L'autre côté du miroir2

Chapitre 14

Assis devant son bureau, Grimmjow tournait les pages de son manuel et sa mâchoire se crispait un peu plus au fur et à mesure qu’il avançait dans son devoir. Il ne comprenait plus rien ! Se saisissant de son livre de math rageusement, ce dernier fit un magnifique vol plané de l’autre côté de la pièce, pour s’écraser avec fracas contre le mur d’en face. Quelque chose clochait dans sa vie dernièrement… en fait, il avait la vague impression d’être entré dans une espèce d’engrenage dangereux et dont il ne pouvait plus se sortir.

Son cœur se mit à battre très vite soudainement. Enfouissant sa tête entre ses bras, son œil droit libre divaguait sombrement sur les meubles qui constituaient sa chambre. Comment pouvait-il être aussi con ? Comment définir la vague impression qu’il était prisonnier ? Depuis qu’il avait rencontré le regard sombre d’Aizen Sosuke, sa vie avait basculé sans qu’il ne puisse rien y faire… et depuis ses nuits avaient le goût des insomnies et des cauchemars les plus sombres.

Et le départ d’Ichigo n’avait fait qu’accentuer les choses. Ses notes avaient chuté de manière vertigineuse. Le souvenir de son visage déformé par la colère et à juste titre d'ailleurs lui revint en mémoire.  Merde ! Jamais plus sa vie ne serait comme avant… d’ailleurs… comment annoncé à ses parents qu’il vivait une relation à trois ? Cela serait à tout jamais impossible ! Déjà lorsqu’il avait avoué qu’il était gay, le regard de son père était devenu dangereux et l’acceptation avait été difficile… en fait, Grimmjow remercia mentalement sa mère.

Mais une relation à trois ? Il pouvait direct aller réserver une place au cimetière ! Même sa mère le tuerait pour ça. Bon son frère ainé se foutrait de sa gueule c’était certain. Yoichi se ferait même une joie de lui pourrir la vie… La brève conversation téléphonique qu’il avait eue avec lui la veille alors qu’il essayait d’avoir des nouvelles de ses parents, le lui avait bien fait comprendre.

Que devait-il faire ? La vie qu’il menait depuis quelque temps n’avait plus de sens. Se levant enfin, il décida d’aller faire un tour à l’extérieur. Besoin de se défouler et de se remettre les idées en place. Le jeune homme quitta le dortoir pour se diriger vers l’extérieur et plus précisément le mur d’enceinte de l’internat. Le meilleur endroit encore pour se ressourcer, c’était le centre-ville !

Après une heure de marche, Grimmjow s’arrêta dans un bar et commanda une bière. Il remercia la nature de lui donner un visage plus âgé qu’il ne l’était en réalité. Personne ne pensait à lui demander sa pièce d’identité. Accoudé contre le comptoir, la tête dans une main, son visage fixait l’extérieur. Les silhouettes floues se succédaient, certaines montraient des couples enlacés. Un truc qu’il ne ferait jamais ! Le visage féminin d’Ichigo traversa à nouveau sa mémoire et un frisson le traversa. Avec elle, oui il aurait pu ! Il en avait eu l’opportunité en plus.

Jurant entre ses dents, Grimmjow fit un geste pour prendre une seconde bière. Il n’allait pas se bourrer la gueule, pas envie et il était là pour réfléchir. Merde ! Si seulement, les choses pouvaient devenir plus simples dans son existence. Pour cela… il devrait rompre avec Aizen et Ichimaru. Gin… ce n’était pas lui qui lui poserait le plus de problème, par contre le souvenir du regard brûlant d’Aizen… rien que son souvenir exerçait sur sa personne une certaine influence.

Une insolite sensation s’infiltra insidieusement en lui, le mettant en transe. Sa bouche s’entrouvrit et son regard perçant devint étrangement absent. Ce fut un claquement de doigts qui le sortit de sa rêverie. Tournant la tête sur le côté, il rencontra le regard pénétrant d’Ikkaku Madarame.

-   T’es flippant !

-   Pardon ? s’étonna Grimmjow en clignant des yeux comme s’il sortait d’un cauchemar.

-   T’étais flippant à regarder le vide comme ça, on aurait dit que t’étais possédé Jaggerjack. Qu’est-ce que tu fous là ?

-   Je pourrai te poser la même question, Ikkaku.

Le visage de l’élève prit une expression carnassière. Il répondit sans rire.

-   Je n’ai besoin d’aucune raison pour sortir. Toi, j’aurais cru que t’étais comme moi, mais finalement… t’es plus complexe que tu veux bien le montrer.

-   Complexe ?

Grimmjow faillit éclater de rire. Non pour boire et éclater la tronche à quelqu’un il n’avait pas forcément besoin d’une raison, mais ce soir il en avait une… il avait failli l’oublier d’ailleurs.

-   Tu bois pourquoi ? Et ne me sors pas parce que j’aime ça…

-   J’aime ça.

-   Connard !

-  Ta gueule ! répliqua Grimmjow de mauvaise humeur à présent. J’ai besoin de réfléchir.

-   Eh bien, ta réflexion était soit trop profonde ou bien totalement vide à mon avis. On aurait dit un zombie ou un truc du genre… De toute façon, depuis qu’Ichigo est parti t’es tout bizarre. Pourquoi tu n’l’as pas retenu ? Vous êtes plus potes ? Pourtant, il n’avait d’yeux que pour toi…

-   Ta gueule ! gronda Grimmjow en lançant un regard nettement menaçant à son interlocuteur.

Ce dernier l’observa sans broncher, pas effrayé par sa tentative d’intimidation.

-  Tu me diras ça me concerne pas… continua malgré tout Ikkaku en avalant au passage une gorgée de sa consommation.

Une fine moustache de mousse blanche recouvrit sa lèvre supérieure, qu’il s’empressa de lécher avec gourmandise.

-  De toute façon, moi la psychologie, c’est pas mon truc. Et si on trinquait à notre solitude ! proposa Madarame avec un sourire qui en disait long sur son envie de picoler.

Grimmjow leva son verre et ils trinquèrent. La soirée était bien avancée lorsqu’ils sortirent de l’établissement. Ils se soutenaient l’un, l’autre pour avancer dans les rues de la ville. Leurs paroles n’avaient ni queue, ni tête et aucun des deux n’avait spécialement envie de rentrer immédiatement à l’internat. Lorsqu’ils entendirent derrière eux des ricanements et le bruit sec d’un objet qui trainait lentement sur un mur, tous les deux se jetèrent un regard entendu. Se tournant lentement, ils affrontèrent la bande de loubards qui avaient prévu de les détrousser par cette nuit maussade.

Grimmjow ne sut pas très bien comment il finit au commissariat avec Ikkaku. Les barreaux de sa cellule étaient trop nébuleux pour qu’il puisse se rendre compte vraiment où il se trouvait. De toute façon, il avait besoin de dormir à présent. Un dernier coup d’œil à son compagnon de beuverie lui indiqua que ce dernier ne l’avait pas attendu pour ça. 

 

°°0o0°°

 

Ichigo admira son reflet dans la glace… Trop ? Pas assez ? Une moue se forma sur ses lèvres. C’était son premier rendez-vous avec Hisagi et elle ne voulait surtout pas apparaître à son désavantage. Le temps était encore mauvais, mais qu’importe, la saison n’était pas propice aux éclaircies. De ce fait, elle avait revêtu un jeans serré et un gros pull à grosses mailles, deux barrettes pailletées dans les cheveux, et un maquillage léger complétaient l’ensemble. Elle se considéra mignonne.

C’était dingue, elle était dans tous ses états, depuis que Shouhei lui avait proposé de passer l’après-midi même en ville. Passant une main nerveuse dans ses cheveux qui commençaient à pousser, elle s’observa une dernière fois… l’expression d’inquiétude qu’elle voyait au fond de son regard la laissait songeuse. De quoi devait-elle avoir peur ? Que Shouhei soit comme Grimmjow ? La comparaison restait impossible. Pourtant, Ichigo ne parvenait pas à enterrer le souvenir de Grimmjow.

Repoussant ses idées noires, l’adolescente dévala les escaliers et se campa devant la fenêtre de la cuisine qui donnait directement sur la rue. Une chance d’ailleurs que son père soit occupé ailleurs, et ses petites sœurs étaient absentes… Karine à son club de foot, tandis que Yuzu se trouvait chez une amie. Si toute sa famille avait été présente, elle aurait été terriblement mal à l’aise. Une touffe de cheveux ébène en pétard se distingua au loin. Ichigo reconnut immédiatement leur propriétaire.

Bondissant du plan de travail sur lequel elle s’était assise, elle attrapa sa veste et son parapluie. Elle s’assura d’avoir son portefeuille et de l’argent avant de quitter sa maison. Hisagi allait sonner lorsqu’elle ouvrit brusquement le battant.

-  Hisagi !

-  Ichigo, tu m’as fait peur !

Effectivement, l’air surpris et la lueur d’étonnement dans ses yeux sombres, tout comme le raidissement de tout son corps montrait combien son apparition l’avait pour ainsi dire tétanisé.

-  On y va ?

-  Euh… oui.

Ichigo sourit à Hisagi. Elle ferma la porte et s’éloigna rapidement de chez elle, avant que son père n’ait l’idée de passer au même moment. Il dirait des choses qui la mettraient mal à l’aise, c’était sûr.

-  Tu veux que nous commencions par où ? demanda Shouhei.

-  Tu n’as pas fait de plans ? s’étonna Ichigo.

-  Pas vraiment… non pas que je ne sache pas ce que tu aimes, mais bon…

-  Si nous allions au centre commercial ? Ça fait un bail que nous n’avons pas joué…

Hisagi se contenta de hocher la tête. Ils iraient surement jouer dans la salle d’arcades. Il aurait préféré un autre endroit, là… il y venait avec ses copains… quoiqu’Ichigo jusqu’à récemment en était un… enfin une ! Enfin quelque chose d’approchant…

Ils marchaient l’un à côté de l’autre. Les yeux de Shouhei glissaient sur le côté pour observer le visage souriant d’Ichigo. Où était passée la barre de contrariété qui se formait toujours sur son front. Elle paraissait si… heureuse ? Elle discutait avec lui comme à son habitude, comme s’il restait son ami. Lui aurait bien tenté de lui prendre la main, mais c’était certainement trop osé.

-  Dépêche-toi Hisagi ! l’interpella Ichigo brusquement. Il va recommencer à pleuvoir.

- Hey ! Courre pas comme ça !

-  Le dernier arrivé dans la salle de jeux paye la première partie !

Hisagi freina de ce fait légèrement sa course pour la laisser gagner. Il observait la silhouette de dos. Ichigo n’accepterait pas qu’il la laisse gagner, mais tant pis. Rayonnante et surtout triomphante, elle se tourna vers lui en s’esclaffant.

-  Dis-moi Hisagi, tu t’es drôlement empâté pour te laisser battre par une fille !

Shouhei haussa les sourcils et répondit légèrement vexer.

-  Je ne me suis pas gros !

-  Hum… voyons voir si tu as gardé au moins tes réflexes d’antan…

-  Fais attention à ce que tu dis, je paye peut-être une partie, mais toi tu paieras les consommations tout à l’heure si tu perds !

-  Oui, mais je compte bien gagné Hisagi ! J’espère que tu as bien garni ton portefeuille…

Et sans se soucier plus de lui, la jeune fille tourna son visage vers les différents jeux proposés et jeta son dévolu sur un jeu de course automobile. Un sourire carnassier se forma sur les lèvres de Shouhei qui était plutôt bon à ce genre de jeu.

L’après-midi passa très rapidement. Ils essayèrent une bonne partie des jeux présents et sans tricher, Ichigo gagna deux des duels de leurs défis. Installés devant un cola pour Hisagi, et un milk-shake à la fraise pour Ichigo, ils commentèrent de manière animée leur score. Voyant une expression songeuse au milieu de leur conversation, Ichigo fronça légèrement les sourcils.

-  Quelque chose ne va pas Hisagi ?

-  Pourquoi tu me demandes ça ?

-  Parce que tu paraissais… ailleurs.

Posant son verre devant lui, Shouhei se pencha en avant pour mieux observer son interlocutrice.

-  En fait, lorsque tu m’as dit que tu voulais à la salle d’arcades, j’ai cru que… enfin que c’était comme une sortie entre potes ! Tu sais… comme avant.

Ichigo arqua les sourcils, surprise. Clignant plusieurs fois des yeux, elle observa Shouhei avec attention. Il paraissait un peu mal à l’aise soudain.

-  J’ai pensé que cela te ferait plaisir…

-  Oh, je me suis bien amusé… en fait, je ne me suis jamais autant amusé depuis que je les fréquente. Même si avant on venait tous ensemble avec tout le groupe, tu jouais la plupart du temps toute seule ou avec… Shouhei ne termina pas sa phrase.

-  Et aujourd’hui ? interrogea Ichigo sans se soucier des derniers mots.

-  Cela n’a pas été le cas, sourit Shouhei. J’ai l’impression de découvrir quelqu’un d’autre, ajouta-t-il visiblement satisfait de ce qu’il découvrait.

Ichigo rougit légèrement. Elle sirota sa boisson et sursauta lorsque le genou de Shouhei caressa le sien. Levant les yeux vers son interlocuteur, elle eut le souffle coupé par le regard intense et très amoureux que lui adressa son petit ami. Ichigo pour la première fois oublia totalement Grimmjow, Shouhei seul existait à présent dans son esprit.

 

°°0o0°°

 

Remontant les rues de la ville de Karakura, Grimmjow ne remarquait même pas la pluie fine qui tombait. Ses cheveux mouillés tombaient sur son visage amaigri. Vaguement, il remarqua son reflet dans la glace d’une vitrine et il détourna son regard. Fouillant ses poches, il sortit de la monnaie. Peut-être devrait-il se mettre à l’abri et boire un truc pour ne plus penser ?

Entre le sermon de sa mère, le poing de son père qui lui avait fait voir trente-six chandelles pour avoir fini complètement bourré au fond d’une cellule… seule Yoichi l’avait chaleureusement félicité, mais bon… ce n’était pas une référence sur le sujet. Bien que son crétin de frère soit plus intelligent qu’il ne le serait jamais.  

Grimmjow entra dans le centre commercial songeur. Il se rendit dans la salle d’arcade, un besoin de se défouler montait progressivement en lui. Quinze jours de suspensions qu’il avait écopées… Bon, il pouvait compter sur un ami pour lui transmettre ses devoirs. Sosuke et Gin refusaient de lui parler depuis qu’il avait eu un comportement indigne d’eux. Un ricanement sorti de sa bouche. Indigne ? Sosuke était venu le voir seul alors qu’il terminait sa valise.

¾   Pourquoi t’es-tu enfui de l’internat ?

Grimmjow avait fermé sa valise dans un bruit sec. Il ignora son interlocuteur, bien que ses genoux s’entrechoquaient et que ses mains devenues étrangement moites trahissaient son trouble.

¾   Je t’ai vexé ? ironisa Aizen.

Là, Grimmjow se tourna brusquement et fixa intensément son amant. Putain qu’il était beau ce con ! songea-t-il malgré lui. Mais il ne perdit pas la tête pour autant.

¾   Sosuke… je suis peut-être plus jeune que toi, mais je ne suis pas un gamin pour autant. Ne prends pas tes grands airs avec moi et ne te crois surtout pas supérieur à moi.

¾   Vraiment ? continua de plaisanter Aizen.

¾   Senpai je te demanderai de quitter ma chambre, parce que si tu continues ton petit jeu avec moi, je crains que tu ne finisses pas en un seul morceau.

¾   Une menace ?

Aizen pour la première parut sincèrement incrédule. Grimmjow n’avait pas voulu cela, mais son air supérieur et ses moqueries lui avaient tapé sur les nerfs. Il savait bien que Sosuke ne supportait pas d’avoir les choses hors contrôle et qu’il tentait de le comprendre, mais ça pour la première fois Grimmjow n’en avait aucune envie.

¾   Grimmjow, que s’est-il passé ? Que s’est-il passé pour que tu en viennes à aller te souler et finir au commissariat pour bagarre ? Il termina sa phrase en concluant perplexe, et avec Ikkaku en plus…

¾   Sosuke…

Grimmjow traversa la pièce et enlaça son senpai, tout en le regardant droit dans les yeux. Son regard magnétique l’emprisonna à nouveau, mais Grimmjow se cramponna à une image pour le distraire de cette espèce d’envoutement dont il était l’objet en sa présence.

¾   Je dois rentrer chez moi durant mon exclusion. Mes parents… je pense que je n’échapperai pas à une explication avec eux. Te dire pourquoi ? Comment j’en suis arrivé là ? Je n’en sais rien… Dans ma tête tout est confus actuellement. Je crois que cette coupure arrive au bon moment.

¾   Grimmjow…

Mais la bouche de Grimmjow avait recouverte la sienne, l’obligeant à se taire. Les bras puissants de son amant le serraient si fort, que l’adolescent soupçonna un malaise bien plus profond qu’il ne voudrait bien lui avouer. Lorsque Grimmjow relâcha Sosuke, il se détourna pour prendre sa valise, il ne voulait pas répondre à l’interrogation silencieuse de ses yeux chocolat.

Et à présent, il errait en ville complètement désoeuvré. Grimmjow finit par se diriger vers la sortie de la salle d’arcades et se figea. Devant lui, se tenaient sans qu’il ne puisse se tromper Ichigo et Shouhei. Le regard d’aigle du jeune homme survola les alentours s’attendant à voir débouler Renji, Kiego, Ulquiorra, Chad ou un autre de la bande, mais ils paraissaient seuls.

Toujours sous le choc, il les suivit. Ils formaient un couple ! Cette idée s’imposa rapidement à lui. Ichigo paraissait heureuse… elle était redevenue une femme, et ses cheveux roux plus longs flottaient autour de son visage souriant. Quel choc ! Où était la haine qu’elle éprouvait il y a peu encore ? Elle refusait de le voir… et ça lui fit mal.

Shouhei avait désigné un café où ils s’installèrent confortablement. Comme un stalker, Grimmjow se mit en retrait et suivit le couple des yeux durant leur conversation animée. Shouhei même s’il paraissait mourir d’envie de la serrer contre lui, restait distant. Ce fut Ichigo qui devint familière avec lui, en posant notamment une main sur son avant-bras, elle paraissait le rassurer. Incapable de supporter cette vision, Grimmjow quitta la salle et respira plus librement à l’extérieur… Ichigo et Shouhei ensemble ? S’il s’attendait à cela… Il quitta rapidement les lieux, ayant trop peur d’une réaction inattendue de sa part. Cette idée lui était insupportable à la fin ! Le sentiment d’avoir été trompé ne le quitta pas le reste de la soirée…

 

°°0o0°°

 

La clinique Kurosaki n’était plus qu’à quelques pas. Ichigo sentait ses mains devenir moites. Devait-elle inviter Shouhei chez elle ? Alors qu’elle s’interrogeait, elle se sentit décoller du sol. Surprise, elle s’accrocha au cou de Shouhei qui la déposa à l’abri des regards derrière un grand arbre.

Elle allait ouvrir la bouche pour protester et repousser le jeune homme, mais sous ses doigts les battements désordonnés du cœur de Shouhei la troublèrent. Relevant la tête, elle observa le jeune homme.

-   Tu es si jolie Ichigo… tu es tellement belle que j’ai peur de te toucher. C’est la première fois que ça m’arrive d’être impressionné à ce point. Je n’ose même pas t’embrasser… j’ai peur que tu ne sois qu’un rêve…

-   Idiot, répondit la jeune fille.

Ichigo se dressa sur la pointe des pieds et entoura de ses mains le visage de son amoureux, tétanisé par ses sentiments apparemment. Ichigo le trouva terriblement craquant, bien qu’il soit au naturel très sexy. Ses pouces caressaient doucement les pommettes saillantes pour descendre vers la bouche entrouverte. Son cœur se mit à battre un peu plus vite. Un sentiment tendre la submergea. Ce n’était pas la passion folle qu’elle éprouvait pour Grimmjow, non cela n’avait rien à voir… mais en quelque sorte, il valait mieux que ses sentiments n’aient rien à voir avec ce qu’elle éprouvait autrefois.

-   Shouhei…

Ses yeux s’embuèrent et pour cacher son trouble, elle se pencha pour aller à la rencontre des lèvres du jeune homme dont les bras encerclaient la taille. Ces mains larges qui remontaient le long de son dos alors que leurs bouches se recherchaient toujours lui apportaient de la chaleur. Depuis quand était-elle frigorifiée à ce point ?

Les mains d’Ichigo s’enfouirent dans la masse sombre des cheveux d’Hisagi. Elle s’accrochait à lui, plus qu’elle ne s’appuyait… Ichigo avait besoin de Shouhei. Lorsque leurs bouches se séparèrent, la jeune fille remarqua seulement les larmes qui coulaient de ses yeux.

-   Mince… chuchota-t-elle prise au dépourvu.

Avant qu’elle ne puisse se sortir de l’étreinte d’Hisagi, ce dernier resserra son emprise un peu plus, l’empêchant de reculer. Prenant appui contre le torse de Shouhei pour garder l’équilibre. Ce dernier murmura contre son oreille.

-  Je te le promets Ichigo, moi je ne te quitterai jamais… quoiqu’il puisse arriver, je t’aimerais toute ma vie.

Ichigo éclata en sanglot et enfouit son visage contre la nuque de Shouhei. Ses mains serraient convulsivement les revers de la veste son petit ami. Il faisait si bon d’être entre les bras de Shouhei à ce moment-là, jamais elle n’aurait voulu que cet instant ne cesse. L’idée d’être seule à nouveau en proie à ses cauchemars l’effrayait. Pour une fois, elle pouvait bien pleurer sur son sort… Que lui réservait l’avenir ? Et si un jour… et si un jour elle se transformait à nouveau en homme ? Hisagi se souviendrait-il de ses paroles ? Cette idée lui fit redoubler ses pleurs, mais Shouhei ne la repoussait pas, ne se moquait pas… non, il restait patient, comme toujours. Ou peut-être ne savait-il pas quoi faire d’autre, alors il attendait que ça se passe ? Qu’importe… qu’importe tout lui convenait du moment qu’ils restaient ainsi tous les deux.

 

 

Chapitre 15

Un nouveau chapitre J L’année scolaire est sur le point de se terminer… Que va-t-il se passer entre Shouhei et Ichigo ? Leur avenir s’annonce-t-il aussi radieux qu’ils le pensent ?

Je vous remercie de suivre cette fan-fiction aussi nombreux et j’espère que cette suite vous plaira. À très bientôt pour un nouveau chapitre.

 


Assise en tailleur, Ichigo songeait à sa nouvelle relation… et le souvenir d’un Hisagi Shouhei dominé par un Grimmjow tout puissant dans la bande lui effleura l’esprit. Depuis cette époque, Shouhei avait changé, ou bien était-ce elle ? Ses souvenirs paraissaient venir d’une éternité. Un fin sourire s’esquissa sur ses lèvres.

Cela lui rappela qu’elle n’avait plus d’appartement et devait traverser la ville pour rejoindre son établissement. Elle n’était pas la seule dans ce cas loin de là, de plus elle avait la curieuse sensation d’être plus libre à présent qu’autrefois… Il était loin le temps où elle rendait des comptes à Grimmjow sans cesse. Maintenant, elle avait un vrai petit ami.

Cela faisait deux mois qu’ils sortaient ensemble et la prévenance d’Hisagi la touchait vraiment beaucoup. Quel contraste avec l’adolescent avec lequel elle avait partagé nombre de bagarres il n’y a pas si longtemps. D’ici quelques jours, ça serait la fin des cours. Oh elle, elle continuerait ici encore un an… mais que ferait-elle après ses années de lycée ? Elle se souvint vaguement de ses anciens désirs… mais comme pour Grimmjow tout appartenait à un passé, à une autre vie. Que voulait faire Hisagi de sa vie de son côté ? Lui quitterait le lycée pour la fac certainement… et elle ne savait pas ce qu’il voulait devenir.

Ils n’avaient fait aucun projet concret. Ils sortaient ensemble… sans se poser de questions. Ils se voyaient peu, n’étant pas dans la même classe, et puis lorsqu’ils pouvaient se voir, les autres se joignaient à eux. Shouhei révisait seul les week-ends, elle avait repris son job auprès de Starck. Et depuis leur nuit ratée, ils se voyaient moins et avec une certaine gêne.   

Ichigo se leva et observa l’extérieur de sa maison. Elle devrait aussi envisager de vivre autre part que chez son père… Hisagi et elle n’avait pas d’intimité et les love hotels c’était pas son truc. En fait… Shouhei et elle avaient essayé, mais elle était devenue tellement crispée qu’elle semblait aussi vivante qu’une bûche. Malgré toutes les paroles rassurantes d’Hisagi rien n’y avait fait ! Ils étaient ressortis confus et Ichigo avait eu honte pendant quelques jours. Mais les Love Hotels pour elle, c’était comme des maisons de passe et… elle ne voulait pas de ça avec lui.  

Et puis… l’épisode du cinéma avec Grimmjow restait gravé en elle ! Elle était vierge et ce crétin lui était tombé dessus comme… comme si elle avait toujours été un homme. Quelque part, elle sortait traumatisée de cette expérience. Que ressentirait-elle en tant que femme ? Oh Shouhei la troublait énormément. En fait ces derniers temps, elle n’arrivait plus à le regarder en face, tellement ses sentiments devaient se graver sur sa figure.

Pourtant, elle devrait bien un jour se lancer et franchir un cap avec lui… ils se connaissaient depuis le collège, elle devait devenir plus mature. Prenant son portable, elle envoyé un SMS à Hisagi. Elle avait besoin de le voir, de lui parler. Quelque chose lui disait au fond d’elle qu’il y avait urgence et pour une fois, elle se fierait à son intuition. Quelques secondes plus tard, son téléphone sonna.

-  Ichigo ?

La voix inquiète de Shouhei alerta la jeune fille. Passant une main nerveuse dans ses cheveux, elle répondit avec le sourire.

-  Shouhei… je voulais te parler, mais ce n’était pas urgent à ce point.

-  Tu veux me quitter ?

-  Quoi ? s’étonna la rousse en observant son portable les yeux exorbités.

-  Tu… tu veux me quitter ? C’est ça que tu voulais me dire ?

-  Mais tu n’es pas bien dans ta tête ? Bien sûr que non ! Je voulais te parler… parce que…

Ichigo traversa sa chambre et s’installa sur son lit. Elle replia ses jambes sous son menton.

-  Parce que ? demanda plus calmement Hisagi.

-  Parce que tu me manques…

Un ange passa. Le cœur d’Ichigo se mit à battre plus fort. Ses doigts se crispèrent sur l’appareil.

-  Shouhei ? T’es mort ?

-  Je suis si content Ichigo… si content. J’ai cru que tu attendais pour m’annoncer notre séparation.

Là, Ichigo resta incrédule quelques secondes. Mais pourquoi pensait-il cela ?

-  Tu es complètement fou ! Je n’y ai jamais songé une seule seconde… pourquoi tu crus ça ?

-  C’est à cause de Grimmjow que tu… que tu n’as pas voulu faire l’amour avec moi ? Parce que tu t’es aperçu que tu l’aimais encore ? C’est parce que je ne suis pas à la hauteur ?

La mâchoire d’Ichigo faillit se décrocher. Elle s’était attendue à tout, sauf à ça ! Reprenant calmement sa respiration, la rousse se recroquevilla un peu plus, honteuse du motif de son refus.

-  Je n’ai pas pensé à Grimmjow une seule seconde… Hisagi… crois-tu que je sois encore amoureuse de Grimmjow ?

-  Je me pose souvent la question en fait, avoua le jeune homme.

Les yeux d’Ichigo brillèrent un peu plus, et sa gorge se noua.

-  Est-ce que je suis une si mauvaise petite amie que tu crois que j’aime encore un type comme Grimmjow ? Que dois-je faire pour que tu comprennes que… que… que…

-  Que ? interrogea Hisagi alors qu’Ichigo reprenait son souffle.

Bien décidé à ne plus fuir, Ichigo avoua simplement.

-  Que je n’aime que toi ! Si j’étais si mal à l’aise lorsque nous avons essayé de le faire, c’est parce que… parce que je suis encore…

Ichigo devint écarlate pour l’occasion.

-  Parce qu’il ne sait jamais rien passé entre Grimmjow et moi, et que mis à part toi, je n’ai jamais eu de petit ami.

Elle avait tout lâché d’une traite et à toute vitesse pour que les mots puissent franchir le seuil de sa bouche.

-  Tu es vierge ? s’exclama Hisagi.

Un drôle de bruit sourd se fit entendre à l’autre bout du téléphone, ainsi qu’un gémissement de douleur et Ichigo eut la vague impression que Shouhei avait hurlé sa question. Elle en était mortifiée !

- Chuuuutttt… t’es fou où quoi ? souffla Ichigo paniquée. Et c’était quoi ce bruit ?

-  Rien… rien du tout… chuchota Hisagi d’une voix plus rauque.

Ichigo eut la vague impression qu’il n’en était rien du tout, mais que Shouhei ne lui avouerait rien.

-  Shouhei… je sais que ça peut paraître ridicule. Tu me diras que je ne suis plus à ça prés, mais… mais… je me suis rendue compte que je ne savais presque rien de toi.

-  À quoi tu penses encore ? marmonna son petit ami d’une voix plus claire à présent.

-  L’année prochaine, tu quitteras le lycée et je ne sais même pas ce que tu veux faire… je veux dire si tu rentres en école spécialisée ou à la fac… tout ce que je sais c’est que tu révises…

-  Ah c’est ça ! lança Shouhei visiblement soulagé.

Ichigo bascula sur le côté et s’allongea en partie sur son lit, son regard se fit lointain.

-  Tu sais, j’ai pas mal réfléchit…

-  Je vois ça.

-  Ne te moque pas Shouhei, je te parle sérieusement… Tu sais que… enfin… balbutia Ichigo mal à l’aise à nouveau.

Elle toussa à nouveau et reprit le fil de sa conversation, bien décidé à aller jusqu’au bout de ses idées. Après tout, Shouhei semblait se tromper totalement à son sujet.

¾  Nous n’avons fait aucun projet d’avenir. En fait, je ne sais même pas ce que je veux faire moi-même… tout ce que je souhaitais avant me paraît impossible à réaliser à présent et en fait, je ne sais toujours pas ce que je veux devenir plus tard. Je me suis rendue compte qu’avant j’avais un petit appart’ et que je me sens mieux chez mon père, mais que je voudrais à présent partir à nouveau… mais pas sans toi. Mais je ne sais pas ce que tu veux faire alors… alors j’ai l’impression de tourner en rond. Et puis, je ne sais pas si tu veux vivre avec moi ou…

-  Bon sang Ichigo ! Mais pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant au lieu de me le dire au téléphone ?

¾  Je n’y ai pas pensé avant figure toi ! Je viens juste de m’en apercevoir !

Ichigo s’était redressée et son froncement de sourcil s’accentua encore.

¾  Je ne sais pas comment dire cela Shouhei ! J’ai comme l’impression de sortir d’un cauchemar ou d’un rêve éveillé. Et puis… et puis lorsque j’étais avec Grimmjow, il réfléchissait pour deux. Il m’imposait tout et je ne suis pas encore habitué à tes silences…

¾  Pfff… je crois qu’on devrait en parler tous les deux de vives voix. Ce n’est pas bien de…

¾  Shouhei ? coupa Ichigo.

¾  Oui ?

¾  Est-ce que tu envisageais l’avenir avec moi ? Je veux dire… tu m’aurais abandonné à la fin du lycée ?

¾  T’es folle ? Bien sûr que non ! Écoute Ichigo… depuis que nous sortons ensemble, mon avenir je le voyais avec toi, même si j’avais certains doutes. Je n’ai pas osé t’en parler avant, parce que… parce que je t’imaginais toujours amoureuse de Grimmjow…

¾  Mais je…

¾  Laisse-moi finir Ichigo ! coupa Shouhei brusquement. Lorsque tu m’as rejeté cette fameuse nuit, j’ai pensé que tu préférais les caresses de Grimmjow et ça m’a fait mal. Je ne savais plus quoi penser. J’ai envie de toi, ça c’est sûr et avec ce que tu m’as dit tout à l’heure, et bien…

Ichigo eut l’impression de voir un sourire niais s’afficher sur les traits d’Hisagi, tellement le son de sa voix paraissait animée. Un rougissement monta à ses joues.

¾  Je t’aime plus encore ! Nous pourrions nous voir ce soir si tu le veux ou demain soir… au café habituel.

Une certaine chaleur se propagea dans le corps d’Ichigo en entendant la proposition de Shouhei. C’est le cœur battant et les mains moites qu’Ichigo se décida pour le soir même.

¾  C’est dans la police…

¾  Pardon ? s’étonna Ichigo qui ne comprenait pas le sujet de la phrase.

¾  Je rentre à l’académie de police Ichi… et mes révisions, c’est surtout du sport, parce que je vais en avoir beaucoup.

¾  Oh…d’accord.

¾  À tout à l’heure Ichigo. 

La jeune fille resta un long moment à regarder son portable. Elle n’avait jamais parlé aussi longtemps, et de choses aussi intimes avec qui que ce soit. Se souvenant de sa déclaration, elle porta les mains à son visage. Et dire qu’elle allait le voir le soir même. Quelle horreur ! Que devrait-elle lui dire ? Pourquoi devait-elle toujours s’emballer comme ça ? Bon elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui téléphone direct.

Maintenant, elle devait passer sa garde robe en revu. Elle avait rendez-vous ce soir… Rien que d’y songer, elle se tordit le pied et manqua de tomber. Jurant entre ses dents, elle ouvrit son placard de mauvaise humeur.

 

°°0o0°°

 

C’est accompagné d’Isshin qu’Ichigo arriva à son rendez-vous. Son père ne voulait pas la laisser seule. Jamais elle n’avait eu aussi honte de toute sa vie ! Malgré ses cris de protestations, ses menaces, sa tentative pour l’enfermer dans sa clinique, Isshin avait résisté et maintenant la voiture longeait le trottoir du centre ville.

¾  Tu ne sors pas de la voiture ! menaça Ichigo au bord de la crise de nerf.

¾  J’ai bien le droit de lui parler ?

¾  Non ! Et là, je suis sérieuse… Sort un seul orteil de cette voiture et t’es mort !

¾  On ne menace pas son père ! Tenta de sermonner Isshin.

¾  T’es pas censé être là à mon rendez-vous ! Tu vas me torpiller ma soirée…

¾  Il est tard et va-t-il te ramener ?

¾  Il le fait toujours ! Maintenant laisse-moi…

Ichigo ouvrit la porte brusquement et jaillit du véhicule, plus qu’elle n’en sortie. Elle claqua avec violence la portière toujours furieuse. De nombreux passants se retournèrent étonnés. Se reprenant, Ichigo s’éloigna en ayant l’air le plus naturel du monde. Elle croisa ses yeux noirs. Son cœur cessa de battre.

C’était son imagination, ou Shouhei avait fait un effort vestimentaire un peu plus important qu’a son habitude ? Elle traversa le trottoir sans faire attention à ce qui l’entourait, seul Shouhei était important, d’ailleurs, lui aussi s’avançait sans la quitter des yeux. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Pourquoi était-elle dans tous ses états comme ça ?

Prenant son courage à deux mains, elle se leva sur la pointe des pieds et embrassa directement Shouhei. Quelque chose de spécial se passait et elle se contrefichait d’être dans la rue…

Shouhei ne ressentit pas vraiment de surprise, en fait, il était subjugué et avait l’esprit totalement ailleurs depuis le coup de fil plus tôt d’Ichigo. Son air niais n’avait pas dû le quitter le reste de l’après-midi. Qu’importe ! Il était resté un temps interminable à choisir ses fringues. Depuis qu’Ichigo lui avait avoué qu’elle était vierge alors qu’il pensait que Grimmjow et elle étaient passés à l’acte depuis longtemps, l’avait rendu fou de bonheur, jamais elle ne pourrait le comparer à son ancien ami… et elle n’appartiendrait qu’à lui !

De plus l’entendre parler d’avenir… Le baiser que lui donnait Ichigo le fit loucher. Comme ça en pleine rue ? Puis se reprenant et oubliant où il se trouvait, il lui rendit son baiser. Il se recula pourtant à contre cœur.

Ichigo devint rouge comme une pivoine sous le regard bien trop perçant et brillant d’Hisagi. Elle balbutia mal à l’aise.

¾  Euh… et si nous… nous y allions. J’crois qu’on est le centre de l’attention.

Nerveusement, la jeune fille observa les alentours et rencontra plusieurs regards désapprobateurs.

¾  Je m’en fiche.

Surprise, Ichigo leva les yeux vers Hisagi qui la dévisageait tout sourire. Elle qui pensait connaître l’un des plus discrets membres de l’ancienne bande à Grimmjow, elle en resta sidérée.

¾  Viens, on a des choses à se dire… souriait toujours Shouhei.

Ils marchèrent côte à côte, le dos de leurs mains s’effleurait. Ichigo voyant qu’il ne tenterait rien, parce que malgré tout Shouhei resterait toujours Shouhei, elle glissa sa main dans la sienne et la pressa doucement. Glissant un regard vers lui, elle lui adressa un regard complice. Shouhei s’ébouriffa les cheveux feignant la décontraction, mais Ichigo avait vu le léger rougissement de ses joues.

Installé devant « leur » table, ils s’observaient comme s’ils se voyaient pour la première fois. L’atmosphère était étrange entre eux… un mélange d’étonnement devant les sentiments identiques qu’ils éprouvaient, de l’émerveillement aussi… tout comme de l’appréhension devant l’inconnu qui se dressait brutalement devant eux. Plus rien ne serait pareil pour eux, ils le comprenaient enfin. Se fut la serveuse qui les tira de leur contemplation commune.

¾  Hum… excusez-moi… commença cette dernière pour attirer leur attention. Qu’est-ce que vous prenez ?

Ichigo leva les yeux vers elle, en clignant des yeux.

¾  Un coke pour moi, répondit plus promptement Hisagi.

¾  La même chose…

Se tournant à nouveau vers Shouhei, Ichigo l’observa de nouveau avec attention.

¾  J’ai quelque chose sur la figure ? s’inquiéta le jeune homme.

¾  Non… pourquoi tu poses cette question ?

¾  Je ne sais pas, tu me regardes si… bizarrement.

Un sourire se forma sur les lèvres de l’adolescente qui voulu se reculer sur son siège. Shouhei intercepta son poignet l’obligeant à rester appuyer contre la table.

¾  Ne fuis pas…

¾  Ton regard doit-être aussi bizarre que le mien, marmonna Ichigo gênée.

¾  Vos consommations.

Surpris, les deux jeunes gens levèrent les yeux vers la serveuse. Hisagi lâcha le poignet d’Ichigo. Chacun prit son verre et un silence embarrassé pris place. Ichigo après avoir bu une première gorgée, se lança.

¾  Alors comme ça, tu rentres à l’Académie de police ?

¾  J’ai reçu ma feuille d’intégration, hier.

¾  Oh…

Imaginer un Shouhei Hisagi en uniforme, émoustilla Ichigo. Si quelque chose devait aller comme un gant à Shouhei, c’était bien l’uniforme. Mais cela voulait dire aussi la capitale… et donc, ils se verraient beaucoup moins.

¾  Je ne pense pas pouvoir revenir régulièrement à Karakura.

¾  Pourquoi ne reprends-tu pas l’affaire de ton père ?

Hisagi se rejeta en arrière et se gratta la tête, pensif.

¾  J’y ai réfléchi longuement, et franchement je ne m’imagine pas faire son métier. C’est très technique et moi, je préfère l’action à rester assis derrière un bureau.

En entendant cela Ichigo sourit. Elle demanda moqueuse.

¾  Pourquoi ? En tant que flic tu ne passeras pas ton temps derrière ton bureau ?

¾  Moins de temps que lui… répondit Shouhei légèrement contrarié qu’Ichigo le raille.

Voyant que son interlocuteur se renfrognait, Ichigo remarqua sa maladresse. Apparemment, cela lui tenait très à cœur.

¾  Quelque part, ça t’irait bien ce genre de métier… je t’imagine très bien d’ailleurs.

¾  C’est vrai ? s’étonna Shouhei.

Il se sentit rougir devant le regard plein d’admiration d’Ichigo. Son sourire n’avait plus rien de taquin. Il se racla la gorge mal à l’aise. Finalement, le sérieux de la conversation le mis mal à l’aise. Le froncement soudain de sourcil de son vis-à-vis, lui fit craindre le pire.

¾  Mais cela te contrarie ? demanda-t-il inquiet.

Ichigo secoua la tête.

¾  C’est stupide, je le sais bien. Nous ne vivons pas 24h/24 ensemble, mais l’idée que tu partes aussi loin, ne me fait pas plaisir.

Éclatant de rire devant son égoïsme, elle reprit en marmonnant.

¾  Tu vois, je sais que tu es toujours là… pas loin. C’est complètement idiot, je le sais… mais… mais l’idée que tu sois si loin me fait peur.

Shouhei plissa les yeux. Ichigo évitait son regard depuis quelques secondes. Son verre paraissait beaucoup plus intéressant. Ce n’était plus l’Ichigo qu’il connaissait auparavant. Avant qu’elle ne cache ses mains sous la table, il en entrevit leurs tremblements.

¾  Ichigo… je ne t’ai jamais posé de questions, mais là… Ichi…

L’utilisation de son surnom, lui fit lever les yeux vers Shouhei. Ce qu’elle redoutait arriva.

¾  Que s’est-il passé avec Grimmjow ?

¾  Qu’est-ce que tu veux dire ?

¾  Tu n’étais pas si craintive avant…

Le teint de la rousse devint livide. Les images défilaient devant ses yeux, sans qu’elle puisse arrêter le film. La colère et la souffrance qui l’avaient saisit ce jour là, revenait avec force. Détournant les yeux pour éviter qu’il ne voit la fêlure graver dans son âme, Ichigo eut soudain envie de sortir. D’oublier. Comment avouer à Shouhei qu’elle avait perdu toute confiance aux autres et en elle ? Qu’elle se sentait le besoin d’être constamment rassurée sur les sentiments qu’on lui portait… que la distance pouvait tuer les sentiments mêmes les plus fort.

¾  On sort !

Surprise, elle se tourna vers Shouhei qui s’était déjà levé. Sans un mot, elle le suivit et le dos large de Grimmjow se superposa à celui de Shouhei. Mais lorsque ce dernier se tourna vers elle, son expression était soucieuse et sérieuse, pas moqueuse et carnassière.

Une fois à l’extérieur, Ichigo respira beaucoup mieux. Un poids quitta sa poitrine.

¾  Viens on va marcher…

¾  Pour aller où ? demanda Ichigo curieuse.

¾  Comme ça… on n’a pas besoin de but.

D’abord inquiète, l’adolescente respira beaucoup mieux au fil des minutes qui passaient. Shouhei s’arrêtait devant les vitrines de jeux vidéo et de mangas. Bientôt, ils échangèrent à bâton rompu comme un an plus tôt… comme si rien ne s’était produit entre temps. Ichigo qui trainait dans une boutique indécise sur quel model de pull choisir, fut surprise en voyant Shouhei visiblement très ému.

¾  Tu as vu un fantôme Hisagi-sempai ? se moqua Ichigo.

¾  Non…

¾  Eh bien tu en as tout l’air !

Quelques minutes plus tard, ils marchaient à nouveau côte à côte. Ichigo observa le ciel devenu sombre depuis longtemps. Bientôt, ils devraient rentrer… bientôt, Ichigo se retrouverai coincée avec certaines angoisses… comme celle de perdre Shouhei qui partirait au loin sans elle, dans pas si longtemps que cela.

Voyant une petite rue sombre à quelques pas, Ichigo poussa Hisagi à l’intérieur lorsqu’ils furent à sa hauteur. Shouhei protesta mécontent.

¾  Hey ! Qu’est ce qui te prend Ichigo ?

¾  Tais-toi ! Je… je ne sais pas moi-même mais…

Et avant que ses forces ne l’abandonnent, Ichigo embrassa à nouveau le si sage Shouhei Hisagi. Peut-être était-elle trop entreprenante pour une fille ? Mais ce n’était pas comme si son ami ne connaissait pas cette facette de sa personnalité. Agir avant de réfléchir… si elle le faisait de toute façon, il ne se passerait jamais rien, se défendit-elle mentalement.

Même si Shouhei n’entreprenait rien, il réagissait au quart de tour, et l’enlaça avec passion.

S’accrochant à la nuque de son petit ami, comme une noyée, Ichigo ne voulait plus le laisser partir. Pour la première fois, Hisagi approfondit le baiser cherchant fiévreusement la langue de sa partenaire. Ichigo sentait les mains larges d’Hisagi l’envelopper avec douceur, alors que sa bouche la dévorait. Quel contraste.

Une certaine chaleur l’envahit dans le creux de ses reins. Son sang circulait beaucoup plus vite, les battements de son cœur violents, lui donnait à penser qu’il cherchait à quitter sa poitrine. Une étrange sensation la parcourue, lui faisant perdre la tête. Elle avait faim… faim d’Hisagi Shouhei. Combien de temps s’embrassèrent-ils à en perdre haleine Ichigo n’en sut rien… mais son sexe qui se gonflait à son entrejambe ne la trompait pas…

Ichigo eut un blanc. Passant sa main entre leurs corps, elle posa sa main sur son aine et constata avec horreur…

Shouhei avait sursauter en sentant une main serpenter entre eux, et avait cru qu’Ichigo cherchait à caresser son sexe, mais pourquoi s’était-elle toucher à la place ? Il n’eut pas le temps de poser de questions, une violente secousse le projeta en arrière, le faisant percuter le mur. Sa tête rencontra sans douceur la paroi verticale, produisant un bruit sec.

Courant à perdre haleine, Ichigo se faufila dans la foule, cherchant à s’échapper le plus loin possible. Ses chaussures à présent trop petites la faisaient atrocement souffrir. Il lui fallait que son père vienne la chercher ! Elle serait en sécurité dans sa chambre… Se cachant dans les toilettes publiques, la rousse composa le numéro d’Isshin. Une de ses mains tenaient son entrejambe confirmant un peu plus le cauchemar qu’elle vivait. Mais lorsque sa voix rauque et grave raisonna à ses oreilles, elle crut défaillir. Elle ne put que souffler.

-  Papa… vient me chercher… je t’en prie.

Un sanglot franchit ses lèvres, alors qu’elle se rappelait le regard incrédule de Shouhei. L’avait-il vu ? La honte la submergea à nouveau… elle était redevenue un homme.

 

 

 

Chapitre 16

Et voici un nouveau chapitre. Cette fan-fiction est terminée à présent (enfin !)

C’est étrange, elle fait partie de celles pour laquelle je n’éprouve pas un attachement émotionnel particulier. J’ai adoré disséqué les émotions, les événements, poursuivre mes idées même les plus saugrenues, me raccrocher aux branches (souvent, lol) mais toujours avec le souci du « possible ». J’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire et à la terminer (on se demande pourquoi :p).

Je vais me plonger dans une originale à présent… (Publier sur le site en partie, voir explication pour « le vent brûlant de l’hivers sur le sommaire), et ensuite je reprends une histoire, je verrai bien laquelle… peut-être une sur le point de se finir pour dire « d’alléger » mon tableau de suivi XD.

Quoiqu’il en soit, bonne lecture à tous…

 

°°0o0°°

 

Enterrée sous ses couettes, Ichigo refusait de se nourrir et de sortir de sa chambre. Elle évitait les miroirs lorsqu’elle condescendait à se lever de son lit. Discrètement, Isshin veillait sur sa fille/fils. Cette fois-ci, il semblait qu’elle n’arriverait jamais à se remettre de sa transformation. Il avait appelé le lycée pour excuser l’absence d’Ichigo à nouveau hospitalisée pour une durée indéterminée.

Karin et Yuzu aussi s'alarmaient sérieusement pour leur sœur. Voyant le désarroi d’Ichigo, elles avaient refusé de voir en elle, un homme. Isshin avait dû répondre également à l’inquiétude du petit ami d’Ichigo, mais comment lui expliquer ce qui arrivait à sa fille ? Isshin se souvenait avec une certaine acuité de sa détresse qui ne cessait de répéter « Shouhei m’abandonnera lui aussi… jamais il ne voudra de moi comme ça… je l’aime, je ne pourrai plus le supporter… »

Isshin songeait sérieusement que c’était surtout à cause d’Hisagi qu’Ichigo prenait aussi mal sa nouvelle transformation, et le souvenir amer d’un certain Grimmjow Jaggerjack supposé être amoureux transis d’Ichigo lui effleura la mémoire. L’inquiétude le rongea sérieusement, mais cette fois-ci, il ne voyait pas de solutions au problème.

 

°°0o0°°

 

La sonnerie du lycée retentit et Shouhei se leva rapidement tout en rangeant ses affaires. Il irait directement chez Ichigo, il devait éclaircir cette mystérieuse nouvelle absence. D’autant qu’il en était certain, cela avait un rapport avec leur dernier rendez-vous.

Sur le coup, il avait été très abattu et songeait sérieusement à laisser tomber la jeune fille, mais… après mure réflexion, et en ce repassant la scène sans cesse dans la tête, quelque chose c’était produit. Mais quoi ? Il n’en savait strictement rien.

-  Tu as l’air bien pressé Hisagi.

Shouhei leva les yeux vers Renji, Izuru et Ulquiorra.

-  Je vais voir Ichigo ce soir.

Renji se gratta le sommet de son crâne et pris une expression fataliste. Une lueur de pitié brillait dans son regard, lorsqu’il se posa sur Hisagi. Ce dernier lui rendit un regard noir.

-  Cela te pose un problème ?

-  Ne t’énerve pas Hisagi, répondit Renji en levant les mains en signe d’apaisement. Mais tu sais, comme je te l’avais dit au début, tu risques vite de le regretter.

- Ah ouaih ? Depuis quand t’as des aptitudes en psychologie ?

Shouhei traversa la salle, suivi de ses amis soucieux de la tournure de la relation du jeune homme.

-  Je dis ça pour ton bien Hisagi.

-  Balaye devant ta porte Renji, je crois que tu as aussi quelques difficultés en ce moment. Alors laisse-moi tranquille avec tes conseils, je crois que t’es pas le meilleur placé. Et puis, Ichigo et moi, cela ne concerne que nous.

-  Tu vas venir à la remise des diplômes la semaine prochaine ? interrogea Uzuru voyant la tournure inattendue des événements.

Hisagi avait complètement zappé la cérémonie. Il haussa les épaules, ce n’était pas le plus urgent pour lui actuellement.

-  Je pense que j’y serai. J’essaierai de faire venir Kurosaki ! dit-il très déterminé. Bon à plus tard.

-  Tu nous tiendras au courant pour Ichigo ?

Chad s’était joint à eux silencieusement. Hisagi dévisagea un instant la montagne de muscle et sachant que ce dernier se souciait plus que les autres du sort d’Ichigo, il hocha la tête en signe d’assentiment.

 

°°0o0°°

 

Le trajet avait paru interminable lorsqu’il vit enfin la clinique au loin. En prévision de sa visite chez Ichigo, Hisagi avait pris son VTT et malgré cela, jamais le trajet ne lui avait paru aussi long. Il posa son vélo contre le mur intérieur de l’établissement et se dirigea vers la porte principale, le cœur battant. Et Hisagi soupçonnait son émotion, plus que ses efforts intenses d’en être la cause.

Le jeune homme du appuyer plusieurs fois sur la sonnette pour que l’on daigne lui répondre. Lorsqu’enfin la battant s’entrouvrit, Kurosaki Isshin se tenait imposant dans l’entrebaillement, mais ses épaules paraissaient soulever un lourd fardeau. L’expression profondément mélancolique et préoccupée dans le fond de ses yeux sombres, l’alarma. Le père d’Ichigo parut surpris de le voir.

-  Je suis Hisagi Shouhei, et je suis le petit ami d’Ichigo. J’aimerai lui rendre visite… la voir…

-  Je regrette, elle n’est pas visible pour le moment.

Hisagi s’attendait à ce genre de phrase, mais pas à un ton aussi catégorique. Déjà au téléphone, Kurosaki ne semblait pas près de lui donner des informations, mais là, il ne se contenterait pas de cette soi-disant explication devant pareil spectacle.

-  Je veux la voir ! S’il faut je camperai devant cette porte jusqu’à ce que vous acceptiez. Cette maladie n’est qu’imaginaire, n’est-ce-pas ? bluffa Hisagi pour connaître la vérité.

-  Je ne vois pas pour…

-  Elle a changé brutalement de comportement lors de notre rendez-vous et je sais que quelque chose s’est produit. Cela n’a rien à voir avec une quelconque maladie. Je veux savoir pourquoi elle refuse de me voir.

-  Petit, tu te fais des idées, marmonna Isshin en voulant fermer la porte.

Le pied d’Hisagi bloqua la fermeture du ventail.

-  Regardez moi au moins quand vous me parlez ! souffla Hisagi cette fois-ci en colère. Son cœur battait à tout rompre de paraître si irrespectueux. Je suis très inquiet pour Ichigo. Je me pose un tas de questions et les seules explications que j’ai obtenues de votre part, c’est qu’elle est hospitalisée ici. Mais de quoi souffre-t-elle ? Je n’en sais rien… Je ne sais même pas si c’est grave ou pas… mais je pense également que ça l’est suffisamment pour la soustraire au lycée. Je me suis larguer ! Je ne sais même pas quand je pourrai la revoir… Je n’ai pas envie qu’elle disparaisse comme l’année dernière. Je ne pourrai pas…

Hisagi repris son souffle. Son regard se fit plus sombre, il voulait tellement, savoir, la revoir. Pourquoi Ichigo se cachait-elle de lui ? Il teindrait sa promesse, celle de ne jamais l’abandonner !

Isshin scruta le visage du jeune homme devant lui. Une lueur d’espoir se fraya un chemin dans son cœur. Peut-être qu’il pourrait sortir Ichigo de son isolement ? Il fuirait certainement devant la terrible évidence… mais, s’il ne faisait rien… cet Hisagi Shouhei était son seul espoir.  

Il ne pouvait pas fermer la porte à ce garçon. Se reculant et ouvrant la porte d’entrée de manière plus large, il invita le petit ami d’Ichigo à entrer et se fit plus aimable.

-  Entre ! Mais d’abord, je dois te parler. Je ne suis pas certain que tu veuilles la voir ensuite. Mais Ichigo se laisse mourir à petit feu et ça je ne peux plus laisser faire. Tu es en quelque sorte mon seul espoir, mon garçon.

En entendant cela Shouhei eut peur. Que se passait-il donc ? En était-il la cause ? La gorge de Shouhei se serra. Il aurait aimé boire quelque chose pour le coup. Il entra dans la salle de séjour, où Isshin le pria de prendre une chaise. Son expression était grave, il paraissait encore plus épuisé soudain.

-  Ce que je vais te dire, te semblera à peine croyable… en fait, je pense que tu n’y croiras pas du tout… et pourtant…

Kurosaki parut réfléchir. Shouhei aurait aimé le presser, le mystère épaississait et devenait insoutenable.

-  Il faut que je remonte en arrière… à l’époque où Grimmjow et Ichigo étaient encore amis.

Shouhei serra les dents, mais il resta silencieux au pris d’un grand effort tout de même. Ses mains se posèrent sur ses cuisses pour éviter de montrer leurs soudaines crispations. Isshin passa une main brièvement sur son visage et sembla soudainement se jeter à l’eau.

- Je ne sais pas si tu es au courant, mais Grimmjow avait émis un jour le souhait qu’Ichigo devienne un homme ?

Shouhei réfléchit rapidement. Grimmjow avait toujours des idées tordues, il était fort probable qu’il ait pu faire ce genre de souhait. Il se contenta d’hocher la tête, ne voyant pas bien le rapport avec la maladie d’Ichigo.

-  La première fois qu’Ichigo avait disparu, c’est parce que ce veux s’était réalisé. Elle était devenu un homme… et si aujourd’hui elle se cache, c’est parce qu’elle est redevenue un homme. Elle a tellement peur de ton regard qu’elle refuse de manger, de sortir de sa chambre… son seul souhait est de se laisser mourir je crois bien.

Le rire, l’incrédulité, la stupeur se succédaient sur le visage de Shouhei. C’était impossible ! Jamais il n’avait entendu pareille stupidité de toute son existence. La bonne blague ! Shouhei faillit éclater de rire, si ce n’était l’air profondément malheureux de Kurosaki.

-  Grimmjow ne l’aurait pas laissé partir si elle avait été un homme…, contre attaqua Hisagi toujours incrédule devant le prétexte bidon.

-  Il l’a fait ! rétorqua Isshin agacé. Et pour vivre un ménage à trois, termina-t-il amer. Ichigo les a surpris alors qu’ils s’adonnaient à une partie de jambes en l’air, soyons cru, mais parlons bien, termina-t-il écoeuré par le comportement de Grimmjow vis-à-vis de sa fille.

Il se tordit les mains, un soupir de lassitude franchit ses lèvres.

- Ichigo lui a démolit le portrait et lui ne l’a pas épargné parce la rage l’aveuglait. Grimmjow m’a avoué qu’elle était sur le point de le tuer, et qu’il a du lui rendre coup pour coup pour essayer de la raisonner. Ichigo a fini à l’hôpital avec de multiples fractures… et elle était redevenue elle même. Nous pensions sincèrement qu’elle ne revivrait pas cette aventure. Lorsqu’elle m’a téléphoné le soir de votre rendez-vous pour la récupérer, elle n’a cessé de pleurer.

-  Si je comprends bien… ce n’est plus « elle » mais « il » actuellement ? chuchota Shouhei toujours dubitatif.

Isshin hocha la tête. Son regard se fit soudain plus perçant, scrutant le visage d’Hisagi comme s’il essayait de le sonder. Ce dernier ne savait plus trop quoi penser. Le père d’Ichigo était fou, ou pas loin.

-  Pourrais-je la voir ? Enfin… le voir ?

Shouhei doutait fortement que tout ce qu’il venait d’entendre soit la vérité. Il suivit Isshin en silence. Son cœur battait très fort arrivé devant la porte marqué d’un 15. Kurosaki quitta les lieux, le laissant seul. Isshin se réfugia en bas des escaliers, et Yuzu et Karin réfugiées jusque là dans la cuisine, vinrent le rejoindre.

Shouhei qui se trouvait seul à présent, fut étonné par ce comportement. En fait, les explications, l’attitude et le contexte tout le déstabilisait. Il frappa à la porte doucement. Aucune réponse. Shouhei toqua plus fort. Il osa un :

-  Ichigo c’est moi.

Seul le silence lui répondit. Cela ne ressemblait pas à la jeune fille. Il posa ses mains à plats sur la porte, comme s’il pouvait espérer ressentir sa chaleur. Cette fois-ci, il était fou d’inquiétude.

-  Ichigo répond-moi ! N’aie pas peur… c’est moi Shouhei.

La quiétude du couloir tranchait avec les émotions violentes qui tourbillonnaient à l’intérieur du jeune homme. Le bruit sourd des coups se fit plus insistant contre le ventail fermé. Cette barrière ne devait pas exister et Shouhei ne se sentait pas l’audace de franchir le seuil sans la permission d’Ichigo. Les images de cette dernière lui effleurèrent l’esprit.

Détrempée dans le couloir de sa maison, jolie comme un cœur à leur dernier rendez-vous, souriante, renfrognée, taquine, rêveuse, volontaire, bagarreuse, réfléchit… tout en elle était imprévisible et intrépide. En y songeant, Ichigo avait entreprit tous les premiers pas sans ce soucier des conséquences. Elle avait un courage qu’il n’avait pas.

Il se souvint également de ses nombreux moments de détresse. Était-ce pour cela qu’elle était devenue si fragile ? Cela expliquerait bien des choses. Si elle était devenue un homme, pourrait-il le supporter ? Pourrait-il seulement la regarder ? Shouhei se mit à parler, alors qu’il s’asseyait sur le sol.

- Tu sais Ichigo… ton père m’a tout expliqué. Et comme je te l’ai promis, je suis là. Rien ne changera entre nous. Bon, il me faudra un peu de temps pour m’habituer, je crois que c’est normal… mais tu vois, j’ai envisagé de ne plus te voir pour le restant de mes jours, et tu sais quoi ? J’ai pensé à la fois où tu avais quitté Karakura l’année dernière avec Grimmjow. Tu ne me croiras pas, mais j’étais devenu une loque. J’ai cru que tout s’effondrait et là, à l’instant… la même sensation est revenue. Je ne peux pas… je ne peux pas vivre sans toi. Dès la première année de collège, j’étais tombé amoureux de toi. Je m’étais toujours dit qu’un jour où l’autre, mes sentiments s’envoleraient. Je suis sortie avec un tas de filles… il y en a même pour certaines où j’ai ressentis un petit quelque chose… mais ça n’a jamais été ce que j’éprouvais pour toi. Ichigo… ne me laisse pas derrière cette porte.

Il reprit sa respiration. Soudain, il prit conscience de ses paroles et la conclusion s’imposa à lui.

-  Que tu sois une femme ou un homme, je m’en fou… mais ne me laisse plus jamais seul, Ichi… Je sais que…

Le battant s’entrebâilla enfin, faisant taire Shouhei. Il croisa un œil couleur d’ambre cerné de noir. Le désespoir qu’il lu à l’intérieur lui fit mal. Une voix rauque se fit entendre. Il tendit l’oreille, les paroles étaient chuchotées.

-  Ne raconte pas n’importe quoi… pourrais-tu tenir un homme dans tes bras ? l’embrasser ? Lui faire l’amour ? Lui dire ne serait-ce que des mots d’amour ? Même si j’ai cette apparence… même si je suis devenue un homme… moi à l’intérieur, je suis toujours Ichigo. Tu comprends ? Si tu… si tu me rejettes comme Grimmjow, je crois que j’en mourrai Shouhei.

-  Viens…

Hisagi tendit une main vers Ichigo. Il la vit baisser les yeux vers la main qu’il lui tendait. Même sans pouvoir voir son visage, il sentait bien l’hésitation. Il s’approcha doucement en glissant sur le parquet.

- Comment pourrais-je te prouver que je ne mens pas, s’il y a une porte entre nous ? Comment pourrais-je savoir moi-même si je pourrai t’embrasser, ou te tenir dans mes bras, si tu ne me laisses pas approcher ?

Le silence lui répondit à nouveau. Une nouvelle fois, l’indécision semblait prévaloir. Shouhei s’assit en seiza et fixa le battant gravement. Jamais il n’avait vu Ichigo hésiter ! Cela lui était insupportable.

-  Si ce n’est pas toi qui viens me chercher, alors laisse-moi entrer. Si cela est au-dessus de tes forces, ferme ta porte à clef.

Laissant quelques secondes à la jeune fille le temps d’intégrer ses paroles, il prit son courage à deux mains et poussa d’une main le battant entrebâillé. Aucune résistance ne s’offrit à lui. Lorsque la porte se fut suffisamment écartée, il vit Ichigo assise elle-même en seiza. Enfin… il était assis en seiza. Sans contestation possible, l’Ichigo qui se trouvait en face de lui était un homme. L’expression de gêne et de peur mélangée qui se lisait sur ses traits, l’ému. Il franchit sans hésiter une seule seconde l’espace qui les séparait et le serra contre lui.

Le corps d’Ichigo tremblait et était incontestablement masculin.

-  Shouhei… Shouhei… t’es qu’un imbécile…

-  Et alors ? C’est bien pour ça que tu m’aimes, idiote !

Un sanglot lui répondit. La minceur d’Ichigo l’affola, mais il ne voulait pas la repousser en connaissant son état de faiblesse. Comment allait-il faire à présent ? Ce fut lui qui le repoussa en premier.

Le visage était tendu et bien trop mince. Ses joues se creusaient.

-  Tu n’es pas obligé de rester avec moi par pitié Shouhei. Si tu veux que nous restions simple ami, ça me suffira. Qu’est-ce que je peux escompter d’autre ?

-  T’es vraiment qu’une idiote ! marmonna Shouhei. Tu veux quelle preuve ? Quelle preuve serait suffisante pour que tu me croies ? Et Ichigo…

Ichigo leva les yeux vers lui interrogatif. Dans un mouvement imprévisible, Shouhei se pencha et embrassa Ichigo qui loucha pour le regarder. Lui ferma les yeux. Le goût des lèvres de l’adolescent était identique à celui de l’adolescente. En fait, s’il fermait les yeux, il s’agissait toujours de la même personne. Il l’enlaça, tout en se redressant… là, il se rendit compte que les formes rondes et douces de la jeune fille avaient fait place à un corps ferme, plus musculeux et bien trop plat à son goût. Mais la même émotion l’assaillait dès qu’il embrassait Ichigo, l’échange n’aurait pu ne pas se finir… Il tremblait un peu lui aussi.

Il se recula et dévisagea anxieusement Ichigo. Lui, paraissait abattu. Shouhei eut peur. Et si c’était lui qui n’aimait pas être en contact avec un homme ? Et si Ichigo restait hétéro et se mettait à apprécier les femmes ? Le simple le fait d’y penser le retourna.

-  Ichigo ? Ça va ?

-  Je crois… je crois que je ne me sens pas très bien…

Hisagi sentit le corps s’abandonner contre lui.

-  Ichigo ?

Aucune réponse. Il s’affola.

-  Ichigo ? Hey Ichi… qu’est-ce que tu as ?

-  Laisse-moi voir mon garçon…

Surpris, Shouhei vit le père d’Ichigo à côté de lui. Il se saisit de son fils… enfin fille comme s’il s’agissait d’une feuille. Il l’ausculta avec soin pour se tourner vers l’adolescent très inquiet.

-  Elle est à bout de force… et je crois que d’entendre toutes tes paroles, lui ont fait relâcher toute la tension qu’elle accumulait. Nous allons la laisser dormir. Je vais lui poser une perfusion, je crois qu’à présent elle l’acceptera.

-  Je… je peux rester ici ? demanda Shouhei près à en découdre.

Il fallait qu’il ait sa réponse. Est-ce qu’Ichigo allait préférer les femmes ? C’était idiot, mais envisageable… après tout, avait-on déjà vu la transformation spontanée d’une fille en mec ? Quoiqu’il en soit, lui n’avait plus aucun doute… homme ou femme, Ichigo resterait Ichigo à ses yeux. Bon, il devrait s’accommoder de certaines choses, mais cela ne devait pas être si insurmontable. Tout plutôt qu’elle lui échappe une nouvelle fois !

 

°°0o0°°

 

Son portable en main, marchant en rond depuis quelques minutes pour trouver les mots, Shouhei finit par composer le numéro de Grimmjow. Il avait eu une discussion un peu plus poussée avec Kurosaki-san et pour lui, il n’y avait qu’un seul coupable. La colère le submergea lorsqu’il entendit la voix reconnaissable de son ancien « chef ».

-  C’est de ta faute ? questionna d’emblé Hisagi oubliant tout son baratin.

-  Hisagi ?

Grimmjow paraissait complètement abasourdis.

-  Oui, c’est moi… C’est de ta faute ?

-  De quoi tu me parles ? Attends ! Tu me téléphones com…

- Ichigo est redevenue un homme, c’est de ta faute ?

- Pardon ?

- Tu m’as bien entendu salaud… Je suis sûr que c’est de ta faute. Tu as l’esprit tellement tordu.

Un formidable éclat de rire se fit entendre de l’autre côté du fil.

-  Mort de rire… hoqueta Grimmjow. Ainsi mon souhait c’est à nouveau réaliser ?

-  Ton souhait ?

-  Je vous ai vu, toi et Ichigo il y a quelques temps… vous sembliez si bien vous entendre tous les deux. Vous êtiez toujours à me critiquer parce que j’étais incapable d’avoir une relation avec Ichigo parce qu’elle n’était pas de mon bord, alors que j’en étais vraiment amoureux… maintenant tu sauras ce que c’est de vivre avec cette torture de ne pas pouvoir avoir de relation avec la personne que tu aimes. Tu seras par quoi je suis passé… On verra si tu arriveras à surmonter ça ! Vous êtes tous si malins avec vos airs honnêtes, maintenant nous verrons bien qui est le plus malin. Oui, j’ai émis le souhait que lorsque vous seriez prêt à passer à l’acte, que vous soyez vraiment amoureux l’un de l’autre, elle redevienne un homme ! Tu vas la larguer ?

Devant tant d’amertume et de bêtises, Hisagi en resta pantois. Il se reprit et répliqua sereinement.

-  Tu te trompes Grimmjow.

-  En quoi ?

-  Qu’Ichigo soit une femme ou un homme… pour moi, cela importe peu. Ichigo est Ichigo. Je reste à ses côtés… mais écoute-moi bien Grimmjow, parce que moi c’est une promesse que je te fais… Si tu croises ma route, je te casse la gueule et c’est toi qui finiras à l’hôpital ! T’es vraiment qu’une enflure !

Shouhei coupa la conversation et ferma son portable. Il ferma les yeux… mais comment avait-il pu rester sous les ordres d’un gars pareil ? Comment pouvait-on jouer avec les gens de la sorte ? Un test ? Bah… il verrait bien au fil du temps. Par contre, ses parents il n’était pas sûr qu’ils le prennent aussi bien. Et que dirait-il aux autres ? Bon, il verrait vraiment plus tard. Une chose à la fois. Déjà conquérir Ichigo version masculine… la migraine le prit. Pourquoi sa vie devait-elle toujours se compliquer de manière si imprévue ?

 

°°0o0°°

 

Ichigo se réveilla en sursaut. Elle se sentait très faible et quelque chose la perturbait, mais quoi ? Elle se souvint ! Elle vérifia et se crispa en sentant sous ses doigts « la chose » entre ses jambes. Ce n’était pas un cauchemar. Se levant lentement, elle remarqua soudain d’une touffe de cheveux ébène en appuis contre son matelas. Shouhei ? Que faisait-il ici ?

Et tout lui revint en mémoire… Shouhei l’aimait réellement. Que tu sois un homme ou femme, je m’en fou… Ses paroles lui revinrent tel un boomerang. Ichigo se pencha pour voir le visage endormi. Il paraissait vulnérable et plus jeune ainsi. C’est d’une main hésitante qu’elle osa lui caresser les cheveux ébouriffés. Jamais elle n’aurait cru qu’il puisse l’aimer à ce point, même ainsi. Le souvenir douloureux de Grimmjow lui revint en mémoire. Quel contraste…

-  Oublie-le ! C’est un imbécile et je ne suis pas lui !

Surprise par ses paroles, elle baissa les yeux vers Shouhei qui s’était réveillé sans qu’elle ne s’en rende compte. Il la dévisageait sereinement et avec beaucoup de curiosité. Son premier réflexe aurait dû être de se cacher, mais elle en fut incapable. Au contraire, elle voulait qu’il la voie telle qu’il était à présent. S’il devait la rejeter c’était maintenant… s’ils tardaient, elle aurait trop peur des conséquences.

Lorsqu’il se redressa à sa hauteur, Ichigo ne respira plus. Ses yeux s’écarquillèrent.

- T’as des yeux trop grand pour un mec, et t’es décharné… Je voudrais que tu manges un peu, que je puisse avoir l’impression de tenir quelque chose d’autre qu’un tas d’os.

- C’est un compliment ?

Les doigts de Shouhei repoussèrent les cheveux d’Ichigo, trop long aussi pour un mec.

-  Je les couperai… tenta de le rassurer le roux.

-  Idiote ! Tu fais comme tu le sens.

-  Mais…

-  Ichigo, lorsque je te dis que tu agis comme tu le veux, que tu sois un homme ou une femme, je ferai avec. Ne change pas… sinon, j’aurais l’impression de ne plus aimer la même personne. Déjà le physique, alors si tu changes autre chose… moi je vais plus savoir où j’en suis. Si t’as envie d’avoir les cheveux longs, je ferai avec. Si t’aimes les trucs mignons et t’exclamer comme une fille, ça me fera bizarre au début, parce que t’es franchement viril… mais bon…

Avant qu’il ne termine sa phrase, Ichigo le plaqua contre le matelas et se suspendit au dessus de lui. Shouhei grimaça de douleur. Quelle force ! Déjà lorsqu’elle était une fille, elle était trop forte, mais à présent même décharnée, Ichigo arrivait à le maitriser sans problème.

Le visage était plus anguleux, pourtant cette expression… c’était elle ! Il effleura du bout des doigts sa joue… rugueuse. Il grimaça et évidemment Ichigo se rembrunit.

-  Idiote…

Shouhei attrapa la nuque d’Ichigo et l’obligea à se pencher, il l’embrassa avec toute la fougue dont il put. Sa langue chercha celle de la rousse avec passion. Ichigo fut réticente les premières secondes avant de s’abandonner à l’étreinte. Une douce chaleur se rependit en lui. C’était doux, avait le goût du miel et le faisait fondre. C’était d’autant plus troublant que Shouhei ne lui avait jamais paru aussi proche. Pour la première fois, Ichigo y crut de toutes ses forces.

-  Hum… hum… les jeunes… et si vous veniez manger ?

Surpris Ichigo et Shouhei se tournèrent vers Isshin qui les observaient bienveillant.

- Venez tant que c’est chaud. Je crois que Yuzu serait très déçu si vous ne veniez pas.

-  On arrive, répondit calmement Ichigo gênée d’avoir été surprise dans un moment pareil.

Isshin quitta rapidement les lieux. Shouhei se redressa et tendit une main secourable à Ichigo. Ce dernier se leva à son tour et remarqua enfin son pyjama.

-  Va devant… je vais me changer avant de venir à table.

Une fois seule, Ichigo assuma un peu plus sa nouvelle image. Elle ne se morfondrait plus… C’est le cœur léger qu’elle rejoignit Shouhei et sa famille qui l’attendait soulagée à la vue des nombreux sourires qui l’accueillirent.

 

 

 

Chapitre 17

Rassemblés dans le gymnase de l’établissement, l’ensemble des élèves à quelques exception près se tenaient tous droit comme des I, attendant la fin du discours interminable du major du lycée, suivit par celui du directeur de l’établissement qui leur souhaitait bonne chance.

Hisagi souffla de soulagement lorsqu’enfin, il put bouger. Bientôt entouré de tous ses amis, il rit avec plaisir et gouta peu les plaisanteries un peu douteuses de Renji. Shouhei s’aperçut qu’il ne les verrait bientôt plus, sauf s’ils organisaient une journée spéciale d’anciens élèves. Mais il ne verrait plus certains ou certaines qui étaient soit ses kouhei ou d’une classe différente.

Il s’éloigna au bout d’une heure, après avoir jeté un coup d’œil à sa montre. Ichigo avait dû rejoindre la porte principale de l’établissement. Ils avaient prévu de fêter l’événement en ville, seuls tous les deux. Elle… enfin, il… il allait devoir si faire. Bien qu’il ait très peur en découvrant le visage d’Ichigo, maintenant il agissait comme si elle avait toujours eu cette différence.

Il pensait être seul, et c’est avec un immense sourire qu’il gagna la sortie. Il reconnut au loin l’adolescent qui faisait les cent pas. Ses cheveux étaient toujours longs, mais avec ses vêtements et sa dégaine impossible de le confondre avec Ichigo qu’on aurait pu prendre tout au plus pour une cousine.

Il siffla pour l’interpeller, elle tourna son visage vers lui et son froncement de sourcil se devinait de loin. Que se passait-il encore ? Il remarqua qu’elle observait derrière lui, se tournant Shouhei vit enfin qu’il était suivi par tous ses amis.

Sa gorge s’assécha comme par magie.

-   Tu n’allais pas nous abandonner comme ça Hisagi ! lança Renji un sourire carnassier sur les lèvres.

-   Tu partais voir Ichigo sans nous ?

-   Tu croyais qu’on allait se quitter comme ça ?

-   Nous aussi on veut voir Ichigo…

-   J’ai faim. On va où ?

Ils parlaient tous en même temps et en fait, Shouhei aurait bien fait un geste en direction d’Ichigo pour qu’elle parte devant, il se souvenait trop bien de sa gêne lors de leur dernière discussion sur le sujet de revoir ou non ses anciens amis. Il la rattraperait bien assez vite.

-   Qu’est-ce que t’essayes de nous cacher ? demanda Kiego inquisiteur.

-   La ferme ! répondit Hisagi mal à l’aise.

-   Tu es devenu très cachotier depuis que tu es parti rendre visite à Ichigo, remarqua Nell moqueuse.

-   Je trouve ça louche, confirma Rukia.

-   Pourquoi t’es gêné ? interrogea Uzuru.

-   Je n’ai rien à vous dire. Je crois que j’ai bien mérité de…

-   Tu agis curieusement… Tu ne nous parles presque plus. Je sais bien que tu es amoureux d’Ichigo, mais ça ne veut pas dire qu’on existe plus, déclara sombrement Renji.

-   Pourquoi je te manque à ce point ? ne put s’empêcher d’ironiser Shouhei.

-   Comprend nous Hisagi. Avant nous formions un groupe et nous étions toujours ensemble et depuis ta visite chez Ichigo, tu deviens aussi fantomatique qu’elle alors… Vous ne voulez plus nous voir ?

-   Comment Shouhei pourrait-il vous expliquer ce qui m’arrive actuellement? coupa la voix grave et tranquille d’Ichigo.

Tous se tournèrent d’un bloc vers le « gêneur ». Ichigo subit les regards hostiles du groupe qui ne la reconnaissait pas ou ne voulait pas la reconnaître. Elle devait bien l’avouer, ses vêtements masculins au possible ne permettaient de l’identifier comme une femme, et puis… sa carrure et son attitude ne ressemblaient à rien à sa version fille. Elle retira ses lunettes de soleil et fixa tous ses anciens amis un à un. Peu à peu la stupeur s’installa dans la cour. Un brouhaha envahit les lieux et tous parlèrent en même temps. Hisagi quant à lui, s’était approché d’Ichigo et l’observait inquiet. Avait-elle bien fait d’agir ainsi… elle était si impulsive parfois que cela lui jouait des tours.

Elle… enfin, il se tenait là. Bien droit sur ses jambes, une main posée sur la taille et l’autre pendant le long de son corps. Ses yeux exprimaient le défit. Le cœur de Shouhei fit une pirouette dans sa poitrine. C’est ce qu’il aimait en elle/lui. Ichigo lui avait dit qu’elle ne se ferait pas remarquer en se comportant comme une fille, mais qu’elle ne changerait pas de caractère pour autant, et Ichigo le lui prouvait. Il l’enlaça sans vraiment s’en apercevoir, confirmant un peu plus les soupçons des autres et pour couronner le tout, il embrassa la tempe de son seul amour.

Ichigo lui glissa un regard de biais pas très sûr de la manière de se comporter. Elle n’aurait pas cru qu’il se montrerait si démonstratif en public avec sa nouvelle condition. Mais lorsqu’il glissa sa main dans la sienne, la chaleur qu’il lui transmit lui donna le courage qu’elle sentait s’effriter peu à peu devant l’incrédulité de tous.

-   Ichigo ? balbutia enfin clairement Rukia.

Le jeune homme hocha la tête simplement. Tous les yeux s’arrondirent un peu plus de surprise, pourtant Ichigo aurait bien cru cela impossible de prime abord. Elle faillit éclater de rire, alors que son cœur battait si fort qu’il allait finir par sortir de sa cage thoracique. Shouhei serra un peu plus sa main dans la sienne.

« Donc, tu es en train de me dire que tu vas rester cloitrée dans ta chambre jusqu’à la fin de tes jours ? Que vas-tu faire de tes journées ? Je ne serai pas toujours là… ne serait-ce que pour la rentrée prochaine. Que vas-tu faire ? » Les paroles d’Hisagi raisonnaient encore dans sa tête. Ils en étaient arrivés à se disputer la veille au soir.

Ichigo refusant de vivre à l’extérieur et Shouhei qui ne voulait pas qu’elle se replie sur elle-même. Finalement, elle avait cédé. Ichigo avait accepté de le rejoindre au lycée, à côté de l’entrée principale. Elle avait attendu une bonne demi-heure avant qu’il n’apparaisse. Son cœur avait cessé de battre en voyant tous ses anciens amis le suivre sans qu’il ne s’en aperçoive.

Cela lui avait couté de les rejoindre mais au final, les paroles de Shouhei lui étaient revenues en mémoire. Non, elle ne voulait pas finir seule, ce n’était pas dans sa nature. Le souvenir de sa vie gravitant autour de Grimmjow, alors que lui s’amusait avec tant d’autres… Elle ne voulait pas regarder Hisagi Shouhei au loin. Elle voulait partager sa vie qu’elle soit une femme ou un homme… si lui sans moquait, pourquoi s’inquiéterait-elle ?

-   Non, ça n’peut pas être toi ! s’exclama Renji suffoqué.

-   Si, c’est moi, répondit paisiblement Ichigo.

-   T’as subit une opération ? Et quand ? demanda-t-il.

-   Impossible ! répondit Kira. Pour subir une opération de transformation, il faut plusieurs mois et… Ichigo était encore une fille, il y a quinze jours à peine.

À nouveau tous se mirent à parler dans une belle cacophonie. Ichigo les observa et remarqua qu’il n’y avait pas de rejet, simplement de l’incrédulité. Peut-être que cela viendrait par la suite ?

-   Je ne sais pas si vous vous souvenez des paroles de Grimmjow Jaggerjacks, il y a plus d’un an de cela ?

Tous se turent et écoutèrent Ichigo, voulant connaître la suite de son explication.

-   Je pense que vous vous souvenez tous, de notre proximité et le fait que cet imbécile prétendait m’aimer ?

-   Ça pour s’en souvenir, oui on s’en souvient, répondit Renji contrarié.

-   Nous pourrions dire que tu étais en quelque sorte une obsession, remarqua Ulquiorra calmement.

-   Un jour, il avait émis le souhait suivant : si j’avais un vœu à faire, se serait qu’Ichigo devienne un homme.

Un certain silence s’installa. Certains cherchant à se rappeler, d’autres se dévisageaient perplexes. Les filles qui n’avaient pas entendu ce souhait de Grimmjow protestèrent.

-   Mais c’est impossible, Kurosaki-chan… tu ne peux pas te transformer… comme ça… suite à un simple vœu.

-   Les vœux ne sont jamais exaucés, confirma Rukia. Enfin pas de cette manière.

-   Et si justement le sien était si violent qu’il puisse modifier le cours des choses ? interrogea Nell. Après tout, moi j’ai déjà vu certains des miens accomplis.

-  Mais pas de ce type là ! protesta Renji en se grattant la tête, essayant de se souvenir si lui aussi avait vu réaliser un de ses vœux.

-   Pourtant nous en avons la preuve devant nous, répliqua Chad flegmatique.

Tous se tournèrent à nouveau vers Ichigo. Rukia s’approcha ainsi que Nell pour voir « de plus près ». À nouveau, Ichigo se raidit devant autant d’attention. Ce n’était pas comme si elle ne savait pas qu’elle passerait par ce genre d’épreuves, mais y penser et le vivre était deux étapes complètement différentes.

-   Kurosaki… kun…

Ichigo nota le changement de suffixe, utilisé par Inoue.

-   Tu sembles bien le prendre, ce changement… ou… ou…

-   J’ai déjà subit ce changement lorsque je suis partie la première fois, avoua Ichigo. J’ai vécu quelques temps sous cet aspect là, et puis… je suis redevenue une femme. Et puis… et puis, je ne sais pas pourquoi, je suis redevenue un homme…

-   C’est Grimmjow, dénonça sans remord Shouhei, tendu au souvenir de sa conversation téléphonique avec son ancien ami.

Ichigo se tourna vers lui incrédule.

-   Grimmjow ? Impossible, je ne l’ai plus vu depuis… depuis… six mois au moins si ce n’est pas plus.

-   Toi peut-être, mais il nous a vu ensemble.

-   Comment le sais-tu ?

Le cœur d’Ichigo battait à tout rompre. Tous formaient un cercle fermé autour du couple, très curieux d’avoir la suite des révélations sur cette étrange affaire par Hisagi. Ce dernier en rougit d’être devenu le pôle d’intérêt.

-   Continue ! lança Renji rigide à présent.

-  Je… lorsque je suis venue te voir, pour savoir pourquoi tu ne venais plus au lycée et que je t’ai vu si faible, et transformé… et après avoir écouté les explications de ton père, j’étais fou de rage après Grimmjow. S’il était le responsable une première fois, pourquoi pas une deuxième fois ? Ça serait bien son genre… Enfin, c’est ce que j’ai pensé. Je lui ai téléphoné pour qu’il te rende ton apparence.

Ichigo cligna des yeux. Shouhei était capable de faire ça ?

-   Rien que d’y penser… je crois que… gronda Shouhei en se remémorant le rire tonitruant de Jaggerjack.

-  Et qu’est-ce qu’il a dit ? demanda Nell inquiète.

Hisagi ne quittait pas Ichigo des yeux. Il était trop blême et la crispation de sa mâchoire l'alarmait.

-   Il a ri.

-   Hein ?

Tous se tournèrent vers Ganju qui s’offusqua d’avoir été mis de côté depuis les retrouvailles avec Ichigo.

-   Quoi ? Je l’aurais éclaté moi, qu’il rit pour ça !

-   Je suis bien d’accord ! approuva Chad.

Tous observèrent la montagne de muscle habituellement silencieuse.

-   Il n’y a rien de drôle à transformer quelqu’un contre son grès.

-   Il m’a dit que j’allais pouvoir enfin comprendre ce que c’était d’aimer une personne, et ne pas pouvoir lui rendre ses sentiments… parce que le sexe de cette personne était la barrière qui l’empêcherait de l’aimer.

Un silence sépulcral s’abattit sur le groupe. Les larmes montèrent aux yeux d’Ichigo. Elle tenta de les repousser, ce n’était pas le moment de craquer. Pas devant tout ce monde, mais les paroles de Grimmjow mettait à nu tellement de colère et de frustration, de peur et de désespoir qu’elle enterrait au plus profond d’elle-même. Elle voulut retirer sa main de celle d’Hisagi. Mais il l’en empêcha, et lui interdit de se reculer.

-   Ichigo… je t’ai déjà dit que je n’étais pas Grimmjow. Pour moi, tu es toujours Ichigo, quoiqu’il arrive. Et je suis sûr qu’un jour, tu retrouveras ton apparence.

-   Et si cela ne se produisait jamais ? chuchota Ichigo. Grimmjow est si bête qu’il ne pourrait jamais avoir l’envie de me redonner mon ancienne apparence. Que feras-tu avec moi ?

-   Idiote !

Hisagi prit sur lui de se montrer ainsi en spectacle et serra Ichigo contre lui.

-   Je ne supporterai pas que tu me quittes encore une fois. Je crois qu’il va falloir que je te le dises très souvent… essaya-t-il de plaisanter.

-  Moi si je tenais ce connard de Grimmjow, je lui éclate sa tête ! lança Renji furieux, tout en cachant son émotion.

Il devait bien l’avouer, lui n’aurait pas aimé Ichigo jusqu’à ce point. L’idée même de la serrer contre lui, sous sa forme d’homme… le révulsait. Hisagi devait être plus qu’aveugle pour accepter cela. Non, il rectifia dans sa tête, il était réellement amoureux d’elle au point d’accepter tous les sacrifices. Lui n’était tout simplement pas à la hauteur.

-   Il ne mérite même pas les coups que tu lui porterais, maugréa Rukia. Tiens rien que pour rire, et si nous lui faisions tous le veux que ce type se transforme en fille ? Après tout, pourquoi serait-il le seul à « s’amuser ».

L’air démoniaque qu’elle arbora faillit faire éclater de rire Ichigo. Toutefois, elle remarqua que tous, affichait une certaine détermination sur leurs traits, prenant cette proposition très au sérieux.

-   Pour cela nous devrions formuler tous, la même phrase, précisa Nell.

-   Quelque chose du genre : « Faites que Grimmjow devienne une femme ? » proposa Kira en se grattant la tête.

-   Non.

Ulquiorra s’attira tous les regards, et il énonça sa formule :

-  Faites en sorte que Grimmjow Jaggerjack devienne une femme et le demeure à jamais. Je pense que cette punition ne sera pas trop rude pour lui.

Une certaine excitation traversa la foule d’étudiants réunis. Orihime tendit sa main en avant et déclara

-   Mettons nos mains tous ensemble et utilisons la formule d’Ulquiorra.

-   N’oubliez pas que vous devez penser chaque mot, ajouta Nell très sûre d’elle.

-   Moi, j’ai pensé à autre chose… ricana Ganju. J’ajouterai ceci… et que le jour où elle trouve enfin l’amour, elle redevienne l’homme qu’elle aurait dû être !

Une âpre discussion s’enchaina, sur  la phrase à utiliser. Ichigo, elle restait silencieuse, en retrait devant l’excitation qui gagnait l’assemblée, comme s’il s’agissait de leur vengeance. Elle n’avait même pas songé un seul instant à se venger de la sorte. Chacun s’observa du coin de l’œil et un à un tous les adolescents posèrent leurs mains au centre du cercle à présent. Ichigo fut la dernière. Après un temps d’hésitation, elle plaça sa main sur l’ensemble des autres et tous s’exprimèrent d’une même voix concentrée.

-   Faites en sorte que Grimmjow Jaggerjack devienne une femme et le demeure à tout jamais ! Sauf si un jour elle rencontre l’amour et que ce dernier soit partagé, qu’elle redevienne l’homme qu’elle était sans aucun moyen de retour.

Le silence gagna le groupe, chacun retenant sa respiration. Le rire nerveux d’Orihime traversa la cour. Automatiquement tous se redressèrent et échangèrent des regards un peu gênés.

-   Je propose qu’on aille boire un verre ! lança Ganju de bonne humeur soudainement.

Tous hochèrent la tête, et c’est avec grand bruit qu’ils s’éloignèrent enfin du lycée. Des rêves pleins la tête… en ayant totalement oublié Jaggerjack Grimmjow et le sort qu’ils avaient lancé.

 

°°0o0°°

 

-   Qu’as-tu l’intention de faire ?

Surprise d’entendre les paroles de Shouhei, Ichigo se tourna vers lui. Ce dernier s’était assis sur la berge du canal. Ils étaient seuls depuis quelques minutes, tous avaient regagnés leur maison. Eux souhaitaient prolonger un peu leur soirée.

-   À propos de quoi ? interrogea Ichigo l’esprit totalement ailleurs.

-   L’année prochaine.

-   Je ne sais pas. Si je me transforme encore et encore… mon père ne pourra plus justifier toutes mes absences. Et je m’imagine mal m’expliquer sur mes transformations auprès du directeur… et puis qu’est-ce qui pourrait arriver ensuite ? murmura Ichigo.

-   Tu arrêtes tes études alors ? demanda Shouhei. Si je deviens inspecteur, je pourrai subvenir à nos besoins tu me diras.

-   Je n’ai pas l’intention de vivre à tes crochets, répondit sèchement Ichigo. Et puis, je deviendrai folle. Je ne sais toujours pas ce que je veux faire plus tard. Je crois… je crois que ma dernière année de lycée, je vais la faire par correspondance. Je pense m’inscrire en tant que garçon, il est plus simple pour une fille de se déguiser en garçon que l’inverse. Enfin, je parle pour mon cas personnel… Je profiterai de cette année là, pour creuser les solutions qui vont s’offrir à moi ensuite. Cela me laissera du temps. Enfin, je vais encore réfléchir à tout ça.

Ichigo sursauta. Shouhei s’était glissé derrière elle. Sa tête s’était posée contre sa nuque et ses lèvres serpentaient son cou avec sensualité.

-   Pourquoi tu ne viendrais pas à Tokyo avec moi ? Je suis obligé de rester à l’Académie, mais je peux en sortir une heure ou deux. Tu serais beaucoup plus proche et nous pourrions préparer nos projets d’avenir… Qu’est-ce que tu en dis ?

-   Mon père m’aidera un peu, mais il me faudra trouver un travail quand même.

-   Tu peux prendre des petits boulots ponctuels… et puis, je t’aiderai aussi. Si tu viens à Tokyo avec moi, se sera ma faute.

-   Idiot, c’est parce que je veux bien… bien te suivre.

Les lèvres de Shouhei troublaient complètement Ichigo qui tentait de repousser les mains voyeuses qui tentaient de passer sous son pull. Elle avait chaud… trop chaud brusquement. Le désir grimpait en elle et le tourbillon d’émotion qui l’accompagnait ne lui était pas inconnu. Ichigo bascula la tête en arrière et gémit doucement alors que les mains d’Hisagi palpaient son corps doucement. Un de ses pouces titilla un mamelon le faisant dresser au passage.

Ichigo se libéra à contre cœur.

-   Pas en pleine rue, Shouhei…

-   Il fait sombre Ichigo. Personne ne peut nous voir…

-   Ichigo ? Hisagi ? C’est vous au bord du canal ?

Le couple se sépara plus nettement en entendant la voix d’Isshin. Ichigo suivit le trajet de la torche que son père tenait dans la main.

-  Oui et à part ça on était seuls ? chuchota Ichigo gêné.

Shouhei se racla la gorge et rassura Isshin d’une voix qu’il espérait ferme. Il tendit la main vers Ichigo qui cligna des yeux.

-  Personne ne nous verra Ichi…

Après bien des hésitations, Ichigo se résolu à glisser sa main dans celle de Shouhei. À sa grande surprise elle tremblait. Étonnée, elle s’approcha plus près pour voir son visage. Ce dernier détourna la tête.

-   Qu’est-ce qui te prend ?

-   Je… je crois que… que je ne pourrai plus tenir très longtemps Ichigo.

Elle haussa les sourcils, jusqu’à ce qu’elle comprenne.

-   Même si je suis un homme ? s’étonna la rousse.

-   Et alors ? Je t’aime moi… tu n’as pas envie de moi, toi ?

Ichigo rougit.

-   Très… mais en même temps… j’ai tellement peur.

Un bras entoura ses épaules et des lèvres caressèrent sa tempe.

-   Écoute Ichigo, jamais je ne te ferai le moindre mal, alors n’ai pas peur de moi. Et si je vais trop vite parfois, je ralentirai. En attendant, je crois qu’on va y aller très doucement. Un pas devant l’autre…

Ichigo hocha la tête. C’est rassuré qu’elle rentra chez elle. Shouhei déclina l’offre d’un repas et s’éloigna rapidement de la maison. Ichigo se doutait de la raison, mais ne donna pas son point de vue à Isshin. Elle passa le reste de la soirée à lui dévoiler ses plans d’avenir. Son père ne montra pas trop de difficulté pour approuver ses projets. Il était bien trop rassuré pour Ichigo à présent.

 

°°0o0°°

 

Le petit jour se levait et c’est avec un grognement enroué que Grimmjow sortit de sa couette. C’était son dernier jour au lycée. Il devait terminer son dernier bagage, déjeuner et ensuite il rejoindrait Gin et Sosuke à la gare, où là ils se sépareraient pour une partie de l’été.

Lorsqu’il posa un pied par terre, le sol lui parut glacé. Posant sa main sur son entrejambe pour se le gratter, Grimmjow se figea. Et d’une quelque chose le gênait au niveau de la poitrine, et de deux… il n’avait plus ni pénis, ni couilles ! Il se pencha en avant et baissa son caleçon pour s’apercevoir qu’il était doté d’un appareil génital féminin et  surtout qu’une paire de nichons monstrueux lui barrait la vue.

Son cœur se mit à battre violemment. Non, cela ne pouvait pas être possible ? Butant contre une de ses valises, il se précipita dans la salle de bain et retira ses fringues pour se regarder dans le miroir. Une femme !!!! Il était une femme !!!!

Sans ménagement, il se tritura un sein et gémit de douleur. Merde ! Depuis quand cette partie du corps était sensible à ce point ? Il posa un index entre ses jambes et vérifia comme si ses yeux ne croyaient pas à ce qu’ils voyaient. Ce dernier pénétra entre deux fentes humides et molles et un profond sentiment de dégoût le submergea. Tout comme une furieuse envie de vomir.

-  Salope ! hurla Grimmjow à l’intention d’Ichigo. Je suis sûre que c’est toi qui a fait le coup !

Grimmjow laissa éclater sa colère en abattant sa main contre le mur, un bruit sinistre lui vint aux oreilles ainsi qu’une douleur fulgurante. Le jeune homme ou jeune fille à présent se laissa glisser sur le sol, anéantis. Prostré, il fut bien incapable de répondre au coup frappé à sa porte… et un froid glacial l’envahit en reconnaissant la voix de Sosuke Aizen qui l’appeler.

Chapitre 18

La gare était bondée. Les voyageurs se pressaient les uns contre les autres… beaucoup d’étudiants en internats rentraient enfin chez eux. Assis, la tête basse, Grimmjow observait la pointe de ses chaussures devenues beaucoup trop grandes, mais c’était les seules qu’il avait. Il avait téléphoné plus tôt à ses parents pour leur annoncer la nouvelle. Il était tombé sur le répondeur… Ils devaient aider Yoichi à la gare certainement, après tout lui aussi rentrait à la maison.

Refusant de regarder autour de lui, Grimmjow se fraya un chemin titubant entre les différents voyageurs, lorsque son train entra en gare. Jamais il ne s’était senti aussi pitoyable et isolé de toute son existence. Il monta dans son wagon et eut du mal à hisser sa valise trop lourde pour une femme.

Merde ! Et dire que la veille, elle ne lui semblait pas aussi volumineuse. Il se fit bousculer sans ménagement et c’est avec soulagement qu’il s’assit sur son siège. Bientôt, un homme s’installa à côté de lui. Une sorte de salaryman au vu du costume. Ses longs cheveux blancs qui avaient été balayés d’une main négligente par leur propriétaire se rependait sur lui et le gênaient, mais il n’osa pas le réprimander. Le souvenir cuisant de ses deux dernières heures resterait certainement gravé à vie dans son esprit.

-   Oh pardon… fit soudain son voisin, le faisant sursauter. Je n’avais pas vu que mes cheveux vous importunaient.

Grimmjow ne leva même pas la tête et marmonna quelque chose d’incompréhensible. Pas envie de faire la conversation. Ses joues s’empourpraient de colère, alors qu’il se souvenait du comportement d’Aizen lorsqu’il l’avait découvert dans la salle de bain. Il n’avait rien pour protéger sa nudité, si ce n’était son caleçon et son t-shirt… et sa généreuse poitrine ne laissait planer aucun doute sur sa nouvelle identité.

Il avait cru que Sosuke allait tomber à la renverse en le découvrant… pour ensuite succéder à un éclat de rire si fort que Grimmjow avait cru mourir de honte.

-   Eh bien… C’est une farce ? Tu es la sœur cachée de Grimmjow et vous vous êtes inter changé la place ? Quel farceur ! Nous faire ça, alors que nous sommes sur le point de partir…

Grimmjow s’était raclée la gorge et avait saisit la perche qu’on lui tendait.

-   J’ai voulu le rejoindre plus vite et… il m’a permis de dormir ici cette nuit. Je ne savais pas où aller.

C’était nul, ça sonnait faux et jamais Aizen ne le croirait. Son rire moqueur et son regard méprisant l’avait refroidit. Le cœur battant, il poussa Sosuke hors de la salle de bain.

-   Grimmjow n’est pas là ?

-   Il est sorti pour déjeuner…

-   Il ne t’a pas attendu ? s’étonna son sempai.

-  Comme je ne peux pas manger au réfectoire, il est parti me chercher quelque chose avant de partir.

-  Oh… je ne le savais pas si galant.

Aizen se détourna et fit quelques pas dans la chambre, alors que Grimmjow s’emparait de son peignoir à présent beaucoup trop grand.

-   C’est ennuyeux… je dois partir immédiatement. Ma voiture m’attend en bas, Gin y est déjà. Je pourrai vous conduire tous les deux à la gare… suggéra Sosuke.

-   Euh… vous ne rentrez pas en train ? s’étonna Grimmjow qui n’avait jamais entendu parler d’une voiture.

-   Finalement non. Mon père souhaite partir pour l’Europe au plus tôt… même mes vacances ont été chamboulées par ses projets de dernières secondes. Tant pis.

Avant que Grimmjow ne devine le geste d’Aizen, ce dernier se pencha sur lui et l’embrassa. Contrairement aux baisers exigeants qu’ils échangeaient souvent, celui-ci fut doux et sensuel. Grimmjow en fut profondément troublé… il ne connaissait pas cette facette là de Sosuke et ce dernier s’attarda sur le renflement de ses lèvres et chuchota presque tendrement.

-   Tu diras au revoir de ma part à Grimmjow. Je le contacterai plus tard… et toi, prend bien soin de toi. Ne soit pas aussi naïve à l’avenir avec les garçons.

La laissant perplexe, Aizen quitta la chambre après un dernier regard et sourire moqueur dans sa direction. Grimmjow eut la nette impression qu’il savait ! Que voulait dire sa dernière phrase ?

C’est au prix de grands efforts et de multiples astuces que Grimmjow était parvenu à se faufiler dans les couloirs discrétement… enfin presque… Shirosaki l’avait surpris ! Cette enflure lui avait mis la main aux fesses.

-   Dégage connard ! telles furent ses douces paroles.

Il avait essayé de repousser l’albinos, mais il l’avait coincé contre un mur et après l’avoir embrassé de force et peloter sans douceur, il l’avait planté au milieu du couloir fou de rage et d’impuissance. Les insultes n’avaient fait que le faire rire. Sosuke l’avait bouleversé et maintenant ça !

-   Je pensais que t’étais gay connard… avait-il soufflé alors qu’il ramassait ses valises.

Enfin si ce n’était que cela… le regard de son sempai Kaïen Shiba l’avait cloué sur place. Même s’il lui faisait des remontrances sur sa présence dans les murs de l’école etc… etc… ce dernier avait le regard vissé sur sa poitrine, c’était tout juste s’il ne se léchait pas les lèvres de concupiscence. Lui aussi s’était permis de toucher son cul… et de frôler sa poitrine d’un geste…  « Sans le faire exprès ». Ce salaud ne lui avait même pas posé de question sur sa présence dans l’établissement !

Grimmjow avait tiré ses affaires jusqu’à la sortie de l’école et les quelques élèves qu’il croisait trop pressé de partir, ne lui accordèrent pas le moindre regard. Il avait réussit à héler un taxi et le brave chauffeur d’une soixantaine d’année, avait soulever ses bagages. Arrivé à temps à la gare, la suite de son cauchemar n’avait pas cessé de se poursuivre avec des mains baladeuses par milliers, à croire qu’un troupeau de pervers s’y était donné rendez-vous.

C’était si honteux et si dégradant qu’il avait dû se réfugier contre un distributeur de boisson pour obtenir une place plus tranquille. Il s’était tassé sur lui-même, hallucinant toujours sur sa situation. Devenue une fille, largué par un Aizen qui n’éprouvait visiblement aucun remord et essayant de… Il aurait aimé leur ratatiner la gueule à tous ses macros qui l’avaient pelotés sans gêne. Mais là… c’était impossible. Le souvenir d’Ichigo lui effleura la mémoire et le désarroi qui s’était lu sur ses traits les jours qui ont suivi sa transformation. Il n’avait pas compris pourquoi un tel drame… maintenant qu’il vivait la même expérience, il la comprenait douloureusement.

Grimmjow resta silencieux durant les trois heures que dura le voyage. Son voisin avait bien tenté de discuter un peu avec lui, mais il était littéralement sonné, pour pouvoir se concentrer sur une quelconque conversation. Et puis, sa gentillesse l’agaçait. Pourtant, quand il lui proposa à son retour à la cabine restauration un bento, il en était resté interdit. Pour la première fois depuis le début du voyage, il le dévisagea. C’était le genre bel homme, mur et qui portait gravé sur le front toute la gentillesse du monde. Ce n’était pas de la comédie, mais une réelle marque d’attention.

-  Vous devriez manger un peu… je vous observe depuis tout à l’heure et vous êtes réellement très pâle.

Grimmjow prit le bento et son voisin se réinstalla sur son siège. La jeune femme, puisqu’il était devenu ainsi, mangea avec appétit.

-  Vous reprenez des couleurs, se félicita son voisin. Vous voyez…

-  Je crevais la dalle !

L’homme haussa les sourcils surpris par son langage. Grimmjow faillit grimacer… même sa voix paraissait vulgaire. Il se souvint avec amertume des conseils qu’il avait donnés à Ichigo lorsqu’elle était devenue un homme. Lui n’avait personne pour lui expliquer comment se tient une femme. Il se reprit en faisant preuve de politesse cette fois-ci.

-   Merci pour le bento… je ne m’étais pas aperçue que j’avais aussi faim. Je n’ai pas eu le temps de manger ce matin.

-   Vous paraissiez aussi très contrariée…

Grimmjow fronça un peu plus les sourcils à l’évocation de ses déboires. Mais il ne pouvait certainement pas avouer à cet inconnu tout ce qu’il ressentait et surtout toute la vérité.

-   Ne porteriez-vous pas des vêtements trop grands pour vous ? s’étonna son voisin. Je sais que cela ne me regarde pas, mais…

Sur le coup, Grimmjow allait confirmer que cela ne le concernait pas. Et puis, il se ravisa. Ce type était la première personne à se comporter normalement et quelque part, il avait besoin de sortir sa frustration, même si c’était des mensonges qu’il débiterait.

-   Certains se sont amusés à me faucher mes vêtements pour les remplacer par ceux d’un garçon. Une sorte de bizutage à fin d’année… Je n’ai plus rien à me mettre mis à part cela…

-   Pourtant vos valises semblaient bien lourdes, remarqua son interlocuteur.

-   Se sont toutes mes affaires d’écoles et j’ai embarqué les fringues… après tout, pourquoi je leur en ferai cadeau ?

-   Oui… eh bien… vous êtes incroyablement dur entre vous les jeunes, soupira désolé son voisin.

-   Si je les tenais… gronda Grimmjow en serrant son poing gracile.

Ce constat l’agaça. Fermant les yeux pour ne plus voir son corps, il se referma sur lui-même. Lorsqu’il ouvrit les yeux, son voisin le secouait gentiment.

-   Nous sommes arrivés Jaggerjack-chan.

Grimmjow faillit lui coller son poing à la figure avant de se rappeler qu’il était… une fille ! Il demanda.

-   Comment connaissez-vous mon nom ?

-   Il est noté sur ton bagage.

Il désigna le petit bagage placer au-dessus de sa tête.

-  Que veux-dire le G ? continua son interlocuteur.

-   Geisha ! lança Grimmjow agacée, tout en s’extirpant de son siège.

Son voisin l’importunait à présent. Elle avait d’autres chats à fouetter, comme affronter sa famille. Rien que d’imaginer Yoichi, il en était malade à l’avance. Grimmjow quitta sans remord ce type trop gentil et récupéra son lourd bagage à la sortie de la rame. Sur le quai, elle repéra ses parents et son frère. D’ailleurs, c’est lui qui la remarqua en premier. Contrairement à tout ce qu’il pensait jusqu’ici, ce dernier ne se moqua pas. Il interpella ses parents et la désigna du doigt.

Immédiatement sa famille la rejoignit.

-   Grimmjow ? C’est bien toi ? Mais… qu’est-ce qui t’es arrivé ? s’affola sa mère anéantie.

-   On dirait qu’il s’agit des mêmes symptômes qu’Ichigo mais à l’envers… constata Yoichi le regard inquisiteur.

-   Tu vas bien ? Tu es malade ? demanda son père en posant une main sur le front de son fils… enfin de sa fille.

Grimmjow le repoussa séchement. Il n’avait qu’une envie c’était de se barrer de cette gare.

-   On rentre à la maison ! déclara Haden en prenant les bagages de sa fille.

Toute la famille Jaggerjack était sous le coup de l’émotion. Grimmjow trouvait étrange que sa mère lui tienne la main de cette manière… c’était réconfortant… cela lui rappela brusquement son enfance, et un soudain besoin de pleurer l’envahit. Putain ! C’était quoi encore que cette connerie ? Ce n’était pas le moment !

Grimmjow ne se rendit pas compte des longs regards qui suivaient sa sortie. Pourtant, un homme nota le numéro de la plaque d’immatriculation du véhicule familiale… un fin sourire effleurait ses lèvres.

 

°°0o0°°

 

Le soleil chauffait l’atmosphère et le week-end s’annonçait radieux. Bon nombre de couples étaient sortit prendre l’air, même si les derniers frimas de l’hiver touchaient la ville. Deux garçons slalomaient dans la foule, effectuant un jogging qui ressemblait à une course plus qu’autre chose. Une fumée blanche sortait de leurs bouches. Ichigo accéléra et laissa Shouhei sur place. Il se tourna vers le retardataire et se moqua de lui.

-   Hey… tu te moques de moi ? se moqua gentiment Ichigo.

-   Je ne vois pas de quoi tu parles ! lança Hisagi de mauvaise fois.

-   Menteur ! Tu ne t’es pas entrainé durant tout ce temps, ce n’est pas possible…

-   Si ! Mais ces derniers temps avec tout ce qui est arrivé, j’ai un peu de mal à me remettre à l’entrainement.

Ichigo ébouriffa la tête de Shouhei qui s’était penché en avant pour reprendre sa respiration.

-   Bon… soit ! Tu as passé beaucoup de temps avec moi, je le reconnais.

-   Comment tu fais pour déborder d’autant d’énergie ? se plaignit Shouhei.

-   Je suis resté enfermé trop longtemps et puis je me sens le besoin de me défouler. Tu te rends compte… j’ai l’impression de revivre. Une éternité que je ne me suis pas sentie aussi bien.

Ichigo s’interrompit et observa Shouhei qui le regardait un léger sourire aux lèvres.

-   C’est grâce à toi… j’ai vraiment beaucoup de chance que tu sois à mes côtés. Je crois que je ne me serais jamais remise d’une telle expérience tout seul.

-   Tu t’exprimes de plus en plus comme un garçon, remarqua son compagnon.

Ils avançaient à présent dans le parc. Ce n’était pas une promenade, leurs marches étaient rapides.

-   Je dois dire que j’en ai marre qu’on puisse me regarder avec des yeux de poissons mort à chaque fois que j’utilise des expressions réservées aux filles.

Shouhei glissa un regard en biais à son interlocuteur et demanda.

-   Si tu avais le choix… tu choisirais quel sexe au final ?

-   Fille ! Bien qu’être un garçon est aussi ses avantages… mais je suis née fille et… je pense que tu préfères largement cette condition à l’autre.

Hisagi ne répondit pas. Il se contenta de se concentrer sur sa respiration et sur le pont qu’ils traversaient à présent, de nombreux piétons déambulaient par cette belle mais froide journée et il restait prudent. Ichigo redémarra, et Hisagi le poursuivit. Il ne cherchait plus cette fois à le rattraper. Il ne se rendait vraiment pas compte qu’il appréciait beaucoup plus sa nouvelle condition à l’ancienne. Cela le frappait.

Pour lui, ses épaules larges, ses hanches étroites et son corps athlétique étaient bien encrés dans ses mœurs. En fait, son désir grimpait alors qu’il détaillait l’anatomie de son petit ami. Shouhei crut pendant un instant ne plus pouvoir se souvenir d’Ichigo version féminine. Tout était si naturel entre eux, sauf pour passer à l’acte. Dans quatre petits jours, il rentrait à l’Académie et ils n’avaient encore rien fait. Combien de temps encore devrait-il patienter ?

Ils continuèrent jusque devant les grandes portes doubles battantes qui ouvraient sur le jardin d’Hisagi. Ichigo s’arrêta et se tourna vers son compagnon.

-   Tu es lent…

-   Je pensais à demain…

Ichigo rougit instantanément. Elle avait complètement oublié son déménagement.

-  Ton père paraissait très excité au téléphone…

-   Le jour où il ne le sera pas, préviens moi, répondit narquois le jeune homme.

Shouhei lui se souvenait du regard suppliant d’Isshin alors qu’elle refusait de se nourrir, mais il ne lui dirait pas. Elle avait gardé l’habitude de se cacher derrière des attitudes bravaches, mais il savait qu’elle était sensible à tout ce qui tournait autour de sa famille.

-   Je me demande comment tu as pu oublier… marmonna Shouhei en grimpant les marches du palier.

-   Parce que je pensais à toi, avoua Ichigo écarlate.

-   Oh…

Hisagi ouvrit la porte et laissa Ichigo passer devant. Il paraissait très ému. Shouhei cria pour sa mère.

-   Maman on est rentré… Ichigo va prendre sa douche…

-   Qu’elle prenne celle de la chambre d’amis !

-   D’accord !

Ils montèrent à l’étage et Shouhei se dirigea vers le fond du couloir. Il ouvrit la porte et traversa la chambre.

-  Il y a des serviettes sur la commode et si tu as besoin d’autres choses…

L’esprit de Shouhei eut un blanc. Ichigo défaisait sa veste de survêtement et retirait d’un bloc son pull et son t-shirt dévoilant un dos bronzé et large. S’en était trop. Il ne pouvait pas se déshabiller comme ça devant lui. Son entrejambe le faisait souffrir et n’y tenant plus, il plaqua son corps contre celui du roux. D’un mouvement de pied, il claqua la porte de la salle de bain. Ses mains parcouraient déjà le corps tant convoité.

Ichigo se tourna d’un bloc vers Shouhei et plaqua son propre bassin contre le sien. Ce dernier perdit son haleine en sentant le sexe gonflé se frotter contre le sien. Alors il n’était pas le seul à désirer ? Leurs corps se frottaient l’un contre l’autre et Ichigo réussit à retirer tous ses vêtements, tout comme Hisagi. Ils s’embrassèrent  à pleine bouche, reprenant à peine le temps de respirer. Ils avaient soif de l’autre, et toutes les frustrations des dernières semaines s’écroulèrent comme un château de carte. Laissant le désir les terrasser.

Ils s’observèrent un moment, le souffle court, haletant et le regard fièvreux. Shouhei rentra dans la douche sans un mot et invita Ichigo à le rejoindre. Le jet coula sur eux, réchauffant leurs muscles qui commençaient à refroidir, mais pas leur ardeur. Shouhei embrassait la nuque humide pour descendre vers les tétons dressés. Ses mains voyageaient sans vraiment s’attarder, mais enregistrant la moindre réaction de son partenaire. C’était aussi une découverte pour lui… provoquer le désir d’un homme.

Les gémissements qu’Ichigo émettaient l’encourageaient à aller plus loin, jusqu’à lui lécher le gland. Ichigo ne savait plus où se mettre. Elle ne parvenait pas à détacher son regard de la tête de Shouhei qui léchait inlassablement son sexe. Et si on les surprenait ? Son cœur se mit à battre plus vite à cette idée. Comme tout semblait au combien plus excitant.

-  Tourne toi Ichigo…

Surpris, ce dernier observa son amant qui l’observait les yeux plissés. L’eau jaillissait sur lui. Sans rechigner, il pivota et laissa Shouhei glisses ses doigts entre ses fesses. Ichigo sentait en lui, remonter ses réactions de jeune fille effarouchée.  Un frisson le secoua alors qu’une langue remplaçait maintenant les doigts aventureux, à la place ils cherchaient à le faire pencher en avant doucement mais fermement.

-   N’ait pas peur Ichigo…

Le mot terrifié traversa un instant le champ visuel du jeune homme. Pourtant, il constata combien le traitement que lui réservait Shouhei était doux. Il se détendait peu à peu, laissant échapper quelques halètements sans s’en apercevoir. Lorsque Shouhei remonta le long de son corps et que son sexe se blottit entre ses fesses, l’excitation d’Ichigo était à son comble. Il se frotta contre Shouhei.

-   Si tu me fais ça, je ne suis pas sûr de pouvoir tenir très longtemps…

Pour toute réponse, Ichigo dont les mots restaient étrangement bloqués au fond de sa gorge, préféra l’embrasser en se tournant à demi. Shouhei pénétra petit à petit Ichigo qui se contractait, lui de plus en plus.

-   Détend-toi Ichigo… tu es si adorable…

Shouhei s’arrêta et attendit pour reprendre son parcours alors qu’il sentait la pression devenir moindre. C’était plus serré qu’une fille et il allait éjaculer plus vite qu’il ne le pensait.

-  Shouhei… doucement… pas… pas si vite…

Mais Hisagi respirait plus mal. Il ne parvenait plus à se contrôler. Attrapant fermement les hanches d’Ichigo, il bougea son bassin lentement mais surement. Il frappa gentiment la croupe de son compagnon qui protesta entre ses dents. Le regard langoureux que lui lança Ichigo en tournant son visage vers lui, lui fit perdre la tête… Il était si sexy… si sensuel… Ses mouvements se firent plus rapides. Ichigo devant lui se tenait contre le mur et cambrait les reins. L’eau ruisselait sur son corps.

La montée de son orgasme grimpa sans qu’il puisse l’arrêter et le gémissement rauque quelques secondes plus tard de son partenaire le soulagea. Il avait eu peur d’être le seul à avoir ressenti du plaisir… quoique les regards qu’il avait reçus ne le trompaient pas sur le plaisir manifeste qu’avait ressenti Ichigo.

Essoufflé comme si elle avait parcouru un marathon, Ichigo fixa le mur quelques instants, essayant de rassembler ses idées.  Ses yeux descendirent vers son sexe qui maintenant pendait mollement. C’était étrange… depuis quelque temps, elle se sentait beaucoup plus homme que femme, et là… un sentiment ambivalent l’étreignait… ni homme, ni femme ou les deux à la fois. Une main caressante repoussa ses cheveux qu’il s’obstinait malgré tout à porter long, comme un souvenir de son ancien statut qu’il repoussa dans un coin de sa tête. La bouche de Shouhei serpenta son épaule.

-   Si nous ne nous dépêchons pas ta mère va débarquer… chuchota Ichigo la voix enrouée par l’émotion.

Il se tourna lentement vers Hisagi qui le couvait du regard. Ichigo qui savait pertinemment qu’elle avait le dessus sur lui, compris que si elle le voulait, elle pourrait le manipuler. Mais loin de vouloir le blesser, il lui sauta au cou et se serra contre lui. Ses doigts s’emmêlèrent dans ses cheveux mouillés.

-   Ichigo, chuchota Shouhei… je n’ai plus qu’une hâte c’est de commencer ma vie avec toi.

Hochant la tête, Ichigo repoussa son petit ami et prit la crème de douche qu’il fit glisser entre ses doigts.

-   Et si on commençait par se savonner ?

-  À mains nues ? chuchota Shouhei étonné.

Un fin sourire se forma sur les lèvres du roux, qui commença à caresser le corps athlétique devant lui en prenant soin de n’oubliez aucune zone.

 

°°0o0°°

 

Les rues de Karakura étaient bondées. Il s’agissait du dernier jours des soldes et les retardataires terminaient leurs dernières emplettes au pas de charges. Grimmjow accompagné de sa mère et de son frère, se frayait un chemin jusqu’à ce que Chiaki s’exclame.

-   Ah ! Voilà la boutique… allez, cesse de bouder Grimmjow tu ne peux pas rester avec ses vêtements là.

-   À croire que ça te fait plaisir, marmonna son fils contrarié.

-   J’ai toujours rêvé d’avoir une fille… mais bon, les circonstances sont un peu exceptionnelles pour réellement apprécier ce genre de transformation.

Le trio rentra dans la boutique et les yeux de Grimmjow s’affolèrent. Il se figea sur le seuil. Yoichi qui était resté en arrière, prévoyant déjà la réaction de son cadet le poussa à l’intérieur de la boutique. Pour l’encourager, il murmura contre son oreille.

-   N’oublie pas qu’après c’est le magasin des soutifs ! Comme je t’envie…

-   Si tu veux ma place, je te la laisse Yoichi ! Espèce de C…

-   Grimmjow ! gronda Chiaki en foudroyant sa fille du regard. Surveille ton langage. Maintenant, vient ici qu’on trouve de quoi t’habiller correctement.

Bon gré, mal gré… il était obligé d’y passer. Toutefois, il se fit moins prier lorsque sa mère lui dénicha des vêtements classiques taillés pour les formes féminines, mais pas trop « fifille ». C’est presque avec plaisir qu’il s’enferma dans la cabine d’essayage, il allait pouvoir quitter ses fringues trop grandes. Lorsqu’il en sortit, sa mère et son frère louchèrent sur la poitrine mise en valeur par le pull couleur orangé.

-   Il va falloir passer également dans un magasin de lingerie… ça ne va pas.

-  Quoi ? Je la trouve jolie la tenue ! protesta Grimmjow. Pour une fois…

-   Je crois que tu ne te rends pas compte de l’effet que tu pourrais produire sur la gent masculine. Ils vont tous nous faire un arrêt cardiaque… T’es une vraie bombe en fille Grimmjow ! coupa Yoichi les yeux exorbités, examinant toujours le renflement de sa poitrine

Il se tourna vers le miroir pour s’observer. Il dut reconnaître lui-même qu’il était plutôt pas mal pour une nana… Mais bon, il n’était pas spécialement fan de son nouveau corps. Il retourna se changer et après avoir fait quelques boutiques dont celles des sous-vêtements où sa mère était venue le rejoindre dans la cabine pour qu’il enfile « se foutu piège à tortures de merde ! » Chiaki l’aurait bien étranglé avec d’ailleurs ! Le pauvre soutien-gorge avait fini par craquer…

Épuisée, toute la famille Jaggerjack s’était installée autour d’une table.

-   Une chance que ton père ne soit pas venu, je crois que tu serais mort dans le milieu de l’après-midi.

-   Je confirme… mais c’était en même temps super drôle, et j’ai appris plein de trucs, sourit Yoichi. Surtout avec les soutiens-gorge… ça, ça va me servir. Merci mon frère !

-   La ferme ! Ne me mêle pas à tes combines de…

-   Grimmjow… la prévint sa mère.

-   Quoi ? Il me cherche ! Enfoiré ! Termina Grimmjow en menaçant son frère de son poing.

-   Écoutez, j’ai mal aux pieds, à la tête et j’en ai assez que tu râles pour un oui ou pour un non… Maintenant, je t’ai rhabillé pour quelques temps… mon porte monnaie ne te dis pas merci, parce que tu as gardé tes goûts de luxe. Enfin, nous sommes arrivés au bout…

-   Dans quelques jours c’est la rentrée Grim’… tu vas t’inscrire où ? demanda Yoichi en buvant sa bière.

-  Je me suis inscrit dans une école privée à Tokyo. C’est un lycée mixte, au cas où je redeviendrais un homme. Il a une bonne réputation…

-   Au vu des frais d’inscription, y’a intérêt… marmonna sa mère.

-   Et toi tu démarres ton boulot quand ? interrogea Grimmjow en ignorant l’intervention de Chiaki.

-   Dans une dizaine de jours… J’ai encore le temps. En attendant, je vais écumer les stades et tâter le terrain.

-   J’ai du mal à croire que tu n’ais pas intégrer un journal sportif à Tokyo… murmura Grimmjow.

-   Oh… ça viendra. Je n’compte pas rester toute ma vie à Karakura. J’ai de grands projets, sourit de toutes ses dents Yoichi.

De grands projets ? Grimmjow qui laissait son regard flotter sur la foule au travers de la fenêtre, se figea. À quelques pas de là, se tenait son voisin de train. Ce dernier le dévisageait… ce n’était pas une hallu de sa part. Ce mec le fixait ! D’ailleurs, il le salua en se penchant comme à une représentation de théatre… mais qui était ce type ?

Chapitre 19

Ichigo fit le tour de son petit appartement. Il était bien plus grand que ce à quoi il pensait à la base. Isshin s’était occupé de tout, de son côté il avait du s’occuper de Yuzu et Karin et assurer la permanence téléphonique de la clinique. Les rendez-vous avaient été calés dans les trous de l’emploi du temps de son père.

-   Alors ? Il te plaît ton appartement ?

Les mots n’étaient pas assez forts pour exprimer toute la reconnaissance d’Ichigo. Il se tourna vers son père et pour la première fois, depuis très longtemps, il le serra contre lui.

-   C’est vraiment beaucoup… trop.

-   Je n’allais pas te faire vivre dans un clapier ! Et puis, vous serrez plus souvent deux que toi seul. J’ai voulu mettre toutes tes chances de ton côté, maintenant… c’est toi qui tiens ton destin entre tes mains.

Isshin sourit à son fils, qu’il considérait toujours comme sa fille… quelque soit son apparence. Ils restèrent silencieux. Le regard d’Ichigo se posait sur la porte de la kitchenette, du salon/bureau et de sa chambre bien à lui. Le sol recouvert de parquet, brillait doucement sous la lumière du jour.

-   Et si on déchargeait la camionnette ?

Pour toute réponse, Ichigo enfila ses chaussures et attendit son père dans le couloir extérieur de l’appartement. En bas, les attendait Ryuuken le meilleur ami à son père. Il terminait de fumer tranquillement sa clope.

-   C’est bon maintenant ? demanda-t-il brièvement.

-   Ishida-sensei… vous devriez vous détendre plus souvent, vous auriez l’air moins coincé.

-   La ferme Kurosaki ! Je suis ici pour rembourser ma dette envers toi !

-   Oui, et ça a l’air de te faire très plaisir.

Ichigo déglutit en voyant l’air particulièrement meurtrier du directeur de l’hôpital de la ville de Karakura.

-   Tu aurais pu engager des déménageurs…

-   Et te faire manquer ainsi la seule occasion de me rembourser ?

-   Tss !

Ryuuken Ishida se détourna et ouvrir la porte coulissante de la camionnette. Il y avait peu de meubles et contrairement à ce qu’avait pensé Ichigo, Ishida était particulièrement efficace et bricoleur à ses heures. Il l’observa monter sa bibliothèque à une vitesse  qu’il n’aurait pas imaginer auparavant.

-   Fils ! Va chercher à manger au combini d’en face.

En disant cela, Isshin tendit son portefeuille.

-   Achète toi quelques bricoles pour te faire à manger aussi…

-   Tu sais qu’un père normal ne donnerait pas son argent comme tu le fais ? déclara Ichigo narquois.

-   Oui, mais faisons nous partis d’une famille normale ? se moqua gentiment Isshin.

Ichigo quitta l’appartement en silence. Une nouvelle vie commençait à présent pour lui. Normalement, ils auraient dû déménager la semaine précédente, mais l’appartement n’avait pas été libéré à temps. Ichigo prit son temps pour faire son shopping. Il aurait bien aimé recevoir de l’aide, mais bon… il devait aussi s’habituer à être seul.

Ce fut une heure plus tard, qu’il rentra les bras chargés. Son père siffla entre ses dents.

-   Tu as dévalisé le combini ? demanda Isshin stupéfait.

-  Tu ne m’as pas fixé de limite… ricana Ichigo.

-   Tu fais à manger ce soir ?

-   Oui, pour moi… Je vais ranger d’abord l’appartement et après…

Isshin sourit et ébouriffa les cheveux de son fils.

-   Allez… on te laisse. Ishida et moi avons tout nettoyé. Tu n’as plus qu’à ranger tes vêtements et tes courses. Au fait, j’ai reçu un coup de fil des filles… tes cours sont arrivés à la maison, je te les ramènerai demain. Je suppose qu’Hisagi va te rendre visite rapidement ?

-  Pas avant le prochain week-end. Il n’a pas de permission en semaine les premiers mois, souffla Ichigo très déçut.

-   Bah… l’attente ne fait qu’aiguiser les sentiments. Allez… nous te laissons. Bon courage fiston.

Isshin quitta les lieux, suivi par Ryuuken qui avait déjà sortie sa prochaine cigarette.

-   Je t’interdis de fumer dans mon van ! le menaça Isshin.

-   Depuis quand as-tu de l’autorité ? ironisa Ishida.

Leurs voix disparurent et Ichigo ferma la porte de son appartement. Il resta un long moment figé, pour enfin se tourner vers son chez lui ! Un immense fendait son visage. Certes, il était mort de trouille pour diverses raisons existentielles, mais en même temps cette liberté retrouvée… c’était la bulle d’air qui lui manquait. Sa nouvelle vie commençait à bien des points de vues !

 °°0o0°°

 

Grimmjow franchit le seuil de son nouvel établissement scolaire le cœur battant. Fallait-il préciser qu’il s’agissait de rage ? Sa jupe tournoyait au moindre souffle de vent et putain pourquoi cette bande de pervers de couturiers faisaient-ils ses foutus vêtements aussi courts ?

Le mot « légèrement contrarié » se lisait sur son visage et tous s’écartaient dès qu’elle approchait. Elle ne fut pas longue à trouver sa classe, et encore moins à attendre devant la nouvelle salle où aurait lieux tous ses cours ou presque, si on exceptait le sport.

Quelques élèves vinrent l’aborder, mais son regard menaçant fit reculer même les plus téméraires. Premier court et Grimmjow compris qu’elle n’aurait pas besoin de se fouler… Enfin, si elle voulait entrer dans une bonne université, elle devrait donner le meilleur d’elle-même.

Son esprit dériva vers Sosuke et Gin qui vivaient heureux à des milliers de kilomètres et ne semblaient pas du tout se préoccuper de sa personne. Ravaler sa rage et sa déception avait été difficile, mais elle ne montrerait surtout pas sa douleur. En quelque sorte, elle payait pour tout le mal qu’elle avait causé.

La journée passa comme l’éclair contrairement à ses premières prédictions. Sur le chemin du retour, elle se figea pourtant… le type aux cheveux blancs ? Elle plissa les yeux… Était-ce bien lui ? Elle s’avança et peu à peu ses soupçons se confirmèrent. Encore ? Il n’avait pas regardé dans sa direction cette fois-ci. Était-ce une simple coïncidence ?

Reprenant sa marche vers son petit studio, Grimmjow ne fut pas longue à rentrer. Une fois seule, elle se changea et revêtit un jeans et un t-shirt large. Elle passerait presque pour une otaku. Peu importe… sans manger, elle attaqua ses devoirs et fit de nombreuses recherches à côté. Pourquoi pas se présenter au concours national ? De toute façon, elle n’avait que cela à faire…

Il était tard, lorsqu’elle sortit enfin de chez elle pour prendre l’air et se dégourdir les jambes. Elle fureta partout au alentour, essayant de se trouver de bonnes adresses en cas de nécessité. Elle tira une cigarette du paquet qu’elle venait d’acheter. Elle avait déjà essayé lorsqu’il était un garçon, mais ça datait… et ça ne lui avait pas réussit, mais un besoin le tenaillait… si ce n’était pas ça, se serait l’alcool et elle n’avait pas envie d’être bourrée.

Traversant la route, elle rejoignit le point non loin de là. L’éclairage de la ville se reflétait dans les eaux noires. Son regard se porta au loin… inconsciemment, Grimmjow se rappelait son enfance avec Ichigo, pourquoi avait-il voulu à l’époque qu’elle lui appartienne à ce point ? Il ne l’avait jamais aimé d’amour, à présent il s’en apercevait… trop tard, mais il en avait conscience. Montant sur le rebord du pont, elle s’imagina retourner en arrière à l’époque où Ichigo et lui imitait les trains dans des friches industrielles.

Levant les yeux vers les étoiles, le ciel lui parut identique qu’à l’époque. Fille ou garçon, le monde était identique, mais pas vécu de la même manière. Grimmjow s’était aperçue que ses émotions paraissaient plus intenses, et puis… en tant que mec il n’avait pas été harcelé sexuellement, ce qui n’était pas le cas pour « elle ». Et puis, il y avait ses putains de règles ! Mais pourquoi le bon dieu avait créé cette horreur ? Pour des gosses ? Elle pouvait pas passer un deal du genre enlevé moi ce truc, je ne veux pas procréer ? De toute façon à la base, il n’était pas programmé pour ça.

Grimmjow dérapa et se retint de justesse à un câble tendu tout prêt. Elle avait eu chaud, elle avait failli basculer dans la flotte ! Ricanant de sa distraction, elle reprit l’équilibre et s’alluma sa cigarette. Elle toussa à la première bouffée et observa le bout rougeoyant avec suspicion. Il ne lui faudrait pas une heure avant de crever pour cause de tabagisme apparemment.

¾   Descendez de là tout de suite ! Ordonna une voix dure.

Son cœur fit un nouveau bond dans sa poitrine, décidément c’n’était pas son soir. Elle faillit tomber à l’eau une nouvelle fois. Se retournant, elle vit un peu plus loin un type au cheveux court et… blanc… il devait avoir la trentaine à tout casser et il avait l’air aussi commode qu’un ours à qui ont avait piqué son saumon !

-  Dégage le vioc’ ! lança Grimmjow en se tenant une nouvelle fois au câble.

Elle en profita pour reprendre une bouffée de sa cigarette en le défiant du regard au travers de la fumée. Et comme la première fois, faillit cracher ses poumons.

-   Arrête de jouer les dures et descend de là tout de suite ! beugla l’empêcheur de se tuer en rond.

-   Boucle-là et fou moi la paix ! répondit séchement Grimmjow.

-   J’ai horreur qu’on vienne se suicider dans mon secteur, reprocha vertement l’inconnu.

-   T’es flic ? s’étonna Grimmjow.

Quoique finalement pas si surprise, vu la dégaine coincé du type. Ses vêtements civils ne parvenait pas à cacher son autorité naturelle et cette espèce d’aura de baroudeur.

-   Exactement ! Alors maintenant tu descends gentiment et tu vas cesser de jouer les petites filles gâtées.

Grimmjow haussa un sourcil. C’était bien à lui à qui il s’adressait là ? Une onde de colère parcourue sa peau, et tous les poils fins de son corps se hérissèrent. Ce type n’avait pas l’air commode avec son air renfrogné, mais elle non plus n’était pas un enfant de cœur ! Elle bondit en avant, lâchant le câble au moment où son interlocuteur s’y attendait le moins. Une fois sur le sol, Grimmjow se dirigea cash vers le flic. Elle le fixa droit dans les yeux, ce qui parut surprendre son interlocuteur.

-  Écoute moi bien le vioc’ ! J’n’étais pas là pour me suicider et j’fais c’que je veux de ma vie de toute façon. Que ta belle juridiction soit entachée de mon sang devrait plutôt être un honneur pour un vieux con dans ton genre…

-   Outrage à agent tu connais ? menaça l’autre tout en plongeant son regard noir dans le sien.

Un ricanement fusa. Grimmjow se détourna pour reprendre sa vie, mais une main de fer retint son poignet. Pivotant son visage, Grimmjow le menaça de son regard le plus noir ce type qui se permettait de l’interpeller aussi violemment. Et puis, il l’énervait ! Un arc électrique parut jaillir entre eux.

-   Tu crois pouvoir rentrer chez toi comme ça ? interrogea méchamment le flic.

Grimmjow remarqua du coin de l’œil un groupe de jeunes salaryman et un autre groupe moins guindé. Un sourire effleura ses lèvres pour tout à coup hurler.

-   Au secours ! Au secours… ce type veut me violer ! Aaaahhh lâchez-moi je vous dis !

Son interlocuteur ne vit pas arriver dans son dos un attroupement et se contenta de tirer sur son bras pour lui faire entendre raison. Son froncement de sourcil s’accentuant, alors que Grimmjow simulait une agression.

-   Qu’est ce qui te prend ? Tu crois vraiment que des pauvres types vont s’inquiéter pour une grande perche dans ton genre ?

Grimmjow simula la blessure et l’empêcheur de tourner en rond dû la lâcher pour faire face à toute une bande de jeunes qui ne lui laissèrent pas le temps de s’expliquer.

-  Cours ! lança un de ses sauveurs… moi j’appelle les flics !

Sans attendre deux fois le même conseil, Grimmjow courut se mettre à l’abri. Lorsqu’elle se cacha au loin pour voir où en étaient ses bienfaiteurs, ces derniers semblaient s’être rendu compte de leur méprise. Le flic avait l’air complètement furieux. Il tourna son visage vers elle et elle ne put s’empêcher de lui faire un doigt d’honneur avant de disparaître très, très rapidement.

Arrivée chez elle, Grimmjow éclata de rire satisfaite de sa soirée. Le blaireau ne croyait pas au pouvoir féminin de l’art de la comédie ! L’ancien jeune homme en lui le découvrait tout autant… mais quel délice !

Elle se laissa tomber sur son futon et rit encore du regard meurtrier qu’elle avait plus senti que vu de ce flic… faire les quatre cent coups avec une bande, ça lui manquait. Une certaine nostalgie l’envahit. La vie reprendrait maintenant son cours monotone. Grimmjow s’endormit tout de même le sourire aux lèvres.

°°0o0°°

 La journée avait filé à toute vitesse encore une fois, et après les cours Grimmjow aida à la bibliothèque comme elle s’était surprise à le faire depuis une semaine. L’avantage de ce lieu silencieux, c’était d’avoir à porter de main un tas de bouquins nécessaires pour étudier et toute la place pour s’étaler. Son studio était réellement trop petit, mais bon… ces parents n’avaient pas les moyens de lui offrir plus grand et puis Yoichi s’en était contenté aussi pendant quelques années… alors pourquoi pas elle ?

Une fois son travail terminé, elle entreprit d’étudier sérieusement ses devoirs. Ses parents n’avaient pas, non plus les moyens de payer des cours supplémentaires, tout passait dans le loyer de l’appartement… et puis Yoichi avait aussi besoin d’aide de son côté. Il voulait se lancer en freelance, parce qu’il n’obtiendrait jamais la place qu’il convoitait avant la quarantaine, et Yoichi était aussi patient qu’un pitbull affamé.

Lorsqu’elle quitta l’établissement à dix-huit heure, le lieu n’était plus qu’habité par quelques profs retardataire. Grimmjow était pressée de rentrer, elle avait des courses à faire et puis, elle aidait le petit vieux en bas de l’immeuble à régler ses problèmes administratifs. Y’avait des gens qui attirait la malchance d’une manière effrayante et ça toute leur vie durant… ce type en faisait partie.

Totalement plongé dans ses pensées, elle ne vit pas arriver sa « victime » d’un soir.

-   Alors je ne m’étais pas trompé, c’est ici que tu étudies… t’es précoces pour les emmerdes !

Grimmjow continua sans s’arrêter devant son empêcheur de se tuer en rond. Kensei n’apprécia pas le vent qu’il venait de se prendre et courut derrière cette trop grande jeune fille bien trop pressée à son goût… et beaucoup plus belle que dans ses anciens souvenirs - pas si lointain d’ailleurs.

-   Ne fait pas semblant de ne pas m’entendre…

Percevant l’approche d’un contact, Grimmjow se pencha brusquement pour refaire son lacer imaginaire. Il allait la tuer, ça c’était certain.

-   Plus emmerdeuse que toi…, gronda l’homme.

Se redressant en s’époussetant, Grimmjow fit face au flic avec un air tout innocent. Et faillit se décrocher sa mâchoire tellement il était son type ! Bien que son air renfrogner lui déplaise… Avait-elle eut de la merde dans les yeux lors de leur première rencontre ?

-   Écoute-moi bien… espèce de…

-   Oui ? sourit ingénument Grimmjow.

Kensei fronça les sourcils. Elle faisait flipper cette fille.

-   Ne joue pas les saintes ni touche et arrête de prendre cet air débile, ça ne te va pas du tout l’innocence.

-   Monsieur le policier, je ne vois pas du tout de quoi vous voulez me parler et je suis contrairement à vous, une personne très occupée. Alors au lieu de harceler une mineure qui n’a fait de mal à personne… je vous prierai de ma laisser en paix. Bonne journée !

Sans attendre la suite, Grimmjow se remit en route. Si ce type s’était donné du mal pour la retrouver et pour l’attendre… il ne manquerait pas de la suivre. Comme de bien entendu, ce dernier furieux encore une fois, repris son monologue.

-   Tu vas mal tourner à force de faire ce que tu fais ! Déjà la dernière fois, tu as manqué de mourir…

-   Parce que vous m’avez crié dessus et que je ne m’y attendais pas, rétorqua Grimmjow.

-   Et ensuite, tu as utilisé des pauvres gens…

-   Parce que vous ne vouliez pas me lâcher…

-   Et pour finir, tu t’es foutu de ma gueule…

-   Parce que vous le valez bien ? ricana Grimmjow.

Elle se tourna vers lui d’un bloc, si près que son visage se colla au sien. Elle était troublée par cette soudaine proximité, mais elle ne fléchit pas.

-   Je n’ai rien fait d’illégal, donc vous n’avez rien à faire ici… Ce que vous faites pourrait-être assimilé à du harcèlement, Monsieur le flic et je pourrai porter plainte, d’autant que je suis mineure. Maintenant, si vous n’avez pas autre chose à me dire… bye-bye !

Grimmjow quitta les lieux, agacée. Ses hormones lui jouaient des tours… c’était quoi cette sensation qui l’avait envahit alors qu’auparavant sous sa forme masculine, elle n’aurait pas éprouver ce sentiment bizarre de se sentir féminine à côté d’un type comme lui, de faiblesse et en même temps de pouvoir devant le trouble qu’elle provoquait en lui. Ses yeux à la couleur de caramel le trahissaient… une onde de désir l’avait traversé en la reconnaissant. C’était fulgurant et ça… ça elle ne pouvait pas.

Certes, tous les jours elle s’entrainait à se dire « elle » pour ne pas avoir l’air ridicule en se comportant comme le mec qu’il était avant. Elle prenait soin d’elle, depuis peu avait décidé de faire quelque chose de constructif dans sa vie… ne plus la gâcher, surtout auprès de pervers du genre Sosuke ou Gin… ne plus utiliser les gens comme bon lui semblait comme pour Ichigo. Mais éprouver du désir comme une fille !!! Ça jamais !

Un sentiment de profond dégoût la gagna. Une main se posa sur son épaule et Grimmjow se tourna d’un bloc vers le flic qui l’observait cette fois-ci normalement, mis à part son froncement de sourcil qui paraissait naturel.

¾   Je voulais simplement te revoir…

-   Pourquoi ? interrogea Grimmjow mal à l’aise soudain.

-   Parce que… j’en sais rien. Depuis que je t’ai rencontré, je voulais savoir qui tu étais…

-   T’es du genre maso toi ? Hein ?

-   Maso ? s’étonna son interlocuteur.

-  Tu t’es entiché de la mauvaise personne… répondit calmement Grimmjow.

-  Je m’appelle Muguruma Kensei.

-   Grand bien te fasse…

Elle voulut se détourner une nouvelle fois, mais Kensei lui saisit son avant-bras. Jamais un inconnu ne l’avait autant de fois toucher en si peu de temps sans qu’il n’en perde quelques dents. Tout son corps se contracta et c’est au prix d’un très grand effort qu’elle s’empêcha de lui en coller une.

-   Que dois-je te dire pour te dégoûter de ma personne ? demanda-t-elle en désespoir de cause.

-   Qui a-t-il de mal à vouloir discuter avec quelqu’un ?

Grimmjow soupira et releva la tête pour regarder bien en face son amoureux transis. Parce que c’était bien ça…

-   T’es hétéro ? demanda Grimmjow.

-   Bien sûr ! lança Kensei sûr de lui.

-   Je suis un mec !

L’inspecteur Muguruma cligna plusieurs fois des yeux et observa Grimmjow des pieds à la tête, incapable de croire aux paroles que venaient de dire Grimmjow. D’ailleurs il reprit.

-   Je m’appelle Grimmjow Jaggerjack et j’ch’suis né garçon. Jusqu’ici j’habitais à Karakura, tu pourras aller vérifier. J’me suis transformée en fille par un beau jour de mois de mars et j’attends toujours de retrouver mon ancienne condition. Alors les types hétéros qui ne pourront pas accepter mon apparence masculine, je n’en ai pas besoin. Les histoires bancales et qui se terminent mal, ce n’est plus pour moi. Alors fiche-moi la paix !

Grimmjow se libéra d’un coup sec, et disparut sans que cette fois-ci on ne vienne l’arrêter. Il en avait gros sur le cœur… et si demain, il redevenait lui-même ? Ce type ne l’accepterait jamais pour ce qu’il était, alors inutile de s’engager…  parce que cette fois-ci les clopes et tout le reste seraient vraiment inutiles pour qu’il garde pied.

°°0o0°°

 Assise sur « son » pont, le regard lointain… Grimmjow laissait l’air devenu plus doux depuis quelques jours, lui caresser les jambes. L’avantage de pouvoir porter une jupe lorsqu’il faisait chaud. Sa mélancolie ne passait pas.

-  À y regarder comme ça, jamais on ne pourrait croire que tu étais un mec, il y a peu.

Elle ne tourna pas son visage et ne répondit pas. Si elle l’ignorait, il partirait ou disparaîtrait… un truc comme ça… comme la dernière fois. Le soleil déclinait au loin. Elle remarqua sans vraiment le regarder, qu’il s’accoudait à la rambarde.

-   Donc, si tu es assise de manière si dangereuse, ce n’est pas pour mettre fin à tes jours ? continua-t-il sans être gêné visiblement par son silence.

-   Non.

-   Pourquoi crois-tu qu’un jour tu redeviendras un mec ? C’est impossible…

-   Parce que c’est arrivé à Ichigo… Elle ne cesse de passer d’un sexe à l’autre… donc, cela risque aussi de m’arriver.

-   On pourrait croire que tu es folle… murmura Muguruma pensif en se rongeant le pouce.

-   Que voulez-vous à la fin ? Vous disparaissez pendant un mois et vous réapparaissez comme si de rien n’était ! gronda Grimmjow.

-  Je t’ai manqué ? se moqua Kensei.

-   Couillon !

Grimmjow voulut se lever, mais une main l’empêcha de bouger. Où si elle le faisait, elle tombait. Elle planta son regard bleu venimeux dans le sien. La tendresse qu’elle lisait dans le fond de son regard, la perturba grandement. Ce n’était qu’un salaud comme les autres, se persuada-t-elle pour ne pas flancher. Elle avait espéré sa venue et elle avait tant étouffé ses espoirs que de le voir là… en vrai ! Elle se serait jeté à son cou.

-  Tu étais gay ?

-  C’est un interrogatoire ? demanda Grimmjow d’une voix séche.

-   Je me suis posé la question, pourquoi serais-tu intéressée par un homme, alors que si ta transformation n’était pas volontaire, les femmes auraient été plus à ton g…

-   Et dire qu’il a fallu un mois pour en venir à cette conclusion, railla Grimmjow.

Elle voulut une nouvelle fois partir, mais la prise était dure. Elle fusilla ce type du regard. Il était vraiment de mauvaise volonté.

-   Je n’ai pas envie de vous parler…

-   Parce que tu es amoureux de moi ? interrogea Kensei visiblement sûr de lui.

-   Amoureuse ! repris Grimmjow. C’est déjà compliqué pour moi de me souvenir que je suis une femme, alors ne me complique pas plus mon existence…

-   Invite-moi à prendre un verre… proposa Kensei.

-   Crève ! cracha Grimmjow

-   Tu n’es pas du genre facile…

-  Disons que les mecs ça me connaît, ricana Grimmjow. Lâche-moi !

Kensei la libéra. Grimmjow réussit à descendre sans dévoiler quoique ce soit de son anatomie. Elle marchait sans se retourner. Elle sentait bien son regard la déshabiller à chercher certainement une preuve de sa transformation… Elle ouvrit la porte de la résidence et laissa Kensei la suivre.

La porte de l’ascenseur se ferma à peine que Grimmjow embrassa Kensei par surprise. Ce dernier ne fit aucun geste pour se libérer… en fait, ses mains parcouraient son corps musclé et sa langue s’introduisait déjà dans sa bouche. Son cœur battait très vite, et son corps tremblait. Il était en ébullition comme son âme. Les bras qui s’étaient refermés autour de sa taille et qui la pressait contre le corps viril de ce presque inconnu l’emportait très loin de son existence ordinaire. Grimmjow se mit une nouvelle fois à espérer…

 

Le chapitre 20 est en cours d'écriture... mais en suspens. La fin ne me satisfait pas entièrement.

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