Assis, une assiette devant lui, Sosuke ne parvenait pas à se décider de manger. Son regard dériva vers son placard. Là où il entreposait l’alcool pour le moment. Il n’avait plus beaucoup de meubles, il avait tout revendu. Trop de souvenirs, notamment avec le canapé, la machine à laver, la table de la cuisine et… Bref ! Il s’était seulement racheté un lit, une table et deux chaises.
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La pluie tombait sur la porte-fenêtre. Enfin, ce n’était pas vraiment de la pluie, plutôt de la grêle. Un verre de scotch à la main, et une cigarette dans l’autre, Sosuke déambulait dans son appartement, sans but. Il tressaillit. Ses cris de jouissances lui revinrent en mémoire. La honte le submergea ! Il repoussa ses pensées et vida son verre d’un coup sec. Son regard éteint fouilla l’espace… Il lui en fallait un autre !
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Il faisait nuit noire et pourtant, son regard fixait le plafond. Une envie de vomir le prit, il courut jusque dans les w.c. pour se soulager. Lorsqu’il se redressa, il prit appui sur le lavabo tout proche. L’eau coula et Sosuke s’aspergea abondamment le visage. Lorsqu’il rencontra son reflet dans le miroir, son regard éteint et son visage blême et verdâtre lui firent détourner les yeux. Il voulait dormir.
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Le médecin lui demandait de se rhabiller. Son père l’aida, sinon il mettrait trois heures pour le faire. Il ne dessoulait plus ! Et s’il était présent aujourd’hui, c’est bien parce que son père était venu le chercher. La honte le submergea encore plus, tandis que le docteur lui disait que son anus était rétabli, mais qu’il devrait faire attention lorsqu’il aurait des rapports à l’avenir. Enfin, il devrait toujours porter des couches pour ne pas se déféquer dessus en attendant.
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Assis l’un en face de l’autre, Sosuke et son père s’observaient en chien de faïence.
— Je refuse !
— Tu comptes devenir un alcoolique notoire ? regarde-toi Sosuke ! Tu ne ressembles plus à rien ! Qu’est-ce que tu fais de ta vie ?
— Je n’ai plus de vie ! Rien ! Et arrête de me dévisager comme ça à la fin !
— Je te regarde comme mon fils ! répliqua le père qui commençait à se mettre en colère.
— Ton fils ! ricana Sosuke. Il est beau ton fils ! Il s’est fait trouer le cul par une dizaine de mecs et des objets dont tu n’as pas idée…
— Et alors ? fit son père. Je suis navré que tu aies eu à subir cela. Je vais te choquer, mais pour moi tout ce qui compte c’est que tu sois vivant !
— Je suis un PD ! hurla Sosuke. Tu n’as pas honte de moi ? Merde ! T’as vu dans quel état je suis ?
— J’aimerais que tu portes plainte ! Je crois qu’il serait bon… que tu l’attaques à ton tour ! La peur doit changer de camp.