plus discret ? Il savait pourtant ce qu’il en coûtait d’être vu pour un couple homosexuel ! Shinji comprit un peu mieux le dégoût affecté par le roux à présent. C’était sûr que Hisae Kyouraku n’avait rien à voir avec Starrk Coyote.

°°0o0°°

Les vêtements des deux shinigami trainaient sur le sol. Les gémissements d’Ichigo étaient étouffés par sa main. Accroupi entre ses jambes, Starck le léchait où le suçait lui faisant perdre le contrôle. Ichigo sentait son cœur prêt à exploser. Il ne s’était pas attendu à cela. Les doigts qui s’immisçaient en lui, lui donnait tour à tour envie de crier de plaisir ou de douleur. Il avait trop chaud, il voulait en finir… Les baisers de Starck sur son corps le faisaient trembler, c’était totalement différent de tous ceux qu’il aurait imaginé.

Lorsque son amant le pénétra, Ichigo retint sa respiration. Starck lui sourit gentiment, mais Ichigo voyait combien le désir était présent dans son regard ou ses pupilles dilatées, donnait l’impression qu’il avait les yeux noirs. Les mots d’amour que susurrait son amant contre son oreille affolaient le jeune noble. Il agrandit les yeux, lorsqu’il se retrouva au-dessus et bougea comme lui demandait doucement son compagnon. Ichigo prenait de l’assurance sous le regard chaud du shinigami. Contrairement au début de leur étreinte où il s’était montré hésitant, voir timide… il s’épanouissait sous le regard amoureux de Starck. Pourquoi ne pouvait-il pas rester toute sa vie, avec la personne qu’il aurait choisie ?

Lorsqu’il bascula contre le matelas, Ichigo repoussa les cheveux de jais mi-longs. Il rencontra le regard chaleureux et tendre de Starck.

« Shiba-kun… non, Shiba-sama… cette étreinte restera l’un de mes plus précieux souvenirs.

— Souvenirs ? C’est comme ça que tu envisages notre relation ?

— Non, … mais être aimé de vous, et pouvoir vous touchez comme je le fais, je pense que peu d’hommes auront ce privilège. Voir, pas du tout…

— Idiot… »

Ichigo bailla. Starck demanda doucement.

« Votre famille ne pas s’inquiéter de ne pas vous voir ?

— Tu me chasses ?

— Je ne souhaite pas que vous soyez découvert, nous ne pourrions alors plus jamais nous revoir. »

Ichigo fronça les sourcils. Il n’avait pas pensé à cela. Le jeune homme se redressa et sentit ses os craquer. Starck rit doucement et poussa le shinigami dans la salle d’eau. Il prit soin de le laver et de le rhabiller soigneusement. Sa tenue était irréprochable, lorsqu’Ichigo quitta le doux foyer de son amant.

Lorsqu’il franchit à nouveau le portail qui menait à la demeure familiale, Ichigo avait l’impression d’avoir vieilli brusquement. Il se sentait apaisé. Le jeune homme choisit pourtant de s’enfermer dans ses appartements pour réfléchir. Il n’avait de toute façon, pas franchement le choix. Quelles options avait-il ? Starck ne quitterait pas sa maison pour s’enfuir avec lui ! Il le protégerait autant qu’il le pourrait de l’extérieur, mais il n’aurait pas tous les courages.

Lui non plus d’ailleurs. Il savait qu’il accepterait le mariage, et c’était ça qui l’écœurait. C’était qui le révoltait au plus profond de lui. Ichigo obéirait aux ordres du clan, car même s’il a un côté rebelle, jamais il n’entraverait le clan. Il avait été élevé comme cela. Il espérait que la sœur de Kyouraku ne ressembla pas à son frère. Un frisson d’angoisse le traversa. Un respect soudain envahit le cœur d’Ichigo vis-à-vis de Byakuya qui avait osé imposer son choix à sa famille. Celui d’aimer une roturière, même ça, il ne se sentait pas capable de le faire. Pourtant, le grand-père Kuchiki n’était pas une sinécure avec les règles et le clan.

Enfin, pour l’instant son esprit était occupé à lui renvoyer l’étreinte qu’il avait vécue plus tôt avec Starck et ses joues se colorèrent vivement. Toutes ses choses que son amant lui avait faites, le troublaient à nouveau, son sexe se gonflait à nouveau à l’évocation de se souvenir.

Pour contrarier son père, Ichigo resta enfermé une bonne partie du week-end. Il gagna sa division la veille au soir, prenant de court toute sa famille. Ses à pas de loup qu’il sortit du manoir, et c’est discrètement qu’il gagna son futon dans son petit espace personnel. Sa détermination à être discret pour se permettre de rencontrer clandestinement Starck, ne faiblissait pas. Il attendait la prochaine permission avec impatience.

°°0o0°°

Bien malgré lui, Shinji se dirigea vers la fenêtre, et il observa la cour en contrebas. Son regard fut attiré par une touffe de cheveux orange. Il ne pouvait pas s’en empêcher. C’était le second homosexuel qu’il rencontrait… et le premier qu’il connaissait était l’amant du second. Quelle tête ferait Isshin en apprenant la nouvelle ? Cette question lui taraudait l’esprit un peu trop souvent à son goût.

D’autant qu’il appréciait tous les efforts de Shiba pour s’intégrer. S’il comparait les notes qu’il avait à l’Académie et ici dans sa division, c’était le jour et la nuit. De tous ses stagiaires, il était le plus prometteur. Hinamori aussi était intéressante dans son genre. Il s’estima chanceux d’avoir quelques éléments de valeur. Enfin, il espérait qu’ils ne se laisseraient pas gagner comme lui par la lassitude du système.

La présence derrière lui de son fukutaicho attira l’attention d’Hirako.

« Que disait ce papillon de l’enfer ?

— Vous avez une réunion avec tous les capitaines d’ici une demi-heure à la première division.

— Bien… Les dossiers sur les stagiaires sont remplis ?

— Hai !

— Combien de temps encore avant leur départ ?

— Un mois Taicho.

— Je veux que Shiba et Hinamori intègre notre division. Ils sont plutôt bon, ne trouves-tu pas ?

— Vous avez l’œil pour repérer les meilleurs Taicho.

— Oui… on croirait presque que tu es un accident de parcours… » Marmonna Shinji.

Aizen haussa les épaules. Il avait l’habitude des réflexions de son capitaine, d’autant qu’il savait pertinemment qu’il n’en pensait pas un mot. Hirako ne s’embarrasserait pas de lui, s’il avait été aussi nul qu’il pouvait d’ailleurs le prétendre par moments. C’était ainsi, il l’avait dans le nez depuis le début et il ne se gênait pas pour lui faire remarquer, sans jamais remettre en doute ses compétences. Il l’avait bien remarqué au cours des missions qu’il lui donnait régulièrement à remplir. Hirako Taicho était seulement lunatique.

D’ailleurs, le voilà qui était partit de son pas nonchalant vers la première division. Il ferait certainement un tour par la deuxième pour taquiner le troisième siège de la deuxième division… ou bien échouerait-il à la troisième division ? À moins qu’il n’évolue vers la neuvième ou à la septième… Aizen ne comprenait décidément pas son capitaine et ce n’était pas demain la veille que cela allait lui arriver.

°°0o0°°

Ichigo se blottit plus confortablement contre Starrk qui dormait profondément. Il avait réussi à se sauver discrètement de chez lui. Isshin l’avait obligé cette fois-ci à participer à des commémorations familiales. Il avait traîné des pieds pour y assister, mais à présent son père avait relâché sa vigilance, il pouvait profiter sans honte de son amant.

Se hissant sur un coude, Ichigo admira les traits au repos de Coyote. L’éclairage de la pleine lune, lui permettait presque d’y voir comme en plein jour. Le temps qu’ils leur étaient accordés serait bien court. Loin de se morfondre, le roux comptait bien profiter de chaque seconde de liberté. Une traction fut exercée et Ichigo tomba sur le buste nu de Starck qui le contemplait en silence depuis une bonne minute.

« Cesse de te poser des questions… viens contre moi, j’ai froid quand tu es loin mon cœur. »

Ichigo posa son front contre la joue de l’ancien shinigami.

« Demain, on s’entraînera tous les deux ? J’aime tant me mesurer à toi…

— Pourquoi ?

— Parce que tu es fort !

Starck rit doucement. Il caressa la joue de son amant et redevint sérieux.

« Il existe des shinigami plus fort que moi…

— Ils ne doivent pas être si nombreux.

— Non… ou peut-être que si qui sait… Cela fait si longtemps que je ne me suis pas livré à un combat. Un vrai…

— Alors combat moi ! J’ai besoin de connaitre ma vrai force… je ne peux pas le faire à la division lorsqu’il y a un exercice et mes « amis » de l’Académie ne le sont pas assez. Starck, soit sérieux avec moi.

— Tss… et si je te blesse.

— Je ne t’intenterai pas un procès. Se serait mal venu. Alors, tu es d’accord ?

Starrk observa longuement Ichigo. Lui aussi voulait connaitre les réelles capacités du shinigami. Il eut un petit sourire.

« Très bien, demain… nous nous éloignerons d’ici et irons dans le secteur quatre vingt au Sud, nous ne seront pas déranger par qui que ce soit. Maintenant, dors… repose-toi, si tu veux vraiment me battre ! »

Ichigo s’étira et enroula un bras autour de la taille de Starrk avant de s’endormir. Son amant avait déjà fermé les yeux et paraissait dormir un sommeil profond.

Chapitre 7

Actuellement remise à jour de mes deux sites.

Merci pour votre compréhension.

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Commentaires

  • Melyssa

    1 Melyssa Le 26/05/2016

    Coucou :) (encore moi je sais... j'avais bien dit que je me mettais à jour :P)

    Je n'avais jamais lu cette fic et franchement elle fait déjà partie de mes préférées ! Ces premiers chapitres sont super ! Je ne connais pas vraiment Stark donc ça fait plaisir de voir un personnage "inconnu" (pour moi en tout cas) en première ligne :) Je sais vraiment pas où tu vas chercher toutes ces idées mais c'est excellent, merci pour ça tu égayes mes journées tu peux pas savoir à quel point !
    J'aime beaucoup le caractère que tu as donné à Ichigo ici :) Mais il a l'air de trop souffrir...Le titre correspond bien à l'histoire...
    Les lois de la Soul Society ont l'air extrêmement compliquées et assez incontournables, je me demande bien comment tout ça va finir... Isshin à l'air assez fermé d'esprit aussi, je l'aime pas quand il est comme ça xD
    La façon dont tu changes la façon de vivre à la Soul Society (dans cette fic ou dans une autre d'ailleurs) est géniale, ça fait redécouvrir le monde de Bleach d'une certaine façon. Les personnages présents changent tout le temps en plus du coup on ne se lasse jamais de te lire :) J'aime tellement Shinji dans le manga (surtout quand il apparaît en tant que capitaine) que le voir dans tes fics me rend encore plus excitée de les lire xD
    Bref, cette fic est toute nouvelle pour moi, je ne sais pas si tu vas bientôt poster la suite ou si tu as une autre fic en vue pour l'instant mais j'ai hâte de voir la suite arriver ! (Pour l'instant, je vais aller lire Mystification des sentiments, j'ai lu le synopsis et ça a l'air génial comme idée !)

    Je fais vraiment des reviews trop longues désolée...mais je sais tout le travail que tu fournis depuis le début et j'adore te dire ce qui me passe par la tête quand je lis tes histoires :)
    jedynak-marlene

    jedynak-marlene Le 26/05/2016

    Eh bien ! Effectivement ça faisait un moment que tu n'étais pas venue, mais elle faisait partie des dernières que j'avais publiés à une certaine époque. Pour ce qui est du changement, je crois qu'il n'y a rien de pire pour un auteur que de s'enfermer dans un sentiment confortable en écrivant toujours sur le même couple ou les mêmes situations. J'aime être surprise et j'essaye toujours de me surprendre en me disant : "Tiens, jusqu'où je peux aller ?" ou " Qu'est-ce que je n'ai pas encore fait ?" ou "Fait-toi peur !" Cela à l'air stupide à certain(e)s que je sois parfois (souvent) en manque de confiance, mais comme je m'en vais toujours chercher des histoires où j'essaye de sortir de mon propre cadre, du coup... je parais parfois mal à l'aise et du coup aussi, je suis super contente lorsque l'on me dit : "j'ai aimé ou adoré ton histoire. Je ne m'y attendais pas." enfin tu vois, ce genre de commentaire, alors c'est sûr que ça me fait plaisir et les tiens sont étoffés (du coup, comme tu es bavarde moi aussi XD). Merci pour ton commentaire et n'hésite pas à en faire justement, c'est ce qui fait vivre un site ou un blog après tout :D Et puis, les auteurs sont toujours contents d'avoir des retours et je ne fais pas exception à la régle :D Bisous

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