Dans les bureaux de la sixième division, seul des soupirs à fendre l’âme se faisaient entendre. Byakuya crispa ses doigts sur son pinceau en entendant un énième de ces derniers. Il se jura que s’il en entendait un nouveau, il enverra senbonzakura régler son compte à son fukutaicho une nouvelle fois.
Finit, le Renji efficace… enterré même. Son fukutaicho était même pire qu’avant. Depuis, qu’il était revenu de son jour de repos, l’homme aux cheveux rouges ne faisait que soupirer. A tel point, que cela affectait les nerfs, pourtant bien rodés du capitaine de la sixième division. Byakuya jeta un regard en biais à son fukutaicho.
Le regard dans le vague, son menton réfugié dans une main, il ne faisait même plus mine de vouloir travailler. Pourtant, ce n’était pas à force de l’avoir secoué ou menacé. Le noble ne comprenait plus son fukutaicho… peut-être que la potion qu’avait préparé Kurotsushi avait expiré ? Quoiqu’il en soit, cela faisait deux jours que Renji n’était plus lui-même. Quoique la semaine dernière non plus mais, il s’était très bien accommodé de la situation !
Renji baissa la tête vers son document et le trouva étonnamment compliqué à comprendre. Si seulement se charabia était plus compréhensible. De plus, les heures se traînaient en longueur. Il voyait bien que son capitaine allait sortir de ses gongs à un moment donné, vu les regards noirs et glacés qu’il lui lançait…
Après un énième soupir, Renji se leva et s’excusa. Byakuya ne demanda même pas ce qu’il allait faire, trop content de le voir partir. De toute façon, il était préférable qu’il quitte les lieux avant qu’il n’ait envie de dégainer son zanpakuto. Non, cela ne ferait pas très sérieux, s’il commençait à vouloir trucider son propre fukutaicho.
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Renji après une longue marche, se réfugia sur le toit du mess. Il avait une vue panoramique sur les divisions alentours. Son regard se dirigea vers la douzième division sans qu’il ne s’aperçoive de ce qu’il faisait. Toutefois, comme ses pensées le ramenaient une nouvelle fois vers Mayuri, il était bien obligé d’admettre que le scientifique prenait une part de plus en plus importante dans son esprit.
Pourquoi ? S’il s’était agit d’une femme Renji aurait pensé qu’il en était amoureux. Mais voilà, c’était Kurotsushi et il ne pouvait pas en tomber amoureux. L’homme fronça les sourcils et remonta ses genoux au menton et posa ce dernier dessus. Pourtant, il devait bien admettre que cela faisait des mois qu’il ne pouvait détacher son regard de Mayuri.
Un nouveau soupir se fit entendre. Renji tripota ses orteils au travers de ses tabi. Plus, il y pensait et plus, il se rendait compte que ses sentiments, car il ne pouvait s’agir d’autres choses, devenaient intenses pour le capitaine de la douzième division. Pourtant, il savait qu’il avait peur de son masque.
Mais, lorsqu’il l’enlevait, comme lorsqu’ils étaient au bord de l’étang, sa physionomie changeait du tout au tout.
De repoussant et effrayant, il devenait beau et charismatique. Son regard jaune le fascinait. Et lorsqu’il lui faisait l’amour, il vivait des moments intenses et érotiques comme jamais auparavant. Dès qu’une des mains de Mayuri l’effleurait, Renji se sentait parcouru par un courant électrique. Ses caresses et son odeur le rendait fou de désir.
Mais, est-ce que le désir était de l’amour ? Renji songea à ses conquêtes précédentes et même s’il les avait désirés… jamais, elles ne l’avaient bouleversé comme Mayuri. Aussi bien physiquement que… mentalement. Quand il voulait revoir une de ses filles avec laquelle il avait couché, s’était simplement pour tirer son coup. Il n’avait jamais eu de relation sérieuse… et les femmes qu’il avait tenu dans ses bras, pensaient la même chose que lui.
Alors que là, il n’avait plus faim, perdait le sommeil, ne pensait qu’à un type aux cheveux bleus et au regard intense, un peu timbré sur les bords… mais, pas avec lui. Même lorsqu’il avait la chance… Renji se frappa le front en songeant qu’il utilisait le mot chance… de le rencontrer, ce dernier évitait toute confrontation. Mayuri était acerbe avec les autres mais, évitait de lui faire la moindre réflexion.
Pourtant, Renji était incapable de dire si Mayuri l’aimait ou n’était simplement qu’un coup pour lui. Que ferait-il de lui lorsqu’il se serait lassé ? Cette réflexion fit frémir Renji. Il jura entre ses dents et se promis de faire en sorte que le scientifique sorte de sa tête une bonne fois pour toute. Renji soupira une nouvelle fois, complètement anéanti. Il aimait Kurotsushi… Voilà où était la vérité !
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Mayuri était occupé avec sa nouvelle expérience. Plongé dans ses calculs, il vit d’un mauvais œil, l’interruption faite par Nemu.
« Excusez-moi Seigneur Mayuri, mais Kuchiki taicho aimerait vous parlez.
— Je suis occupé ! Je n’ai pas de temps à perdre avec des…
— Je suis ici pour solliciter votre aide. »
Surpris Mayuri se tourna vers le capitaine de la sixième division. Il en oublia durant quelques secondes ce qu’il était en train de faire. Il détailla Kuchiki qui lui paraissait aussi « normal » qu’à l’ordinaire. Autrement dit, un être imbu de sa personne, et complètement inintéressant.
« Que puis-je pour vous Kuchiki Taicho ? Je ne vois pas en quoi mes compétences pourraient servir le bureau de la sixième division…
— C’est au sujet d’Abarai-san…
— Abarai ? »
L’attention de Mayuri fut captivée. Toutefois, il n’en laissa rien paraître et émit un sifflement méprisant.
« Et en quoi puis-je vous aider pour votre vice-capitaine ?
— Refaite lui l’injection que vous avez fait la semaine dernière…
— L’injection ? »
Mayuri haussa un sourcil déconcerté. De quoi lui parlait cette espèce d’imbécile encore ?
« Où le gaz que vous lui avez administré. Il ne fait plus d’effet. » Marmonna Byakuya exaspéré. « Mon fukutaicho est redevenu amorphe et toutes les menaces dont je l’abreuve, non aucun effet sur lui. Il est encore plus incompétent qu’il ne l’était avant cette injection.
— Vous pensez que je me permettrai de faire une expérience sur Abarai-san ? S’étonna Mayuri.
— Pourquoi ? Ce n’est pas le cas ? »
Mayuri réfléchit à toute vitesse. La demande de Kuchiki et ses conclusions hâtives l’arrangeaient finalement. Quoiqu’il aurait pu être un peu vexé par l’attitude du noble. Comme s’il était du genre à laisser des traces lors de ses expériences sur les shinigami ?
Il se leva se son fauteuil et se dirigea vers Kuchiki.
« Donc, vous êtes d’accord pour que je continue mes expériences sur votre fukutaicho ?
— Oui. Faites quelque chose pour que je retrouve au moins le fukutaicho d’avant votre expérience.
— Très bien… je verrai ce que je peux faire. »
Byakuya fut surpris de ne pas à avoir à batailler plus que cela. Mais, il n’eut pas le temps d’interroger le scientifique qui était retourné à ses expériences, l’ignorant superbement. Nemu toussota et murmura contrite.
« Si vous voulez bien me suivre Kuchiki-sama… Le Seigneur Mayuri est retourné à ses expériences et… Enfin, je ne pense pas qu’il veuille continuer cette conversation. »
Byakuya observa la silhouette de Kurotsushi et plissa les yeux. Il était bien obligé de lui faire confiance. Sans rien ajouter, il suivit la fukutaicho de la douzième division. Décidément ce type était définitivement bizarre. Enfin, du moment qu’il lui rendait son fukutaicho, le reste avait peu d’importance.
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Renji sortait de l’auberge à moitié éméché. Il avait bu pour oublier, mais il était encore suffisamment sobre pour se rendre compte que s’il suivait les alcooliques qu’étaientt Iba, Rangiku, Kira, Ikkaku et Yumitchika, il finirait par se trahir. Il se souvenait trop bien de la dernière rencontre dans ce genre de lieu avec les autres fukutaicho.
Le sentier semblait bouger tout seul. Dire qu’ils étaient en milieu de semaine… Renji prit soudain la décision de ne pas rejoindre Mayuri au bord du lac ! Après tout, il était un homme et il n’irait pas rejoindre ce timbré de Kurotsushi comme une gonzesse amoureuse ! Pas question ! Fort de ses résolutions alcoolisées, Renji rentra en titubant chez lui. Enfin, il tentait. Pourquoi le chemin était si long et si… Où se trouvait-il exactement ?
Après s’être arrêté durant quelques minutes pour observer le paysage autour de lui, Renji ne reconnu pas l’endroit où il se trouvait. Il frappa son crâne avec la paume de sa main, en se traitant d’imbécile. Son quart ne lui avait jamais paru aussi loin ! Finalement après une longue réflexion, il marcha droit devant lui. Après tout, tous les chemins menaient à Rome ! Il ne savait plus qui lui avait soufflé cette stupide réflexion et pourquoi elle surgissait ainsi dans sa tête.
Lorsqu’enfin il arriva devant la porte de son quart, et ça Renji ne su dire combien de temps il avait mis pour y parvenir, il batailla avec la poignée. Il jura violemment et allait sortir son zanpakuto pour la taillader et la mettre en pièce ! Jamais un battant ne lui résisterait, il fut surpris lorsque ce dernier s’ouvrit et Renji ne su si c’était par soulagement ou bien parce qu’il était heureux d’arriver à bon port, il s’écroula sur le sol.
Mayuri qui était furieux d’avoir été dérangé alors qu’il venait de s’endormir, laissa la seringue qu’il tenait entre ses doigts tombée le long de son corps. Il resta quelques minutes à observer le corps inerte du fukutaicho de la sixième division.
« Idiot ! »
Après un soupir exaspéré, Mayuri posa sa seringue devenue inutile, quoique… si Abarai continuait à l’énerver de la sorte il s’en servirait contre lui ! Il retourna auprès de l’ivrogne et resta une minute accroupi à côté de lui. Devait-il le ramener chez lui, ou bien lui offrir l’hospitalité ? Quoiqu’il en soit, Mayuri souleva le corps inerte de Renji et prit sa décision.
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C’est un atroce mal de crâne qui vrilla les tempes de Renji le lendemain matin. Il se mit sur le côté et faillit vomir. Le shinigami eut la vague impression que quelque chose clochait, mais était incapable de mettre la main dessus. Il ouvrit lentement les yeux, et Renji eu du mal à faire la mise au point. Brutalement, il se redressa en s’apercevant qu’il n’était pas dans son quart. Un gémissement de douleur traversa ses lèvres et il dû prendre sa tête entre ses mains.
Où était-il ? Et comment se trouvait-il là ? Et… sa main avait glissé sur le côté. Le futon gardait une trace tiède à ses côtés. Son regard glissa vers sa droite, et il s’aperçut qu’elle était vide. La chambre était plutôt grande et les meubles sommaires, mais de bon goûts. Tout était si ordonné, que cela en paraissait presque aseptisé. La voix de Mayuri le fit sursauter.
« Enfin réveillé ? »
Renji leva les yeux vers Mayuri et vit que le capitaine de la douzième division était habillé d’un kimono blanc. Il sortait visiblement de la douche et n’arborait pas son masque hideux. Le regard du fukutaicho suivit les gouttelettes qui glissaient des mèches bleues.
« Tu comptes passer ta journée au lit ?
— Com… comment suis-je arrivé ici ? Demanda Renji toujours interloqué.
— Tu t’es évanoui devant ma porte. Je n’avais pas l’intention de me faire remarqué avec toi dans mes bras, alors j’ai préféré t’héberger pour la nuit.
— Dans… ton lit ?
— Pourquoi, cela te pose un problème ? Tu aurais préféré que je te dépose au bord du lac ? Interrogea Mayuri sèchement. J’aurais peut-être mieux dormi. » Finit-il en marmonnant.
Le capitaine de la douzième division quitta les lieux en laissant un Renji perplexe et tétanisé. Que devait-il faire ? Il se leva lentement et s’aperçu qu’il était en sous-vêtement. Du regard, il chercha son uniforme, et le trouva soigneusement plié dans un coin de la chambre. Avec difficulté, il se pencha pour prendre ses vêtements, et une soudaine envie de vomir le pris. Son genou se posa au sol, et sa main sur sa bouche. Son mal de crâne le faisait tanguer. Il jura entre ses dents avant de se redresser.
Comment devait-il se comporter devant Kurotsushi ? Déjà qu’il l’avait hébergé… Pourquoi l’avait-il fait d’ailleurs ? Ne pouvant pas réfléchir plus loin, le vice-capitaine traversa la chambre et resta indécis dans le couloir… Où aller ? Renji tendit l’oreille et se retrouva dans la cuisine où Mayuri avait déposé son masque sur la table. Il tourna son visage vers le fukutaicho et haussa un sourcil en guise d’interrogation.
« Je… Je… ne voudrai pas abuser, mais je voudrai utiliser la douche, mais je ne sais pas où se trouve la salle de bain…
— Tss… suis-moi ! »
Le ton cassant et l’air exaspéré de Mayuri firent déglutir Renji. Qu’était-il pour le scientifique ? On ne pouvait pas dire qu’ils sortaient ensemble… peut-être sex-friends ? Et encore, ils ne se rencontraient qu’une fois par semaine… Mayuri devant lui ouvrit un fusuma et s’effaça devant Renji.
« Dépêche-toi ! Je n’ai pas envie d’arriver en retard à mon travail… Tu bâcles peut-être le tien, mais il hors de question que tu m’entraînes dans ta fainéantise ! »
Après ses dernières paroles, Mayuri disparu et Renji observa l’espace laisser par Kurotsushi. De quoi parlait-il exactement ? De quelle fainéantise parlait-il ? Déboussolé par les paroles du scientifique, le fukutaicho prit sa douche et apprécia le jet de l’eau tiède qui lui remettait les idées en place.
Lorsqu’il rejoignit la cuisine, toujours aussi troublé par les paroles sybillines de Mayuri, il le trouva assis mangeant son petit-déjeuner. Renji s’aperçu qu’en face de lui, se trouvait une place vide, devant laquelle un copieux repas attendait. Le fukutaicho hésita et Mayuri lui jeta un regard de côté méprisant.
« Viens t’asseoir… »
Jamais, il n’avait pensé qu’un jour il se retrouve devant pareille situation. Son cerveau n’arrivait pas à aligner deux idées à la suite. Il se sentait gauche et pataud devant cette nouvelle donne. De plus, le comportement de Mayuri n’était pas amicale… quoique, il lui avait préparé à manger, et s’occupait de lui sans en avoir l’air. L’ongle démesuré de Mayuri montra une tasse.
« Bois-ça en premier, ta gueule de bois devrait s’en trouver diminuée. »
Renji leva les yeux vers Mayuri et son cœur changea de rythme. Il était définitivement amoureux de ce type. Même s’il était froid en apparence avec lui, le scientifique était prévenant. Le fukutaicho prit la tasse sans hésitation et bu en toute confiance. Chose qu’il aurait été incapable de faire la veille. Son comportement sembla surprendre Mayuri qui demanda étonné
« Tu n’as pas peur que je t’empoisonne ?
— Non. »
Les deux sourcils du scientifique se haussèrent pour former un accent circonflexe. Il reprit moqueur.
« Sais-tu au moins que ton capitaine m’a demandé de le faire ?
— Pardon ? »
Renji faillit s’étouffer en apprenant la nouvelle.
« Il est passé hier à mon bureau pour me demander de t’injecter le poison qui t’a permis d’être efficace durant quelques jours. Apparemment, il semblait à bout de nerfs avec le comportement que tu as adopté cette semaine. »
Le vice-capitaine devint écarlate. Il ne s’attendait absolument pas à ce genre de réflexion. Il ouvrit la bouche, mais Mayuri le devança.
« Mange, sinon je t’enferme dans mes appartements. Comme je te l’ai dit tout à l’heure, il est hors de question que je sois en retard. Et toi, soit plus attentif à ton propre travail… cela m’évitera de devoir trouver une nouvelle solution pour ne plus avoir ton capitaine dans les jambes. »
Renji observa le scientifique qui semblait très sérieux. Il mangea rapidement et lorsque Mayuri enfila son masque, un nouveau malaise envahit Renji. Il allait sortir, mais une main voulu le caresser. Surpris le fukutaicho se recula. Mayuri eut un petit soupir et secoua la tête.
« N’oublie pas ce que je t’ai dit… Abarai-san.
— Non… non, Kurotsushi Taicho. »
Le vice-capitaine quitta les lieux comme s’il avait un démon aux trousses et il se dirigea directement vers son bureau. Il fut le premier à sa surprise et constata en regardant l’heure, qu’il avait en fait deux heures d’avance. Mais à quelle heure se réveillait le capitaine de la douzième division ? Renji soupira et baissa les yeux vers son bureau. Il vit tous les dossiers qui s’étaient accumulés en quelques jours. Finalement se n’était pas plus mal d’arriver en avance, surtout après avoir entendu la suggestion du capitaine de la sixième division.
Renji travailla d’arrache pied tant et si bien qu’il eut finit lorsque son capitaine passa la porte. Tous les dossiers attendaient sur son bureau en attendant d’être visé. Le fukutaicho qui lisait le planning de la journée sursauta en entendant la voix de son capitaine.
« Abarai reprendriez-vous vos bonnes habitudes ? »
L’ironie n’échappa pas à Renji qui se crispa. Il se tourna vers son capitaine pour l’observer. Comment avait-il pu demander à Kurotsushi qu’il l’empoisonne ? Ne savait-il pas que cela pouvait s’avérer dangereux ? A cette idée, Renji grimaça.
« Quelque chose vous dérange, Abarai ?
— Non, non… je pensais à… Kurotsushi Taicho et ses expériences… »
Malgré lui, Renji frissonna d’horreur, ce qui eut pour effet d’amener un sourire en coin à Byakuya. Ainsi le scientifique avait agit pour que son fukutaicho soit à nouveau opérationnel ? Son regard tomba sur la pile qui l’attendait. Visiblement, il retrouvait un vice-capitaine efficace.
La journée se passa, comme les suivantes, dans un certain calme studieux. Renji refusait de réfléchir plus avant sur ses sentiments et évitait même autant que possible toute rencontre avec Kurotsushi. Il n’était pas sûr de l’expression qu’il aurait s’il le croisait. Lorsque le soir où il rejoignait habituellement le capitaine de la douzième division, Renji resta assis sur le toit de son quart. Le sérieux qu’il arborait interrogeait pas mal de monde, mais le shinigami s’en moquait.
Renji s’interrogeait sans cesse sur Mayuri. Ses paroles lui étaient toujours adressé sous le mode de la dérision ou glacial. Certes, il avait certains gestes ou attitudes qui le troublaient. Mais il n’était qu’un sex-friend ! Rien d’autre ! Renji refusait de n’être que cela. Mais en même temps, comment assumer ce genre de relation. Ce type foutait les jetons à tout le monde… même à lui ! Pourtant… ses gestes n’étaient jamais violents lorsqu’ils faisaient l’amour. Le regard jaune exprimait de la passion… même autre chose qu’il était incapable de définir.
Son regard se porta sur la lune qui traversait le ciel sous la forme d’un croissant descendant. Mayuri l’attendrait vainement ce soir. Renji sentait son corps le brûler… Il était évident que ce dernier ne souhaitait qu’une chose… mais, sa raison l’empêchait d’accéder à ce besoin…
Une heure plus tard, Renji se tournait et se retournait dans son lit, incapable de trouver le sommeil. Pour oublier, il se leva et sortit une bouteille de sake. Il observa la petite fiole et bu le contenu en espérant que l’alcool l’assomme quelque peu. Renji s’endormit complètement ivre une heure plus tard. Toutes ses fioles y étant passées.
Lorsqu’il ouvrit une paupière le lendemain, le vice-capitaine de la sixième division n’était pas frais. Après de long gémissement et quelques difficultés pour se lever, Renji s’aperçut qu’il avait… une heure de retard à son travail ! D’un bond, il se leva et se précipita sous la douche… il y avait un exercice le matin même. Habillé et dispo, Renji se retrouva devant sa division en quelques secondes pourtant, il s’arrêta net. S’était son jour de repos…
Un petit ricanement s’échappa de ses lèvres. C’était la meilleure, il devenait dingue ! Renji se détourna et se sentit brusquement seul. Qu’allait-il faire de sa journée ? Premier objectif… il allait rentrer chez lui pour manger. Son estomac criait famine. Pourtant c’est sans appétit qu’il engouffra quelques toasts et un fruit. Il sortit désœuvré. Il se dirigea vers le rukongai et entreprit de finir dans une taverne. Il rencontra quelques shinigami de sa connaissance, mais pas les pochetrons habituels.
Mayuri… Renji voyait flotter devant ses yeux le visage du scientifique. Plus il essayait de l’oublier et plus son image s’imposait. Le fukutaicho quitta l’auberge et décida de marcher au hasard. Une idée lui vint à l’esprit. Et pourquoi n’imaginait-il pas le visage avec le masque. Immédiatement un frisson d’horreur le traversa. Voilà ! Il détenait la solution !
Sans s’en apercevoir, Renji s’assit au bord du lac. Il déboucha la petite fiole de sake qu’il avait coincé dans son obi et dégusta sa boisson, presque apaisé. Renji n’avait rien mangé et la chaleur et l’alcool conjugués eurent raison de ses défenses. Il s’endormit profondément. Une brise tiède caressa les herbes folles, les roseaux et le vice capitaine dont le bandanas qui tenait ses cheveux s’était dénoué.
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Mayuri sorti de son laboratoire mécontent. Ses expériences n’avaient pas abouti comme il l’espérait. Nemu avait essuyé sa colère, et tous les shinigami de sa division rasaient les murs pour ne pas subir son courroux. Agacé, le scientifique quitta son bureau et les locaux de sa division avant de se diriger vers ses propres quartiers. Son esprit le ramena à la veille au soir. Il avait attendu Renji vainement et ne l’avait pas vu venir. Il n’avait pas attendu longtemps. Mayuri avait hésité… Devait-il se rendre à la sixième division ?
Non, il ne pouvait pas sans éveiller les soupçons. Renji l’évitait, c’était clair. Kuchiki n’était pas venu se plaindre, il imaginait bien dans ses conditions que le fukutaicho était devenu aussi efficace qu’auparavant. Au moins, il était débarrassé de la présence insipide du capitaine de la sixième division... Mayuri s’aperçut qu’il marchait en direction du lac, et non vers ses appartements.
Il allait faire demi-tour, mais le reiatsu d’Abarai semblait provenir de cet endroit. Il allait tourner le dos, pourtant il continua sa route. Il s’arrêta à un pas du fukutaicho endormi. Le shinigami s’était recroquevillé sur lui-même. Son teint cireux, et les cernes de fatigue sous ses yeux indiquaient un certain manque de sommeil, et l’alcool que devait ingurgiter ce type ne devait pas l’aider à rester très frais.
Mayuri soupira et leva les yeux au ciel. Pourquoi devait-il se coltiner un boulet pareil ? Malgré tout, il s’installa à ses côtés et l’observa du coin de l’œil. Pourquoi attachait-il autant d’importance à ce fukutaicho sans intérêt ? À peine se fit-il la réflexion qu’un frisson le traversa. Abarai parlait toujours à tord et à travers, certes, mais jamais en sa présence. D’ailleurs, cette manie qu’il avait toujours d’avoir peur de lui sans raison à chaque fois qu’il portait son masque…
Une image plus sexy de l’homme allongé à côté de lui, lui effleura l’esprit. Sans conteste, leurs deux corps étaient faits l’un pour l’autre. Le plaisir qu’il ressentait à chaque fois qu’il lui faisait l’amour, il l’avait rarement ressenti, c’était d’ailleurs, ce qui l’avait poussé à recommencer l’expérience chaque vendredi. Mais y avait-il que cela ? Mayuri avait déjà observé longuement Renji dormir lorsqu’il l’avait porté dans son lit par exemple. Ses tatouages le fascinaient…
Un gémissement se fit entendre et Mayuri baissa les yeux vers le fukutaicho endormi. Visiblement, il faisait un cauchemar. Le scientifique hésita, puis se laissant porter par ses émotions, il posa une main rassurante sur le front du shinigami. Ce geste le surpris lui-même. Tout comme les émotions qui le traversaient à présent. Contrarié le capitaine de la douzième division se leva et quitta les bords du lac. C’est alors qu’il entendit distinctement son prénom.
« Mayuri-san… »
Surpris, il s’arrêta. Lentement, il se détourna et croisa le regard rouge d’Abarai. Cette expression alanguis qu’il ne lui connaissait que pendant l’acte, le déstabilisa… mais, certainement plus encore le sentiment qui perçait dans les yeux du fukutaicho. Mayuri su. Il n’avait pas besoin de mots. Son cœur se mit à battre plus vite.
« Tu t’es trompé de jour, Abarai…
— Tss… »
Renji était surpris de voir Mayuri et en même temps, si heureux. Il portait son masque, mais pour la première fois il s’en moquait. Le scientifique lui avait tout simplement manqué… terriblement manqué. Il se redressa et s’avança vers lui. Renji ne savait pas trop ce qu’il allait faire… mais, que Mayuri l’accepte ou non, il le désirait, et même plus que cela…
Visiblement, Kurotsushi ne paraissait guère ému, et encore moins effrayé par ce qu’il laissait filtrer de ses émotions. Il l’enlaça par les épaules et le serra contre lui. Ce n’était pas comme s’il n’avait jamais reçu la moindre correction dans sa vie. Même si Mayuri le piquait pour le tuer, qu’importe… vivre sans lui, et contre toute attente était insupportable.
« Mayuri-san… »
Ce dernier se détacha, et adressa un petit sourire à Renji. Il lui caressa le visage, et pour la première fois il ne s’esquiva pas, malgré son masque. Le scientifique plissa les yeux et attira le visage de l’homme vers lui. Ce qui lu dans son regard le réchauffa, et il l’embrassa. Bien loin de s’enfuir, Renji répondit à ses lèvres, à sa langue et ses bras qui le serraient presque à l’étouffer, lui fit comprendre combien le shinigami était amoureux.
Amoureux ? Le genre d’émotions inutiles qui vous faisait des choses complètement stupides ! Pourtant, si c’était Renji, cela n’avait pas d’importance. Il repoussa le shinigami et retira son masque… Si c’était Renji… Mayuri fit tomber son accessoire sur le sol, et pris entre ses doigts le visage bouleversé de son amant. Si c’était Renji, il pouvait rendre ses sentiments qui l’agitaient… Il voulait encore sentir sa présence à ses côtés, lorsqu’il dormait. Mayuri voulait pouvoir profiter de ce corps et de la maladresse du shinigami. Il aurait tué n’importe qui pour cela, sauf lui.
Mayuri fit chuter Renji sur le sol et chuchota contre ses lèvres entrouvertes.
« C’est la dernière fois ici…
— Tu t’es lassé ? Demanda inquiet le shinigami.
— Imbécile ! J’aime aussi mon confort… et me faire surprendre comme un adolescent n’est pas dans mon ambition. Je t’attendrai chez moi… toutes les nuits s’il le faut. Je ne veux plus de rendez-vous manqué.
— Cela voudrait dire… Chuchota Renji.
— Imbécile ! » Coupa Mayuri qui étouffa les paroles de Renji d’un baiser.
Cette main qui était passée sous les plis de l’hakama pour caresser son sexe, fit gémir le fukutaicho. Le regard dont le couvait le capitaine de la douzième division le rendit impatient. Impatient de commencer cette nouvelle relation qui s’offrait à eux.