Ichigo fut surpris en se réveillant de se retrouver dans sa chambre d’adolescent. Il se prit la tête entre ses mains et repensa brutalement à la scène qu’il avait eue avec Sosuke la veille au soir. Machinalement, il tourna la tête et vit qu’il était 10 h du matin ! « J’ai trop dormi... » Il soupira et se leva péniblement.
La journée promettait d’être longue. Il se traina jusqu’à la salle de bain et prit une douche. En sortant de cette dernière, il se plaça devant la glace et frotta cette dernière emplie de buée. Il fixa sa joue. Elle ne gardait pas de trace de la gifle de la veille, mais Ichigo en ressentait encore la brûlure. Était-ce de l’orgueil ?
Il se rasa et s’habilla d’un pantalon en toile noire et d’une chemise blanche. Le col ouvert laissant voir un fin collier de boules autour de son cou. Il releva les manches de sa chemise et finit par mettre sa montre. Il avait toujours l’impression d’être aussi mal réveillé. Il finit par descendre. Son petit-déjeuner était sur la table. Un petit mot de son père posé devant son bol.
« Fils… Je ne te poserai pas de questions. Prends tout ton temps ! Ton papa adoré » et plein de petits cœurs autour… « Il changera jamais » pensa-t-il avec le sourire. Il n’avait pas du tout été d’accord pour sa relation avec Aïzen, le considérant trop vieux et puis c’était un « homme »… Mais comme il s’était rendu compte des profonds sentiments qu’avait Ichigo à l’époque, il avait fini par le laisser vivre sa vie. Il lui avait juste dit : « je serai là quoiqu’il arrive ! » Et avait soutenu son fils dans sa relation contre l’avis de sa famille. Ça faisait tâche un noble gay… Son père avait tenu bon et avait toujours pris sa défense.
Il soupira à nouveau. Il mangea du bout des lèvres. Il se leva presque à contre-coeur et se dirigea vers la salle de musique que son père avait installée à son intention. Il ferma la porte et s’appuya quelques instants dessus.
Puis, il ouvrit la boite contenant le violon et prépara ce dernier pour répéter encore une fois la partition qu’il devait jouer le soir même. Il n’avait pas envie que sa vie sentimentale déborde sur sa vie professionnelle. Il se mit à jouer se laissant bercer par les diverses émotions qui l’assaillaient à chaque coup d’archer. Il y mit toute sa passion et toute sa frustration… Il joua encore et encore… pour s’arrêter épuisé et le bout de ses doigts abimés par les cordes.
Il posa son violon dans son étui et s’assit par terre, jetant un regard à sa montre, il était 14 h 37. Son estomac gargouilla lui rappelant brutalement qu’il n’avait pas mangé. Il se leva et se retourna pour sortir de la pièce, mais la porte s’ouvrit sur Isshin, qui fut surpris que son fils se soit arrêté dans son mouvement.
- J’étais passé tout à l’heure, tu ne m’as même pas entendu entrer. Je ne t’ai jamais entendu jouer de manière aussi expressive. Tu cherchais à te défouler ? Enfin, ce n’est pas grave. Je voulais te dire que j’ai gardé ton repas au chaud. Si tu as faim… Moi, j’ai une urgence, donc si tu veux on pourra discuter tout à l’heure !
- Entendu… et merci papa !
- De rien fils, fit-il avec un clin d’œil.
Il quitta la pièce et Ichigo lui emboîta le pas.
- Ça ne te dérange pas si je reste quelques jours à la maison ?
Isshin s’arrêta étonné et contempla le visage tendu de son fils. Des questions se bousculaient dans sa tête, mais il préféra les étouffer. Visiblement, Ichigo n’avait pas envie de parler. Il patienterait.
- Bien sur que non. Je t’avoue que je me sens seul ces derniers temps… Tes sœurs sont à l’université et franchement ça me fait bizarre de me retrouver entre ces murs sans personne à qui parler.
Ichigo secoua la tête et se rendit compte que tout à son bonheur où à ses problèmes, il avait oublié qu’il avait une famille.
- Bah, je vais te tenir compagnie quelques jours… Mais peut-être que mon humeur ne sera pas forcément au rendez-vous.
- Je suis habitué avec toi. Tu n’es pas spécialement ce qu’on appelle un « gai-luron »…
- T’as de l’humour pour deux, fit Ichigo mi-figue, mi-raisin. Je ne vois pas en quoi ça changerait notre relation !
- Ah, je te reconnais bien là fiston… toujours le mot pour rire. Bon, à tout à l’heure !
- Oui à tout à l’heure ! murmura Ichigo.
Ichigo mangea avec appétit. Lorsque son esprit lui renvoyait le visage contrarié de Sosuke, il le fermait. Il décida de faire une petite sieste… il voulait être en forme pour ce soir. Donner le change au moins, faire illusion. Ichigo ne voulait pas que Sosuke le prenne à défaut.
Après avoir débarrassé la table, il monta et ferma les rideaux de sa chambre. Il se mit en boxer et passa sous sa couette. Avant de s’endormir, il régla son réveil pour 18 h. Il s’endormit profondément dans un sommeil sans rêve, vidé de toute émotion.
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Ichigo avait revêtu son costume, il se tenait dans la salle commune avec tous les autres musiciens… Ils attendaient tous le signal qui leur permettrait de s’installer dans la salle de concert. Le premier violon, vit entrer le chef d’orchestre. Baboum… il était réellement magnifique dans son costume noir. Ses cheveux soigneusement tirés en arrière, seules deux mèches tombaient sur son front large. Ses yeux semblaient de braise. Il sembla à Ichigo que Sosuke avait les traits légèrement tirés.
Mais même comme cela, Ichigo se sentit faiblir. Merde, il l’aimait encore… quelques heures sans le voir et voilà dans quel état il était. Son souffle se raccourcissait alors qu’il le mangeait des yeux. Ses yeux bruns, sa mèche qui caressait son front, comme il brulait de la repousser. Comme il aimerait lui prendre ses lèvres entrouvertes et les embrasser avec passion. Son esprit s’affolait, alors que son corps s’enflammait au souvenir de leurs nombreuses étreintes passionnées.
Le chef d’orchestre prit la parole de sa voix profonde. Ichigo réagit à sa plus grande honte. Une chance que Sosuke ne regarde pas dans sa direction.
- Je veux que ce soir vous jouiez avec tout votre enthousiasme, amusons-nous et emportons notre public. Ses yeux bruns si chaleureux habituellement étaient un peu éteints. Mais lorsqu’ils rencontrèrent les yeux ambre d’Ichigo, ils semblèrent s’animer quelque peu.
Tous les musiciens s’écrièrent en même temps et ils entrèrent dans la salle. Ichigo effleura la main de Sosuke avant d’entrer sur la scène, sans le dévisager. Il l’entendit reprendre sa respiration. Ichigo en le voyant monter sur son estrade fut troublé et il sentit son cœur se serrer… Tout son être lui criait combien il aimait cet homme, à en perdre la raison. Il croisa les yeux d’Aïzen et il put y lire le même amour passionné pour lui.
L’idée qui venait de l’assaillir quelques secondes plutôt disparut. Le perdre le glaçait. Ichigo se réchauffa sous la caresse de ses yeux bruns… Après avoir salué le public, le chef d’orchestre démarra la pièce et tous les musiciens enchainèrent le 1er mouvement.
Transporté par ses émotions Ichigo mena les violons en suivant le rythme imposé par le chef d’orchestre. Une véritable osmose existait entre eux, ce qui n’échappa pas aux autres musiciens qui se laissèrent gagner par l’ambiance régnant entre les deux hommes.
L’interprétation fut accueillie par un véritable triomphe. Le public se leva pour applaudir et les musiciens eurent un peu de mal à quitter la scène. A peine Ichigo entra-t-il dans la salle commune qu’il sentit deux bras puissants qui venaient de l’enlacer. Tous souriaient… ils avaient perdu un peu l’habitude de leurs embrassades ces derniers temps. Ils étaient enfin réjouis par leur nouvelle bonne entente. Sosuke retourna Ichigo dans ses bras et l’embrassa avec passion. Les autres musiciens laissèrent échapper des sifflets et des cris mais Ichigo s’en moquait… « Il » était à nouveau à lui.
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Grimmjow avait assisté à la représentation. Il était au Japon pour trois jours et avaient décidé, avant de partir, de voir une représentation de l’orchestre avec qui il allait jouer dans deux mois. Il avait vu les musiciens prendre place et son regard stoppa net en voyant arriver le violoniste aux cheveux orange. Le premier violon en plus… Son cœur s’affola. C’était tout à fait son genre. Le chef d’orchestre entra sur scène et il vit immédiatement le regard chargé de désir du violoniste. Le chef d’orchestre avait jeté un œil vers le musicien, et Grimmjow sut que ces deux là ne devait pas entretenir une relation platonique. De plus, même si Aïzen était de dos, Grimmjow était persuadé que leurs sentiments étaient partagés.
Le concert démarra et il fut littéralement scotché par l’interprétation du violoniste et de l’ensemble de l’orchestre. La pureté du son, la passion, la subtilité… il crut que son cœur allait s’arrêter. Il gémit… Il lui fallait, il lui fallait ce violoniste. Tant pis pour le chef d’orchestre. Il s’était trouvé sa nouvelle proie…
A la fin du concert, il partit immédiatement en coulisse. Quand il voulut entrer dans la pièce qui était réservée aux musiciens, il s’arrêta… il vit celui qu’il cherchait du regard. Il venait de pénétrer dans la salle et il fut littéralement happé par le chef d’orchestre qui le serrait contre lui possessivement.
Finalement, il le retourna pour l’embrasser de manière passionnée et tout aussi possessive devant tous les musiciens qui - loin d’être surpris - encouragèrent cet échange passionné par des cris de joie… Il les vit se détacher l’un de l’autre et échanger un regard qui en disait long sur les sentiments qu’ils ressentaient l’un envers l’autre… « Qu’à cela ne tienne, il sera à moi… quoi qu’il arrive ! » et il sortit du théâtre pour prendre sa voiture. Son séjour au Japon allait être vraiment très intéressant !