Le soleil se levait sur la Soul Society, Rukia traversait les couloirs de la sixième division pour rejoindre son mari. Des rides d’inquiétudes ornaient son front et semblaient s’incruster sur ses traits. Elle franchit les différents bureaux et salua à peine les shinigami qu’elle croisait.
Le bureau du capitaine de la sixième division était grand ouvert. Lorsqu’elle reconnut la silhouette haute de Shūhei, elle soupira de soulagement. Ce dernier se tourna vers elle, le visage préoccupé.
¾ Rukia ?
¾ Cela fait trois jours que tu n’es pas rentré à la maison… Je peux savoir ce qui te retient ici, et ne me dis pas « rien ».
L’homme se raidit et finit par s’asseoir sur le coin du bureau qu’il occupait habituellement. Son visage fermé ne laissait rien voir de bon, mais n’indiquait pas non plus ce qui le préoccupait non plus. Rukia se posta devant lui, résolue à en savoir un peu plus. Tant de rumeurs circulaient à la Soul Society depuis quelques jours. L’effervescence dans les différentes divisions indiquait que quelque chose se préparait.
¾ Je ne peux rien te dire pour l’instant Rukia.
¾ Pourquoi ?
¾ Ce sont les ordres !
L’attitude défensive qu’arborait son mari et surtout la détermination qu’elle lisait dans son regard, Rukia comprit qu’elle n’en tirerait rien.
¾ Je suppose que je dois me contenter de cette réponse. Cela ne m’empêchera pas d’être inquiète, tu le sais… Alors, quoiqu’il puisse arriver soit prudent.
¾ Rukia… commença Shūhei mal à l’aise, ce n’est pas comme si je ne voulais pas te parler, mais c’est impossible.
Rukia glissa ses bras autour de la taille de son mari et se laissa aller contre lui.
¾ Je t’aime Shūhei… ne me quitte pas.
Le shinigami ouvrit la bouche pour la refermer incapable de répondre quoi que ce soit. De toute façon que pourrait-il dire pour la rassurer ? Lui-même était très inquiet de la tournure des événements. Les espions postés à Hueco Mundo indiquaient qu’une attaque se rapprochait. Bientôt toute la Soul Society serait en alerte maximale… Shūhei posa une main sur la tête de sa femme et lui ébouriffa les cheveux tendrement. Comment lui dire que bientôt elle combattrait son frère et l’un de ses meilleurs amis ?
La blessure que Renji avait laissée lors de leur dernier combat n’était toujours pas refermée. Un sentiment de lâcheté envahit le jeune homme. Il n’avait pas envie d’être celui qui lui annoncerait la nouvelle. Et pourtant…
°°0o0°°
Le ciel bleu de Karakura se remplissait lentement de nuages. Paresseusement. Les rues de la ville, elles étaient envahies par les écoliers, des femmes faisant leurs courses, quelques salaryman, livreurs et autres employés en tout genre.
Une longue chevelure blonde tranchait parmi toutes ses têtes brunes, d’ailleurs plusieurs badauds se retournaient pour dévisager ouvertement cet homme aux si longs cheveux. Shinji traversa une route pour s’enfoncer dans les rues piétonnes de la ville. Il en était sûr, ce reiatsu ne trompait pas. Que faisait ce gamin en pleine ville humaine alors qu’une nouvelle guerre était sur le point d’éclater ? Comme s’il n’avait que cela à faire… à s’inquiéter pour un gosse ! Ichigo ne pouvait pas surveiller son fils ?
Ses pas le menèrent devant un restaurant traditionnel de la vieille ville. L’établissement paraissait fermé pourtant... Le regard du blond passa par-dessus ses lunettes de soleil, observant avec acuité l’établissement. Que faisait Kurosaki-Aizen dans un endroit pareil ?
¾ Que fais-tu ici shinigami ? lança une voix froide.
Surpris, Shinji se tourna vers son interlocuteur et croisa le regard vert d’eau de Yasao. Le jeune homme était habillé comme un humain et… était humain ! Son visage du trahir son trouble, parce qu’un sourire narquois fleurit sur les lèvres du jeune homme.
¾ Je suis chez moi, répondit-il comme si le capitaine de la cinquième division avait posé une quelconque question.
¾ Chez toi ?
¾ Je suis humain, et je vis maintenant chez les humains…
¾ Et ton père ? Aizen ? Et…
Yazao haussa les épaules avec indifférence, tout cela c’était loin derrière lui. Il se détourna du shinigami et se dirigea vers le centre-ville, son panier à la main.
¾ Eh ! Attends-moi ! lança Shinji complètement abasourdi.
¾ Pourquoi ? interrogea Yasao moqueur. Vous n’êtes rien pour moi tout comme moi je ne vous suis plus d’aucune utilité !
Marchant à présent à la hauteur du jeune homme, Shinji l’observa entre ses cils. Yazao Kurosaki Aizen avait changé.
¾ Je ne te donnerais pas la moindre information si tu étais venu en chercher Hirako-san.
¾ Je n’étais pas venu pour toi… mais il m’a semblé ressentir ton reiatsu alors…
¾ Tu es venu voir, compléta Yazao en s’arrêtant devant un marchand de légumes.
Ignorant le shinigami à côté de lui, il commanda ce qu’il avait noté sur sa liste de courses. Il reprit sa marche, absorbé par ses achats. Il fit le tour des commerçants alentour, Shinji le suivant en silence. Ils marchèrent un moment en silence. Une bourrasque froide fit frissonner le jeune homme.
¾ Tu es vraiment devenu un humain à part entière ?
Yazao sursauta en entendant parler Hirako, qu’il tentait de repousser dans un coin de son cerveau.
¾ C’est étonnant ? répondit-il du tac au tac.
¾ Bien sûr ! Rien ne te destinait à redevenir ce que tu étais à l’origine et jamais je n’aurais cru ton père capable de t’abandonner ou bien Aizen…
Le jeune homme ne répondit pas et sortit les clefs de sa poche lorsqu’il s’arrêta à nouveau devant le restaurant d’où il était sorti plus tôt. Il invita Shinji à le suivre. Après avoir déposé les aliments dans la petite cuisine, il prit un tablier blanc avec lequel il se ceignit ses hanches. Hirako ne loupait aucun de ses gestes, le dévisageant toujours aussi surpris, n’arrivant pas à croire à la situation présente.
Allumant un des feux de cuisine, Yazao sortit une poêle et la chauffa. Ses mains expertes coupèrent les légumes en cubes avec une rapidité, elle, qui n’avait rien d’humain.
¾ Tu es adroit… chuchota Shinji.
¾ Que me voulez-vous Hirako-san ?
¾ Tu deviens drôlement poli…
Yazao prépara sa soupe miso sans se tourner une seule fois vers Shinji.
¾ Allez-vous informer la Soul Society que je suis ici ? demanda abruptement Yazao.
¾ Cela t’inquiète ? voulut savoir le shinigami.
¾ Bien sûr !
Il s’était tourné vers le capitaine de la cinquième division, le visage bouleversé.
¾ J’ai enfin une vie normale. J’ai un travail, un toit, des amis et un petit ami qui m’aime ! Pourquoi me mêleriez-vous à cette guerre ?
¾ Petit ami ? s’étonna Shinji.
¾ Oui. Cela vous dérangerait-il Hirako-san ? Pourtant, vous m’aviez fait comprendre que je ne vous intéressais pas !
¾ Non… c’est…
Yazao examina ouvertement son interlocuteur et remarqua son trouble. Bon il l’avait vu bien avant, mais là c’était différent. Cela toucherait donc cet homme qu’il ait un petit ami ? Il ralentit le feu et contourna la table de cuisine pour faire face au shinigami. Un espoir brilla dans son cœur, et ça, Yazao ne pouvait rien y faire. Hirako-san était celui qui avait la première place dans son cœur.
¾ Cela ne vous plaît pas, n'est-ce pas ?
¾ Je n’ai jamais dit cela ! objecta Shinji sur la défensive.
¾ Je le vois, vous n’avez pas besoin de parler, vous mentiriez Hirako-san.
Passant un doigt sous le menton de Shinji, son pouce caressa brièvement les lèvres pincées à présent de l’homme qu’il aimait désespérément.
¾ Hirako-san… si vous avez un peu de sympathie pour moi, ne dite à personne où je me trouve. Vous seul saurez. Je n’ai plus envie d’être mêlé à des histoires qui sommes toute ne me regarde pas ou plus. Je veux vivre ! Vous comprenez ? Vivre une vie normale, avec des gens normaux et surtout… être aimé. Pour une fois, être aimé. Je n’ai pas envie de faire pleurer sur mon destin, mais… mais… je veux connaître le bonheur d’avoir quelqu’un à mes côtés le matin, avec qui partager mes rêves ou vivre des instants privilégiés avec elle. Oh, je sais qu’il y a des tas de soucis aussi… j’ai bien vu comment pouvait devenir une vie de couple, mais j’aurais aussi les bons côtés…
Yazao se détourna et reprit la confection de ses plats. Un bruit se fit entendre et la voix de son patron l’avertit le jeune homme de son retour.
¾ J’ai presque fini Tosuke-san.
L’homme entra et se figea en rencontrant les yeux de Shinji.
¾ Tu as un invité ? s’étonna le restaurateur.
¾ Oh… une vieille connaissance. Hirako-san, permettez-moi de vous présenter Yasoshima-san, mon patron. Tosuke-san, voici un ami que je n’avais pas vu depuis un petit moment, Hirako Shinji.
¾ Oh… enchanté, sourit l’homme. Je suis ravi de rencontrer une ancienne connaissance de Yazao-kun, j’ai cru qu’il était définitivement seul au monde. S’il reste un adulte responsable avec qui il garde des liens, j’en suis très heureux.
Shinji ne sut quoi répondre. Son cœur battait sourdement depuis quelques minutes, complètement déstabilisé pour il ne savait quelle raison. Il devait partir et vite.
¾ Je vais vous laisser… répondit Shinji en gardant son calme. Merci pour votre accueil et… merci de prendre soin de Kurosaki kun.
¾ Kurosaki ? s’étonna Yasoshima.
Son regard glissa vers Yazao. Shinji se rendant compte de son impair se reprit rapidement.
¾ Yazao-kun… Je te souhaite bonne chance.
Un sourire amer se forma sur les lèvres du jeune homme.
¾ Je crois que ce n’est pas moi qui est besoin de chance actuellement Hirako-san, mais vous. Faites attention…
Shinji quitta la pièce sans se retourner toujours troubler. Yasoshima se tourna vers Yazao et l’interrogea.
¾ Kurosaki ?
¾ C’est le nom de mon père… mais il est mort, il y a bien longtemps.
Yazao quitta brusquement la cuisine et rejoignit Shinji qui se tenait sur le pas de la porte prêt à disparaître de sa vie.
¾ Si… si un jour vous aviez besoin de me revoir ou si… enfin…, je suis là.
Un sourire se format sur les lèvres du vizard qui s’approcha et ébouriffa les cheveux du jeune homme tendrement.
¾ Je suis heureux de te savoir en sécurité. Prends soin de toi Yazao-kun.
Shinji disparut, Yazao observa l’espace vide à présent. Ses poings se serrèrent convulsivement. Il aura tenté jusqu’au bout. Tant pis… tant pis si ce type n’était pas fichu de se rendre compte qu’une personne l’aimait sans condition.
Yazao secoua la tête et retourna en cuisine où son patron l’attendait toujours aussi interrogatif. Pour la première fois, le jeune homme se confia sur une partie de sa vie. Tosuke eut mal au cœur, mais en voyant le sourire et l’attitude redevenue joyeuse de son apprenti, il se dit que malgré les obstacles et les coups durs que Yazao avait subis, il s’en sortait pas trop mal. Il était plutôt fier d’ailleurs du jeune homme, qui avait pris la place d’un fils dans son cœur.
°°0o0°°
Ouvrant péniblement un œil, Hanataru se sentit un peu désorienter pour se souvenir une nouvelle fois de l’endroit où il se trouvait. Il lança d’une voix hésitante.
¾ Vassla ?
Mais le Primera ne devait pas se trouver dans les parages. Descendant du lit avec précaution, le jeune homme se mit en charge de prendre ses affaires et de se rendre dans sa chambre. Non pas qu’il n’aimait pas être dans les quartiers du Primera, mais il ne se sentait pas à l’aise. Ils se voyaient si peu depuis qu’il avait osé lui avouer ses sentiments. Freihr restait son centre de préoccupation principale et même si Kurosaki était de retour.
Quelle place avait-il exactement dans le cœur du Primera ? Oh, il ne lui ferait jamais un scandale ou un chantage quelconque. Il n’aimait pas les embrouilles et les cris, toute la passion du couple Aizen, Kurosaki et Kuchiki l’effrayait trop. Jamais il ne pourrait nerveusement résister à une telle pression. Vassla et son calme lui convenaient largement mieux… l’inconvénient étant qu’il ne connaissait rien de ses pensées.
Traversant le couloir qui le menait à sa chambre, Hanataru remarqua que ce dernier paraissait bien désert. Haussant les épaules il gagna sa chambre pour s’enfermer dans sa salle de bain et prit sa douche. Cela devait certainement avoir un rapport avec l’intervention musclée de Vassla sur le Novena…
La journée promettait d’être longue et pour cette raison, Hanataru prit quelques vitamines et se dirigea ensuite vers le réfectoire après avoir rangé quelques affaires éparpillées et qu’il n’avait pas pris le temps de ranger jusqu’ici. Depuis combien de temps était-il malade ? Apparemment le stress accumulé ses dernières semaines l’avaient vidé de ses forces.
C’est en compagnie de Netsuei qu’il déjeuna. Le fraccion de l’Octava discutait avec la sœur de Kurosaki à son arrivée. Ils l’avaient prié de se joindre à eux. C’est avec joie qu’Hanataru s’assit en face de Yuzu.
¾ Vous avez beaucoup changé Kurosaki-san… remarqua respectueusement Hanataru.
¾ Tu l’as connaît ? s’étonna Natsuei.
¾ Oh, je ne pense pas que Kurosaki-san se souvienne de moi, mais j’ai enfilé pendant quelque temps un gigai et j’intervenais dans le monde humain pas très loin de son collège et lycée.
¾ Ah mais si ! s’exclama Yuzu brutalement en se rappelant le serveur maladroit du combini du coin. Je me souviens ! Je me disais bien que vous me rappeliez quelqu’un. Je ne pensais pas vous retrouver ici…
¾ J’ai suivi votre frère, répondit calmement Hanataru. Mais je ne suis plus à son service…
¾ Mais celui du Primera si j’ai bien suivi…
Hanataru fronça légèrement les sourcils. Service de Vassla ? Le fraccion plongea son regard dans la contemplation de sa soupe miso. Mis à part quelques baisers, lui et Vassla n’étaient que des étrangers l’un pour l’autre. Natsuei s’apercevant du désarroi de son ami changea de conversation. Lorsqu’il débarrassa son plateau, Hanataru avait l’esprit vide. Il se dirigea ensuite vers le service médecine de Los Sueños, en s’arrêtant quelques secondes devant la porte du laboratoire de Szayel Apporo.
Il aimait tellement cet homme qu’il ne sortait pas de ses pensées, et l’idée que tous ici l’imaginent au seul « service » le blessait. Les paroles de Natsuei lui revinrent en mémoire, bientôt les hostilités reprendraient, il serait débordé… bah, valait peut-être mieux ainsi. Au moins, il oublierait ce Primera qui disait l’aimer et qui en fin de compte passait tout son temps avec la Tercera.
Comme l’avait imaginé Hanataru sa journée lui parut interminable. D’ailleurs, il commit plusieurs maladresses qui lui valurent le regard outré de son supérieur. Ce dernier s’abstint toutefois de le réprimander vertement… l’ombre de Vassla planait et c’était suffisant pour arrêter toute velléité de s’en prendre au petit shinigami.
Alors qu’il rangeait son matériel, Hanataru s’immobilisa. Le reiatsu derrière la porte de l’infirmerie ne laissait planer aucun doute sur son propriétaire. Visiblement le Primera ne comptait pas franchir la porte, mais laissait suffisamment de reiatsu se diffuser pour lui faire comprendre qu’il l’attendait.
Tremblant, et sous le regard de toute une assistance, Hanataru quitta l’infirmerie et trouva le Primera appuyé contre le mur, impassible. Est-ce que ce type pouvait sourire ? s’interrogea Hanataru qui se dirigea vers l’espada.
¾ Je n’ai pas trouvé tes affaires dans la chambre, commenta flegmatique Vassla.
Il ne quittait pas des yeux le petit shinigami.
¾ J’ai… Je ne savais pas très bien ce que je devais faire, avoua bravement le jeune homme.
¾ Mais tu es mon amant ! s’exclama le Primera.
Hanataru devint rouge comme une tomate, alors que tous les arrancars alentour s’étaient arrêtés pour les dévisager. Au comble de la gêne d’être le centre d’attention, le shinigami bafouilla quelques paroles incompréhensibles. Le Primera observa les épaules basses, ne comprenant strictement rien à ce que lui disait Yamada qui paraissait vouloir s’enterrer tout seul sur place.
¾ Je ne te comprends vraiment pas par moment, continua Vassla indifférent lui à toute l’agitation qu’il causait.
Hanataru se reprit et lui lança un regard rempli de reproches.
¾ Nous nous faisons remarquer.
¾ Et alors ? répondit Vassla.
¾ Et alors ? Et alors… comment peux-tu dire que je suis ton amant alors que nous n’avons strictement rien fait jusqu’ici qui justifie ce qualificatif !
C’était sorti tout seul. Hanataru se mordit les lèvres fortement. Qu’avait-il dit ? Il avait osé faire des reproches au Primera ? C’était comme si une lézarde se formait dans tout le mur de compréhension qu’il avait formé depuis des semaines. Il posa une main sur sa bouche, absolument anéantie. Son cœur se mit à battre la chamade alors que le Primera se penchait vers lui, l’entourant de son imposante silhouette. Il allait le frapper, c’était sûr et il était mort !
Au lieu de cela, la bouche de l’homme effleura son oreille, son souffle chaud souleva quelques cheveux rebelles et sa voix grave chuchota.
¾ As-tu le regret que cela ne soit effectivement pas le cas ?
Hanataru qui avait toujours une main devant sa bouche, hasarda un regard vers le visage de Vassla. Qu’il était beau, songea-t-il malgré lui. Comment pouvait-il l’aimer, lui qui n’était rien ? Un nœud à sa gorge se délia
¾ Oui ! Tu accordes tellement d’attention à Freihr-sama que j’ai l’impression de n’être rien pour toi. J’ai l’impression d’être à ton service… non, je ne le suis pas. Tu ne me demandes rien… En fait, je ne suis rien… reprocha Hanataru livide.
Il n’avait pas baissé les yeux, d’ailleurs ils se remplissaient de larmes, alors qu’aucun muscle du visage de Vassla ne bougeait. Hanataru le compara immanquablement à une statue. Deux bras le soulevèrent comme s’il s’était agi d’un vulgaire fétu de paille. Son cœur se mit à battre très vite. Il tenta de repousser cette espèce de montagne de muscle qui franchissait à présent les portes de sa chambre. Hanataru eut du mal à reprendre sa respiration alors qu’il se trouva projeter sur le lit. Le pire, songea le jeune homme, c’est que pour Vassla il l’avait posé avec douceur.
Le lit ploya de chaque côté de sa personne. Hanataru rouvrit les yeux et croisa les prunelles bleu couleur de glacier qui le dévisageait intensément.
¾ Je prends sur moi pour ne pas t’écraser comme un insecte ! Imagines-tu combien il est difficile pour un homme de se contenir ? En plus, tu es un imbécile ! Freihr n’est qu’une amie, la seule que je n’ai jamais eue. Je ne l’abandonnerai pas… mais… Te rends-tu comptes que tu es le premier à m’obliger à regarder ailleurs que sur les plans qui ont été établis ?
¾ Je suis désolé… murmura Hanataru.
¾ Non ! Je ne veux pas que tu le sois !
Le shinigami observa l’espada perplexe. Les longs cheveux blonds le cernaient et lui donnait l’impression d’une prison dorée. Fasciné soudain par leur souplesse apparente, Hanataru osa les toucha sans s’en apercevoir. Vassla continua.
¾ Tu éprouves les mêmes sentiments que moi, et je ne veux pas que tu en soi désolé. Et en même temps… je crois ne pas être doué pour ce genre de jeu amoureux…
¾ Moi je ne trouve pas… répondit Hanataru en se risquant à caresser le visage suspendu au dessus de lui. Tu as tellement de patience… tu gardes si souvent ton calme… en fait, tu es si pondéré que je me demande si tu éprouves réellement quelque chose pour moi…
Devenant écarlate sous ses paroles, Hanataru eut un rire gêné. Une main se saisit de la sienne et la plaça contre le torse robuste de l’espada. Le shinigami fut surpris par la chaleur que dégageait Vassla tout comme les palpitations désordonnées sous sa main en parfait synchronisme avec les battements de son propre cœur. Hanataru perdit son sourire confus. Ses yeux se perdirent dans ceux émus de Vassla. De sa main restée libre, le jeune homme caressa une nouvelle fois le visage troublé toujours suspendu au-dessus de lui.
Brûlant d’une fièvre soudaine et incapable de s’expliquer d’où lui venait son audace, Hanataru se redressa et prenant appui de son bras autour des épaules larges de Vassla il l’embrassa. D’abord comme une morsure, comme pour se prouver qu’il pouvait faire ce qu’il voulait à cet homme dont le nom faisait trembler tous les autres espada ou presque.
Voyant que le Primera pencha la tête en signe de soumission, Hanataru libera son autre main pour envelopper la carrure athlétique de SON homme.
La bouche de Vassla emprisonna la sienne, sa langue le fouilla taquinant sa jumelle. Un mouvement de hanche le fit passer par dessus l’espada qui se trouva prit en sandwich entre le matelas et lui. Hanataru s’assit confortablement sur Vassla, son visage à quelques millimètres du sien. Un sourire timide se forma sur ses traits. Auquel Vassla répondit par une esquisse de sourire. Hanataru le prit comme un cadeau. Peu de monde à Hueco Mundo avait du apercevoir cette expression.
Enhardi par cette victoire, Hanataru se laissa aller contre Vassla et laissa l’espada lui caresser son dos inlassablement alors qu’il l’embrassait au point où le shinigami crut perdre la tête. Hanataru remarqua les mains qui glissaient sous son shihakusho. Son cœur se mit à battre plus vite encore.
¾ Je ne te ferai aucun mal Yamada Hanataru.
¾ Je le sais… je le sais Vassla…
¾ Dis encore mon nom…
¾ Vassla ?
Voyant le sourire plus franc qui s’affichait sur les traits de l’espada qui devenait brusquement humain, Hanataru chuchota bouleversé.
¾ Vassla… je t’aime… je t’aime… ne me laisse plus comme tu l’as fait. Je crois que je suis très jaloux. Même si c’est ton amie… même si c’est pour le seigneur Aizen, je crois que… que je ne supporterai plus.
La tendresse habita les yeux de l’espada qui fit basculer sa moitié ou son quart ? Il ne chercha pas plus loin, Hanataru lui suffisait pour ce qu’il était. Il l’embrassa encore, ses mains défaisant l’obi, écartant les pans de veste qui cachait la silhouette mince. Vassla quitta les lèvres de son amant pour dévaler sa nuque et embrasser chaque centimètre de peau. L’attente était enfin finie.
Le shinigami paraissait gêné d’être nu à présent sous son regard. Il ne sourit pas, lui ça le touchait. Hanataru frissonna de froid et d’appréhension, Vassla était si grand pourtant loin d’agir comme un sauvage, l’homme maitre de lui-même caressait son torse, jouant avec les mamelons pour les faire dresser, sa bouche descendait lentement son ventre qui se rétracta sous les caresses.
Hanataru ne put s’empêcher de gémir lors que la langue glissa sur son sexe. Il baissa les yeux et lorsqu’il rencontra les yeux de sphinx de son partenaire, le jeune homme cacha les siens de son avant-bras. C’était absolument indécent de voir l’espada lécher son sexe du bout de sa langue et le fixer avec une intensité telle qui lui donnait envie d’aller plus loin encore.
Une main repoussa son bras et la voix rauque de Vassla lui parvint.
¾ Regarde-nous, Hanataru… tu n’as pas à avoir honte…
Baissant son regard à nouveau vers Vassla, le shinigami devint écarlate, mais ne baissa plus les yeux. Son plaisir augmenta devant la luxure qu’exprimait le Primera par les bruits de succion, et les plops qui liait d’un filet de bave les lèvres de Vassla à sa verge excitée.
Le Primera se redressa et se déshabilla avec des gestes rapides. Hanataru sentit ses jambes flageolet et remercia le ciel et tous les dieux d’être allongé parce que Vassla était non seulement sculpté comme une statue, mais en plus son sexe était énorme… enfin à ses yeux. Il se sentit flancher brusquement.
Vassla le surplomba, ses cheveux blonds l’enfermèrent à nouveau dans leur prison dorée. Hanataru tira doucement dessus obligeant l’espada à se pencher. Le shinigami avait besoin de chaleur soudain et de celle de son amant, rien d’autre.
¾ Vassla, chuchota le jeune homme contre la bouche entrouverte de son amant.
¾ Hanataru… si fragile Hanataru…
Troublé les deux hommes se dévisagèrent surpris par la profondeur de leur sentiment qu’ils avaient tant de mal à exprimer, par excès de timidité ou parce qu’incapable de le faire. Recouvrant le corps d’Hanataru, Vassla prit son sexe et s’empara de celui du shinigami pour les frotter doucement ensemble. Sa bouche s’attardait sur la nuque exquise offerte à ses baisers.
Le shinigami se cambra, il cherchait de l’air. Son visage était en feu, complètement cerner, envelopper, encercler par l’espada seule sa présence lui donnait l’impression d’exister, le reste s’était comme effacer. Son odeur le captivait, le rendant accro… Lorsqu’un doigt le pénétra, Hanataru arrondit les yeux et voulu se soustraire à l’intrusion, mais la bouche de Vassla se posa contre son oreille. Sa voix distillait des mots d’amours, comme des mots rassurants le détendant presque malgré lui.
Hanataru se détendit et prit du plaisir entre les doigts experts de son amant. Il gémissait contre son oreille, il n’était pas sûr de lui, mais ne prononçait-il pas son prénom comme une litanie ? Ses doigts s’enfonçaient dans les épaules, labourant ses muscles de ses ongles lorsqu’enfin Vassla le pénétra en entier. Son souffle en fut coupé.
¾ Tu avais promis de ne pas me faire de mal, Vassla…
¾ J’ai menti…
Levant les yeux vers son amant, Hanataru rencontra les yeux bleus acier le dévisager avec beaucoup d’amour. Son regard le fit fondre et le détendit par la même occasion. Vassla l’embrassa encore et encore, alors que leurs corps se mouvaient à l’unisson à présent. Les oreilles du shinigami devinrent rouges alors que le tourbillon d’un orgasme l’emportait. Plus rien ne serait jamais pareil entre lui et les autres, mais surtout entre lui et Vassla.
Ce dernier le prit contre lui, alors qu’ils s’observaient essoufflés.
¾ Je te protégerai toute ma vie… je ne te laisserai jamais seul.
¾ Moi aussi Vassla, je serai toujours là pour toi…
Ce qui fit sourire l’espada qui le serra contre lui.
°°0o0°°
Assis sur le bord de la terrasse de sa division, Shinji observait la lune sans vraiment la voir. D’ici quelques heures, le destin de la Soul Society et du Hueco Mundo allait basculer. Le visage souriant de Yazao le poursuivait. Ce gamin paraissait avoir trouvé sa place, et lui avait menti au vieux Yama.
¾ Aucun regret ?
Surpris d’entendre la voix de Kensei, le blond tourna un visage hostile vers le capitaine de la neuvième division.
¾ Qu’est-ce que tu racontes ? Tu deviendrais sénile ?
¾ C’n’est pas le gamin de Kurosaki que tu es parti voir ce matin ?
¾ Tu m’espionnes ? demanda froidement Shinji.
Kensei haussa les épaules et il s’installa à côté de lui en silence. Au bout de quelques minutes de silence, Shinji repris d’une voix méprisante.
¾ J’n’ai rien dit au vieux.
¾ Je sais…
¾ Il a besoin de s’constuire.
¾ Oui.
Jetant un regard plein de dédain à Kensei, Shinji répliqua narquois.
¾ Ne fais pas comme si t’étais un puits de sagesse ou un truc de ce genre-là, crétin !
¾ Je ne te juge pas. Si t’as rien dit, c’est parce que t’avais tes raisons… et moi ça me convient.
Un nouveau silence s’installa. Chacun observant la lune pleine, perdu dans leurs pensées plus ou moins complexes. Finalement, Shinji se redressa et s’épousseta d’un geste distrait. Il murmura à lui-même.
¾ C’était qu’un gamin…
Et le capitaine de la cinquième division disparut dans ses appartements sous le regard scrutateur du capitaine de la neuvième. Kensei retourna ensuite à sa contemplation de la lune si énigmatique par cette soirée d’été.