Dernière note 6

Le lendemain, Ichigo se leva de bonne heure. Il s’habilla rapidement et partit faire un jogging. Il se sentirait beaucoup mieux après, lorsque ses muscles crieraient assez. Au moins, il se viderait l’esprit durant une bonne heure.

À son retour, Ichigo se doucha rapidement, se rasa, s’habilla et finit par préparer le petit déjeuner. Il mangea avec appétit et but rapidement un café serré. Il s’enferma dans la pièce de musique pour répéter le morceau qu’il n’avait pas eu le temps de réviser la veille. Il déchiffrait sa partition quand il sentit deux bras l’entourer. L’odeur de Sosuke l’enveloppa, Ichigo ferma les yeux pour mieux la sentir.

Il se laissa aller contre la poitrine de son amant. Ce dernier lui souffla contre l’oreille.

- Déjà à pied d’œuvre ?

- Hum… je n’ai pas fait grand chose hier.

- Bien.

- J’ai préparé le petit déjeuner. Tu n’as plus qu’à te servir.

- Oh, ma petite épouse… ronronna Aïzen moqueur.

- La ferme !

Le ton d’Ichigo était cassant.

- Je te laisse tranquille… si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver.

- Oui, oui…

Le jeune homme reprit sa partition et continua à la déchiffrer. Il finit par fermer les yeux et à la répéter mentalement pour vérifier qu’il se souvenait de toute la partition.

Merde, y’a un passage qui ne va pas ! Ichigo reposa son violon, s’assit sur une chaise et chanta les notes pour mieux s’imprégner de la mélodie. Sosuke passa sa tête par le chambranle pour regarder le jeune homme qui commençait à chanter les notes.

Il le voyait s’ébouriffer les cheveux pensivement. Tantôt, il rejetait sa tête en arrière et fermait les yeux dans un mouvement au combien sensuel et Ichigo ne devait pas s’en rendre compte. Le violoniste mimait la partition au violon et sembla s’énerver à un moment…

Sosuke l’entendit jurer et sourit. Il quitta la pièce en refermant la porte doucement. Pas la peine de le perturber.

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En début d’après-midi, les deux artistes avaient rejoint l’orchestre dans la salle de concert. Tout le monde était déjà là. Ils traversèrent les travées de sièges et Ichigo posa son long manteau noir sur un des sièges situés en face de la scène. Il ouvrit son étui, prépara son archet et finit par rejoindre la scène où se trouvait déjà Sosuke.

Ichigo grimpa les quelques marches et salua tous les artistes présents… Un regard bleu intense happa le sien. Ses yeux qui le transperçaient était brûlant.  

« Wouah, quel magnétisme… » songea Ichigo qui eut du mal à cacher ses émotions.

Il avait presque l’impression d’être aspiré par le propriétaire de ces yeux. Il se sentait un peu mal à l’aise soudain. Sosuke se plaça à côté de Grimmjow Jaggerjack et fit les présentations d’usage.

- Ichigo laisse-moi te présenter Grimmjow Jaggerjack. Il nous fera l’honneur de nous accompagner lors des représentations. Grimmjow, je vous présente Ichigo Kurosaki notre premier violon.

- Enchanté, firent les deux hommes.

Grimmjow avait tendu une main franche vers le violoniste. Ichigo la regarda et prudemment glissa la main dans la sienne. Le contact dura à peine quelques secondes qu’Ichigo se sentit brûler de l’intérieur. Il retint un peu sa respiration, mais continua de regarder l’autre et lui rendit son regard. Grimmjow eut un sourire de véritable carnassier… Sosuke qui observait la scène décida d’interrompre cet échange silencieux et plein de tension ?

- En place, s’il vous plaît. Nous n’avons pas beaucoup de temps à perdre.

Ichigo rejoignit sa place et adressa un sourire aux autres violonistes. Ces derniers avaient observé l’échange entre les deux musiciens, tous curieux au vu de la scène digne d’une Diva qu’avait fait Jaggerjack la vieille, en constant que Kurosaki n’était pas là.

Ichigo accorda son violon pour se reconcentrer, lui permettant d’ignorer l’attention des autres membres de l'orchestre qui l’observaient toujours avec beaucoup d’intérêt. Il avait l’habitude de leurs commérages. Quand il fut prêt, il hocha la tête et se tourna vers le chef d’orchestre. Grimmjow quant à lui, s’était placé derrière le piano. Il attendit également les instructions.

Aïzen tapota avec sa baguette et les répétitions commencèrent. Tout le monde en prit pour son grade. Rangiku faisait du violon pour les bals populaires, Rukia n’avait plus qu’à retourner prendre des cours au conservatoire, Orihime devrait prendre des excitants, Shunsui eut droit aux foudres du chef d’orchestres « car il s’attaquait à de pauvres filles sans défense ».

Ichigo exaspéré au possible partit aussi en vrille sur deux notes ce qui lui valut des remarques acerbes de son amant quant à la qualité du travail qu’il avait soi-disant fourni. Il en leva les yeux au plafond. Au fond, il pratiquait Aizen Sosuke depuis plus longtemps que les autres. Il s’était habitué.

Se fut ensuite le tour à Grimmjow… qui n’écoutait pas l’orchestre. Là, grosse prise de tête avec Sosuke. Le pianiste n’avait pas l’intention de subir comme les autres musiciens en silence.

Finalement, tout le monde s’arrêta et contempla les deux hommes qui s’engueulaient maintenant. « Et voilà, pensa Ichigo… ça commence plus tôt que prévu», soupira-t-il intérieurement avec fataliste.

Sosuke réussit à faire rejouer le pianiste malgré tout avec l’orchestre, et Ichigo eut l’idée d’écouter le pianiste tout en suivant les instructions du chef d’orchestre. Bientôt les deux musiciens furent au diapason. Ichigo ne regardait pas plus sa partition, il la connaissait mais se laissait emporter par la mélodie.

Finalement au bout de quelques secondes, il rencontra les yeux noirs de son amant. Il était visible qu’il n’appréciait pas du tout la manière dont il jouait. Sosuke abattit sa baguette sur le pupitre avec énervement. Ichigo soupira et reprit tel qu’Aïzen le désirait. La soirée qui s’annonçait ne risquait pas d’être de tout repos.

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Quand la répétition fut finie ce soir là… Il était déjà presque 20 h. Tous rangeaient leur matériel en râlant car franchement, ils s’étaient tous fait rhabiller durant la séance. Ichigo était en train de faire glisser la fermeture de son étui, quand il sentit une présence derrière lui et il rencontra le regard souriant d’Ukitake. Il se redressa et sourit lui-même à l’homme d’âge mûr qui était une « vraie mère poule » avec les autres musiciens.

- Soit prudent ce soir Kurosaki-san. Il n’a pas du tout l’air d’apprécier le fait que toi et le pianiste puissiez vous entendre à l’unisson comme tout à l’heure, lui chuchota-t-il à l’oreille.

Ukitake connaissait la vraie personnalité du chef d’orchestre. Et pour cause, il avait dû intervenir alors que Sosuke le battait dans les vestiaires à l’abri des regards. Ichigo l’avait supplié d’oublier ce qu’il avait vu et de n’en parler à personne, mais il soupçonnait quelques membres de l’orchestre d’être au courant, ne serait que Koyraku.

Ukitake avait accepté de se taire, pourtant malgré sa stupéfaction, il avait menacé le chef d’orchestre de poursuites auprès des autorités, s’il recommençait. C’était au tout début de leur relation, cet épisode. Depuis, à part la gifle de la dernière fois, Sosûke n’avait plus levé la main sur le jeune homme.

Ichigo le dévisagea surpris et curieux. Voir son ami aussi inquiet… Bien que n’importe qui qui serait passé à côté d’eux n’aurait vu qu’une simple conversation. Qu’est-ce qui rendait Ukitake aussi nerveux ? Il déglutit malgré lui.

Ichigo attrapa son violon et se tourna vers Sosuke qui le regardait intensément. Ukitake passa devant le chef d’orchestre et lui adressa un regard froid dénué de sourire. Le flûtiste était tout juste courtois avec Aïzen. D’ailleurs en y repensant, Ichigo remarqua que Sosuke évitait de s’en prendre à lui… était-ce à cause de ce qu’il avait surpris la première fois entre eux ?

Un avertissement passa dans les yeux pourtant toujours courtois d’Ukitake. Aïzen en prit note… Il reporta son attention sur Ichigo. Son amant semblait troublé. Cela l’exaspéra.

Grimmjow avait observé la scène et se demandait sincèrement ce que pouvaient être tous ces regards emplis de non-dit ! « Eh bien… je sens que je vais aller de surprise en surprise ici… ». Il referma le couvercle du piano et prit ses partitions.

Il avait été très surpris quand le 1er violon l’avait accompagné sur quelques notes, la symbiose avait été parfaite. Il leva son visage vers ce dernier et vit qu’il défiait le chef d’orchestre du regard. « Oh… dispute à l’horizon… si ça continue comme ça, je ne vais pas à avoir à intervenir ! »

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