L’ambiance au souper fut morose entre Ichigo et Sosuke. Seul le cliquetis des couverts coupait le silence de la pièce. Ichigo débarrassa son assiette et mis l’ensemble dans l’évier. Visiblement Sosuke ne voulait pas lui adresser la parole, le jeune homme traversa la cuisine et se dirigea vers le lecteur de CD et brancha les écouteurs. Il se passa le concerto pour piano de Beethoven (version instrument ancien).
S’asseyant confortablement, Ichigo se saisit de sa partition qu’il avait posée plus tôt en prévision de sa répétition. Il l’étudia en faisant abstraction à tout ce qui l’entourait.
Sosuke avait vu le manège du jeune homme qui faisait tout pour ne pas lui adresser la parole. Il ne dit mot et se contenta de l’observer du coin de l’œil. Il se souvint du regard menaçant du flûtiste sur lui. Ukitake avait toujours considéré Ichigo comme son fils… encore un ami de ce foutu Isshin. C’était lui qui l’avait pris sous son aile après que Kurosaki est quitté les cours de Kisuke… Kisuke Urahara… un nom emplie de nostalgie pour lui… « Je me demande pensa t’il… non, il ne vaut mieux pas… sinon, il me tuerai ! ».
Ichigo plonger dans son monde, avait totalement oublié la présence de son amant, jusqu’à ce que ce dernier bouge pour se lever. Ses yeux suivirent la haute silhouette qui quittait la pièce pour rejoindre leur chambre.
Sosuke n’avait pas fait un geste pour le rejoindre… Ichigo se sentait soulagé d’un côté, mais en ressentait aussi de la peine. Certes, il était agacé par les sottes d’humeur d’Aïzen, mais en même temps… pourquoi est-ce que c’était toujours lui qui devait faire l’effort du premier pas ?
La porte de chambre à coucher se referma. Ichigo soupira… « J’espère sincèrement que les choses vont s’arranger. Sa jalousie devient maladive s’il a un soupçon même complètement infondé. »
Le souvenir de la colère qui avait flambé à peine quelques secondes dans son regard lui revint en mémoire. S’ils avaient été seuls juste à ce moment là, Sosuke lui aurait-il fait une scène ?
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Ichigo s’était levé de très bonne heure, comme à son habitude. Il fit son jogging et en rentrant profita de quelques altères. Il prit sa douche et s’habilla rapidement. Ce matin, il avait besoin de faire quelques emplettes. Il fit le déjeuner et partit… Sosuke ne daignait pas se lever. Il haussa les épaules. Ils avaient dormi dans le même lit, mais chacun tourné vers son côté du mur.
Le taxi le déposa pas loin des rues piétonnes commerçantes de la ville. Il traversa les allées bondées et pris plaisir à se mélanger à la foule. Il s’arrêta et vit une vitrine avec quelques fringues qui le tenteraient bien. Il réfléchit quelques instant. Était-ce raisonnable ? Il avait rarement l’occasion de s’habiller de manière aussi décontractée… et puis, Sosuke détestait ça. Il lui reprochait d’être habillé comme un gamin.
- Yo ! fit une voix derrière lui.
Ichigo sursauta car elle était vraiment proche. Les yeux incroyablement bleus du pianiste n’étaient qu’à quelques centimètres des siens. Un sourire carnassier fleurissait sur ses lèvres, d’ailleurs avait-il une autre façon de sourire ce type ?
- ‘lut, répondit Ichigo
- Je t’imaginais mal faire les boutiques, fit l’autre moqueur
- Pourquoi, toi tu as des domestiques qui le font pour toi ?
- Non. Mais tu as l’air… si… je dirai… que tu as l’air de vivre dans un sérail !
- Hhhééé ? ne put s’empêcher de bêler le violoniste.
- Bah quoi ? Ton cher chef d’orchestre n’a pas l’air de trop vouloir qu’on fasse jou-jou avec toi !
- Pardon ? Ichigo se reprit… Je ne vois pas en quoi ma vie privée vient faire dans cette conversation d’une part. Et d’autre part, je suis tout à fait normal ! Je fais les boutiques comme tout le monde. Quel drôle d’idée.
- C’est vrai... Enfin, si on veut !
Ichigo leva un sourcil interrogateur. Grimmjow s’était approché de lui de très, très près. Ichigo était hypnotisé. Les badauds regardait maintenant ce qui ressemblait à un couple gay. Ichigo ne bougeait pas et malgré son trouble, ses yeux lançaient des éclairs. Grimmjow apprécia son caractère.
- Dit-toi bien que ta relation avec ton chef est à son déclin, voir qu’elle se trouve déjà à la fin… Tu vas bientôt démarrer une nouvelle relation amoureuse. Cette déclaration fut suivie d’un bref silence… Bien sur, reprit-il, cette relation se fera avec moi.
Leurs nez se frôlaient. Le souffle de Grimmjow et d’Ichigo se mélangeait. Ichigo était hypnotisé par ses yeux si particuliers. Mais il n’avait pas l’intention d’écouter les fadaises de ce timbré de pianiste. Il approcha son visage de son vis à vis et leur lèvres s’effleuraient. Ichigo ses yeux plantés dans les siens lui rétorqua…
- T’es devin ? Quoiqu’il en soit, dans tes rêves… uniquement !
Il se recula et tourna les talons laissant planté le pianiste dans la rue bondée. Ce dernier lui cria.
- Les rêves deviennent réalité tu sais…
Ichigo se tourna vers lui, ferma un œil, tira la langue et lui fit un geste avec son majeur… et repris son chemin. Il entendit le rire Jaggerjack derrière lui. « Quel con… il pense m’avoir ? Courre toujours ! ». Il convenait quand même que la proximité de Grimmjow l’avait profondément bouleversé, mais pas de la même manière que Sosuke. C’était complètement différent. Quelque part, il eut peur.
Le violoniste ne s’était pas rendu compte que des yeux bruns avaient suivi l’échange. Isshin remonta ses lunettes et eut un petit sourire… Ainsi son fils allait bientôt avoir la possibilité de changer de partenaire ? Il s’en réjouissait d’avance.
Il se moquait éperdument que son fils soit gay, mais c’était la personnalité de Sosuke Aïzen et surtout de son passé qui le perturbait dans cette relation. Il allait observer de loin l’évolution des choses, mais compris aussi qu’il devrait être présent pour ramasser les morceaux.
Isshin observa le jeune homme aux cheveux bleus avait pris une autre direction et décida de le suivre discrètement. Il aimerait en savoir un peu plus… si c’était pour qu’Ichigo tombe sur pire qu’Aïzen, ce n’était pas la peine.
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Ichigo était arrivé parmi les premiers. Il sourit à Ukitake et le gratifia d’un clin d’œil. Ce dernier lui adressa un sourire chaleureux. Grimmjow qui avait observé la scène entre les deux hommes, se demandait bien quel secret pouvait partager les deux musiciens.
Un léger brouhaha flottait dans l’air, chacun saluant, accordant son instrument, racontait une blague etc. Le chef d’orchestre apparu enfin. Le silence se fit et chacun était à sa place. Sosuke n’adressa pas un regard à son premier violon. Ichigo vit dans le coin de son champ de vision Gin Ichimaru. Il tourna un peu la tête et vit ce dernier lui adresser un sourire moqueur…
- Kurosaki Ichigo, si vous n’êtes pas attentif aux répétitions, veuillez quitter la scène, fit la voix froide de son amant.
Ichigo croisa son regard et la foudre passa entre eux… Les autres levèrent les yeux aux ciels… les répétitions vont encore être lourdes aujourd’hui.
Grimmjow quant à lui était vraiment, mais alors vraiment ravis de cette ambiance plombée. Il décida de pourrir l’ambiance un peu plus. Et durant les répétitions multiplia les fautes d’inattentions, ou prenait un malin plaisir à faire exploser Aïzen.
Bref, Sosuke sentait la moutarde lui monter au nez, et tenta de rester calme. Lorsqu’enfin la dernière note retentie, Ukitake vint se placer immédiatement derrière Ichigo et l’encouragea. Il lui posa une main sur le dos en signe rassurant.
Grimmjow a qui le geste n’avait pas échappé se demandait maintenant ce qui se passait entre les deux hommes. Ichigo soupirait. « Il faut que j’aille aux toilettes » pensa Ichigo. Il laissa son violon sur son siège et se dirigea vers les dits toilettes pour se soulager.
Bientôt à côté de lui se trouva Grimmjow. Le violoniste laissa passer un juron…
- Tu vas pas me lâcher ?
- Je devrai ?
Les yeux d’Ichigo glissèrent vers lui. Il remonta son pantalon et partit se laver les mains.
- J’ai l’impression que si je te le disais en plusieurs langues pour que tu l’imprimes, tu es tellement con sur les bords, que tu pigerais rien.
Grimmjow se tenait à côté de lui sans le toucher, leurs regards se croisaient dans la glace. Ichigo eut l’impression qu’une décharge le traversait.
- Premièrement, je ne suis pas con. Je sais simplement ce que je veux… et c’est toi !
- Crétin !
- Peut-être que tu n’aimes que les hommes très vieux après tout. J’ai vu ton manège avec le flûtiste !
Ichigo pensa à Ukitake et eut un doux sourire en voyant son image rassurante.
- Oï… tu ne dois penser qu’à moi comme ça ! râla le pianiste.
Soupir. Ichigo se sécha les mains et compta dans sa tête jusque trois.
- Tu vas me ligoter et m’attacher jusqu’à ce que je te dise « oui » ?
- Bonne idée ! approuva Grimmjow en faisant claquer ses doigts.
- T’es lourd !
L’autre rit doucement…
- En tout cas, ta relation de couple à l’air de battre de l’aile et je suis pas le seul à l’avoir remarqué
- Occupe-toi des tes affaires… d’autant que tu n’étais pas spécialement « brillant » aujourd’hui pour un soliste.
- Veux-tu que je joue pour toi ?
- J’ai Sosuke pour ça…
- Ne me compare pas à lui… moi, je suis meilleur !
Ichigo remontait le couloir avec Grimmjow sur les talons. Ichigo leva la tête et rencontra le visage froid et les yeux noirs du chef d’orchestre. Il essayait de prendre un air indéchiffrable, mais il était difficile de paraître indifférent devant tant de colère contenue.
Ichigo pensa à la dernière fois où il l’avait battu. Certes, il était devenu plus fort et n’était plus un gamin. Mais devant se regard là… il se sentait vraiment mal à l’aise.
- Je t’attendais. Nous pouvons y aller maintenant ?
- Je récupère mon violon et on y va…
Grimmjow les salua et partit de son côté. Il avait fait une petite partie de son chemin, quand il se rendit compte qu’il avait oublié ses partitions. Le pianiste fit demi-tour et sortit les clefs de la salle car les deux autres avaient dû boucler la pièce.
À sa stupeur, il vit que les portes n’étaient pas fermées. Il fronça les sourcils et ouvrit la porte. Grimmjow entendit des gémissements de douleurs. Il arrondit ses yeux de surprises. Il se dirigea rapidement vers le lieux où il entendit les bruits et là, resta stupéfait du spectacle.
Le chef d’orchestre était en train de donner des coups de pieds au jeune homme qui était à terre inanimé. Il bondit sans réfléchir et bouscula violemment l’homme fou furieux.
Ce dernier le regarda avec haine…
- Qu’est ce que tu veux gronda-t-il ? Tu veux te le faire ? il ricana… Tu auras beaucoup de mal, je vais l’achever.
- Pas tant que je serai là ! menaça l’autre.
Grimmjow dégageait une aura meurtrière. Il entendait les faibles gémissements derrière lui et se dit qu’il devait agir très vite. Il se dirigea vers Aïzen et sans lui laisser le temps de réaliser, il lui balança un coup de poing dans l’estomac et lui envoya son poing dans la gueule avec une certaine violence contenu. Le chef d’orchestre était à terre et saignait à la lèvre. Il avait la respiration courte. Il se leva difficilement et cracha.
- Je te le laisse puisque tu le désires tant, mais nous en n’avons pas fini.
Sosuke Aïzen se reculait tout en fixant Grimmjow qui en faisait autant. La haine se lisait dans leur regard. Lorsqu’Aïzen quitta le couloir, Grimmjow se dirigea tout de suite vers Ichigo et le retourna doucement. Il avait l’air d’être amoché. Il sortit son portable et appela une ambulance… Il prit le jeune homme dans ses bras et lui caressait les cheveux et lui murmurait de tenir bon. Les secours allaient arriver !