Ichigo se réveilla le lendemain matin blottit contre quelque chose de chaud. De chaud ? Il ouvrit brutalement les yeux et vit dans la pénombre du jour que laissaient filtrer les stores entrebâillés le visage endormit de Grimmjow. Le jeune homme scruta avec attention ses traits qui ne contenaient aucune dureté, aucune moquerie sous jacente. Il sentait le souffle régulier de l'homme sur sa peau. Délicatement, il fit glisser son corps hors du lit, mais un bras s'abattit instantanément sur lui et une main possessive vint le tirer contre le flanc de l’endormi qui moula son corps contre le sien.
À présent, Ichigo sentait le souffle chaud au creux de son cou et le bras de Grimmjow enroulé autour de sa taille. Sa première réaction a été la crispation... il s'agita un peu, il ne se sentait pas à "l'aise" dans cette position. Peut-être n'avait-il jamais eu l'habitude ? Et lentement, la chaleur rassurante du corps allongé près de lui et la sérénité de la scène le plongèrent lentement dans une douce somnolence, bercé par une respiration régulière.
Quand il se réveilla à nouveau se fut par le bercement d'une main sur son épaule ! Il ouvrit péniblement ses paupières et les plissa par le flot de lumière qui inondait maintenant la pièce. Le pianiste eut un sourire moqueur
- Oï la belle au bois dormant... Il est l'heure de se lever ! Il est presque 10 h 30...
- Aaaahhhh murmura le violoniste.
Il avait posé ses mains sur son visage et ne se sentait pas très bien.
- Ça va ? demanda inquiet le pianiste
- Non... je ne me sens pas très bien.
Grimmjow posa la main sur son front et sentit que le jeune homme avait un peu de fièvre.
- Attends, j'arrive
Quelques minutes plus tard, il lui tendit un thermomètre pour lui prendre sa température. L'affichage frontal indiquait 38.3°C.
- Merde ! T'as de la fièvre. Bon, reste allongé je vais t'apporter de l'aspirine. Tu as mal quelque part ?
- Non... juste un peu à la tête et j'ai un peu froid
Le pianiste se leva et ferma les stores pour que l'afflux de luminosité soit moins agressif pour le malade. Il s'absenta quelques minutes pour revenir avec un thé, une biscotte et un verre contenant une aspirine qui finissait de se dissoudre.
- Tiens mange un peu avant de prendre ton médicament. Ce n’est pas bon de la prendre le ventre vide. Je vais téléphoner à Kuchiki-san pour le prévenir que cet après-midi tu risques d'être absent....
- Non... non... je serai là ! Je vais me reposer ce matin et cet après-midi j'irai aux répétitions.
- Humm... je vais quand même le prévenir. Toi, mange un peu et boit ton médicament si tu veux aller mieux.
Grimmjow se leva et sortit de sa poche son téléphone portable, alors qu'il composait le numéro du chef d'orchestre, il entendit le jeune homme lui murmurer
- Je suis désolé de te déranger...
- Crétin ! Tu ne me déranges pas. Et puis, tu ne le fais pas exprès.
Il sortit de la pièce et laissa le malade face au plateau laissé à côté de lui. Il suivit les recommandations du plus vieux et avala difficilement sa biscotte et accueillis plus favorablement les gorgées chaudes et épicés du thé qui coulait maintenant dans sa gorge. Il finit par l'aspirine et reposa le plateau à côté du lit. Il entendit la voix grave de son nouvel amant qui répondait aux questions de son interlocuteur. Ses paupières papillonnèrent et il finit par replonger dans les bras de morphée.
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De doux effluves caressaient ses narines. Il ouvrit à nouveau les yeux et s'étira. Il se sentait poisseux et se rendit compte qu'il avait beaucoup transpiré. Il fit une grimace... "merde !". Il se leva et ouvrit la porte entrebâillée qui menait au séjour. Il vit en face, le pianiste en train de s'activer en cuisine. Ce dernier tel un prédateur se sentit tout de suite observer et leva les yeux vers lui.
- Tu te sens mieux ?
- Je me sentirai mieux après une douche... Je crois qu'on est bon pour changer les draps.
- On s'en fou. Je m'en occuperai après... La salle de bain est attenante à la chambre. Alors vas-y, je t'ai mis des serviettes.
- Tu es attentionné ne pu s'empêcher de lui dire Ichigo
- Toujours avec celui que j'aime !
Ichigo rougit légèrement... sa franchise le laissait un peu perplexe. Quand, tout à coup il fronça les sourcils, il s'était souvenu de quelque chose d'important
- Les répétitions...
- Pas aujourd'hui pour nous. Ordre du chef. Il a recommandé que tu te reposes, on reviendra demain. Je suppose qu'on aura droit à double dose... dit-il mi-figue, mi-raisin. Je suis là pour m'occuper de ton bien-être !
- Euh... te force pas quand même... Je me sens...
- Va prendre ta douche imbécile ! Tu vas attraper froid encore.
Ichigo referma la porte de la chambre et ouvrit la porte se trouvant à côté de celle de la salle. Il vit une salle de bain aux dimensions moyenne. Il trouva des affaires propres. Il reconnut des vêtements à lui. Comment s'était-il procuré ses affaires ? Il se déshabilla et entra sous la douche. Il laissa longtemps couler l'eau chaude sur sa peau. Ses muscles se détendaient au fur et à mesure. Finalement, il entreprit d'utiliser les différents produits de toilettes se trouvant à côté de lui et se savonna prestement.
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Il avait revêtu ses nouveaux vêtements. Il s'avançait maintenant dans la cuisine... Grimmjow lui sourit... Il portait des lunettes
- À table !
- J'arrive à temps ?
- Humm…
Ichigo s'installa et regardait le cuisinier le servir généreusement un curry. Les odeurs qui l'avaient réveillé quelques minutes plus tôt rependaient maintenant toutes leurs subtilités dans l'assiette apprêtée devant lui.
- Ça sent vraiment bon.
- Goutte d'abord !
- Attend...
Ichigo s'empara de ses baguettes et picora du riz et du curry et goutta le plat. Une explosion de saveur se révéla alors sur sa langue et les papilles se réveillèrent pour mieux apprécier la bouchée qu'il avait portée à sa bouche. Il écarquilla les yeux.
- C'est excellent ! s'exclama le goûteur.
- Hé, hé... un des seuls plats que je sache faire à part les crêpes...
- Tu me feras goutter aussi ?
- Les crêpes ?
- Hmm…
Le pianiste sourit.
- Pas de problème, mais je veux une compensation
- De quel ordre ?
- Un baiser ?
Il y eut un petit silence et finalement Ichigo se leva de sa chaise et se plaça devant son interlocuteur. Il prit lentement son visage entre ses longs doigts fins. Il descendit son visage à sa hauteur pour finalement prendre ses lèvres.
Le baiser était chaste mais tendre... mais son amant ne l'entendait pas de cette oreille et quand il voulut se reculer, deux doigts lui avait bloquer le menton et le pianiste laissa courir sa langue sur ses lèvres closes. Ichigo entrouvrit la barrière et soupira sous sa caresse... alors, Grimmjow passa sa langue à l'intérieur de sa bouche afin d'explorer le moindre recoin de sa cavité. La langue du violoniste s'accorda à la sienne et une bataille plus dure s'engagea.
Le pianiste se reculait pour mieux reprendre ses lèvres et explorer plus profondément sa bouche... leurs respirations se fit plus rapide, leurs mains se cherchaient. Finalement, ils s'arrêtèrent pour reprendre leurs souffles. Un filet de salive unissaient leurs deux bouches proches l'une de l'autre.
Ichigo se redressa complétement et partit s'asseoir à sa place et repris ses baguettes. Troublé il murmura...
- Est-ce le genre de compensation que tu souhaites pour les crêpes ?
- Ouaih ! Et s’il y a un bonus, je ne m’en plaindrais pas… c’est toujours bon à savoir.
Ichigo sourit légèrement, ses lèvres étaient encore gonflés et humides par les baisers échangés.
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Le couple se promenait en fin d'après midi dans les rues piétonnes de Tokyo. Ichigo avait eu envie de prendre l'air, se sentant à nouveau à pleine forme. Ils regardaient les boutiques, quand Ichigo s'arrêta devant la boutique où Grimmjow l'avait interpellé la dernière fois. La situation avait complètement changé depuis.
- Tu veux quelque chose ?
- En fait, y'a ces T-shirts qui me plaisent beaucoup. Il montrait une pile de vêtements exposés en bonne place devant la vitrine.
- On rentre voir !
- Euh... t'es sur ? Tu ne viendras pas te plaindre ?
- De quoi ?
- Je sais pas... murmura son interlocuteur
Sa mémoire lui faisait toujours défaut. Il allait dire quelque chose, mais ne savait pas consciemment de quoi il s'agissait. Il se dirigea directement vers les étagères où se trouvaient les articles qu'il convoitait. Il s'assura des tailles des vêtements et en pris quelque uns pour les essayer ainsi que des jeans.
Le pianiste s'était assis et regardait le jeune homme qui se choisissait maintenant des pantalons. Grimmjow comprit ce que sous-entendait sa réflexion. Même s'il ne se souvenait plus de ces comportements de manière consciente, il était évident que Ichigo aimait faire les boutiques ! D'ailleurs ce dernier l'interrogeait du regard pour connaître son avis. Il fit une grimace pour lui signifier que sa suggestion ne collait pas au style qui pourrait lui aller.
Finalement, le jeune homme partit s'enfermer dans une cabine d'essayage. Le pianiste se posta devant elle et attendit patiemment que l'orangé commence son défilé. Finalement, cela se passa très vite. Il savait ce qu'il voulait et son bon sens lui avait permit de choisir les vêtements les mieux assortis à sa personnalité et à sa carnation. Il régla et ils sortirent enfin de la boutique. Ichigo lui demanda si cela le dérangeait s'ils allaient rendre visite à son ami Urahara, son échoppe se trouvant non loin de là. Le pianiste hocha la tête et ils prirent la direction du magasin.
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- Kurosaki-kun lança la voix chantante du marchant. Je suis ravi de voir que te portes beaucoup mieux. Aurais-tu retrouvé la mémoire ?
- Non... quelques bribes en fait. Mais j'ai l'impression que certaines choses importantes m'échappent complètement.
- Ne te surmène pas. Tu as besoin de quelque chose ?
- Non, on était dans le coin, j'en ai profité pour vous dire bonjour
- Humm, je vois que ton goût pour faire les boutiques a refait surface, souriait Kisuke.
- Je l'avais perdu ?
Tessaï avait apporté du thé pour le propriétaire et ses invités. Chacun prit sa tasse et Urahara se concentra sur le contenu qu'il avait placé devant sa bouche.
- Et bien... vous sembliez l'avoir perdu pendant quelques années, mon cher Kurosaki-kun. Mais, je suis heureux que ce jeune homme ait une si bonne influence sur vous. Vous semblez redevenir vous-même... c'est un soulagement et une joie pour moi.
- Parfois, quand je vous écoute Ukitake et vous, j'ai l'impression de sortir de l'enfer !
- Cela n'était pas loin... j'y ai moi-même goûter !
Surpris Ichigo et Grimmjow avaient levé la tête.
- Que dites-vous ?
- Quelques jours avant que tu ne perdes la mémoire... tu m'as demandé pourquoi, je ne produisais plus et pourquoi j'ai arrêté de jouer au violon ! Je ne pouvais pas te répondre à l'époque mon cher Kurosaki-kun. Je ne pense pas que tu aurais accepté la réponse...
Le violoniste sentit qu'il n'allait pas aimer les prochaines minutes à venir. Il commença à gigoter sur sa chaise et à se sentir très mal. Il sentit une main se poser sur son bras. Il leva les yeux pour rencontrer ceux insondables du pianiste qui l'observait et qui semblaient vouloir lui transmettre sa force. Il se détourna pour observer Urahara qui avait repris la parole.
- Il y a quelques années, j'ai rencontré lorsque j'étais au conservatoire de Tokyo un jeune pianiste plein de talent. Il était beau, entreprenant et manipulateur. Mais ça, je ne l'ai su que bien trop tard. Il avait 10 ans de moins que moi et j'ai été flatté qu'il s'intéresse à moi autrement que comme un violoniste recherché. Deux ou trois mois après notre rencontre, nous avons commencé une relation passionnée. J'en étais fou... Dès que je le voyais, je ne pouvais penser qu'à lui, à son odeur et à sa personnalité si originale. Peu à peu, je me suis enfoncé dans une relation qui me semblait devenir à sens unique. Ma patience a commencé à s'effriter lorsque ces premiers signes de jalousies sont apparus violemment. J'ai eu une côte cassée, mais j'ai réussi à me défendre et je l'ai envoyé aussi au tapis. Je me suis éloigné et j'ai essayé de me détacher de lui. Malheureusement, moi qui voulais m'abstenir et reprendre ma vie, mes pensées me ramenaient vers lui. J'avais l'impression d'être en état de manque, comme une drogue dont on ne peut se séparer. Je n'aurai jamais pensé à l'époque qu'un être humain pouvait provoquer une telle addiction. Le temps c'est écoulé... et je l'ai à nouveau croisé. Se fut comme une rechute en enfer. Grace à Tessaï j'ai pu me résoudre à le quitter. Mais, ma dépendance à cet homme m'empêche d'exprimer autre chose que de la souffrance. Ce qui se reflète sur mon jeu. J'ai décidé de me retirer pour ne plus le croiser... un peu comme une fuite en avant. C'est la seule solution que j'ai trouvée à l'époque...
Il soupira et bu quelques gorgées de thé dans un parfait silence.
- Peu de temps plus tard Gin Ichimaru, le directeur du théatre de Tokyo a pris ma place si je puis dire. Leur relation a duré quelques années... mais, il faut dire que Gin est aussi tordu que Sosûke ! J'avoue n'avoir pas pensé qu'il s'intéresserait à toi lorsque tu as intégré le conservatoire et que tu as participé pour la première fois à l'orchestre. Mais tu étais déjà « ferré » et j'ai vu dans tes yeux, la même lueur que j'avais dans les miens. Je n'ai pas pu t'expliquer mes aventures avant aujourd'hui... car jusqu'à présent je voyais mon regard dans ton regard. Je suis désolé Ichigo d'avoir tant attendu pour te le dire. Aujourd'hui, tu n'as plus cette pression du poids du souvenir. Et je pense que la présence de Jaggearjack-Kun a un effet bénéfique sur toi...
Ichigo était crispé en entendant toutes ces révélations. Il sentait qu'il avait besoin d'air. Il avait l'impression que ses forces l'avaient abandonnées. Il se leva et remercia son interlocuteur. Il sortit avec Grimmjow sur les talons. Un bras puissant vint le prendre par ses épaules. Grimmjow l'attirait à lui et Ichigo se laissa aller contre son torse large. Ses lèvres venaient caresser le haut de mon crâne.
- Je ne te laisserai pas retourner auprès de lui. Tu ne sombreras pas et tu joueras encore pour moi, souffla-t-il.
- Je... je veux... rentrer !
Le pianiste soupira d'aise... Il était heureux de voir que son amant considérer son appartement comme sa maison. Un fait qui allait de soi. Il le repoussa un peu et lui sourit. Il lui vola un baiser et ils marchèrent en direction de « leur » maison.