Ichigo se réveilla péniblement. Il a eu un accident de voiture ou avait-il fait une chute ? Le jeune homme n'en savait rien. Sa mémoire lui jouait un mauvais tour, Ichigo avait l’impression de ne souvenir de rien.
Il ouvrit finalement les yeux. Le mobilier blanc ne laissait planer aucun doute sur le lien où il se trouvait. L'hôpital ? Que faisait-il ici ? Il essayait de se rappeler… mais toujours rien. Sauf un grand trou noir ! Il expira difficilement ce qui provoqua un mouvement sur le côté. Il n'avait pas vu qu'une personne se situait à sa droite. Il tourna la tête vers lui.
"Qui est-ce ?" pensa-t-il… C'était un jeune homme aux cheveux bleus en pétard. Ses yeux avaient la même couleur électrique et il avait du bleu à paupière sous l'œil. Il était habillé de manière soignée malgré son look un peu punk. Pourquoi le regardait-il soulagé ? Il avait du mal à définir exactement les émotions du jeune homme. Quoi qu'à bien y regarder, il avait l'air plus vieux que lui.
- Ichigo tu vas bien ?
« Ichigo ? C'était son prénom ? Ce type à l'air de me connaître. »
- Oï, t'as plus de langue…
- Qui êtes-vous ? demanda le violoniste.
- Hhéé ? Ne me fait pas le coup de l'amnésique !
- Je ne joue pas. Je ne me souviens de rien, mais vraiment rien.
Grimmjow attrapa la sonnette pour appeler le personnel infirmier. Il se pencha vers Ichigo et lui caressa les cheveux gentiment.
- Ne t'inquiète pas, ils vont te retaper !
Ichigo le suivait du regard, mais ne put lui répondre. La porte s'était ouverte brutalement et il vit entrer un homme aux cheveux d'argent et une paire de lunette sur le nez, suivi d'un homme plus grand bien bâti, les yeux bruns et les cheveux noirs en épis. Ce dernier l'interpella.
- Bon sang Ichigo, tu nous as fait peur, content de voir…
Ichigo le coupa net.
- Qui êtes-vous ?
Isshin regarda son fils.
- Pardon ? Mais, Ichigo… je suis ton père.
Ichigo le regarda plus intensément, mais rien dans son esprit ne venait éclairer sa lanterne. Il se sentait désespérément vide. Il se recroquevilla sous la couverture et fronça les sourcils… c'était quoi se sentiment de désespoir qui l’envahissait ?
De plus, il avait la sensation que quelque chose de très important lui échappait. Brutalement, il se sentit pris d'angoisses. La sueur apparut sur son front…
Immédiatement, Ryuken Ishida pris les choses en main. Il demanda à tout le monde de partir et entrepris de calmer le jeune homme en proie à une grande frayeur. Une fois qu'Ichigo se fut calmé… Il lui posa quelques questions, mais la réponse était toujours la même…
- Je ne sais pas… je ne sais plus.
Ryuken voyait le désarroi croissant du violoniste et décida de le laisser tranquille. De toute façon, ce n'est pas en le stressant qu'il aura des informations complémentaires.
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À l'extérieur, Grimmjow et Isshin discutaient. Ce dernier demanda au jeune homme ce qui s'était passé avant leur arrivé. Celui-ci relata en quelques mots les événements.
Cela faisait deux jours qu'Ichigo était inconscient. Il avait eu une belle blessure aux crânes et Ruyken avait même craint pour le jeune homme une amnésie… et cela s'est malheureusement révélé exact. Ichigo avait également d’autres blessures, mais elles étaient moins graves.
Ses doigts un peu abîmé d'avoir donné des coups pour se défendre apparemment. Tous prenaient le relais auprès du jeune homme. Personne n'avait voulu le laisser seul.
Isshin avait porté plainte contre le chef d'orchestre et Ukitake avait relaté "l'incident" qui remontait à trois ans environ, où il avait vu Aïzen porter des coups sur Ichigo. Grimmjow avait apporté son témoignage.
Dans toute cette action, Aïzen Sosuke avait été suspendu de ses fonctions officieusement pour coup et blessures et mise en danger sur la vie d'autrui et officiellement, pour cause de gros soucis de santé il souhaitait laisser le relais de l'orchestre à un autre chef d'orchestre.
Il fut vite trouvé en la personne de Byakuya Kuchiki… Ce dernier n'avait strictement rien à envier à Aïzen au niveau de la virtuosité. C'était d'autant plus un homme solide, même s'il paraissait un peu pédant au premier abord.
Grimmjow avait insisté pour être aussi au chevet du malade et Isshin qui regardait le jeune homme qui restait silencieux depuis plusieurs minutes lui posa la question.
- Grimmjow… tu ne connais pas mon fils depuis longtemps, n'est ce pas ?
- Non, répondit l'interpellé.
- Pourquoi fais-tu cela pour lui ?
- Croyiez-vous au coup de foudre ? demanda le pianiste.
- Oui, sourit Isshin. C'est ce qui s'était produit pour ma femme et moi.
- Eh bien, c'est ce que j'ai ressenti pour votre fils quand je l'ai vu la première fois… il y a deux mois.
- Il ne m'en a parlé
- Oh, lui ne m'a pas vu. J'ai été le voir à un concert… en fait, je savais que je devais jouer avec cet orchestre et avant de repartir pour les États-Unis, j'ai vu que l’orchestre devait se produire. Donc, j'ai assisté à la dernière représentation… Dès que je l'ai vu entrer sur scène et surtout quand j'ai entendu le son de son violon et la façon dont il jouait… dit il les yeux pleins d'étoiles, je me suis dit qu'il ne pouvait être à personne d'autre qu'à moi.
- Eh bien… plutôt radical comme réaction
- Je suis possessif, j'y peux rien…
- On voit où mène la possession, répondit Isshin amère
- Je n'ai jamais de ma vie, frappé un de mes petits amis. J'ai un mauvais caractère soit… je râle et je ne suis pas facile à vivre, j'en ai conscience… mais jamais je n'ai touché un seul cheveu d'un de mes amants. Si j'aime c'est pour vivre une histoire heureuse pas pour broyer l'autre. Pour ça, y'a les bars ! dit-il avec son sourire carnassier.
- Tu aimes te "défouler"…
- Je n'étais pas ce qu'on appelle un "gentil" garçon. Et encore maintenant, je ne le suis pas. Je n'ai pas à me justifier…
- Tu comprendras que je veuille préserver mon fils. Je n'ai pas vu ce qui se passait parce ce que je voulais qu'il soit autonome et vivre sa vie. Mais je n'ai pas envie qu'il meure parce ce qu'un de ces amants veut lui faire la peau pour cause de jalousie ou possessivité maladive et incontrôlée.
Grimmjow ne dit rien. La porte de la chambre d'Ichigo s'était ré-ouverte et Ishida passa la porte.
- Alors ? demanda Isshin
- Amnésie totale. Il ne se souvient plus de rien et maintenant, il est en proie à une certaine angoisse. Je lui ai prescrit un sédatif pour le faire dormir. Je pense qu'il a besoin de beaucoup de repos. Ça peut se remettre très vite, comme prendre beaucoup de temps. Mais il est clair que le violon ce ne sera pas pour tout de suite.
- Ses autres blessures ?
- Normalement tout devrait rentrer dans l'ordre rapidement. Il est en bonne santé physique, il n'y aura pas de problème de ce côté là. Bon, je te laisse… si j'ai du nouveau je t'en parle.
- Ok… merci Ryuken
- À charge de revanche…
Isshin entra dans la chambre, à la dernière seconde il se tourna et fit à Grimmjow de le suivre. Ce dernier lui emboîta le pas immédiatement. Trop heureux que Kurosaki lui ait proposé. Les deux hommes s'approchèrent du lit. Le violoniste dormait. Son sommeil semblait agité et Isshin posa la main sur son front et ébouriffa les cheveux de son fils, comme ce dernier aimait souvent le faire. Cela l'apaisa et il sombra définitivement.
- Votre épouse ne vient pas ?
Isshin fut surpris par la question et regarda le jeune homme aux yeux bleus…
- Ma femme est morte quand Ichigo avait une dizaine d'année. Elle s'est fait renverser par un camion. Il a eu beaucoup de mal à s'en remettre. D’ailleurs, je suis sur qu'il y pense encore.
Voyant l'air étonné de son interlocuteur
- Ma femme et Ichigo traversaient la route mais un camion a grillé le feu. Mazaki a juste eu le temps de le pousser hors des clous. Elle est morte écrasée et Ichigo… et bien, il a vu tout l'accident. Depuis, il n'a jamais pu en parler. Mais je l'ai souvent entendu pleurer. Il ne sait jamais plein ou encore pleurer devant moi… Et c'est ça que je trouve dommage. Il garde tout pour lui…
Grimmjow regardait le jeune homme endormi et se dit qu'il avait vécu des trucs durs dans sa vie, mais jamais de ce type là. Il le plaignait sincèrement et se demandait comment il avait réussi à surmonter tout cela.
Grimmjow savait inconsciemment que le jeune homme qui se trouvait devant lui, ne serait pas homme à se plaindre de lui-même. Il avait vu à plusieurs reprises la flamme qui brûlait dans son regard… Cette flamme qui le fascinait tel un papillon par la lueur d’une bougie. Que lui avait-il fait ?
Le pianiste ne savait plus. Il quitta la pièce après un dernier regard et partit se replonger dans la vie trépidante qu’était la sienne en ce moment.