Ils se faisaient face. Ichigo assis sur son lit, et Sosuke assit sur une chaise juste à côté. La tension était palpable.
- Que vouliez-vous me dire, Professeur ?
Sa voix sans chaleur ajouta au malaise ambiant. De son côté, Sosuke remarqua que ce n’était plus « Monsieur Aïzen ».
- Ichigo, je ne serai pas long.
L’adolescent se crispa. Cela ne s’annonçait pas très bon.
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- Hier, j’ai été l’homme le plus heureux du monde, et en même temps le plus malheureux.
- Pourquoi ?
- Parce que j’attendais ces mots depuis longtemps. En fait, je n’osais même pas imaginer que tu puisses les prononcer un jour.
- Et parce que vous étiez si heureux, vous vous êtes enfui ?
À l’intérieur de lui, le désespoir gagna Sosuke. Il aurait tellement lui dire, mais comprendrait-il ? Il était si jeune après tout, et les gens avaient beau dire, s’ils ne vivaient pas la souffrance par eux-mêmes, ils étaient incapables de la comprendre. Devait-il lui dire ? Le doute le gagna.
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Ichigo observait le visage de son ancien professeur. Son expression restait la même, pourtant un tic nerveux au coin de sa bouche, attestait de son agitation intérieure. Il n’était pas très calé en psychologie, mais s’il connaissait bien quelque chose, c’était la souffrance.
La mort de sa mère et de sa petite sœur l’avait traumatisé alors qu’il n’avait que douze ans. Cela détruit une personne et la ronge de l’intérieur. Lui avait fait un tas de conneries… et il semblait qu’Aïzen empruntait le même chemin. Mais pourquoi ?
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À quoi bon ? songea Sosuke. Il sortait de l’adolescence et n’était pas encore un homme. Il se leva pour prendre congé. Le visage du jeune homme s’assombrit.
- Tu ne peux pas comprendre.
La stupéfaction se lisait sur les traits d’Ichigo, puis la colère lui succéda.
- Comment ça je ne peux pas comprendre ? Si vous m’expliquiez, ça serait déjà plus clair !
- Ce n’est pas la peine.
- Attendez ! Ne vous enfuyez pas encore une fois ! Vous croyez peut-être que je ne peux pas comprendre ? Suis-je encore un enfant pour vous ? Vous vous foutez de ma gueule ?
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Le taxi démarrait enfin. Sosuke ne parvenait pas à calmer le tremblement de ses mains. L’envie de prendre de l’alcool, comme de fumer une cigarette l’envahit. Dehors le paysage défilait, son esprit se concentra dessus.
Le visage d’Ichigo revenait sans cesse alors qu’il quittait la chambre comme… « un lâche » ! C’est bien ce que ce gamin lui avait dit ? Peut-être !
Son menton tomba sur sa poitrine. Le visage de Gin le hanta.