Drown me in you (11 à 24)

Chapitre 11

 

Comment en était-il arrivé là ? Ichigo releva la tête de ses cartons et trouva coincé dans l’entrée Ikkaku, Renji et Chad qui voulait passer en même temps.

« Dégage gros tas ! S’énerva Ikkaku à l’intention de Chad.

—   Si tu prenais moins de caisses on pourrait passer Madarame. Grogna Renji.

—   T’as toujours quelque chose à dire…

—   … J’étais là le premier… » Répondit tranquillement Chad qui disait vrai.

 Le trio commençait doucement à s’échauffer et Ichigo voyait ses précieux livres ballotés dans tous les sens. Un sérieux mal de crâne commença à le gagner et la colère montant lentement mais, sûrement ses veines. Pourtant, tout le monde fut calmé par la voix sèche de Jiruga qui sortit de la cuisine brutalement.

 « Vos gueules ! On vous entend jusqu’en bas de la rue universitaire ! C’est un déménagement pas un champ de foire ! Et faite gaffe aux livres d’Ichi !

—   C’n’est pas un petit ami que t’as Ichigo, c’est un garde du corps. » Ironisa Renji.

—   La ferme et fait gaffe à mes livres…. Si j’avais su, je ne vous aurai pas écouté et nous nous serions débrouiller tous seuls Jiruga et moi…

—   T’entends Renji… On s’fait jeter comme des vieilles chaussettes et tout ça pour un jeune morveux tout juste sortit des langes… »

 Le « morveux sortit des langes » se posta furieux devant le duo « comique » qui fut malgré lui impressionné par la carrure hors norme de l’étudiant.

 « Soit vous filez un réel coup de main ou bien, je m’en charge tout seul ! Mais, si c’est pour nous ralentir, je sens que je vais sérieusement m’énerver…

—   Ichi… se plaignit Ikkaku… ton morveux veut nous mordre.

—   S’il ne commence pas d’ici deux minutes, c’est moi qui vais débuté le festin ! » Menaça sérieusement Ichigo. « Je vous rappelle que nous n’avons qu’une journée pour tout débarrasser. Et mon père va arriver d’une minute à l’autre avec une camionnette qu’il a louée pour « quelques heures ». Alors autant qu’on remplisse déjà celle du groupe !

—   Ok… râle pas ! Grogna Renji. On y va…

—   Peut même plus s’amuser… » Siffla Ikkaku.

 Les deux hommes quittèrent l’appartement pour être remplacer par Chad qui avait déjà fait un voyage. Le mexicain demanda sereinement

« Je continue avec tes livres ?

—   Hai… mon père se charge des meubles…

—   Tu vas tout déballer chez tes parents ? S’enquit le mexicain en soulevant plusieurs cartons sans broncher.

—   Non… c’est temporaire. Jiruga et moi allons emménager dans un appartement pas très loin d’ici. Jiruga ne sera pas trop fatigué par les allers-retours entre la fac et son boulot. Mais le nouvel appart. est encore habité jusqu’à la fin du mois, on doit attendre un peu avant de déménager.

 Chad se tourna vers Nnoitra interrogateur

 « Ton apparteme…

—   Il est trop petit… » Soupira l’étudiant silencieux jusqu’à présent. « Ichi va habiter dans mon studio mais, il ne met pas possible de caser ses meubles.

—   C’est une façon de tout recommencer tout à zéro Ichigo… » Se moqua Renji. « Comme à tes vingt ans… finalement ! »

 Nnoitra se tourna vers le commerçant nettement menaçant. Ikkaku poussa Renji à la porte en le houspillant. Chad revint rapidement.

 « Ichi… ton père vient d’arriver. Va le voir avant que les deux autres se l’accaparent… »

 Chad ramassa les cartons qu’Ichigo venait de fermer et quitta la pièce. Le roux leva les yeux vers Nnoitra. Il n’avait pas eu le temps de présenter Jiruga à sa famille. En fait, il avait mis dehors de son appartement en moins d’une semaine et l’emploi du temps de Nnoitra et le sien et encore moins celui de son père n’avait permis de pouvoir expliquer les choses.

 « Ça ira… »

 Ichigo s’était avancé et avait posé une main sur l’avant-bras de Nnoitra. Ce dernier s’était raidit. Même s’il savait qu’Isshin n’était pas Matsuta, le dernier entretien avec son père était encore cuisant à ses oreilles.

 « Espérons-le ! »

 Inconsciemment, Jiruga se renfrogna. Il fixait le dos de son amant qui quittait l’appartement pour rejoindre son géniteur. S’il ne l’acceptait pas ? Ichigo lui avait certifié qu’Isshin ne ferait pas d’histoires… mais, il avait un peu de mal à le croire. Il avait été tellement heureux lorsqu’Ichigo avait répondu favorablement à sa proposition. Même s’ils devaient attendre un peu… Il lui tardait réellement d’ailleurs. Ils n’avaient fait l’amour qu’une seule fois. Ils avaient depuis échangé uniquement quelques baisers et caresses, presque comme s’ils vivaient leur premier flirt.  

°°0o0°°

 Ichigo dévala les marches et lança à ses amis.

 Laissez-nous cinq minutes…

 Isshin qui rejoignait Ichigo observa son fils interrogateur. Le roux se rembrunit. Il ne pensait pas présenter Jiruga de cette manière là mais comme, il n’avait pas vraiment le choix.

 « Papa… je voudrai te présenter…

—   L’homme par qui tes nouveaux problèmes arrivent ? Tu les collectionnes, fils ! » Déclara Isshin. 

 Ichigo fronça un peu plus les sourcils. Sa tension monta quelque peu mais, il rétorqua presque sereinement.

 « Papa ne commence pas ! Nnoitra est nerveux et il est…

—   Plus jeune que toi… oui, je le sais… tu m’en as vaguement parlé. Bon comme on n’a pas toute la journée. Allons rencontrer ton nouveau compagnon. Tout ce que j’espère pour toi, c’est qu’il t’apportera autre chose que des problèmes.

—   Ce n’est pas sa faute ! Protesta Ichigo.

—   Tu en ais sûr ? C’est quand même à cause de sa famille que tu as perdu ton boulot, ton appartement et… »

 Isshin s’arrêta sur le seuil du salon. Il resta bouche ouverte. Se tenait devant lui un jeune homme presque sortit de l’adolescence, d’une taille… et son regard, le glaça. Dans quoi Ichigo s’était encore fourré ? Devait-il intervenir dans la vie de son fils ? Quand en aurait-il assez d’être malheureux ? Isshin ne sut quoi dire.

 « Papa… je te présente Nnoitra Jiruga. C’est mon nouveau petit ami…

—   Petit ami ? » Répéta Isshin toujours stupéfait.

 Jiruga déglutit et tourna son regard vers Ichigo déconcerté par la surprise d’Isshin. Voyant la lueur chaleureuse dans les regards ambre, Nnoitra prit sur lui et se dirigea vers le médecin avec assurance. Isshin n’était pas comme il s’y attendait. Il était plus grand que son fils et plus large. Son regard franc et honnête était aussi très différent de son propre père. Il voyait de la surprise, un peu de méfiance et comme un avertissement mais, il ne percevait aucune animosité prononcée dans l’attitude d’Isshin.

 « Bonjour Monsieur Kurosaki… Je suis heureux de vous rencontrer. »

 Il tendit une main vers le père d’Ichigo qui était de plus en plus surpris. Se serrer la main ? Quand il glissa sa main dans celle de l’étudiant, la pression entre eux se fit de plus en plus forte, au point que leurs jointures devinrent blanches.

 « Mais, ne vous opposez pas à notre relation…. Je n’ai pas envoyé balader mon père pour que vous vous opposiez à nous !

—   vous cela ? Et c’est censé m’impressionner ? » Demanda Isshin en souriant.

 Là, ce jeune écervelé allait trop loin ! Il devait sortir Ichigo de cette nouvelle galère et rapidement. Nnoitra voulait faire bonne impression mais, ne pas abdiquer ! Une main se posa sur la poignée de plus en plus tendue qui était échangée.

 « Ça suffit ! » Siffla Ichigo entre ses dents. « Nous sommes ici pour déménager et pas pour régler des comptes !

—   C’est lui qui a commencé ! » Protesta vigoureusement Isshin en prenant un air de chien battu.

—   J’ai vu dans votre regard que vous ne m’acceptiez pas ! Se rebiffa Nnoitra.

—   Parce que le langage silencieux ça compte maintenant ? Bouda le médecin.

—   Papa arrête ton cinéma…

—   Toujours égal à vous-même Kurosaki-san ! Plaisanta Ikkaku.

—   On était venu voir, s’il y avait des morts… » Expliqua Renji en mâchouillant son chewing-gum.

—   Hum… j’ai terminé pour les livres. Je peux aller directement chez vous Kurosaki-san ? » Interrogea Chad n’ayant pas envie de participer aux pitreries d’Isshin.

—   Mazaki vous attend !

—    pars devant alors…

—   Attends-moi… lâcheur ! Protesta Ikkaku.

—   Bon, c’n’est pas tout ça… mais, on enlève les meubles ! »

 Renji joignit le geste à la parole et embarqua une partie de la bibliothèque d’Ichigo.

 « Votre camionnette est toujours ouverte ? Demanda le commerçant.

—   Tu peux y aller Renji… tout est ouvert ! »

 Nnoitra embarqua l’autre partie avec une facilité déconcertante. Ichigo haussa un sourcil et grimaça. Le soir même, Nnoitra allait souffrir sans aucun doute.

« Tu es sûr de vouloir vivre avec ce gamin ? Interrogea Isshin nerveux.

—   Oui ! Et ne te mêle pas de cette liaison.

—   C’est nous qui récoltons les pots cassés Ichigo. Regarde… Tu vas sur tes quarante ans et… tu redémarre de zéro !

—   Je n’ai pas encore quarante ans alors, n’exagère pas ! J’aime Jiruga que tu le veuilles ou pas…

—   Je n’ai pas confiance…

—   Tu avais confiance en Grimmjow…

—   Et regarde où ça t’as mené !

—   Et si c’était ton instinct qui te trompait ? Je te demande seulement de me faire confiance.

 Ichigo s’était exprimé d’une voix lasse. Il se détourna d’Isshin et se dirigea vers la cuisine. Il attrapa la table démontée et Isshin l’intercepta

 « Je m’occupe de la cuisine, attelle-toi à ta chambre… Y’a peut-être des trucs que je ne devrai pas voir à mon âge... »

 Ichigo leva les yeux au ciel et soupira lorsqu’Isshin fut hors de vue. Mais, ne s’attarda pas plus que cela. Il utiliserait au mieux le temps qu’ils avaient pour tout emballer. Ichigo s’occupa de la chambre, Nnoitra de la salle et Isshin de la cuisine. Finalement, tout fut emballé en moins de trois heures.

Ichigo inspectait les lieux une dernière fois, le cœur lourd. Son premier appartement qu’il occupait seul. Il n’allait pas se plaindre, quelque part, il vivrait avec Jiruga de manière permanente. Un frisson le traversa. Et si tout se terminait comme avec Grimmjow ? De toute façon, il ne pouvait plus faire marche arrière. Il avait répondu presque spontanément à Nnoitra et ce dernier était tellement fou de joie à l’idée qu’ils puissent vivre ensemble, qu’il se voyait mal revenir sur ses paroles.

Deux bras enlacèrent ses épaules et un menton se posa sur son crâne. Nnoitra n’était pas comme Grimmjow. Ils étaient différents mais, lui en tant qu’individu devait changer s’il ne voulait pas tomber dans le même piège qui avait tué sa relation avec Grimmjow. Ichigo en avait bien conscience.

 « Des regrets ? Tu es… en colère après moi ?

—   Pardon ? »

Ichigo se tourna vers Nnoitra et le fixa avec incompréhension. Que se passait-il dans la tête de son jeune amant ?

 « Absolument pas ! Où as-tu pêché ça ?

—   C’est mon père…

—   Je pourrai en vouloir au mien de m’avoir engendré ! Ne raconte pas n’importe quoi… » Marmonna Ichigo. « Même si c’est difficile pour l’instant, je suis sûr que tout finira par s’arranger. »

 Nnoitra le fixait songeur et finit par avoir un demi-sourire. Ses doigts effleurèrent la joue d’Ichigo. Au même moment la voix d’Urahara se fit entendre.

 « Oi les jeunes… ne faites rien qui puissent nous choquer ! J’ai apporté des rafraichissements…

—   Nous sommes bientôt en hivers Kisuke ! Rétorqua Isshin.

—   Ne chipote pas ! »

 Les deux hommes entrèrent et observèrent le couple qui les regardait exaspéré. Isshin remonta le col de son pull et accepta le café fumant que lui proposait Urahara. Ichigo rejoignit le blond qui lui tendait aussi une boisson. Urahara se tourna vers Nnoitra et déclara moqueur

 « Je ne vais pas te manger Nnoitra-kun… »

 Jiruga observait Kisuke ne sachant pas très bien ce que venait faire ici de manière si désinvolte, celui qui avait jeté dehors son petit ami. Pourquoi la famille Kurosaki était aussi amicale vis-à-vis de ce type ? Ichigo compris ce qui traversait l’esprit du jeune homme

 « Qui que ce soit d’autre aurait dû se plier… Jiruga. Alors n’en veut pas à Urahara-san qui est un ami de la famille. 

—   Vient prendre un café… désolé, je n’ai pas pensé à l’alcool mais, je ne suis pas sûr qu’Ichigo ait approuvé ma démarche. »

 Nnoitra observa le groupe d’hommes qui le fixait plutôt souriant et s’approcha pour prendre la tasse qu’on lui avançait. La conversation roula sur le renvoie rapide d’Ichigo, sur Nnoitra-san et la relation conflictuelle qu’il entretenait maintenant avec son fils. Isshin ne put s’empêcher de remarquer

 « Cela ne te perturbe pas trop d’avoir coupé les ponts avec ta famille ?

—   J’ai été élevé par les domestiques de mes parents. J’ai appris à me débrouiller seul. La seule raison pour laquelle il s’est souvenu de moi, c’est pour me marier avec une fille que je déteste tout cela pour asseoir sa position et son pouvoir dans son domaine d’activité. Il a fait la même chose à ma sœur… et cette andouille à accepter !

—   Peut-être est-elle amoureuse de son prétendant ? Suggéra Ichigo.

—   Peut-être… avec elle… »

Nnoitra haussa les épaules. Un homme apparut à la porte coupant toutes discussions.

 « Kurosaki-san ?

—   Hai ! » Répondirent Isshin et Ichigo.

 L’homme aux cheveux bleus fit glisser son regard jaune alternativement entre le père et le fils.

 « Je veux parler à Kurosaki Ichigo qui habitait cet appartement.

—   C’est moi-même…

—   Je me présente, bien que se soit inutile, puisqu’une vermine comme vous va quitter notre campus… Je m’appelle Kurotsushi Mayuri et je suis…

—   Mais, lâchez-moi ! » Hurla Nnoitra qui avait été rattrapé de justesse par Isshin. « Je n’le laisserai pas insulter Ichigo comme il le fait…

—   Calme-toi Jiruga ». Chuchota d’une voix apaisante le roux.

—   Jeune homme laissez ce spécimen…

—   Kurotsushi Mayuri dites-vous ? Je n’ai pas l’honneur de vous connaitre… » Déclara Urahara d’une voix songeuse.

—   Et vous êtes ? » Demanda l’homme méprisant.

—   Urahara Kisuke… excusez-mon manque de savoir vivre. Je suis le Doyen de cette université… » Fit-il avec un grand sourire… narquois.

—    Doyen ? Tss… Nnoitra-san m’avait prévenu mais, j’avoue qu’il était en dessous de la vérité. Vous ne méritez vraiment pas votre poste !

—   Oh vraiment ? Ironisa Urahara. Je peux savoir en quelle qualité exercez-vous sur « mon » campus ?

—   Votre campus ? Plus pour très longtemps. J’ai été nommé comme vice-doyen sous…

—   Les ordres de Nnoitra-san, je l’ai bien compris. Et en tant que fidèle employé, vous vous assurez que les lieux soit… rendu dans les normes ? 

—   Vous pouvez vous amusez… Urahara-san… »

 Kurotsushi se plaça devant le blond, menaçant

« Mais, vous n’en avez plus pour très longtemps sur ce campus…

—   Une menace ? Nnoitra-san ne lésine pas sur les moyens…

—   Ironisez autant que vous le voulez… Je n’ai pas vos états d’âmes ! »

Délaissant le doyen, Kurotsushi s’était tourné à nouveau vers Kurosaki et il s’aperçut qu’il ne restait plus que l’ancien bibliothécaire dans la pièce, Urahara et lui.

« Ce déplaisant jeune homme a disparu… tant mieux !

—   Ce déplaisant jeune homme n’est autre que le fils de votre patron. Rétorqua froidement Ichigo.

—   Vraiment ? C’est sans importance…

—   Sans importance ? S’étonna Ichigo.

—   Son père ne  lui en accorde pas, pourquoi devrai-je faire exception… Je suis venu vérifier moi-même l’état des locaux. J’ai fait déjà le nécessaire auprès de la bibliothèque. Pour le vol ! » Mayuri précisa en voyant l’air interrogateur de son interlocuteur.

—   Vol ? Moi ? »

 Ichigo était stupéfait

 « Rien ne vous sera pardonné et la moindre brèche sera exploitée par Nnoitra-san. Vous vous êtes mis un puissant ennemi à dos… Kurosaki-san.

—   Je n’ai rien à me reprocher ! Objecta Ichigo dangereusement calme.

—   Nous avons tous quelque chose à nous reprocher… Sinon, vous ne vous seriez pas mis à dos un homme pareil…

—   Je pense que Nnoitra-san aime se créer seul ses problèmes. Il n’a pas l’air d’avoir de motif pour se créer des ennemis… »

 Kurotsushi ne l’écoutait plus et inspectait les lieux qui étaient très propres. Urahara soupira et rejoignit Ichigo.

 « Vous auriez dû réfléchir un peu plus… pour votre relation avec Nnoitra-kun… »

 Le regard ambre glissa vers son interlocuteur. Il avait un mal fou à se contrôler. La douleur, l’humiliation, la colère et la frustration se bataillaient son cœur. Ses poings se serraient convulsivement.

 « Pourquoi n’aurai-je pas le droit d’aimer qui je le souhaite ?

—    ne vous l’interdit mais, Nnoitra-kun ne s’est pas aperçut que lui n’avait pas le choix. Il vous a entrainé dans une vie bien périlleuse… J’espère sincèrement que votre relation pourra tenir, face à toutes les embuches qui vont vous être tendu prochainement. »

 Aucune réponse ne parvint au Doyen. Ichigo s’était éloigné pour suivre Kurotsushi qui lui tendit les papiers sur lesquels aucunes mauvaises observations n’étaient signifiées. Quand Ichigo traversa à nouveau l’appartement, il était seul. Il ne resta pas sur les lieux… rien ne servait de ressasser ses souvenirs. C’était un peu comme un leitmotiv ses derniers temps pour lui.

°°0o0°°

Des éclats de voix joyeuses se faisaient entendre dans la réserve de la clinique. Mazaki vint rejoindre les amis d’Ichigo et les observa avec un regard bienveillant. Elle leur était reconnaissante de prendre soin de son fils, même après une si longue interruption dans leurs relations. Et elle était rassurée de les savoir près d’Ichigo.

 Ses pensées se dirigèrent vers le nouveau compagnon de son fils. Tout ce qu’elle lui demandait malgré les ennuis qui s’abattaient sur eux, s’est qu’il aime Ichigo. Elle avait appris par la bouche de son fils qu’il était plus jeune… Mais, pour elle tout ce qui importait c’est qu’il soit différent de Grimmjow. Qu’il ne l’empêche pas de voir Ichigo et d’avoir des relations familiales normales. Elle avait déjà perdu un de ses fils… d’avoir perdu Ichigo aussi pendant quelques années, l’avait énormément blessée… le revoir après tout ce temps, de le savoir heureux, c’était tout ce qui importait !

 « Kurosaki-san… vous vous sentez bien ? »

 Mazaki se repris, en adressant un sourire rassurant à Chad. Elle se réprimanda pour avoir laissé filtrer son trouble.

 « Oui… je te remercie Chad…

—   Vous s’êtes inquiète pour votre fils ? » Interrogea Ikkaku. « Il est grand vous savez…

—   Je le sais… Ikkaku-san. Sourit Mazaki.

—   Vous avez peur que Nnoitra-kun soit comme Grimmjow ? Suggéra Renji. « Si ça peut vous rassurer… Il n’est pas comme lui… Enfin, je n’pense pas. Mais, il est quand même spécial.

—   Spécial ? » Demanda Mazaki qui ne voyait pas en quoi quelqu’un pouvait être spécial.

—   Vous aurez la surprise en le voyant ! » Répondit le commerçant.

 Chad frappa Renji sur le sommet du crâne gentiment.

 « Quoi ?

—   Nnoitra-kun est sincère…

—   C’est tout ce qui compte. » Termina Mazaki.

 Le groupe qui avait maintenant finit de débarrasser, la camionnette quand Isshin, Urahara, Ichigo et Nnoitra rejoignirent la clinique. Mazaki s’avança avec le sourire vers le groupe qui sortait d’un camion pour le premier duo et d’une voiture pour le deuxième. Mazaki observa le jeune homme qui se redressait. Elle s’avança vers Nnoitra et lui tendit ses deux mains et sourit

 « Soyez le bienvenu parmi nous Nnoitra-kun… »

 Nnoitra eut un coup au cœur en rencontrant le regard très chaleureux de la mère d’Ichigo. Elle arborait un sourire bienveillant. Il n’était pas feint et cela le bouleversa. Jamais sa propre mère ou qui que ce soit dans son entourage n’avait eut cette attitude envers lui… sauf Ichigo. Il s’avança et serra les mains de Mazaki avec la même chaleur et prenant soin cette fois-ci, de ne pas écraser les doigts de son interlocutrice.

 Isshin qui était près à bondir, se rasséréna en voyant l’attitude amicale du jeune homme. Il croisa le regard moqueur de Kisuke.

 « Quoi ? Interrogea le médecin de mauvaise grâce.

—   Rien, rien… Isshin. Je trouve que tu te fais vieux…

—   La ferme ! Et on a le même âge pour rappel !

—   Mais oui, mais oui… » Ironisa Kisuke en tapotant amicalement l’épaule d’Isshin.

 Ichigo avait vu le mouvement de rétractation d’Isshin et eut un petit sourire. Il voyait dans le regard de Mazaki qu’elle avait accepté son compagnon. Le roux avait été un peu anxieux, même s’il savait que sa mère accepterait Nnoitra. Il n’avait pas vu dans son regard la surprise, intercepté par contre dans celui de son père. Comme si l’apparence de Jiruga était celle d’un homme banal.

 « Et si nous rentrions ? Suggéra Mazaki.

—   Nous allons décharger le camion d’abord… Répondit Isshin. Nous allons utiliser les forces de ses jeunes gens ! » Termina Isshin en désignant Renji, Chad, Madarame qui les avaient rejoint. Puis, Ichigo et Jiruga.

—   Oui… comme ça on pourra faire la fête ! S’exclama Madarame.

—   La fête ? S’étonna Mazaki cette fois-ci 

—   Bien sûr ! S’enflamma Isshin.

—   Isshin… qui est le plus gamin de tous ici, je ne suis pas sûre que cela soit ceux que l’on croit !

—   Tu veux dire quoi par là ? »

 Mazaki eut un petit sourire énigmatique et Isshin lui emboita le pas soucieux.

 « Qu’est ce que tu voulais dire par là Mazaki ? Geignit Isshin.

—   Je n’ai pas le temps Isshin. J’ai une fête à préparer.

—   Isshin ! » Appela Urahara. « Je crois que nous nous avons un camion à décharger. Ne fuis pas devant le travail !

—   Je ne fuis pas ! » S’enflamma Isshin à nouveau.

—   Mais oui… Laisse ta chère femme tranquille et vient nous rejoindre… »

Isshin se plaignit du manque de coopération de son ami et le rejoignit de mauvaise grâce. Chad avait déjà ouvert la porte arrière du camion et grimpait dans le véhicule prêt à tout décharger. Renji monta lui aussi et tendit le premier meuble à Nnoitra qui le souleva avec plus de facilité que le commerçant qui pesta intérieurement. Nnoitra devait être plus fort que Grimmjow. Il était terrifiant ce gamin, lui avait du réprimer une grimace pour soulever le meuble…

 « Oi Renji ! L’interpella Ichigo. On n’a pas la journée !

—   Pardon ! »

 Abarai se tourna vers un autre meuble. Il poussa une commode sur le bord du camion. Isshin et Ichigo soulevèrent le meuble dans un même mouvement. Le camion fut vide très rapidement.

°°0°0°°

 L’ambiance était plutôt bonne au sein de la clinique Kurosaki. Le bruit que faisaient les convives s’entendaient jusque sur le trottoir. Renjji chantait à tue tête, accompagné par un Ikkaku particulièrement en forme qui jouait du djambé en ce servant de la table. Ichigo tentait de réduire leurs ardeurs mais, Isshin était chaud bouillant pour continuer la soirée sur le même rythme.

 « Papa cesse immédiatement ! Tu es ridicule…

—   Pas question ! Ça fait longtemps que nous ne nous étions pas amusés ainsi tous ensemble !

—   Tu as presque retrouvé une seconde jeunesse…. Isshin. Lança Kisuke.

—   Nous allons rentrer… » Marmonna Ichigo à l’intention de Nnoitra qui finissait sa bière.

—   Pourquoi ? Protesta l’étudiant callé confortablement sur sa chaise.

—   Ah tu vois ! » Fit comme un cri de victoire Isshin. « Nnoitra-kun a le sens de la fête au moins…

 Ichigo secoua la tête. Nnoitra était certes de bonne humeur mais, il n’avait certainement pas le même sens de la fête que les autres pochetrons assis, ou debout autour de la table.

« La prochaine fois, on organisera un pique-nique avec tout le monde… femmes, enfants, petites amies et petits amis… Avertis Isshin.

—   Mais oui mon chéri… En attendant, vu la route qu’Ichigo et Nnoitra-kun ont à faire, je trouve judicieux que nous les laissions tranquille.

—   Il est sympathique ce jeune homme… » Marmonna Isshin.

 Ichigo observa son père désolé et se leva. Il embrassa sa mère et soupira

 « Tu as beaucoup de courage maman…

—   Non… j’ai beaucoup de chance Ichigo… Passez une bonne soirée, et si vous avez encore besoin de nous, n’hésitez pas à nous appeler. Nous serons là pour vous soutenir…

—   …

—   J’ai su par ton père et par Kisuke que Nnoitra-san était quelqu’un de puissant et surtout de très obstiné. Sachez au moins que vous avez le soutient de la famille Kurosaki. Nous n’avons pas l’influence de la famille Nnoitra mais, vous n’êtes pas seuls les enfants… »

Nnoitra qui se tenait derrière Ichigo ne répondit rien. Il était touché malgré lui… et honteux pour sa propre famille. Cette femme l’avait acceptée avec chaleur dans sa famille et ne lui avait rien reproché. Même le père excentrique d’Ichigo malgré leur poignée de main virile, l’avait ensuite entretenu le temps qu’Ichigo discute avec Kurotsushi à l’étage. Cet homme acceptait la relation qu’il entretiendrait avec son fils… il les soutenait mais, il serait impitoyable, s’il trahissait la confiance qu’il plaçait en lui. Nnoitra avait compris qu’il avait affaire à un type très sérieux et surtout très fort. Même peut-être plus fort que lui, ou certainement plus fort que lui.

 Ils quittèrent les lieux toujours aussi bruyants grâce au groupe qui ne semblait pas très pressé de partir de chez les Kurosaki. Une fois la voiture engagée dans la circulation fluide de fin de soirée, Nnoitra remarqua

 « Ils ont l’air de bien s’entendre…

—   Se sont mes amis d’enfance… Ils venaient souvent à la maison avec… Grimmjow. »

Un petit silence accueillis la dernière déclaration. Nnoitra même s’il n’avait pas été exclus de la petite fête, n’avait pas les rapports plus qu’amicaux qu’entretenait le reste du groupe. C’était comme un fossé et le rappel de Jaggerjack à sa mémoire, lui faisait comprendre tout le chemin qu’il lui resterait à faire pour conquérir l’homme dont il avait brisé involontairement la carrière. Jiruga se sentait mal. Comme une pièce rapportée non désirée. Il voulait faire partir de ce clan là. Il s’y sentait bien…

 « Quelque chose t’as blessé… Jiruga ? »

 L’étudiant tourna son visage vers son amant qui paraissait fatigué.

 « Non… je voudrai seulement faire partie de ta vie…

—   Tu en fais déjà partie ! » Protesta Ichigo avec un sourire.

—   Non… je veux dire ce soir… vous sembliez tous… si uni. Je voudrai que vous me considériez de la même manière…

—   C’est déjà le cas Jiruga…

—   Pas comme Jaggerjack Grimmjow… S’il avait été là… vous… enfin…

—   Laisse-nous un peu de temps pour construire notre propre relation Jiruga. Nous venons à peine de la débuter et je ne te mets pas en compétition avec lui. Je l’ai aimé… mais, c’est toi que j’aime à présent…

—   Je suis impatient de rentrer à la maison… » Marmonna le conducteur qui se concentra un peu plus sur la circulation.

 Une demi-heure plus tard, Nnoitra ouvrit la porte de son studio et laissa passer Ichigo. Le roux avait un léger sourire sur les lèvres. Il se sentait excité mais, il n’en connaissait pas vraiment la raison. Si… cela lui évoquait le moment où lui et Grimmjow avait emménagé ensemble. Une nouvelle aventure s’ouvrait à lui. Ichigo se sentait moins… fou ou déraisonnable. C’était cela la nuance. Il savait ce qu’ils les attendraient tous les deux. Il n’en était pas effrayé pour autant. A vrai dire, cette situation l’amusait.

 « Tu t’amuses ? » Demanda Nnoitra qui avait vu son expression.

—   Amusé ? Peut-être… Je me sens comme un gamin qui vient de déballer son cadeau d’anniversaire.

 Ichigo s’était avancé dans la pièce propre et rangée. Il y avait dans un coin un bureau et un ordinateur avec une pile de livres et de classeurs. Et l’autre partie était vide pour accueillir le futon de Nnoitra pour la nuit. Nnoitra se racla la gorge.

 « J’ch’suis désolé… tu vas te sentir à l’étroit. La salle de bain se situe là où se trouve l’autre porte dans le Genkan et la cuisine… »

 Nnoitra désigna le linéaire sous la fenêtre. Ichigo avança dans la pièce et s’échoua contre Jiruga toujours le sourire aux lèvres.

 « Nous n’y resterons pas très longtemps. Mon bagage… tu l’as mis où ?

—   J’ai rangé tes affaires… Ils sont dans mon placard dans l’entrée et ton pyjama et ton nécessaire de toilette dans la salle de bain.

—   Humm…. »

 Ichigo se détacha de Nnoitra et déclara d’une voix endormie.

 « Allez préparons le futon. Où laisse-moi m’en occuper ! Montre-moi où il se trouve. Je te laisse la salle de bain.

—   Je veux t’aider ! » Protesta Nnoitra.

—   Demain tu travailles… Allez ! Laisse-moi faire cet acte héroïque avant que je ne m’endorme définitivement. »

 Nnoitra ouvrit un placard et Ichigo repoussa l’étudiant. Il le poussa vers la salle de bain. L’étudiant n’eut pas le courage de protester. Le lendemain, il devait se lever de très bonne heure. Il s’enferma dans la salle d’eau. Ichigo monta le futon. Son regard ensuite erra dans la pièce. Peu de meubles mais, il ne se trompait pas sur la qualité de ces derniers. Jiruga sortit au moment où il s’endormait.

 « Tu peux y aller…

—   Merci…

—   Je vais t’attendre.

—   Inutile.

—   Si… j’y tiens ! »

 Ichigo eut un sourire et remplaça le jeune homme dans la salle de bain. Le roux eut l’impression de s’activer au ralenti. Il avait l’esprit vide. Quand il gagna la chambre, la lampe qui était posée au sol fonctionnait seule. Nnoitra dormait profondément. Ichigo se pencha pour éteindre et passa au-dessus de son compagnon en veillant à ne pas le réveiller. Il glissa sous les draps… enfin ! Un bras s’abattit autour de sa taille provoquant un sourire inconscient chez le bibliothécaire. Il s’endormit presque instantanément.

 

 

Chapitre 12

L’appartement était plongé dans la pénombre et les quelques faibles rayons qui filtraient derrière les tentures éclairaient un futon où reposait un corps immobile. Le bruit de la circulation se fit de plus en plus dense, au point de réveiller le dormeur.  Ichigo ouvrit un œil désorienté. Où se trouvait-il ? Il se redressa sur un coude. Au bout d’une minute, ses souvenirs lui revinrent en masse. Pendant quelques secondes, il avait craint d’arriver en retard. Mais c’était impossible. Son regard glissa sur la place libre qu’avait laissée Jiruga.

 

Ichigo ne l’avait pas entendu se lever et encore moins le réveil sonner. Il eut honte. Nnoitra était partit travailler de bonne heure, alors que lui se prélassait sous la couette. L’ancien bibliothécaire se leva prestement et vit avec stupeur que son petit déjeuner était posé sur le plan de travail de la cuisine. Le roux se gratta la tête et songea qu’il devait lui aussi prendre soin de l’étudiant. Il se promit de faire son possible pour qu’il ne souffre pas de sa présence.

 

Ichigo alluma la petite télé et écouta d’une oreille distraite les informations. Il mangea debout avec appétit. Son esprit travaillait à toute allure. Il devait trouver quelque chose rapidement. Ichigo irait acheter le journal du matin après avoir ranger le lit et  s’être douché. L’homme savait qu’il ne trouverait pas de poste en tant que bibliothécaire mais, il pouvait bien faire d’autres choses. Après tout, il pouvait aussi se lancer dans le monde de l’édition, ou se diriger vers une librairie. Fort de ses capacités, Ichigo se sentait plein d’entrain et c’est avec détermination qu’il se trouva deux heures plus tard dans un café avec son journal.

 

Le roux entourait les petites annonces qui pouvaient lui convenir. Il était plutôt heureux et il passa le reste de la journée à préparer ses CV, écrire ses lettres de motivations et passer quelques coups de fils. En milieu d’après-midi, Ichigo descendit au combini du coin. Il acheta quelques courses et se mit en tête de préparer le dîner. Il avait quelques économies et il avait la chance que les petits concerts qu’il faisait lui rapportent un peu. Le roux ne serait pas une charge trop importante pour l’étudiant.

 

°°0°0°°

 

Nnoitra entra silencieusement dans l’appartement. Il ne savait pas trop ce qu’Ichigo avait pu faire de sa journée et il espérait qu’il soit là à son retour. L’odeur particulièrement appétissante qui flottait dans l’air le rassura très vite. Il défit ses chaussures dans le Genkan et un sourire s’inscrivit sur ses traits lorsqu’il trouva le roux devant l’évier, terminant d’égoutter une préparation. Son sourire disparut et c’est discrètement qu’il coula vers celui qui était maintenant son compagnon.

 

Ichigo se raidit lorsque deux bras l’encerclèrent pour se détendre lorsque la voix rauque de Jiruga susurra contre son oreille.

 

« Je suis heureux de te voir… 

—    Moi aussi Jiruga…  Laisse-moi finir ce que je suis en train de faire… »

 

Nnoitra se détacha et Ichigo posa sa casserole sur l’égouttoir. Il se tourna vers l’étudiant et lui enlaça la taille. Jiruga fut troublé. Ils étaient enfin seuls, pour la première fois depuis plusieurs semaines, sans personne pour leur tourner autour. Peut-être… Les mains d’Ichigo s’aventuraient sous sa chemise  à présent et sa gorge se noua. La flamme dans les yeux ambre, attisa la sienne.

 

Oubliant toutes les galères qu’il avait endurées toute la journée, Jiruga se pencha et entoura de ses mains le visage d’Ichigo. Ses lèvres recouvrirent les siennes et se pressèrent. Leurs langues se mélangeaient, s’entremêlaient dans une lutte à la fois tendre et avide. Une des mains d’Ichigo s’enfuit dans la masse des cheveux sombres et l’autre resserra son étreinte autour de la taille du jeune homme. Un gémissement étouffé s’échappa de leur échange, mais aucun des deux ne savaient à qui il appartenait.

 

Nnoitra fondait dans cet échange et ne voulait pas le casser. Quand Ichigo le repoussa pour reprendre de l’air, il en aurait eu un geste de dépit. Toutefois, il s’aperçut qu’il était tout aussi essoufflé que son partenaire. Nnoitra le voulait, son désir grimpa en flèche. Les pupilles dilatées d’Ichigo et ses paupières mi-closes étaient un appel au viol pour lui. Jiruga devint sérieux, si grave qu’Ichigo chuchota

 

« Quelque chose ne va pas Jiruga ?

—    Je… je te veux. Je veux encore te découvrir, me sentir en toi…

 

Tandis qu’il parlait l’étudiant avait à nouveau enlacé Ichigo. Nnoitra ne termina pas sa phrase, sa bouche recouvrait celle d’Ichigo à nouveau. Cette fois-ci, le jeune homme prit l’initiative et défit les boutons de la chemise de son compagnon, dévoilant au passage la peau exquise au grain fin et à la couleur du miel doré. Ichigo avait la senteur de l’été et du fruit défendu. Nnoitra goutait encore cette langue qui suça, lécha et enroula autour de la sienne.

 

Ichigo se retrouva coincé contre le plan de travail de la cuisine, il avait beaucoup de mal à lutter contre Nnoitra. Quoiqu’il ne le cherchait pas vraiment. Ses baisers lui avaient manqués. Il se raidit lorsque les doigts experts du jeune homme défirent sa ceinture, et le bouton de son pantalon. Ichigo voulu repousser Jiruga, mais la bouche du jeune homme lui chuchota contre son oreille, amoureusement

 

« Laisse-toi faire… j’en ai tellement rêvé ces dernières nuits. Te toucher, t’embrasser… te prendre… J’n’ai jamais voulu quelqu’un d’autre aussi… violemment ! »

 

Ichigo se sentit soulever et il se retrouva assis sur le plan de la cuisine. Nnoitra découvrait sa clavicule qu’il lécha pour descendre progressivement, sa langue frôlant, cajolant sa chair. L’air plus frais électrisait la peau du roux. Les doigts de Nnoitra exploraient chaque parcelle du corps musclé et bien dessiné du bibliothécaire. Jiruga n’avait jamais imaginé qu’un type aussi sexy puisse exercer un métier si ennuyeux à ses yeux.

 

L’étudiant se sentait plus à l’aise à présent. Ichigo le laissait faire de lui ce qu’il voulait. Il lui faisait confiance et les regards qu’il posait sur lui étaient toujours imprégnés de cet amour dont il n’arrivait plus à se passer. Les doigts de Nnoitra défirent le sous-vêtement qui restait encore accroché sur le corps d’Ichigo. Un frisson parcourut le roux et Nnoitra demanda

 

« Tu as froid ?

—    A toi de me réchauffer… » Suggéra Ichigo avec le sourire.

 

Jiruga répondit à ses encouragements et il le tira contre lui, pour couler son corps contre le sien. L’érection d’Ichigo rencontra la sienne et un délicieux spasme le parcourut. Nnoitra abandonna la bouche du roux, pour descendre dans l’entrejambe d’Ichigo qui enroula ses jambes autour de ses épaules. Jiruga lécha lentement la verge tendue avec le bout de sa langue, tout en fixant droit dans les yeux son amant qui haletait sous la caresse.

 

La langue remonta pour titiller le gland humide. Nnoitra se concentra sur le sexe sensible et l’avala en entier. Il l’aspira pour relâcher lentement la prise. Les lents va et vient devinrent tour à tour rapide, plus lent, appuyé. La langue de Nnoitra s’attardait sur les parties les plus sensibles de la verge d’Ichgio qui laissa échapper un soupir de plaisir. Les doigts du roux, caressaient la tête de Jiruga comme si elles cherchaient une échappatoire.

 

 

Ichigo se laissait emporter par le flot des sensations qui le parcourait. C’était bon et il ne pouvait pas s’empêcher de gémir à voix basse. Si Jiruga continuait ainsi, il allait venir dans sa bouche. Nnoitra se redressa lentement, parcourant de sa bouche les zones sensibles qu’il avait repérées lors de son premier passage. Il rencontra le regard quémandeur de son amant et il lui sourit. Il se pencha et embrassa à nouveau son compagnon.

 

Jiruga défit son propre pantalon et attrapa son sexe qu’il s’empressa de presser contre celui d’Ichigo. C’était tellement érotique, qu’il grogna sous la sensation. Nnoitra sentit les doigts d’Ichigo qui caressaient sa peau sous le vêtement, il en était électrisé. Les mains du roux caressaient ses fesses pour remonter vers le bas du dos. Il le palpait avec insistance et douceur à la fois. Ichigo rencontra le regard plus soutenu de Jiruga, voilé par le désir.

 

« Jiruga… je la veux en moi… »

 

Nnoitra se recula et Ichigo glissa sur le sol. L’étudiant quitta la cuisine et tira le matelas du placard.

 

« Tu fais quoi Jiruga ? S’étonna Ichigo.

—    Tu es plus petit que moi et je ne pourrai pas te prendre correctement alors, viens… »

 

Nnoitra tendit la main vers Ichigo qui le rejoignit sans hésiter. Le roux se laissa tomber à genoux et observa son amant qui terminait de préparer leur nid d’amour. Ichigo secoua la tête et eut un sourire. Jamais il n’avait connu ce genre de situation auparavant. Une véritable vague de tendresse envahit le bibliothécaire qui fut allongé brutalement.

 

Ichigo vit Nnoitra se pencher vers le petit meuble non loin de la fenêtre, il tira un petit pot de lubrifiant. Sans un mot, il retira le capuchon et l’opercule, mais ce fut Ichigo qui plongea ses doigts en premier. Consciencieusement, il enduit le sexe de son amant profitant au passage de l’occasion qu’il lui était donné de caresser Nnoitra. De son autre main, il enduit ses doigts et se lubrifia avec soin.

 

L’étudiant n’en pouvait plus d’attendre et ce fut un peu brusquement qu’il tira Ichigo sur les couvertures.

 

« Tu es prêt ? » Demanda Nnoitra.

 

Seul le sourire d’Ichigo lui répondit. Jiruga ne se précipita pas pour autant, prenant le soin de l’embrasser encore, ses mains écartant les jambes du roux pour se glisser entre elles. Jiruga plaça son gland devant l’entrée humidifiée d’Ichigo et poussa lentement son membre viril dans le trou serré.

 

Ichigo haleta au fil de la progression lente de Nnoitra. Les coudes de l’étudiant étaient placés de part et d’autres de son visage. Il releva un peu les yeux pour rencontrer le regard de Nnoitra. Il en eut le souffle coupé. Ce gamin lui donnait une force incroyable par son comportement, ses gestes de tendresses et surtout son regard presque émerveillé. Ichigo se sentait fondre sous la chaleur extraordinaire qu’il entrevoyait dans ses yeux noirs.

 

« Je peux bouger ? Souffla Jiruga. 

—    Viens ! »

 

La réponse souriante de son amant réconforta le jeune homme qui bougea lentement, remodelant l’intérieur d’Ichigo. Lorsque des gémissements de plaisir se firent entendre, et qu’une légère coloration envahit les traits du roux, Nnoitra bougea plus rapidement, s’enfonçant plus profondément, les coups de reins devenant plus incisifs. Ichigo se sentait se couper en deux pour se liquéfier.

L’excitation montait si fortement en Ichigo qu’il attrapa son sexe pour le caresser et se soulager de la pression qui s’accumulait en lui. Nnoitra se retira à la surprise du roux qui s’aperçut que son amant, le tournait sur le côté. Nnoitra se glissa une nouvelle fois entre ses fesses, la tête enfouie dans la nuque de son amant qu’il grignota avec délectation. Nnoitra soutint la jambe supérieure d’Ichigo, tout en lui permettant de mieux s’arrimer à lui dans une fusion de plus en plus intense. Les deux hommes haletaient alors que les draps se froissaient.

 

Ichigo sentit venir l’orgasme en lui. Il se crispa involontairement et Nnoitra accéléra le mouvement pour venir en même temps qu’Ichigo. Ce dernier se cambra et émit un gémissement rauque, suivit une minute plus tard par Jiruga. Les deux hommes restèrent quelques secondes enlacés, puis Jiruga allongea le bras pour attraper du papier absorbant qu’il avait placé stratégiquement dans le petit meuble. Il nettoya Ichigo pour ensuite le faire rapidement pour lui.

 

« Tu sais… je peux aussi le faire. Suggèra Ichigo.

—    Je pensais plutôt à un bain tous les deux… Tu pourrais faire ça… méticuleusement ? »

 

Ichigo sourit et se redressa. Il observa l’amoncellement de papiers, les draps éparpillés et le pot de lubrifiant trainant sur le sol toujours ouvert. Nnoitra qui avait suivit son regard l’attrapa et le ferma. Le roux quitta les lieux et ne voyant pas Jiruga bouger, se tourna vers lui en tendant la main.

 

« Tu viens ? »

 

Nnoitra eut un sourire et se leva pour rejoindre rapidement l’homme qui l’attendait patiemment.

 

°°0°0°°

 

Ichigo finissait la vaisselle en faisant le moins de bruit possible. Il observait l’étudiant assis devant son ordinateur, concentré sur ses devoirs. Jiruga portait une paire de lunette sur le bout de son nez. Il avait expliqué à Ichigo qu’il s’agissait surtout de lunettes de confort qui atténuait la fatigue devant son écran. Le silence régnait, mais ce n’était pas inconfortable. Abandonnant la cuisine, le roux s’attaqua au futon et se mit en quête de remonter le lit.

 

Cela faisait maintenant un mois qu’ils vivaient ensemble. Leurs rapports étaient toujours aussi passionnés. Peut-être parce qu’ils se voyaient peu. Nnoitra passait son temps entre ses études et ses petits boulots. Ichigo avait trouvé un travail de libraire à mi-temps, proche de leur appartement. Il y travaillait avec joie depuis une semaine. Trouver un travail c’était révélé plus compliqué qu’il ne le pensait. Alors, même si le boulot était différent et moins passionnant, il le faisait avec sérieux et enthousiasme.

 

Ce qui surprenait Ichigo, c’était la liberté que lui accordait Jiruga. Il ne lui demandait jamais de compte pour quoi que ce soit. C’était déroutant. Jirugo voyait comme son amant s’entendait avec ses amis. Ses concerts, Ichigo y allait seul la plupart du temps. Nnoitra était venu une seule fois le voir se produire. Ils avaient tous terminés au bar. Jiruga s’était endormi épuisé sur son épaule. Renji avait été inquiet.

 

« T’es sûr que ça va avec lui ?

—    Jiruga travaille énormément. Je me demande encore combien de temps, il arrivera à tenir le rythme. »

 

Tous avaient jeté un regard compatissant sur l’étudiant. Le sujet avait ensuite roulé sur la maison de disques. D’ailleurs, Ichigo avait rendez-vous le lendemain avec ses amis pour rencontrer leur futur directeur artistique. Le roux s’approcha de Nnoitra et enlaça ses épaules. Immédiatement Jiruga lâcha son clavier pour se tourner vers son compagnon. L’inquiétude brillait dans le fond de son regard.

 

« Je suis désolé… ça me prend plus de temps que je ne le pensais…

—    J’ai l’habitude… » Rétorqua Ichigo avec un petit sourire incertain.

—    Habitude ? » Répéta Nnoitra ne comprenant visiblement pas.

—    Grimmjow… au début de notre relation, quand nous nous étions installés ensemble, il avait créé sa société de travaux publics. On se voyait peu et… »

 

Ichigo s’arrêta dans sa phrase en rencontrant le regard à présent enflammé de son amant. C’était le sujet qu’il ne fallait pas aborder.

 

« Je ne te compare pas à lui… mais…

—    Que faisais-tu à l’instant ? S’enquit Nnoitra.

—    Tout ce que je voulais dire, c’est que je comprends ta situation… qui est plutôt notre situation. Je vais chercher un deuxième job pour que tu ne fasses qu’un seul travail.

—    Je n’ai pas besoin de ta pitié !

—    Jiruga… »

 

Ichigo se redressa et baissa les yeux vers le jeune homme.

 

« Que tu le veuilles ou pas… c’est toi qui m’a proposé que nous vivions ensemble ! J’ai accepté en sachant que ce serait difficile vu notre situation. Mais toi… t’es tu réellement préparé à partager ton fardeau avec moi ? Si je te propose cela, c’est pour te permettre d’étudier plus librement… Tu ne t’en rends même pas compte, mais tu es sur le point de craquer.

—    Ne raconte pas n’importe quoi. » Répliqua sèchement Nnoitra qui bailla quelques secondes plus tard.

 

Il jura entre ses dents et Ichigo sourit. Ce dernier se glissa sur les genoux de son amant et entoura ses épaules de ses bras. Immédiatement, l’étudiant se détendit et enlaça sa moitié avec tendresse. Leurs lèvres se frôlèrent pour un léger baiser.

 

« Je voulais te dire… demain soir, je ne serai pas rentré quand tu reviendras. J’ai rendez-vous avec ma maison de disque.

—    Les choses avances ? » S’étonna Jiruga ravi.

—    Oui. Et même plutôt bien. Il faut encore patienter pour que tout se mette en place. Normalement, nous devrions sortir un album d’ici huit mois environ, si tout va bien.

—    Renji et toi vous avez écrit toutes les chansons ?

—    Non… Chad aussi écrit de son côté. Nous avons la moitié de l’album. Certains de nos anciens morceaux ne plaisent pas assez. Enfin, nous verrons d’ici demain ce qui va sortir de notre rencontre avec Aigawa Love.  

—    J’ai confiance en toi ! Je suis impatient que tu me racontes ton entretien.

—    A moins que tu ne dormes déjà lorsque je rentrerai…

—    Je ne pense pas. »

 

Ichigo embrassa Jiruga, pour quitter ses genoux.

 

« Tu vas où ? Demanda déçut Nnoitra.

—    Prendre un bain. Je te laisse étudier.

—    Tu pouvais rester encore un petit peu…

—    Travail ! » Ordonna Ichigo moqueur.

—    Mais, j’aurai voulu un autre baiser ! » Protesta Nnoitra boudeur.

 

Le roux s’exécuta mais n’insista pas. Il quitta la pièce rapidement pour ne pas fondre sur l’étudiant comme un prédateur sur sa proie. Ichigo songea qu’il le regretterait peut-être plus tard. C’était plus que troublé qu’il s’enferma dans la pièce d’eau.

 

Nnoitra observa l’espace qu’occupait quelques secondes auparavant l’ancien bibliothécaire. Il attrapa un stylo qu’il mâchouilla inconsciemment. Il n’avait pas aimé la comparaison qu’Ichigo avait eue entre Jaggerjack et lui. Inexplicablement, Jiruga se sentait en position d’infériorité quand le roux l’évoquait. Nnoitra faisait son possible pour faire face sans se plaindre et Ichigo ne lui reprochait jamais rien. Mais il avait une curieuse sensation. Comme si tout allait trop bien. Il n’y avait pas d’éclat entre eux. Seulement cette impression de non dit qu’il éprouvait parfois.

 

Laisser tomber était hors de question pour Jiruga. Son frère était venu à sa rencontre dans la journée pour tenter de le raisonner. Mais l’ refusait de l’entendre. Il aimait sincèrement Ichigo, alors le quitter pour reprendre une vie morne et sans intérêt ne l’intéressait pas. Curieusement, il avait l’impression d’avoir commencé à vivre depuis qu’il cohabitait avec le roux. Ichigo l’attendait toujours avec de bons petits plats, faisait en sorte qu’il ait le moins de travail domestique possible. Il l’avait remarqué et il songea brutalement à remercier son amant.

 

L’idée lui vint qu’ils pourraient manger ensemble le week-end à venir. Ichigo devait se produire mais, ils pouvaient manger avant ensemble et passer le reste de la soirée ensuite avec la bande de musiciens. Ichigo revint sur ces entrefaites et il intercepta son sourire et la joie qui l’animait brutalement.

 

« Quelque chose s’est produit ?

—    Samedi… ça te dit qu’on mange ensemble avant ton concert ?

—    Tu n’es pas occupé ? S’étonna Ichigo.

—    Non… pas cette semaine. Je voulais te remercier pour tout le travail que tu fais. Je n’ai à m’occuper de rien et… »

 

Ichigo traversa la pièce. Quelques gouttelettes perlaient encore sur le bout de ses mèches de cheveux. L’ancien bibliothécaire murmura

 

« Je ne le fais pas pour que tu me remercies ou…

—    Je ne suis pas un imbécile et je crois… qu’il faut que nous sortions. Ça me ferait plaisir… et c’est important pour moi. »

 

Pendant quelques secondes un silence s’installa entre eux, silence durant lequel Ichigo pesa le pour et le contre. Il finit par hocher la tête. Et puis, ça lui faisait plaisir. Nnoitra avait remarqué le travail qu’il effectuait, même si cela semblait ridicule… pour Ichigo, cela avait beaucoup de valeur. Surtout vu le nombre d’années passés à être un esclave pour son ex. Ichigo repoussa Jaggerjack Grimmjow de ses pensées. Il en avait assez de comparer les deux hommes. Le roux adressa un grand sourire à Nnoitra et déclara chaleureusement.

 

« Cela me ferait plaisir…

—    Vendu ! Bon… je n’peux pas t’emmener dans un restaurant select, mais je ferai en sorte qu’on passe une bonne soirée.

—    Je me moque de l’endroit où nous serons. Si tu t’y trouves… c’est le plus important pour moi. »

 

Jiruga se leva et attrapa Ichigo au vol. Pris dans son élan, ils tombèrent sur les tatamis, plutôt lourdement. Ichigo grimaça de douleur.

 

« Désolé… je voulais te faire un câlin… » Marmonna l’étudiant contrarié d’avoir chuté dans son enthousiasme. Ichigo éclata de rire et profita de l’occasion pour chevaucher son amant. Son visage suspendu au-dessus de Jiruga, le roux demanda

 

« Tu fais une petite pause ? »

 

Il n’en fallu pas plus à Nnoitra pour laisser ses mains errer sur le corps du roux.

 

« De quelle genre ? » Ronronna-t-il avec un sourire entendu.

—    Du genre… » Commença Ichigo en embrassant brièvement sa moitié, « à te faire oublier toute une journée… » nouveau baiser, avant de reprendre un peu essoufflé « de dur labeur… 

—    Je suis… assez d’accord ! »

 

Jiruga entoura les épaules de son amant et moula le corps d’Ichigo contre le sien. Il s’empara de la bouche du jeune homme pour un baiser de longue haleine.

 

°°0°0°°

 

Renji salua Ichigo très chaleureusement quand il le rejoignit dans les locaux d’Arabesque Music Entertainment[i]. Ne voyant pas Madarame et Chad, Ichigo jeta un coup à sa montre.

 

« Ils sont déjà là… mai, ils ont décidé de visiter les alentours.

—    Tu ne t’es pas joint à eux ?

—    Non… trop nerveux ! » Ricana Renji.

 

Ichigo s’installa à côté de Renji et observa le plafond.

 

« Ne le soit pas autant que cela…

—    C’est facile à dire pour toi ! » Lança le commerçant un peu sèchement. « J’ai toujours voulu vivre cette vie là et… ce rêve est sur le point d’aboutir enfin au bout de toutes ses années. Toi, tu t’es toujours contenter de vivre la vie comme elle venait.

—    J’ai peut-être mes raisons pour cela Renji… » Souffla Ichigo sombrement.

 

Renji sursauta. Il avait totalement oublié… pourquoi, après toutes ses années, Kurosaki Ichigo adoptait cette attitude qui paraissait si rêveuse et détachée de tout. Ce qui expliquait aussi pourquoi, il subissait tout, la plupart du temps.

 

« Je suis désolé… Je n’y pensais plus…

—    Ce n’est pas grave. »

 

Renji observa son interlocuteur avec attention. Ichigo regardait à présent à l’extérieur par la large baie vitrée. Son attitude paraissait désinvolte, pourtant, Renji voyait battre la petite veine sur la tempe de son ami. Il ne put s’empêcher de l’interroger.

 

« Tu as toujours aussi peur de l’eau ? »

 

Cette fois-ci, le raidissement sur son siège de son voisin, avertis Renji qu’il avait été trop loin. Une exclamation détourna l’attention du chanteur vers le guitariste qui entrait bruyamment.

 

« C’est impressionnant ! » S’exclama joyeusement Madarame.  « C’est super excitant de se retrouver ici. En plus, les gens qui travaillent ici sont super sympa…. »

 

Madarame remarqua l’air absent d’Ichigo et la mine contrariée de Renji.

 

« Vous vous êtes engueulés ? Demanda-t-il soucieux brutalement.

—    Non ! » Répondirent les deux protagonistes en même temps.

—    Ok ! Bon, vous allez enterrer la hache de guerre tout de suite vous deux. C’est la chance de notre vie et elle ne présentera qu’une seule fois. J’ai toujours voulu vivre de la musique et ce n’est pas aujourd’hui que je vais renoncer. Alors, arrêter de vous comporter comme des gonzesses et…

—    Vous êtes le groupe Suumitsu[ii] ?

—    Hai ! » Firent les quatre hommes en cœur.

—    Suivez-moi ! »

 

Tous suivirent la petite blonde qui était venu les accueillir fraichement. Renji se pencha vers Madarame et demanda confirmation

 

« Tu es sûr qu’ils sont sympa ici ? »

 

Ikkaku glissa son regard vers le commerçant et déclara

 

« Y’a toujours des exceptions à la règle…

—    Ouaih et ça tombe sur nous ! » Marmonna Renji comme pour lui-même.

 

Le groupe entra dans un bureau spacieux où se trouvait un homme à la coupe afro. Ses lunettes de soleil, lui mangeait une partie du visage. Il avait une attitude plutôt décontractée. Il désigna les quatre sièges se trouvant son bureau.

 

« Messieurs… installez-vous. Nous allons avoir une longue discussion. »

 

Le claquement de porte derrière eux, les fit sursauter. Ils eurent l’impression d’être entré en enfer sans la possibilité de s’échapper. Tous étaient impressionnés et ils s’installèrent sur les fauteuils confortables en alcantara couleur châtaigne. Ichigo observa la déco plutôt axée sur les années soixante-dix.

 

« Je me présente… Je m’appelle Aigawa Love. Appelez-moi Love tout court ! Les formalités ce n’est pas mon truc ! Pouvez-vous vous présentez individuellement ?

—    Chad Yatsutora notre batteur… » Commença Ikkaku en désignant le mexicain, « Renji Abarai, notre chanteur, Ichigo Kurosaki notre bassiste et je suis le guitariste Madarame Ikkaku…

—    Vous êtes le leader ?

—    Ouaih ! »

 

Personne ne bougea dans le groupe. Madarame avait toujours été le leader et personne ne contestait sa place. Et puis, c’était lui le plus calé dans les négociations. Quoique… Ichigo le trouvait très nerveux pour le coup, malgré l’assurance qu’il paraissait dégager.

 

Love observa les quatre hommes en face de lui. Tous étaient complètement différents. Les deux personnalités charismatiques dans ce groupe se trouvait être le chanteur et le bassiste. Bien que les deux autres soient aussi intéressants. Celui qui retenait le plus son attention, c’était Kurosaki. Il ne paraissait pas aussi nerveux que les trois autres. Un peu absent même.

 

Le directeur artistique posa un certain nombre de questions et seuls Ikkaku et Abarai répondirent. Love tenta de tirer les vers du nez de Chad, mais l’homme lui répondait par monosyllabe et semblait aussi expressif qu’une feuille d’imposition. Enfin, c’était loin d’être un manchot à la batterie, alors il n’allait pas lui reprocher d’être sobre.

 

Love se tourna enfin sur Kurosaki. Ichigo se raidit légèrement sur sa chaise. Il avait vu qu’il allait être le prochain à être cuisiné.

 

« J’ai appris que vous ne faisiez plus partie du groupe durant quelques années… pouvez-vous m’expliquer pourquoi êtes-vous revenu aujourd’hui et comptez-vous le quittez à nouveau à l’avenir ? »

 

Le roux sentit tous les regards de ses amis se braquer sur lui, aussi intensément que le directeur artistique. Il toussota et mal à l’aise, il répondit.

 

« Disons que ma situation personnelle ne me permettait plus de pouvoir assister aux répétitions et aux concerts. Et non, je n’ai pas l’intention de quitter le groupe à l’avenir. Ma situation privée à totalement changé.

—    Vous êtes le gay du groupe… c’est bien cela ? » Interrogea Love en se penchant en avant.

 

Ichigo devint écarlate. Il ne voyait pas pourquoi on lui parlait de sa vie sexuelle. Ichigo fronça les sourcils et se redressa près à en découdre. Love réprima un sourire. Ainsi il n’était pas aussi intouchable qu’il paraissait l’être.

 

« Ma vie privée ne vous regarde en rien…

—    Moi, j’ai besoin de le savoir ! Voyez-vous dans votre groupe vous êtes… vous et Abarai-san… les deux hommes les plus sexy. La gente féminine va regarder voir tenter de vous aborder. La presse n’est pas tendre avec les homos, surtout s’ils ne sont pas reconnus dans leur branche. Alors, je vais vous donner un conseil… soyez discret ! »

 

Ichigo plissa les yeux et attendit qu’Aigawa finisse de vider son sac.

 

« Bref… éviter de vous afficher le plus souvent avec votre petit ami…

—    Je vis en couple ! Je ne vais pas le quitter pour…

—    Ça résoudrait tes problèmes… » Coupa Ikkaku narquois. « Si toi et Jiruga étiez séparés… tu aurais déjà moins d’ennuis ».

 

Ichigo fronça les sourcils. De quel droit Madarame se permettait-il de faire de l’ingérence dans sa vie ? S’il demandait à Ikkaku de quitter sa femme, quelle serait sa réaction ?

 

« De quels problèmes faites vous référence ? » Demanda Love en fronçant les sourcils.

—    Oh, juste que les parents du gamin sont pas d’accord ! » Ronchonna Renji voyant déjà un désastre se profiler.

—    Il est mineur ? » Demanda anxieusement Love.

—    Non ! » Protesta Ichigo. « Jiruga est largement majeur ! C’est seulement parce que ses parents ne comprennent pas qu’il veut vivre sa vie comme il l’entend !

—    Ok… ok… des parents possessifs en somme ! Bon, c’n’est pas spécialement un problème. Je suppose que c’est le genre à ne pas vouloir faire de vagues pour la réputation familiale ? »

 

C’est par un hochement de tête que tout le groupe répondit.

 

« Tâchez juste d’être discret… Et si les femmes vous abordent, ne les repoussez pas ! Votre ami va devoir apprendre à vivre avec une certaine dose de patience. Donc… »

 

Love tira quatre dossiers devant lui. Il les tendit à Ikkaku qui les attrapa et en donna un à chacun des membres. Le directeur repris d’une manière plus décontractée.

 

« Vous avez rencontré Rose Ootorimachi avant de venir me voir et il vous a parlé de ce que nous attendions de vous. Je suis assez d’accord avec lui sur le fait que la moitié des chansons devrait être soit corrigées, soit changées. Je voudrais un fil conducteur et nous allons mettre à votre disposition une salle d’enregistrement, des techniciens… mais aussi, voir pour l’enregistrement de votre premier clip. Nous allons choisir parmi une de vos chansons les plus prometteuses et la sortir en primeur assortit de son clip. Nous mesurerons l’impact qu’aura votre album… Et cela vous permettra de vous implanter dans le décor. Vous êtes assez connu dans le milieu des indépendants… »

 

Love repris son souffle et attrapa sa flasque de whisky pour la boire au goulot.

 

« Voire même très apprécié. J’avoue être surpris que vous n’ayez pas été contacté par une autre maison de disque avant. Enfin, c’est une chance pour nous ! Ou plutôt, je dirais… » Fit-il en se redressant satisfait. «  La chance que nous avons, c’est que les majors ne se déplacent pas dans les petites salles de concerts et qu’elles nous permettent ainsi de pouvoir pécher là où il leur serait impossible d’aller… dans les grands fonds. Vous ne leur avez jamais envoyé de maquette ? » Demanda brutalement Aigawa inquiet.

—    Nous l’avions fait… y’a une dizaine d’année. Mais nous n’avions pas retenu leurs attentions…

—    Parfait ! Parfait… »

 

Un sourire prédateur passa sur les lèvres d’Aigawa. Il bascula sur son siège en croisant largement les jambes. Il déclara presque brutalement.

 

« Ce que vous détenez entre vos mains, ce sont nos conditions. Je vous demande de les lire attentivement et si vous êtes d’accord… Je vous demanderai de signer en bas du contrat et de parapher toutes les feuilles dudit contrat et ce, sur les quatre exemplaires… et oui, eh oui… un peu de boulot pour vous ! Je répondrais à toutes vos questions… si vous en avez ! En fait, j’aimerais que vous en ayez… ça évitera de futurs problèmes… 

—    Nous allons avoir une avance sur salaire ? Demanda Renji brutalement.

—    Non ! Nous prenons à notre charge tous les frais d’enregistrement, aussi bien techniques, qu’humains… nous mettons notre matériel et tout ce qui vous sera nécessaire pour votre confort lors de vos enregistrements… mais notre maison de disque ne fait pas d’avance sur salaire ! A savoir… j’ai oublié de vous en parler… » Grogna Love, comme s’il se souvenait de quelque chose d’important « Des stylistes vont se tenir à votre disposition, et nous allons vous fournir votre garde robe. Vous allez également faire, d’ici quelques mois, la couverture de quelques magasines musicaux et aussi peoples… tant qu’à faire ! Par contre, si vous avez besoin d’argent pour une quelconque raison venez m’en parler. On verra ce que je peux faire ! »

 

Bientôt, seul le bruissement des pages qui se tournent se fit entendre. La conversation repris et à la satisfaction de Love, les questions fusaient. Ils finirent l’après-midi au champagne, les papiers dûment signés et tous particulièrement détendus.

 

°°0°0°°

 

Quand Ichigo entra dans l’appartement, les lumières étaient fermés à l’exception de la veilleuse se trouvant près du futon. Nnoitra était déjà endormi. Ichigo était resté plus longtemps que prévu, surtout parce que le reste du groupe voulait fêter leur contrat avec « honneur ». Ils avaient écumés tous les bars environnent la maison de disque. Discrètement, Ichigo termina sa course titubante vers la salle de bain. Il eut son troisième haut le cœur de la soirée. Il était tellement éméché qu’il s’effondra lourdement sur le sol.

 

Pourtant, il était suffisamment lucide pour éviter de crier de douleur. Il se releva et se déshabilla aussi rapidement que ses gestes incertains le lui permettaient. Après quelques essais, il réussit à monter dans le bac de douche et laissa le jet d’eau tiède dissiper, enfin tout au moins atténuer, le brouillard dans lequel il était plongé. Le roux mis deux fois plus de temps pour sortir de la salle de bain. Et c’est toujours titubant qu’il échoua sur le futon.

 

Un bras l’enlaça et le souffle de Nnoitra caressa sa nuque.

 

« Tu as bu ? Souffla ce dernier d’une voix ensommeillée.

—    Hai…

—    Tu t’es amusé ?

—    Hai…

—    Viens plus près… tu m’as manqué… »

 

Sans attendre d’autres invitations, Ichigo se lova contre Jiruga et s’endormis comme une masse.

 

°°0°0°°

 

Ichigo n’arrivait plus à respirer. Il tentait de remonter à la surface mais il n’y arrivait pas. Pourtant, il jetait toutes ses maigres forces dans la bataille. Les flots avaient raison de lui petit à petit. Sans savoir comment, il se retrouva éjecté, la tête hors de l’eau. Il rencontra des yeux qu’il n’avait pas vus depuis très longtemps. Un hurlement s’échappa de ses lèvres et Ichigo se retrouva assis le cœur tambourinant précipitamment dans sa poitrine. Une épaisse couche de transpiration le recouvrait. Ses bras l’encerclaient comme pour le protéger d’un danger soudain. Nnoitra sortit de la salle de bain précipitamment.

 

« Ichigo ? »

 

Il se retrouva assis à ses côtés, inquiet. Longtemps, le roux resta prostré, incapable de parler et de bouger.

 

« Ichigo ? » Appela à nouveau Jiruga.

 

Lentement, le roux leva des yeux plein de larmes vers son amant. Nnoitra ne se posa pas de questions. Il enlaça sa moitié, le berçant contre lui. Jamais, il n’avait vu une telle expression d’horreur et de détresse chez quelqu’un. De quoi Ichigo avait rêvé ? Pour l’instant, il le laissait se vider de ses longs sanglots.

 



[i]  Maison de disque fictive.

[ii] Suumitsu = secret d’état

Chapitre 13

Les poings serrés et la mâchoire crispée, Ichigo observa son portable furieux. Son cœur ne cessait de tambouriner. Il n’en revenait toujours pas ! Comment allait-il faire pour se sortir de cette galère ? Il n’avait que trois jours pour réagir. Après avoir vu leur emménagement repoussé de quelques jours par leur nouveau propriétaire, ce dernier venait de lui annoncer qu’ils ne pouvaient plus emménager dans l’appartement. Le problème étant qu’ils devaient rendre les clefs de l’appartement qu’ils occupaient dans quatre jours.

 

Expirant et inspirant doucement, Ichigo essayait de reprendre le contrôle de ses nerfs. Il ne fallait pas être grand clair pour savoir qui était derrière tout cela. Jamais Ichigo n’avait songé qu’il aurait été jusque là pour leur empoisonner la vie. Trouver un autre appartement en aussi peu de temps ? Ce n’était même pas la peine d’y songer. Il devait pourtant découvrir une solution et cela très rapidement. Jiruga était en cours et il ne voulait pas le perturber.

 

Il composa toutefois un texto l’avertissant qu’il voulait lui parler, une fois qu’il aurait terminé les cours. Ensuite, il ne voyait que son propre père pour l’aider dans ce genre de situation délicate. Son téléphone vibra et Ichigo vit le numéro de Nnoitra s’afficher.

 

« Ichigo ? Quelque chose ne va pas ? S’inquiéta l’étudiant.

—    Tu as fini les cours ?

—    Non… je me dirigeais vers le laboratoire quand j’ai reçu ton texto. Comme je ne reçois jamais d’appel de ta part quand je suis ici, je suppose que c’est important…

—    Je devrais te noyer sous les appels… Maugréa Ichigo.

—    Arrête de râler et dis-moi ce qui se passe…

—    Nous n’avons plus d’appartement…

—    Quoi ? Hurla Jiruga.

—    Attends, laisse-moi finir… J’ai eu Don Kan’onji au bout du fil et il semblait terrorisé…

—    L’enfoiré ! » Grogna Jiruga. « Même pour l’appartement, il va nous faire chier !

—    Jiruga… nous n’avons que trois jours pour trouver une solution… après, nous serons mis dehors…

—    Nous pouvons demander à prolonger… Coupa Nnoitra.

—    Impossible, il est déjà loué !

—    Que pouvons-nous faire ? » Nnoitra était visiblement préoccupé.

—    Je vais téléphoner à mon père pour que nous soyons hébergés quelques jours chez lui, le temps que je puisse trouver un appartement un peu plus calmement.

—    Ça ne me plaît pas trop…

—    A moi non plus… Mais nous n’avons pas le choix ! Jiruga… ce n’est pas comme si nous affrontions quelque chose qui intervient comme un coup du sort.

—    Je le sais… »

 

Nnoitra parut découragé. Ichigo soupira et repris d’une voix raisonnable.

 

« Jiruga… laisse-moi m’occuper de cela. Concentre-toi sur tes études…

—    C’est impossible ! » S’énerva l’étudiant.

—    Ecoute, ce n’est pas en réagissant de cette manière que nous pourrons avancer et sortir des embûches que ton père sèment sur notre passage… Tu peux laisser ton portable ouvert ?

—    Oui…

—    Je t’appelle dès que j’ai du nouveau.

—    Je peux rentrer et t’aider…

—    Non ! Ça serait lui faire trop d’honneur. Ecoute, aujourd’hui c’est mon jour de repos, alors laisse-moi m’occuper de cela. Nous aurons le temps de nous partager les tâches tout à l’heure !

—    J’attends ton appel…

—    A tout à l’heure… »

 

Ichigo raccrocha et composa immédiatement le téléphone de chez ses parents. Ce fut Mazaki qui répondit.

 

« Ichigo… comme je suis contente de t’avoir au bout du fil…

—    Maman… j’ai un problème… »

 

°°0°0°°

 

Ce fut très surpris qu’Ichigo descendit du véhicule de sa mère. Mazaki contourna sa Toyota rouge et prit la main de son fils avec le sourire.

 

« Oui… c’est ici que j’ai logé tes sœurs le temps de leurs études. J’avais acheté l’appartement et… je l’ai toujours gardé. Je ne sais pas pour quelle raison ton père voulait le mettre en location au départ, lorsque tu as emménagé dans ton appartement sur le campus. Et puis, après il ne voyait plus l’utilité de le garder… Alors, il a déposé une petite annonce…

—    Pourquoi ne nous en as-tu pas parlé plus tôt ?

—    Parce que je suis sûre que vous auriez refusé notre proposition. Toi et ton petit ami êtes assez indépendants et… têtus ! »

 

Ichigo sourit à l’évocation du caractère de Jiruga, mais ne se considéra pas lui-même comme étant entêté. Il observa le petit immeuble sur six étages. Le bâtiment devait compter à peu près une trentaine d’appartements. Le lieu était arboré et paisible. Jamais Ichigo n’avait songé que ses parents puissent acquérir pareil bien immobilier.

 

« Ton père n’aurait jamais admis d’envoyer tes sœurs dans un lieu qui ne soit pas acceptable à ses yeux.

—    Je veux bien te croire…

—    Viens, je vais te faire visiter… »

 

Mazaki sortit les clefs de son sac et elle se dirigea vers le hall d’entrée et composa le digicode pour y accéder. Ensuite, elle se dirigea vers le couloir du rez-de-chaussée et s’arrêta devant une des quatre portes situées sur cette aile du bâtiment.  Ichigo eut la gorge qui se noua, il imaginait très bien dans quel type de logement il allait entrer. Le hall était immaculé et les portes des appartements étaient semblables à celles de maisons de haut standing. Une fois la porte poussée, le roux constata que ce n’était pas qu’une impression.

 

« Viens… » Insista doucement Mazaki.

 

Ils retirèrent leurs chaussures et marchèrent sur un parquet parfaitement ciré. L’entrée en elle-même était grande et lumineuse. Mazaki se dirigea vers une grande pièce dont les volets clos laissaient filtrer quelques rayons de soleil. Elle ouvrit les battants en grand, laissant la luminosité extérieure inonder les lieux et permettant à Ichigo de découvrir une pièce immense.

 

« Ce sont des habitations réservées aux cadres… Il est très proche du campus de Nnoitra-kun.  Cet appartement est le tien maintenant.

—    Pardon ? S’exclama Ichigo cloué au sol.

—    Nous avons offert à tes sœurs leurs mariages[i]. Mais aussi, des sommes confortables pour leurs permettre de s’installer en tant que médecins généralistes. Ainsi, elles démarreraient bien dans la vie. Nous voulions vendre cet appartement et t’offrir la somme… Et bien, à la place, papa et moi nous t’offrons ton nouveau chez toi, je vais te faire visiter…

—    J… je ne sais pas quoi dire… » Chuchota Ichigo toujours sous le choc.

—    Alors, ne dis rien… ce que j’ai fait pour tes sœurs, je le fais pour toi aussi. »

 

Mazaki eut un sourire et repris, comme pour cacher son émotion. Toutefois, son regard brillait un peu plus qu’habituellement.

 

« Ici c’est un salon double… il fait 35m²…

—    Il me paraissait grand…

 

Les yeux d’Ichigo se portèrent vers la cuisine américaine située sur sa droite. Elle était dans un renfoncement et était entièrement équipée.

 

« Tu peux manger dans la cuisine… si tu le souhaites. »

 

Ichigo en fit le tour et sentait sa gorge se serrer un peu plus à chaque pas qu’il faisait. Sa mère se déplaça et quitta la pièce. Le roux lui emboita le pas et ils se retrouvèrent dans un couloir donnant accès à trois portes dont deux en vis-à-vis…

 

« Ici, c’est la salle de bain…

 

Mazaki ouvrit la porte sur sa gauche et Ichigo vit une salle de bain qui lui parut aussi grande que la cuisine. Tous les meubles étaient d’un blanc éclatant. Une baignoire en forme de sabot, deux vasques et une douche s’y trouvaient. Le sol était fait d’ardoises, ou alors la matière y ressemblait fortement. Mazaki ne lui laissa pas le temps de souffler et attira à nouveau son attention.

 

« Ici se sont les toilettes… mais, ici…

 

Mazaki ouvrit la porte du fond et celle qui se trouvait face à la salle de bain

 

« Tu as deux chambres… Tu pourras en faire d’une un bureau et de l’autre votre chambre à tous les deux… Pour la déco et le reste, je te laisse te débrouiller. Les tapisseries sont encore au goût de Karin et Yuzu. »

 

Ichigo entra dans l’une des pièces qui donnait sur un jardin. Il remarqua le dressing qui faisait tout un pan de mur. Sa mère précisa

 

« Cet appartement fait environ 93m²…

—    Tu me disais… petit appartement…

—    Je voulais te faire une surprise. Je pense qu’ici tu as tout pour être heureux. Les voisins sont agréables. Tu as toutes les commodités à quelques mètres. Pharmacie, médecin, combini, marchand de journaux et tu as une entrée de métro proche pour te rendre à ton travail. Nnoitra-kun a moins d’un quart d’heure pour arriver à son campus… et il a une ligne de bus s’il le souhaite…

—    Maman… c’est proche du parc Ueno…

—    Oui…

—    Ça a dû vous coûter une fortune…

—    Ce n’est pas ton problème… Ichigo ! »

 

Même si le sourire de sa mère était bienveillant, il était clair que l’éclat métallique dans le fond de son regard ne souffrait pas la réplique.

 

« Sache qu’avec cet appartement, il me reste encore de l’argent à te donner pour que tu sois à égalité avec tes sœurs. Mais, je ne pense pas que tu souhaites l’obtenir pour le moment… Alors, je vais le garder et continuer à le faire fructifier, jusqu’au jour où tu en auras vraiment besoin pour un projet qui te tiendra à cœur ! Ah oui, n’oublie pas toutefois, que tu as toutes les charges à payer…

—    C’est trop maman…

—    Tu es mon seul fils Ichigo… si… »

 

La douleur qui passa dans le regard de Mazaki, fit écho à celle qui traversa celui d’Ichigo. L’ancien bibliothécaire se dirigea vers sa mère et enlaça ses épaules. Mazaki caressa le dos de son garçon, qui était devenu un homme dont elle était fière.

 

« Ichigo… je sais… que tu te sens coupable… mais, ni toi… ni moi… ni personne n’aurions pu deviner ce qui allait se produire…

—    Maman…

—    Ichigo… en avais-tu parlé avec Grimmjow ?

—    Non… » Souffla le roux qui essayait de détourner le regard.

—    Alors, parles-en avec Jiruga-kun….

 

Surpris que sa mère emploi le prénom de son amant, il reporta son attention sur sa mère et l’observa avec une attention particulière. La gravité empreinte sur ses traits ne laissait planer aucun doute sur ses pensées.

 

« Si tu veux que votre relation dure dans le temps, ne garde pas ce genre de secret enfoui au fond de toi. Vous avez déjà la menace permanente de son père au-dessus de vos têtes. Parle-lui ! Ton père et moi… nous avons discuté longuement toutes ses années… mais toi, tu as tout gardé à l’intérieur. Il est temps que tu soulages enfin ta conscience. Shiro t’en serait reconnaissant tu sais… »

 

Le choc d’entendre le prénom de son frère qu’il avait si soigneusement enterré dans le plus profond de son âme firent déferler un torrent de larmes. Ichigo fut bientôt rejoint par Mazaki. Ils restèrent un long moment dans les bras l’un de l’autre…

 

°°0°0°°

 

Nnoitra avait fait le tour de l’appartement avec Ichigo et maintenant, il se trouvait dans la dernière chambre. Il baissa les yeux vers son amant qui le scrutait intensément. Ichigo semblait attendre son verdict.

 

« Je ne sais pas quoi dire… c’est inattendu et… soudain…

—    J’ai encore du mal à réaliser. »  Avoua Ichigo en jetant un œil autour de lui pour s’assurer qu’il ne rêvait toujours pas.

—    Pourquoi maintenant ? »

 

Ichigo haussa un sourcil et observa Jiruga ne comprenant pas la question.

 

« Pourquoi ne nous en ont-ils pas parlé avant ?

—    Ma mère a dit que nous aurions refusé ! Et que nous semblions avoir tout réglé de notre côté.

—    C’n’est pas faux…

—    Mes parents voulaient revendre l’appartement et nous donner l’argent à la place… Mon père m’a dit tout à l’heure qu’il retirait l’annonce qu’il avait envoyé, il y a deux semaines.

—    Il n’avait pas d’acheteur ?

—    Si… plusieurs. Mais, il préfère me le donner plutôt que de le vendre. Et comme il se situe au meilleur endroit pour nous aussi bien pour mon travail que tes études… Tu pourras faire ton bureau, dans l’autre pièce…

—    Et ta bibliothèque…

—    Oui… »

 

Nnoitra traversa l’espace et prit Ichigo entre ses bras. Il se sentait très mal à l’intérieur. Son père faisait tout ce qui était en son pouvoir pour les écraser et… les parents d’Ichigo veillaient à ce qu’ils ne leur arrivent rien de grave. Ils n’imposaient rien, proposaient quand cela était nécessaire. La différence de comportement le mettait en colère et le troublait au plus profond de son âme. Comment pouvait-il exister deux types de parents ?

 

« Nous n’avons plus qu’à emménager Jiruga…

—    S’il te plaît… Ichi… on change la tapisserie de ses murs. Le rose… c’n’est vraiment pas mon truc ! »

 

Ichigo jeta un coup d’œil circulaire dans la chambre qui était recouverte de larges fleurs roses et mauves. Même si elles étaient très stylisées… elle donnait un thème terriblement féminin à la chambre. L’autre ayant appartenue à Karin était dans les tons gris et bleus… avec encore des posters de joueurs de football accrochés aux murs.

 

« Que dirais-tu de commencer maintenant ? Suggéra Ichigo avec le sourire.

—    Ok… »

 

Jiruga abandonna sa veste sur le sol et retroussa les manches de sa chemise à fines rayures bleus. Ichigo se dirigea de l’autre côté de la pièce en laissant tomber sa propre veste. Ils n’avaient que quelques heures pour mettre la pièce en état. Ils avaient à peine démarré que la sonnette retentit fortement. Ichigo se dirigea vers l’entrée et tomba nez à nez avec Isshin et Mazaki.

 

« On est venu vous filer un coup de main ! » Déclara le médecin avec un immense sourire.

—    J’ai apporté le souper et Renji et Chad sont partit chercher quelques meubles…

—    C’n’est pas vrai… vous êtes tous là ? S’étonna Ichigo.

—    Nous les avons prévenus et ils se sont tout de suite proposés. »

 

La voix de Jiruga fit sursauter Ichigo.

 

« Du moment qu’ils ne font pas comme la dernière fois.

—    Nous n’avons pas vraiment le temps ! » Déclara Isshin. Voyant l’air surpris de ses interlocuteurs, il reprit. « Je n’ai pas oublié la chambre rose de Yuzu ! 

—    Je peux entrer ? » Demanda Mazaki brusquement.

 

C’est à ce moment là qu’Ichigo s’aperçut des paquets qu’elle transportait. Il laissa passer sa mère et Isshin rebroussa chemin. Il fut remplacé par Chad qui soulevait des rouleaux de tapisseries et de la colle. Bientôt suivit par Renji tout aussi encombré. Ichigo et Jiruga les aidèrent et bientôt tous s’activèrent à détapisser et à retapisser la pièce. La collation de Mazaki permit un petit moment de détente alors que les cinq hommes étaient, contrairement à leurs habitudes, silencieux et concentrés sur leur travail.

 

Assis par terre au milieu de ce qui serait le salon, Ichigo profita de la pause pour demander à Nnoitra

 

« Tu n’avais pas de devoirs à rendre ?

—    Non… en ce moment tout se passe au labo. Actuellement, je me mets juste en avance sur le programme. Comme je ne sais jamais ce qui peut nous arriver, je préfère être prudent.

—    Tu es plutôt sérieux Nnoitra-kun… » Remarqua Mazaki avec douceur.

 

Tous les regards s’étaient tournés sur le jeune homme installé de manière désinvolte sur le sol.

 

« Je veux prouver à mon crétin de père que même sans lui, je peux parvenir à mes objectifs. Mais, c’est surtout pour moi que je travaille. »

 

Nnoitra croqua dans sa pomme et la mâchouilla un instant pour reprendre tranquillement.

 

« Mon père croit qu’il peut intervenir dans la vie de chacun et le faire plier à sa volonté. Quelque part c’est normal, il a le pouvoir, l’argent et une influence considérable. Il a hérité d’une fortune, d’un nom et d’un groupe d’entreprises. Certaines étaient malades quand il les a reprisent. Non seulement il les a remises sur pied, mais il a étendu le groupe…. Je l’admire pour ça. Mais, quant au reste… pour moi, ce n’est que mon géniteur. Je n’ai pas… comme pour vous et Ichigo, ce sentiment d’appartenance à une famille.

—    C’est dommage… » murmura Mazaki.

 

Nnoitra haussa les épaules, indifférent. Tandis que Mazaki ressentait de la tristesse pour Jiruga et de la pitié pour les parents du jeune homme. Ils ne savaient pas à côté de quoi ils passaient. Même si l’étudiant ne parlait pas de sa mère, cette dernière ne faisait strictement rien pour contacter son fils, et cela mettait la maman qu’était Mazaki en colère. Nnoitra était un garçon sérieux, prenant ses responsabilités et aimable. Quoique… Mazaki était sûre qu’il prenait des gants avec elle. Cela lui amena un sourire.

 

« Je suggère que nous déchargions le coffre des voitures… Proposa Isshin.

—    Le coffre ? Vous avez pris des...

—    Nous avons pensé emporter quelques unes de tes affaires. Nous gardons le double des clefs ta mère et moi et demain matin nous continuerons à faire des allers-retours. Tu viendras directement ici après ton travail. Tu as déjà pas mal d’affaires à la maison… Nous nous chargerons de l’autre appartement demain. Yuzu va se joindre à nous également demain. Elle a dit qu’elle s’occuperait de nettoyer l’appartement.

—    Je vais l’aider. Si le… Enfin, Kurotsushi-san… c’est cela ? » Demanda Mazaki en regardant Isshin.

 

Ce dernier hocha la tête.

 

« Donc, si ce monsieur ou un autre homme du même genre est envoyé pour vérifier l’état de l’appartement, je veux être sûre que tout soit parfait ! Vous aurez déjà pas mal de boulot ici. »

 

Tous approuvèrent et bientôt chacun abandonna le nouveau logement pour retourner chez soi. Les doigts de Nnoitra tambourinaient le volant de la voiture. Ichigo l’observa

 

« Tu es en colère ?

—    Seulement après mon père… rassure-toi. Je me demande ce qu’il compte faire à l’avenir pour nous empoisonner la vie…

—    Nous prendrons tous les problèmes un à un. »

 

Nnoitra frappa violemment le volant et jeta un regard rageur mêlé à de l’exaspération vers Ichigo.

 

« Tu te rends compte de ce qu’il nous fait ? Si tes parents n’avaient pas eu cet appartement qu’aurions nous fait ?

—    Ton père n’était pas au courant non plus.

—    Non et s’il l’avait été, je n’ose pas imaginer ce qu’il aurait pu faire…

—    Jiruga… je pense que je vais prendre une adresse postale. Et je voudrais faire parvenir notre courrier chez mes parents durant quelques temps. Jiruga… est-ce que… tu accepterais de m’accompagner quelque part. Pas aujourd’hui… Je voudrais qu’on s’installe tout d’abord. Je te demanderai… de ne me poser aucunes questions… Je veux juste que tu m’accompagnes. »

 

Nnoitra coupa le moteur et observa son compagnon pendant quelques secondes. Cette angoisse qui rongeait son amant avait fait à nouveau surface. Jiruga percevait confusément qu’il s’agissait de quelque chose d’important. Il finit par hocher la tête.

 

« Je viendrai et je ne poserai pas de question.

—    Bien… rentrons… »

 

Le couple entra dans leur minuscule appartement. Nnoitra loin d’être fatigué se sentait le besoin d’évacuer un trop plein d’émotions et à peine la porte fermée, il enlaça Ichigo qu’il embrassa passionnément. Ses doigts caressaient inlassablement le dos de son partenaire. Il voulait ne faire qu’un avec lui. Plus tôt, ses amis avaient su qu’il vivait une relation avec un homme et certains avaient ricané. Beaucoup avaient été surpris… mais Jiruga s’en moquait. Ils ne connaissaient pas la chance qu’il avait de vivre avec un homme comme sa moitié.

 

Lorsqu’il allongea le corps nu d’Ichigo dans les draps, ce fut avec beaucoup de tendresses que Nnoitra embrassa chaque parcelle du corps qu’il serrait contre lui. Mais à sa surprise, Ichigo le repoussa et son sourire se distingua vaguement dans la nuit.

 

« Laisse-moi faire pour une fois… »

 

La voix rauque et plus grave du roux l’interpella. La gorge de l’étudiant se serra et il ferma les yeux, lorsqu’une langue experte titilla son mamelon. Il laissa échapper un halètement, il ne se savait pas si sensible à cet endroit jamais exploré auparavant par qui que ce soit. Ichigo qui glissait sur lui, c’était autrement plus érotique. Les baisers pleuvaient sur son corps, pour se faire plus langoureux au niveau du nombril. Nnoitra aurait voulu plus, il tremblait d’impatience et le rire bas d’Ichigo lui fit comprendre que le roux faisait durer l’attente. Il rencontra l’éclat de son regard dans la pénombre et sa gorge se noua. Ichigo ne faisait pas son âge physiquement, mais psychologiquement il était loin d’être un jeune homme sorti de l’adolescence.

 

Lorsque la main d’Ichigo caressa sa verge avec dextérité, remplacée quelques minutes plus tard par sa langue audacieuse, Nnoitra en aurait poussé un cri de victoire. La succion perceptible et la manière dont Ichigo s’y prenait pour l’absorber firent crisper les doigts du jeune homme sur le tissu du lit. S’il continuait ainsi, il allait venir plus vite que prévu. Il tenta de repousser le roux sur sa prise, mais ce dernier refusa et c’est dans un spasme qu’il se libéra dans la bouche d’Ichigo.

 

« Pourquoi ? Chuchota Nnoitra.

—    Tu n’as pas aimé ? » Rétorqua Ichigo non troublé.

—    Si… mais…

—    La nuit n’est pas finie Jiruga… nous allons quitter cet appartement sur une apothéose ! »

 

Nnoitra qui ne s’y attendait absolument pas, n’eut pas trop à se poser de questions. Son amant avait remonté son buste et l’embrassait comme si sa vie en dépendait. Un arrière goût acide et amer se mélangea au baiser, Jiruga enserra de ses bras la silhouette pressée contre lui et le fit basculer contre le futon. A son tour de s’occuper de sa moitié.

 

°°0°0°°

 

Trois jours plus tard, Jiruga conduisait sa voiture selon les instructions d’Ichigo. Ses cheveux ébène cachaient une partie de son visage et cela l’arrangeait. Nnoitra ne voulait pas qu’Ichigo perçoivent ses inquiétudes. Même si actuellement, son amant semblait vivre dans son monde. Ils étaient bien ensemble, sauf que ce soir-là Ichigo paraissait absent. Ils arrivèrent sur les berges de la rivière Sumida[ii]. L’endroit paraissait désert et la végétation poussait parmi les dalles de béton.

 

Ichigo descendit de voiture mécaniquement. Son esprit était vide et c’est presque envouté par les flots qu’il s’avança vers la berge déserte. Quelques pavillons se trouvaient non loin. Jiruga observait les lieux pour savoir en quoi l’endroit était si particulier. Ichigo quant à lui, ne voyait rien d’autre que le serpent argenté et verdâtre du fleuve. Son esprit l’avait remplacé par des flots plus tourmenté. Ichigo respira profondément pour effacer de sa mémoire cette réminiscence. L’eau lui semblait bien paisible aujourd’hui.

 

Lentement, ses pas l’amenèrent sur le bord. La pointe de ses pieds dépassait et il sursauta violemment lorsque deux mains le reculèrent de force en arrière. Son cœur se mit à battre plus vite sous la surprise. Il s’était déjà emballé depuis plusieurs minutes, Ichigo avait cru mourir.

 

« Tu es fou ? Tu n’es pas censé avoir peur de l’eau…

—    C’est ici… »

 

Aucune parole ne suivit la déclaration faite d’une voix éraillée. Nnoitra observa tour à tour le fleuve et son amant. Ce dernier avait la tête penchée en avant, et ses mèches rousses tombaient sur son front. Jiruga déglutit et sentait l’arrivée du drame. Il se doutait depuis longtemps qu’Ichigo avait subit un traumatisme, mais est-ce que maintenant… est ce qu’il pouvait l’entendre ?

 

Le silence s’allongeait et la nuit tomba. Jiruga se réchauffa les épaules en frottant ses dernières avec ses mains. L’hiver sévissait encore. La voix d’Ichigo lui parvint enfin après de longues minutes d’attente. Elle était rouée par l’émotion… Jiruga la sentait presque prête à se briser à tout instant.

 

« Ecoute moi jusqu’au bout… sans m’interrompre. »

 

Le cœur d’Ichigo ralentissait et un froid qui n’avait rien à voir avec la température extérieure l’étreignit.

 

« Cela c’est passé… il y a quelques années. » Un petit silence s’installa avant d’être coupé à nouveau par la voix rauque d’Ichigo. « Il y avait deux frères jumeaux très proches et intrépides, qui couraient souvent à l’extérieur de leur maison pour venir se réfugier ici, sur le bord de cette rivière. Les deux frères n’étaient pas bien vieux, ils avaient à peine huit ans. L’un d’entre eux était plus téméraire que l’autre… toutefois, le plus jeune essayait constamment de rattraper son frère ainé… Donc, un jour, le plus jeune des frères voulu prendre le pouvoir pour contrôler la cabane qu’ils s’étaient construits. Il lança un défi à l’aîné. Ce dernier, sûr de son affaire et de sa victoire, accepta le jeu imprudent du plus jeune. C’était pourtant simple, il suffisait juste de marcher sur l’arrête du quai sans tomber… »

 

Ichigo s’interrompis et sembla se rétracter un peu sur lui-même. Un léger claquement de dents se fit entendre. Nnoitra voulu prendre Ichigo dans ses bras, mais l’homme le repoussa et s’éloigna de quelques pas. Le roux rejeta la tête en arrière pour observer la voûte céleste, pour ensuite tourner son visage angoissé vers l’étudiant faussement impassible.

 

« C’était tellement simple… J’ai entendu la voix de ma mère hurler. Elle courait vers nous et je ne comprenais pas, ou je ne voulais pas comprendre, l’avertissement. Et… des secousses ont agité le sol brutalement… Le plus jeune tomba en premier et l’aîné voyant son frère se débattre dans l’eau tourmentée s’est laissé tomber pour essayer de le sauver. Mais, le courant de la rivière s’est accentué et le plus jeune s’est éloigné… L’aîné nageait comme il le pouvait. »

 

Ichigo fit une courte pause et reporta son attention vers le ciel, un peu comme s’il se parlait à lui-même.

 

« C’est à ce moment là que les secousses ont repris. Les vagues sont devenus plus grosses et l’aîné a été entrainé vers le fond... Je… je ne sais pas combien de temps… je suis resté sous l’eau mais, quand je me suis retrouvé à l’extérieur par je ne sais quel miracle, Shiro était loin, son regard était désespéré. Une main m’a saisi et j’ai reconnu l’odeur de ma mère. J’ai entendu la voix de mon père également. Il s’était jeté à l’eau pour secourir Shiro, mais maman et moi nous avons été à nouveau aspirés par le fond. Alors… alors… »

 

La voix d’Ichigo se brisa et Nnoitra voulu rejoindre le roux qui l’arrêta d’une main. Ses yeux débordaient de larmes à présent.

 

« Papa a dû choisir entre nous et Shiro… »

 

La cage thoracique d’Ichigo se levait et s’abaissait fortement. Sa voix était passée dans les aigües et l’expression de pur désespoir déchira le cœur de Nnoitra qui ne s’attendait pas à un tel récit.

 

« Si ma mère et moi sommes ici aujourd’hui… je te laisse imaginer le choix de mon père… » Ichigo se repris et un froncement de sourcil barra son visage.  « Personne n’a pu sauver Shiro. Son petit corps a été retrouvé deux jours plus tard coincé contre des rochers dans la baie de Tokyo. Ce jour là… j’aurai dû disparaitre avec Shiro… j’aurai dû être avec lui… là-bas… »

 

Nnoitra repoussa les mains d’Ichigo qui tentaient encore de l’éloigner et il attrapa fermement le bibliothécaire contre lui. L’émotion l’empêchait de parler. Ils restèrent un long moment enlacé l’un contre l’autre. Au bout d’un petit moment, l’air vif fit prendre conscience à Nnoitra du lieu où ils se trouvaient. Il chuchota au creux de l’oreille d’Ichigo.

 

« Viens… On rentre à la maison… »

 

Ichigo hocha la tête et remonta dans la voiture avec l’impression d’avoir du plomb dans ses chaussures. Il ne se retourna pas une seule fois pour voir s’éloigner les lieux. Ses poings étaient serrés, aux points que ses jointures étaient devenues blanches et la douleur était vive. Il se laissa emmener par Nnoitra lorsqu’ils descendirent de voiture à nouveau. L’étudiant fit asseoir le roux sur un fauteuil et partit préparer un thé. Il fit un tour dans la chambre pour prendre un plaid qu’il enroula autour des épaules de son amant qui serra convulsivement les bords de ses doigts.

 

Ichigo remercia Jiruga inconsciemment lorsqu’il plaça la tasse chaude entre ses doigts. Il releva la tête pour rencontrer le regard sombre du jeune homme.

 

« Merci… de me l’avoir dit… »

 

Ichigo observa longuement Nnoitra dans les yeux et il finit par avouer, d’une voix posée.

 

« Grimmjow… ne le savait pas. Personne… je ne l’ai raconté à personne. Seuls Renji, Chad et Madarame le savent. La grand-mère de Renji habitait non loin de la maison, avant que nous ne déménagions là où vivent mes parents actuellement. Il en a tenu informé Chad et Madarame… car ils se moquaient de moi et de ma phobie de l’eau. Grimmjow est arrivé quelques mois plus tard, mais nous n’en parlions plus depuis longtemps. Alors, il ne sait pas. »

 

Jiruga pour la première fois depuis le début de sa relation avec Ichigo se sentit supérieur à Jaggerjack. Mais en connaissant un tel secret… ce n’était pas facile à intégrer. La douleur d’Ichigo, il l’imaginait… enfin tentait de la concevoir. Car il n’était pas sûr de ressentir un pareil désespoir si Tessla disparaissait dans de telles conditions. Mais en vivant au côté des Kurosaki… il connaissait les liens qui les liaient. Alors, il essaya de se représenter une vie sans Ichigo. Le coup au cœur qu’il ressentit le dissuada de continuer dans ses conjonctures.

 

Le froissement du tissu qui tombait sur le fauteuil, attira l’attention de l’étudiant. Jiruga suivit des yeux Ichigo qui partait visiblement se coucher. Le jeune homme soupira et resta perplexe un petit moment sur le canapé. Que pouvait-il dire à Ichigo pour le consoler ? Attendait-il cela de lui ? Exaspéré, Nnoitra attrapa les tasses et les débarrassa dans la cuisine. Il plia le plaid et gagna la chambre où Ichigo était déjà allongé. Moins d’un quart d’heure plus tard, Jiruga s’allongea et rencontra l’éclat des yeux de son amant.

 

« Viens… »

 

Nnoitra attira Ichigo contre lui. Le roux fixait la gorge opaline de Jiruga. Il se sentait vidé avec une sorte de sentiment de soulagement. Il avait tout avoué. La culpabilité qu’il ressentait pour avoir causé la perte de Shiro s’en trouvait atténuée. Cela ne le disculpait pas, mais il avait maintenant quelqu’un avec qui partager son lourd secret. C’est presque sans s’en apercevoir qu’Ichigo s’endormit. Jiruga resta un long moment les yeux ouverts. Que devait-il faire à présent ? Il ne savait pas trop. Jiruga se promit de prendre soin de son amant et de l’aider au mieux en étant là tout simplement. Nnoitra finit aussi par s’endormir, mais son sommeil fut plus agité cette nuit-là.



[i] Les mariages au Japon coutent des sommes astronomiques. Bien plus qu’il ne coute en France. Très peu de japonais le fête ou se marient à cause de prix prohibitif des cérémonies.

[ii] Fleuve qui traverse Tokyo.

Chapitre 14

La circulation était plus dense dans les rues de Tokyo. Il y flottait aussi comme un air de printemps. Peut-être était-ce dû à la fête de l’Hanami[i] ? Le changement des jours lourds et gris, remplacé par un ciel bleu moutonneux où le soleil perçait de plus en plus souvent ? Quoiqu’il en soit, c’est le cœur léger qu’Ichigo se dirigeait vers la piscine municipale pour son premier cours de natation. Un an, jour pour jour après avoir reçut son premier cours avec Jiruga. Cela amena un léger sourire au bibliothécaire. Il avait l’impression que beaucoup plus de temps s’était écoulé.

 

Ce n’était pas par cachotterie mais, Ichigo n’avait pas parlé de ses nouveaux cours de piscine à qui que ce soit. Jiruga avait été embauché en tant qu’assistant dans un petit laboratoire. Il allait se partager entre le labo et l’université maintenant. Un gros changement dans sa vie… et par extension dans la sienne. Inconsciemment, le roux descellera devant le bâtiment de toutes ses anciennes peurs. Ichigo s’aperçut qu’il allait encore avoir du chemin à faire mais, il devait franchir le pas.

 

Après quelques minutes de réflexions, Ichigo franchit le seuil et paya sa place. L’établissement était inconnu au libraire. Il était sûr qu’aucune de ses connaissances ne fréquentaient ce lieu public. Lorsqu’il se présenta devant le bassin, Ichigo n’avait plus cette terreur qui lui chevillait l’estomac. Il regardait l’eau. Ou plutôt la scrutait. Elle était limpide et aucun courant ne venait créer de ressacs. Le libraire se souvint de ses balades au bord de mer avec Jiruga et il se dit qu’une piscine était vraiment moins effrayante qu’un océan ou un fleuve.

 

Lentement, avec précaution Ichigo descendit marche après marche. Le roux resta immobile les pieds, encerclés par cinquante centimètre d’eau. C’était déjà beaucoup plus que sur les rivages d’une mer quelconque. Son cœur battait à tout rompre. Sa respiration lui parut hachée brutalement.

 

Ichigo se traita d’âne et jeta un bref coup d’œil autour de lui. Personne ne faisait réellement attention à ce qu’il faisait. Ichigo appliqua quelques techniques de respirations pour calmer le stress. Le musicien remercia au passage l’équipe dont Love l’avait entouré. Il se souvint des conseils d’Hiyori et sa voix nasillarde empli ses tympans et ses réflexions cassantes lui amenèrent un sourire. S’il était capable de sourire dans l’eau, c’est qu’il avait remporté déjà une grande victoire. Le roux se sentait prendre de la confiance et se sentait intrépide.

 

Un de ses pieds s’avança alors qu’il ne lui avait pas commandé d’avancer. Surpris par son audace, Ichigo s’arrêta et constata que rien ne se produisait. Certes, il avait les mains moites et le cœur qui dansait la carioca mais, la panique viscérale avait quitté sa tête. Timidement, Ichigo exécuta un autre pas, s’arrêta à nouveau. Un petit rire s’échappa de ses lèvres.  Une joie enfantine s’emparait de lui.

 

Le roux se racla un peu la gorge et reprit son chemin longeant le bord. Quelque part, il avait l’impression de marcher en « slowmotion ». Il se traita d’imbécile et avança à petit pas incertains. Sa respiration était saccadée encore mais, il maîtrisait son angoisse. En fait, c’était une grande joie qui l’envahissait.

 

Après quelques pas supplémentaire et se trouvant sur le bord l’extrémité de la margelle, Ichigo lança un regard de biais vers l’autre bord. Cela voulait dire s’enfoncer davantage. Son cœur battit plus vite et plus fort. Se sentait-il capable de s’enfoncer plus profondément. Ichigo estima qu’il avait déjà fait un énorme bond en avant et… de prolonger l’expérience gâcherait peut-être tous les efforts entrepris. Pourtant, au fond de lui, l’homme se souvenait des moments merveilleux qu’il avait connu avec Shiro. Ils aimaient l’eau. Si son petit frère serait là, ce dernier serait certainement déçut de le voir agir comme une poule mouillée. Ichigo avait toujours donné l’exemple à Shiro alors… alors… aujourd’hui, c’était le jour pour faire la paix avec lui.

 

Le roux s’enfonça lentement vers une profondeur plus grande. Il respirait bien profondément et ne regardait que ses pieds. Ichigo voulait voir de ses propres yeux. Il ne voulait plus fuir. Dans sa tête, il voyait l’image de son frère albinos qui marchait à côté de lui, l’encouragent à avancer. Certes, pas avec des mots chaleureux… plutôt de façon moqueuse mais qu’importe.

 

Lorsque le liquide cristallin atteint sa taille, Ichigo s’arrêta. Il en aurait poussé un cri de victoire. Il resta là, heureux d’avoir enfin osé affronter seul sa phobie. Il ne plongerait pas la tête sous l’eau, il ne s’en sentait pas capable. Ichigo redressa la tête brutalement se sentant observé. Plusieurs regards moqueurs se détournèrent… tous sauf un.

 

L’homme le dévisageait avec un sourire bienveillant. Le roux se crispa légèrement. Que lui voulait-il ? Voyant le renfrognement soudain du baigneur l’homme s’approcha et déclara avec une voix chaleureuse.

 

« Vous aviez l’air d’avoir franchit une étape olympique… Vous étiez adorable… »

 

Ichigo fronça un peu plus les sourcils.

 

« Je ne suis pas adorable… et oui… j’ai franchit une étape olympique !

—   Toutes mes félicitations alors… Vous êtes phobique ? »

 

Le regard sombre, Ichigo détailla son interlocuteur. Il devait avoir passé la quarantaine. Ses cheveux sombres étaient aussi disciplinés que les siens, autrement dit en bataille. Son regard sable était chaleureux et sans malice. Il ressemblait à un type ordinaire… ouvert. Son corps était sculpté et devait faire mourir d’envie, bons nombres de femmes… et d’hommes.

 

« Excusez-moi… je devrai peut-être me présenter. Je m’appelle Amagai Shuusuke. Je suis assistant de direction pour une compagnie pharmaceutique.

—   Vraiment ? » S’étonna Ichigo qui voyait plus ce type en professeur de sport.

—   Oui… réellement. Sourit son interlocuteur.

—   Je… m’appelle Kurosaki Ichigo. Et je suis libraire.

—   Vraiment ? » Rétorqua l’autre sans se départir de sa bonne humeur.

—   Oui… réellement… »

 

Ichigo ne savait pas vraiment à quoi il jouait lui-même mais, la bonne humeur contagieuse de son interlocuteur le poussa à badiner sur un ton léger. Il en oubliait presque qu’il était dans l’eau. Un malaise commençait d’ailleurs à le gagner.

 

« Vous devriez sortir… vous allez attraper froid. » Suggéra Amagai.

 

Ne voulant pas le détromper, le roux acquiesça et s’assit sur le bord. Il voulait s’éloigner mais, la belle vois grave du nageur le retint. 

 

« Vous partez déjà ?

—   Je suis rentré dans l’eau… et c’est beaucoup.

—   Vous êtes venu seul… aucune personne de confiance avec vous ? »

 

Ichigo eut un bref sourire et secoua la tête. Il expliqua d’une voix un peu morne son parcours.

 

« J… je suis allée dans une clinique qui soigne la phobie de l’eau. J’ai suivit le stage pendant deux mois, sans en parlez à personne. D’un autre côté, j’ai accepté les invitations pour me balader également à la mer, et sur les berges de quelques rivières… Je me sentais prêt aujourd’hui. Mais, je ne voulais pas que… enfin, je voudrai faire une surprise…

—   A votre petite amie. » Termina Amagai complice.

—   Oui… 

—   Pourquoi ne referiez-vous pas un tour de bassin. Je vous accompagne si vous le souhaitez…

—   Non… je ne veux pas vous déranger et je serai… ridicule !

—   Ridicule ? Je ne pense pas non… Surtout lorsque l’on vient ici pour affronter sa plus grande peur…

—   Qui vous a dit que c’était ma plus grande peur ? » Demanda Ichigo en fronçant les sourcils.

—   Vous ne semblez pas être le genre de type à vous émouvoir. Et puis, je ne connais pas beaucoup de personnes ayant assez courage pour faire ce que vous faites, seul. Donc, je pense qu’il s’agit de votre plus grande peur… »

 

Seul le silence répondit. Ichigo n’avait aucune envie de réfuter, ne s’étant jamais lui-même posé le problème de manière métaphysique. Amagai haussa les épaules et salua Ichigo, voyant son interlocuteur se replier sur lui-même.

 

« Ce n’est pas une obligation. Je voulais seulement vous aider. Je vous souhaite une bonne journée…

—   Attendez… vous m’aideriez réellement ? S’étonna Ichigo.

—   Bien sûr ! Sourit l’homme.

—   D’accord… je veux bien essayer mais… »

 

Ichigo scruta la piscine anxieusement.

 

« Pas tout le tour… jusqu’ici ça me paraît… bien pour aujourd’hui. 

—   Je vous attends aux pieds des marches. »

 

Sans attendre, et le faisant tant qu’il avait encore assez de courage, Ichigo se dirigea vers le bord du petit bassin. Il respira profondément et entra ses pieds dans le liquide tiède. Il avança inexorablement et leva les yeux pour rencontrer le regard sable toujours bienveillant. L’image d’Amagai fut remplacer par celle de Jiruga et Ichigo adressa à son vis-à-vis un sourire désarmant plein d’amour et de tendresse.

 

Amagai eut un coup au cœur. Lui qui était là par hasard et qui avait observé le roux de loin ne s’attendait pas à pareil réaction. Sans s’en apercevoir, Ichigo resta une dizaine de minutes dans l’eau. Marchant et discutant avec cet homme qu’il ne connaissait pas et pourtant si doux et gentil avec lui. C’était la première fois qu’il croisait un homme dans son genre. Lorsqu’il lui proposa de le rencontrer le lendemain pour refaire quelques pas dans l’eau ensemble, Ichigo ne voulu pas abuser

 

« Absolument pas ! Je viendrai plus tôt pour faire mes longueurs et je pense que si vous venez ici aux mêmes heures, je serai présent dans le bassin.

—   Si cela ne vous dérange pas… ça sera avec plaisir. »

 

Ichigo quitta la piscine avec le sourire. Il était enthousiaste quand à la personnalité si agréable d’Amagai Shuusuke qu’il en avait oublié pratiquement ses peurs. Sur le chemin du retour, Ichigo s’arrêta pour faire quelques courses. Le roux salua les commerçants qu’il avait appris à connaître. En cours de route, il reçut un appel de Renji. Marchant tranquillement sous se soleil de mois d’avril, Ichigo songea que rien ne pouvait le surprendre ou briser sa bonne humeur ?

 

« T’es où ? » Interrogea le commerçant visiblement stressé.

—   Je rentre chez moi…

—   On part demain !

—   Quoi ? »

 

Ichigo se figea sur le trottoir. Une boule d’angoisse se logea dans le ventre. Il ne s’attendait pas à pareille nouvelle.

 

« C’est Aigawa qui veut nous faire participer à un festival dans le sud… et pas question de refuser. Un groupe s’est décommander car le chanteur est aphone. On nous a proposé de participer à leur place…

—   Mais… mais…

—   Ichigo ! C’est notre job !

—   Je bosse demain…

—   Ton futur boulot c’est musicien pas libraire… réveille-toi vieux ! » S’agaça Renji. « Ikkaku et Chad ont pris leurs dispositions et moi, j’ai trouvé un intérimaire…

—   C’est facile pour toi ! » Grogna le roux entre ses dents.

—   Tu crois vraiment que c’est plus facile de trouver quelqu’un de confiance pour un magasin qui t’appartient ? C’est au pied levé mec ! Et au fait… nous le savions dès le départ alors maintenant t’assume et tu nous laisses pas tomber. Bon, j’ai encore à former mon vendeur. Alors on a rendez-vous pour prendre le Shinkansen[ii] vers cinq heures du mat. Là-bas on aura une camionnette pour déplacer notre matériel. Le concert débutera pour nous à 20h 30.

—   Ok…

—   Donc, on va à Okayama… à Kurashiki.  Tu  prépares tes affaires et n’oublie rien ! »

 

Ichigo observa son portable la mine défaite. C’était vrai, il savait que cela pouvait arriver mais, il ne s’attendait pas si vite. Il avait l’impression brutalement de se retrouver face à une réalité qu’il avait toujours repoussée inconsciemment. Ichigo n’allait pas dire que cela ne lui plaisait pas. Bien au contraire. Seulement, il devait quitter Jiruga et cela ne lui plaisait pas et puis… il avait son travail. Il soupira et composa le numéro de son patron pour l’avertir. Un autre moment difficile à passer. Son cœur tambourinait parce qu’Ichigo savait à l’avance ce qui allait arriver.

 

« Ishida-san ?

—   Hai !

—   C’est Kurosaki Ichigo.

—   Je n’ai pas le temps Kurosaki… Il y a du monde à la librairie et…

—   Je ne pourrai pas venir demain.

—   C’est impossible, la rentrée scolaire va avoir lieu et je suis débordé ! Je vous interdis de tomber malade.

—   C’est pour… mon travail…

—   Vous travaillez pour moi… oh… » se reprit Ryuuken. « Vous parlez de ce pseudo travail ? » Ironisa-t-il.

—   Ce n’est pas un pseudo travail… » Répliqua sèchement Ichigo.

—   Tss… Chacun voit midi à sa porte. Si vous ne venez pas travailler demain, vous pourrez vous choisir une nouvelle place. Nous en avions déjà parler Kurosaki maintenant c’est à vous de choisir…

—   Trouvez-moi un remplaçant ! »

 

Ichigo raccrocha le cœur battant. Sa voix avait été plus tranchante qu’il ne l’aurait voulu. Il aimait bien Ishida-san, même s’il se montrait parfois dur et intraitable. Il savait aussi se montrer magnanime lorsque la situation l’exigeait. Ichigo avait eu l’impression de le trahir  à l’instant.

 

Que venait-il de faire ? Il avait agit en total égoïsme et de manière irréfléchie. Il ne voulait pas perdre sa place. Mais, il savait comme l’avait précisé Renji plus tôt qu’un jour où l’autre cela arriverait. Il en avait discuté longuement avec Ishida-san sans pour autant le convaincre. Aujourd’hui était un résultat couru d’avance.  Que devait-il faire à présent ? Ichigo rentra dans son appartement déboussolé. L’ancien libraire démarra le souper, puis entrepris de faire sa valise et sortir sa Gibson qu’il plaça dans son étui. Il vérifia ses papiers et termina le repas.

 

Quand Jiruga franchit le seuil, il remarqua immédiatement la valise d’Ichigo.

 

« Tu pars ? S’étonna le jeune homme.

—   J’ai un concert demain soir et il se passe à Kurashiki dans le secteur d’Okayama.

—   Si loin ? » Fit ébahis Jiruga.  « Si vite ?

—   Nous en avions déjà discuté… Un groupe ne peu pas se produire à un festival demain, nous le remplaçons au pied levé. C’est une chance en or de nous faire connaitre un peu plus… »

 

Jiruga sourit et franchit la distance qui le séparait de sa moitié. Il l’enlaça et embrassa sa tempe.

 

« Ne soit pas si inquiet… tout se passera bien, j’ai confiance.

—   J’ai perdu mon boulot Jiruga.

—   Il n’y a que toi qui sois étonné. »

 

Jiruga éclata de rire en voyant la mine renfrognée d’Ichigo qui souleva une louche menaçant.

 

« Pourquoi suis-je toujours le seul à m’inquiéter ? Gronda le roux.

—   Parce que tu ne sais pas vivre l’instant présent ! Et puis, Tu es au courant depuis un petit moment, je te signale… »

 

Prenant un air un peu plus grave en interceptant le regard mauvais d’Ichigo, Jiruga continua.

 

« Ichi… Nous en avons parlé depuis un petit moment déjà et puis… Ishida-san t’avait prévenu. C’est sûr que cela doit te procurer un choc… Tu agis quelque fois avec désinvolture… mais, demain tu commences réellement ta carrière de musicien ! »

 

Jiruga semblait plutôt fier à cet instant là.

 

« De plus, nous ne sommes pas à la rue et je gagne un salaire maintenant… alors, je ne vois pas pourquoi tu te tracasses autant…

—   Je pensais que… tu serais… contrarié… »

 

Le visage de Nnoitra se ferma instantanément. Ichigo eut l’impression d’avoir fait une boulette. Il su ce qui traversait maintenant l’esprit du jeune homme et voulu se rattraper

 

« Ce n’est pas ce que je voulais dire… » Essaya de minimiser Ichigo.

—   Bien au contraire ! »

 

La voix de Jiruga claqua comme un coup de fouet. Il était vraiment en colère et Ichigo déglutit. Il n’avait pas peur de Nnoitra. Ichigo savait que son amant ne lèverait jamais la main sur lui mais, sa colère pour ce sujet là était terrifiante.

 

« Tu m’as encore comparé à lui ! »

 

Ichigo ne faisait pratiquement aucune comparaison avec Grimmjow. Malheureusement des qu’il en faisait une, même minime ou inconsciente… Jiruga se fâchait. C’était le seul sujet pour lequel d’ailleurs, il n’arrivait pas à garder son calme. Pourtant, Nnoitra connaissait ses sentiments vis-à-vis de lui. Ichigo ne comprenait pas son emportement.

 

« Je ne te comparais pas à lui ! Je pars du jour au lendemain alors que samedi nous étions censé partir tous les deux en week-end !

—   Je t’ai pourtant dit que je comprenais ta situation… alors pourquoi tu t’inquiètes constamment pour des trucs sans importances ?

—   Jiruga… je n’ai pas envie de me fâcher… je pars demain et…

—   Et quoi ? » Demanda le jeune homme agacé.

 

Nnoitra scruta le roux qui paraissait se renfrogner un peu plus. Il n’aimait pas se quereller avec lui et cela arrivait rarement, heureusement. Mais, les tergiversations d’Ichigo l’agaçaient. Il ne savait plus comment faire comprendre à sa moitié qu’il était libre de faire ce qu’il voulait ! Sauf le tromper… là, il lui ferait la peau. A chaque fois qu’il conjecturait ainsi, il voyait l’ombre de Jaggerjack derrière et sa tension montait brutalement. Comment pouvait-il le comparer à un type pareil ?

 

Habituellement, Jiruga faisait un geste pour apaiser Ichigo mais cette fois-ci… il allait le faire réfléchir sur son comportement. Il ne voulait pas de chantage psychologique. Et Ichigo s’il ne s’en rendait pas compte, lui en faisait à l’affection ! Jiruga se reposait beaucoup sur Ichigo et il était reconnaissant à son amant de prendre autant soin de lui… mais, il ne voulait pas en contrepartie y laisser sa santé mentale. Jiruga était son homme, il ferait beaucoup de choses pour faire plaisir à Ichigo mais, il ne voulait pas de ce petit jeu malsain.

 

Sans ajouter un mot, Nnoitra s’éloigna.

 

« Jiruga… » Appela la voix de son amant dans le dos.

—   Je vais mettre la table ! »

 

Ichigo voulu protester mais, le regard dont l’affubla Nnoitra l’arrêta dans son élan. Le dîner se passa en silence. Seuls le tintement des couverts et celui de la mastication était perceptible. Jiruga faisant exprès de désamorcer toute tentative de discussion pour bien faire comprendre à Ichigo qu’il ne lui pardonnait pas son manque de confiance en lui. Ensuite, il se leva et débarrassa sans prêté la moindre attention au roux.

 

« J’allais le faire ! Protesta Ichigo.

—   Non… tu as autre chose à faire ce soir ! Alors, je m’occupe de la maison…

—   Et t…

—   Ichigo. Je ne suis pas un petit garçon alors, finit de préparer ton voyage où je me fâche. »

 

Ichigo resta planté au milieu de la cuisine déboussolé. Finalement, il partit se prendre une douche et de se mettre en pyjama. Pourquoi Jiruga prenait-il si mal le fait qu’il est eut un petit ami avant lui ? De plus, dans son esprit, il ne l’avait pas comparé à Grimmjow… alors qu’avait-il fait ? Il aurait aimé que Jiruga le prenne dans ses bras. Après tout, ils n’allaient pas se voir pendant quatre jours. Enfin, il n’était pas sûr du nombre de jours en fait… Il aurait voulu partir en bon terme.

 

Jiruga regagna le lit très tard. Ichigo ne dormait pas et son amant s’en aperçut.

 

« Tu n’es qu’un imbécile… » Il attira Ichigo à lui et Nnoitra termina par « et moi avec… » Ichigo eut un petit sourire. Il se pelotonna contre l’étudiant qui l’embrassa brièvement.  Les yeux d’Ichigo se fermèrent lentement. Le cœur léger, il s’endormit quelques secondes plus tard comme une masse. Nnoitra caressa les cheveux soyeux pour sombrer lui-même dans un sommeil agité, où Jaggerjack venait lui rendre visite.

 

°°0°0°°

 

Le lendemain, c’est le tintamarre d’une sonnette qui les réveilla en sursaut. Ichigo se redressa hagard dans le lit. Jiruga grogna et se leva brusquement pour aller tuer l’importun qui venait les déranger en pleine nuit ! Ichigo entendit quelques secondes plus tard la voix furieuse de Renji, suivit par celle de Jiruga.

 

« Où est-il ?

—   Dans le lit !

—   Putain, je m’en doutais… »

 

Ichigo tourna la tête vers son radioréveil et constata avec horreur qu’il était 4 h45. Il avait oublié d’installer l’alarme. Renji apparut furieux sur le seuil de la chambre.

 

« Ichi ! J’essaye de te contacter depuis un quart d’heure sur ton portable ! »

 

Le roux tourna la tête et attrapa son téléphone et rougit.

 

« Je l’ai éteint…

—   Espèce de connard ! On va louper le Shinkansen par ta faute ! Tu sais que nous n’en aurons pas d’autre avant 14 h et nous ne seront jamais arrivé à temps pour le concert alors tu magnes ton cul et tu t’habilles !

—   Mes affaires sont prêtes…

—   Elles sont où ? » S’écria Renji toujours aussi mécontent.

 

Ichigo cru voir palpiter une veine au coin de sa tempe.

 

« Dans l’entrée…

—   Je charge la voiture et t’as intérêt à être habillé ! »

 

Renji quitta les lieux et Ichigo bondit hors de son lit. Son cœur battait à une folle allure. Comment avait-il pu oublier un pareil rendez-vous ? Mais qu’avait-il fait ? Sans réfléchir, il s’enferma dans la salle de bain et se rafraichit avant de s’habiller. Quand il regagna le vestibule, Jiruga tenait une tasse de café en main et lui tendit.

 

« Je suis désolé Jiruga… »

 

Ichigo était sincèrement désolé. Le roux bu quelques gorgée en prenant soin de ne pas se brûler. Nnoitra l’observa avec un petit sourire, comme si l’événement ne l’étonnait même pas.

 

« Tu feras attention à toi ?

—   Je ne sais pas quand je rentre et oui… je ferai attention à moi… Toi aussi… »

 

Ichigo but une nouvelle gorgée. Nnoitra en profita pour l’embrasser lorsqu’il redressa la tête. Le regard intense du jeune homme noua la gorge du roux. L’alchimie entre eux était toujours très présente et Ichigo faillit se brûler avec son café quand Renji hurla

 

« Magne-toi ! On a pas le temps de jouer au joli cœur !

—   Je ne joue pas au… 

—   Va… »

 

Jiruga récupéra la tasse et poussa Ichigo à l’extérieur. Le roux suivit Renji et pénétra dans la voiture de location. Nnoitra resta un long moment devant la porte principale de l’immeuble à regarder l’espace laissé vide par la voiture. Il termina le café en le sirotant pour rejoindre l’appartement qui lui semblerait bien vide durant quelques jours.

 

Une femme avec son chien hurla outrée dans le hall en voyant le jeune homme habillé d’un seul caleçon. Nnoitra lui lança un regard torve.

 

« Qu’est ce t’m’veux la vieille ? »

 

Il claqua la porte derrière lui, sous les protestations indignées d’une femme d’environ quarante-cinq ans.

 

°°0°0°°

Dans la voiture, Renji était tendu. Il conduisait rapidement et Ichigo se tenait à la poignée pour éviter de s’écraser contre la carrure du conducteur, lorsqu’il tournait à gauche. La mâchoire serrée du commerçant laissait présager les pires ennuis au roux. Les reproches ne tardèrent pas à pleuvoir.

 

« On te faisait confiance… » Gronda Renji.

—   Je ne l’ai pas fait exprès…

—   Tu ne fais jamais rien exprès Ichi. Soyons clair… Tu ne nous braderas pas notre chance.

—   Tu crois que je me joins à vous à reculons ? » Reprocha Ichigo maintenant lui aussi énervé. « Hier soir, je n’ai pas eu une bonne soirée. Nous nous sommes disputé Jiruga et moi et j’ai oublié d’en allumer mon radioréveil…

—   T’as encore fait quoi comme connerie ?

—   Qui te dit que c’est moi ?

—   Jiruga-kun est trop sérieux et bien trop amoureux de toi pour tenter de te mettre en colère inutilement. C’est toi qui as encore mis le feu aux poudres ?

—   Je n’ai rien fait… il s’est imaginé que je le comparais avec Grimmjow…

—   Encore ? » Se consterna Renji.

—   Comment ça encore ? »

 

Renji gara le véhicule en vrac et il ouvrit ou arracha la portière en descendant de la voiture. Ichigo se redressa également un peu plus calmement mais, son froncement de sourcil ne laissait rien augurer de bon.

 

« Qu’est ce que tu insinues par encore ? »

 

Le coffre ouvert, Renji sortit les bagages qu’Ichigo attrapa au vol. D’un pas précipité, ils traversèrent la gare et Renji pilota Ichigo jusqu’au quai où le contrôleur allait faire fermer les portes du train. Sans chercher à comprendre, les deux hommes se mirent à courir et ils bondirent dans l’espace encore ouvert. Ichigo serrait sa Gibson contre lui, alors qu’il se trouvait allongé par terre. Sa mine renfrognée s’était accentuée.

 

« Qu’est ce que tu voulais dire tout à l’heure ? » Repris Ichigo comme si rien ne s’était passé.

 

Renji repris sa respiration et déclara sombrement alors qu’il se redressait sous le regard curieux des passagers.

 

« Qu’à chaque fois que vous vous disputez, c’est toujours à cause de Grimmjow. Qu’est ce qui fait qu’il se sente à ce point en manque de confiance par rapport à lui ? 

 

Ichigo se releva à son tour et s’appuya contre la paroi du train et observa songeur le chanteur du groupe.

 

« Si seulement je le savais… j’éviterai ce genre de querelle que nous n’avons pas aussi souvent que tu veux bien le laisser entendre ! 

—   Peut-être mais, le gamin… il semble déboussolé !

—   Tu n’exagères pas un peu ? Maugréa Ichigo.

—   De toute façon, c’est toi que ça regarde… mais, fait gaffe pour la prochaine fois.

—   Ok…

—   Au fait, ton boulot ? T’as pu t’arranger ?

—   Non… j’ai démissionné.

—   Ah ouaih… Quand même…

—   C’était prévu… »

 

Renji observa le visage du roux qui se retrouvait maintenant sans travail. Il culpabilisait un peu… mais, pas vraiment. Après tout… il était au courant et il assumait ses responsabilités. De toute façon, maintenant aucun d’entre eux ne pourraient faire face à leur travail d’hommes respectables. Chacun allait quitter leurs fonctions pour être à temps plein dans le groupe. Ichigo l’avait juste fait un peu plus tôt que prévu. Renji soupira et demanda

 

« Bon, on va tenter de rejoindre les autres ? Où on continue à se donner en spectacle dans le sas du train ? »

 

Ichigo serra son étui contre lui et traversa l’allée suivit de Renji qui soulevait le bagage du roux. Après avoir traversé deux rames, ils trouvèrent Chad, Aigawa, Madarame mais aussi Hiyori et Mashiro installés les uns à côté des autres. Ichigo plaça sa Gibson entre ses jambes après qu’il se soit installé à côté d’une Hiyori fulminante. Près de la fenêtre Chad le salua pour ensuite replonger dans son sommeil. Madarame en face de lui le fixa avec un regard de sphinx.

 

« Dit… tu vas nous le faire souvent ?

—   Ça va… c’est bon ! J’en ai déjà discuté avec Renji ! Je m’excuse pour mon retard…

—   Vraiment ? » Siffla Hiyori véritablement furieuse à côté de lui. « Nous avons faillit ne pas avoir de concert ce soir à cause de toi. Connais-tu les sommes investis dans ce groupe ?

—   Je commence à le connaitre Hiyori-san…

—   Prend ton rôle plus au sérieux Kurosaki-san… » Déclara faussement nonchalant Aigawa de l’autre côté de l’allée. « Au fait… Mashiro va jouer le rôle de ta petite amie, alors soit sympa avec elle.

—   Hello ! » Déclara la jeune femme avec un superbe sourire aux lèvres. « C’est un plaisir pour moi de jouer ce rôle… sache-le ! »

—   Mais… mais…

—   C’est un ordre ! Autant que les bruits de chiottes qui vont circuler sur toi, soit ceux d’une relation torride avec une femme qu’avec un quelconque type… Tu t’afficheras plus tard avec ton mec quand tu seras une star… Tout le monde trouvera ça cool et on ne te fera pas chier. On mettra ça sur le compte de ton excentricité… Mais pour l’instant, tu vas jouer les tombeurs hétéros que ça te plaise ou non ! »

 

Ichigo resta le regard braqué sur Aigawa. Ce n’était absolument pas prévu au programme. C’était quoi ce cinéma qu’il devait jouer ? Comment Jiruga allait prendre ce nouveau développement ? Il téléphonerait plus tard à son compagnon pour le tenir informé. Les choses n’allait pas forcément allez de soit.

 

°°0°0°°

 

Le regard absent, dirigé vers le parking de sa société où quelques employés se déplaçait, Matsuta attendait l’arriver de son bras droit. Il commençait à trouver le temps un peu… même s’il s’était donner le temps pour reconquérir son obstiné de fils. Il était hors de question que Jiruga continue à fréquenter se petit libraire sans envergure. Tessla ne pourrait jamais reprendre les rennes de la société, il n’en avait pas la carrure.

 

Seul Jiruga à ses yeux, le pouvait. D’ailleurs, c’était lui, qui avait fait en sorte que son fils intègre un petit laboratoire… qui lui appartenait. Ce n’était pas n’importe quel labo… Il contenait toute la fine fleur de la technologie. Matsuta voulait que son fils puisse obtenir toutes les informations et toutes les connaissances nécessaires à la reprise de son empire.

 

En ce qui concernait Kurosaki Ichigo… Il allait le mettre hors course et dans un délai incertain. Il ne voulait pas se mettre son fils à dos… il ne voulait pas qu’il puisse l’accuser de traitrise ou de quelconque malveillance. Non, il agirait doucement et en sous-marin… Jamais personne ne remonterait jusqu’à lui. Il avait déjà trouvé le remplaçant de son fils dans le cœur du roux.

 

Un coup discret à la porte, fit lever les yeux du milliardaire.

 

« Entrez ! »

 

La porte s’ouvrit laissant place à son fidèle bras droit. Ce type était l’homme de toutes les situations. Grâce à lui, il avait fait progresser son chiffre d’affaire de façon exponentiel. Il lui était d’un dévouement sans faille.

 

« Installez-vous… j’ai demandé à Dordoni de nous apporter du thé… »

 

Son bras droit s’installa en face de lui et Matsuta soupira soudainement fatigué. Mais, il voulait être sûr une dernière fois de la conviction et de la détermination de son homme.

 

« Votre femme ?

—   Nous nous sommes séparés… Rien ne m’empêchera de mener ma mission à bien. »

 

Dordoni entra et s’avança silencieusement. Il présenta son plateau et disparu pour laisser les deux hommes libres de discuter.

 

« Pas trop de difficulté ?

—   Aucune… De toute façon, j’ai seulement avancé une échéance inéluctable.

—   Bien… bien… Etes-vous sûr de vouloir vous lancer dans ce genre de relation ? Après tout, vous n’êtes même pas l’ombre d’être bi…

—   Plus que certain ! »

 

Matsuta observa son subordonné quelques instants. Il était assez perplexe sur les motivations de cet homme. Lui serait incapable de séduire un autre homme. Il en eut d’ailleurs un frisson d’horreur. Il toussota pour se donner contenance et bu une gorgée de thé.

 

« Vous comprenez bien que c’est de l’avenir de ma société, et de l’avenir de mon fils dont nous parlons ?

—   J’en suis tout à fait conscient… Je me ferai une joie de faire disparaitre Kurosaki de l’horizon de votre fils. Comprenez que c’est une chance pour moi de venger mon père !

—   Vous m’en avez parlé oui… Soupira Matsuta.

—   Kurosaki Isshin et Urahara Kisuke doivent payer… Et l’occasion ici est trop belle pour me permettre de la laisser filer. Je ne vous décevrai pas… Faites-moi confiance.

—   Vous ne m’avez jamais déçut et vous le savez pertinemment… »

 

Nnoitra-san se pencha en avant et scruta le regard noisette qui brillait dangereusement. La joie froide qu’il semblait éprouver, donnait une étendue de satisfaction qu’il éprouvait de pouvoir assouvir sa vengeance.

 

« Je vous rappelle que ce n’est pas pour un ou deux mois… mais, il s’agit de rendre amoureux Kurosaki-kun et de faire en sorte qu’il ne sorte plus de vos filets le restant de ses jours ! Il ne devrait plus sous aucun prétexte rencontrer mon fils. Cela veut dire pour vous… avoir une relation homosexuelle à vie ! Etes-vous prêt à cela ?

—   Kurosaki Ichigo ne sortira définitivement plus de ma vie, une fois qu’il y sera entré. J’utiliserai tous les moyens pour y parvenir… Vous n’avez plus à vous inquiéter de quoi que ce soit… »

 

L’homme s’arrêta de parler pour sortir de la pochette qu’il tenait sur ses genoux, un rapport qu’il tendit à Nnoitra Matsuta.

 

« Voici mon plan d’action, et les moyens que je souhaite investir dans cette affaire. Je n’attends plus que votre approbation ! »

 

Matsuta n’écoutait plus. Il lisait avec intérêt le plan formé par son subordonné. Un lent sourire gagna les lèvres fines du milliardaire qui ferma le dossier lorsqu’il eut terminé un peu brutalement.

 

« Je vous donne carte blanche… et mes fonds sont les vôtres…  Amagai-san… »

 

Shuusuke s’enfonça dans son fauteuil et une lueur mauvaise éclaira le fond de son regard. Il était plus qu’impatient de croiser à nouveau le petit rouquin et de lui faire goûter au délice d’une vengeance qui se mangeait froide.

 


[i]  Hanami = fête du printemps.

[ii] Shinkansen = TGV japonais

Chapitre 15

 

Une brise marine parvenait jusqu’à la scène. Pourtant, cette dernière se trouvait à cinq kilomètres de l’océan. Le groupe avait finit de faire leur balance devant un parterre d’une quarantaine de curieux. Suumitsu était connu par quelques connaisseurs mais, ils faisaient surtout partie de la scène underground. Ils descendirent sur les marches derrières les coulisses et rejoignirent Aigawa et le reste du staff. 

 

Ichigo sentit enfin son portable vibrer et il s’éloigna sous le regard interrogateur de l’équipe.

 

« Ichigo ? Appela Jiruga.

—    Jiruga… enfin… j’ai essayé de t’appeler toute la journée…

—    Quelque chose de grave est arrivée ?

—    Non… nous venons de finir les répétitions…

—    Qu’est ce qui se passe alors ?

—    Ma maison de disque m’a collé « une petite amie » avec lequel je dois m’afficher !

—    Oh, je ne m’attendais pas à cela… » Marmonna Nnoitra indécis.

—    Moi non plus. Je ne voulais pas que tu sois surpris alors…  S’il te plaît crois-moi si je te dis qu’elle n’est juste qu’un leur.

—    Une chance que tu ne sois pas bi…

—    Oui… » Sourit tristement Ichigo.

 

C’était la première fois qu’il éprouvait du soulagement de ne pas être attiré par les femmes. La voix de Jiruga lui parvint lointaine.

 

« Tu es arrivé à bon port… je suis content. J’espère que Renji-san s’est bien comporté…

—    Renji m’a dit mes quatre vérités et… le reste de l’équipe aussi. Jiruga… »

 

Ichigo hésita mais, la voix de son amant l’incita à parler.

 

« Je t’écoute Ichigo…

—    Tu as peur que je te quitte un jour pour Grimmjow ?

—    Tu m’aimes ! »

 

Il n’y avait même pas une once d’hésitation dans la voix du jeune homme. Ichigo soupira soulagé.

 

« Alors, pourquoi nous nous disputons à son sujet ?

—    Je ne sais pas… Je préférai en parler quand tu seras rentré à la maison…

—    Ok, je rentrerai mardi. On nous a demandé de participer jusque dimanche soir… Nous prendrons le train lundi dans l’après-midi. J’arriverai de bonne heure mardi matin…

—    Je viendrai te chercher…

—    Jiruga…

—    Tu me manques Ichi… Je suis impatient de te revoir.

—    Moi aussi, sourit doucement Ichigo.

—    Ichi ! Cria Madarame… On a besoin de toi !

—    Il faut que…

—    J’ai entendu. Téléphone-moi quand tu veux…

—    D’accord. Amuse-toi quand même… »

 

Ichigo rejoignit le groupe quelques minutes plus tard. Il affichait une expression sereine, qu’il était loin de ressentir à l’intérieur. Mais, il ne voulait pas qu’on l’accuse encore d’être l’oiseau de mauvais augure. Le groupe écouta attentivement les conseils que leur prodiguait Aigawa mais, également Mashiro qui s’y connaissait en représentation publique, ayant été une idole très populaire quelques années plus tôt.

 

Ichigo grignota sous la tente quelques club sandwiche. Il devait assurer une heure et demie  sur scène, ils n’avaient jamais fait de représentations aussi longues. Le groupe avait la scène la plus petite de tout le festival mais, elle était déjà beaucoup plus grande que celles sur lequel ils se produisaient habituellement. Quand l’heure sonna, Ichigo n’eut absolument pas d’appréhension. D’ailleurs, c’est lui qui s’installa le premier sur la scène devant quelques trois cent personnes éparpillées dans le près qui leur servait d’auditoire.

 

Les premiers accords plaqués, le quatuor mit toute son énergie dans leur représentation. Ils oublièrent tout ce qui n’était pas leur univers. Ils se produisaient tous depuis si longtemps que pour eux ce n’était pas une découverte, sauf peut-être au niveau de l’occupation de l’espace d’une scène aussi grande pour eux. Pourtant, Renji se chargea du spectacle. Les écrans géants passaient sur chacun des musiciens. Ichigo fit tomber le T.Shirt en cours de concert pour le plus grand plaisir des fans qui s’amassaient lentement mais sûrement.

 

La sueur coulait sur le corps sculpté d’Ichigo qui retenait l’attention du public et encore plus lorsqu’il faisait les chœurs. Ichigo lui voyait la foule sans la voir. Il se sentait dans son élément. Le roux avait l’impression d’être dans une bulle de pure énergie positive, chaleureuse et qui le transportait. L’ancien bibliothécaire oubliait tout. Il joua avec Renji sur scène ou Madarame. Leurs expressions étaient celles d’enfants ayant trouvé leurs terrains de jeu.

 

Renji laissa la place à Ichigo en cours de concert pour se désaltérer. Le bassiste joua et avec les autres musiciens interpréta une ballade de sa belle voix grave, aux accents rauque. Ichigo ne se rendait pas compte de ses attitudes évocatrices et érotiques qu’il envoyait au public, à moitié dénudé, la transpiration qui roulait lentement sur ses muscles dorés. Les paupières mi-closes, Ichigo vivait la chanson qu’il jouait. Le public était comme suspendu à ses lèvres.

 

Lorsqu’Ichigo vit apparaître du coin de l’œil Renji, il vit la surprise qu’affichait le chanteur du groupe. Sans regret le roux rendit le micro à  Renji  qui enchaina sur un morceau servit par une mélopée hypnotique. Lorsque le concert se termina, Ichigo était vidé tout comme le reste du groupe. Quand il se retrouva dans leur tente qui leur servait de loge, tous observaient le roux avec attention.

 

« C’était quoi ta démonstration tout à l’heure ? Interrogea Renji.

—    Démonstration ? » Demanda Ichigo surpris en se servant une eau pétillante fraiche.

 

L’homme fit rouler sa bouteille verte où roulaient des gouttelettes sur son front pour se rafraichir.

 

« ‘tain arrête ça ! S’écria Madarame.

—    Quoi ?

—    De nous allumer ! »

 

Les yeux d’Ichigo s’ouvrirent en grands.

 

« J’vous comprends pas les gars ! Je n’allume personne, j’ch’suis toujours comme ça…

—    Faux ! Affirma Renji.

—    La représentation de ce soir était tout simplement géniale ! » Déclara Love en entrant dans la tente. « Et je suis loin d’être le seul à le penser. Kurosaki… tu me refais ça à chaque fois, c’est sûr qu’on remplie les stades ! Vous faites la gueule ? »

 

Love remarqua l’ambiance tendu dans le petit espace clos. Il n’avait pas vu l’altercation mais, apparemment, c’était Kurosaki le centre d’intérêt… Love fronça les sourcils. Ce type qui se cachait derrière une attitude désinvolte voir discrète avait mis le feu au public. Il était une réel bête de scène et méritait certainement d’être le leader du groupe et les autres avaient du s’en apercevoir. Jusqu’ici, tous le considérai comme le bassiste qui « revenait » parmi eux. Qui apportait un plus par ses qualités de musicien qui n’était pas usurpé…

 

Mais, même si Renji était lui aussi une bête sensuel, il ressemblait à une pâle copie du deuxième roux de l’équipe.  Ce soir, Kurosaki avait montré son vrai visage et soit il se ferait éjecter du groupe ou, il en deviendrait le leader. Il restait juste à savoir comment les membres accepteraient se changement de donne au sein de leur microcosme. Mashiro entra et se jeta au cou de son chéri.

 

« Tu as été formidable… je vais faire un tas d’envieuse… en tout cas, sache que si tu vires ta cuti, ch’suis prête et à ton entière disposition ! »

 

Love leva les yeux au plafond et se demanda s’il avait eu une bonne idée là-dessus.

 

°°0°0°°

 

Ichigo eut un sourire. Il rentrait plus tôt que prévu et allait faire une surprise à Nnoitra. Il entra sans bruit dans l’appartement. Il se déchaussa et se changea dans la salle de bain pour se diriger ensuite vers la chambre. Ichigo voulu entrer mais, quelque chose s’abattit sur lui. Il n’eut pas le temps d’analyser la situation, les ténèbres envahissaient sa vision.

 

°°0°0°°

 

Lorsqu’Ichigo ouvrit les yeux, se fut avec précaution. Son regard rencontra celui de Jiruga inquiet. Le roux gémit sous la douleur qu’il éprouvait au crâne. Il avait l’impression qu’on lui avait fendue en deux.

 

« Ichi… je suis désolé, j’ai cru qu’il s’agissait d’un voleur ! Tien, je t’ai apporté de l’aspirine et un verre d’eau. Tu veux autre chose ? Pourquoi ne m’as-tu pas prévenu ?  

—    Je voulais te faire une surprise… Chuchota Ichigo.

—    Imbécile ! » Souffla Nnoitra en prenant son compagnon dans ses bras.

 

Le jeune homme avait cru avoir tué de ses mains, la seule personne qu’il aimait. Il en avait les jambes qui tremblaient encore. Il l’étreignit fortement contre sa cage thoracique. Ichigo allait protester mais, même si l’étreinte était forte, préféra rester ainsi goutant à l’odeur de Jiruga. Sous ses doigts battaient de façon désordonnée le cœur de son compagnon, lui indiquant combien il avait eu peur pour lui. 

 

« Je t’aime Jiruga… »

 

Surpris le jeune homme repoussa Ichigo pour vérifier sa température. Mais, quand il rencontra le regard de miel de son compagnon, il déglutit. Il porta les doigts de son compagnon à sa bouche, les embrassant un par un. Jiruga n’aimait pas les grandes déclarations, pourtant il se noyait dans le regard de braise, il avait l’impression de faire qu’un avec le roux qui ne le quittait pas du regard.

 

« Viens… Jiruga…»

 

Jiruga se sentit tiré en avant. Il s’allongea au côté de sa moitié qui se blottissait contre lui.

 

« Ichigo ? »

 

Mais, le roux se contenta de le regarder silencieusement, encerclant ses épaules de ses bras dans un geste de tendresse. Les doigts d’Ichigo jouaient doucement avec les mèches brunes si douces.

 

« Tu me manquais… Je… je voulais te surprendre…

—    Je te rassure… t’as réussit ! Grogna Nnoitra toujours sous le coup de son émotion..

—    Tss… »

 

Jiruga se pencha et embrassa Ichigo qui resserra son étreinte autour de son cou. Le baiser était doux, se faisant plus lent pour devenir voluptueux. Lorsque Jiruga se redressa, le jeune homme chuchota.

 

« Et si tu me montrais combien, je t’ai manqué ces derniers jours ? »

 

Seul le sourire d’Ichigo répondit. Ce dernier repoussa tendrement son compagnon et grimpa sur son ventre.

 

« A vos ordres… mon cher agresseur… »

 

°°0°0°°

 

Les portes de l’ascenseur coulissèrent silencieusement et un bruit de pas martela le sous-sol du garage souterrain de la maison de disque.  Ichigo défit sa veste, la chaleur de ce mois de mai était inhabituelle. La discussion avait été encore houleuse avec Aigawa et il se demanda soudain, s’il avait bien fait de quitter son boulot de libraire pour devenir un « artiste ». Les relations qu’il entretenait avec Chad, Madarame et Renji avaient bien changé. Quoique avec Chad… elle ne changeait pas beaucoup, rectifia Ichigo.

 

Cela ne ressemblait plus à leur relation de franche camaraderie de l’adolescence. Un mal de crâne le repris, il avait l’impression d’être un élément indésirable depuis le fameux concert un mois plus tôt. Une voix féminine tranchante fit sursauter Ichigo. Surpris, il se tourna pour faire face à son interlocutrice et il rencontra un regard sombre caché derrière une paire de lunette. C’était une femme plutôt grande, fine et habillé strictement.

 

« Kurosaki Ichigo ?

—    Hai !

—    Je m’appelle Yadomaru Lisa. Je suis l’assistante de Shunsui Kyouraku. »

 

Ichigo haussa un sourcil. Etait-il censé le connaître ? Son manque de réaction agaça visiblement son interlocutrice qui reprit passablement énervée.

 

« C’est le directeur d’Hanamaki Network[i] !

 

Le roux ouvrit de grands yeux de surprise. Que lui voulait cette femme ?

 

« Ah quand même… » Marmonna la brune. Elle continua d’une voix plus détachée.  « Bref, mon patron souhaite vous rencontrez.

—    Pardon ? » Ichigo tombait des nus.

—    Vous êtes dure de la feuille ! Je sens que ça va pas encore être simple… Pourquoi je me tape tous les débiles ? » Puis regardant Ichigo droit dans les yeux, Lisa continua alors qu’Ichigo lui aurait bien cloué le bec mais, il était tellement surpris qu’il écoutait stupéfait. « Kyouraku-sama veut vous rencontrer car il souhaite vous faire une proposition.

—    Pour le groupe Suumitsu ?

—    Imbécile ! Nous vous aurions convoqué tous ensemble… Certainement pas ! » Déclara-t-elle sèchement.  « Ceci est une discussion informelle. »

 

Ichigo encaissa l’information. Il ne comprenait pas pourquoi on l’interpellait lui ! Et puis quitter ses amis, il n’en était pas question… Il suffisait seulement de le faire savoir.

 

« Je ne suis pas intéressé même si…

—    Vous réagissez vite lorsque vous le voulez. Ecoutez… »

 

Lisa s’approcha nonchalamment d’Ichigo et sortit une carte de visite qu’elle plaça dans la pochette de chemise du bassiste. Elle tapota à plusieurs reprises dessus, un sourire carnassier sur le coin des lèvres. Son regard passait au-dessus de ses lunettes comme pour mieux le scruter.

 

« Je pense que vous allez réfléchir sérieusement. Sachez aussi, que Kyouraku-sama n’attend pas une réponse immédiate de votre part.  De plus, je viens de vous donner un sésame… se sont les coordonnées personnelles de mon patron. Que se soit de jour comme de nuit, vous pourrez le contacter ! Il sait se montrer patient… Il veut vous donner une chance et je peux vous dire qu’il agit de cette manière peu souvent…»

 

La jeune femme se redressa et repoussa ses lunettes. Ichigo avait les mains qui transpiraient à sa grande surprise. Son cœur avait pris une allure un peu plus rapide. Jamais, il n’aurait pensé être approché par une maison de disque comme Hanamaki Network. Son cerveau recommença à fonctionner lorsque Yadomaru monta dans sa voiture. Il l’a rejoignit alors qu’elle allait claquer la portière.

 

« Pourquoi ? Je veux dire… Nous formons un groupe et je ne vois pas en quoi je pourrai…

—    Ecoutez… Kyoraku-san vous a vu vous produire lors de votre concert à Kurashiki. Et sincèrement, il n’avait d’yeux que pour vous tout comme le public d’ailleurs.

—    Je n’étais pas seul… » Objecta Ichigo.

—    Je crois que vous ne vous rendez pas compte que vous n’avez rien à faire avec le groupe Suumitsu et que vous vous sous-estimez beaucoup. Il viendra un moment et ça, il n’y pas que Kyoraku-sama qui le pense… Vous ne pourrez plus rester avec eux… Soit parce que vous vous sentirez à l’étroit, soit parce qu’ils ne supporteront plus votre popularité. Vous n’êtes pas le leader de ce groupe… je me trompe ?

—    C’est Ikkaku…

—    Et Abarai-san n’est pas non plus un homme qui doit se laisser marcher sur les pieds ! Seul cette espère d’armoire à glace placide ne vous cherchera pas d’ennui. Vous verrez par vous-même de toute façon… Donc, même si c’est dans un an… contactez-nous ! Vous avez beaucoup de talent… et ce qui ne gâche rien… vous êtes aussi compositeur. Sur ce, je vous laisse, je ne voudrai pas qu’Aigawa me tombe dessus ! »

 

Yadomura ferma sa porte et alluma le contact, jusqu’à ce qu’elle abaisse la vitre de sa voiture.

 

« Kurosaki-san… je vous demande de garder pour vous, notre petite conversation… à bientôt ! »

 

La brune appuya sur la pédale d’accélération et quitta lentement le garage sous-terrain. Ichigo la regarda s’éloigner. Il porta la main sur la pochette de sa chemise et la tapota inconsciemment. Sa vie prenait des virages qu’il n’était pas sûr d’apprécier.

 

Il n’était pas surpris par ce genre de « discussion ». Nombreux membres de groupe avaient approché de cette manière. C’était même monnaie courante. Il était seulement surpris qu’on lui fasse une proposition à lui. Mais, dans sa tête, il n’était pas question qu’il quitte les Sumitsuu. En fait, il ne savait plus trop quoi penser de la tournure des événements, tout était si rapide. L’époque où il vivait avec Grimmjow lui parût très lointaine soudain. Comme s’il s’était agit d’une autre vie.

 

Après quelques minutes,  Ichigo quitta les lieux et regagna sa voiture. Tout cela le laissait perplexe.

 

°°0°0°°

 

C’est avec bonheur et une certaine délectation qu’Ichigo fendait l’eau de la piscine. Bientôt, il allait pouvoir montrer à Jiruga ses exploits. Le roux profitait de ses instants où il passait inaperçu. Il n’était pas sûr de jouir de la même tranquillité prochainement. La veille le groupe avait finit tourné leur premier clip. Deux jours de folies qu’ils avaient passé, enfermer dans une pièce verte avec des capteurs de mouvements. Jouer la comédie n’avait pas été facile… mais, quelque part, Ichigo s’était amusé comme un gamin.

 

Le roux posa les mains à plat sur le rebord et remonta. Une voix chaleureuse l’interpella.

 

« Kurosaki Ichigo… »

 

Le musicien releva la tête et rencontra des yeux sable qui arboraient une lueur espiègle.

 

« Je vois que vous avez vraiment vainque votre phobie…

—    Amagai-san…

—    Cela faisait un petit moment Kurosaki-san… Je suis heureux que vous vous souveniez de moi.

—    Oui… c’est vrai cela faisait un petit moment… Et vous êtes tellement sympathique, qu’il me serait difficile de vous oublier.

—    C’est flatteur… » sourit son interlocuteur.

 

Ichigo se redressa et rendit son sourire à l’homme qui l’observait toujours avec cette lueur bienveillante dans le regard.

 

« Vous avez déjà finit ?

—    Oui… et je dois rentrer. On m’attend !

—    Votre amie ?

—    Non… mon travail… Répliqua le roux.

—    Oh ? Vous n’êtes pas en vacances ?

—    Non… pas cette année j’ai l’impression.

—    Peut-être aurons nous la chance de nous rencontrer une autre fois au bord de la piscine… vous venez toujours à la même heure ?

—    Non… je n’ai plus d’horaire… »

 

Voyant l’air décontenancé de son interlocuteur, le roux repris brièvement

 

« Je ne suis plus libraire et mon nouveau métier… n’a pas vraiment d’emploi du temps.

—    C’est pour cela que je ne vous ai pas croiser la dernière fois ? J’avais cru vous avoir froissé…

—    Oh non… J’ai dû partir en voyage en catastrophe. En fait, je suis musicien… »

 

Ichigo eut un faible sourire en voyant la surprise s’afficher sur les traits de son vis-à-vis. Le roux appréciait réellement cet homme, même s’il ne le croisait que brièvement.

 

« Oh… je ne suis pas connu…

—    Vous gagneriez à le devenir… »

 

Seul un haussement d’épaule répondit. D’entendre ses paroles le rendaient nerveux brutalement. Ichigo attrapa sa serviette et se dirigea vers le vestiaire. Amagai le suivait et Ichigo se tourna de nouveau vers lui.

 

« Quoiqu’il en soit… je compte revenir assez souvent dans les prochains jours. Peut-être nous recroiserons nous.

—    Peut-être ! Rétorqua Amagai.

—    Enfin, j’avoue que si notre groupe se fait connaître, je n’aurai peut-être plus la possibilité de pouvoir venir ici…

—    Oh… je préfère que vous gagniez en célébrité… c’est toujours sympa de glisser dans une conversation mondaine que l’on connaît personnellement un artiste. »

 

Amagai termina sa phrase par un clin d’œil et Ichigo éclata de rire. Il rétorqua

 

« Vous êtes vraiment intéressant Amagai-san… j’espère sincèrement vous revoir un jour. Maintenant, je dois vous laisser… »

 

Ichigo salua encore une fois son interlocuteur qui perdit lentement son sourire. Une autre lueur s’alluma dans le regard de l’homme qui chuchota, comme pour lui-même…

 

« Ne compte pas trop là-dessus Kurosaki-kun… Et compte sur moi pour que nous nous recroisions très bientôt… et tu auras beaucoup plus de temps que tu ne le penses. »

 

°°0°0°°

 

Nnoitra-san observa l’homme devant lui quelque peu méprisant. La coupe afro coupé en étoile, son survêtement, de marque certes mais, anachronique avec les lunettes de soleil large sur son nez, le faisait frémir d’horreur. Pourtant, l’homme d’affaires prenait sur lui pour tenir une conversation avec ce « manager » ? Apparemment, il avait du mal à comprendre les enjeux qui se discutait entre eux. Par contre, son patron semblait plus raisonnable.

 

« Nnoitra-san… je ne comprends pas très bien l’intérêt que vous avez à vouloir séparer ce groupe. Il n’est pas encore connu et…

—    Ce pourquoi j’agis ne vous regarde en rien ! Tout ce que je vous demande c’est de vous montrez coopératif. Soit vous obéissez très gentiment et j’apporte de l’argent frais qui permettra à votre société de prospérer ou bien… vous continuez à vous entêter et je me charge de faire couler votre société ! Se sera très facile pour moi…

—    C’est de l’acharnement ! » Protesta Love.

 

Rose posa une main manucurée sur l’avant-bras de son meilleur ami. Lui voyait les conséquences de cet acte. Actuellement, et il jurait que Nnoitra-san le savait, Arabesque Music Entertainment traversait une mauvaise passe. Il avait besoin d’argent frais et même si ce n’était pas le cas, il connaissait suffisamment la réputation de Nnoitra-san dans les affaires. Il ne risquerait pas de faire couler sa maison de disque pour un musicien. Il allait donc, accepter l’offre et sans sourciller.

 

« J’accepte ! Déclara calmement Rose.

—    Mais l’argent que nous avons investi… Protesta Love.

—    Je vous rembourserai… De toute façon, vous pouvez trouver un autre musicien pour remplacer Kurosaki. Je ne pense pas qu’il soit le meilleur musicien du monde pour que vous ne trouviez personne à mettre à la place…. 

—    J’ai ma petite idée… Souffla Rose.

—    Bien ! Je suis heureux que vous soyez aussi raisonnable ! Mon secrétaire prendra rendez-vous avec vous pour vous avertir de la signature des documents. Je vais vous faire une avance sur la somme que je vous ai promise. »

 

Nnoitra-san appuya sur un interrupteur de son téléphone et appela son secrétaire.

 

« Dordoni-san… veuillez m’apporter l’enveloppe qui se situe dans le coffre. Vous me rapporterez la clef en même temps… Je ne voudrai pas qu’elle s’égare. De plus, avez-vous préparez le compromis ?

—    Bien sûr, Nnoitra-sama. Je n’attends plus que les informations finales pour terminer le dossier. Tout sera prêt ce soir, si vous le souhaitez… »

 

Matsuta vit le raidissement de Rose et se douta qu’il lui serait impossible d’être là le soir même.

 

« Mardi de la semaine prochaine… dans mes locaux vers 20 h 30… cela vous conviendrait ? » Proposa l’homme d’affaire.

 

Rose se détendit immédiatement et hocha la tête pour approuver.

 

« Vous avez entendu Dordoni-san… Réservez cette date… Mardi quinze juillet à 20 h 30. »

 

Rose était furieux intérieurement. Il pensait pouvoir au mieux récupérer Kurosaki pour en faire une star solo et voilà qu’il était obligé de l’abandonner. Mais, il comprenait Rose. Sa maison de disque ne pourrait jamais faire face à un poids lourd comme Nnoitra-san. Il n’écoutait plus, trop écœuré par la tournure des événements. Quand  ils se retrouvèrent dans le sous-sol de l’immeuble, Rose soupira

 

« Je ne pouvais pas le protéger…

—    Je le sais mais… mais, je ne comprends pourquoi un type pareil s’acharne sur Kurosaki. Ce type est adorable et il cause le moins de problème dans le groupe. C’est le plus prometteur…

—    Il est en ménage avec le fils de Nnoitra-san !

—    Pardon ?

—    Jiruga Nnoitra et Ichigo Kurosaki sont amant et c’est suffisant pour s’attirer la haine d’un des hommes les plus influents du Kantō.

—    La vache… j’pensais pas que ça pouvait être un être un type de ce genre que se tapait Kurosaki. J’imaginais une petite chose… enfin, plus féminin que… »

 

Rose haussa un sourcil et observa son ami.

 

« J’voulais pas dire comme toi ! » Récusa Love en mettant ses bras en croix devant lui.

—    Mais à quoi tu penses… »  Marmonna en repoussant sa longue chevelure doré le directeur de la maison de disque Arabesque qui ne semblait visiblement concerné. Cela amena un haussement de sourcil chez Love.

 

Les deux hommes restèrent silencieux pour le retour dans leurs locaux. Rose murmura mais, Love ne fut pas sûr d’entendre.

 

« Je ne m’inquiète pas pour Kurosaki… je suis sûr qu’il finira par percer s’il continue dans notre milieu. Et ça, que Nnoitra-san le veuille ou pas ! »

 

°°0°0°°

 

Le roux était passablement fatigué lorsqu’il rentra chez lui. Les répétitions avaient été mené tambour battant. Ce qui l’avait surpris, c’est de ne pas voir trainer Love qui généralement venait se joindre à eux, surtout que ses amis avaient organisé à la fin des répétitions une petite fête entre eux. Hiyori et Mashiro avaient été présentes. Pareil pour quelques personnes du service administratif qui visiblement n’hésitait pas à s’amuser pour peu que leur chef ne soit pas là !

 

A peine, le roux franchit-il la porte que Jiruga apparut.

 

« Bon anniversaire ! »

 

Ichigo resta figé sur le seuil surpris. Son regard se réchauffa en rencontrant celui de Jiruga. Le roux abandonna ses chaussures en vrac dans l’entrée pour la première fois et se dirigea vers son amant qui était apparu en pantacourt et chemisette d’été légèrement entrouverte. Une irrésistible envie prit Ichigo d’y loger ses doigts.

 

« Ichi… j’ai prévu de sortir ce soir !

—    Je veux mon cadeau… Chuchota Ichigo d’une voix enrouée.

—    Attend… » Protesta Nnoitra. « Il est… »

 

Mais, Ichigo avait attrapé les revers de la chemisette et tira sur le tissu pour attirer le visage de Nnoitra vers lui, un sourire prédateur sur les lèvres. Jiruga se sentait impuissant face au désir évident de son amant.

 

« Ichi… je… »

 

La bouche du roux recouvrit la sienne. Ses lèvres épousaient les siennes avec une telle possessivité et avidité que Jiruga oublia ce qu’il devait dire à Ichigo et il souleva son amant pour le repousser contre le mur tout proche. Le baiser dura, leurs lèvres se détachant pour mieux se rependre, se dévorer, s’apprivoiser. Leurs langues se caressaient, se cajolait, se repoussaient pour mieux se retrouver. Un mince filet de salive coulait à la commissure de leurs lèvres. La respiration saccadée et les yeux clos Ichigo se laissait emporter par la fièvre qui l’étreignait.

 

Lorsque leur baiser cassa, Ichigo souffla d’une voix enrouée

 

« Encore… 

—    Tout ce que tu veux Ichi… »

 

Nnoitra défaisait un à un les boutons de la chemise de son amant. Sa bouche s’attardant sur sa clavicule, descendant peu à peu sur un téton dressé, pour ensuite remonter butiner la bouche entrouverte et aguicheuse. Ses mains, continuaient à déshabiller le roux pour faire tomber son pantalon, bientôt suivit du boxer qui traina en tas autour des chevilles d’Ichigo.

 

Le musicien se mit à chanter doucement…

 

Les hommes sages disent : seuls les idiots se précipitent
Mais je n'y peux rien si je suis tombé amoureux de toi

 

Nnoitra leva les yeux vers son amant surpris. La voix d’Ichigo se fit plus grave alors qu’il reprenait toujours d’une voix mélodieuse

 
Les sages disent, seuls les idiots précipitent les choses
Mais je n
’y peux rien, je tombé amoureux de toi

 

Le regard ambre était allumé d’une lueur tendre et il ne quittait pas des yeux son amant. Jiruga  ne parvenait pas à détacher son regard du sien. Etait-il un peu plus brillant que d’habitude ? Ichigo ne saurait le dire… La langue du brun titilla son nombril. Le ventre d’Ichigo se rétracta sous la taquinerie plaisante que lui infligeait son compagnon.


Dois-je rester ?... Serais-ce un péché ?
Je n'y peux rien si je suis tombé amoureux de… toi

Nnoitra sentait sa gorge se serrer au fur et à mesure qu’il entendait les paroles. Il avait la vague impression qu’elles s’incrustaient dans sa chair. Sa respiration se faisait plus difficile et se n’était pas pour une fois, le corps affriolant de son amant qui y était pour quelque chose.  Ses baisers se faisaient plus tendres, ses mains plus caressantes, plus sensuelles alors que son cœur allait exploser sur le coup de l’émotion.

 

Alors que la rivière coule doucement jusqu’à la mer
Chéri nous faisons de même, Certaines choses sont destinées…

 

La voix d’Ichigo s’essouffla légèrement lorsque la langue de Jiruga lui caressa son sexe. Il empoigna légèrement les fins cheveux soyeux ébène entre ses doigts.


Prend mes mains, prend tout mon cœur aussi
Car je n'y peux rien si je suis tombé amoureux de toi

 

Ichigo émit un gémissement rauque alors que les mains de Jiruga caressaient ses fesses. Son regard devint un peu plus trouble, ses jambes le portaient à peine et pourtant, il voulu continuer jusqu’au bout la chanson qui lui trottait si souvent dans la tête, lorsqu’il pensait à son amant.


Alors que la rivière coule doucement jusqu’à la mer
Chéri nous faisons de même, Certaines choses sont destinées

 

La bouche de Jiruga remonta le corps mince et doré comme les blés déposant des baisers sur la peau souple. Respirant l’odeur enivrante chauffée par les chauds rayons du soleil.


Prend ma main, prend toute ma vie aussi

Je n’y peux rien… je suis tombé amoureux de toi…

Je n’y peux rien… je suis tombé amoureux de toi…
Car je n'y peux rien si je suis…
 » Ichigo expira « tombé amoureux de toi… »[ii]

 

Jiruga embrassa Ichigo avec tout l’amour qu’il éprouvait pour sa moitié. Il pressa son corps contre celui de son amoureux. Les doigts d’Ichigo firent glisser le pantacourt de Nnoitra, alors qu’en même temps il piétinait ses propres vêtements.  

 

Sans un mot, Jiruga souleva sa moitié et le porta à sa hauteur tout en continuant de l’embrasser et le tenant fermement tout en se servant du mur, il glissa entre les fesses offertes de son homme. Nnoitra ne pouvait plus parler. Il était emporté par l’émotion et Ichigo qui s’accrochait à lui, comme s’il était le seul rocher auquel il pouvait s’agripper. Etre en Ichigo, c’était chaud… c’était comme l’amour que lui portait le roux, enveloppant et doux. Jiruga était prisonnier de se regard langoureux, de ses joues légèrement empourprés et cette bouche gonflées qui n’attendaient que ses baisers.

 

Un peu plus tard, allongé sur le lit défait… ce dernier ayant participé au deuxième round, Ichigo demanda

 

« C’était quoi mon cadeau d’anniversaire ?

 

Nnoitra se leva brutalement comme s’il sortait d’une quelconque boite comme un petit diable. Il revint quelques minutes plus tard avec un petit coffret. Ichigo haussa les sourcils. Ce devait être un bijou vu la forme de la boite. Jiruga se racla la gorge et déclara mal à l’aise.

 

« C’est parce que j’ai toujours vu, les rock-stars affublés de bijoux alors, je voulais t’offrir le premier et… ouvre ! »

 

Nnoitra passa une main devant son visage terriblement gêné.

 

Ichigo faillit éclater de rire et ouvrit la boite. Une chaine à gros maillon s’y trouvait avec un cadenas et une petite clef.

 

« C’est… en or blanc…

—    La clef est pour…

—    Celui ou celle à qui tu offres ton cœur. Seul celui qui aura cette clef pourra ouvrir le cadenas… »

 

Ichigo attrapa le collier et l’observa gravement. Il se tourna légèrement et tendit le bijou.

 

« Met le moi, Jiruga…

—    Hai ! »

 

Les doigts fins de son amant caressèrent son cou brièvement, provoquant un frisson involontaire. Un baiser fut déposé au creux de sa nuque. Ichigo passa sa main derrière lui et caressa brièvement les cheveux ébène.

 

« Ah qui vas-tu offrir ta clef ? » Souffla Jiruga d’une voix incertaine. 

 

Ichigo prit le coffret entre ses mains et prit la clef entre ses doigts. Il l’observa un court instant et la tendit à Jiruga en le regardant solennellement et droit dans les yeux.

 

« J’ai aimé Grimmjow… tu le sais… Mais, c’était un amour d’adolescence… Tu es un adolescent ou tu viens juste d’en sortir… Mais, tu es l’homme de ma vie… de toute ma vie. N’en doute plus jamais Jiruga. »

 


[i] Maison de disque fictive.

[ii] I can’t help falling in love with you – Elvis Presley.

Chapitre 16

Dans le bureau du directeur général d’Arabesque un silence glacial s’était abattu. Tous les musiciens se regardaient hagard. Certes, comme l’avait souligné Rose, ils y avaient quelques tensions entre eux et Ichigo mais, de là à devoir lui dire qu’il ne faisait plus partie du groupe ! C’était pour chacun d’eux inconcevables. S’ils s’étaient fait remarqué et chacun le savait, c’était grâce à la personnalité du bassiste et sa qualité de jeu.

 

« C’est impossible…

 

Rose se renversa dans son fauteuil et un petit sourire étira ses lèvres. Il plaça ses mains devant sa bouche, en une forme pyramidale. Son regard se fit perçant. Il répondit sereinement

 

« Mais… nous ne vous laissons pas le choix ! Soit, vous faites ce que l’on vous demande où soit… votre groupe n’existe plus !

—    Mais pourquoi ? » Interrogea Renji qui avait envie de vomir.

—    Parce que Kurosaki Ichigo a des ennemis très puissants…

—    Nnoitra-san… Lâcha Chad sombrement.

—    Je n’ai rien dit… Rétorqua Rose.

—    Mais…mais…

—    Ecoutez moi-bien ! » Rose se pencha en avant et son sourire s’effaça. « Soit vous le faites et je lance votre carrière. J’ai à disposition un très bon bassiste équivalent à Kurosaki… malheureusement, il n’est pas compositeur. Il est charismatique et il est considéré et non à tord comme génie… Ou bien, vous retourner à vos petits spectacles sans jamais avoir d’ouverture avec une autre maison de disques ! Je ne vais pas faire fermer mon entreprise pour un groupe qui n’est pas encore reconnu. Suis-je clair ? »

 

Tous les membres du groupe Suumitsu était figé sur leur siège. Rose s’enfonça à nouveau dans son fauteuil en cuir reprenant sa position initiale.

 

« Bien sûr, la vrai raison ne doit pas être connu. Une certaine personne ne souhaite pas que l’on remonte jusqu’à elle… Quelle est votre décision ?

—    C’est d’accord ! Affirma Ikkaku

—    Je ne suis pas d’accord… Marmonna Chad

—    J’ai besoin de réfléchir… Souffla Renji mal à l’aise.

—    Je vois… je vous laisse mon bureau. Vous avez quelques minutes pour vous mettre d’accord, le temps que je prenne un thé ! A tout de suite… »

 

Rose quitta le bureau et les trois musiciens se foudroyèrent du regard. Ikkaku attaqua le premier.

 

« Ichigo n’est revenu dans le groupe que depuis…

—    Pas loin d’un an. » Coupa Chad. « Et toutes les années où il était parmi nous à nos débuts !

—    C’est notre pote Madarame dont on parle…

—    Ne fait pas semblant Renji ! Tu crèves d’envie de dire comme moi, c’est juste quelques scrupules qui t’en empêchent.

—    Il en a… pas toi apparemment…

—    Je ne suis pas hypocrite !

—    Alors tu te chargeras de lui annoncer… Madarame…

—    Chad… tu me fais rire… Tu prends un air respectable et pourtant, tu n’es pas le premier à claquer la porte ! J’ai mal au cœur pour Ichi… ne vous méprenez pas ! Je le considérerai toujours comme un ami. Mais, se sont de nos carrières et nos vies que nous investissons. Souvenez-vous toutes nos heures passées à répéter à jouer dans des petites salles à moitié vide ou dans des trous pommés. Les mecs c’est notre chance ! J’ai une famille et j’ai rompu mon contrat de travail… Je suis condamné à réussir. Ce salaud de Nnoitra joue un coup de pute à Ichi… et je n’suis pas prêt de l’oublier… Mais, pour l’instant nous ne pouvons rien faire. Dans la vie, il faut aussi savoir prendre des décisions… Tu peux te permettre encore toi Renji de refuser… Mais que je sache, pas toi… Chad ! T’as une femme et tes gosses… que vas-tu faire ? »

 

Le mexicain baissa la tête, anéantis. Le silence qui s’installa était étouffant. La porte qui s’ouvrit les fit tous sursauter.

 

« Alors messieurs ? » Demanda Rose onctueux.

—    J’irai le voir… » Commença Madarame.

—    Nous irons ensemble… » Rectifia Renji.

—    N’oubliez pas les conditions…

—    On ne risque pas ! Mais… » La voix d’Ikkaku ressemblait à un grondement « Nous n’oublierons pas notre compromis et de où cela vient ! »

—    Je ne pense pas que cela impressionne beaucoup la personne dont nous parlons.

—    Peut-être… Et tant mieux… » Marmonna Renji.

—    Bien… je vous laisse la semaine pour agir… La semaine prochaine, je vous présenterai Hitsugaya Toshiro… votre nouveau bassiste !»

 

Tous les musiciens connaissaient le jeune homme. Il était reconnu pour ses qualités mais, avait la réputation d’avoir un caractère difficile. Ce qui était certain, c’est qu’il était très charismatique également et Rose ne leur avait pas mentit.

 

« Vous êtes sûr qu’il acceptera ? » Demanda Ikkaku sceptique.

—    Nous avons déjà signé le contrat… Maintenant, à vous de jouer ! »

 

°°0°0°°

 

Ichigo profitait pleinement de sa journée de congé qui lui avait été accordé. Il avait demandé à Jiruga d’en poser une également. Ils faisaient route vers la plage et c’est presque comme un gamin qu’Ichigo se tortillait sur son siège.

 

« Je peux savoir ce qui te met en joie Ichi ?

—    Disons que j’ai une petite surprise et… je suis impatient de… te la faire découvrir…

—    Oh … »

 

Jiruga jeta un bref coup d’œil à Ichigo qu’il n’avait jamais vu aussi heureux depuis qu’il le connaissait. Il remonta ses lunettes de soleil du bout avec son index. Son autre main, tenait le volant nonchalamment. Ichigo avait ouvert la fenêtre de la voiture, son bras était caressé par le vent tiède de cette journée d’été. L’insouciance était de rigueur. Les kilomètres étaient avalés sans vraiment qu’aucun des deux hommes ne s’en rende compte. Ils n’éprouvaient pas le besoin de parler. La présence de l’autre suffisait à les rendre heureux.

 

Lorsque l’océan fut visible depuis une colline qui longeait les plages, Ichigo parut un peu plus excité qu’au début du voyage. Le sourire de Nnoitra ne faisait qu’augmenter. Il effectua les derniers kilomètres plus lentement, évitant de provoquer un accident malgré l’impatience de sa moitié. Il gara la voiture et quelques minutes plus tard s’étira dans tous les sens. Le jeune homme contourna le véhicule et sortit le parasol et le matériel de plage aidé du roux.

 

« Où veux-tu qu’on s’installe ?

 

Le regard d’Ichigo parcouru l’étendu de sable et finit par trouver une zone un peu moins fréquentée que les autres. Peut-être parce qu’il y avait un peu plus de rochers ? Quoiqu’il en soit, les deux hommes installèrent leurs serviettes et le parasol. Ichigo fut déshabillé en moins de quelques minutes. Il jeta un regard comme une invite à son amant.

 

« Tu viens avec moi ?

—    Où ?

—    Viens… »

 

Jiruga observa méfiant son amant et se redressa pour suivre Ichigo qui se dirigeait vers l’océan sans crainte.

 

°°0°0°°

 

Grimmjow profitait de ses vacances. Il avait proposé à Hisagi de se détendre pendant une petite semaine sur la côte et d’oublier la vie trépidante qu’ils menaient habituellement. Shouhei aimait les sorties entre amis et… il en avait vraiment beaucoup. Au début, Grimmjow eut du mal à s’y habituer, cela le changeait des soirées casanières avec Ichigo… Mais, le plaisir s’était peu à peu installé au fil des soirées au cinéma, aux concerts, entre potes devant des matchs de foot ou de baseball… les voyages décidés à la dernière minute.

 

Allongé sur une serviette, le dos calé contre un petit rocher sur lequel il avait enroulé une serviette pour ne pas blesser son dos, il sortit son magasine automobile et se plongea dans une lecture studieuse. Hisagi à côté de lui, bronzait tranquillement, se laissant gagner par une douce torpeur.

 

« Tu devrais t’mettre un peu à l’ombre où tu vas finir par tomber malade…

—    Prendrais-tu soin de moi Grim’ ?

—    Boucle-là ! Tu n’viendras pas te plaindre cette nuit si t’n’arrives pas à dormir !

—    Rabat-joie…. »

 

Grimmjow leva les yeux au ciel et grogna contre son amant imprudent. Lui avait mit un chapeau sur la tête. Quelque chose attira son regard, quelque chose qui lui avait fait battre le cœur plus vite. Il balaya à nouveau la plage pour voir et ses yeux devinrent hagards. Non loin, se trouvait Ichigo en bermuda de plage, souriant et visiblement très heureux accompagné par… son ancien maitre nageur !

 

Il avait parfaitement reconnu le grand échalas. Il l’avait engagé car il ne l’avait pas trouvé sexy et… Ichigo apparemment filait le parfait amour et pire que cela, il était sur une plage… Grimmjow se redressa et s’avança dans la direction du couple, car pour lui cela ne faisait aucun doute. Il avait déjà vu cette expression dans les yeux d’Ichigo… quelques années en arrières… A sa stupéfaction, le roux entra les pieds dans l’eau et… sans aucune crainte. Il attendait après le jeune homme qui avançait plus nonchalamment. Ils semblèrent discuter quelques instants et entrèrent dans l’eau ensemble.

 

Le cœur de Grimmjow allait lâcher. Ichigo nageait et pas dans une piscine mais, un océan ! Et dire que leur séparation était due à son putain de voyage de noce qu’il voulait faire sur les îles Grenadines. S’il avait su ce qui découlerait de son obstination, il n’aurait pas insisté… voir, il aurait annulé purement et simplement. Troublé et hypnotisé, Grimmjow suivait l’évolution des nageurs. Son cœur le fit souffrir à tel point, qu’il se sentit terrassé. Il aimait encore sa fraise… plus que Shouhei, plus que n’importe qui ou n’importe quoi…

 

La douleur se referma sur son cœur comme un linceul brûlant. C’était lui qui aurait dû être à côté du roux, lui qui aurait dû recevoir ses regards amoureux… lui qui devait réchauffer les nuits froides du roux. Les siennes étaient tièdes… Hisagi lui avait fait oublié par toutes ses virées combien il tenait à Kurosaki mais, de le voir de manière si inattendu, le terrassait. Grimmjow resta encore quelques secondes et rebroussa chemin pour reprendre sa place près d’Hisagi.

 

Non, il n’abandonnerait pas son compagnon depuis plus d’un an maintenant. C’est d’une main tremblante que Grimmjow récupéra sa revue. Il ne vit pas le regard de biais que lui adressa son compagnon. Hisagi avait perçut la douleur dans le regard bleu si souvent éteint ou faussement joyeux. Il sut sans avoir besoin d’aller vérifier qui pouvait provoquer cet état chez son amant.

 

°°0°0°°

 

Jiruga savait pourquoi son amant voulait qu’ils aillent à la plage. C’est avec un certain sourire qu’il le vit mettre les pieds dans l’eau. Il l’attendait à présent et la lueur victorieuse dans son regard l’amusa. Nnoitra rejoignit Ichigo. De toute façon, Jiruga savait qu’Ichigo s’enfoncerait pas plus loin, ou à peine.

 

« Je me disais bien que tu voulais me montrer tes progrès…

—    Ce n’est rien ça… » Déclara amuser Ichigo.

 

Nnoitra observa attentivement Ichigo

 

« Que veux-tu dire par là ?

—    Si nous allions nager ?

—    Pardon ? »

 

Nnoitra détailla son amant qui s’éloignait tout sourire, s’enfonçant avec confiance dans les petits rouleaux. Le jeune homme ouvrit de grands yeux quand le roux plongea la tête la première dans une vague un peu plus haute que les autres. Jiruga était stupéfait. Son cœur battait à toute allure et il resta quelques secondes comme assommé. Un lent sourire se forma sur les lèvres de l’étudiant et c’est avec un certain plaisir qu’il se mit à la poursuite de son amant.

 

Ichigo s’arrêta suffisamment loin pour se tourner vers Nnoitra qui le rejoignait plus calmement. Il s’arrêta devant son compagnon qui rayonnait littéralement.

 

« Alors ? Demanda Ichigo.

—    Comment et depuis quand ? » Interrogea Jiruga toujours sur le coup de sa surprise.

—    Depuis quelques mois… t’avoir parlé de Shiro m’a donné envie de me battre ! J’ai eu l’impression de revivre. »

 

Jiruga enlaça sa moitié qui glissa ses bras autour de son cou, envouté par ses yeux violets et son demi-sourire. La fierté qui luisait à l’intérieur valait tout l’or du monde pour le roux. Leurs bouches se rejoignirent. Leurs baisers avaient un goût de sel.

 

« Tu n’es pas plus surpris ?

—    Je savais qu’un jour où l’autre, tu le ferais… tu as été plus rapide que je ne le pensais… Je suis très fier de toi, Ichi.»

 

Leur regard devint plus intense. Ils oublièrent complètement où ils se trouvaient, seulement préoccupé par la contemplation de l’autre. Leurs nez humides se frôlaient, leurs souffles frais caressaient la peau toute proche de l’autre. Leurs bouches se rasaient  pour s’éviter et se rechercher ensuite, quémandant sans vraiment se prendre.

 

« Ichi… si ça continue… je vais te prendre dans l’eau…

—    Vraiment ? » Souffla Ichigo tentateur.

—    Nous sommes à la vue de tous… je te signale…

—    Et ? »

 

Jiruga haussa un sourcil et secoua la tête.

 

« Je ne te savais pas si libertin…

—    Je m’étonne moi-même… » Sourit Ichigo.

 

Nnoitra attrapa son compagnon et le serra contre lui. Il sentait au travers le tissu la verge dressée, qu’il s’empressa de caresser. Le regard de son homme devint plus lourd. Jiruga allait perdre définitivement la tête à ce rythme. Il tira Ichigo et se dirigea vers une crique qu’il repéra du coin de l’œil. Elle était petite, isolée et… accidentée. Ils auraient la paix !

 

Ils étaient déjà loin des bords de plage.

 

« Tu te sens de taille à nager jusque là-bas ? »

 

Nnoitra montra une distance assez conséquente à parcourir pour un nageur ayant si peu d’expérience. Mais, Ichigo hocha la tête. Il était bien décidé à profiter de chaque instant de sa vie. C’était excitant après tout… L’eau qui le caressait à chaque mouvement qu’il effectuait, augmentait son désir. Ichigo cru qu’il n’arriverait jamais à bon port mais, Jiruga l’aida sur les derniers mètres, et c’est caché derrière de gros rochers, à l’abri des regards indiscrets que les deux hommes se laissaient emporter par leur passion.

 

°°0°0°°

 

Lorsqu’ils regagnèrent leur voiture, le couple tomba sur Grimmjow et Shouhei. Les quatre hommes s’immobilisèrent sur le coup de la surprise. Grimmjow remercia le ciel d’avoir vu quelques heures plus tôt, son ex. A froid, il aurait certainement perdu son sang-froid. Le regard acéré, Grimmjow remarqua alors que luisait autour du cou d’Ichigo une chaine avec un cadenas. Il était évident qu’il fallait une clef pour pouvoir détacher le bijou… Et cette dernière était accrochée autour du cou du maitre nageur. Grimmjow respira calmement et doucement.

 

« Cela faisait longtemps… Ichi…

—    Comment vas-tu Grimmjow…

—    Tu te souviens de moi maintenant ? »

 

Grimmjow avait encore en mémoire l’appel désespéré d’Ichigo et la promesse imbécile qu’il avait faite au père de son ex. Ichigo avait le cœur qui battait très vite par cette rencontre inattendue. Il s’aperçut qu’il ressentait de la joie à le retrouver. Il rencontra le regard meurtrier d’Hisagi et s’abstint de faire un geste inapproprié vers son ex. Toutefois, son regard était tendre quand il se posa sur Grimmjow. Ce dernier s’en aperçut… mais, il comprit aussi qu’Ichigo l’aimait comme un ami… le respectait pour ce qu’il avait été dans sa vie. Un sourire effleura les lèvres de l’entrepreneur.

 

« Oui… et depuis longtemps…

—    Je vois…

—    Je vais ranger les affaires dans la voiture ! » Déclara Nnoitra qui ne tenait pas spécialement à rester près des deux hommes.

 

Si l’autre n’avait pas de fierté, lui voulait conserver la sienne. Et puis… il connaissait les sentiments d’Ichigo. La clef était là pour lui rappeler les paroles d’Ichigo. 

 

« Il n’a pas l’air de craindre quoique ce soit… » Dit doucement Grimmjow en suivant la haute silhouette nonchalante.

—    De quoi voudrais-tu qu’il est peur ? »

 

Grimmjow reporta son attention sur Ichigo qui le fixait calmement.

 

« Je vois…

—    Il n’y a aucuns quiproquos entre nous… Quoique Jiruga ait souvent craint la comparaison que je pourrai faire entre vous. Mais, tout ceci est finit…

—    Ce n’est pas mon cas…

—    Ton compagnon est là Grimmjow ! Murmura Ichigo en fronçant les sourcils.

—    Je le sais… et il sait aussi très bien que personne ne te remplaceras dans mon cœur. Je t’aime… je t’aime à en crever et ça pour le restant de mes jours. Je regrette juste une chose… c’est d’avoir été aussi con et de ne pas t’avoir respecté comme l’homme de ma vie…

—    Grimmjow…  arrête… » Souffla Ichigo saisit par les paroles de son ex.

—    Pas question ! J’te l’dirais autant de fois que ça pourra me soulager ! J’ch’suis pas sûr de t’revoir. Alors, même si Hisagi me hait après ça… peut m’importe. Mais… j’ne ferai rien. Rien pour te récupérer, rien pour blesser Shouhei… sauf maintenant, car j’ai besoin d’crever l’abcès.

—    C’est tout ce que tu avais à me dire Grimmjow ?

—    Ouaih !

—    Très bien… Sache que je t’ai aimé Grimmjow mais, que maintenant c’est Jiruga qui a toute la place dans mon cœur… »

 

Les deux hommes s’observèrent longuement. Hisagi quitta le parking pour rejoindre la voiture. Il posa ses avant bras sur le toit du véhicule. Il avait envie de défoncer quelque chose à cet instant précis.

 

Grimmjow grava le visage de son ex sur sa rétine. Il ne lui avait jamais semblé aussi sexy lorsqu’ils étaient ensemble.

 

« Toute la place… je n’en ai plus…

—    Vingt-quatre ans de relation… Je ne peux pas la balayer d’un revers de main. Tu occuperas toujours une place spéciale Grimmjow. Mais, comprend bien que c’est Jiruga qui m’importe aujourd’hui… »

 

Ichigo resta encore une seconde et se détourna. Grimmjow lança….

 

« N’oublie pas que je serai toujours là Ichi… Je ne vis que pour toi ma fraise… »

 

Le roux ne se retourna pas et continua sa route pour rejoindre son homme qui s’était installé sur le capot de la voiture et l’attendait légèrement crispé malgré l’air détaché qu’il affectait. Un sourire naquit sur ses lèvres.

 

°°0°0°°

 

Le lendemain, Ichigo avait l’impression d’une gueule de bois et cela sans avoir bu. Il ne savait pas mais, il avait l’impression que sa journée ne serait pas bonne. Quand il sortit du lit, il se prit les pieds dans les couvertures et s’effondra de tout son long sur le sol. Le roux jura entre ses dents. Une chance que Nnoitra soit partie. Il se serait moqué gentiment de lui.

 

Après s’être péniblement levé, Ichigo gagna la cuisine où l’attendait son petit déjeuner. Il fut reconnaissant à Jiruga de s’en être occupé. Il avait l’impression d’avoir un étau autour de son crâne. Il bu une aspirine et mangea du bout de ses baguettes. Son portable sonna et Ichigo déchiffra un texto envoyé par Renji.

 

« Rejoins-nous à notre tripot… vers midi. Ren’ »

 

C’était quoi cette convocation ? « Nous » ? Immanquablement les paroles de Yadomaru… Ichigo repoussa l’avertissement et entrepris de se préparer. Peut-être voulaient-ils simplement passer un moment entre potes ?

 

Toujours était-il qu’Ichigo finit sa course sous la douche sous laquelle, il resta un petit moment. Ichigo s’habilla décontracté d’un pantalon en toile et d’un T.Shirt moulant. Son collier brillait doucement autour de son cou. Il rangea son portefeuille dans une des poches de son pantalon et quitta l’appartement.

 

Ichigo ne vit pas derrière lui à quelques pas en retrait l’homme qui le suivait. Amagai voulait voir de ses yeux la déception et le désespoir du roux. Ichigo sortit son e-pod et s’engouffra dans la bouche de métro. Il arriva relativement rapidement à destination. Il se laissait du chemin à parcourir à pied. Il se sentait le besoin de calmer une certaine nervosité qui l’envahissait peu à peu.

 

°°0°0°°

 

Ichigo franchit le seuil de l’ancien quartier général où il se réunissait avec ses amis avant d’être emporté par le tourbillon qu’ils vivaient depuis quelques mois maintenant. Il repéra relativement rapidement ses amis. Leurs mines sombrent le renseigna tout de suite sur le sujet de conversation. Ichigo sentait son cœur se serrer mais, c’est avec le sourire qu’il s’installa à table.

 

« Alors… c’est finit ? »

 

°°0°0°°

 

Le regard plongé dans le vide, scrutant le plafond de sa salle… Ichigo se redressa suffisamment pour boire une nouvelle gorgée de whisky. Les tentatives d’explications non plausibles de ses amis, l’avaient poussé à écourter l’entretien. Abrégeant ainsi leurs souffrances. Il se traita d’imbécile. Il était incapable de leur en vouloir. Nnoitra-san avait des arguments de poids ! Lui n’avait rien qui aurait pu soutenir la comparaison.

 

Ichigo abandonna le verre et prit directement l’alcool au goulot. Il avait besoin d’oublier… il avait besoin d’alléger sa souffrance. Nnoitra-san n’abandonnerait jamais son fils… Graduellement, il allait faire monter la pression, jusqu’à ce que soit lui ou Jiruga abandonne. Ichigo se rendit compte brutalement que ses jours avec son amant étaient comptés.

 

Une éventuelle séparation avec Jiruga blessa Ichigo en plein cœur. Il eut l’impression de manquer d’air. Le visage grave de son compagnon, puis son sourire et son regard si tendre qui se posait sur lui… Comment allait-il vivre sans lui ? Ichigo eut froid. Qu’allait-il faire à présent ? Il n’avait plus de travail… plus d’amis… simplement Jiruga. Mais pour combien de temps encore ?

 

Ichigo se promit de tout faire pour que ses derniers jours avec son amant soient les plus beaux, les plus inoubliables de toutes leurs vies. Le piège qui se refermait sur eux, n’aurait pas raison des sentiments qu’ils se portaient. Le roux se leva en titubant et il se composa une tasse de café serré. Il mangea et partit s’allonger au moins une heure. Le temps de cuvé ce qu’il avait ingurgité.

 

°°0°0°°

 

Quelque chose avait du se produire mais, Jiruga était incapable de connaître la teneur des changements qui étaient intervenus dans la vie d’Ichigo. Ce dernier essayait de se comporter comme si tout allait bien mais, il n’était pas dupe. Ichigo restait muet comme une carpe et Nnoitra sortit son portable. Il composa le numéro de Renji et ce dernier parut étonné de l’avoir au bout du fil.

 

« Nnoitra-kun ?

—    Ce n’est plus Jiruga-kun ?

—    Euh… et bien… après ce qui s’est passé…

—    Que s’est-il passé exactement… justement…

—    Tu n’es pas au courant ?

—    Au courant de quoi Abarai-san ? »

 

Un silence tomba pesant.

 

« Vous avez dit quoi à Ichigo ?

—    Il ne fait plus partie du groupe. » Avoua Renji.

 

Jiruga ferma son portable. Vu l’amitié qui existait entre les quatre hommes… seul une intervention extérieure a fait sauter la relation entre Ichigo et ses amis. Jiruga resta plongé dans ses pensées. Il allait devoir avoir une petite discussion avec son paternel et cela très prochainement.

 

En attendant, il imaginait dans quelle détresse devait se trouver sa moitié. Jiruga se leva et passa devant son responsable d’un air absent.

 

« Vous partez où Nnoitra-kun ?

—    Quelque part où vous ne pouvez pas aller à ma place ! »

 

Le jeune homme s’enferma dans les toilettes et sortit son portable. Ichigo répondit rapidement et Jiruga déclara de but en blanc.

 

« Je ne laisserai personne nous séparer Ichi… même pas mon père. Alors, arrête de faire semblant… de faire comme si tout allait bien…

—    Que…

—    J’ai appelé Renji car tu me paraissais bizarre ces derniers temps.

—    Que t’as t-il dit ?

—    Juste qu’ils t’avaient viré du groupe. Ichi… nous savons tous les deux qui a fait cela mais, il ne gagnera pas !

—    Jiruga… réveille-toi ! Je me demande seulement jusqu’où il est prêt à aller pour te récupérer. Jiruga… je ne veux pas te perdre…

—    Je suis désolé Ichi…

—    Je vis les meilleurs moments de ma vie…

—    Nous ne nous arrêterons pas là… pas maintenant…

—    J’ai été trop insouciant….

—    Ichi… ton travail comment vas-tu…

—    Pour l’instant… je ne sais pas encore ce que je vais faire. J’ai besoin de poser certaines choses. Mais, je ne baisserai pas les bras. Comme pour toi… Jiruga. Je suis prêt à tout pour te garder…

—    Moi aussi… moi aussi Ichi… Je vais essayer de rentrer plus tôt…

—    Non… agit comme tu agis habituellement. Je t’attendrai…. Toute une vie s’il le faut…

—    Ichi…

—    Retourne travailler. Et… ne t’inquiète pas pour moi. »

 

Là, Jiruga s’inquiéta réellement. Ce genre de phrase… était sa hantise. Ichigo disait toujours cela dans les pires moments. Il quitta les toilettes et décida de rentrer chez lui. Il devait rencontrer son père et le raisonner. Jiruga devait le convaincre… même si ses chances étaient minces.

Chapitre 17

Assis sur un banc et observant le doux balancement des feuilles dans le parc Ueno, Ichigo réfléchissait à sa vie et à ce qu’il avait vraiment envie dans la vie. Il avait contacté ses parents pour les avertir de sa nouvelle situation et Isshin avait été du même avis que son fils. Nnoitra Matsuta ne laisserait jamais la relation qu’Ichigo et Jiruga entretenait continuer très longtemps. La mère d’Ichigo avait éclaté en sanglot mais, le roux l’avait rassuré comme il l’avait pu.

 

« Ichigo comment peux-tu rester aussi calme dans cette situation, alors que… tu aimes Jiruga-kun comme tu l’aimes ?

—    Papa… je vis les meilleurs moments de ma vie et je ne veux pas les gâcher… Je ne laisserai personne salir ou m’empêcher d’être heureux dans les bras de Jiruga. Je le sais… Nous serons bientôt séparés mais, je vis chaque instant comme s’ils étaient les derniers….

—    J’ai l’impression que tu parles de ta mort… » Gronda Isshin.

—    Quelque part, quand Jiruga et moi nous seront séparés… quelque chose en moi s’éteindra. Je ne pense pas tomber amoureux comme je le suis à présent. Au mieux, je pourrai avoir des relations comme j’ai pu en avoir avec Grimmjow… Et je trouverai cela pas mal…

—    Ichigo…

—    Combien de personnes dans le monde peuvent vivre une véritable histoire d’amour ? Jiruga était hétéro… je le laisse retourner dans le monde qui le sien.

—    On dirait que tu veux…

—    Ce ne sera pas eux qui décideront quand ou comment cela se finira entre Jiruga et moi… Je ne veux pas qu’il utilise ma famille contre moi, je ne veux pas qu’il monte Jiruga contre moi. Je veux garder un souvenir que je pourrai chérir tout au long de ma vie. Je pensais au début pouvoir me battre mais, nous ne ferons que souffrir et nous allons reculer pour mieux sauter… peut-être en nous déchirant. Il n’en est pas question.

—    Ichigo… est-ce que Jiruga-kun sera d’accord ? » Demanda Mazaki.

—    Avons-nous le choix ? »

 

Le regard du roux devint lointain, un fin sourire étira ses lèvres. Il aurait aimé que Jiruga le prenne une nouvelle fois dans ses bras. Le froid s’installa peu à peu à l’intérieur du musicien.

 

°°0°0°°

 

Jiruga traversait les bureaux de la compagnie de son père. Tous observaient du coin de l’œil, la copie conforme de leur patron passer devant eux, au pas de charge. Lorsqu’il se posta devant le bureau de Dordonni, ce dernier fut décontenancé. Que faisait le fils du patron dans les locaux de la société ?

 

Le cœur de Jiruga cognait fortement dans sa poitrine. Il déclara abruptement

 

« Je veux voir mon père !

—    Il est en réunion…

—    Je m’en fou, je veux le voir et tout de suite où je lui démonte sa porte.

—    Je vais voir… je…

—    Grouille ! »

 

Dordonni composa le numéro de son patron. Il observa anxieux le lion qui faisait les cent pas devant son bureau. Le père n’était déjà pas facile mais, le fils semblait plus terrible encore. Jiruga avait l’impression que le temps s’étirait en longueur et l’employé ne lui semblait pas très vif. Voyant la lueur de détresse dans le regard du secrétaire, Jiruga se dirigea vers la porte et la défonça avec son pied sous les hurlements de Dordonni qui se lançait à sa suite.

 

Jiruga vit son père et son interlocuteur à qui il jeta un regard bref.

 

« Alors connard ! T’as décidé de m’ignorer ?

—    Jiruga ! » Hurla Matsuta stupéfait de voir son fils dans son bureau.

—    Quoi ? Tu n’es pas content ? C’n’est pas c’que tu voulais ? Que j’revienne ?

—    Tu vas trop loin… »

 

Jiruga éclata d’un rire presque dément. Il s’approcha de son père qu’il attrapa par le revers de sa veste et le plaqua contre un mur. Amagai qui assistait à la scène voulu s’interposer mais, Jiruga l’envoya promener violemment contre le sol, le regard mauvais.

 

« Le larbin, tu dégages ! C’est un problème familial… » Se tournant vers son père « Alors espèce de salaud ? Tu pourris la vie d’Ichi ? Tu fais tout pour qu’il disparaisse ? La prochaine étape c’est l’engagement d’un tueur à gage ? Tu comptes aussi t’en prendre à sa famille ? Sa mère, tu vas l’envoyer à l’hosto ? Son père, tu vas lui fermer sa clinique ? Tout ce que tu v… »

 

Une formidable gifle arrêta Jiruga dans sa tirade. Matsuta se redressa et domina son fils, le regard était glacial. L’atmosphère était devenue étouffante. Amagai ne savait pas s’il devait sortir ou rester était figé, hypnotisé par les deux hommes qui étaient aussi effrayants l’un que l’autre. Jiruga retroussa sa bouche et lécha le sang qui perlait à la commissure de ses lèvres. Il se redressa pour affronter son père d’égal à égal. Les deux hommes se faisaient face pour la première fois depuis un an, l’ambiance était électrique à la limite du supportable. Pourtant, le père et le fils se dévisageaient presque avec haine.

 

« Je t’avais prévenu, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour l’éliminer. Cet… homme, qui n’en ai pas un pour moi, n’as aucune raison d’exister et sa famille ne vaut même pas la peine que nous en parlions…

—    Voilà ce qui les différencie de toi ! Ils sont humains… Ils m’ont accepté malgré les embûches que tu as semé dans la vie d’Ichigo. Jamais, ils ne m’ont fait un reproche. Ils m’ont acceptés comme leur fils !

—    Humain ? » Matsuta ricana… « Ce sentiment est bon pour les faibles ! Tu dois te battre et éliminer tous ceux qui te portent préjudice… »

 

Jiruga bondit en avant et voulu étrangler son père.

 

« Tu es un obstacle et tu n’es pas humain… Je peux donc t’éliminer ! »

 

La rage déformait les traits du jeune homme. Matsuta se recula et évita de justesse le poing de son fils qui s’abattit contre le mur. Il était évident que Jiruga était devenu son ennemi. Il était incontrôlable. La force qu’il possédait l’impressionna malgré tout, personne jusqu’ici n’avait été capable de le plaquer et de l’immobiliser comme Jiruga le faisait.

 

Matsuta empoigna les mains de son adversaire et bloqua ainsi son fils, ni l’un, ni l’autre ne pouvait bouger. Amagai sortit son portable d’une main tremblante et appela la sécurité. Jiruga s’approcha brutalement, il devait se détacher de la prise de son père, il lui porta un coup de boule que Matsuta ne pu éviter, le mouvement étant imprévisible et trop rapide. Il lâcha son fils et porta la main à son visage. La poitrine de l’étudiant se soulevait au rythme de sa colère. Sa respiration était hachée sous les efforts qu’il avait déployés et sous l’emprise de son émotion. Il voyait rouge et il voulait tuer son père… L’étudiant ne le laisserait pas faire sans rien dire ou tenter !

 

Jiruga attrapa le revers de la veste de son père et le tourna vers lui. Jiruga porta un formidable coup de poing qui envoya valser son père à terre. Le regard devenu fou, le jeune homme avait l’impression que son voile rouge lui obstruait la vue, incapable de voir autre chose que l’homme étendu au sol. Il n’avait qu’une envie c’était de lui faire mal. Il ne voyait pas d’autre solution, pour lui il était impossible de quitter Ichigo. Il ne pourrait pas vivre sans lui…. Il était son souffle, sa vie… même s’il ne lui avait jamais dit, qu’il l’aimait comme lui exprimait ses sentiments, il l’aimait tout autant. Il était hors de question qu’il l’abandonne.

 

 

Le jeune homme n’entendit pas les avertissements, il ne voyait que son père étendu et qu’il voulait achever à coup de pied. Aucune once de pitié n’éclairait son cœur. Tout ce qu’il ressentait c’était cette douleur insupportable car Jiruga savait à présent qu’il était pris au piège. Qu’il ne pourrait plus jamais vivre auprès d’Ichigo, le tenir dans ses bras, le voir sourire, ou froncer les sourcils. L’encourager, gouter ses petits plats, aller à la plage ou encore se reposer les doigts de pieds en éventail… tout était bel et bien finit.

 

Lorsqu’il ressentit les coups dans son dos et dans ses jambes, Jiruga n’avait pas remarqué que quatre hommes de sécurité s’acharnaient sur lui pour le faire plier. Dordonni et Amagai s’étaient rejoint et regardait la scène avec horreur. Qu’allait-il arriver à présent ? Aucun des deux hommes ne le savait. Amagai se précipita vers Matsuta et évitant largement Jiruga qui résistait encore malgré ses blessures. Il vit avec soulagement qu’à part le nez éclaté, l’homme d’affaire était seulement sonné… et désespéré apparemment.

 

Amagai était perplexe. Pourquoi Jiruga défendait avec une telle fougue un homme méprisable ? Il était troublé. Matsuta Nnoitra avait décrit son fils comme s’il était lui-même mais, apparemment Jiruga était beaucoup plus attiré par les relations humaines que son père. Et il était tombé dans le piège des yeux chaleureux et malicieux que pouvait avoir Kurosaki Ichigo. Mais, lui ne se laisserait pas prendre !

 

°°0°0°°

 

Ichigo avait ouvert la porte fenêtre de la salle et resta assis le regard levé vers la voute céleste. Jiruga ne répondait à aucun de ses appels. Quelque chose avait dû arriver à son compagnon. Ichigo ferma les yeux pour tourner légèrement un regard vers son portable qui restait désespérément muet. Une légère brise caressa le visage du musicien. Ses cheveux se balancèrent lentement. La gorge du roux se nouait peu à peu. Il savait… qu’il allait vivre de très longues nuits à présent. La colère avait rapidement fait place au désespoir, pour être remplacé à son tour par le fatalisme… Ils le savaient tous les deux…

 

Lentement, Ichigo tourna à nouveau son visage vers les étoiles. Le sourire de Jiruga vint se placer entre lui et le firmament. Son regard grave ou amusé. Les doigts du roux cherchèrent le cadenas qui se situait autour de son cou. Ichigo caressa la serrure distraitement. Son esprit fit défiler sa première rencontre avec le jeune homme… Un frisson le traversa quand il songea qu’il s’était tenu assis, endormi devant sa porte l’attendant alors qu’il ne pensait plus le revoir. Les gestes un peu maladroits de sa première fois avec un homme. Ichigo n’avait rien dit et avait apprécié leur première nuit d’amour, un de ses souvenirs le plus précieux…

 

Une nouvelle page devait se tourner. Celle d’une vie sans Jiruga… Ichigo eut tellement mal qu’aucune larmes ne coula. Il se laissa glisser sur le sol frais et resta en position fœtale toute la nuit, incapable de dormir, meurtri au plus profond de lui-même. Le froid fit place à la glace dans son cœur. Ichigo se promit que les lendemains seraient plus joyeux mais, il se laissait une nuit à se prélasser, s’enrouler dans les bras du déchirement et la désolation. Et si, Jiruga sonnait à la porte au petit matin, il l’accueillerait avec le sourire, et se maudirait pour son manque de confiance… Un faible sourire éclaira un bref instant, le visage torturé du roux.

 

°°0°0°°

 

L’appartement ne résonnait plus depuis quelques jours d’aucun bruit ou presque. Dans la chambre désormais vide la plupart du temps, Ichigo vérifiait le contenu de son sac. Après, un dernier regard circulaire pour s’assurer qu’il n’avait rien oublié, Ichigo quitta son appartement. Dehors, un taxi l’attendait. L’assistante de Kyouraku-sama l’attendait. Elle remontait nerveusement ses lunettes.

 

« Vous êtes sûr de n’avoir rien oublié Kurosaki-san ?

—    Non, rien ! 

—    Bien… allons-y…. »

 

Ichigo s’installa à côté de celle qui veillerait sur lui durant les deux prochaines années. Le regard vide, le roux observait les rues qui défilaient devant lui. Il n’avait pas envie de parler. Il n’avait envie de rien pourtant, il allait faire semblant pour faire bonne figure.

 

Il avait contacté Kyouraku Shunsui après que quatre journées se soit écoulées sans nouvelles de Jiruga. Ichigo avait décidé de prendre sa vie en main, sinon il allait devenir fou. C’est avec une très grande joie apparemment que le directeur de sa nouvelle maison de disque avait accueillis la nouvelle. Le lendemain, il avait été convoqué. Et c’est avec un immense calme qu’Ichigo avait eut un entretien mené tombeau ouvert avec Kyouraku.

 

« Allons au fait ! Je veux que vous parliez parfaitement anglais… je veux faire de vous un artiste exportable. Et vous en avez la carrure. Vous composerez vous-même vos morceaux… j’ai entendu certaines de vos chansons et elles sont… percutantes !

—    Je vous remercie… Kyouraku-san…

—    Donc, je vais vous envoyer quelques temps au Etats-Unis pour vous former auprès de la maison mère. Vous n’allez pas être simplement musicien. Vous allez être le co-leader du groupe de rock à tendance métal, je dois dire… Ce qui correspond à votre style si je vous ai bien suivit… Il s’appelle SoulsTorn. Tous les membres sont arrivés hier à New York. »

 

Le nom du groupe amena un sourire chez Ichigo et son cœur se mit à battre plus vite en entendant le nom de la grande pomme. Shunsui scruta du regard le visage indéchiffrable de son interlocuteur. Kurosaki semblait différent… en quelque sorte plus mature et cela n’était pas pour lui déplaire. Mais, pour que les changements soient aussi radicaux, il avait dû traverser une épreuve difficile. Ou plusieurs… Enfin, quoiqu’il en soit, il était sûr que le roux serait sérieux dans son travail.

 

Shunsui reprit

 

« Vous accompagnerez une chanteuse. En ce moment se sont surtout les femmes qui percent dans le milieu et elle est… sexy ! Elle s’appelle Kukkaku Shiba. J’espère que vous vous entendrez bien avec elle… je vous avertis qu’elle est assez… spéciale.

—    J’aurai l’occasion de le découvrir moi-même… » Sourit faiblement Ichigo.

—    Je les ai avertis de votre arriver après votre coup de fil. Les autres membres sont son frère Ganju qui est à la batterie, Gin Ichimaru à la guitare avec Ashido Kano, Soi Fong au clavier et vous à la basse… je vous avertis qu’Ichimaru-san est en quelque sorte le « leader-technique » du groupe. Kukkaku est le « leader » charme et vous…

—    Je suis assez curieux de connaitre la fonction dans se groupe. » Ironisa Ichigo.

—    Si Gin est très bon en composition technique, il est franchement nul pour les paroles ! Vous serez le parolier et l’atout « charme » masculin du groupe. Quoique Gin et Ashido soient aussi très intéressants pour les SoulsTorn. 

—    Ils se connaissent depuis longtemps ?

—    Non ! En fait, ils se découvrent… sauf pour Kukkaku et Ganju… mais, ils ne comptent pas, ils sont frère et sœur. Ils faisaient tous parties de groupes différents et se sont fait virer soit pour cause d’incompatibilité d’humeur, enfin… motif officiel ou… parce que les membres du groupe ne s’investissaient pas assez !

—    Incompatibilité d’humeur ? Qui ?

—    Kukkaku… » Marmonna Shunsui en se grattant le front.

—    Je pars aussi pour New York ?

—    Bien sûr… vous avez deux jours pour faire vos bagages et dire au revoir à votre famille. Vous partez pour deux ans mais, vous participerez à certains concerts, celui de fin d’année au Tokyo Dôme et aussi à quelques festivals… au Japon, en Angleterre, en France, en Allemagne mais, aussi à Taiwan et… bien sûr aux Etats-Unis… Etes-vous prêt pour votre nouvelle vie ? 

—    Vous paraissez sûr de pouvoir nous promouvoir sur…

—    Je ne parie jamais sur des toquards et j’ai le nez « creux »… Je sais ce que je fais, alors tâchez de ne pas me décevoir…»

 

Ichigo hésita et voyait l’ombre de Nnoitra Matsuta. Son froncement de sourcil ne passa pas inaperçu auprès de Shunsui

 

« Vous vous inquiétez pour Nnoitra-san ?

—    Vous le saviez ?

—    Arabesque était une maison de disque qui manquait cruellement d’argent frais et du jour au lendemain, elle trouve des fonds. Un de ses groupes qui avait un membre des plus prometteurs dans son écurie est obligé de quitter le groupe et… se même membre sort avec le fils d’un des magnats de l’industrie chimique et pharmaceutique au Japon… Nnoitra-san est dur en affaire et je pense qu’il y a eut des négociations entre Rose et le père de votre ex. »

 

Shunsui n’ajouta pas qu’il détestait son beau-père. Nanao était presque lobotomisé par les inepties qu’il lui avait fourrées dans la tête. Ce gamin aurait pu être son beau-frère en somme… Si Nnoitra Matsuta s’était occupé de ses affaires. Il admira le sang-froid de son interlocuteur qui ne laissait transpirer aucune émotion, si ce n’était son regard un peu trop brillant. Ichigo encaissa sans broncher. Il demanda toutefois

 

« Vous n’avez pas peur de vous retrouver dans la même situation ? »

 

Shunsui eut un lent sourire et repoussa son couvre-chef du bout des doigts.

 

« Kurosaki-san… vous ne vous rendez pas compte que la maison de disque pour lequel vous travaillez aujourd’hui n’a rien à voir avec celle qui vous employait précédemment. Notre groupe est un des plus puissants sur le marché. Notre siège est situé à New-York et nous n’avons rien… mais, alors rien à craindre d’un quelconque Nnoitra Matsuta ou… toute personne de son acabit ! De plus… j’aime beaucoup Rose mais, je suis d’une autre trempe que ce type. Vous vous en apercevrez avec le temps. Maintenant, réglons les détails de notre nouvelle aventure ! »

 

Le réglage dura plus d’une heure. Et lorsqu’Ichigo sortit, il se rendit immédiatement chez ses parents en taxi. Ce fut avec soulagement qu’Isshin et Mazaki accueillirent leur fils. Mais, ils furent désarçonnés par la nouvelle qu’Ichigo leur annonçait.

 

« C’est… loin… »  Balbutia Mazaki incrédule.

—    Tu veux repartir du bon pied Ichigo ? » S’enquit Isshin curieux.

—    J’ai quitté Grimmjow pour presque embrayer ma vie avec Jiruga… Je veux connaître autre chose et tout effacé. Je deviendrai fou si je reste !

—    Bien…

—    Je ne pars pas définitivement… Je vais revenir régulièrement au Japon au cours de ses deux ans. Alors, souhaitez-moi bonne chance… »

 

Mazaki ne dit rien et enlaça son fils. Isshin se contenta de lui ébouriffer les cheveux.

 

« L’appartement ? » Demanda Isshin.

—    Revend-le… vivre dans ses murs seraient comme m’enfermer un peu plus. Je veux… que tu m’achète un autre, dans un autre quartier, dans le même genre. Enfin, je te fais confiance. Je n’aurai pas trop le temps de m’en occuper de toute façon.

—    Je t’enverrai les photos par mail…

—    Ok. Maman… ne pleure pas ! » Se désola Ichigo.

 

Ichigo consola sa mère qui oscillait entre le rire et les larmes. Les bras chaleureux d’Ichigo s’étaient refermés sur la frêle silhouette de sa mère. Elle en fut profondément émue.

 

« Tu n’as pas pleuré… alors, laisse-moi le faire à ta place Ichigo… » Souffla sa mère.

 

La réflexion toucha Ichigo en plein cœur. Pourtant, il se redressa et observa sa mère gravement

 

«Je n’ai aucune raison de pleurer… »

 

Ichigo avait changé de conversation et était partie dormir cette nuit-là dans son ancienne chambre d’adolescent. Le musicien trouva enfin le repos. Il s’était fait la promesse de se battre pour survivre et il y parviendrait !

 

°°0°0°°

 

C’est avec rage qu’Amagai sortit du bureau de Nnoitra Matsuta. Il venait d’apprendre que Kurosaki n’habitait plus dans son appartement… il semblait s’être volatilisé. Rien ne se passait comme prévu. Nnoitra Jiruga se trouvait actuellement en détention médicamenteuse dans un hôpital psychiatrique sur ordre de son père. Ce dernier avait manifesté le désir de « ré-éduquer » son fils.

 

Les enquêteurs avaient surveillé les aller-venus de la famille Kurosaki mais, rien n’avait été trouvé. Il ne paraissait pas être mort… quoique, les parents avaient l’air anéantis. Comment Kurosaki avait pu filer entre ses doigts ? Amagai avait eu le tord d’avoir baissé sa garde et n’avait pas cherché à savoir ce que le roux avait fait après la rupture… ou non rupture au choix et selon les points de vue… occupé par ses propres affaires et lorsqu’il avait enfin décidé de reporter son attention sur le roux, prêt à le consoler… ce dernier s’était envoler ! Qu’allait-il faire à présent ?

 

Amagai songea qu’il pouvait s’attaquer de toute façon, au cœur du problème… autrement dit à Kurosaki Isshin et par répercutions à Kisuke Urahara. Un fin sourire éclaira à nouveau ses traits. Il n’allait pas abandonner sa vengeance. Plus maintenant… Le visage souriant du roux flotta quelques instants devant ses yeux. Amagai se chargea de la repousser prestement.

 

°°0°0°°

 

Lorsqu’il arriva à New York, Ichigo regarda autour de lui, les yeux écarquillés. Il ne savait plus où donner de la tête. Ils avaient fait du tourisme avant de se diriger vers East Village. Lisa montra un signe d’amusement et Ichigo en profita pour la taquiner.

 

« Vous êtes humaine finalement…

—    Boucle-là jeune homme ! »

 

Ichigo éclata de rire en songeant qu’il était plus vieux que son interlocutrice et attrapa sa valise d’une main ferme.

 

« Donc, tu vas vivre ici… »

 

La jeune femme lui montra un bâtiment rouge, qui était monté sur quatre étages. Pour accéder au hall d’entrée, il devait monter une volée d’une quinzaine de marches. Le fer forgé des balustrades étaient agréables, Ichigo n’en connaissait pas de pareil au Japon. Lisa monta la première et continua de parler sans se retourner.

 

« Vous vivrez tous ici. Les autres t’attendent avec impatience. Vous occupez l’avant dernier étage de l’immeuble. C’est une sorte de duplex. Bref, tu as ta journée pour te reposer et demain en début d’après-midi, tu rejoindras le groupe pour visiter les studios et tu découvriras aussi ton emploi du temps. Sache qu’aucun retard ne sera toléré et que les engagements que nous prendrons devront être respectés !

—    C’est clair…

—    Tu auras aussi des moments de pauses. Ils seront peu nombreux alors, j’espère que tu en profiteras bien… et à bon escient !

—    Oui m’dame ! 

 

La jeune femme lui lança un regard froid derrière ses verres de ses lunettes.

 

« Ne te fou pas de moi… Bon… »

 

Lisa s’arrêta brutalement essoufflée.

 

« Pourquoi, ils ont pas mis d’ascenseur dans cette baraque ? Enfin… nous y sommes ! »

 

Sans frapper, Lisa entra et cria au travers des pièces

 

« Oi ! Nous sommes arrivés ! »

 

Ichigo balaya les pièces du regard. Le hall d’entrée et la cage d’escalier étaient très clairs et propre. L’appartement était tout simplement sublime. Tout était moderne et pourtant, très chaleureux. Ichigo apprécia les meubles sans moulure et surtout les plantes et les vieux cadres qui ornaient les murs donnant une note « désynchronisé » au lieu. L’appartement était rangé sans trop l’être. Quelques affaires trainaient de-ci de-là.

 

La première personne qu’Ichigo aperçut fut une femme brune aux formes pulpeuses tout en étant très mince. Elle portait un T.Shirt largement échancré sur sa poitrine et un short qui laissait deviner les formes de ses fesses. Elle arborait des tatouages sur ses avant-bras en forme de spirales. Elle croquait une pomme d’une façon telle qu’elle aurait pu être interdite de passage à la télévision avant une heure avancée.

 

« Oh mais, il est canon ! » Dit-elle en éclatant de rire.

—    Qu’est ce t’as à gueuler grande sœur ?

—    Boucle-là ! Où j’t’crase ! »

 

La jeune femme s’approcha d’Ichigo tout en mangeant avec délectation son fruit. Un sourire prédateur ourlait ses lèvres. L’attention du roux fut attirée par un type un peu plus grand que lui mais très large. La vague ressemblance de l’homme avec la jeune femme qui lui pinçait les fesses à présent, Ichigo conclut qu’il s’agissait de la fameuse Kukkaku et Ganju Shiba.

 

« Oh… te voilà enfin… » Fusa une voix ironique.

 

Ichigo croisa un regard bleu clair. Les cheveux argent de l’homme encadraient son visage.

 

« Je suis Ichimaru Gin… et les deux qui te tournent autour sont Kukkaku et Ganju Shiba… Derrière moi, c’est Ashido Kano et… celle qui fait la gueule à longueur de temps, c’est Soi Fong ! »

 

Un homme aux cheveux auburn coupé en épis et à l’air maussade le salua brièvement. Il semblait aussi taciturne que Chad pouvait l’être. Une jeune femme apparut la mine renfrognée. Contrairement à Kukkaku, elle avait une allure plus androgyne. Ses longs cheveux étaient nattés et tenu par de longs tissus blancs au bout duquel duquel pendaient des anneaux.

 

« Je vous présente Kurosaki Ichigo… votre bassiste et… parolier !

—    J’ai vu ta performance sur scène Kyouraku-san a eut l’idée de l’enregistrer… T’es du genre à te faire remarquer Kurosaki ! » S’exclama Ichimaru.

—    Si peu… » Marmonna Ichigo mal à l’aise d’être examiné comme un insecte.

—    Eh ! » S’exclama Kukkaku. « Moi, je suggère qu’il pose ses valises et nous on lui organise la fête de bienvenue comme on avait convenu !

—    Que tu as convenu Kukkaku… » Siffla Soi Fong.

—    Grand sœur aime les ambiances chaleureuses ! » Défendit Ganju.

—    Elle aime plutôt se souler la gueule… et tous les prétextes sont bons…» rétorqua la brune.

 

Ichigo observa la joute verbale, quand il sentit une main se poser sur son avant-bras. Il rencontra le regard cognac de Kano.

 

« Vien ! Elles en ont pour un petit moment… »

 

Sans un mot, Ichigo suivit son guide. Gin s’était enfui mais, le roux était bien incapable de dire où. Malgré les paroles qu’échangeaient les musiciens, il était évident qu’une bonne ambiance régnait dans le groupe. Finalement sa nouvelle vie s’annonçait de meilleur augure qu’il ne l’aurait cru. Kano s’arrêta sur la dernière porte du couloir qu’ils venaient de traverser. Il montra avec son pouce le battant près duquel il se tenait.

 

« C’est ta piaule… Rejoint-nous à la cuisine… »

 

Ichigo n’eut pas le temps de demander où se situait la pièce que Kano disparut si vite qu’il avait l’impression d’avoir rêvé la présence du guitariste. Le roux entra dans sa chambre et vit une pièce plutôt grande où un lit d’une personne occupait un pan de mur. En face, un bureau et une chaise de bureau attendait sagement qu’une personne les utilise.

 

Le roux s’installa sur son lit et se renversa pour observer le plafond. Son sourire de surface s’effaça. Son esprit forma devant lui, le visage de Jiruga. Inconsciemment, sa main toucha le bijou sous sa chemise. Une irrépressible envie de pleurer le pris soudainement. Mais, après quelques minutes durant lequel il se consacra uniquement sur sa respiration, Ichigo eut l’esprit à nouveau libre.

 

Le portable d’Ichigo vibra et quand il vit un numéro inconnu, il décrocha en fronçant les sourcils.

 

« Kurosaki Ichigo…

—    C’est moi… Ichi…

—    Jiruga ! »

 

Le roux était blême et il se laissa tomber sur le sol. Jamais, il n’aurait cru entendre une nouvelle fois la voix de son amant. Il porta sa main libre sur sa bouche. Elle tremblait violemment.

 

« Ichi… j’ai pas beaucoup de temps… Mon père… m’a enfermé.

—    Jiruga ! » Paniqua le roux.

—    Non Ichi… Ne t’inquiète pas. Je saurai m’en sortir. Il ne m’aura pas comme ça mon vieux. Je lui ai pété quelques dents ! Je… je voulais te parler…

—    Jiruga…

—    Laisse-moi parler Ichi, j’ai peu de temps. Ichi… nous… nous ne pourrons plus nous voir. Tu l’as compris…

—    Je le sais…

—    Je voulais te le dire… Je t’aime Ichigo… Je t’aime comme jamais personne dans ma vie… Je voulais t’avertir, avant qu’un autre le face. Je vais être obligé de me marier… Mais… »

 

La voix de Jiruga s’enroua, une sorte de sanglot

 

« Mais, je n’aimerai que toi… Je ne te l’ai jamais dit… Je voulais que tu le saches… Je peux te… renvoyer la clef…

—    Jamais Jiruga… Je garderai ce bijou comme mon bien le plus précieux… mon cœur y demeure comment peux-tu me demander de l’enlever ?

—    Ichi… Je voudrai que tout se soit passé différemment…

—    …

—    Ne pleure pas Ichi…

—    Je… je ne pleure pas…  Je… je t’aime et je t’aimerai toute ma vie…» Affirma Ichigo la voix tremblante et les yeux brillants de larmes.

—    Je ne regrette rien !

—    Moi non plus… mon amour…

—    Merde, ils m’ont retrouvé… Ichi… n’oublie jamais mes paroles… »

 

La conversation fut brutalement coupée et Ichigo resta un long moment à regarder son portable d’un regard vide. Jiruga était vivant… certainement avait-il du subir la colère de son père mais, il se battait, il en était sûr. Lui aussi allait se battre. Il allait devenir célèbre au travers du monde et faire ployer les ceux qui s’interposeraient dans sa vie… Jiruga entendrait parler de lui. Il lui donnerait un moyen de l’atteindre. En attendant, il étouffa le sanglot qui montait à nouveau dans sa gorge.

 

Kukkaku resta figée derrière la porte. Elle avait entendu suffisamment de conversation pour comprendre. Qui avait fait du mal à son petit roux ? Elle avait déjà adopté le bassiste et elle comprenait combien les amours pouvaient être mouvementés. Elle-même vivait une relation qui était loin d’être de tout repos et de nombreuses fois, elle avait pleuré toutes les larmes de son corps. Kurosaki était comme elle… elle l’avait sentit, son instinct ne l’avait pas trompé. Elle allait prendre soin de Kurosaki… Elle s’en fit le serment ! D’autant plus que le jeune homme était la copie conforme de son défunt frère.

Chapitre 18

Un bruit horrible de ferraille réveilla Ichigo et la lumière crue lui arracha les paupières. Il leva difficilement un œil vers Kukkaku qui lança joyeusement

 

« Debout fainéant... ce n’est pas le tout de faire la fête !

-    J'ai à peine participé… » Maugréa Ichigo.

-    Et en plus, il se plaint. Rassure-toi chéri, j'ai finit toutes les bouteilles !

-    Je veux bien te croire... »

 

Vu ce qu'il avait entraperçut la veille, c'était sûre qu'elle avait une descente qu'il ne remonterait pas à vélo !

 

« N'oublie pas qu'on nous attend et Gin a préparé le repas de ce midi. Il faut absolument que tu gouttes ! C'est super rare et en plus il cuisine comme un Dieu !

-    Tu n'exagères pas ?

-    C'est Rangiku qui a de la chance...

-    Rangiku ? » Marmonna Ichigo en se redressant, toujours un peu dans le cirage.

-    C'est la fiancée de Gin... Elle est super chouette ! On fait les boutiques ensembles, au grand désespoir de Gin d'ailleurs.

-    Je pensais que le groupe était un tas de musicien qui ne se connaissait pas à la base... »

 

Ichigo observa Kukkaku qui avait attrapé la chaise de bureau et l'arrêta au pied du lit pour l'enfourcher à califourchon. Elle posa ses mains sur le dossier et posa son menton dessus. La jeune femme observa Ichigo avec attention.

 

« En fait, Gin je le connais depuis un moment on se rencontrait lors de festival. Il faisait partit des Black Stones Orgasmics. »

 

Ichigo haussa un sourcil de surprise. Kukkaku ricana...

 

« Ça arrache... hein ? Surtout quand on voit la tête de ce crétin... soit dit en passant, il est super calé en musique. Il a fait le conservatoire et jouait du piano. Gin a remporté des prix... C'était un musicien classique destiné à un avenir brillant... Bref, il a tout plaqué pour la guitare quand il a été majeur.

-    Et Ashido ?

-    Oh... Ashido est aussi une bête mais, c'est un autodidacte. Il faisait partit d'un petit groupe mais, il en a eu marre de devoir chercher à chaque fois des nouveaux membres. Je le comprends... je suis passée aussi par là ! Des qu'on doit bosser et s'investir un minimum, y'a plus personne. » Maugréa la brune.

-    Tu m'as bien au courant...

-    Oh ce n’est pas lui qui m'en a parlé c'est Soi Fong ! Elle était ma copine au lycée...

-    Copine ?

-    Euh pas comme ça... je veux dire amie... enfin... c'est compliqué avec Soi. Allez Faut te mettre debout...

-    Vous avez joué dans le même groupe ?

-    Avec Soi ? Ça ne va pas ! » S'exclama la brune les yeux élargis. « Je l'aurai tué à l'époque... maintenant, depuis qu'elle sort avec Ashido elle s'est calmée. Non, elle faisait partie d'un groupe de Jpop à l'époque. Un groupe de filles... » Marmonna Kukkaku comme si c'était la pire chose qui pouvait arriver.

 

Ichigo s'était redressé et Kukkaku reculé. Le roux attrapa ses vêtements et se dirigea vers l'extérieur. La brune déclara brusquement

 

« Cet après-midi, on te fait découvrir le studio mais, on pourra se faire un bœuf pour voir comment ça fonctionne entre nous ?

-   J’n’ai pas ma basse...

-    Hum... y'a pas mal de boutiques pour musicos dans le coin ! On pourrait y jeter un œil... »

 

Le roux hésita et balaya la pièce du regard pour trouver une horloge. Il avait oublié de brancher son radio réveil. Il demanda en étouffant un bâillement.

 

« Il est quelle heure ?

-    On a deux heures avant de partir...

-    C'est loin ?

-    Deux minutes !

-    Ok, je m'habille et on y va...

-    On mange d'abord ! J'vais rejoindre Gin... j'pourrai peut-être goûter avant de passer à table ! » Sourit gourmande la jeune femme.

 

 

Ichigo sourit et disparut dans la salle de bain. Il sortit une demi-heure plus tard enfin réveillé. Il se joignit au reste du groupe et Lisa qui arrivait les mains encombrées de document.

 

« J'ai vos emplois du temps pour la semaine prochaine ! Ce week-end, nous vous laissons quartier libre. Kurosaki nous a rejoint hier soir... il faut qu'il se remette du décalage horaire. Le patron trouverait sympa que vous fassiez des sorties communes pour vous habituez à être ensemble...

-    Je devais aller à un concert avec Ran' ! » Maugréa Gin.

 

Il posa un peu bruyamment le plat qu'il posa au centre de la table.

 

« Vous ferez une sortie avec vos compagnons... enfin débrouillez-vous !

-    Sosuke n'est pas ici... Je serai toute seule ! » Marmonna Kukkaku.

-    Pourquoi ne pas sortir avec Kurosaki... il est seul aussi !

-    C'est vrai ça !

 

Kukkaku adressa un immense sourire à Ichigo qui s'installa sur son siège, en ce demandant si finalement cette sortie était une bonne idée.

 

« Tiens Kurosaki... Ton planning pour la semaine. Matin, cours d'anglais intensif ! T’inquiètent pas... ils s'y collent tous ! » Fit Lisa en voyant l'air déconvenue d'Ichigo. « Faut que tu saches te débrouiller aussi bien à l'oral qu'à l'écrit ! Après-midi répétition au studio ou composition. Sauf lundi en début d'après-midi, vous allez organisez une réunion pour les thématiques de la semaine. Et ne mettez pas le bordel comme la semaine qui vient de s'écouler ! Compris Ganju ?

-    C'est Gin qui avait commencé ! » Se plaignit le batteur.

-    Je n'ai rien fait du tout... Ce n’est pas ma faute, si tu ne sais pas rattraper une balle !

-    C'était à la main la passe... Pas au pied ! » Grogna Ganju.

-    Ah... de toute façon, nous sommes punis. Ils veulent plus qu'on vienne avec des accessoires pour se détendre. » Marmonna Kukkaku sombrement.

-    Accessoires ? » Repris Lisa en remontant nerveusement ses lunettes. « Des balles de golf, un ballon de football américain, une batte de base-ball et en plus, Gin tu avais un sac plein de sex-toys ! C'était pour faire quoi ?

- C’n’est pas évident ? » Demanda le jeune homme avec un sourire.

-    Dans un studio ? » S'emporta Lisa. « Tout l'immeuble est venu mater !

-    Ben quoi ? Je devais rejoindre Ran' après et elle m'avait fait une liste de courses... »

 

Ichigo lisait son emploi du temps, et se mordait le coin des lèvres pour ne pas sourire. Quand il sentit une main s'abattre sur son épaule, le bassiste craignit le pire.

 

« De toute façon, maintenant vous allez avoir une personne responsable auprès de vous. N'oubliez pas que Kurosaki-san est plus âgé que vous et que vous devrez l'écouter ! »

 

C'était bien ce qu'il craignait. Il aurait voulu s'enfoncer sous terre. Kukkaku eut un petit sourire et demanda doucement...

 

« Tu as mon âge Lisa... donc, ça veut dire que toi aussi tu lui dois le respect ? »

 

Ichigo eut l'impression de prendre dix ans de plus brutalement… en fait, à chaque réflexion. Une assiette vint se poser devant lui, fumante et odorante. Le roux posa ses feuilles et observa la foule de « jeunes » qui l'observaient avec insistance.

 

« Et si on mangeait ? Suggéra-t-il.

-    Ça c'est une bonne parole ! » S'exclama Kukkaku qui s'installa à table.

 

Les autres eux s'étaient installés dans la précipitation et se servirent avec impatience. Ganju demanda la bouche pleine.

 

« Pourquoi on sert Ichigo dans l'assiette et nous on est obligé de se servir tout seul !

-    Parce qu'il est âgé ! » Répliqua Gin...

-    Mouaih... tu joues encore les lèches cul toi !

-    Mais, vous ne pouvez pas la mettre en veilleuse de temps en temps ! » Demanda Soi Fong exaspéré.

-    C'est sur qu'avec Ashido tu dois avoir du mal à revenir dans le monde humain...

-    Qu'est ce que tu veux dire par là toi ? » Interrogea agressive Soi Fong en agitant ses baguettes devant le nez de Kukkaku.

-    Le premier mot qui me vient à l'esprit quand je pense à lui... c'est pierre tombale !

-    Répète un peu espèce de...

-    On se calme ! » Tenta de couper Gin sans réel conviction.

 

Mais, les deux femmes en venaient maintenant à se battre avec leurs baguettes, sous l'œil goguenard d'Ichigo. Gin sortit un carnet et lança

 

« dix contre un que c'est Kukkaku qui gagne.

-    Ah non... S'exclama Ganju. Moi, je parie pour sœurette...

 

Une main posa une liasse de quatre billets de vingt dollars.

 

« Pour Soi Fong !

-    Oh tu as le goût du risque Ashido...

-    C'est ma copine !

-    Tu parie sur moi uniquement parce que je suis ta copine ? » S'énerva Soi Fong outrée.

-    Bien sûr... Je ne vois pas le mal à cela... » Ajouta paisiblement le guitariste.

-    Mais, tu pourrais penser que je suis la plus forte !

-    Alors, je vote Kukkaku ! » Répliqua-t-il.

 

Ichigo avala son tofu et observa la scène. Kukkaku qui essayait de voler les baguettes de Soi Fong qui elle, était tournée furieuse vers Ashido. Gin qui comptait l'argent consciencieusement et Ganju qui criait ses encouragements à sa sœur. Lisa, elle devenait peu à peu rouge écarlate. Gin se tourna vers Ichigo qui mangeait ses légumes.

 

« Tu ne veux pas parier ?

-    Je passe pour cette fois… » Refusa poliment Ichigo.

-    Ok ! Mais, au prochain t'es bon !

-    Mais vous allez la fermer oui ! » Hurla Lisa. « J'ai l'impression d'être rentré à la garderie ! N'oubliez pas que cet après-midi vous devez faire visiter les locaux à Ichigo.

-    Au fait... Ichi doit aller chercher une nouvelle basse. On pourrait passer au magasin avant de rejoindre le groupe ?

-    Tu n'as pas encore ta basse ?

-    Non... et j'aimerai m'en acheté une nouvelle en fait.

-    Ok...

-    Une fretless[i] ? » Demanda Gin avec intérêt.

-    Oui... Je voulais m'offrir une Bongo HH »

 

Gin siffla entre ses dents.

 

« Tu utilises une quatre, cinq cordes ou six cordes ? Il m'avait semblé de loin qu'il s'agissait d'une Gibson...

-    C'est une Gibson... et elle a quatre cordes mais, je vais prendre une cinq pour La prochaine... En plus, je voudrai aussi m'offrir plus tard une Fendler...

-    Ben voyons... Il ne se refuse rien ! » Marmonna Soi Fong.

-    Tes claviers sont tout aussi hors de prix et tu nous casses suffisamment les pieds dans les magasins ! Soi Fong.

-    Au fait... Qui a gagné ?

 

Les deux femmes avaient oublié le début du jet et Kukkaku fut plus rapide que Soi Fong pour récupérer les baguettes.

 

« Je les ai !

-    Kukkaku vainqueur ! » S'exclama Gin.

-    Elle a triché ! » S'indigna Soi Fong boudeuse.

-    Soit pas mauvaise joueuse Soi ! Et puis, tu auras sûrement t'as revanche un jour !

- J’ne crois pas, non... » Souffla Gin en s'éventant avec les billets récupérés.

 

Le repas se termina de manière tout aussi animé. Lisa envoya Ichigo et Kukkaku chercher la basse du musicien. C'est avec un réel plaisir qu'Ichigo sortit de l'appartement. Il prit une inspiration en bas des marches.

 

« Tu n'as pas l'air trop perturbé Ichi... J'peux t'appeler comme ça ? » Demanda avec le sourire Kukkaku.

-    Bien sûr...

-    Appelle-moi aussi par mon prénom... »

 

Kukkaku sortit un paquet de schewing-gum et en tendit un à Ichigo qui refusa poliment. Elle haussa les épaules et posa une paire de lunette de soleil sur le nez. Le temps était propice à la promenade. Le silence ne dura pas très longtemps avec la brune.

 

« Ta famille ne va pas trop te manquer ? Non... t'es plus vieux que nous, alors...

-    Ma famille me manque !

-    Ah moi aussi. Mais, c'est Sosuke qui me manque le plus...

-    Sosuke ?

-    Mon petit ami... Il est très sympa et c'est l'avocat du groupe.

-    Le groupe à un avocat ?

-    T'n’es pas au courant ? C'est pour les dommages, les sinistres, les contrats etc... C'est Sosuke qui s'occupe de tout ! »

 

Kukkaku semblait très fière et Ichigo eut un petit sourire. Pourtant, quelques secondes plus tard, le musicien fut sûr de voir un voile de tristesse passer devant ses yeux.

 

« Il est au Japon ?

-    Hai... »

 

L'impression de malaise s'accentua et Ichigo changea de conversation.

 

« C'est toujours animé de cette manière ?

-    Oui ! »

 

Kukkaku eut son sourire qui s'élargit et elle semblait avoir oublié ce qui l'attristait.

 

« En fait, je supporterai pas de jouer dans un groupe où tout le monde se ferait la gueule et si le plaisir d'être entre nous n'existait pas. Je sais qu'on en fait trop... Mais, autant qu'on s'éclate ! On fait le plus beau métier du monde... T'n’es pas de mon avis ?

 

Ichigo réfléchit un instant. Ses livres lui manquaient. Il irait certainement chercher un peu de lecture plus tard et se reconstituer une petite bibliothèque.

 

« Nan... t'es connais un autre ? Interrogea curieuse Kukkaku.

-    En fait, mon premier métier est... bibliothécaire. »

 

Kukkaku éclata de rire en se serrant les côtes. Puis voyant l'air sérieux d'Ichigo, elle se calma et l'observa avec attention.

 

« C'est quoi ton parcours ? »

 

Ichigo du répondre à toutes les questions de la chanteuse très curieuse. Quand ils entrèrent dans la boutique, le musicien avait l'impression d'avoir compressé sa vie en quelques secondes. Immédiatement un homme blond se présenta devant eux. Son air grave était déroutant pour son jeune âge.

 

« ‘lut Kira !

-    Bonjour mademoiselle Shiba...

-    T'es trop poli pour être honnête Kira ! » Sourit Kukkaku.

 

Ichigo laissa le couple discuter et s'éloigna vers les basses alignées dans le fond du magasin. Un vendeur vint se joindre à Ichigo mais, il le repoussa gentiment se contentant d'observer les modèles alignés. Le bassiste glissa son regard de côté en entendant rire bruyamment la chanteuse. Ichigo se posa la question combien de temps encore, durerait la mascarade qu'elle s'appliquait à jouer à tous. Cette dernière intercepta son regard et elle se joignit à lui.

 

« Tu as trouvé ton bonheur ?

-    J'attendais la venue de ton ami... »

 

Kira se désigna du doigt surpris.

 

« Vous parlez bien japonais...

-    Mon grand-père était japonais... Vous désiriez quel modèle ?

-    Une MusicMan Bongo HH.

-    Oh... 

-    Vous ne l'avez pas ? Demanda le roux avec appréhension.

-    Je vais aller vérifier. Je reviens... »

 

Le roux fouilla le magasin et en profita pour repérer le matériel supplémentaire dont il aurait besoin. Ichigo fut tout à sa joie quelques minutes plus tard de la tenir entre ses doigts. Kira eut un petit sourire en voyant son futur client caresser avec révérence sa basse.

 

« Vous pouvez la tester...

-    Ok...

-    Venez...

-    Tu vas nous jouer quoi ?

-    Can't Stop... des Red Hot'

-    Wouaih !" S’exclama Kukkaku ravie.

 

Installez dans le fond du magasin, Ichigo brancha son matériel et s'installa sur une chaise pour commencer son morceau. Bientôt les quelques clients qui étaient venus vinrent s'agglutiner autour de lui. Kukkaku se mit à chantonner pour suivre le musicien. Ichigo ferma les yeux et partie très loin dans sa tête. Il se vida de toute l'énergie dont il n'avait qu'une envie qu'elle parte pour le laisser en paix.

 

L'image de Jiruga le hanta, il joua avec plus de conviction. A la fin du morceau un tonnerre d'applaudissement l'accueillis. Ichigo rougit légèrement, il ne s'était pas attendu à se donner en spectacle comme il l'avait fait.

 

« Vous la prenez ? Demanda Kira.

-    Je veux la sangle, l'étui et les câbles...Vous pourrez me mettre un ampli Fender 212R, un casque et mettez moi également des cordes de rechanges et le matériel d'entretien !

-    C'est avec une caravane qu'on aurait du venir... Marmonna Kukkaku.

-    L'ampli, je le prendrai demain. C'est possible ?

-    Oui... tout à fait. Confirma Kira avec le sourire.

-    J't'amène pas des clients tous les jours !

-    Nous travaillons avec un luthier, si vous aviez le moindre problème...

-    Merci... »

 

 

Une demi-heure plus tard, Ichigo quitta le magasin avec la plupart de son matériel sous le bras, sauf ce qu'il se réservait pour sa chambre.

 

« Tu es balèze dit moi... J'ai eu l'impression d'écouter Flea[ii].

-    T'es trop aimable... et c'est trop d'honneur...

-    Et t'es trop modeste ! Allez on se grouille sinon, y'en a qui vont nous tomber dessus encore... »

 

Les deux musiciens montèrent dans le bus qui leur permettaient de regagner le studio où on les attendait. Ichigo se sentait léger... ou plutôt alléger au niveau du porte-monnaie. Il s'enfonça dans son siège tenant fermement son instrument. Le Japon lui semblait si loin à présent... Son regard dériva vers les maisons qui défilaient lentement sous sa fenêtre. Pourtant, sa douleur était aussi intense.

 

Kukkaku observa Ichigo en silence. Le voile qui obscurcissait ses yeux ambres étaient revenus. La douleur qu'elle perçut la transperça, la renvoyant à sa propre douleur. Elle eut une folle envie d'étreindre le bassiste. Mais, serait-ce pour calmer sa peine ou la sienne ?

 

°°0°0°°

 

La visite des locaux fut instructives pour Ichigo qui se familiarisait avec le personnel et la partie qu'ils occuperaient pendant les six prochains mois. Le roux appris qu'il retournerait au Japon mi-décembre et qu'il repartirai mi-janvier. Ils devaient donné deux concerts à Tokyo pour les fêtes de fin d'années. Ichigo était heureux de pouvoir retrouver ses parents mais... Un léger soupir passa ses lèvres.

 

Il se raisonna et se tourna avec un sourire vers Gin qui lui demandait de jouer un morceau.

 

« Il a assuré dans le magasin de Kira...

-    Ben il va nous faire écouter son nouveau matériel... voir s’il ne s’est pas fait rouler ! » Déclara Ganju.

 

Ichigo retira la housse et passa la sangle et les câbles. Il brancha le matériel et vérifia le réglage de l'ampli. Ganju bondit derrière ses futs.

 

« Ch'suis prés !

-    Know your ennemy...

-    Oh... RATM... »

 

Ichigo lança les premières notes, Ganju observa le jeu du roux et après s'être cherché pendant quelques secondes, ils arrivèrent plus ou moins à s'accorder. Gin attrapa son instrument et marmonna quelque chose dans sa barbe. Il fit un signe à Ganju qui s'accorda sur sa guitare. Bientôt, les autres membres du groupe suivirent. Ichigo croisa le regard bleu du guitariste et il continua à jouer sur Paramore permettant à Kukkaku de chanter à son plein potentiel.

 

Lisa qui passait devant la « boite » comme elle l'appelait, s'arrêta surprise en écoutant le groupe jouer. Ils n'étaient pas encore synchrones, cela demanderait du travail et une certaine habitude.

 

Mais, ces débuts étaient très prometteurs et un fin sourire éclaira son visage. Elle constata également que tous avaient le regard plus ou moins fixé sur le bassiste. Il était évident que tous éprouvait du respect pour le musicien. Par rapport à son âge c'était certain mais, ses qualités de jeux étaient tout bonnement incroyables. Gin le regardait avec une évidente admiration. Si Kurosaki arrivait à se mettre ce musicien dans la poche... tout était joué !

 

Elle quitta les lieux et se réfugia dans le couloir. Elle attrapa son portable et appela Kyouraku.

 

« Lisa... enfin...

-    Kurosaki semble s'adapter à sa nouvelle vie...

-    Son moral ?

-    Il a l'air de tenir le coup...

-    Bien... bien... je m'inquiétais un peu.

-    Il ne laisse rien paraître et Kukkaku et lui semble très bien s'entendre. Les autres lui mangent dans la main.

-    Et pour le reste...

-    C'est prometteur. Ils ont encore des répétitions à effectuer pour jouer correctement ensemble mais, déjà... je suis surprise par l'implication qu'ils s'y mettent.

-    Je suis impatient de les entendre à leur retour...

-    Tousen sera les prendre en main et les rendre prêt pour leur retour au pays.

-    Espérons-le ! Il n'est pas toujours... facile !

-    Je me charge pour cette partie de caractère... »

 

Lisa ferma son portable et continua son chemin pour se rendre au bureau du directeur de la branche américaine de la boite.

 

°°0°0°°

 

Seul Ichigo tournait en rond dans sa chambre. Une nouvelle fois, il n'arrivait pas à dormir. Pourquoi ? Nnoitra occupait encore ses pensées. Cela ne s'arrêtait jamais. La journée, il était trop occupé pour penser. Il agissait presque normalement et l'exubérance du groupe l'aidait à surmonter ses moments de solitude mais, une fois seul... Il se sentait perdu.

 

Il avait besoin de se dégourdir les jambes. Ichigo sortit sans faire de bruit. Il fit attention de ne réveiller personne. Il se dirigea au radar dans l'appartement et buta sur l'ampli que Gin avait certainement oublié de ranger. Il retint son cri de douleur. Tout était toujours ouvert dans cette ville et parcourir ses rues très éclairées ne l'effrayait pas outre mesure. L'air était encore chaud pour ces premières semaines de septembre.

 

Ichigo se réfugia au bout d'une heure dans un magasin où de nombreuses revues et livres étaient disponibles. Ainsi que des DVD mais, ça... c'n’était pas trop son truc. Les pages criardes et racoleuses le dégoûtèrent. Il trouva quelques magasines musicaux qu'il acheta. Ichigo prit également un magasine féminin au titre prometteur « comment tourner la page après une rupture. » Il n'y croyait pas trop mais, c'était un sujet qui capterait son attention au moins quelques minutes.

 

En sortant du magasin, un type l'aborda et lui proposa de l'herbe. Le roux le repoussa et continua sa route pour s'arrêter brutalement au milieu du trottoir. Un peu plus loin se tenait Kukkaku. Elle semblait négocier avec un type aussi louche que celui qui venait de l'accoster. Au bout de quelques secondes elle tendit quelque chose sous le manteau et récupéra très discrètement autre chose.

 

Ichigo n'aurait rien vu, s'il se n'était pas Kukkaku, s'il n'avait pas été abordé avant... s'il n'était pas trois heures du matin. La jeune femme tourna nerveusement son regard autour d'elle et croisa le regard d'Ichigo. Elle se figea comme, si la foudre l'avait traversé. Pourtant, elle traversa la rue pour le rejoindre. Une fois devant lui, la chanteuse souffla.

 

« On rentre à la maison ?

-    Hai ! »

 

Aucun des deux ne parla durant le trajet de retour. Chacun plongé dans ses pensées. Ichigo ne voyait pas pourquoi il se permettrait de faire la moindre réflexion. Lui n'avait qu'une envie tous les soirs, c'est de se jeter sur une bouteille de whisky. Ce qui l'empêchait de le faire jusqu'à présent, c'était qu'il voulait se prouver à lui-même qu'il pouvait réussir, qu'il devait atteindre Jiruga d'une façon ou d'une autre... Toutefois, après avoir réussit son objectif, il ne savait pas trop ce qui l'adviendrait de lui.

 

Ils montèrent les escaliers tout aussi silencieusement. L'un comprenant l'autre... et le fait d'être prit chacun de leur côté par une même souffrance intérieure les laissait songeur. Ils se comprenaient, c'était tout. Aucun membre du groupe ne saurait. C'était leur petit secret. Une main se glissa dans celle d'Ichigo et ce dernier baissa les yeux vers le visage grave de Kukkaku.

 

« Merci... »

 

Ichigo tira la jeune femme contre lui quelques secondes. Elle s'accrocha à lui pour le repousser

 

« Rentrons... »

 

Sans bruit, ils regagnèrent leurs chambres telles des ombres. Quand ils furent enfermés, toutes les autres portes du groupe s'ouvrirent. Gin, Ashido, Soi Fong et Ganju s'observèrent dans la demi-obscurité.

 

« Ils sont rentrés... Chuchota Soi Fong.

-    On peut dormir à présent... » Répondit Ganju.

 

Tous les membres du groupe restèrent à regarder le plafond de longues heures. Un peu plus pour Kukkaku assise sur une chaise et fumant dans sa pipe le joint qu'elle avait incorporé à son tabac. Les jambes pendant à l'extérieur du bâtiment.

 

Ichigo avait posé ses revues sur son lit à coter de lui mais, il ne les toucha pas. A quoi bon faire semblant avec lui-même. Ses doigts coururent lentement sur sa chaîne et le cadenas qui reposait près de sa clavicule. Pourrait-il un jour se remettre d'une telle relation ? Ichigo ouvrit la fenêtre de sa chambre et s'accouda à la balustrade. Ses yeux coururent sur l'avenue pour se perdre dans le Tompkins Square Park. Sa voix chaude et douce remplis bientôt l'air d'une mélodie mélancolique. Un arrière goût de bonheur amer qui remontait en vague.

 

Wise men say only fools rush in

but I can't help falling in love with you

Shall I stay

would it be a sin

If I can't help falling in love with you


Like a river flows surely to the sea

Darling so it goes

some things are meant to be

take my hand, take my whole life too

for I can't help falling in love with you


Like a river flows surely to the sea

Darling so it goes

some things are meant to be

take my hand, take my whole life too

for I can't help falling in love with you[iii]

 

Tous les musiciens du groupe s’étaient approchés de leur fenêtre pour écouter la belle voix grave du bassiste. Il y avait aussi quelques passants qui s’étaient arrêtés, subjugués.  Chacun était pris à la gorge par le désespoir qui chevillait chacune des paroles de la chanson d’amour. Chacun compris alors l’ampleur de la douleur cachée de Kurosaki.

 

 



[i] Fretless = basse sans fret ! Les frets sont les barres qui sont à la verticale des cordes. Elles permettent aux musiciens de se repérer sur le manche. Une fretless permet de pouvoir jouer des demi-tons et également de ne pas avoir d'échos métallique ou de son indésirable. Les basses fretless sont destinés à des jeux plus mélodieux ou plus en nuances. Mais aussi, de pouvoir jouer plus d'accords et d'avoir un jeu plus important dans l'interprétation des morceaux.

Elles sont destinées aux bassistes les plus talentueux. La moindre erreur de quelques millimètres et c'est la cata...

 

[ii] Bassiste des Red Hot Chili Pepper.

[iii] Parole Elvis Presley

Chapitre 19

La fin de l’automne s’installait doucement sur la grande pomme. Les températures descendaient de manière vertigineuse et Ichigo s’était retrouvé à faire les boutiques, coincé entre Rangiku et Kukkaku. Il en serait devenu fou. Toutefois, Ichigo était reconnaissant à ses deux cavalières de lui tenir compagnie. Ils les aimaient beaucoup et une vraie amitié s’était tissée entre eux. Pareil avec le groupe, Ichigo avait l’impression d’avoir moins froid en leur compagnie. Comme ils vivaient presque vingt quatre heures sur vingt quatre ensembles, il avait peu de temps pour penser.

Pourtant, quelque fois certaines nuits, Ichigo regagnait la toiture de leur petit immeuble. Il fuma un joint en compagnie de Kukkaku. Ils ne parlaient pas. Ils n’en éprouvaient pas le besoin. Le fait qu’ils se tiennent compagnie leur suffisait amplement. Ichigo s’était mis à fumer ainsi peu à peu, surtout des cigarettes, quoiqu’il se faisait quelques « surprises » avec Kukkaku. C’était mettre un pied dans l’engrenage mais, il parvenait ainsi à se maitriser et à cacher sa trop grande nervosité.

Les jours approchaient pour leur retour au Japon. Le groupe s’était offert des Karaoké où ils remportaient un joli succès mais aussi, une petite salle de concert. Quoique pour cette dernière se fut accidentelle à la base.

Un soir où le froid s’était installé abruptement, tous s’étaient réfugiés dans un bar gay dans une petite ville proche de New York. Ce dernier était un peu reculer par rapport à la petite ville toute proche. Le groupe avait opté pour une vieille Chevrolet d’occasion. Ichigo, Kukkaku et Gin avait passé leur permis américain pour pouvoir la conduire. Ils avaient voyagés dans les environs et essayé de trouver des petites salles pour se produire. Ils n’avaient pas eu beaucoup de succès jusqu’à présent.

Enfin, ils n’avaient pas pensé au problème de mécanique et là-dessus tout le monde était d’accord... Aucun ne savait réparer une voiture ! Le groupe avait hésité à entrer dans le bar qui longeait la forêt. Comme, il était un peu retiré par rapport à la route, ils avaient tous l’impression d’être rentré dans un traquenard. Mais, il n’avait pas trop le choix. Ichigo avait pris sur lui, ils avaient besoin d’aide et surtout d’une dépanneuse.

« Et si… on te violait ? » Demanda Soi Fong très mal à l’aise…
—    Ne raconte pas n’importe quoi… » Marmonna Ichigo. « Si tu n’es pas d’accord avec mon idée alors, va chercher un dépanneur à pied et à l’aventure. Je ne connais pas le coin et je ne sais pas réparer une voiture alors encore moins un de ses engins !
—    Moi… je ne suis pas très chaud non plus… » Répondit Gin. « On ne sait jamais ce qui peut arriver ! »

Ichigo respira profondément et se tourna d’un bloc vers le groupe. Seule Kukkaku ne paraissait pas perturbée.

« Vous avez peur de quoi exactement ? » Demanda le roux exaspéré.
—    Ils sont gay ! » Fit Ganju en mettant le mot entre guillemet.

Ichigo resta un instant seul à réfléchir. Cette situation l’énervant passablement il demanda un brin en colère.

« Si je vous disais que vous vivez depuis un peu plus de trois mois avec un « gay »… Vous feriez quoi ?

Tous observèrent Ichigo avec de grands yeux, sous le coup de la surprise. Sauf Kukkaku qui avait son sourire qui s’était élargis d’un coup.

« T’es gay ? » Demanda Ganju comme si le ciel lui tombait sur la tête.
—    Je ne m’en serais jamais douté… » Remarqua Soi Fong en détaillant Ichigo de la tête au pied comme si elle le voyait pour la première fois.
—    Moi non plus ! Une chance que je n’ai pas parié sur ta sexualité… » Souffla Gin impressionné.

Ichigo se frappa le front exaspéré.

« Je ne vais quand même pas passé une annonce !
—    Tu le savais toi sœurette ? » Demanda Ganju toujours sur le coup de l’information.
—    Oui !
—    Moi aussi… Répliqua tranquillement Ashido.
—    Et vous nous avez rien dit ? » Hurla Soi Fong.
—    Ça change quoi qu’il le soit ou pas ? » Demanda Kukkaku en haussant les épaules. « Kurosaki Ichigo est toujours Kurosaki Ichigo quel que soit sa sexualité !
—    Mais… mais…
—    Boucle-là Ganju. » Rétorqua Soi Fong. « C’est vrai qu’on s’en fou. Bon, on te suit… je suis frigorifiée.
—    T’as pas voulu te couvrir… » Rétorqua Ashido.  « Maintenant, ne vient pas te plaindre.
—    Mais, il fait super chaud dans la Chevrolet !
—    Tu nous protégeras Ichigo ? » Demanda Ganju toujours terriblement mal à l’aise.
—    Je sortirai ma cape et mon épée… Bon, on y va ? » Grogna Ichigo.

Le groupe continua en silence. Ils traversèrent le parking au quart rempli. Tous se placèrent derrière le roux, sauf Kukkaku qui resta au côté du bassiste.

« Je passe devant… » Marmonna Ichigo.
—    T’es pas galant… » Ironisa Kukkaku.
—    J’pensais que vous étiez tous mort de trouille !
—    Et si s’était lui qu’on envoyait dans un bar hétéro ? »

Seul un soupir répondit. Ichigo franchit le seuil et traversa la pièce sous le regard goguenard des clients. Le bar était plutôt grand et confortable. L’aménagement était typique des chalets. Les murs et les sols étaient en bois clair. Les tables et les chaises également. De nombreux tableaux étaient accrochés au mur. Le bar disposait d’un comptoir en cuivre et inox. Il étincelait sous la lumière du jour. Deux serveurs assez jeunes en pantalons de toile et T.Shirt étaient présents parmi le personnel.

Le regard braqué sur celui qui se trouvait derrière le comptoir, Ichigo s’avança d’un pas décidé. Les yeux noirs le fixaient avec curiosité certainement à cause du groupe qui s’était réfugié dans son dos.

« Désolé de vous déranger… Nous sommes tombés en panne à cinq cent mètres de votre établissement. J’aurai besoin d’appeler une dépanneuse ! Connaitriez-vous un garagiste dans le coin ?
—    Bien sûr ! Attendez… »

L’homme qui devait faire dans les un mètre quatre vingt se détourna pour attraper un calepin. Il se tourna à nouveau vers ses « clients » et montra à Ichigo un numéro de téléphone.

« Je vous apporte le téléphone. Il s’agit de Netsuai… il a mauvais caractère mais, il est très calé en mécanique et il n’prend pas cher.
—    De toute façon, on n’a pas trop le choix ! » Déclara Kukkaku. « Dite… on peut prendre un café pour se réchauffer ?
—    Bien sûr…
—    Euh… vous n’avaient rien contre les filles ici ? » Demanda Soi Fong.
—    Non… et vous… vous n’avez rien contre les gay ? » Rétorqua le serveur avec un sourire.
—    Il l’est ! » Fit Ganju en montrant Ichigo qui composait le numéro.

Le roux lui lança un regard incendiaire. Le serveur sourit et haussa un sourcil en dévisageant Ichigo

« Vraiment ?
—    Ganju… mon cher petit frère… » Fit Kukkaku en serrant le batteur en ses bras. « Il va vraiment falloir que je te cause sérieusement.
—    Excusez-moi Monsieur… » Fit soudainement Ashido.

Tous tournèrent surpris leur visage vers le guitariste qui était dans la lune la plupart du temps.

« Oui ? » Rétorqua le serveur interrogateur.
—    On a tout notre matériel de musique dans notre Chevrolet. Je ne suis pas spécialement rassuré. Il serait possible de le décharger ici. Après tout, on ne sait pas combien de temps les réparations vont prendre…
—    Je vais demander au patron ! Bougez pas… »

L’homme disparu et Kukkaku se gratta le menton pensive.

« C’est vrai… on ne sait pas combien de temps tout cela va prendre et combien ça va nous couter…. J’ai presque plus de frics !
—    On s’arrangera plus tard !
—    Je vais appeler Lisa… » Marmonna Gin.

Soi Fong s’installa sur un tabouret et défit son manteau. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle et constata qu’ils n’étaient plus le point de mire et ceux depuis longtemps. Le serveur réapparut et déclara

« Yasei va vous conduire près de votre camionnette et va vous aider à charger votre matériel. On va le placer ici dans la réserve, ça ne craindra rien ! Il vous attend dehors. »

Ichigo se joignit à la conversation

« Les filles vous restez ici, je vais aller chercher le matériel avec Ganju.
—    Ok…
—    Je viens aussi ! » Déclara Ashido.
—    Mais… » Voulu protester Soi Fong.
—    Il y a Gin et Kukkaku. On ne sera pas long… »

Les trois hommes disparurent pour gagner le parvis du bar. Un homme plutôt grand avec de longs cheveux ébène les attendaient. Quand il leur fit face, ses yeux vairons les déconcertèrent.

« Venez ! Il ne fait pas bon de laisser un véhicule pas très loin de l’établissement. Y’a toujours des jeunes homophobes qui trainent dans le coin et si votre matériel traine… vous risqueriez de ne plus retrouver au pire  fracassé.
—    Ça vous arrive souvent ? » Demanda Ganju qui déglutissait.

Le dénommé Yasei eut un petit sourire et se détourna pour se diriger vers un Dodge récent.

« Je vous remercie pour votre aide… »  Commença Ichigo avec un sourire reconnaissant.
—    Se n’est rien ! » Coupa Yasei nonchalant.

Le chemin fut rapidement parcouru. La Chevrolet était toujours intacte et le groupe déballa rapidement le matériel. Yasei les attendait tranquillement appuyé sur son véhicule, fumant une cigarette.

« Pourrait filer un coup de main… Grogna Ganju.
—    Et s’il transperce un Tom  tu feras quoi ?
—    Je l’étrangle !
—    Alors boucle-là… » termina Ashido. « Personne ne touche à mon matos ! »

C’est en silence que le véhicule fut vidé. De retour au chalet, tous attendait avec une tasse de café à la main. Kukkaku se tourna vers le patron et l’interpella.

« Monsieur Yasei… voilà, nous sommes musiciens et… et bien nous voudrions nous produire dans une salle. Pourrait-on donner une petite représentation. »

Yasei prit appui contre son le meuble derrière le bar. Il croisa les jambes devant lui et observa le groupe en face de lui. Il jaugea ses interlocuteurs et sa salle. Kukkaku le regardait avec espoir, alors que le reste des SoulsTorn croisait les doigts.

« Je n’ai rien pour vous permettre de vous représenté. Nous n’avons jamais fait ce genre d’activité.
—    Il nous faut une bonne alimentation, et pour la mise en place je m’en charge ! » Déclara Gin pas découragé. Ils avaient eut si souvent les portes se fermer. « Par contre, ça me prendra un peu de temps pour le faire… »

Yasei se gratta le menton et finit par se sortir une nouvelle cigarette. Le serveur le regardait avec apparemment une furieuse envie qu’il dise oui.

« Bon ok ! Ce soir… je voudrai bien que vous me montriez un peu ce que vous savez faire… Et si ça me plaît… vous pourriez venir ici les week-ends.
—    C’est vrai ? » S’exclama Kukkaku qui n’en revenait pas. « Ah oui… mais, on retourne au Japon pour un mois…
—    Et bien, je ferai venir un autre groupe en attendant… à moins que vous ayez quelqu’un à me proposer pendant votre absence. Enfin, on verra on n’en ait pas encore là. Nibai… va voir avec Shoujiki pour débarrasser le fond de la salle et leur permettre d’installer le matériel !
—    Et le service ? » Protesta Nibai qui arborait malgré tout un grand sourire.
—    Je m’en occupe…
—    Ok patron… j’y vais tout de suite. »

Le dénommé Nibai quitta son poste et Yasei l’observa s’éloigner.

« Excusez-moi patron… » Fit Ashido « je pourrai avoir une bière ? »

Sans un mot, Yasei servit la pression. Ganju en profita pour en prendre une également alors qu’Ichigo prit un café. Yasei reprit ensuite sa place contre son meuble, toujours dans une posture désinvolte.

« J’ai besoin de trouver une solution pour attirer une nouvelle clientèle. » Expliqua t-il soudain. « Vous m’avez donné une idée.
—    C’est qui le genre d’hommes qui viennent ici ?
—    Oh la plupart viennent de très loin… » répondit le Yasei. « Vous comprenez, ils ne veulent pas que leur famille, leurs amis sachent qu’ils sont gay. Alors un petit coin tranquille comme ici, c’est parfait pour être un peu soi-même de temps en temps.
—    Ta famille est au courant que t’es gay Ichigo ? » Demanda Ganju curieux.

Le roux glissa un regard glacé au batteur qui déglutit. Il n’avait jamais vu le bassiste aussi remonté. La tête de Ganju fut brutalement écrasée contre le comptoir. Un gémissement de douleur se fit entendre. Kukkaku avait fait le tour des membres du groupe et avait éclaté le crâne de son frère contre le comptoir.

« Ecoute-moi bien Ganju. La discrétion ce n’est pas ton fort ! Mais, t’as intérêt à te rentrer ça dans le crâne. Ce n’est pas parce qu’Ichigo n’a pas les mêmes goûts que toi et que tu vas t’amuser à le déclarer sous tous les toits ! Voudrais-tu que je déclare le nombre de râteaux que tu t’es pris ne serait que depuis ces cinq dernières années ?
—    Pas vraiment… » Grimaça Ganju.
—    Ok… alors fou lui la paix !
—    Oui… mes parents sont au courant depuis mon adolescence…
—    Wouh ! T’assume ! » Déclara Gin avec le sourire.
—    Je n’ai pas eu trop le choix… » Marmonna Ichigo en se remémorant la fois où Grimmjow avait été trouvé ses parents pour leur avouer sa sexualité.
—    On a toujours le choix ! » Répondit Yasei.

Ichigo observa son interlocuteur et finit son café. Le roux eut un petit sourire amer et déclara

« Quand votre petit ami va trouver vos parents sans que vous ne soyez au courant… et que vous les retrouver à discuter de votre sexualité, du sida et des moyens de protection autour d’une tarte aux pommes et d’un café. Que sur ces entrefaites, votre père qui est médecin vous donne du lubrifiant, des préservatifs et du papier absorbant pour « au cas où »… je vous jure que vous avez sérieusement envie de tuer votre entourage ! C’est tout juste s’il ne m’a donné un cours sur les relations sexuelles entre hommes !
—    Il est peut-être bi ton père ! » Répliqua Ganju qui grimaça à nouveau de douleur.

Ichigo éclata de rire en imaginant son père avec un autre homme.

« Je n’en sais rien ! Mais, j’ai eu la honte de ma vie, surtout qu’il n’a jamais tenté de caché ma sexualité.
—    Vous avez beaucoup de chance qu’ils l’aient pris ainsi… » Souffla Yasei. « Certains parents ne l’acceptent pas de cette manière…
—    Peut-être parce que mes parents…  connaissent le prix d’une vie ! » Répliqua Ichigo énigmatique.

Le roux quitta le bar ému et profondément troublé. Ichigo rejoignit Gin qui s’était mêlé aux deux serveurs. Ganju observa sombrement le bassiste. Puis se tourna vers sa sœur et demanda.

« Tu crois qu’il a le connu la même chose que nos parents avec Kaien ?
—    Qui sait Ganju… »

Kukkaku commanda une bière sous le regard profond et troublant du patron du bar.

°°0°0°°

Le groupe se déplaçait dans une atmosphère joyeuse pour leur dernier mini-concert de l’année. Le souvenir de leur premier soir envahit Ichigo… Ils avaient remporté un petit succès auprès des quelques habitués présents. Et Yasei leur avait proposé alors que Netsuai était venu les rejoindre, de revenir la semaine suivante. Gin avait grommelé que l’installation soit un peu plus conséquente au niveau des prises, sinon ils allaient foutre le feu à l’établissement. Netsuai avait grogné qu’il s’en chargerait.

« Vous êtes pas mécanicien auto ? » Demanda Gin sur le qui-vive.
—     J’sais aussi bricolé…
—    Je n’veux pas que ma Petrucci crame… » marmonna Ashido.
—    T’as pensé à mes claviers et arrangeurs ! » Hurla presque Soi Fong stressée… « Tu sais pour combien de matos j’en ai ?
—    Ok… ok… je ferai appel à un professionnel… » Déclara calmement Yasei.
—    Je suis quoi moi ? Un clown ? » Demanda Netsuai furieux à son ami d’enfance.
—    Boucle-là… C’est vrai que leur matériel… c’est du bon matériel. J’en ai jamais eu du comme ça entre les mains.
—    Vous êtes musicien ? » Interrogea Gin intéressé.
—    Netsuai était le batteur… Nibai le guitariste, Shoujiki qui n’est pas ici était bassiste et moi le chanteur…
—    Mais, vous pourriez nous remplacer quand nous ne sommes pas là ! » S’exclama Kukkaku ravi.
—    Shoujiki a eut un accident et il ne peut plus jouer… et…
—    Je n’ai plus de matériel ! » Répliqua Netsuai en fronçant les sourcils.  « J’ai tout revendu.  
—    Pourquoi ? s’étonna Ganju stupéfait.
—    Parce que on a essayé de devenir professionnel mais, ça n’a pas marché et puis… On avait des obligations à la maison, alors… on a préféré raccrocher. »

Nibai vint s’installer à côté d’Ichigo et se servit une bière par-dessus le comptoir. Tous les clients étaient partis et ils ne restaient plus qu’eux.

« Cette soirée à bien plu à la clientèle… » sourit le serveur.
—    Ça ne vous manque pas ? » S’enquit Soi Fong à qui la simple idée qu’on lui enlève ses claviers croyait mourir.
—    J’n’ai pas eu le choix ! Et quand on n’a pas le choix et bien on fait avec ! Gronda Netsuai.
—    Vous ne chantez plus ? » Demanda Kukkaku à Yasei qui sortait la caisse pour disparaitre.
—    Non et cela ne me manque pas ! »

Le patron disparut dans son bureau. Nibai rit comme pour détendre l’atmosphère.

« Faut pas lui en vouloir… Il est toujours un peu grognon…
—    Et toi tu prends tout à la légère Nibai ! Explosa Netsuai.
—    Ecoute… si je m’en porte mieux, je ne vois pas où est le problème… »

Le serveur avala plusieurs gorgées de sa bière. Il reposa son verre en laissant échapper un soupir de satisfaction.

« A trop vouloir croire que tout va bien… on finit par se leurrer soit même… Tu es toujours comme ça. Comme si rien n’avait d’importance !
—    Ai-je l’air malheureux ? » Interrogea Nibai avec le sourire.
—    Non !
—    Et tu voudrais que je le sois ?
—    Connard bien sûr que non !
—    Alors, je ne vois pas où est le problème…. A moins que… tu ne regrettes une certaine proposition ! Mais… je ne suis pas sûre que ta femme accepte de te partager. »

Tous observaient maintenant le garagiste et le serveur prêt à se rentrer dedans. Nibai avait plongé son regard intense dans celui vert et furieux de Netsuai. La tension était palpable et Ichigo se détourna. Quelque part, cela le renvoyait à ses propres craintes. Il était partit ranger son matériel, rejoint par Gin et Ganju.

Aujourd’hui, le groupe allait dire au revoir au personnel. Ichigo revoyait encore le regard intense de Nibai. Lui aussi n’avait rien pu faire… lui aussi était en proie au chagrin. Le visage de Nnoitra s’imposa à lui avec acuité. Son souvenir le ramenait à leur dernière nuit, Jiruga penché au-dessus de lui, sa petite clef se balançant doucement entre eux. Ichigo l’avait attrapé et caressé du bout des doigts.

« Ichigo… »

Leurs regards s’étaient rencontrés et les yeux sombres de Jiruga avait eut la même intensité que ceux de Nibai. Ichigo aurait voulu avec force que son ex soit là et le prenne dans ses bras. Retrouver sa présence et sa chaleur. Sentir sur sa peau son souffle, se sentir aspiré par ses baisers. Le poids de la solitude lui pesa un peu plus. Ses doigts touchèrent son bijou sous sa chemise. Un sourire triste apparut sur ses lèvres. Depuis qu’il fréquentait ce bar depuis un mois, nombres d’hommes l’avaient sollicité. Mais à chaque fois, le dégoût le prenait.

Jusqu’ici, seuls des hommes qu’il avait aimés, étaient proche de lui. Deux hommes très différents par certains côtés et proches par d’autres. Certains trouveraient qu’à trente sept ans, il n’avait pas une expérience étendu de l’amour… Mais, il se voyait mal avec un partenaire uniquement pour le sexe.

« Ichigo ! »

Ce dernier se tourna vers Kukkaku qui le fixait en fronçant les sourcils.

« On est arrivé. Sort le matériel… »

Elle-même aida son frère pour transporter ses instruments. Le bassiste rougit de ne pas s’être rendu compte de l’immobilisation du véhicule. Il s’empara de son propre matériel et entra dans le café. Le roux salua Yasei, Nibai et Daghra qui s’occupaient déjà des clients plus nombreux qui occupaient maintenant l’établissement. Quelques clients avaient sympathisé avec eux et nombreux leurs demandaient de chanter certains morceaux. D’autres voulaient écouter leurs productions et apparemment, ils remportaient autant de succès qu’avec des standards américains.

Ce soir-là, Yasei rejoignit le groupe et prit le micro.

« Messieurs, comme je vous l’avais annoncé notre groupe préféré va retourner quelques temps au Japon. Nous les retrouverons fin-janvier. En attendant, un autre groupe les «Las Noches » les remplaceront durant cette période. Alors souhaitons leur bonne route ! »

Les clients saluèrent les SoulsTorn chaleureusement. Ichigo plus que les autres d’ailleurs. Gin eut un petit sourire et déclara au roux.

« J’vois pas ce qui t’retiens de sortir avec l’un d’eux ?
—    Toi, tu sauterais sur tout ce qui bouge bien sûr ! » Marmonna Ichigo en commandant une bière.
—    Je ne m’en suis jamais caché ! J’aime Rangiku et je ne la tromperai jamais, mais avant… je changeais de partenaires toutes les semaines. Y’a pas de mal à se faire du bien… et l’avantage c’est que ton cœur ne s’investit pas !
—    Ecoutez-le ce Don Juan… » Marmonna Soi Fong. « Moi aussi je veux une bière.
—    Tu t’encanailles !
—    Et toi t’es drôlement excitée, je trouve… C’est l’idée de rejoindre Sosuke qui t’émoustille ?
—    Si c’était Ashido qui t’attendait au Japon, on t’entendrait geindre depuis très longtemps ! Et tu nous pourrirais la vie… Alors, soit heureuse que je n’ai pas ton caractère pourri ! »

Kukkaku avait enlacé les épaules de Soi Fong et la regardait avec un sourire prédateur.

« Mais… comme toi tu as beaucoup de chance parce que ton partenaire est aussi musicien… Tu ne risques pas de connaitre l’angoisse de la séparation !
—    On se calme les filles ! » Marmonna Gin. « On rentre chez nous alors… calmos !
—    C’est vrai… Nibai envoie nous des bières !
—    Ok… C’est partit !
—    Alcoolique… Se renfrogna Soi Fong
—    On l’est tous ! » Rétorqua Kukkaku en se frottant les mains. « Patron… j’ai le droit de fumer ?
—    Ne crame pas mon établissement… »

La jeune femme sortit son étui où elle rangeait son Kiseru  et se mit à l’assemblée. Elle s’était sorti une petite boite d’à peine quelques centimètres. A côté, elle plaça un petit sachet dont elle sortit de l’herbe qu’elle plaça prestement dans la boite. La jeune femme semblait complètement absorbée par son rituel. Ses doigts tournaient un petit mécanisme avec conviction. Chacun regardait la chanteuse qui ne montrait pratiquement jamais comment elle se préparait sa Miss Jack Here.  

Ichigo attrapa sa bière et sortit son propre paquet de cigarettes. Il sortit son briquet mais, une flamme se présenta à lui. Surpris le roux leva la tête et rencontra le regard vairon du patron. Ils se fixèrent quelques instants intensément et Ichigo se pencha en avant et accepta la flamme qui brillait toujours.

« Wouah… C’est chaud… » Marmonna Ganju.
—    Prend des leçons frérot ! » Lança Kukkaku. « Leurs techniques de dragues sont plus au point que les tiennes !
—    J’pourrai aussi lui donner quelques techniques ! » Se renfrogna Gin.
—    Oh… tu pourrais lui en donner mais, c’n’est pas sur que ça fonctionnerait. » Eclata de rire Kukkaku.

Cette dernière ouvrit sa boite et plaça la poudre dans son kiseru. Elle sortit une boite d’allumette et s’alluma sa pipe. Quelques minutes plus tard, elle affichait un air de totale satisfaction.

Ichigo écoutait d’une oreille les explications des autres musiciens, son regard était toujours plongé dans celui énigmatique de Yasei. Une tension comme le roux n’en avait pas ressentit depuis longtemps le prenait aux trippes. Il cacha son trouble derrière la fumée de cigarette. Et rompit le contact en se saisissant de sa choppe.

Yasei se recula pour contempler cet homme insaisissable et blessé qu’était le bassiste. Tout au moins pour aujourd’hui, il avait réussit à le toucher et à capturer son regard quelques secondes. L’asiatique lui plaisait beaucoup, voir peut-être un peu trop. Il l’avait immédiatement repéré quand il l’avait vu descendre le chemin pour rejoindre son établissement. Il rangeait sa moto à l’arrière de son café quand cela s’était produit. Lorsque Nibai était venu le chercher pour lui demander s’il pouvait aller chercher leurs matériels, il avait sauté sur l’occasion pour l’approcher.

S’il avait l’opportunité de le rencontrer ailleurs qu’ici… Mais, apparemment le roux ne semblait pas prêt pour une nouvelle relation. Yasei s’en moquait. Il avait le temps. Il remarqua le geste inconscient du musicien qui porta sa main à son cou pour toucher quelque chose sous sa chemise. Certainement une breloque qu’un de ses ex lui avait filée et qu’il chérissait. Yasei écrasa sa cigarette et salua le groupe qu’il avait appris à apprécier. Kukkaku à son habitude avait réquisitionné deux tabourets et fumait sa pipe comme une princesse des mille et une nuit.

Le barman eut un sourire en quittant les lieux. Apparemment, il n’était pas seul sur les rangs pour conquérir Kurosaki. Il voyait bien les regards et l’attitude possessive de la chanteuse. Kurosaki semblait penser que ça l’aiderait. Grand bien lui face… Mais, rien ne dure éternellement, lui aussi le savait !

°°°0°0°°°

C’est sous une tempête de neige que l’avion se posa. Tous étaient crispés à l’intérieur de la carlingue. Ils avaient tourné au-dessus de l’aéroport durant une heure. Ils avaient atterrit d’urgence et enfin, ce foutu avion s’arrêtait. Kukkaku fut la première debout et prête à plaisanter à nouveau. Soi Fong, elle était toujours assise comme statufiée. Ashido la secouait doucement mais, apparemment elle ne semblait plus être capable de réagir. Gin secouait Rangiku qui s’était endormi, cela paraissait être un mystère pour l’albinos qui marmonnait entre ses dents.

Ganju passa un bras autour des épaules d’Ichigo. Le batteur se remettait difficilement de ses émotions.

« Voilà pourquoi je préfère le plancher des vaches… je n’vais plus aux States en avion !
—    Tu vas y retourner à pied peut-être ? Ironisa sa sœur.
—    On a faillit crever, j’t’signale ! Grogna le jeune homme.
—    Arrête de t’accrocher à Ichi comme à une bouée… T’m’fais honte !
—    Aahhh lâche-moi ! Ichi, il ne m’dit rien !
—    Dit quelque chose Ichi ! Lança Kukkaku.
—    Chose !
—    T’es encore d’un expressif ! » Ironisa Rangiku parfaitement réveiller soudainement. « Allez… »

Elle attrapa le roux et le serra contre elle.

« Dit-toi bien que nous sommes chez nous ! On va pouvoir faire tout ce qu’on veut et rouler à gauche !
—    N’importe quoi…
—    On a un comité d’accueil Lisa ?
—    Non… par contre, vous êtes attendu lundi pour vos répétitions. N’oubliez pas que vous avez vos concerts. Et puis, vous allez tourner aussi votre deuxième clip. Alors soyez en forme !
—    N’gueule pas Lisa… On est des pros ! » Déclara Gin avec un sourire satisfait.
—    C’est vrai on assure et on travaille tous ! » Confirma Soi Fong enfin sortit de sa léthargie.

Tous descendirent de l’avion pour regagner le bus qui les attendait. Arrivé dans la zone de débarquement, ils s’engouffrèrent dans l’aérogare pour récupérer leurs bagages après leurs formalités.

« C’est une idée… mais, j’trouve les japonais vachement fermé ! Marmonna Kukkaku.
—    Tu n’sais vraiment pas te taire !
—    C’est les américains qui l’ont contaminée ! Défendit Ganju
—    Elle n’avait pas besoin d’eux pour être déjantée… T’en connait beaucoup de fille qui fume la pipe avec du shit ? Qui picole comme des trous ? Et qui parle et se tiennent comme des mecs…
—    Tu viens de brosser le portrait de la plupart des filles d’aujourd’hui Soi Fong ! » Ironisa Gin. « Bienvenue dans la réalité ! »

Bientôt des hurlements de joies se firent entendre et tous se tournèrent vers Kukkaku qui se jetait dans les bras d’un type franchement séduisant, songea Ichigo. Le roux croisa le regard de ses parents. Sans attendre, il tira sa valise et remonta son sac sur les épaules et rejoignit Isshin et Mazaki avec un grand sourire. Son père lui donna une accolade bourrue mais, la joie qui se lisait sur son visage montrait combien il lui avait manqué. Le bassiste pris sa mère par les épaules et la serra tendrement contre lui. Mazaki rendit l’étreinte de son fils.

« Tu m’as manqué Ichigo… Je suis contente de te voir. Tu es… magnifique ! »

Le roux vit le soulagement dans les yeux de sa mère. Il lui adressa un sourire chaleureux.

« Je vais bien maman…
—    Je le vois mon fils… »

Ichigo salua ses amis mais, Kukkaku lui fit un geste. Le groupe se rejoignit et Ichigo présenta ses parents et le dénommer Aizen remarqua doucereux.

« Comme c’est charmant… Se faire accueillir par ses parents. »

Ichigo tourna son visage vers lui. Un fin sourire étira les lèvres du roux, le regard ambre eut une lueur qui s’alluma dans son regard. Ichigo se pencha vers l’avocat et murmura pour n’être entendu que de lui seul.

« C’est toujours mieux que d’abaisser son froc devant n’importe quel cul qui passe… »

Le regard d’Ichigo devint glacé et Kukkaku poussa Ichigo.

« Hé ! N’allume pas mon mec ! Trouve-toi un autre copain ! »

Ichigo lui adressa un clin d’œil rassurant mais, son regard redevint menaçant quand il rencontra les yeux chocolat qui l’observaient énigmatique.

« Ça aussi je dois le copier sœurette ? » Demanda Ganju qui avait trouvé l’approche très cool.

Ichigo se tourna vers ses parents et leur adressa un vrai sourire.

« Et si on rentrait ?
—    Bien parlé… bonne fête les jeunes et à bientôt…
—    Au revoir Kurosaki-sensei… Kurosaki-san… » Fit le groupe en cœur.

Le trio s’éloigna sous le regard scrutateur d’Aizen. Mais, un coup dans l’estomac lui fit prendre conscience que sa moitié le fixait attentivement.

« Y’a d’l’a relâche… Sosuke ! T’as oublié que c’était moi ta copine ! Déjà que j’ai du mal à te garder dans le droit chemin avec toutes les filles qui passent, si maintenant j’dois m’occuper des mecs… Je t’éclate !
—    Ma chérie…
—    Ouaih ! C’est ce qu’on va voir rentrez à la maison… » Grogna Kukkaku.

Tous regardèrent le couple s’éloigner.

« Ça va pas être les vacances pour tout le monde… Marmonna Gin.
—    En parlant de ça Gin… tu portes les valises bien sur…
—    Au revoir le larbin… Ricana Soi Fong !
—    Fou toi de moi… »
 
Mais, la brune était déjà loin accompagnée d’Ashido toujours aussi silencieux. Gin pesta contre sa moitié qui avait déjà les yeux rivés sur les boutiques qui jalonnaient le parcours jusqu’à l’extérieur.

Chapitre 20

 

Le bureau était relativement calme. Seul, le cliquetis des touches se faisait entendre dans la pièce. Installer devant l’écran d’ordinateur de son père, Ichigo envoyait son dernier message à Lisa. Un sourire s’esquissa sur ses lèvres. Le lendemain, il avait rendez-vous pour rencontrer Shunsui avec les autres membres du groupe. Ils auraient dû le rencontrer lundi mais, apparemment, les plans du boss avaient changé.

 

Se renfonçant dans le siège sur roulette, Ichigo bascula et observa le plafond. Contrairement à ses derniers mois, Ichigo se sentait apaisé chez lui. L’après-midi même, ses parents allaient lui faire découvrir son nouvel appartement. Il serait plus petit que l’ancien et le quartier serait différent. De toute façon tout était différent à présent.

 

Ichigo rencontra les yeux sombres de son père alors qu’il terminait le balayage du regard inconscient de la pièce.

 

« Je peux ? »

 

Isshin désigna le siège en face du sien et Ichigo hocha la tête en souriant. Assis en face de l’un, l’autre les deux hommes s’observaient. Ils avaient discuté déjà la veille mais, la fatigue évidente du roux avait poussé les deux parents à ronger leur frein sur le contenu de la nouvelle vie de leur fils.

 

« Nous nous sommes inquiétés…

—    Je vais bien… » Affirma Ichigo avec le sourire.

 

Inconsciemment, le roux tira son paquet de cigarette et s’en sortit une. Les yeux d’Isshin observaient les gestes rodés qu’il ne connaissait pas à Ichigo avant son départ.

 

« C’est nouveau aussi ? »

 

Ichigo suspendit son geste et observa sa cigarette déconcertée, comme si quelqu’un l’avait glissé entre ses doigts. Le roux rougit légèrement et avoua

 

« Depuis presque trois mois…  Avoua le musicien.

—    Ta mère ne sera pas d’accord…

—    Maman ou toi vous pouvez le désapprouver mais, cela reste mon choix ! Je ne me chercherai pas d’excuses bidons pour vous faire passer la pilule… je vous respecte trop pour cela.

—    Tss ! Peut-être que ta mère en aura besoin pour l’avaler justement… »

 

Ichigo glissa sa cigarette derrière l’oreille et observa Isshin attentivement.

 

« Ma vie… est différente. Entre les répétitions, la création de nouvelle chanson, le fait que notre groupe soit assez… dissipé tout en étant très impliqué et… l’absence de Jiruga et surtout cela je pense… me pousse à avoir besoin d’un substitut.

—    Si tu ne te drogues pas… »

 

Un silence s’installa. Ichigo ne voulait pas avouer à son père pour ne pas qu’il s’inquiète mais, était incapable de lui mentir, surtout quand il le regardait de cette manière. Au bout de quelques minutes, Isshin murmura

 

« Je vois… Je ne suis pas rassuré de te laisser dans cet appartement tout seul.

—    J’ai besoin de mon indépendance. Et puis, ce n’est pas si loin de la maison.

—    Tu es… heureux dans ta nouvelle vie… à part sans…

—    Je fais surtout semblant… Mais, l’ambiance dans le groupe, les membres du groupe par eux-mêmes et mon travail me permettent de me sentir bien. C’est un peu comme une deuxième famille où je n’ai pas trop le temps de réfléchir. On peut dire que j’ai trouvé un équilibre et une raison de me lever le matin.

—    J’en suis heureux…. J’ai crains le pire…

—    Non ! »

 

C’était catégorique. Ichigo se pencha en avant et son regard s’était allumé d’une flamme rendant presque ses yeux phosphorescents. La mâchoire du musicien s’était crispée. Isshin aima l’attitude combative de son fils.

 

« Jiruga va se marier dans une semaine… » Déclara paisiblement Isshin.

 

Le sang se retira du visage d’Ichigo. Sa vue s’obscurcit et un effroyable sentiment lui broya le cœur.

 

« C’est… c’est rapide… » Réussit à dire le bassiste d’une voix éteinte.

—    Ce mariage était prévu de longue date apparemment… »

 

Ichigo se leva comme un automate et quitta la pièce. Jiruga l’avait prévenu pour son mariage mais, d’entendre la « date »… C’était une autre histoire. Il passa devant sa mère sans la voir et s’enferma dans sa chambre. Il attrapa sa Gibson, brancha son empli et son casque. Ichigo resta le reste de la matinée à jouer, une feuille et un stylo non loin de lui. Le besoin d’évacuer le trop plein, la rage de se sentir impuissant, l’injustice de la situation, le besoin de coucher sur papier ses sentiments mis à nu.

 

°°0°0°°

 

L’air ambiant était glacial. La circulation était dense, polluée et en cet après-midi gris, la journée ressemblait à une nuit d’insomnie. Les odeurs de gazole étaient remplacées par ceux impersonnel et aseptisé des bureaux. Ichigo avait l’impression de marcher à côté de ses pompes, la vision rétrécit à un point se situant entre ses chaussures et un horizon se situant à un mètre devant lui. Cela ressemblait vaguement à son avenir.

 

Des voix l’interpellaient mais, il ne les entendait pas. C’est comme un robot qu’il s’installa devant le bureau de Kyouraku. Les musiciens, Lisa et leur manager fixaient l’ombre qu’était devenu le bassiste. Le zombie qui fixait le sol arracha le cœur des spectateurs pourtant la réunion eut lieu.

 

« Je lui ferai un résumé lorsqu’il émergera… » Déclara Kukkaku. « Mais, qu’est ce qui lui est arrivé ? » Souffla la jeune femme.

—    Il a dû l’apprendre… Murmura Shunsui.

—    Quoi ? » Demanda Lisa inquiète.

—    Le mariage de Jiruga et Yoruichi…

—    Jiruga… J’ai déjà entendu ce nom… » Souffla la chanteuse. « Mais où ?

—    Jiruga Nnoitra est l’ancien amant de Kurosaki-san… »

 

Ichigo en entendant le nom de son ex, redressa la tête retrouvant un semblant de vie.

 

« Vous saviez pour Jiruga et moi ? S’étonna le roux.

—    Je suis son beau-frère… »

 

Le roux ouvrit la bouche pour la refermer. Shunsui se pencha en avant et déclara

 

« J’ai suivi vos aventures de loin… Je vous admire, personne ne tient tête à Nnoitra-san. Il est plutôt violent et implacable… Mais, Jiruga en a payé le prix fort. » Déclara paisiblement Kyouraku, pour reprendre sombrement. « Après qu’il est envoyé son père à l’hôpital cet été, Jiruga a été envoyé dans un hôpital psychiatrique… son père a décidé de le reprendre en main. C’est pour ainsi dire impossible pour vous et Jiruga de vous retrouver… »

—    Mais, c’est le père qu’il faut envoyer à l’hostau ! » S’écria Kukkaku outrée.

—    Non… c’est de ma faute… » Souffla Ichigo dont la colère commençait à enfler.

 

Le roux serrait les poings furieux et se sentant impuissant une nouvelle fois. Le reste du groupe observait le musicien ravaler sa colère.

 

« C’est pour cela que j’ai changé le rendez-vous à aujourd’hui. Nnoitra-san est partit et ne rentrera que ce soir. J’ai fait venir Jiruga pour que vous puissiez vous dire « au revoir ». Je l’ai averti que tu travaillais pour moi… Jiruga attend beaucoup de toi, Kurosaki-kun. »

 

Ichigo s’était redressé le cœur battant, n’en croyant pas ses oreilles.

 

« Il est ici ? »

 

Sa voix était vacillante sous l’émotion qui l’oppressait subitement

 

—    Oui… Mais, je ne veux pas entendre un mot sur mon implication dans vos affaires amoureuses. Nnoitra-san pourrait se venger sur Nanao et cela je ne peux pas me le permettre.

—    Alors pourquoi avez-vous arrangé ce rendez-vous ? » Demanda Kukkaku en fronçant les sourcils.

—    Parce que ma chère Nanao m’a demandé de le faire ! Elle est mortifiée parce qui arrive à son frère.

—    Elle est cool votre femme Kyouraku-sama… Souffla Ganju.

—    Je lui dirai… ça lui fera plaisir, surtout que son entourage lui répète assez souvent son manque d’émotivité.

—    Elle a du cran… au vu de ce que vous nous dites. » Remarqua Gin en se grattant la tête.

 

Un coup porté à la porte fit lever les yeux de tous.

 

« Bien… Nous allons vous laisser mon bureau. Personne n’osera venir ici. Je vous propose à tous un rafraichissement dans la salle de réunion mis à notre disposition… Et discuter de votre avenir, vous en parlerez plus tard à Kurosaki-kun. Entre Jiruga-kun ! » Lança plus fortement Kyouraku en se levant.

 

La porte s’ouvrit lentement et un jeune homme avec beaucoup de distinction dans un costume anthracite griffé entra. Tous les musiciens furent saisis en voyant la silhouette haute se découper dans l’encadrement de porte. Le regard du jeune homme s’était immédiatement porté sur celui du bassiste qui était figé, comme cloué au sol.

 

Jiruga ne vit qu’Ichigo en pénétrant dans le bureau de son beau-frère. Son cœur se mit à battre pour la première fois depuis des jours, des semaines, des mois d’inactivité. Ichigo se tenait là devant lui, enfin !

 

Il n’écouta pas même pas les paroles dites, il se dirigea vers son amant comme si c’était le seul point de repère, la seule lumière dans un noir horizon. La flamme douce qui brillait dans la couleur ambre lui réchauffa son cœur glacé. Devant lui, Ichigo le dévorait du regard comme lui se repaissait de sa vue après un trop long jeûne. Ses mains encadrèrent le visage qu’il chérissait depuis si longtemps à présent.

 

« Ichigo… »

 

Les paroles lui arrachaient le fond de sa gorge. Ichigo essaya de lui parler mais, apparemment l’effort était trop intense. Seules les larmes coulaient librement témoignant de la souffrance qui faisait écho à la sienne. Ses pouces caressaient les joues, son front, l’arrête de son nez, comme si Jiruga essayait de graver chacun d’entre eux au plus profond de son inconscient. Les doigts du jeune homme passèrent lentement sur les paupières à présent clauses de son amant. Il caressa avec révérence les sillons humides et salés laissé par les larmes silencieuses.

 

« Je t’aime Ichigo… Je t’aime… »

 

Jiruga enlaça le musicien contre lui, nichant son visage contre le creux de sa nuque. L’extrémité de son nez caressant la peau fine couleur de miel, légèrement musqué et boisé du roux. Ses lèvres le remplacèrent remontant lentement le grain de peau, se délectant de la saveur un peu épicé de cette chair chaude. Ichigo tremblait contre lui, ses mains s’accrochaient à sa veste, son visage reposait contre son torse. Jiruga entendait les sanglots que son ex tentait de cacher comme il pouvait.

 

« Ichigo…

—    Je t’aime Jiruga… comme plus personne après toi… ou avant… »

 

Nnoitra lécha la jonction entre le lobe de l’oreille et la mâchoire du roux, laissant trainer son souffle. Les paroles d’Ichigo le transperçaient, elles transcrivaient ses propres sentiments. La bouche de Jiruga glissa vers celle de son amant. Leurs regards se croisèrent à nouveau enfin. Les doigts d’Ichigo encadraient son visage. Jiruga avait l’impression d’être brûlé. Il avala le pouce qui caressait ses lèvres, le léchant avec tendresse. L’instant parut intense à Jiruga, tellement à côté de sa vie insipide des dernières semaines qu’il l’éblouissait de son éclat.

 

Prenant une respiration, Jiruga repoussa le pouce et embrassa les lèvres entrouvertes de son amant à la place. Les lèvres d’Ichigo qui épousaient si parfaitement les siennes. Cette langue si accueillante qui s’enroulait autour de la sienne. Ses bras qui l’encerclaient, formant la prison matérielle de ses sentiments qui le retenait auprès du roux depuis des mois. Lentement, il explora cette caverne chaude qu’il ne voulait plus quitter. Ce corps qu’il tenait, pressait contre lui avec tendresse.

 

Le flot des sentiments qui l’empêchait de penser au lendemain. Seul maintenant comptait. Ce n’était plus « je » mais « nous » conjugué au présent… avant un futur conjugué avec le mot absence qui laissera certainement des traces. Jiruga maudissait déjà ses jours sans âmes, ses abîmes de solitude qui l’engloutirait… des jours transformés en ténèbres.

 

Se détachant, Jiruga observa le visage identique au sien, figé dans la détresse.

 

« Ichigo… je… nous n’avons pas beaucoup de temps. Je… tu as toujours ton collier ?

 

Le roux défit du bout des doigts les premiers boutons de sa chemise bleue, libérant son cou largement et montrant le bijou qui brillait doucement sous la lumière du jour.

 

« Veux-tu que je te l’enlève ?

—    Jamais ! »

 

La réponse fusa catégorique. Jiruga fronça les sourcils.

 

« Si je ne le fais pas… tu auras toujours ce bijou au cou. J’ai l’impression de t’avoir passé une chaine. Tu ne peux pas vivre avec cela. Comment vas-tu tourner la page ?

—    Je ne souhaite pas être… libre !

—    Ichigo…

—    Jiruga… ma vie n’est plus la même depuis que tu es partie. Tu es les plus belles pages que j’ai écrites jusqu’ici… Si tu me demandes de l’enlever, j’aurai l’impression de bafouer, de renier l’amour que j’éprouve pour toi. J’ai compris que nous ne pourrions plus nous retrouver. J’ai tant espérer… je me suis menti mais, je ne regrette pas… aucun instant passé avec toi ! »

 

Jiruga fit glisser sa cravate et défit les boutons pour laisser son cou libre, montrant à Ichigo la clef qui pendait à son cou.

 

« Tu… tu vas l’enlever ? Demanda d’une voix incertaine Ichigo.

—    Elle restera toujours contre moi. C’est une part de toi sur moi… »

 

Jiruga caressa du bout des doigts le cadenas d’Ichigo et lui-même caressa la clef qui retenait son cœur.

 

« Je vais devoir te quitter Ichigo…

—    Ton mariage… il se situe où ?

—    Pourquoi ? Demanda Jiruga déconcerté.

—    Je voudrai venir chanter à ton mariage… me permets-tu de m’inviter ? » Interrogea Ichigo anxieux.

 

Un fin sourire s’inscrivit sur les traits du jeune homme qui prit la main d’Ichigo pour embrasser chacun de ses doigts.

 

« Se serait un honneur… mon amour…

—    Je ne sais pas encore comment je ferai…

—    On t’aidera ! » S’exclama Kukkaku.

 

Les deux hommes se tournèrent et virent le groupe et Shunsui à la porte qui se grattait le front.

 

« Désolé de vous interrompre mais, ta garde personnelle est en train de fouiller mes locaux… Jiruga-sama… »

 

Nnoitra se rembrunit et ses poings se serrèrent convulsivement.

 

« J’ai encore besoin de parler à Ichigo…

—    Ecoutez… quitter le bâtiment par la porte de sécurité. Personne ne l’utilise, je me charge de les retenir quelques minutes.

—    Nous aussi ? Demanda Kukkaku.

—    Vous ne vouliez pas aider Kurosaki-kun ? Jiruga vous expliquera comment s’introduire dans la forteresse qu’à choisit son père pour son mariage.

—    Venez ! » Lança Jiruga sans s’attarder.

 

Il glissa sa main dans celle d’Ichigo qu’il entraina à sa suite. Le roux resserra l’étreinte autour de ses doigts. Sans se retourner Jiruga répondit à son étreinte. Tous suivirent le mouvement, impressionné malgré eux par le sentiment presque dangereux dont exsudait Nnoitra à ce moment là. Ils traversèrent les couloirs, le jeune homme expliquant en détail les lieux au groupe. Arrivé en bas de l’immeuble et avant de pénétrer dans le sous-sol, Jiruga se tourna vers son amant et l’embrassa avec passion pour le libérer, un sourire effleurant ses lèvres.

 

« N’soit pas triste Ichigo… je suis impatient de voir ta représentation de la semaine prochaine mais, aussi toutes celles futures qui se produiront. Je suis impatient de lire tous les magasines qui parleront de toi… Sache que je ne serai pas triste de te voir avec quelqu’un d’autre… jamais ! Je veux que tu vives ta vie intensément… Je te promets de le faire de mon côté et d’en faire baver mon père au point de le faire crever ! Je n’veux pas que tu ressasses le passé. Moi je chérirai notre relation… comme le plus beau moment de ma vie. Je ne serai jamais triste pour ce qui s’est passé entre nous. Je n’ai pas de regret… n’en ai pas ! » Se tournant vers le groupe Jiruga s’inclina et lorsqu’il se redressa il demanda humblement « Prenez soin de lui… à ma place. Je vous le confie et je ferai en sorte que votre groupe ne manque de quoique ce soit… »

—    Nous n’avons pas besoin de cela… nous aimons Ichi…

—    Si je tenais votre père… » Maugréa Soi Fong furieuse depuis qu’elle avait compris la profondeur des sentiments du couple devant elle, se sentait des envies de vengeances et de meurtres.

—    C’est mon rayon ! » Sourit Jiruga avec un sourire de sadique qui donna le frisson aux spectateurs présents.

—    On pourra foutre le bordel ? » Demanda Kukkaku pour s’assurer du soutient entier de Jiruga.

—    Autant que vous le voudrez… Je me charge de trouver un service pour votre sécurité ! » Sourit Nnoitra.

—    Yess ! »

 

Après un dernier regard sur Ichigo immobile et silencieux, Nnoitra quitta le groupe laissant un immense espace vide. Ichigo avait eu l’impression que les doigts qui se détachaient des siens l’avaient caressé une dernière fois. Il avait été incapable de parler, ne pouvait détacher ses yeux de la haute stature de Jiruga qui n’était plus tout à fait celui qu’il avait aimé... Ichigo se réveilla brutalement et suivit Jiruga pour voir à temps, le jeune homme monter dans une voiture luxueuse. Leurs regards se croisa un bref instant, le temps pour le musicien pour épeler « Je t’aime » une dernière fois du bout des lèvres. Le sourire qui éclaira les traits de Nnoitra atteignit Ichigo en plein cœur.

 

« T’as du boulot sur la planche Ichi… Je suppose que tu vas composer ? Remarqua Kukkaku

—    Elle est écrite !

—    Oh ? Fit Gin intéressé. Je pourrai voir ? »

 

Ichigo tira de sa poche de pantalon, une feuille pliée et réduite en petit carré. L’émotion faisait trembler sa main, et chacun fit comme s’il ne voyait pas ce moment de faiblesse. L’albinos déchiffra l’écriture du bassiste. Un sourire s’afficha sur ses lèvres.

 

« On peut voir ? » Demanda Kukkaku en sautant autour du guitariste.

 

Gin tendit la feuille et le reste du groupe s’agglutina autour de la chanteuse. Tous levèrent des yeux embués vers le bassiste qui fixait toujours l’espace laissé libre par la voiture.

 

« Elle est merveilleuse… Ichi… »

 

Ichigo se tourna vers ses amis et leur adressa un sourire chaleureux. Il avait une semaine pour revoir Jiruga et lui montré ce dont il était capable. Il avait une chance de lui envoyé quelques mots pour l’atteindre. Il ne gâcherait pas sa chance par sa tristesse, sa mélancolie ou sa colère. Il ou plutôt, ils avaient beaucoup de chose à préparer d’ici là !

 

« Je crois que nous avons du travail pour la semaine prochaine. Repris Ichigo.

—    La chance que nous avons… c’est que je connais le groupe qui est engagé pour jouer à ce mariage. »

 

Tous se tournèrent vers Soi Fong qui rougit violemment.

 

« C’est mon ancien groupe… Elles ont juste changé le nom. Elles se produisent beaucoup lors des mariages et les cérémonies officielles.

—    Et c’est quoi leur répertoire ? » Demanda Gin curieux.

—    Euh… Jpop encore un peu et de l’Anka[i] !

—    Merveilleux ! Lança Kukkaku…

—    C’est le grand écart, tu veux dire… Marmonna Gin.

—    Alors faisons que la chanson d’Ichi sort de ce répertoire classique ! Gin… t’as du taf ! Et moi, je vais m’improviser choriste... » Coupa Kukkaku comme si Gin n’avait pas parlé.

—    Moi aussi je suppose. » Grogna Soi Fong.

—    Au fait, on va faire comment pour le matériel ? » Demanda Ganju en se frottant le menton songeur.

—    Aux dernières nouvelles, elles ont une guitare acoustique et électrique, une batterie, une basse, et une chanteuse. Je pense qu’elles doivent avoir des petits instruments type tambourin, grelot et autres trucs du genre. Elles sont toutes choristes.

—    Elles n’ont pas de clavier ?

—    Non, plus depuis que je suis partie.

—    Bon… tu auras deux choristes Ichi… » Sourit Kukkaku.

 

Le groupe se sourit et Ichigo suivit. Kukkaku fit marche arrière. Ichigo sursauta lorsqu’une main se glissa dans la sienne. Son regard rencontra les grands yeux verts de la chanteuse. La lueur dans ses yeux fit craquer quelque chose en lui. Les larmes coulèrent comme si elles passaient un barrage érigé trop rapidement. Deux bras chaleureux s’enroulèrent autour d’Ichigo. Le bassiste enroula ses bras autour de sa taille. La voix de Kukkaku lui parvint rassurante.

 

« Il se trompe… tu as le droit de pleurer et d’être triste, tu sais ! Tout le monde à le droit d’être malheureux s’il veut. Tu n’as pas à faire semblant avec nous. Nous le savions tous… Et nous t’aiderons pour qu’il entende la merveilleuse chanson que tu as écrite. Utilise ta colère, ta tristesse, ton désarrois, ton ressentiment… Occupe-toi seulement de chanter et de jouer pour l’homme que tu aimes… Nous on s’occupera du reste !

—    Ouaih ! » Confirma Ganju.

 

Ichigo se rendit brutalement compte qu’il était entouré de toute part par l’ensemble du groupe qui se tenait les uns et les autres. Formant une coquille autour du bassiste. Ichigo fut toucher par se sentiment réconfortant de ne pas être seul…

 

Se sentant mieux, Ichigo lança

 

« Et si nous nous mettions réellement au travail ? »

 

Le groupe se détacha et ils remontèrent dans le bureau pour regagner les studios. Dans le couloir, ils tombèrent sur Kyouraku-san, accompagné par Lisa faisant face à un homme ressemblant traits pour traits à Jiruga… en plus vieux. La froideur et la suffisance qui se dégageait de lui donnèrent envie de vomir au groupe. Les SoulsTorn traversa le couloir sous les yeux horrifiés de Kyouraku qui aurait voulu les voir disparaitre. Le regard de Nnoitra-san se posa sur Ichigo et une expression de haine pure traversa ses traits. Ichigo tourna son visage vers l’homme d’affaire et lui adressa un sourire en coin.

 

Le regard ambre resta accroché à celui noir si semblable et si différents de ceux de Jiruga. Il ne baissa pas les paupières et la lueur meurtrière qui luisait à l’intérieur était d’égales intensités que ceux de son ennemi. Le groupe passa comme une armée en marche, tous faisait bloc derrière le bassiste. Ils entrèrent dans le studio se trouvant à l’angle du couloir.

 

« Wouah… Le vioc fou les chocottes ! » Marmonna Ganju.

—    Comment Jiruga a réussit à être normal ? » Se posa la question Ashito.

—    Je me posais la même question… » Soupira Soi Fong.

—    Bon… et si on répétait ? » Proposa Gin.

—    Hai ! »

 

Le groupe attrapa le matériel à disposition et commença à répété.

 

°°0°0°°

 

« C’est ce gamin ? » Demanda froidement Matsuta.

—    Hai… » marmonna Shunsui.

 

Le directeur resta de marbre devant son beau-père. Il n’avait aucun compte à lui rendre et sûrement pas sur les groupes qu’il manageait ! En fait, il jubilait intérieurement de pouvoir tenir la dragée haute à cet homme froid qui avait profondément blessé Nanao. Il avait toujours aimé sa fille, des le premier instant où il l’avait rencontré au cours d’un bal de débutante. Mais, Matsuta Nnoitra avait gâché la soirée… comme presque toutes à celles auxquels il participait. Mais, personne ne pouvait l’ignorer. Une joie qu’il dissimula de son mieux en songeant à ce qui allait se passer au mariage de son fils.

 

« Vous ne ferez rien pour m’être agréable…

—    Je ne le suis que pour votre fille…

—    Imbécile !

—    Si vous le dites… Cela ne regarde que moi après tout !

—    Je ferai couler leur groupe comme je l’ai séparé de ses soi-disant amis ! Tout s’achète !

—    Permettez-moi de vous dire que je ne vous laisserai pas toucher au groupe le plus prometteur qu’il met été donné de voir ces derniers temps au Japon !

—    Tss… Les groupes ça vient, ça va…

—    Ne comparez pas mes qualités dans le domaine artistique, à vos piètres connaissances en musique. Vous êtes doué dans votre métier, je le suis dans le mien. Vous avez réussit à acquérir une partie des industries détenu par mon père par mon mariage avec votre fille… Cela ne fait pas toutefois pas de vous l’homme le plus fort du Japon.

—    Vous l’êtes encore moins… » Gronda Matsuta en foudroyant son interlocuteur du regard.

—    Ne me menacez pas ! » Souffla doucement Shunsui.

 

L’attitude faussement nonchalante qu’il affichait jusqu’ici s’effritait. La tension montait inexorablement et les spectateurs de la joute orale entre les deux hommes se tassèrent. Kyouraku parut aussi dangereux que l’était Matsuta Nnoitra.

 

« Vous n’êtes qu’un producteur de pacotille et je pourrai vous faire sauter de votre siège comme je l’entends !

—    Faites seulement un geste dans ce sens et je me charge moi-même de faire couler votre industrie quitte à y passer le reste de ma vie. Vous ne possédez pas tout et je vous rappelle que ma famille est nombreuse et… Vous n’êtes pas noble… Nnoitra-san. Dois-je vous rappeler à quel degré ma famille est proche de l’empereur ? »

 

Shunsui s’était penché vers Matsuta. La lueur métallique qui brillait dans son regard fit déglutir malgré lui l’homme d’affaire. La menace n’était pas veine. La famille Kyouraku était en descendance directe avec celle de l’empereur. A force de menacer les gens à tour de bras, Matsuta avait commis une erreur. Kyouraku était plus puissant qu’il ne le serait jamais.

 

Il était venu pour lui demander de virer Kurosaki quand il avait entendu parler de ce petit roux sans envergure avait rejoint la maison de disque de son beau-fils. Matsuta s’était attendu à de la coopération de la part de ce dernier. Mais, il affrontait un mur. Il voulait le briser mais, jamais, il n’aurait imaginé qu’un homme ce noble le protégerait. Qu’avaient-ils tous à protéger cet homme ?

 

°°0°0°°

 

Les pieds au bord de l’immeuble, le regard porté au loin, les cheveux balayés doucement dans le vent… la cigarette rougeoyante sur le coin de sa bouche… Ichigo regardait la ville de Tokyo. Quelque part, là où se posait son regard se trouvait Jiruga. L’homme toucha son piercing à la langue tout neuf et grimaça. Un de ses mamelons aussi était douloureux mais, il évita de le toucher.

 

Kukkaku l’avait entrainé en fin d’après-midi chez un ami pierceur. Elle trouvait le look d’Ichigo trop sage pour un métalleux. Le lendemain, il démarrait un tatouage en bas de ses reins, choisit par lui et Kukkaku. Ichigo songea qu’il n’avait pas finit d’avoir mal… mais, cette douleur était toute relative par rapport à celle  béante qu’il éprouvait pour Jiruga. Quoiqu’elle lui donnait aussi la force d’avancer. De se battre.

 

Ichigo porta sa clope à la bouche et les bagues lourdes qui ornaient ses doigts brillèrent doucement à la clarté lunaire. Il avait abandonné ses pantalons classiques et ses chemises pour des T.shirts noirs et des pantalons larges à poches dont le bas était prisonnier de doc ‘martins hautes. Son imper noir se souleva sous la nouvelle bourrasque qui fouetta l’immeuble. Ichigo avait la vague impression d’être devenu un vampire égaré. Cherchant le réconfort des hauteurs d’immeuble comme une quelconque gargouille. Le silence qui n’en était pas vraiment un. La solitude brisée par les murmures étouffés de la ville, l’impression d’être hors du temps…

 

Toujours le visage de Jiruga qui le hantait. Le musicien n’avait plus envie de pleurer mais, de libérer la rage qu’il avait accumulée au long de toutes ses années. Pour les autres, tout irait bien… Seule la scène deviendrait sa cour de récréation, la confidente de sa souffrance. Peut-être aussi la bouteille… pour les jours où l’altitude qu’il prenait en montant au fait des immeubles ne sera plus assez haute, l’ivresse des sommets et du vide, sera remplacer par la griserie de vapeurs lourdes et alcoolisés… pour les jours où la pluie s’abattrait plus violemment dans son monde intérieur. Il continuerait d’avancer.

 

Ichigo songea à Shiro et leur habitude de marcher sur l’arrête des bords des rivières… Y aurait-il quelqu’un qui se sentirait responsable s’il mourrait ? La couleur de l’eau l’entoura et le gargouillis du liquide emplis ses oreilles… L’eau était la responsable de la mort de Shiro… pour lui se serait peut-être un jour celui du vent ! En attendant, Ichigo se recula avec précaution pour retrouver la terre ferme. Il traversa la toiture pour prendre l’escalier de secours. Il fumait toujours en dévalant. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il ferait le grand saut, ni demain… Un jour peut-être…

 

 



[i]  Anka = musique populaire japonaise.

Chapitre 21

@font-face { font-family: "Cambria Math"; }@font-face { font-family: "Calibri"; }p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 10pt; line-height: 115%; font-size: 11pt; font-family: Calibri; }span.MsoEndnoteReference { vertical-align: super; }p.MsoEndnoteText, li.MsoEndnoteText, div.MsoEndnoteText { margin: 0cm 0cm 0.0001pt; font-size: 10pt; font-family: Calibri; }span.NotedefinCar { }.MsoChpDefault { font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoPapDefault { margin-bottom: 10pt; line-height: 115%; }div.WordSection1 { page: WordSection1; }

 

Dans le studio d'enregistrement, Ichigo seul un casque sur les oreilles regardait la vitre derrière lequel se tenait le reste du groupe et l'ensemble du staff.

 

« On envoie... Ichi tient toi prêt ! 

-     Ok... »

 

Ichigo écouta la musique qui passait dans son casque et attendit le moment où il devait jouer. La pression montait doucement, jamais il n'avait enregistrer de cette manière. Seul face à face avec un micro. Emporté par la mélodie les doigts d'Ichigo volait sur sa basse. Son corps bougeait en suivant le rythme d'avant en arrière, parfois accompagné d'un balancement de tête. Il était évident qu'il avait intégré son propre monde.

 

Le reste du groupe observait hypnotisé le bassiste. Habillé d'un jean's et d'un simple T-Shirt, il se dégageait de sa physionomie une certaine décontraction. Il faisait littéralement corps avec son instrument. Le technicien du son se laissa à suivre également le son qui circulait dans la pièce. Tous avaient des coups au cœur à chaque fois qu'Ichigo pinçait ses cordes.

 

« Il déchire ce mec... » Marmonna le preneur de son. » Je n'sais pas où vous l'avez trouvé mais, j'ai rarement vu un bassiste pareil. Quel rythme... »

 

Tous eurent le sourire, comme si c'était au groupe entier qu'on venait de vanter les mérites. Kyouraku qui était venu observer l'enregistrement du roux, était impressionné également mais, ne laissa rien filtrer. Il n'avait jamais entendu une telle technique chez un ce type de musicien et surtout qu'elle feeling. Il vivait ce qu'il jouait. Comment Rose et Love ont-ils pu lâcher un type pareil ? Comment son ancien groupe allait survivre ? Même si c'était Hitsugaya qui avait pris la place du roux, la différence au niveau de l'interprétation était phénoménale. Toshiro était un excellent technicien mais, maintenant en écoutant en « live » Kurosaki sans parasitage, il était saisit par la différence.

 

L'esprit de Kyouraku s'envola vers le mariage de Jiruga qui avait lieu maintenant dans deux jours. Il avait écouté la chanson du musicien et avait été pris à la gorge. C'était d'autant plus saisissant qu'il connaissait ce qui avait motivé ces paroles. Il avait réussit à se fournir un plan du palace dans lequel se déroulerait la cérémonie. Il avait fait en sorte d'engager des hommes de sécurité. Il était hors de question que ses musiciens soient amochés par le personnel de Nnoitra-san. Il savait qu'il pouvait compter sur Jiruga.

 

La veille au soir, les deux hommes s'étaient longuement parlé. Nanao avait été présente et était resté silencieuse tout du long. Les paroles du jeune homme avait été dure pour son père. Malgré tout, à chaque fois que Jiruga parlait de son ancien amant, la tendresse reprenait immanquablement le dessus. Nnoitra brûlait de tenir Kurosaki dans ses bras. Mais, Kyouraku savait pertinemment qu'il ne le pourrait jamais plus. A moins, que Kurosaki accepte d'être l'amant de l'ombre du futur homme d'affaire.

 

A la surprise de Shunsui, se fut Nanao qui le proposa à son frère. Ce dernier lui lança un regard méprisant et avait déclaré sèchement.

 

« Pour qui me prends-tu ? Tu accepterais toi... de voir Shunsui en cachette et d'aller le soir dans le lit de ton mari ensuite comme si de rien n'était ? Certains sont capables de le faire... Mais, c'est entravé un peu plus la vie d'Ichigo. Comment pourrait-il trouvé un homme ou vivre une vie normal si je suis toujours derrière lui ? La vie est faite de choix et j'ai fait le mien. Je préfère savoir Ichigo heureux que de le voir se détruire à petit feu. Il a déjà traversé plus d'épreuves que moi... et...

-     Tu es un idiot... Marmonna sa sœur.

-     Notre père me le répète assez, je n'ai pas besoin d'avoir un écho...

-     Pourtant... tu souffres !

-     Je m'accommoderai. La souffrance on finit toujours par s'y habituer...

-     Tu parles comme si tu avais déjà traversé bon nombre de tempête. Sourit Shunsui.

-     Non pas mal de désert serait plus juste. Ma seule oasis, je viens de la quitter. »

 

Jiruga les avait quitté peut après pour rejoindre Yoruichi. L'ennui qu'il affichait en la présence de la jolie brune laissait perplexe Kyouraku. Mais, il était vrai qu'il aimait plutôt les femmes. Son regard se reporta sur le musicien qui venait de finir son interprétation.

 

« C'est ok Kurosaki-san... On va pouvoir le coller sur la bande son. »

 

A peine sortit, se fut Kukkaku qui le rejoignit. Shunsui fronça les sourcils. La jeune femme était en train de tomber amoureuse du bassiste et cela sans s'en rendre compte. Tous étaient autour du musicien à le féliciter mais, les yeux de Kukkaku étaient particulièrement brillants lorsqu'ils se posaient sur le roux. Il songea à Aizen et soupira longuement. D'autres problèmes allaient se profiler à l'horizon. Pourquoi la vie était-elle si compliquée ?

 

°°0°0°°

 

Une rumeur montait du stade couvert. Lorsque la camionnette louée par la maison de disque s'arrêta devant la porte arrière du stadium, le groupe sentit brutalement la pression monter. Ils restèrent figés par l'émotion jusqu'à ce que la voix de Kukkaku les réveille tous brusquement.

 

« Bon... y'a plus qu'à ! On y est enfin... Allez, on déballe !

 

L'ensemble des musiciens déballèrent leurs matériels, sauf Soi Fong et Ganju. Ils profiteraient du matériel mis à disposition. Ils devaient interprétés trois morceaux. Les noms des groupes avaient été tirés au sort sur l'ordre de passage. Sauf pour le groupe phare qui passerait le dernier et aurait la chance de jouer cinq morceaux. Le concert commençait à 20 h 30 pour se terminer au alentour de minuit.

 

C'était tous des groupes de jrock avec plus ou moins métallique et des groupes de visual. Les SoulsTorn suivirent les couloirs et arrivèrent devant la salle où tous les groupes attendaient leurs tours. Tous jetèrent un regard vers les petits nouveaux qui arrivaient. Kukkaku et Gin connaissaient bon nombre de musiciens. Qu'ils saluèrent chaleureusement.

 

En silence, Ashido trouva une place vacante et installa sa Petrucci à côté de lui. Son regard voyagea dans la pièce et il reconnut lui aussi quelques musiciens ou pseudo musiciens pour certains mais, ne souhaita pas se mêler aux autres. Le guitariste était plutôt heureux d'être accompagné de Kurosaki. Le bassiste était plutôt calme et même si son changement de look spectaculaire, le faisait paraître plus sauvage, il était égal à lui-même et plein de gentillesse.

 

En songeant à Ichigo, il se remémora l'entrée de son ex, et le choc qu'il avait eu en le voyant. Jamais, il n'aurait pensé que le roux puisse sortir avec ce genre de type. Le musicien ne se considérait pas spécialement calé en beauté masculine, n'éprouvant aucun intérêt pour son propre sexe mais, il était capable de dire qu'Ichigo était beau, sexy et charismatique...

 

Nnoitra-kun était du genre... Impressionnant en taille, pas très beau mais, l'animalité qui se dégageait de lui était écrasante. Cela le rendait même magnétique. Son esprit voguait vers le père du jeune homme qui même s'il lui ressemblait ne possédait pas la même classe que son fils. Il avait un regard malsain et paraissait dangereux parce qu'il savait qu'il avait le pouvoir. Jiruga était dangereux parce que cela faisait partie intégrante de son être. Il ressemblait à un prédateur endormis. Mais, n'avait rien de calculateur dans son comportement. Ashido détailla Ichigo qui se servait un jus de pomme. Lui qui avait toujours pensé qu'il était le seme, en doutait fortement aujourd'hui. Quoiqu'il n'était en rien spécialiste des relations homosexuelles.

 

Le roux posa sa Music Man à côté de lui à peu près de la même manière qu'Ashido. Il était plutôt serein concernant le concert. Il connaissait les qualités techniques de chacun d'entre eux, et le fait qu'ils aient eu l'occasion de jouer dans le bar de Yasei leur avait donné de bonnes marques pour jouer ensemble dans un lieu public. Ichigo constata qu'il ne connaissait presque personne. C'était maintenant qu'il se rendait-compte du fossé qui le séparait des autres musiciens. Il douta un instant de ses capacités mais, se traita de crétin. Il se ferait plaisir, un point c'est tout.

 

Une voix qu'il n'avait pas entendu depuis quelques mois, et pourtant qui semblait venir d'outre tombe l'interpella. Ichigo leva les yeux et rencontra le visage stupéfait de Renji.

 

« Qu'est ce que tu fous là Ichi ?

-     La même chose que toi, je pense...

-     J'ai faillit ne pas te reconnaitre dans ton accoutrement. Quel changement de look !

-     Si tu le dis... »

 

Renji était mal à l'aise. Sur le coup quand il avait vu les cheveux roux de loin, il avait reconnu Ichigo, mais quand il s'était approché, il avait cru s'être trompé. Ichigo ne portait pas de bagues, de collier, de pantalons sur des doc' Martins et ne portait pas de bracelets aux poignets. C'était quoi cette transformation ? L'attitude du roux était même différente. Le regard indifférent qu'il posa sur lui, lui hérissait le poil.

 

« tu as trouvé un autre groupe ? Je veux dire que... enfin... vu la menace qui planait au-dessus de ta tête... »

 

Ashido regardait avec beaucoup de curiosité, l'homme aux tatouages et à la chevelure de feu qui s'adressait au bassiste. Certainement le chanteur de son ancien groupe. Ichigo avait parlé plus ou moins vaguement des membres de Suumitsu. Il comprenait la réaction du groupe, lui-même aurait eut une famille y aurait réfléchit à deux fois... mais, en même temps, c'était une trahison difficilement acceptable à ses yeux. Jamais, il n'aurait idée d'abandonner Ichigo et surtout aussi vite !

 

« Apparemment, ce n'est pas un problème pour eux...

-     Renji qu'est ce que tu fous ? » Demanda la voix d'Ikkaku. « Ichigo ? »

 

La voix stupéfaite et le regard exorbité du chauve qui venait d'arriver.

 

« C'est bien toi Ichigo ? Répéta Ikkaku qui n'en revenait toujours pas.

-     Bien sûr que c'est lui... crétin ! » Balança la voix tonitruante de Kukkaku.

 

Madarame se tourna vers la plantureuse brune qui était d'une beauté époustouflante. Elle portait un corsage rouge ou plutôt des bouts de tissus rouges retenu entre eux par des lanières en cuir. Le pantalon en cuir, était surmonté par une jupe noire en lambeau. Ses longs cheveux ébène flottaient jusqu'à sa taille. Son maquillage sombre soulignait la couleur pâle de ses yeux hypnotique. Le sourire carnassier qui fleurissait sur ses lèvres était déroutant. Renji ne put s'empêcher de siffler d'admiration.

 

« Kukkaku Shiba en personne... eh bien... si je m'attendais à te voir !

-     Nous nous connaissons ? » Demanda surprise la chanteuse.

-     Non... je n'ai pas cet honneur ! Mais, je t'ai souvent admiré sur scène au cours de nombreux festival. T'as une voix magnifique en plus d'être... super canon !

-     Merci... mais, mon cœur est pris ! » Lâcha la brune.

 

Et sans rien ajouté de plus, elle sauta au cou d'Ichigo qui la retint à temps pour qu'elle ne tombe pas à cause de ses chaussures à talons haut.

 

« J'savais que je pouvais compter sur toi Ichi... Sourit Kukkaku.

-     T'as surtout de la chance que je te regarde à ce moment là ! Grommela le musicien.

-     T'es devenu bi ? Mais... et Jiruga-kun ? » Demanda Renji hébété.

 

Le raidissement d'Ichigo, Kukkaku le ressentit. Elle se tourna vers les deux anciens membres du groupe d'Ichigo.

 

« Nnoitra Jiruga... va se marier ! Et moi et Ichi aussi...

-     Vous avez fait vite ! Etiez-vous réellement si amoureux ? Ça valait le cout de te mettre avec lui pour briser notre groupe et notre amitié ? Interrogea Renji presque furieux.

-     Vous n'êtes que de sombres crétins ! »

 

Tous se tournèrent vers Soi Fong qui se tenait droite dans sa tenue sombre. Même si elle n'avait pas de formes avantageuses, son body noir, surmonté de son hakama était vraiment très sexy sur elle. Ses longs cheveux maintenus par de longs tissus blancs et par les cercles métalliques peu communs attirait l'attention de nombreux hommes.

 

« Vous n'avez rien compris ! De toute façon, j'n'ai pas l'impression que vous êtes le genre de types à pouvoir comprendre. Je suis heureuse qu'Ichigo nous aie rejoint. » Puis reprenant plus calmement « Au fait... c'n'est pas pour vous affoler mais, c'est bientôt notre tour ! »

 

Ashido, Ichigo et Kukkaku se rapprochèrent instinctivement de la musicienne. La chanteuse glissa son bras autour du bras libre d'Ichigo. Ils se déplacèrent comme un seul homme, concentré sur leur prestation.

 

« N'empêche on a de la chance de passer parmi les premiers ! Nous pourrons allez nous coucher de bonne heure et être frais pour notre grand jour ! » Déclara presque en calculant Soi Fong.

-     C'n'est pas le moment d'y penser. » Intervint Gin en se joignant à eux.

-     Concentrons sur ce soir. Nous ne devons décevoir personne. »

 

Tous hochèrent la tête. Aucun d'entre eux ne vit le groupe des Suumitsu qui les suivaient curieux de la prochaine prestation de ce groupe inconnu qu'était les SoulsTorn. Lorsque leur tour arriva, c'est rapidement qu'ils prirent possession des lieux.

 

« C'était votre ancien bassiste ? Interrogea Toshiro.

-     Ouaih...

-     Il était comment ?

-     Plutôt bon...

-     Vous connaissez ce groupe ? » Continua l'albinos d'un ton indifférent.

-     Non... en fait, apparemment personne les connais...

-     A six quand même... » Murmura Chad.

 

Les premiers sons apparurent. Celui d'un clavier et du vent qui souffle. La voix cristalline de Kukkaku se fit entendre. Le grattement des guitares léger se fit entendre puis, suivit brutalement de l'ensemble des instruments. La musique s'arrêta pour reprendre tout aussi abruptement accompagné par la voix puissante d'Ichigo. Le morceau changeait de rythme assez souvent, passant du silence entrecoupé de vent et du son lourd des guitares, de la batterie et de  la basse.

 

Les voix de Kukkaku et d'Ichigo s'entremêlaient à merveille. Le chuchotement d'Ichigo donnait le frisson, et la voix de la claviste donnait les accompagnait à merveille. Les deux chanteurs étaient dans le même tripe de désespoir. S'appelant au secours à tour de rôle. Renji, Ikkaku et Chad étaient scotchés. Le groupe devant eux n'avait rien à voir avec un petit groupe

 

Le second morceau attaqua directement avec les guitares électriques et la voix de Kukkaku. Puis la voix d'Ichigo servit de chœur à la chanteuse. La basse faisait vibrer le duo. Les guitaristes se déplaçaient sur la scène en effectuant des mouvements d'accompagnements. La claviste au moment plus doux faisait entendre son clavier et sa voix presque translucide. Ganju assurait derrières ses futs. Chacun des musiciens et la chanteuse étaient en osmose. Le bruit de la mer revenait sans cesse au léger silence qui intervenait et au changement de rythme.

 

La foule applaudis en délire. Kukkaku s'approcha du bord de scène et posa un pied conquérant sur une des emplis. Un de ses bras en l'air, l'autre tenant fermement le micro. Le troisième morceau attaqua avec les guitaristes et la batterie. La chanteuse se déplaça bientôt sur la scène sa voix sensuelle et puissante touchant les spectateurs du stadium et les coulisses. De nombreux groupes étaient venu les rejoindre pour écouter ce groupe atypique et à la sonorité typiquement anglophone, tout comme leurs chants.

 

A la fin de leur troisième morceaux, un tonnerre d'applaudissement les accueillis. Tous quittèrent la scène et eurent un peu de mal à traverser le mur de musiciens qui s'étaient formé pour les écouter. Ils reçurent quelques applaudissements chaleureux.

 

« Vous assurez les gars !

-     Merci ! Répondit Kukkaku moqueuse.

-     Bon y'a plus qu'à remballer maintenant... » marmonna Gin.

 

C'était la partie qu'il préférait le moins. Il fut suivit par Ashido, Soi Fong et Ganju. Ichigo récupéra sa house au vol et allait quitter également les lieux quand la voix de Renji l'arrêta.

 

« Mais qu'est ce que tu as trafiqué ses derniers mois ? »

 

Ichigo lança un regard sombre à ses anciens partenaires mais, ne répondit rien. Que pouvait-il leurs dires de toute manière. Il s'éloignait et fermerait la dernière page de son passé le lendemain. Les yeux ambre devinrent un peu plus brillants. Toutefois, c'était parfaitement maitre de lui qu'Ichigo monta dans la camionnette qui le ramènerait chez lui.

 

« Il était bon ? Marmonna Toshiro. Je n'ose pas imaginer ce que peut-être excellent alors... »

 

 L'albinos repartit à ses lectures en attendant son tour. Chad eut un petit sourire ironique. Il était plutôt content au fond de lui-même. Ichigo avait « survécu » ! Le reste du groupe semblait effondré sur lui-même. Des années lumières séparaient leur groupe à celui des SoulsTorn auquel appartenait maintenant Ichigo. Leur avenir leur parut plus sombre...

 

°°0°0°°

 

Tous avaient le cœur battant furieusement. Ils étaient habillés de tenue de serveurs. Autrement dit, de costume sombre pour les hommes avec chemise blanche empesé et tenue de soubrettes pour les femmes. Soi Fong avait ronchonné sur les fantasmes masculins. Ichigo pour l'occasion avait teint le matin même se cheveux en noir. Kukkaku et Ganju eurent un choc en voyant le bassiste. Mais, aucun des deux n'expliqua pourquoi ils étaient aussi troublés en voyant le musicien. Personne ne s'attarda sur l'incident. Et chacun entra dans la voiture que Shunsui leur avait louée.

 

A présent, chacun se tenait la main avant de circuler dans les allées et faire semblant de s'occuper du service. Les musiciens savaient qu'il y aurait beaucoup de monde pour les protéger au cas où cela tournait mal. Mais, ils ne savaient pas combien en tout. Ichigo passait convulsivement ses doigts sur son cadenas. Bientôt, le couple de marié apparu. Ichigo se figea. La femme de Jiruga était de toute beauté et irradiait, visiblement ravis du sort qu'il lui était réservé. Jiruga lui paraissait sombre à côté. Tous les deux étaient habillés de tenues traditionnelles lourdes et inconfortables. Le moment était solennel. Ils allaient recevoir les félicitations de nombreuses fortunes et de noblesses présentes cet après-midi là.

 

Quand il s'assit à la place d'honneur avec celle qui était devenu son épouse... Jiruga balaya la pièce du regard et leurs yeux se croisèrent un instant. Sur le coup, le marié ne parut pas le reconnaitre mais, quand il comprit le déguisement, le visage du jeune homme s'anima. Ichigo avait cru qu'il allait défaillir et se n'était pas le moment. Il tenta de se reprendre avant d'intervenir. Les chanteuses du groupe des fleurs de pruniers savaient pertinemment qu'elles devraient laisser leur place. La forte somme promise avait beaucoup aidé à la chose.

 

Elles montèrent sur scène et bientôt, les chants mélodieux et la musique douce accompagna les invités. Ichigo croisa le regard de Kukkaku et de l'ensemble des musiciens. Tous étaient nerveux et Ganju faillit renverser le plateau qu'on lui avait placé entre les mains. Soi Fong qui passait près de lui le traita de crétin. La brune avait cru mourir en voyant la maladresse du jeune homme.

 

La pianiste se rendit compte que des hommes en costumes sombres et qui semblait armé se trouvait aux sorties où le groupe devait fuir. Elle jaugea ses futurs adversaires et partit le signaler à Ashido, Gin et Kukkaku. Tous savaient se battre et s'il fallait, ils utiliseraient la force. Personne ne dit rien à Ichigo qui semblait ailleurs.

 

« Tu crois que c'était une bonne idée sœurette ?

-     Et depuis quand on en aurait ? » Répondit la brune. « On n'en fait qu'à notre tête la plupart du temps. C'n'est pas le moment de flancher !

-     Hai ! » Firent-ils tous en chœur...

 

La tension montait malgré eux. Quand enfin, ils virent que leur heure était arrivé tout se passa très vite. Ils bondirent sur scène et derrière eux des bruits de pas précipités eurent lieu et des grincements de chaises. Quand le groupe se tourna vers la salle, une barrière d'hommes se tenait entre la scène et le public stupéfait qui se demandait encore ce qui se passait. Kukkaku lança à Ichigo qui branchait son empli.

 

« Grouille... sinon, tu ne finiras pas ta chanson.

-     C'est bon ! »

 

La guitare sèche de Gin commença la rythmique, suivit par la guitare électrique d'Ashido. Ganju débuta et la voix d'Ichigo résonna dans la pièce. Son regard accrocha celui de Jiruga qui s'était redressé et qui s'approchait comme envouter, suspendu à ses paroles...

 

L'envie que je ressens si fort de te serrer dans mes bras, je ferai sans

L'espoir de sentir près de moi ta présence et ta chaleur, je ferai sans

Je fais taire au fond de moi les mots d'amour comme on étouffe une rumeur

J'oublie l'avenir à contre-cœur, le présent je ne fais que l'oublier

 

Je ferai sans, je ferai semblant

Je ferai sans, je ferai semblant

 

Le courage que tu me révèles quand les forces m'abandonnent je ferai sans

Tes appels et ta voix que j'entends, que j'attends constamment, je ferai sans

Même si je m'applique à ne pas ignorer tes raisons tes arguments,

Ton souvenir a la force d’un coup de poing que je prends en plein dedans.

 

Je ferai sans, je ferai semblant

Je ferai sans, je ferai semblant

 

La guitare solo de Gin accompagna la voix d'Ichigo suppliante. Jiruga et Ichigo se fixaient, devenu seuls au monde... entre celui qui déclarait sa flamme et celui qui écoutait se brûlant à chaque mot prononcé.

 

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé

Un seul être vous manque et tout est dispersé

Je cherche alors la nuit pour m'échapper du jour

Qui a mis en lumière ton regard qui me suit

Qui me suit, qui me suit

 

La gorge de Jiruga se serrait un peu plus à chaque seconde. L'espace qui les séparait était si long, si court... Il se rendit compte qu'il ne verrait plus Ichigo. Jamais. Il avait tellement attendu cet instant toute la semaine plus qu'autre chose et tout allait être finit en moins de quelques secondes. Ses mains tremblèrent sous l'émotion. Jiruga se mourrait intérieurement.

 

Je remonte à contre-courant la force du torrent qui m'attire à toi

Je m'agrippe à tout ce que je peux à défaut de m'agripper à tes doigts

Je m'agrippe à tout ce que je peux, je m'agrippe à tout ce que je peux

Je m'agrippe à tout ce que je peux...

 

Je ferai sans, je ferai semblant

Je ferai sans, je ferai semblant[i]

 

A peine la chanson finit, les deux amoureux éperdus s'aperçurent qu'une bataille rangée avait débuté entre les hommes qui les protégeait et le service de sécurité. Le groupe se replia et se dirigea vers la sortit que Shunsui leur avait indiqué à leur grande surprise, ce dernier se tenait devant un sourire aux lèvres.

 

« Dépêchez-vous de disparaitre... »

 

Le groupe quitta le mariage à une vitesse astronomique. Ichigo dû s'arrêter dans sa fuite. Son cœur battait de manière si désordonné qu'il cru qu'il allait faire un arrêt cardiaque. Il cherchait de l'air. La panique le gagnait. Il avait perdu Jiruga ! Et cette fois-ci... leurs destins étaient scellés sans aucune chance de retour. La voix de Kukkaku lui parvint lointaine. Il allait sombrer mais, il ne devait pas ! Pourtant, les ténèbres l'emportaient.

 

Quand il se réveilla dix minutes plus tard, on le faisait grimper dans la fourgonnette qui les attendait sagement. Ganju démarra en trombe.

 

« Que s'est-il passé ?

-     T'es devenu bizarre... et t'es tombé dans les pommes. Faudra demander à ton père de t'examiner Ichi... »

 

Le roux ne répondit rien.

« On a réussit ! Déclara Gin satisfait.

-     Ouaih ! Allons fêter ça ! » S'écria Kukkaku. « Karaoké et bar ce soir ! »

 

Se laissant choir contre les parois métalliques, Ichigo songea que sa vie à présent n'avait plus aucun sens.

 

°°0°0°°

 

La panique avait envahit la salle. Seul Jiruga restait figé au milieu, baignant dans un désespoir qu'il n'avait pas imaginé le matin même. Le groupe des fleurs de pruniers paraissaient terrorisé. La voix de Matsuta parvint aux oreilles de Jiruga mais, cela n'avait plus d'importance maintenant. Il était censé être devenu un type bien ! Il se contenta de contourner son père et d'attraper une bouteille d'alcool qui déboucha et bu au goulot. Ne pouvait-il pas fêter son propre mariage après tout ?

 

°°0°0°°

 

Un violent mal de crâne enserrait la tête d'Ichigo. La seule pensée qu'il lui traversa l'esprit est qu'il avait trop bu. Lentement, Ichigo ouvrit un œil et se crispa. Les tentures étaient en partit ouverte sur un joli soleil d'hiver. La chaleur du corps qui reposait contre lui, surpris Ichigo qui se figea. Où se trouvait-il et avec qui ? Il tenta de rassembler ses idées. Mais, seul son mal de crâne fit écho à ses pensées confuses.

 

Après moultes tergiversations, Ichigo glissa son regard sur le côté pour voir avec quel inconnu il avait finit. C'était la première fois que cela lui arrivait... Comment cela avait-il pu se produire ? La première chose qu'il vit s'était des cheveux blonds épars. Ils étaient fins et soyeux. Le visage de l'homme ? De la femme ? Etait caché par un drap, comme s'il essayait d'échapper à la lumière qui s'incrustait dans les lieux. Le cœur d'Ichigo battait à tout rompre.

 

Ichigo songea qu'il devait fuir. Sans un bruit, il descendit du lit et se pencha pour ramasser ses affaires. Il remonta son caleçon et fronça les sourcils. S'était sûr, ils n'avaient pas fait que semblant... Le roux se pencha à nouveau pour remonter son pantalon et gémit de douleur. Une voix endormis et moqueuse figea le musicien.

 

« Tss... T'es obligé de partir en catimini ? »

 

Stupéfait, Ichigo observa son interlocuteur. L'homme se tenait allongé, la tête enfoui dans l'une de ses mains, et l'air goguenard.

 

« Hirako-san... » Souffla Ichigo hébété.

 



[i]  ©Pauline Croze – Je ferai sans…

 


 

Chapitre 22

L’appartement était plutôt calme. Kukkaku était rentrée très tard la veille au soir et complètement bourrée. Cela faisait grincer des dents Sosuke. Quand allait-elle devenir plus sérieuse ? L’avocat sortit du placard le sucre et s’en trempa un dans son café avant de grignoter pensif. Il avait la vague impression que Kukkaku lui échappait. Que se passait-il exactement actuellement ? Depuis qu’elle était revenue des Etats-Unis, Sosuke n’avait plus l’impression d’être le centre d’intérêt de sa dulcine.

 

C’est vers la fin de matinée que Kukkaku apparut dans la cuisine ou Sosuke préparait le repas. La brune se déhancha pour coller son corps sculptural à celui de son petit ami. Sosuke se tourna et lui fit avaler une cuillère en bois avec un peu de sauce.

 

« C’est bon ? Demanda l’avocat en fronçant les sourcils. Je ne sais jamais, si je mets assez d’épices pour toi !

 

Les yeux d’Aizen louchèrent sur la bretelle de la nuisette qui glissait. Kukkaku qui avait vu la réaction de sa moitié très troublée eut un petit sourire et déclara moqueuse.

 

« Ne me dis pas que je suis la seule femme avec qui t’as couché qui te fait s’t’effet là ?

—    Je ne couche plus qu’avec toi ! Se défendit Sosuke en fronçant les sourcils.

—    Faux ! Tu n’es qu’un menteur alors ne m’assomme pas avec tes salades !

—    Kukkaku… je ne sors plus, je t’ai attendu toute la soirée d’hier…

—    Ça change… c’est agréable ? Fit la brune moqueuse. Elle reprit. « Elle est délicieuse ta sauce au passage Sosuke. N’ajoute rien ! 

—    Ouf… j’ai cru que j’m’en sortirai jamais… tu as quelqu’un d’autre dans ta vie ?

 

Un froncement de sourcil barrait les traits d’Aizen. La jeune femme lui semblait de plus en plus insaisissable. Il observait maintenant Kukkaku qui se servait un café. Elle s’était raidit pour lui faire face. Sombre.

 

« Ne me compare pas à toi… Dit-elle doucement comme un avertissement.

 

Sosuke ne fut pas dupe. L’avocat s’approcha de Kukkaku. Ses mains se posèrent sur les épaules laiteuses dans un geste tendre. La brune parut mal à l’aise.

 

« Tu n’es plus pareil ses derniers temps… explique-moi ce qui se passe ? Interrogea Sosuke soucieux.

—    Je n’en sais rien moi-même Sosuke…, avoua Kukkaku.  Peut-être que je suis lassée de ne pas savoir ce pourrait être notre avenir… Cela fait dix ans que nous entretenons une liaison que tu as émaillé de conquêtes. J’n’ai jamais l’impression que tu m’aimes, que tu tiens à moi… Fit presque suppliante Kukkaku.

—    Ne raconte pas n’importe quoi. » Souffla Sosuke. « J’ai fait des conneries mais… je ne touche plus à aucune femme depuis un an. Crois-moi… »

 

L’accent de sincérité de Sosuke était tellement criant, que la brune sentit son cœur battre. Elle scrutait désespérément les yeux chocolat comme pour y trouver la vérité. Si souvent, il l’avait trompé. Si souvent elle avait pardonné. Elle était enchaînée à lui comme à une drogue. Kukkaku pouvait faire face à n’importe quelle situation, envoyé promener même l’empereur mais, elle était accro à se type des qu’il avait posé ses yeux sur elle.

 

Elle se désagrégeait, perdait sa volonté, plongeait à chaque fois qu’il l’a regardait comme à présent. Une chaleur monta en elle partant de son bas-ventre pour se rependre en elle. L’odeur de Sosuke même était un narcotique.

 

Sosuke en rencontrant le regard qui se chargeait de désir, sentit qu’il avait gagné une partie mais, pas la guerre. Même si Kukkaku ne s’en apercevait pas, il était fou amoureux d’elle et ceux malgré l’attrait que pouvait représenter les autres femmes pour lui. Il reviendrait toujours vers elle.

 

Il se pencha et cueillit ses lèvres entrouvertes. Les doigts de Sosuke glissèrent vers la taille souple et fine de sa compagne, pour descendre sensuellement sur les formes rebondit de son postérieur. Lorsque le baiser cassa, Kukkaku chuchota

 

« Et le dîner ? Il n’va pas cramer Sosuke… j’ai l’intention de manger après…

—    J’ai tout éteint… Répondit l’avocat en butinant la nuque gracile.

—    T’es prévoyant…

—    Quand tu es dans les parages toujours… »

 

Sosuke eut un mouvement et souleva Kukkaku qui entoura la taille d’Aizen de ses jambes fuselées. Le visage suspendu au-dessus de son amant, la jeune femme frôlait ses lèvres avec les siennes. Ses mains se perdaient dans les mèches brunes courtes.

 

« T’es diablement sexy Sosuke…

—    C’est moi qui devrais te le dire Kukkaku… »

 

Aizen posa sur le lit sa moitié et s’allongea sur la jeune femme pour la dévorer  tout son soul. Son regard s’alluma en voyant une partie d’un sein découvert.

 

°°0°0°°

 

Remontant le col de sa veste, Ichigo traversa le jardin public. Il ne voyait pas ce qui l’entourait. Il avait l’impression de vivre un cauchemar. Il avait couché avec Shinji Hirako ! Bon, c’était mieux que si c’était un total inconnu. Mais, tout de même… Le professeur de chimie l’avait laissé s’échapper avec difficulté. Ichigo ne voulait pas entretenir une relation avec lui. D’ailleurs, il ne souvenait même pas la nuit qu’ils avaient passée ensemble ! Soi-disant qu’il avait crié son nom… C’était la meilleure en sachant qu’il ne criait jamais quand il faisait l’amour !

 

La veille avec son concert pour Jiruga, Ichigo en avait terminé avec son passé. Et là… il retournait au temps où il était simple bibliothécaire ! A ce souvenir, il se rappela le jour où Jiruga l’avait coincé dans une allée à l’université. Cela faisait plus d’un an à présent. Ne pouvait-il pas remonter le cours du temps ? Ichigo eut mal. Pourtant son visage restait neutre. Peut-être prenait-il l’habitude ?

 

Ses pensées remontèrent vers Shinji qui s’était habillé rapidement et l’avait coincé contre une porte. Pour la première fois, Ichigo dû baisser les yeux vers la personne avec qui il couchait. Mais, Hirako n’était pas le genre de personne dont on regardait à travers. Son regard l’avait troublé. Ce type était tout à fait sérieux avec lui. Mais, Ichigo n’aspirait à cela. Il voulait ce que Gin avait vécu. Des relations sans lendemain et qui étaient indolores ! 

 

Il s’était enfui, lâchement. Hirako paraissait abattu. Son regard grave le poursuivait, le dérangeait au point de répondre en lui un malaise dont il n’arrivait pas à déterminer l’origine. Pourquoi avait-il fait surface dans sa vie et maintenant ?

 

« Reste avec moi… Ichi, je saurai t’aimer ! Je suis plus vieux que toi, je n’ai pas de nom, ni d’obligation envers qui que ce soit. Je n’ai pas de fortune, juste une reconnaissance de part mes diplômes… et un travail honnête. C’est pas grand-chose mais, réfléchit à la question ! »

 

Que savait-il de sa vie Hirako ? Ichigo mit une heure pour rentrer chez lui. Son père sortait de son immeuble lorsqu’il arriva devant. Isshin haussa un sourcil surpris en voyant l’apparence de son fils.

 

« Tu t’es teint tes cheveux ? J’ai faillit ne pas te reconnaitre !

—    C’était juste pour une petite mascarade. Elle ne tient pas au champoing…

—    Ah… et… ton accoutrement c’est pour le carnaval aussi ?

—    Non… c’est ma nouvelle façon de m’habiller. J’étais trop sage pour Kukkaku. Marmonna Ichigo.

—    Tu as d’autres surprises ? » Questionna le médecin.

 

Ichigo tira la langue pour montrer un de ses piercings mais, n’irait pas plus loin. Le roux observa son père qui paraissait troublé.

 

« Tu veux monter à la maison, je vais aller prendre un douche ! »

 

Isshin accepta et les deux hommes rentrèrent dans l’immeuble. Le médecin observa son fils avec attention. Il puait l’alcool, avait les yeux injectés et les vêtements froissés. Dans l’ascenseur la sensation fut pire. Mais, le musicien semblait avoir trop mal à la tête pour discuter. Une fois dans l’appartement, Ichigo lança ses clefs sur son canapé et demanda à son père.

 

« Tu peux faire un café serré, je vais prendre un douche !

—    Tu as mangé ?

—    Non…

—    J’t’prépare un petit quelque chose. Bon, ça n’sera pas comme ta mère.

—    C’n’est pas grave… et merci papa ! »

 

Ichigo se dirigea vers sa chambre et claqua la porte de cette dernière. Il se déshabilla rapidement, il voulait disparaitre. Jamais, il n’aurait voulu qu’Isshin le rencontre dans un état pareil. Son cœur avait battu si lourdement quand il l’avait reconnu. Ichigo ne voulait pas donner du souci à ses parents. Il se focalisait uniquement sur lui, alors qu’ils avaient des filles et des petits enfants.

 

Le jet de la douche était plutôt chaud. Le roux resta un long moment sous l’eau, il regardait s’évacuer les trainées noires de sa teinture. C’était comme si, le noir enlevait ses pensées profondes avec lui. Lorsqu’il sortit de la douche, il se choisit des vêtements confortables et normaux. Mais, ses bijoux restaient en place. Quand il rejoignit Isshin, ce dernier parut rassuré en voyant l’air serein affiché par son fils. Ne subsistait qu’un peu de fatigue sur les traits d’Ichigo.

 

« Ça sent bon… » Souffla Ichigo avec le sourire.

 

Le roux se pencha aux dessus des casseroles et huma le parfum qui s’exhalait dans la pièce. Isshin sourit et déclara

 

« C’est en mangeant correctement et en ayant une hygiène de vie normale que tu tiendras sur la longueur Ichigo. Pas en brûlant ta vie par les deux bouts… »

 

Les yeux ambre glissèrent vers Isshin qui le scrutait intensément.

 

« Ce n’est pas mon intention. J’ai été dire au revoir à Jiruga hier et j’ai utilisé un subterfuge pour l’approcher. Et puis… j’ai finit ma nuit dans un karaoké avec le groupe et un bar ou plusieurs… je ne m’en souviens plus très bien, avoua Ichigo. Et j’ai bu comme un trou ! »

 

Ichigo se plaça devant son père tout en prenant une tasse de café qu’il lui tendait.

 

« J’ai bu à en perdre la raison, au point de coucher avec un de mes anciens collègues mais, je ne me souviens même pas où, comment, et pourquoi on a finit ensemble ! Vas-y pour les reproches maintenant que tu sais tout !

—    Que veux-tu que je te dise ? Tu es majeur… mais, ne m’empêche pas de m’inquiéter pour toi, ni ta mère…

—    Ah… »

 

Ichigo termina sa tasse, attrapa deux assiettes et posa les couverts. Isshin retourna devant le feu et les éteignit. Le poids de l’impuissance s’abattait sur ses épaules. Il ne pouvait pas vivre la vie de son fils. Ni le conseiller… qui pourrait le conseiller de toute manière ? Et le voudrait-il ? Il se contenterait d’être là et d’amortir la douleur et de soigner les blessures comme il le pourrait, ce qu’Ichigo montrerait.

 

Installé autour de la table, Ichigo entreprit de détailler son concert avec son groupe. L’animation et le plaisir évident avec lequel son fils lui raconta ce qu’il avait vécu fit plaisir à Isshin qui ne bouda pas son plaisir et posa un tas de questions. Il s’assombrit quand Ichigo aborda le cas de Renji, Ikkaku et chad.

 

« Tu sais… je n’ai rien ressentis quand je les ai vu… J’appréhendais de les voir. Mais, c’est comme s’il faisait partie d’une autre vie qui n’est plus la mienne aujourd’hui.

—    Peut-être parce que tu n’es plus sur la même longueur d’ondes…

—    C’est étrange… le destin… » Déclara Ichigo en fixant son père interrogateur. « J’ai rencontré Chad et j’ai participé à nouveau au groupe, j’ai rejoué avec eux, ils ont vécu mes déménagements et ma vie avec Jiruga et tout c’est arrêté en même temps… j’ai eu l’impression de tourner une page et… ce matin ! Marmonna contrarié Ichigo.

—    C’est qui se type ? Tu le connais bien ?

—    C’est un prof de chimie à Todai ! Et il est foutrement connu et reconnu dans son domaine. Il donne des conférences et c’est un chieur de première… et il est blond et… petit ! Déclara Ichigo comme s’il était dégoûté de la différence de taille.

—    C’est sur que par rapport à Grimmjow et Jiruga, s’il est plus petit que toi… ça va te changer.

—    Je ne veux pas entretenir de relation avec lui !

—    Il n’est pas sérieux ?

—    Si justement ! »

 

Isshin observa son fils et eut une expression d’incompréhension. Ichigo se leva brusquement et s’approcha de la fenêtre.

 

« Toutes mes relations sérieuses se terminent mal… Je souffre et j’n’ai pas l’impression de me relever. Qu’est ce que je ferai si avec Hirako, tout se terminait mal une nouvelle fois ? »

 

Ichigo se tourna vers son père sombrement.

 

« Je ne m’en relèverait pas ! Alors, pour l’instant… j’écarte toute possibilité de danger. Au fait, cet après-midi, tu ne voudrais pas venir à nos répétitions avec maman ?

—    On pourrait ? On ne t’a jamais vu… attend je préviens ta mère… »

 

Isshin était vraiment ravi, il n’avait pas osé le demander à Ichigo de peur de le braquer un peu plus. Le roux eut un petit sourire. Il se resservit et posa également une tasse fumante devant son père. Ce dernier quitta l’appartement pour aller chercher Mazaki qui attendait aussi cet événement avec impatience. Ichigo prévint Kyouraku qui trouva l’idée excellente et allait prévenir tout le groupe pour faire venir leur propre famille pour un petit concert privé.

 

°°0°0°°

 

Ils entrèrent en groupe dans l’immeuble. Ichigo était tombé sur Ashito, Soi Fong et ses parents. Isshin et Mazaki étaient présent avec ses sœurs et beaux-frères qui avaient rejoint la maison parentale pour les fêtes et avoir l’occasion de rencontrer Ichigo. Karin et Yuzu avaient eut un choc. Ganju apparut avec ses propres parents. Quelques minutes plus tard devant l’ascenseur.

 

« Une chance qu’il soit grand quand même… » Marmonna Soi Fong. 

 

Tous les parents discutaient excités. Jamais aucun n’avait vu une prestation de ce groupe. Kukkaku apparût avec Sosuke, accompagné de Gin et Rangiku qui fut ravie de revoir Ichigo.

 

« Tu sais qu’t’es beau les cheveux teints ! Déclara Rangiku avec un grand sourire.

—    Demande à Gin d’en faire autant !

—    Oh non… je l’aime comme ça… au naturel. N’est ce pas chéri ? Ironisa la rousse.

—    Oublie-moi pour une fois ! Marmonna le musicien faussement accablé.

—    Manque quelqu’un ? Demanda Kukkaku en observant le groupe qui se formait…

—    Tous là ! Répondit Ganju en mâchouillant son chewing-gum.

—    Et moi ? » Ironisa Kyouraku.

 

Ce dernier était accompagné de sa femme et de Lisa. Ichigo fut frappé par la ressemblance des deux femmes. Shunsui était-il fétichiste ?

 

« Bon, on y va ? Lança Kukkaku.

—    Venez, nous avons une petite salle aménagée. Par contre, j’ai demandé à baisser la puissance des emplies, on risquerait de sortir sourd…

—    Merci Kyouraku-san… Marmonna Soi Fong. On sent que vous avez confiance en nous !

—    Non, je suis juste réaliste sur les capacités des décibels que vous envoyez… »

 

Tous se déplacèrent vers la salle de concert. Le groupe passa devant se formant s’en qu’ils ne s’en aperçoivent. Kukkaku et Soi Fong avait pris chacune une main du bassiste. Depuis, leur concert au mariage, les filles avaient développé un fort sentiment maternel vis-à-vis d’Ichigo. Tous observèrent les SoulsTorn descendre les marches pour gagner la scène. Aucun ne se divisait pour passer entre les sièges.

 

« On commence par quoi Kukkaku demanda Gin…

—    Can’t Stop ! Répondit la chanteuse

—    Mais, c’n’est pas à nous !

—    Oui… mais, ça va permettre de montrer tout le talent d’Ichi… Nous notre famille a l’habitude même si elle ne nous a pas joué tous ensemble…

—    Qui chante dans ce cas là ? Demanda Soi Fong

—    Ichi !

—     Moi ? S’étonna le bassiste en se redressant.

—    Oui… toi ! Je fais le cœur…

—    Je taperai dans les mains… marmonna Soi Fong.

 

Ichigo et tout le groupe se dispersa sur scène et Ichigo observa Gin qui commença à jouer, suivit par Ganju. Ichigo se mit à chanter bientôt accompagné des cœurs. Le groupe fut immergé dans la chanson somme toute très soft. Ichigo avait le sourire, il s’amusait réellement à être bassiste et chanteur. Le regard complice qu’il lançait à Kukkaku lorsqu’elle se joignait à lui, augmentait son sourire. Quand le solo de basse et de guitare eut lieu, Gin et Ichigo se rapprochèrent et le musicien vint se joindre à son micro pour faire le chœur. Les deux hommes se tenaient face à face très complice. La reprise était un jeu.

 

Après le premier morceau, la famille applaudie enthousiaste. La famille Kurosaki applaudit mais, avec moins d’instance que les autres. Ils étaient stupéfaits des performances de leur fils et de leur frère. De sa voix et de la maitrise qu’il avait de son instrument.

 

« Anywhere ! Lança Kukkaku.

 

La ballade démarra sous l’impulsion de Gin. La voix claire et chaleureuse de Kukkaku se posa sur la mélodie. Bientôt rejointe par celle d’Ichigo. Les deux musiciens se regardaient éperdus quelques instants, avant que Kukkaku se dirige vers le bord de scène et ne parle à son public. Son regard se plongea dans celui de Sosuke comme une prière.

 

Dear my love, haven't you wanted to be with me
And dear my love, haven't you longed to be free
I can't keep pretending that I don't even know you
And at sweet night, you are my own

Take my hand

We're leaving here tonight
There's no need to tell anyone
They'd only hold us down
So by the morning light
We'll be half way to anywhere
Where love is more than just your name

La voix de Kukkaku monta en puissance sur le chorus, l’émotion qui l’étreignait pour l’amour de sa vie… lui fit monter les larmes aux yeux sans qu’elle ne puisse les empêcher de couler.


I have dreamt of a place for you and I
No one knows who we are there
All I want is to give my life only to you
I've dreamt so long I cannot dream anymore
Let's run away, I'll take you there

We're leaving here tonight
There's no need to tell anyone
They'd only hold us down
So by the morning light
We'll be half way to anywhere
Where love is more than just your name


Forget this life
Come with me
Don't look back you're safe now
Unlock your heart
Drop your guard
No one's left to stop you*

Les mains de Kukkaku se tendirent vers Sosuke comme un appel. Les guitaristes se rapprochaient pour jouer, se regardant gravement. Formant à nouveau le chorus unis par la passion que mettait Kukkaku qui déclarait sa flamme.

 

Dans la salle, quelques femmes laissèrent couler quelques larmes et certaines gorges masculines se nouèrent. La salle resta un instant silencieux sous l’émotion. Chaos debout devant la puissance et l’émotion que dégageait la chanteuse.  Kukkaku se tourna vers Gin

 

« Bring my life ! »

 

Le souffle du vent se fit entendre et celui du piano, la voix de la chanteuse et de Soi Fong se mariaient durant quelques instants. Ichigo se pencha en avant après le silence pour entamer sa partie et le changement de rythme. Le groupe semblait pour les spectateurs vouloir s’approcher d’eux. Tous se balançaient d’avant en arrière dans un mouvement saccadé et franc. Ils se dégageaient une aura et le désespoir du  bassiste et de la chanteuse étaient palpable, prenaient aux trippes. La musique était puissante mais, le frisson qui les parcouraient tous et qui leur donnait la chair de poule, les emportait dans une autre dimension.

 

Les voix qui s’emmêlaient qui se répondaient, qui criait leur désarrois qui demandait à être sauver touchait Isshin et Mazaki en plein cœur. D’ailleurs, la mère d’Ichigo glissa sa main dans celle de son mari. Le groupe entama un autre morceau, sur la voix unique de la chanteuse pour ensuite être remplacé par des percutions lourdes et lentes. Le piano beaucoup plus présent donnait une mélodie déchirante et la voix de la chanteuse n’aidait pas à rester impassible.

 

Sosuke était scotché sur son siège, depuis l’appel de sa compagne, il avait l’impression d’étouffer. Kukkaku était belle, si belle comme une étoile dans un monde déchiré. Le nom du groupe pouvait s’appliquer au duo bassiste et chanteuse. Les deux semblaient très complices. Mais, le bassiste semblait complice avec tout le groupe. Le groupe qu’il avait devant lui n’était pas un groupe sans lendemain. Même s’il n’y connaissait goutte en musique, il savait que Kukkaku avait enfin obtenu ce qu’elle avait toujours désiré toutes ses années.

 

Une seconde famille qui ne serait issue que de la musique. Où chaque musicien ne vivrait que pour le groupe, la musique et le rock. Un frisson le traversa. Il allait perdre Kukkaku s’il continuait ses conneries, la voix de la chanteuse le hantait. Il s’aperçut qu’il avait envie de pleurer les années de souffrances qu’il avait infligées à cette femme qui le regardait toujours avec douceur, désespoir et passion. Il devait reprendre le contrôle où il l’a perdrait…

 

°°0°0°°

 

L’aéroport avait été une épreuve pour chacun. Sosuke avait profité des adieux pour souffler à Kukkaku

 

« Veux-tu m’épouser ? »

 

La jeune femme s’était statufiée pour soudain se jeter au cou de l’homme qu’elle aimait. Elle n’avait pas réfléchit, juste emporté par ses sentiments et son cœur. Quand elle sentit à son doigt la bague de fiançailles qui se glissait, sa gorge s’était nouée. Le groupe observait de loin et un sourire attendrit s’affichait sur tous les visages. Soi Fong finit par grimacer et Ashito le remarqua.

 

« Tu veux m’épouser ? » Demanda le guitariste.

 

Ichigo tourna son visage surpris vers lui, tout comme les autres d’ailleurs. Soi Fong se redressa et le foudroya du regard, mauvaise.

 

« Tu me poses la question parce que l’autre idiot à fait sa demande à Kukkaku !

—    Et alors ? Demanda Ashito qui ne voyait pas le problème.

—    Bon sang ! C’n’est pas un jeu. Protesta Soi Fong.

—    Tu as vu ma tête ?  Questionna placidement le jeune homme.

 

Ashito ne dégageait aucune émotion particulière. Le groupe essayait de détecter un frémissement sur les traits du guitariste, mais rien ne transperçait.

 

« C’est sûr que motivé comme il est… profite qu’il soit chaud bouillant Soi Fong où il va se barrer. Ricana Gin.

—    Tu n’vois pas qu’il agit de manière spontanée ? Interrogea Rangiku moqueuse

—    Bouclez-là et foutez leur la paix… Marmonna Ichigo. Moi, j’dirai qu’il n’a jamais été aussi sérieux. Il tremble… »

 

Tous observèrent le musicien et effectivement, ses mains tremblaient légèrement. Soi Fong était suffisamment proche pour voir la chaleur dans le regard presque rouge de son homme. Elle y voyait tout l’amour qu’il éprouvait et qu’il cachait aux yeux de tous. Mais, elle savait… Elle savait quel homme merveilleux pouvait-être Ashito. Soi Fong eut les yeux qui brillèrent de joie. Elle attrapa le col de la veste de son homme pour approcher son visage du sien.

 

« Je veux une bague en or avec un diamant gros comme un œuf et ça des que tu le pourras… sinon, je t’étrangle ! »

 

Elle embrassa le musicien et Gin siffla entre ses dents et applaudis. Bientôt accompagné par Rangiku et Ichigo. Ganju vint se joindre à eux avec un paquet de pop-corn ouvert.

 

« Qu’est ce qui s’passe ?

—    T’as sœur va se marier et Soi Fong aussi…

—    Avec qui ? Demanda Ganju non ému.

—    Ta sœur avec le père Noël et Soi Fong avec un prêtre shinto ! Marmonna Rangiku en levant les yeux au ciel.

—    Purée Ashito, elle te trompe t’étais au courant ! Demanda Ganju les yeux écarquillés.

—    Tu crois qu’il le fait exprès ? Interrogea Rangiku la mine dubitative.

—    Qu’a encore fait mon frère ? S’étonna à peine Kukkaku.

—    Rien… il est juste… lui ! Déclara Soi Fong, comme si l’affirmation pouvait décliner la bêtise qui pouvait parfois recouvrir le peu d’intelligence qu’il avait.

 

Tous félicitèrent les deux couples et Ichigo fronça les sourcils quand la main d’Aizen attrapa la sienne. Le regard dont il l’affubla le mit en alerte. C’était clairement une menace. Il se pencha sur le roux et chuchota

 

« Ne t’approche pas trop près de ma future femme… Elle a beau t’apprécier, je ne suis pas sûre de pouvoir garder mon calme… si tu essayais de me la prendre.

—    Je suis gay… » marmonna Ichigo pour dissiper toute confusion.

 

Il avait l’impression qu’une massue s’était abattue sur sa tête. Jamais, il n’avait envisagé une quelconque relation avec la brune. Il l’aimait comme une sœur, comme une âme sœur d’un amour platonique. Mais, dans sa tête il était exclus qu’il détourne Kukkaku d’Aizen. Sosuke s’en aperçut en voyant l’expression du bassiste. Il était tellement sincère que les doutes qui avaient envahit son esprit disparurent et c’est plus serein qu’il enlaça Kukkaku.

 

Ichigo fut rejoint par ses parents et le reste de sa famille. Il prit dans ses bras ses neveux et nièces. Karin demanda sèchement

 

« Il te voulait quoi le beau brun ?

—    Rien…

—    Je dirai qu’il menaçait grand frère… murmura Yuzu. S’il te veut du mal, je viendrai prendre ta défense ! Affirma-t-elle d’une voix plus forte.

—    On se calme… il ne s’est rien passé.

—    Ichigo… Fit doucement Mazaki. Fait attention. Ton amie Kukkaku… a un comportement ambigüe… pour toi, ce n’est qu’une amie mais, n’oublie qu’elle est une femme hétérosexuelle et que… qu’elle trouve un certain réconfort en ta présence. Vous semblez tellement sur la même longueur d’onde qu’on pourrait être capable de vous prendre pour un couple. Je comprends le comportement d’Aizen-san, surtout si vous partez encore aux Etats-Unis où il n’aura aucune chance de pouvoir intervenir. Soit prudent et cela pour ton propre bien également. »

 

Ichigo observa sa famille qui semblait assez d’accord avec ce que venait de dire Mazaki, qu’Ichigo promis de garder une distance avec Kukkaku. Les adieux furent déchirants mais, se fut en même temps un soulagement pour le bassiste.

 

Le groupe quitta à nouveau le sol du Japon, laissant famille, amis derrière eux. Ichigo plus que les autres, tournaient définitivement une page de sa vie. Pour la première fois depuis longtemps, Ichigo dormis du sommeil du juste. Il ne reviendrait plus avant au moins six mois.

 

Chapitre 23

La tempête de neige qui sévissait dans les environs, empêchait les véhicules de circuler. Une semaine que le mauvais temps s’acharnait sur New York. Le froid glacial, le verglas, la neige avait condamné le groupe a resté dans leur immeuble. Ichigo qui avait récupéré quelques livres chez lui tuait le temps avec de la littérature. Une librairie se trouvant non loin, il poussait le courage à pousser la porte du bâtiment et affronter les intempéries.

 

Lorsqu’il ne lisait pas, il branchait son empli et posait les écouteurs sur sa tête et jouait pendant des heures. Les emplois du temps de Lisa tombait à l’eau. Quelques fois, Ichigo prenait sa plume pour écrire quelques vers qui lui passait par l’esprit, une idée, un sentiment. Mais, l’homme avait l’impression d’être lessivé… comme si les mois intenses qu’il avait passé avait anesthésié une partie sensible de lui.

 

Gin venait souvent lui tenir compagnie. Rangiku avait repris son boulot au sein de la maison de disque, laissant le jeune homme souvent seul. Ganju lui n’était jamais présent. La salle de jeu vidéo non loin devait y être pour quelque chose.

 

Le vent qui fouettait les vitres donnait une irrésistible envie à Ichigo de se pelotonner sous une couette. Les ardeurs des intempéries, ne lui donnait absolument pas envie de sortir de sa chambre. En fait, presque personne ne sortait. Seuls les repas étaient l’occasion pour tous de se détendre et de discuter. Gin avait pris Ichigo sous son aile et lui transmis son savoir pour faire de la bonne cuisine traditionnelle.

 

« Je n’aurai pas cru que cela puisse intéresser un… jeune homme comme toi ! »

 

Ichigo se mordit la lèvre en se souvenant que Jiruga aussi était un bon cuisinier. Gin perçut le malaise du roux mais, fit comme si de rien n’était.

 

« En fait c’est à cause de ma mère… Si je voulais ne pas mourir empoisonné avec ses repas, j’avais plutôt intérêt à m’y mettre. 

—    T’es assez débrouillard. Admira Ichigo.

—    Oh… J’dirai pas que j’ai eu une enfance difficile. Ma mère est plutôt du genre à rêver à longueur de temps. Elle est tellement détachée que c’est moi qui m’occupe de tout. La seule chose qui l’intéresse c’est lorsque je jouais du piano et surtout du Chopin…

—    C’est pour cela les études au conservatoire ?

—    Hai ! Mon père s’est barré un soir de Noël. Oh j’n’étais pas triste… j’avais dix ans. C’était le genre de gars qui n’prenait pas ses responsabilités et filaient tout à ma mère. Pour elle, s’était la fin, pour moi une libération dans un sens. Bon… j’ai du m’occuper de ma sœur mais, elle se débrouille toute seule maintenant et elle s’occupe de maman.

—    Cela ne l’a pas chagriné que tu sois devenu guitariste.

—    Elle s’en fou du moment que je joue Chopin…

—    Et ton père ?

—    Oh… j’en sais rien… sur les routes avec son camion je suppose.

—    Et… ta mère ? Elle doit faire…

—    Maman est artiste peintre. » Coupa Gin avec un sourire attendri. « Elle est assez connue… Enfin, surtout depuis ces cinq dernières années. Tu sais… j’ai toujours eu ce que j’ai voulu dans la vie. J’ai pas eu de vrai drame… même la séparation de mes parents n’en ai pas une pour moi. Mais, je suis quelqu’un qui prend la vie comme elle vient.

—    Rangiku aussi de ce point de vue là… Sourit Ichigo.

—    Oh… Rangiku… elle a l’air forte et l’est par certain côté. Elle fait la bravache mais, elle est très sensible. J’l’aime tu sais…

—    J’ai remarqué… » Sourit un peu plus Ichigo…

 

Gin resta silencieux un petit moment et releva la tête. Il ouvrit un peu plus ses yeux pour mieux observer son interlocuteur.

 

« Tu vas faire quoi maintenant ?

—    Moi ?

—    Ben ouaih… T’es tout seul et on a bien compris que c’était plutôt intense avec ton ex. »

 

Ichigo resta silencieux un petit moment et répondit l’air vague.

 

« Je ne sais pas Gin. Je ne me sens pas prêt pour entamer une nouvelle relation pour l’instant. Vivre comme je le fais actuellement me suffit. Et puis, il ne faut pas oublier que dans un mois, on entame la promotion du groupe ici. Qu’en juin en commence les festivals aux States et à l’étrangers. Qu’on revient ici pour faire des concerts pour le mois de novembre…

—    J’m’demande comment ils font pour faire des prévisions… Marmonna Gin.

—    Je pense que Kyouraku et Tousen savent ce qu’ils font…

—    Ouaih… enfin, après tout je m’en fou.

—    Et puis… Ashito et Soi Fong vont se marier en mai…

—    On va faire la fête ! » Approuva le guitariste.

 

Gin et Ichigo se topèrent la main et un sourire éclaira leur visage.

 

« Mais on foutra pas la merde comme à celui de ton ex !

—    Je ne préfère pas ! Rit amèrement Ichigo

—    C’est cool, c’est pas nous qui faisons l’orchestre. Soi Fong, j’ai l’impression qu’elle a organisé des mariages toute sa vie. Elle a le traiteur et le menu, la salle, le temple, la robe, le costume, l’orchestre, la liste des invités et là, elle fait le plan de table !

—    Elle est effrayante quand elle veut… Murmura le bassiste.

—    Qu’est ce qu’elle a oublié dans ce que je viens de dire ?

—    L’avis d’Ashito ?

—    Ouaih… le pauvre… Soupira Gin compatissant.

—    J’n’ai pas l’impression que cela le perturbe tu sais…

—    Il encaisse bien ! Ça c’est un homme… »

 

Ichigo sourit et sortit la tarte qui se trouvait au four. La bonne odeur attira Kukkaku et Ashito. Le quatuor se mit à discuter de tout et de rien… jusqu’à l’arrivée du reste de leur famille.

 

°°0°0°°

La voix du coiffeur lui parvint comme venant de très loin.

 

« Etes-vous sur de ce que vous voulez faire ?

—    Absolument certain ! Maintenant tu t’l’as boucle et tu fais ton job ! »

 

L’homme tatoué et piercé qui tenait une paire de ciseaux en main, se retint de commettre un meurtre. Pourtant, le type devant lui allait être son meilleur client de la journée. Faisant contre fortune bon cœur, le coiffeur se mit au travail.

 

Ichigo observait son reflet dans la glace, froidement. Son apparence le dérangeait. Elle ne correspondait plus à ce qu’il était. Trois jours avant, il avait pris rendez-vous chez le coiffeur pour dame se situant à cinq minutes de l’appartement. Le coiffeur avait tenté de le dissuader, mais Ichigo avait précisé qu’il cherchait à se faire poser des extensions capillaires longues et de se teindre les cheveux. Qu’importe qu’il soit un homme ou une femme, après tout… c’était un être humain.

 

Le coiffeur qui officiait sentait la tension montée inexorablement au fil des minutes qui passaient. Le regard presque fauve de son client, ne quittait pas un seul instant ses mains. Epiant le moindre geste qu’il commençait. Ils étaient de plus devenus le centre d’attraction du salon. De nombreuses femmes discutaient en chuchotant. Bientôt un véritable brouhaha se fit entendre, accompagné de quelques ricanements.

 

Le coiffeur avait de plus en plus de mal à rester concentrer. Ichigo le remarqua et émit un claquement sec de la langue. Sa voix claqua comme un coup de fouet

 

« Vos gueules ! Où j’m’charge d’vous l’faire regretter ! »

 

Un silence de plomb s’abattit dans le salon. Toutes détournèrent le regard. Leur attention se reporta sur leur magasine. Le coiffeur émit un petit soupir de soulagement. Cela fit naitre un sourire psychotique sur les lèvres d’Ichigo. Le coiffeur voyait le changement sur les traits de son client et un frisson glacé le traversait. Ce type était un malade ! Il n’aspirait qu’à une chose terminer rapidement…

 

°°0o0°°

 

Les températures avaient baissé et la neige avait laissé place à la boue. Quoiqu’il en restait encore un petit peu. La Chevrolet blanche reprenait la route vers le bar de Yasei. La route était à nouveau praticable. Ichigo avait l’impression que cela faisait une éternité qu’il n’était pas sorti et une seconde éternité qu’il n’avait pas vu les employés du bar. Lorsqu’il descendit, le roux qui n’était plus roux mais albinos s’étira.

 

Ses longs cheveux blancs à présent, qui se soulèrent sous la petite bise qui soufflait encore. L’homme avait posé des pupilles jaunes sur ses iris et arborait des lèvres noirs et du vernis noir. L’expression ironique qui restait inscrite sur ses traits mettait les gens mal à l’aise. Le bassiste portait un pantalon en cuir, et un pull noire qui moulait sa silhouette élancée et pourtant puissante. L’assurance dont il faisait preuve et son attitude clairement dominatrice étaient écrasantes pour les inconnus.

 

« Ichi…

—    Shiro… répliqua Ichigo.

—    Bon… Shiro vient nous filer un coup de main ! »

 

Les musiciens avaient découvert la nouvelle personnalité d’Ichigo une après-midi. Kukkaku avait été saisit. Mais, personne n’avait rien dit. Ça allait plutôt bien au roux et puis, il gardait la même personnalité ou semblait être plus sûr de lui de cette manière. Enfin, ils avaient tous remarqués qu’il tentait de rester lui-même en leur présence. Ce qui était une autre paire de manche lorsqu’il s’agissait d’étrangers.  Le groupe l’accepta avec sa nouvelle manière d’être. Et puis, il gardait toujours sa gentillesse et sa patience pour chacun des membres.

 

Quand ils entrèrent Nibai, Netsuai et Yasei les attendaient. Eux par contre restèrent atterrés par la transformation d’Ichigo et par son changement de nom. Netsuai marmonna dans sa barbe

 

« Putain ! Il a l’air complètement… fou avec… avec…

—    Que s’est-il passé ? Demanda paisiblement Yasei à Kukkaku qui peinait à tirer un tom devant elle.

—    Où ? Demanda-t-elle surprise.

—    Pour Ichigo !

—    Oh… beaucoup de choses…

—    Et il n’a pas supporté ?

—    Pas vraiment… mais, tu sais Ichi c’est un écorché vif.

—    C’est survenu brutalement ? Demanda le patron

—    Il est partit un matin comme il était d’habitude, et l’après-midi il est revenu comme tu le vois là… Répondit Ganju qui passait devant.

—    Je vois… un trouble dissociatif de la personnalité… Murmura Yasei.

—    Un quoi ? Demanda Netsuai

—    C’est quand une personnalité s’efface pour en faire place à une autre. Ça peut durer une heure, quelques minutes… généralement cela ne dure pas longtemps…

—    Ça fait quinze jours… marmonna Gin. Bon on m’aide ? S’énerva l’albinos.

—    J’arrive ! Répondit Ganju au garde à vous.

—    Que s’est-il passé ? Demanda Yasei curieux.

—    Comment tu sais cela toi ? Demanda Kukkaku curieuse.

—    Parce que ma sœur se fait soigner pour ça. Elle a deux personnalités distinctes qui s’alternent.

—    C’est de la schizophrénie. Non ?

—    Non… ça s’apparente mais, cela n’a rien à voir… Le schizophrène voit apparaitre ses symptômes en plus, beaucoup plus jeune qu’à l’âge d’Ichigo. Le trouble d’Ichigo se révèle généralement après un choc émotionnel.

—    Il va avoir plusieurs personnalités ? Demanda Kukkaku inquiète.

—    Non… Une seule. Enfin, c’est ce qu’on dit les médecins pour ma sœur. »

 

Le groupe observa celui qui était devenu leurs amis. Shiro paraissait normal. Seulement excentrique. Ganju réapparut et piqua quelques cacahuètes sur le comptoir. Kukkaku haussa les épaules.

 

« Qu’il s’appelle Ichi ou Shiro, c’est la même personne pour moi…

—    Il a rien perdu en dextérité, j’dirai même qu’il s’améliore. » Approuva Ganju.

 

Le groupe rejoignit la petite scène qu’avait fait aménager Yasei pour leur retour. Les clients reconnurent le groupe et observait stupéfait le bassiste. Kukkaku prit le micro émue.

 

« Bonsoir Messieurs, Nous sommes heureux de vous retrouvez ce soir. Vous nous avez manqué. Nous avons quelques petites nouvelles créations…

—    Où est Ichigo ? »

 

La question fusa dans la salle.

 

« Il est avec nous… Vous n’aimez pas son changement de look ? »

 

Seul des sifflets admiratifs se firent entendre et Ichigo sourit, en adressant un clin d’œil aguicheur à la foule. Le bassiste fit chavirer quelques cœurs au passage. Netsuai, Nibai et Yasei durent se placer devant la scène pour contenir les admirateurs. Kukkaku jeta un regard de travers et chuchota

 

« Retiens tes phéromones… Où on va assister à un viol avant d’avoir pu commencer à jouer ! 

—    J’ferai d’mon mieux… ricana Shiro.

—    T’as l’air de vouloir le faire… » Grogna Kukkaku.

 

Ichigo eut un petit sourire carnassier et le groupe commença à jouer. La salle fut conquise rapidement. A l’entracte, les musiciens et la chanteuse se retrouvèrent aux tables à boire une bière. Le groupe adorait l’ambiance intimiste et familiale du lieu. Ichigo se leva et quitta la pièce pour partir aux toilettes réservés au personnel. La porte s’ouvrit alors que le bassiste baissait sa braguette. Yasei s’installa à côté de lui et déclara de but en blanc.

 

« Je n’aurai pas l’occasion de te revoir en dehors de cette pièce en toute tranquillité…

—    T’as quelque chose à m’dire ? Demanda Shiro en glissant un regard de biais au patron du bar.

—    Tu n’as personne en ce moment et… moi non plus…

—    Donc, tu voudrais qu’on comble notre solitude ensemble ? Ironisa le bassiste.

—    J’ch’suis un homme et toi aussi…

—    J’n’veux pas de complication…

—    Moi non plus. »

 

Les deux hommes s’observèrent quelques secondes. Shiro quitta sa place en remontant sa braguette et partit se laver les mains.

 

« T’es pas obligé de me répondre aujourd’hui… Précisa calmement Yasei.

—    J’préfére un inconnu… Marmonna Ichigo.

—    Écoute-toi et moi nous avons à peu près le même âge. On a du vivre pas mal d’emmerdes et on est seuls tous les deux… ne voulant pas s’attacher « officiellement ». Qu’est ce que t’as à perdre ? Bientôt tu ne viendras plus ici… t’as trop de talent pour rester inconnu trop longtemps… Alors ne me reproche pas de tenter ma chance avec toi. Tu m’plais… je pense que j’t’plais aussi. On ne va pas plus loin ! »

 

Ichigo se tourna vers Yasei qui s’était appuyé contre le battant de la porte. Les paroles troublèrent le bassiste. Il posa une main à son cou et Yasei vit le geste inconscient. Ichigo n’était pas loin de Shiro finalement.

 

« J’ai besoin d’réfléchir…

—    Ok… tu connais mon numéro de téléphone… »

 

Yasei quitta la pièce et Shiro fronça les sourcils. Il resta quelques minutes encore à essayer de se reprendre quand la porte s’ouvrit. Immédiatement, le bassiste se reprit et observa Ganju qui le fixait surpris.

 

« Qu’est ce que tu fous… on t’attend !

—    J’viens ! »

 

Shiro monta à nouveau sur scène, sous les sifflets d’admiration et le spectacle repris. Le bassiste joua avec ses trippes, badinant avec Kukkaku. Le regard jaune de Shiro rencontra souvent celui de Yasei qui fumait paisiblement derrière son bar. Les paroles d’Anywhere le prirent aux trippes en les chantant de concert avec la chanteuse qui était beaucoup plus sage que lorsqu’elle les avait dites à Sosuke lors du concert privé.

 

Devant les yeux d’Ichigo défilèrent les images de Nnoitra pénétrant dans le bureau de Kyouraku, sa peau, son odeur, son souffle… Jiruga en compagnie de sa femme arborant une expression qu’il ne connaissait pas. Se trouvant à des kilomètres de là où il se trouvait. Son regard désespéré au moment où il avait quitté la scène précipitamment. Il était sûr que Nnoitra aurait été capable de le rejoindre. Ichigo en vain à se reprocher de ne pas être resté là à l’attendre.

 

Peut-être qu’une aventure avec Yasei… serait à côté de tout repos. Loin les angoisses éprouvées avec Grimmjow, loin de la passion qu’il avait ressentit pour Jiruga…. Loin de la proposition trop sérieuse d’Hirako. Quelque chose qui lui permettrait d’exister sans souffrir. Leurs yeux se rejoignirent à nouveau. La douleur… elle finirait bien par s’effacer.

 

°°0°0°°

 

Les jours se succédaient et le mariage d’Ashito et de Soi Fong approchait. Tout se rapprochait à une vitesse folle. Le groupe n’avait pas le temps de souffler. De plateau télé, en manifestations ils étaient sollicités partout vu le succès phénoménal de Bring to my Life. Le premier clip était diffusé partout, sur toutes les chaines musicales, la chanson passait en boucle sur les ondes FM. Ichigo et Ikkaku étaient sans cesse demandé, étant considéré comme les leaders du groupe. La fantasque chanteuse et le sombre bassiste attirait l’attention partout où il passait.

 

L’ambiance dans le groupe était parfois tendue, dû surtout à la fatigue et au fait qu’ils se côtoyaient presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Pourtant, ils explosèrent tous de joie quand ils apprirent que leur chanson était classé dans les premiers du top 10 américain et top 5 anglais… la sauce prenait partout. L’envers du décor, c’est qu’ils ne pouvaient plus sortir sous le couvert de l’anonymat.

 

Ichigo entra dans le studio pour rejoindre Soi Fong et Kukkaku habillé de simple voile, dévoilant la plupart de leurs charmes. La claviste avait l’air mal à l’aise, contrairement à Kukkaku

 

« Hé Shiro vient, manque plus que toi !

 

L’albinos vint se joindre aux deux naïades. Le photographe eut un sourire en voyant le corps d’apollon qui se présentait devant lui, avec le pagne qui le saignait, le bassiste n’en était que plus sexy. Tatoué, piercé la mine sombre du bassiste était en elle-même photogénique. Un accessoiriste vint couvrir les corps du trio d’huile et d’eau.

 

« Bien nous allons commencer la séance. Soi Fong tu t’assoies sur les genoux de Shiro et toi Kukkaku tu passes derrière lui et tu montes sur le banc. Voilà… et maintenant passe ta jambe devant, comme je l’avais indiqué tout à l’heure. Shiro tu l’as tien et tu fais semblant de la mordre. Soi Fong tu passes tes mains autour du cou de Shiro et tu prends ton air le plus sensuel… j’n’ai pas dit de petite fille… Tu as quel air quand ton mec te fait l’amour ? Kukkaku tu te penches… voilà… bougez plus… »

 

L’après-midi fut consacré à des photos plus sexy les unes que les autres. Gin, Ganju et Ashito vinrent les rejoindre en maugréant de devoir se balader presque à poil pour des photos qu’ils détesteraient de toute façon. Le photographe joua littéralement avec Shiro qui se pliait à toutes ses exigences et de bonne grâce contrairement aux autres.

 

Quand, ils quittèrent les lieux en fin d’après-midi, Ashito et Soi Fong partirent de leur côté. Gin, Ganju et Kukkaku partirent chercher Rangiku. Ichigo monta dans un taxi et décida de se rendre dans le magasin de Kira. Besoin d’une autre basse… ou plutôt besoin de tuer le temps. La douceur du mois de mai accueillit Ichigo en descendant du taxi. Il entra dans le magasin et il reconnu le petit vendeur qu’il avait repoussé la première fois. Il le salua. Ce dernier eut la mâchoire qui se décrocha en le reconnaissant.

 

« Euh… Monsieur Shiro… vous désirez quelque chose ?

—    Kira-san est-il ici ?

—    Euh… bien sûr, je vais le chercher… »

 

Kira apparut presque précipitamment et il fut aussi stupéfait que l’autre vendeur. L’homme s’avança respectueusement devant lui. Cela gonfla Shiro qui aurait aimé un contact comme avant, plus naturel. Mais, apparemment cela n’était plus possible. Toutefois, il resta une bonne heure dans le magasin à essayer le matériel. Le magasin fut envahit de curieux. Shiro était devenu une star à lui tout seul et sans le groupe. Kira proposa

 

« Je peux vous faire sortir par derrière… Ça sera plus simple pour vous…

—    Il vaut mieux ! »

 

Ichigo sortit son portable et tout en suivant le blond devant lui, téléphona… et tomba sur un répondeur. L’albinos jura entre ses dents et râla.

 

« Yasei… si t’es toujours d’accord… sache que j’attends ton coup de fil ! Par contre, m’fait pas le coup d’la star et d’ramper devant moi où je t’achève personnellement ! Et c’est toujours comme on s’était dit ce soir là ! »

 

La porte devant lui s’ouvrit sur une petite cours et c’était sans difficulté qu’il se retrouva dans une rue transversale. Mais, il n’allait pas passer inaperçu dans les rues. Il jura à nouveau et son portable vibra.

 

« T’es où ? Demanda Yasei sèchement.

—    Coincé derrière un magasin… Maugréa le roux.

—    Quelle rue ? »

 

Brièvement, Ichigo les indications.

 

« Ne bouge pas, j’arrive…

—    Tu joues les princes charmants ? Ironisa Ichigo.

—    Boucle-là et profite, ça n’sera pas tous les jours ! »

 

Le musicien se tourna vers le vendeur et demanda à ce dernier la permission d’attendre son taxi.

 

« Il passera jamais ici… c’est trop étroit.

—    Yasei doit avoir un plan… Pour le matériel, vous m’l’ferez livrer au studio !

—    Hai Kurosaki-san… »

 

Le corps d’Ichigo se figea. Personne ne l’appelait plus ainsi depuis des lustres. L’albinos tourna son visage vers le blond, en plissant des yeux.

 

« Je n’pensais pas que tu t’en souviendrais…

—    Je ne pensais pas que vous vous souviendriez de notre magasin une fois célèbre. Il est modeste…

—    C’est pour ça que j’viens ! Je veux… je veux… être moi ! » Souffla le musicien presque avec désespoir.

—    Pardon ? »

 

Un vrombissement de moteur se fit entendre. Il s’agissait visiblement d’une moto. Le crissement fit comprendre aux deux hommes qu’il s’agissait du « chevalier » d’Ichigo. Kira ouvrit la porte et Ichigo s’engagea sur la petite route. Un homme habillé de cuir et portant un casque intégral noir chevauchait un bolide puissant et… noir. Sans rien dire, et le moteur ronronnant toujours Yasei tendit un casque à Ichigo. L’albinos le reconnu à ses longs cheveux ébènes tenue par un lien rouge. Sans hésiter Ichigo enfourcha la moto.

 

« Tien toi correctement à moi…

—    Je… commençai Ichigo mais, Yasei le coupa

—    Tes fans arrivent, pas le temps de parler ! »

 

La moto démarra sur les chapeaux de roue et crissement de pneu. Rapidement Yasei se faufila dans les rues et s’engouffra dans la circulation. Ichigo serra un peu plus la taille du conducteur. L’albinos percevait malgré les couches de vêtement les muscles de Yasei et anticipait ses mouvements en sentant le corps bouger sous ses doigts. La proximité troubla Shiro, mais la vitesse le grisa. Il ne savait pas bien où ils allaient mais peu lui importait après tout. Le musicien se sentait libre comme l’air, comme lorsqu’il montait sur scène.

 

Les plateaux télé, les photos, les interviews et les séances de dédicaces ne lui plaisaient pas réellement, tout ce qui comptait c’était le sentiment de liberté comme il la ressentait à présent. Ichigo décida qu’il passerait son permis moto. Mais comment le passer sans qu’il se fasse harceler ? Pour le permis voiture et camion c’était simple, il était inconnu mais maintenant avec sa dégaine, il risquait plus de passer son temps à signer des autographes. Bah, il verrait bien !

 

Ichigo sourit en voyant qu’il montait la route pour se rendre vers l’auberge sans nom de Yasei. Quand il s’arrêta derrière le bar, Shiro descendit de l’engin en grimaçant. Il n’avait pas l’habitude de serrer les fesses de cette manière, aux dernières nouvelles ils les écartaient… Cette réflexion le fit sourire ironiquement. Faudrait peut-être qu’il change ? Shiro leva les yeux vers Yasei qui retirait son casque.

 

« Comment vas-tu princesse ?

—    J’ai mal au cul… »

 

Yasei haussa un sourcil, un demi-sourire éclairait son visage. Il marcha droit vers l’albinos, dont il caressa les cheveux du bout des doigts. Ses derniers remontaient bientôt la mâchoire. Les deux hommes faisant la même taille, se regardait droit dans les yeux.

 

« Qu’est ce t’attends ? Demanda souriant comme un psychopathe Shiro.

—    Pas ta permission en tout cas… »

 

Abandonnant sa désinvolture, Yasei attrapa le visage du musicien entre ses mains et s’empara de sa bouche. Les lèvres souples et peintes en noir, répondit à ses caresses. Le patron du bar n’en revenait toujours pas du coup de fil de cet homme. Il était stupéfait qu’il puisse enfin répondre à sa demande. Il allait plaquer vite fait son amant pour rester avec l’hypnotique et si sexy Ichigo… ou Shiro… il s’en foutait. Le corps contre lui était chaud. Son odeur enivrante. Yasei avait menti à Shiro plus tôt. Il était amoureux de lui. Le voir à son bar si souvent. A la télévision maintenant, inaccessible et si désirable.

 

Presque personne ne connaissait la personnalité trouble du musicien. Il le voulait à lui, tout entier. Il chercha la langue, il explora la bouche accueillante. Ce mec était une drogue. Qu’est  ce qui faisait de Shiro quelqu’un de si spécial pour lui ? Sa voix, sa façon de bouger, son regard qu’il avait caché derrière des lentilles de couleurs jaunes ? Sa solitude ? L’expression tourmentée qu’il affichait parfois ? Yasei l’avait dans le sang… et il lui mentirait autant de temps qu’il voudrait le garder près de lui.

 

Le baiser cassa et Shiro observa l’expression presque impassible du barman.

 

« Tu m’invites à prendre un verre ? Proposa Shiro.

—    Le bar est fermé aujourd’hui ?

—    Dans tes appartements… »

 

Yasei eut un petit sourire et il pencha la tête en avant et déclara moqueur.

 

« Tu risques de perdre ta virginité ! Plaisanta le barman.

—    Pour ça… t’as intérêt à t’faire désirer. Et c’n’est pas gagné… Sourit Shiro.

—    Un défi ?

—    Une promesse… »

 

Sans rien ajouter, Yasei enlaça sa main dans celle de Shiro et le tira derrière lui. A peine franchit la porte des appartements privés de Yasei, Shiro le poussa contre le mur et posa un bras près de son visage.

 

« Pas d’amour… ou quoi que ce soit d’c’genre ! Où j’t’plaque !

—    Compris ! Je n’attends rien de toi…

—    On n’est d’accord ! »

 

Ne laissant pas le temps à Yasei de répondre, Shiro embrassa son nouvel amant. Yasei serra contre lui, le corps puissant de Kurosaki. Peu importait les sacrifices. Shiro frissonna. Une voix au fond de lui se fit entendre désespérer. Mais, il l’écrasa avec le talon. Ichigo n’était plus !

 

 

Chapitre 24

Un profond soupir fusa dans la pièce. Shiro observa impassible, l’homme qui le laissait en plan au moment le plus délicat. Il demanda d’une voix perplexe

 

« Tu comptes m’faire le coup à chaque fois, où c’est juste pour fêter nos débuts de relations ?

—    Je t’ai dit que j’étais désolé… Mais, la seule personne à posséder mon portable à part toi… c’est ma mère et quand elle insiste comme ça… c’est pour ma sœur. Alors, je dois y aller !

—    Ok… J’fais comment pour rentrer ? »

 

Yasei leva les yeux vers l’albinos qui le fixait de ses yeux jaunes. Les pupilles qu’avaient mises Kurosaki le gênaient un peu, car elles l’empêchaient de voir l’expression de son regard.

 

« Tu es obligé de partir ? Je n’en ai pas pour long… » Suggéra Yasei.

 

Shiro ouvrit les yeux de surprise. Il n’avait jamais songé à rester. Le musicien réfléchit rapidement et demanda la mort dans l’âme.

 

« T’as des trucs… genre livres en attendant ton retour ?

—    Euh… non… j’t’avoue que je ne lis pas beaucoup…

—    Tss ! J’rentre ! J’ch’suis pas du genre à me morfondre ! J’vais appeler un taxi…

—    Netsuai pourrait te déposer… Je te dépose et lui te ramèneras…

—    Il n’a pas un « garage à faire tourner » ?

 

Shiro se rhabillait prestement. La fête était finit. Il attrapa son portable qui vibrait. Yasei lui jeta un coup d’œil à sa montre répondit

 

« Ça doit faire une petite heure qu’il a dû finir…

—    Il n’a pas des gosses et une femme ?

—    Ça lui fera plaisir… N’en doute pas… »

 

Shiro se tourna à moitié en haussant un sourcil suspicieux.

 

« Mouaih… J’ch’suis pas là pour encaisser les coups !

—    Je lui téléphone si ça peut te rassurer…

—    Ouaih ! Fit Shiro en répondant à Kukkaku.

—    T’es où ?

—    Dans une forêt ! Ironisa Shiro le regard braqué sur Yasei.

—    Trop de la chance… tu joues au chaperon rouge ? Eclata de rire Kukkaku.

—    Nan… au loup ! T’veux quoi ?

—    On se fait un resto tous ensemble… Tu viens ?

—    J’arrive mais, j’arriverais un peu à la bourre.  Marmonna Shiro.

—    On a réussit à avoir une salle tranquille dans notre resto habituel… alors on t’attend !

—    Commande-moi comme d’habitude…

—    En boisson ou en bouffe ?

—    Les deux !

—    J’t’attends !

—    Mouaih… »

 

Shiro finit de boucler sa ceinture et se retourna vers Yasei qui terminait sa conversation avec Netsuai. Le bassiste passa devant lui indifférent et demanda

 

« J’ai un taxi ?

—    Hai… Il arrive. Apparemment, ça tombe plutôt bien. Déclara sombrement Yasei.

—    Quelque chose ne va pas ?

—    Sa femme et lui… enfin, s’il a envie de t’expliquer, il te le dira. »

 

Shiro haussa les épaules. Les problèmes des autres ne le concernaient pas. Il disparut dans les escaliers qu’il traversa comme une flèche, contrairement au moment où il les avait grimpés avec quelques difficultés. Derrière lui, Yasei attrapa sa veste qui trainait toujours sur le sol et le rejoignit. Une fois à l’extérieur, les deux hommes virent arriver le garagiste qui descendit en maugréant.

 

« Vous êtes ensemble ?

—    Si tu l’divulgues… j’t’bute ! Déclara froidement Shiro.

—    T’es dingue ! Yasei va voir son bar démolis si ça se savait… en plus des milliers de journalistes qui voudraient vous mettre le grappin dessus. J’en ai des frissons dans l’dos.

—    Moi aussi… Marmonna Shiro. On y va ! J’ai rendez-vous…

—    Avec qui ? Demanda Netsuai surpris.

—    Avec le groupe… Tu veux t’joindre à nous ? Ça t’changera ! »

 

Netsuai jeta un regard bref à Yasei mais, ce dernier enfourchait sa moto, indifférent. Il déglutit mal à l’aise. Il savait que son ami, était fou amoureux du musicien mais, apparemment ils ne semblaient pas vouloir montrer leurs sentiments. Il interrogerait son ami plus tard. Netsuai contempla  la moto partir sur les chapeaux de roue pour reporter son attention sur l’albinos qui ne le quittait pas des yeux.

 

« Ok… »

 

Shiro monta dans le pick-up de Netsuai et observa le joyeux désordre dans l’habitacle. Le regard de Shiro se fit lointain. Le musicien sortit son portable et avertis Kukkaku de l’invité qu’il amenait avec lui. La chanteuse fut surprise mais, ne dit rien. Lorsqu’ils arrivèrent au restaurent un attroupement s’y trouvait de journaliste. Dès que Shiro posa le pied à terre, une meute de photographe se posta devant lui, Shiro avança indifférent.

 

Par contre, il poussa violemment l’un d’entre eux qui avait repoussé Netsuai.

 

« N’touche pas à mes amis… »

 

Shiro prit la main du garagiste entre ses doigts. Il fit un doigt d’honneur et tira la langue  à l’un d’entre eux. Netsuai se demanda dans quelle galère, il était entré. Quand la porte du restaurant se ferma et qu’il dû affronter tous les regards curieux et bientôt tous les cris hystériques de quelques fans qui se précipitèrent sur Shiro pour avoir un autographe. Netsuai se demanda s’il serait violent avec eux, mais non. Le musicien signa sans broncher et déclara de sa voix sombre…

 

« Maintenant, j’vous demanderai d’m’laisser tranquille ! »

 

Tous acquiescèrent et Shiro tira Netsuai a qui il refusait de lâcher la main. Une fois dans la salle, alors que leur serveuse habituelle l’y avait conduit, Shiro croisa le regard sombre de la chanteuse. Durant quelques secondes un discours silencieux eut lieu entre eux. Netsuai fut chaleureusement accueillis par le reste du groupe. Shiro abandonna la main du garagiste et se glissa derrière Kukkaku et souffla contre son oreille alors que ses bras se posèrent autour de son cou.

 

« Ça t’dérange chérie ?

—    T’as pensé à sa famille…

—    Il a voulu venir… c’est un grand !

—    Pourquoi avec toi ?

—    Ça n’t’regarde en rien ! Mais si ça peut te rassurer c’est pas avec lui que j’sort… »

 

Shiro abandonna les épaules de la chanteuse et s’installa à côté d’elle, moqueur. Kukkaku plissa les yeux et déclara sombrement

 

« Fait attention à ce que tu fais… Je ne sais pas si tu as remarqué mais, tu es celui qui attire le plus l’attention dans le groupe. Tes fans… je n’sais pas si…

—    J’ai déjà eut c’genre de discours… Kukkaku ! J’ch’suis briffé et j’suis majeur et mon amant aussi ! Maintenant on change de sujet… »

 

La soirée se déroula sans accro. Shiro rentra avec Kukkaku et Ganju. Netsuai réussit à sortir discrètement grâce à la sortie spectaculaire du bassiste et de la chanteuse. Les deux leaders sortirent enlacés de manière très intime. Les clichés étaient nombreux et les deux musiciens eurent du mal à gagner leur voiture. Ganju souffla contrarié

 

« Ah quoi vous jouer ?

—    On n’joue pas ! Déclara sombrement Kukkaku. On détourne l’attention des journalistes de Netsuai.

—    Merde, j’n’y avais pas pensé… Marmonna Ganju.

—    Nous si… »

 

Le faux couple s’observa quelques secondes. Et Kukkaku demanda d’une voix sèche.

 

« Ton amant c’est Yasei… n’est ce pas ?

—    Tu sors avec Yasei ! S’écria Ganju en observant son ami.

—    Ouaih ! Mais tu la boucle… Menaça Shiro.

—    J’dirai rien… Mais… J’n’en reviens pas ! J’ch’suis le seul à être tout seul maintenant ! Râla Ganju.

—    Il est plutôt sexy… Yasei… » Sourit Kukkaku en allongeant ses jambes et observant le bassiste entre ses yeux mi-clos.

 

Seul un sourire carnassier lui répondit. Kukkaku trouva le changement de personnalité cette fois-ci spectaculaire. Mais, c’était plutôt intéressant. Et puis, la lourdeur qui pesait sur les épaules du bassiste semblait avoir disparut.

 

°°0°0°°

 

Le mariage d’Ashito et de Soi Fong se passa dans une ambiance de folie. Shiro ne s’habillait plus qu’en blanc avec un seul vêtement noir. Ce jour là pourtant, le musicien se tint à carreau. Ils avaient fait venir leur famille du Japon aux Etats-Unis. Pour l’occasion, Soi Fong avait louée une villa fermée et fait faire renforcer le service de sécurité.

 

Shiro déambulait parmi les invités. Nombreux dévisageaient le bassiste. Sa tenue blanche et ses longs cheveux qui volaient au vent, interpellait la plupart des convives. De plus, sa notoriété et la grâce animal avec lequel, il se déplaçait attisait quelques convoitises. Toutefois, personne n’osait l’approcher.

 

Le bassiste n’était pas désagréable en soit. Mais, son regard jaune en faisait déglutir plus d’un. Kukkaku pour l’occasion se pavanait sur le gazon au bras de Sosuke qui était venu spécialement pour la noce. Pareil pour Shunsui et son épouse.

 

Soi Fong tirait une énième fois sa robe de mariée. Rangiku essayait de la calmer. La claviste semblait sur le point d’imploser sous le poids de ses émotions.

 

« Oh… res-pi-re Soi. Tout va bien se passer… en plus, j’ai vu Ashino… il est vraiment séduisant dans son costume. C’est lui qui l’a choisit tout seul ?

—    Non… il a demandé à Shiro de l’accompagner.

—    Ah… il va bien Shiro ? Je veux dire… il a beaucoup changé ces derniers temps… » Fit songeuse la rousse.

 

Soi Fong lança un regard glacial à son amie. Elle détestait quand on s’en prenait au bassiste. Elle avait vu Ichigo traverser tant d’épreuves et d’autres qu’elle n’avait pas vu… qu’un instinct maternel qu’elle ne se connaissait pas, s’était développé à son endroit.

 

« Il va bien…

—    Pourtant… il a l’air de terroriser l’assistance. Tu sais… tu aurais peut-être dû éviter de le mettre parmi les invités…

—    Ne dit plus rien ou nous risquerions de ne plus être amies. »

 

Soi Fong s’éloigna pour se poster devant une porte fenêtre. Elle voyait au loin, Shiro déambuler parmi les invités. Il était seul, quoique Ganju se dirigeait vers lui d’un pas décidé. Un sourire se forma brièvement au coin de ses lèvres. « Sa famille » était là présente. Le groupe dont elle avait toujours rêvé était présent pour son mariage.

 

Des galères, elle aussi en avait connu pas mal. Une chance qu’Ashino soit entré dans sa vie. Son calme lui convenait et elle se sentait épauler même s’il s’amusait souvent à ses dépends. Certains pensaient que travailler avec son conjoint était un sacerdoce. Pas elle. Elle avait la chance de pouvoir vivre de la même passion que son futur mari. Et, les personnes dont elle se sentait le plus proche. Oh bien sûr, leur groupe était hétéroclite, vu les fortes personnalités qui s’y trouvaient.

 

Mais quelque part, tous savaient qu’ils pouvaient compter l’un sur les autres. Pas qu’au niveau de la musique, mais aussi dans leur vie quotidienne, dans leurs coups durs. Même si Shiro et Kukkaku monopolisaient pas mal l’attention du reste de leur « famille », ils en étaient aussi les piliers et leurs sensibilités à fleur de peau, leur créativité et leurs investissements pour le groupe était sans commune mesure avec les autres. Alors, même s’ils avaient besoin d’eux plus que les autres… tous les soutiendraient.

 

Ça Rangiku ne pouvait pas le comprendre et ne le comprendrait jamais. Soi Fong se tourna vers la rousse et l’observa. Elle s’était placé devant la glace et repoussait sa somptueuse chevelure. Son amie était magnifique… Soi Fong, se demanda si cela pourrait toujours convenir à Gin. Ils n’étaient pas sur la même longueur d’ondes. Elle en était persuadée, mais un jour ce couple se briserait. Quant à savoir à quel moment…

 

Un coup porté à la porte se fit entendre. Le battant s’ouvrit sur les parents de la mariée. Rangiku envoya un baiser à son amie et fit un petit au revoir de la main

 

« bye, bye… »

 

Soi Fong déglutit… ça allait son tour !

 

°°0°0°°

 

Shiro s’assit au fond du jardin. Il n’avait aucune envie de se retrouver devant avec le reste du groupe et encore moins de l’assemblée. Il en avait parlé la veille au soir à Soi Fong. Cette dernière avait compris, sans qu’il n’ait eut besoin de s’expliquer. La future mariée était déjà si heureuse qu’il soit présent à son mariage qu’elle se moquait de l’endroit où il pouvait être.  Shiro lui avait même signalé qu’il partirait très tôt. Même s’il aimait le couple, pour lui… revivre ce genre d’événement était presque au-dessus de ses forces.

 

La musique se mit en route et Shiro jeta un coup d’œil sur le côté, il vit la mariée approcher avec son père vers l’autel. Soi Fong rayonnait, même si elle tentait de contrôler les traits de son visage. Son regard en disait long, sur son bonheur. Ashido l’attendait visiblement serein à côté du prêtre.

 

Un instant dans l’esprit de l’albinos, il vit Jiruga dans son costume de cérémonie. Il lui avait semblé plus mature. Enfin, le vêtement ne faisait pas le moine. La tristesse et la colère qu’il avait pu lire dans son regard l’avait profondément touché. Reverrait-il un jour son ancien amant ? La souffrance revenait au point de le briser.

 

A la place d’Ashido, c’était Jiruga qui se tenait à côté du prêtre et Soi Fong était remplacé par Yoruichi Shinouin. Un gémissement passa les lèvres entrouvertes du bassiste. Shiro entendit l’écho lointain d’une voix. Celle de son frère.

 

« Ichigo… laisse-moi ta place… tu ne souffriras plus… Que faut-il que je fasse pour que tu comprennes que je suis la seule alternative à ta souffrance ? Tu ne peux plus compter sur Jiruga. Tu ne peux plus compter que sur moi ! Me résister comme tu le fais, ne fera qu’augmenter ta douleur…

—    Je ne veux pas… disparaitre… murmura Ichigo.

—    Imbécile ! Je ne compte pas prendre ta place définitivement… considère que c’est de l’intérim. »

 

Shiro porta la main sur son cœur. Cette foutue blessure ne voulait pas partir.

 

« Comptes-tu t’comporter comme une loque humaine ? Tss… Tu vas être beau tien… Jiruga aura l’occasion d’avoir honte de toi ! Une mauviette qui s’effondre comme une femellette ! De toute façon… tu t’es toujours trouvé des excuses pour n’pas affronter tes peurs…

—    Je ne me cherche pas d’excuse… souffla Ichigo. Je veux être maitre de moi-même…

—    Laisse-moi rire ! Maitre de quoi ? Regarde-toi enfin… Pauvre cloche qui s’est fait lourdé comme une merde par le père d’ton petit ami ! Et tu t’rattrape comme tu peux avec un ersatz d’affection auprès de Yasei.

—    Boucle-là ! Chuchota Ichigo, son regard rivé au sol.

—    Non… Laisse-moi m’occuper de toi… Pourtant, tu m’connais… j’t’ferai jamais de mal. Je t’aime grand-frère. Considère ça comme des vacances pour ton cœur. Tu r’prendras ta place quand tu voudras… »

 

Un long silence plana dans la tête d’Ichigo qui en profita pour respirer. Il débattit des arguments de Shiro avec lui-même. Quand il se redressa cinq minutes plus tard. La cérémonie se terminait. Le regard du bassiste était vide. Puis soudain, l’homme eut un petit sourire psychotique. Il allongea un peu les jambes et les croisa et posa son coude sur le siège voisin au sien. Un petit ricanement se fit entendre. Les avant-derniers rangs se tournèrent vers le musicien qui les salua d’un bref signe de la main, moqueur. Tous se détournèrent rapidement.

 

L’après-midi finalement allait s’annoncer plus amusante que prévue. Pourtant, selon la promesse faite à Ichigo, Shiro ne créa aucun grabuge. Par contre, il se lança à la chasse au serveur. L’un d’entre eux lui avait tapé dans l’œil, et il allait en profité ni vu, ni connu. D’ailleurs, l’homme se fit une joie de lui servir de monture. Lorsqu’il regagna le reste des invités, Shiro était particulièrement en forme. Et se montra d’une amabilité qui fit frissonner le groupe d’angoisse.

 

Soi Fong jetait parfois des regards inquiets vers Shiro. Mais, de le voir si à l’aise, discutant avec chacun avec un naturel dont elle ne l’aurait pas soupçonné, la laissait pantoise. Les clins d’œil rassurant qu’il lui adressait finirent par faire leur effet. Elle s’abandonna enfin à sa fête et cette dernière se déroula sans réel incident. Quelques invités finirent sous la table. Sosuke et Kukkaku furent les derniers à quitter la piste de danse. Shiro quitta la fête en milieu de soirée et s’enferma dans la chambre de son hôtel. Gin et Rangiku étaient partit presque en même temps que Shiro. Ganju lui, trouva une petite serveuse bien sympathique. Et fut plus que content d’avoir participé à se mariage qui ne l’enchantait pas au départ.

 

°°0°0°°

 

Le groupe évoluait. Shiro y était certainement pour quelque chose également. Le magnétisme de l’homme en était décuplé par l’assurance qu’il dégageait. Le reste du groupe suivait le bassiste… Kurosaki était comme un soleil qui attirait les autres, qui les emmenait très loin et les protégeait tout à la fois du reste du monde. Lorsque les concerts débutèrent, il avait propulsé le groupe à une dimension internationale. Toutes leurs apparitions étaient attendues comme le messie. L’attitude fantasque de Shiro attirait, fascinait, envoutait le public.

 

Sur scène les représentations folles du bassiste éclipsaient presque les autres musiciens. Seule Kukkaku arrivait à être à sa hauteur. Tous avaient l’impression que les deux montaient de plus en plus haut ou descendaient de plus en plus bas dans la folie.

 

Shiro n’avait pas eu l’occasion de revoir Yasei. Ils se téléphonaient pour de courtes conversations. Pour le musicien, ses moments où il pouvait être « normal » le décontractait et il attendait avec de plus en plus d’impatience les conversations avec le barman.

 

Tout le groupe avait intégré l’idée que des que Shiro parlait avec Yasei, il fallait le laisser tranquille. Quand ils embarquèrent pour se produire au festival d’Avalon à Glastonburry, les musiciens étaient fatigués. Ils passèrent deux jours dans les caravanes à dormir. Shiro refusait de sortir de son lit, presque à refuser de s’alimenter.

 

« Il va nous péter entre les doigts ! Marmonna Gin.

—    J’ai confiance. Répliqua Soi Fong. Il ne nous abandonnera pas. Mais, il donne beaucoup à chaque spectacle. Je pense qu’il a réellement besoin de se reposer pour notre passage ici. N’oublie pas qu’Avalon c’est la Mecque du festival…

—    Ouaih…

—    Qui y’a au programme ? Demanda Ashito curieux

—    Snoop Dog, Muse, U2 dans la journée de demain et quelques nouveaux groupes.

—    J’irai ! Besoin de changer d’air… Marmonna Ganju.

—    On ira tous… crétin !

—    P’être pas Shiro… Souffla Ganju en balayant la caravane du bassiste.

—    Laisse-le ! Il reviendra parmi nous quand il ira mieux…

—    Allez, on y va ! »

 

Le groupe qui s’était habillé en tenue de « ville », T-Shirt, Jean’s et basquet passait inaperçu. Kukkaku avait fait deux tresses et portait de grandes lunettes de soleil. Ils découvraient avec plaisir les stands et s’achetèrent quelques breloques. L’humeur était potache. Kukkaku reçut un appel de Sosuke. Elle s’isola pour mieux écouter.

 

« Sosuke ! S’exclama joyeusement la jeune femme.

—    Je peux savoir ce que tu fous avec le bassiste ? Demanda l’avocat sombrement.

—    Pardon ?

—    Un magazine vient de sortir et tu te suspends au cou de ce dégénéré ! »

 

Kukkaku resta un instant silencieuse, se demandant de quelles photos il parlait. Elle resta figé à réfléchir.

 

« Je vois pas de quoi tu me parles Sosuke.

—    Comme toujours vous avez l’air de très bien vous entendre.

—    Mais, nous ne sommes que des amis ! S’exclama Kukkaku stupéfaite.

—    Vraiment ? Les regards que tu lui lances sont ceux d’une femme amoureuse. En tout cas, le titre est prometteur

—    Quel titre ? Demanda Kukkaku d’une voix blanche.

—    Futur mariage entre Shiro et Kukkaku ? Les premières images de leurs bonheurs aux States !

—    Te fou pas de moi… Tu sais que Shiro est gay !

—    Il aurait pu virer sa cuti, surtout si tu suspens à son cou comme tu l’as fait là !

—    Je ne suis pas d’accord ! Nous n’avons strictement rien fait lui et moi.  Je l’aime comme… mon frère et cela ne va pas plus loin…

—    Tu le confondrais avec Kaien ? Suggéra mielleux Sosuke

—    Salaud ! Gronda Kukkaku.

—    Je n’ai été voir personne depuis si longtemps que j’me demande si j’pourrai encore faire l’amour à une femme. J’en suis réduit à me satisfaire tout seul !

—    Si tu continues… ça risque de t’arriver de plus en plus souvent… Grinça des dents Kukkaku.

—    Ne me menace pas ma chérie…

—    Et toi arrête de te faire les plans que tu voudrais pour pouvoir te donner des excuses !

—    Ne me tente pas… Gronda Aizen.

—    Aurais-tu déjà passé à l’offensive ? Demanda Enervée Kukkaku.

—    Pas encore… Souffla Sosuke en désespoir de cause.

—    Pas encore ? Répéta Kukkaku anéantis.

—    Je te laisse… J’ai du travail !

—    Sos… »

 

Le signal de coupure résonna dans la tête de Kukkaku. La jeune femme téléphona à Kyouraku. Après quelques sonneries, la voix endormis du directeur de la maison de disque répondit endormi

 

« C’est quoi cette couverture entre moi et Shiro ? » Attaqua toujours exaspérée Kukkaku.

—    Pourquoi tu ne demandes pas à Tousen…

—    Parce que tu vis au Japon ! Alors ?

—    J’n’en sais rien… Vous faites tellement de couvertures toi et Shiro que je ne regarde même plus les titres ! Marmonna Shunsui.

—    Des couvertures de magasine ?

—    Qu’est ce que tu crois ! Vous êtes considéré comme des dieux ici… Des japonais qui rentrent dans le top 10 américains, j’n’en connais pas beaucoup ! Vous êtes littéralement vénéré… toi et surtout Shiro. Il y a un véritable culte qui s’est élevé pour lui ici. Je ne sais même pas comment on va pouvoir assurer votre sécurité quand vous reviendrez au pays.

—    Il est au courant ?

—    Non… J’ai demandé à Lisa de taire tout ça… Son changement de personnalité… nous a beaucoup inquiétés.

—    Tu n’exagères pas ?

—    N’oublie pas de qui je suis le beau-frère… Souffla Shunsui.

—    Il ne l’a pas oublié ?

—    Tu plaisantes ? Marmonna Kyouraku profondément ennuyé.

—    … Lui a un petit ami..

—    Ah oui ? S’étonna Shunsui.

—    Shiro ne t’en a pas parlé ?

—    Non… De qui s’agit-il ? Il le cache bien en tout cas…

—    Putain ! Hurla Kukkaku qui venait brutalement de se souvenir de sa sortie de restaurant avec Shiro.

—    Qu’est-ce qui se passe encore ? Grogna Kyouraku.

—    Il a vu notre sortie du restaurant ! Hurla toujours hystérique Kukkaku.

—    Qui ? Et de quoi tu parles ?

—    Sosuke ! Il m’a dit que je me pendais au cou de Shiro sur une couverture de magasine. La seule fois où ça s’est produit, c’est quand je suis sortie avec lui d’un restaurant pour couvrir un ami. Shiro avait fait une entrée remarqué avec lui… et… nous avions décidé de jouer un petit jeu pour qu’il ne soit pas embêter. Et… la photo est apparue au Japon apparemment !

—    Je lui en parlerai ne t’inquiète pas !

—    C’est grave… Supplia Kukkaku. Sosuke va me tromper ! »

 

Elle était devenue quasiment hystérique et les passants la regardaient à présent comme une folle. Elle tenait son téléphone à deux mains, le regard hagard.

 

« Mais non… Sosuke se tient tranquille et passe toute son énergie dans le travail.

—    Il dit qu’il travaillait là ! Et il doit être trois heures du matin…

—    Tu te calmes et Sosuke ne fera rien !

—    Tu ne le connais pas…. Ce ne serait pas la première fois…. »

 

Le téléphone fut arracher des mains de Kukkaku, la chanteuse se tourna furieuse et rencontra le regard de Shiro. Il porta le téléphone à sa bouche et discuta avec Shunsui.

 

« Kyouraku-san… je suppose. C’est moi Kurosaki Ichigo…

—    Oh…

—    Essayez d’intercéder auprès d’Aizen. Dites-lui que j’ai un petit ami et s’il veut avoir la preuve de ce qu’avance Kukkaku qu’il téléphone à Yasei.

—    Qui est Yasei ? » Marmonna Shunsui qui avait un mal de crâne galopant.

—    Mon petit ami…

—    Et…

—    Netsuai était celui que je cherchais à protéger de mes frasques. Je lui devais bien cela. Je ne toucherai jamais à Kukkaku.

—    Ok…ok… Je lui en parlerai demain matin calmement. Mais essayez de vous tenir tranquille tous les deux ! »

 

Shiro ricana et déclara moqueur.

 

« Ne m’dites pas que cela n’arrange pas vos affaires ? Cela doit bien faire augmenter les ventes ? Dites à Aizen que je continuerai avec Kukkaku d’avoir le comportement que j’ai. Après tout… ses affaires doivent aussi en bénéficier ? Qu’il est un peu confiance en sa future femme… C’est aussi ça l’amour ! S’il n’en est pas capable, il n’avait pas à choisir de sortir une artiste de la classe de Kukkaku. Yasei ne bronche pas ! Pourtant, il aurait de quoi aussi… 

—    Je lui dirai… Faites attention à vous avec ce genre de jeu… »

 

Le regarde d’Ichigo se porta au loin, balayant les membres du groupe qui s’étaient regrouper autour d’eux, inquiets en voyant le comportement de Kukkaku. Ichigo ferma le portable et le tendit à la chanteuse qui paraissait toujours désespérée. Sans réfléchir il l’a prit entre ses bras.

 

« Ça ira Kukkaku… S’il n’est pas assez grand pour comprendre !

—    Il va me tromper encore… » Souffla Kukkaku en serrant le T-Shirt d’Ichigo entre ses doigts crispés.

—    Il ne fera rien ! Affirma tranquillement Ichigo.

—    Qu’en sais-tu ? Balbutia la jeune femme

—    Et toi ? » Répondit du tac au tac Ichigo en la fixant droit dans les yeux.

 

Un court silence s’installa entre eux. Kukkaku remarqua brutalement.

 

« Tu n’es plus Shiro ? »

 

Un sourire s’installa sur les lèvres non peinte du bassiste.

 

« Profite de ma présence… Je ne sais pas combien de temps cela durera…

—    Et si on allait s’acheter quelque chose à manger ! Lança Gin affamé et se remettant difficilement de ses émotions.

—    Wouaih ! C’est bien beau les breloques… mais, à manger ! S’écria Ganju

—    Pas de Hamburger ! Grogna Soi Fong. Ils me passent par les trous de nez à présent !

—    Hai ! » S’exclama le groupe qui partit en quête de barbecue appétissant.

 

La fin d’après-midi fut chaleureuse. Tous apprécièrent le retour d’Ichigo. Ils finirent au concert des Gorillaz. Pour ensuite se diriger vers le concert d’un petit groupe inconnu du public. Le peu de spectateurs permis au SoulsTorn de s’asseoir sur le sol. Kukkaku finit entre les jambes d’Ichigo qui l’entoura de ses bras.

 

« Une chance qui ne pleuvent pas ! Sourit Kukkaku.

—    Ne parle pas d’malheur sœurette… Grogna Ganju.

—    Ouaih… S’est déjà compliqué de jouer en plein air… alors, ne nous rajoute pas la pluie. » Approuva Gin.

 

Le groupe regagna plus tard ses logements. Ichigo eut un petit sourire lorsqu’il s’enferma dans sa caravane. Il défit sa casquette et ébouriffa ses longs cheveux blancs.

 

« Tss… Ichigo… hein ? »

 

Shiro se déshabilla et se jeta sur son lit… Ses doigts fouillèrent le sol et il attrapa une bouteille de whisky.

 

« L’ciel ici n’est pas assez haut… »

 

°°0°0°°

 

Le groupe quitta le festival pour s’envoler vers la France et l’Allemagne. Shiro avait repris son rôle et se retrouvait la plupart du temps torse nu à la fin des concerts, dévoilant un peu plus de tatouages à chaque fois.

 

Ganju souffla un soir

 

« Il compte tout cartographier sur sa peau ? 

—    Ça m’fait penser à prison Breack… » rétorqua Gin en admirant le musicien qui se redressait après avoir branché sa basse.

 

Les muscles faisaient mouvoir les dessins sur sa peau. Les motifs les plus évidents étaient ceux ressemblant à des chaines autours de ses biceps. Son corps mature qui n’avait rien de celui d’un adolescent faisait soupirer Soi Fong et Kukkaku. Ashito en venait même à faire des crises de jalousies.

 

« Arrête de le mater !

—    La jalousie c’n’est pas ton truc Ashito alors arrête ! »

 

Shiro se tourna vers eux et demanda…

 

« On s’remet au travail ?

—    T’as que ce mot là à la bouche et s’amuser ? Demanda Kukkaku exaspéré.

—    Comment ? Rétorqua Shiro en plissant des yeux. A notre dernière sortie, on s’est r’trouver au poste de police parce que t’avais fracassé le mobilier d’une auberge ! J’n’sais pas si t’as vu le nombre de babby-sitter qui nous entoure ?

—    Semons-les ? » Suggère Soi Fong.

 

Tous se tournèrent vers la brune. Elle les regarda surpris.

 

« Qu’est ce que j’ai dit ? Marmonna-t-elle en rougissant.

—    On irait où ? J’vous rappelle qu’aucun de nous ne parle allemand ! Constata Gin en claquant sa langue contre le palais.

—    On s’en fou… Gronda Shiro. On s’taille ! »

 

L’ensemble du groupe se dispersa. Certains se faufilèrent aux toilettes pour s’échapper par la fenêtre. D’autres quittèrent les lieux par les issus de secours et la porte principale pour Shiro. Un employé du studio appela le musicien et lança un tissu. Le bassiste leva les yeux vers son interlocuteur

 

« Vous allez avoir froid… »

 

Shiro observa son torse nu et enfila le T-Shirt noir que l’employé lui avait lancé. Il lui adressa un clin d’œil et disparu. Shiro déambula autour du bâtiment pour retrouver ses co-équipiers et ne trouva personne. Haussant les épaules, il quitta les lieux et se fondit dans la foule. Il fut vite reconnu mais, personne n’ose s’approcher de la star. Voyant qu’il aurait un semblant de paix et trop heureux de se retrouver seul et ce depuis un moment, l’albinos visita la ville.

 

Un petit groupe le suivait mais, comme personne ne l’importunait, le musicien fit comme s’il ne voyait rien. Le bassiste eu envie d’une glace en passant devant un marchand ambulant. Il fouilla ses poches et n’y trouva pas l’ombre d’une pièce de monnaie. Il soupira contrarié lorsqu’une petite voix suggéra dans un anglais incertain.

 

« J…je pourrai vous en payer une ? »

 

Surpris Shiro rencontra le visage d’une adolescente rougissante.

 

« T’as du fric ?

—    Oui… Dites-moi ce qui… vous ferez plaisir ?

 

Shiro se tapota le menton et attrapa la main de la jeune fille qui cru défaillir.

 

« J’hésite… Il est marqué quoi comme parfum sur son panneau ? Interrogea Shiro.

—    Euh… café, chocolat, vanille, pistache, noisette, framboise, ananas, coco, ruhm raisin, fraise…

—    Fraise ! Deux boules…. Et commande toi s’en une. Tu vas m’faire visiter la ville…

—    Bien…

—    T’as l’temps ?

—    Euh… oui…

—    J’t’attends ! »

 

Shiro attrapa la glace que le marchand lui tendait. Il eut un petit sourire en coin et déclara à sa nouvelle amie

 

« J’ai toujours trouvé ses glaces perverses ! 

—    Euh… oui ! » Fit la jeune fille écarlate.

 

°°0°0°°

 

Le groupe des SoulsTorn était aligné en rang d’oignons devant leurs gardes du corps et Lisa qui hurlait furieuse.

 

« Mais vous vous rendez-compte de ce que vous alliez faire ? Où est Shiro ?

—    On n’est pas… On s’y est pris comme ça, personne ne savait où s’trouvait les autres…

—    Bâclez quoi ! Maugréa Gin en levant les yeux au ciel.

—    On aurait du faire un plan… Souffla Kukkaku.

—    Vous auriez dû tous être là ! S’énerva Lisa. Parce que…

—    Je voulais le voir… »

 

Tous se tournèrent d’un bloc et rencontrèrent le regard sombre de Jiruga Nnoitra qui se tenait sur le seuil. Son regard balaya les artistes avec une certaine déception. Il traversa la salle et demanda

 

« Vous n’avez aucune idée de où il aurait pu aller ?

—    Mais… mais… qu’est ce que vous faites là ? Demanda Kukkaku abasourdis.

—    Cela ne vous regarde pas ! Par contre où est-il ?

—    Aucune idée ! Répliqua Gin.  On n’avait pas de plan. On voulait juste respirer, soufflez un peu… On est au bout du roulot… Continua Gin en lançant un regard de défi à Lisa.

—    Je repars ce soir pour le Japon… Je veux le voir… » Rétorqua Nnoitra.

 

L’homme d’affaire quitta la pièce et Lisa demanda

 

« Que faisons-nous ?

—    Retrouvez-le ! S’il lui arrivait quelque chose… Je ne vous le pardonnerai pas ! »

 

Jiruga traversa le bâtiment et se mit en tête de retrouver Ichigo avant qu’il ne parte. Le jeune homme avait été fou de joie, lorsqu’il avait appris qu’Ichigo se trouvait en Allemagne comme lui. Son voyage d’affaire forcé lui donnait l’occasion de pouvoir rencontrer le musicien et ceux en toute discrétion grâce à Kyouraku. Son cœur battait la chamade à l’idée qu’il puisse le serrer contre lui une nouvelle fois.

 

Gin quant à lui, demanda pensif.

 

« On est censé faire quoi ? 

—    Rien ! Vous avez fait assez de bêtises pour aujourd’hui. Vous retourner à l’hôtel ! Demain matin, vous partez pour Taiwan…

—    C’est nouveau ? Interrogea surprise Kukkaku.

—    C’set tombé en début d’après-midi et j’étais occupé avec vos papiers pour vous avertir… désolée.

—    Y’a l’air… Murmura Ashito fatigué.

—    Je veux rentrer à la maison… Souffla Soi Fong en s’effondrant contre son mari.

—    C’est où au juste ? Demanda Gin contrarié.

—    Ce n’est pas le moment de craquer alors, allez faire vos bagages. »

 

Le groupe descendit des studios pour se diriger vers le monospace qui les attendait. Beaucoup de fans s’étaient déplacés pour avoir l’occasion de les apercevoir. Ils prirent le temps de signer des autographes. Beaucoup cherchèrent Shiro du regard mais ne le trouvèrent pas.

 

°°0°0°°

 

Allongés sur l’herbe d’un parc, Shiro discutait poésie avec sa nouvelle amie, une canette de coca à la main. Emie avait tout juste dix-huit ans et était très timide de nature. Elle avait avoué à Shiro qu’elle avait été le voir comme un ultime défi qu’elle devait affronter, afin de savoir si elle aurait le courage de se lancer dans la musique. Un peu comme une bouée à la mer…

 

« Tu t’en lances souvent des défis comme ça ?

—    Souvent… répondit sérieusement Emie.

—    Et… t’arrives à… surmonter ta peur ?

—    Non… sourit la jeune fille. C’est la première fois en fait… que j’arrive… à franchir le pas…

—    C’est parce que t’on désir était profond ! » Répondit Shiro qui bougea et cala sa tête sur le ventre d’Emie en observant le ciel.

—    Vous êtes bien là ? » Interrogea Emie surprise par la familiarité du bassiste.

—    Ouaih… Mais tes potes peuvent pas la bouclez ? »

 

La jeune fille tourna la tête et lança un regard menaçant aux trois jeunes hommes qui les fixaient toujours stupéfaits. Ils se demandaient encore comment Emie avait fait pour approcher Shiro.

 

« Nous on veut bien te laisser mais, on devait se produire ce soir…

—    Je le sais mais, je ne peux pas lui demander de partir… Souffla la jeune fille admirative.

—    Qu’est ce que vous baragouiner ?

—    Euh… Nous devons nous produire ce soir… Souffla Emie rougissante.

—    Pourquoi tu l’n’as pas dit ?

—    Parce que… par…

—    On y va ! Lança le bassiste.

—    Vous venez aussi ? S’étonna la chanteuse

—    Ouaih ça t’dérange ! Demanda shiro en haussant les sourcils.

—    Non… non…

—    J’vais jouer aussi… Maugréa l’albinos.

—    Vous feriez ça ? Demanda le souffle coupée Emie.

—    Bien sur ! Allez, j’ai besoin d’m’amuser ! »

 

Le groupe fut fou de joie et tous montèrent dans une vieille Mercedes retaper de bric de broc. Un sourire fin étira les lèvres de shiro. Ils discutèrent en route du répertoire du groupe. Arrivé à destination, le bassiste sourit en voyant la petite salle. Quand il fit son entré par derrière avec le reste du groupe, il vit l’air atterré du personnel. Shiro ne comprenait rien aux paroles en allemand mais, il demanda sèchement

 

« J’veux une basse ! »

 

Le jeune Billy lui tendit sa Fendler d’occasion en tremblant. Shiro retira son T-shirt et passa la sangle autour de ses épaules larges. Il se brancha sur un empli et vérifia le réglage des cordes.

 

« T’as pas se son là avec ta basse Billy habituellement ?

—    Nan ! J’en r’viens pas ! Comment il fait pour avoir… avoir se son ! Ma basse est possédée ! »

 

Shiro se mit à lire les tablatures du groupe et écouta attentivement les morceaux qu’ils joueraient principalement des reprises.

 

« M’sieur, Fit Thomas… on peut jouer aussi une de vos chansons… On les connaît toutes…

—    Qu’est ce qu’il dit ? Demanda Shiro à son interprète.

—    Que nous pourrions jouer un de vos morceaux…

—    Lequel savez-vous le mieux jouer ?

—    Bring to me…

—    Ok ! On y va… J’m’callerai sur vous… »

 

Dans la salle, les habitués était énervés contrairement à leur habitude. Une rumeur se rependait et quand Shiro arriva sur scène avec le groupe des schwarze Schatten* tous sifflèrent et l’ambiance si calme devint délirante dans le petit club. Ichigo tourna son visage vers le groupe qui se lança immédiatement, totalement en confiance avec le bassiste.

 

Le gérant vis avec stupéfaction son club se remplir au point qu’il du refuser du monde. Il avait quelque mal à circuler dans son établissement plein à craquer. Le son lourd de la basse de Shiro lui donnait le frisson. Il intercepta quelques instants ce type à moitié nu piercé et tatoué, dont les muscles saillant roulaient sous sa peau. Il avait l’impression de voir un fauve. En tout cas, il lui serait reconnaissant éternellement, son club allait voir sa côte s’envoler avec sa présence dans les lieux.

 

Shiro était un peu dérouter par la voix si claire de la chanteuse. Il était charmé. Elle était plus douce que celle de Kukkaku qui était plus sensuelle et plus grave en comparaison. Il ne fit aucun jeu de scène la petite occupait la scène à elle toute seule. Shiro eut un sourire. Il avait l’impression de voir un ange dans son jean’s troué et son T-Shirt blanc à motif en spirale. Elle ne possédait aucun artifice et quelque part, cela le toucha. 

 

°°0°0°°

 

Lorsque Shiro rentra au petit matin, il croisa plusieurs employés de l’hôtel qui changeait de service. Tous regardaient les yeux exorbités, le musicien torse nu qui traversait le hall avec une paire de lunette de soleil sur le nez, ses longs cheveux blancs flottant jusqu’à ses fesses. Quand il entra dans sa chambre, il vit Kukkaku allongé sur son lit. Il la secoua. Cette dernière se réveilla difficilement

 

« Où t’étais ?

—    Et vous ?

—    On s’est fait chopper par les gardes figure-toi ! Maugréa d’une voix embrumée par le sommeil Kukkaku.

—    Vraiment ?

—    T’étais ou bon sang… tout le monde t’as cherché !

—    J’m’suis baladé. Grinça des dents Shiro qui n’avait pas envie d’en dire plus.

—    Sache qu’on quitte l’Allemagne pour Taiwan dans deux heures !

—    Oh… »

 

Kukkaku se leva et se dirigea vers la sortie. En arrivant devant la porte, elle se tourna vers Shiro qui retirait son pantalon.

 

« Tu sais… Jiruga Nnoitra était ici et…

—    Qui ça ? » Demanda Shiro en se dirigeant vers la salle de bain.

 

L’indifférence avec lequel le bassiste prit la nouvelle stupéfia la chanteuse. Il passa devant elle et ne semblait pas le moins du monde troublé.

 

« Bon… j’voudrai allez prendre ma douche et faire les valises…

—    Ok… on s’attends tous dans le hall ».

 

Shiro soupira quand elle ferma la porte derrière elle. Puis, termina sa course sous la douche en sifflotant. Il avait passé une excellente soirée et ce comme rarement depuis longtemps.

 

 CHAPITRE SUIVANT →

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam