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La faute à personne 2

Ragots

La soirée avait pourtant bien débuté. Mais à quel moment avait-elle dérapée ? Oh, au début, tout semblait normal. Hirako-san était venu le chercher à son bureau, et au bas de l'immeuble, une trentaine de salariés les attendaient dans un joyeux brouhaha.

Sur le coup, le nombre l'avait fait frémir, mais l'accueil chaleureux de tous le mis à l'aise. Personne ne paraissait choquer par son comportement imperturbable.

Le bar « Shinigami » dans lequel ils étaient entrés, se situait à quelques mètres de la Soul Candy. On l'installa au milieu d'une immense tablée qui avait été monté pour l'occasion. Un jeune homme au nom de Rikichi avait pris leur commande. Hirako s'était fait le maître de cérémonie. Il s'était placé à côté de lui et lui jetait des coups d'œil qui ne laissait planer aucun doute. Il lui plaisait. Il freignit de ne pas les voir.

Et dire qu'il était entouré du service commercial au grand complet. Dire qu'il s'agissait de pochetrons serait un faible mot. Et puis, il y avait de la concurrence en la personne de Matsumoto.

Rangiku, l'assistante du directeur financier semblait vouloir enterrer son collègue à la comptabilité Kira Uzuru et Shusukei Amagai qui après son premier verre paraissait déjà mal en point. Tiendrait-il vraiment toute la soirée ? Byakuya eut pitié.

- Allez ! Avoue ! Il doit t'en faire baver… sûrement, puisque tu n'es pas une femme ! affirma Ikkaku Madarame un sourire torve sur les lèvres.

- Il pourrait tout aussi bien l'ignorer, répliqua Yumichika Ayasegawa. Après tout, il déteste cordialement les hommes.

- Ne racontez pas n'importe quoi, répondit froidement l'assistant d'Hirako, Ichigo Kurosaki. Koyraku-san est un homme responsable. Il est très courtois.

Son chef le toisa du regard avec mépris.

- Quoi ? fit Ichigo qui connaissait les différents qui existaient entre le directeur général et le directeur du service commercial. Il est toujours courtois avec moi.

- Ce type est toxique Kurosaki ! Et ce n'est pas parce qu'il est agréable avec toi qu'il l'est avec tout le monde.

- Je le trouve très bien personnellement, sourit Momo Hinamori.

L'assistante du service marketing appréciait beaucoup Kyoraku, enfin moins que son propre responsable, à qui elle vouait un véritable culte. D'ailleurs tous étaient surpris de la voir à la soirée de bienvenue. D'habitude, elle pistait Aizen comme une fan transis.

- Perso, je m'en fou qu'il soit sympa ou pas… déclara Rangiku un sourire en coin. Le principal étant qu'il a une descente…

- À te faire pâlir d'envie, termina Renji moqueur.

- C'est vrai que tu es un petit joueur en comparaison Abaraï.

- C'est vrai que tu parles en connaisseuse Rangiku, persifla en réponse le commercial.

Rangiku se pencha en avant avec un air aguicheur. Sa poitrine semblait vouloir sortir du décolleté ouvert qui exhibait plus qu'il ne cachait des formes très généreuses. Les yeux de Renji allaient lui sortir de la tête, remarqua Byakuya. Il paraissait incapable à présent de réfléchir.

- Renji, j'espère que tu n'as pas à me demander d'avance sur salaire prochainement…

- Matsumoto !

Le nom avait été lâché sèchement par un homme tout aussi silencieux que Byakuya pouvait l'être. Les yeux fermés et les bras croisés, Toshiro Hitsugaya affichait une attitude réprobatrice. Le comptable semblait veiller sur l'assistante du directeur financier comme le ferait un père, pourtant il devait avoir le même âge que lui, songea Byakuya, donc plus jeune que Matsumoto.

- Détend toi du slip, Hitsugaya rigola Ikkaku. Ce soir tout est permis.

- Rassurez-moi, fit soudain Gin Ichimaru tout sourire, c'est bien une soirée de bienvenue pour notre nouveau collègue Kuchiki, et non une de vos beuveries ordinaires ?

Rangiku rendit son sourire à Ichimaru. L'assistance repris de plus belle afin de déterminer qui aurait le dernier mot. Byakuya se faisait pousser à droite par Ikkaku lorsque ce dernier semblait vouloir bondir de l'autre côté de la table, ou de l'autre lorsqu'Hirako essayait de se sortir des griffes d'Hiyori Sarugaki. Il ne tentait même plus de boire son verre de peur d'en renverser sur lui.

Du coin de l'œil, il vit arriver une ballerine à grande vitesse dans sa direction. Il se pencha en avant pour l'éviter juste à temps… et elle vint s'écraser sur le crâne d'Ikkaku. Ce dernier après avoir récupéré la chaussure sous les rires moqueurs de ses collègues se tourna furieux vers Hiyori.

- Espèce de dégénérer ! T'as pas fini d'envoyer tes pompes au travers de la pièce pour un oui ou pour un non… tu pourrais tuer quelqu'un !

- N'exagères pas Ikkaku, riait plus ou moins Yumichika.

Visiblement, il ne voulait pas vexer son ami.

- Ah ouaih ? Tu veux que je teste sur toi pour voir ?

- On se calme les garçons… tenta d'apaiser Inoue.

- Rend-moi ma chaussure ! hurla Hiyori derrière le dos de Byakuya qui se retint à grand peine de se boucher les oreilles.

La voix stridente de la serveuse de la cafétéria lui hérissait les poils. Hirako qui l'avait invité se chargea ou essaya de la calmer.

Pourquoi avait-il voulu venir à cette soirée ? Pour étancher la curiosité de ses collègues ? Elle n'avait pas fait long feu dès qu'ils étaient entrés dans le bar. Et dire qu'il devrait se lever de bonne heure le lendemain pour arriver à l'heure au bureau. Peut-être devrait-il louer une chambre d'hôtel ? Non, impossible. Il devait changer de costume.

Il tenta de signaler son départ, mais personne ne faisait plus attention à lui depuis un petit moment. Byakuya s'éclipsa.

 

°°0o0°°

 

À moitié endormi, coincé dans la rame de métro entre plusieurs corps sentant plus ou moins le frais, Byakuya essaya de songer à la journée qui l'attendait. La veille, il avait été surpris par le comportement de son supérieur. Lorsqu'il était rentré du bureau de Yamamoto, il paraissait véritablement furieux. Et pourtant, après la pause déjeuner il avait paru serein et c'était montré extrêmement courtois.

Est-ce parce qu'il avait partagé son déjeuner avec Ukitake Juyshiro ? De loin, il avait vu combien les deux hommes paraissaient s'entendre. Voir très familier… et partageait le goût pour l'alcool.

De loin, il avait observé à la dérober Koryaku. Ses longs cheveux ondulés étaient tenus par une sorte d'élastique à fleur. Son visage s'était métamorphosé en compagnie d'Ukitake. Il était loin son air d'ennui et de nonchalance mélangé. Il souriait chaleureusement. Immédiatement son charisme augmentait tel un feu illuminant ce qui l'entourait. De nombreuses personnes le saluait respectueusement et avec le sourire pour certains plus proches que d'autres avec le directeur général.

Quelque part, Byakuya aurait bien voulu qu'il lui adresse le même sourire qu'il envoyait à son interlocuteur. Il ne voyait que le dos d'Ukitake et avait bien du mal à se faire une idée du personnage. Visiblement, le directeur financier était apprécié par tous.

Lorsqu'enfin, Byakuya s'extirpa de la rame de métro où il était jusqu'ici encastré, il suivit le flot des passagers qui prenaient le chemin de la sortie. Une voix incrédule l'interpella.

Surpris Byakuya se tourna vers… Koryaku Shunsui.

Que faisait-il là ? Son cœur se serra.

- Eh bien, je n'aurais jamais cru vous rencontrer dans un lieu pareil Kuchiki-kun…

- San, s'il vous plaît, répondit flegmatiquement Byakuya. Je ne vois pas ce qui vous surprend Koryaku-san. C'est plutôt moi qui suis surpris…

Un sourire fin étirait les lèvres depuis que Byakuya avait repris Koryaku sur le suffixe qu'il devait lui attribuer. Il était certes jeune en comparaison de son chef, mais bon… il allait tout de même bientôt avoir vingt-six ans.

- Oh moi, je prends toujours le métro, même si c'est bondé. Circulé en ville en voiture c'est compliqué. Quoiqu'il m'arrive aussi de prendre le bus, ou encore de venir à pied…

- À pied ? s'étonna Byakuya en suivant à présent Koryaku.

- Oui, cela m'arrive et j'avoue que je n'habite pas si loin que ça. Mais vous n'avez pas répondu à ma question Kuchiki-san.

Byakuya nota que son chef avait modifié son suffixe. C'était stupide, mais cela lui fit plaisir. Il n'avait pas ironisé ou chercher à le vexer.

- Je ne sais pas quelle idée vous vous êtes fait de moi, Koryaku-san, mais je ne suis qu'un simple employé.

- Vraiment ?

Jetant un coup d'œil vers son interlocuteur au moment où ils franchissaient les portes de la Soul Candy, Byakuya constata que son chef paraissait vraiment surpris.

- Ma famille est tout ce qu'il y a de plus normal, continua Byakuya.

- Vous avez l'air si… si…

Un geste de la main en spirale et montant vers le haut, accompagnait sa moitié d'affirmation. Byakuya savait de quoi il avait l'air. Il s'imposait une telle rigueur dans son comportement pour cacher son homosexualité, qu'il finissait par penser que sa conduite le desservait plus qu'elle ne l'aidait.

Pourtant personne ne connaissait ses penchants, donc quelque part il ne se trompait pas. Mais de là, à lui prêter une attitude pédante… c'est ce qu'on lui avait fait remarquer dernièrement.

- Shunsui ! s'exclama une voix chaleureuse derrière eux.

Byakuya se tourna pour voir son chef, serrer chaleureusement la main d'Ukitake… encore lui.

- Eh salut Byakuya !

Surpris qu'on l'interpelle par son prénom, il se tourna vers Kurosaki qui le regardait avec un grand sourire.

- Ça va malgré la soirée d'hier ?

- La soirée d'hier ? interrogea Koryaku derrière eux.

- Oh vous n'étiez pas au courant Koryaku-san ? Je pensais que vous étiez occupé ailleurs. Nous avons organisé une soirée de bienvenue au Shinigami, répondit Kurosaki.

- Quoi ? Et personne ne m'a tenu au courant ?

- Shunsui… il était préférable que tu ne sois pas à cette soirée alors que tu as plusieurs rendez-vous importants aujourd'hui, remarqua Ukitake en montant dans l'ascenseur.

Il appuya sur l'avant dernier bouton et les portes se refermèrent sur eux.

- Ce n'est pas juste ! Il s'agit de mon assistant ! J'ai l'air de quoi à présent…

- Je pensais que tu ne voulais plus en entendre parler, sourit Ukitake.

Le cœur de Byakuya fit un bond dans sa poitrine. Il jeta un bref coup d'œil à Shunsui et il constata que ce dernier pris un air gêné.

- Oh… c'est vrai que sur le coup d'apprendre que je devrais travailler avec un homme, c'était… déstabilisant. Mais tu sais, y'a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.

La porte de l'ascenseur s'ouvrit et Ukitake et Koryaku sortirent en premier. Ichigo se pencha vers lui, et souffla.

- Ouaih, disons plutôt qu'il est énervé parce qu'il n'a pas pu boire un coup au Shinigami. Sans vouloir t'inquiéter, Koryaku-san aime la bouteille autant que les femmes.

- Je n'écoute pas les ragots, répliqua froidement Byakuya qui détestait les commérages.

Kurosaki parut surpris par sa réponse. Il fronça les sourcils et le dévisagea intensément. Byakuya haussa les épaules et continua son chemin pour rejoindre Koryaku qui l'attendait sur le pas de la porte.

- Vous paraissez contrarié, Kuchiki-san.

- Rien d'important, répondit Byakuya.

- Oh…

Passant devant son chef, Byakuya regagna son bureau et répondit au téléphone soulagé de se soustraire à une discussion qui ne mènerait à rien de toute façon. La journée débuta sur les chapeaux de roues.

 

°°0o0°°

 

Bien loin d'imaginer la veille ce qui l'attendait dans le bureau de Koryaku, Byakuya se rendait compte que son chef était un véritable bourreau de travail. En plus de cela, il remarquait la moindre imperfection, la moindre erreur. Ses remarques se faisaient mordantes dans ces moments là.

- Ne soyez pas si distrait Kuchiki !

Et dans ces moments là, Koryaku oubliait singulièrement son suffixe. Le regard noir transperçant qu'il lui adressait, le crispait. Intérieurement il bouillait. Comment pouvait-il faire autant d'erreurs ? Devenait-il gauche ?

- Avez-vous fait les réservations d'avions pour la semaine prochaine ?

- Oui, Kuryaku-san. Nous partons mercredi à huit heures, et nous reprenons un vol samedi matin, comme vous me l'avez demandé.

- Il serait étonnant que Yoruichi-san nous lâche facilement vendredi soir. Je pense qu'elle a certainement pensé à une petite fête avant notre départ et la connaissant, ça finira très tôt ou très tard… cela dépend des points de vue, sourit Shunsui en conclusion.

Byakuya nota qu'il semblait porter de l'affection pour la directrice de la succursale de Nagano. Yoruichi… quel accueil allait-elle lui réserver à lui ? Le jeune homme repoussa les idées qui lui venaient en tête, il n'était pas là pour rêvasser. Il retourna à son bureau et répondit au téléphone.

- Kuchiki-san ? fit la voix masculine de l'autre côté du fil.

- Oui.

- C'est Coyote Stark, je suis le responsable de la production. Nous n'avons pas encore été présenté.

- Oui, c'est vrai, Stark-san.

- Je voulais vous avertir que pour le déplacement prévu à Nagano, mon assistante et moi-même nous nous joindrons au voyage. Pourriez-vous vous occuper des réservations ? Pourriez-vous aussi avertir Koryaku-san ?

- Bien sûr, Stark-san.

- Merci beaucoup.

Se sentant observer Byakuya leva les yeux vers Koryaku qui s'était appuyé contre le chambranle et écoutait sa discussion. Sans raison, il sentit une certaine chaleur envahir ses joues. Il tenta de se reprendre. C'était la surprise qui le faisait réagir, voilà c'était ça. La surprise.

- Que voulait-il ? interrogea son chef placidement.

- Stark-san m'a demandé de lui réserver une place pour lui et son assistante.

- Oui, et il ne sait pas l'utiliser son assistante ?

Byakuya ne sut interpréter la réplique. Jugeant qu'il était préférable de rester silencieux en pareille occasion, il s'assit et rechercha les coordonnées de l'agence de voyage. Son chef quitta son bureau après un bref coup d'œil dans sa direction et Byakuya remarqua qu'il recommençait à respirer. Depuis quand retenait-il son souffle ?

Durant sa pause à la machine à café dans le courant de l'après-midi, Byakuya y rencontra Kurosaki et Ikkaku. Les deux hommes le regardaient du coin de l'œil.

- Je ne pensais pas te voir ici Byakuya.

- Kuchiki-san, Kurosaki-san, répondit Byakuya imperturbable.

- Toi, t'es pas du genre cool, remarqua Ikkaku.

- Je ne suis pas ici pour l'être.

- Elle était pas sympa la soirée d'hier ? s'étonna Ikkaku. Tu me ferais presque regretter Genshiro.

Byakuya sentait le regard pesant de Kurosaki sur lui. Son sourire avait disparu depuis qu'ils s'étaient séparés devant l'ascenseur le matin même. Il le fixait de son regard étrangement pénétrant lorsqu'il fronçait les sourcils.

- Elle était agréable, confirma Byakuya qui y aurait participer avec enthousiasme s'il avait été encore à la fac, et une certaine histoire.

- Ben alors quoi ? Tu sais, on attend que ça… de sympathiser !

- Je n'en doute pas.

- Qu'est-ce qui t'as énervé exactement ? demanda soudain Kurosaki. Le fait que je souligne un fait établi ? L'addiction de Koryaku à la bouteille et aux femmes ? Je voulais gentiment te prévenir, qu'en plus de ton travail habituel, tu devras ramasser quelque fois ton responsable au cours de soirées particulièrement bien arrosés. Et dans ces cas là… il vaut mieux être prévenu qu'être pris à froid. C'était simplement un conseil d'ami.

- Je n'ai pas besoin de ce genre de conseil.

- Aaahhh… laisse Ichigo. Il s'en rendra vite compte tout seul après tout. N'empêche qu'il faudra nous organiser une nouvelle soirée.

- Pas avec moi en tout cas, répondit Ichigo. Je me sens lessivé aujourd'hui.

C'est vrai qu'il paraissait un peu blafard par rapport à la veille. Ikkaku se moqua de lui. Byakuya finissait son café, lorsque Rangiku et Orihime se joignirent à eux. Immédiatement l'atmosphère se transforma. De légèrement tendue, elle devint pétillante, comme si les deux femmes avaient entrainé des bulles de champagne dans leur sillage.

Il se permit un sourire en voyant Ikkaku se faire menacer par Rangiku de la présence d'une certaine Yachiru. Il ne voyait pas vraiment de qui il s'agissait. Enfin, il n'avait pas enregistré tous les visages, il y en avait tellement. Comme par « miracle » Renji apparut et tenta de s'accaparer l'attention de la belle, mais cette dernière paraissait vouloir s'amuser avec lui.

Est-ce que ce type n'avait vraiment pas remarqué les regards que Matsumoto et Ichimaru se lançaient parfois ? Ils transpiraient tellement de sous-entendus, que Byakuya avaient l'impression qu'ils avaient hurlé leur liaison à toute la table la vieille.

Il quitta sa pause à regret. Ils étaient bien sympathiques ses collègues, bien que très bruyants parfois. Le jeune homme avait l'impression d'être entré dans une grande famille bienveillante. Enfin, ça c'était parce qu'il cachait sa particularité. Il songea à Hirako Shinji. Le directeur commercial ne dissimulait pas ses goûts, mais il était si excentrique et volubile qu'il ressemblait à une caricature du « gay ». Lui ne voulait pas ressembler à ça.

Dans son idéal absolu, il voulait se fondre dans la foule qu'on ne le remarque pas. Qu'on le reconnaisse pour ses compétences, pour sa personnalité profonde, pour lui en somme et non pas à une image d'Épinal. Et puis, s'il était catalogué dans une « case » il ne pourrait plus en sortir. Il n'aimait pas les « cases » où chacun semblait se revendiquer de quelque chose… alors que l'être humain était profondément complexe et ne se limitait pas à une case. Ils n'étaient pas des machines.

Dans son bureau Shunsui l'attendait avec des documents à la main. Byakuya se sentit pris en faute d'avoir pris sa pause. Mais son supérieur ne semblait pas s'émouvoir de son absence momentanée.

- Pourriez-vous mettre ses documents en ordre ? Quand vous aurez terminé, faites-en des photocopies pour tous les responsables et bien sûr pour Yamamoto-san également. Vous leur distribuerez.

- Je ne connais pas l'emplacement de tous les bureaux…

- Se sera l'occasion pour vous de découvrir la compagnie. Et puis, je suis sûr que Matsumoto viendra à votre rescousse. Elle sort de plus en plus de son bureau depuis hier…

Byakuya resta figé seul à présent au milieu de la pièce. C'était quoi cette phrase ? Koryaku avait tendance à faire des phrases sibyllines. Cela sous-entendait que Matsumoto s'intéressait à lui ? Impossible ! Elle riait avec lui, mais Byakuya avait plutôt l'impression qu'il représentait un divertissement pour la jeune femme, et un objet de curiosité. Ses regards appuyés ne lui avaient pas échappé quand elle croyait qu'il ne la regardait pas, mais ils n'avaient rien d'amoureux.

Koryaku serait-il jaloux vis-à-vis de lui ? S'intéressait-il à Matsumoto ? Après tout, tous les deux possédaient une bonne descente. Il haussa les épaules et se m'y au travail.

°°0o0°°

La journée tirait à sa fin et Byakuya ne sentait plus ses jambes. Il avait couru toute l'après-midi pour récupérer des documents en donner, et puis ceux qui ne le connaissaient pas encore, souhaitait en savoir un peu plus sur lui. Enfin pas tous ; certains de ses collègues lui faisait froid dans le dos, notamment le directeur marketing… Aizen Sosuke.

Et puis, il y avait les envahissants… ou envahissante. Il pensait que Rangiku était la femme la plus exubérante de la Soul Candy. Il n'avait pas eu l'occasion de rencontrer l'exubérante assistante de Coyote Stark : Kukaku Shiba.

Il avait bien cru mourir en rentrant dans son bureau. Kurosaki était immobilisé par une clef de judo. Un Hara Gatame pour être précis. Une prise faite debout… ce qui était plutôt rare et demandait une certaine maitrise de celui qui l'effectuait. Le sourire carnassier que lui adressa la jeune femme, après qu'il se soit présenté, l'avait fait déglutir.

Ichigo le regardait avec reconnaissance, heureux d'échapper à la prise de son adversaire.

- Hey ! Mais c'est le petit Bya-kun qui nous rend visite.

- Bya-kun ? répéta Byakuya choqué.

Ichigo avait levé les yeux au ciel, mais se reprit bien vite lorsque Kukaku reporta son attention vers lui.

- Ichigo, tu étais bien au-dessous de la vérité quand au physique de jeune premier de l'assistant de Korayku ! Tu n'as jamais su juger les gens…

- Kukkaku… commença le malheureux qui fut vite oublié par l'assistante de Stark.

- Alors comme ça, nous allons passer quelques jours ensemble ? Tu m'en vois ravie !

Byakuya tenta de rester de marbre devant la jeune femme en tailleur court, dont la poitrine généreuse paraissait plus ronde encore que celle de Rangiku et Orihime… ce qui semblait pour lui impossible. Et pourtant… Elle se penchait en avant pour qu'il ait une vue plongeante de son décolleté. Byakuya en était sûr, Renji aurait été à sa place, il en aurait eu un saignement de nez.

Il toussota et fit comme s'il n'avait rien remarqué. Il tendit le dossier qu'il était venu apporter.

- Je vous apporte le compte-rendu de la dernière réunion.

- Merci… Bya-kun.

Elle le scrutait. Qu'avait-il fait pour qu'elle l'observe de cette manière ? Sentant un malaise le submerger, Byakuya prit congés, laissant ses interlocuteurs perplexes.

- Il est vraiment timide, remarqua Ichigo.

- Il est surtout gay, déclara songeusement Kukaku.

- N'importe quoi… maugréa Ichigo toujours à se masser inconsciemment le coude.

Il observa sa tante qui fixait la porte. Le jeune homme se remémora son nouveau collègue. S'il y avait bien un gars qu'il n'aurait pas classifié de gay, c'était bien lui. Kukaku devait se tromper.

- À quoi tu vois ça ?

- Il n'a jamais regardé dans mon décolleté. D'habitude, vos yeux sortent de la tête, ou vous vous tortiller le cou pour mieux voir ce qu'il y a dedans… pas lui. Rangiku a raison.

- Parce qu'en plus vous échangez entre vous deux ?

Kukaku éclata de rire tout en regagnant son bureau.

- En fait, toutes les femmes de la Soul Candy se sont regroupées en association…

- Pardon ?

L'air surpris et stupide qu'affichait Ichigo, déclencha une nouvelle crise de rire chez sa tante. Le sourire carnassier qui s'affichait sur ses lèvres, le fit déglutir. Cette association lui donnait soudain des suées. Ce n'était pas bon du tout, tout ça.

- Je retourne à mon bureau… et t'avise pas à colporter des ragots tant que tu n'es pas sûre de ce que tu affirmes Kukaku.

- Depuis quand me donnes-tu des ordres Ichigo ? Tu souhaites goûter à une de mes nouvelles clefs de bras ?

Avant qu'elle n'en rajoute, Ichigo quitta le bureau de sa tante. Cette dernière décrocha son téléphone et composa le poste de Shinji Hirako.

- Qu'est-ce que tu me veux la vieille ? grommela le directeur commercial mécontent.

- Fait attention à la manière dont tu me parles mon petit Hirako… je pourrais très bien te le faire regretter. D'autant que j'ai une information de choix à te soumettre.

- Ah oui ? répondit Shinji d'une voix lointaine.

Kukaku ricana.

- Bien sûr, ceci sera à charge de revanche…

- J't'écoute.

 

°°0o0°°

 

Jetant un dernier coup d'œil autour de lui, Byakuya hocha la tête. Tout était en ordre. La porte derrière lui s'ouvrit. Il rencontra le regard noisette d'Hirako Shinji. Que faisait-il là ?

- Koryaku-san est dans le bureau du Président. Je pense qu'il en a encore pour un moment.

- Tant mieux… tant mieux…

Le sourire que lui adressa Hirako le mit sur la défensive. Quelque chose dans son attitude le mis en garde.

- Nous aurons plus de temps pour discuter, toi et moi…

- Pardon ? De quelle discussion parlez-vous ?

- Je sais pour toi.

Le cœur de Byakuya se mit à battre plus fort. D'abord le tutoiement l'avait fait frissonner. La lueur victorieuse qui brillait dans les yeux d'Hirako le glaçait. Faisant face, il cacha son trouble derrière une apparence glacée. Pourtant, il n'en menait pas large et inconsciemment il sut de quoi Hirako lui parlerait.

- Toi et moi… après tout, nous sommes pareils.

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, Hirako-san.

- Vraiment ?

Le corps de Byakuya se raidissait au fur et à mesure de l'approche d'Hirako. Ce dernier le toisait à présent. Enfin autant qu'il le pouvait, étant donné qu'Hirako était plus petit que lui.

- Nous sommes du même bord.

Byakuya plissa les yeux.

- Je me disais donc que je pouvais t'inviter à prendre un verre en tête à tête.

- Je crois que vous faites des idées à mon sujet Hirako-san. Et vous m'excuserez, mais j'ai déjà un rendez-vous ce soir.

Le regard de son interlocuteur se fit plus pénétrant.

- Non, je ne crois pas que je me fasse des idées. Je suis loin d'être idiot… et mon instinct ne m'a jamais trompé jusqu'ici. J'ai un radar pour ces choses là. Tu es gay depuis que tu étais en gestation dans le ventre de ta mère !

Byakuya fit un pas sur le côté et tenta de passer devant Hirako sans répondre. Il n'entrerait pas dans ce genre de manœuvre. Ce dernier posa une main sur son avant bras pour le retenir. Exaspéré, Byakuya eut un geste sec pour se libérer et intimida son interlocuteur du regard.

- Hirako-san, je ne sais pas pourquoi vous vous êtes mis cette idée en tête, mais je vous prierai de me laisser tranquille, je ne suis pas gay et je ne l'ai jamais été !

- Oh, tu vois, j'ai bien compris à quelle catégorie tu faisais partie. De ceux qui cachent leur homosexualité, qui veulent paraître « normaux » aux yeux des autres. Mais tu ne le seras jamais ! Et je pense que ton attitude froide est censée me faire fuir ? Non, mais tu n'as pas compris à qui tu avais à faire Kuchiki-san.

- Et vous non plus Hirako-san !

Byakuya se pencha très légèrement en avant, son regard était clairement meurtrier. La tension était grimpée à son maximum dans le bureau. Hirako sourit et Byakuya lui aurait bien effacé à tout jamais. Mais il devait garder son calme. Il reprit un exercice de respiration pour se maitriser.

- Mais figure-toi que je suis très impatient de le découvrir… vous aussi, n'est-ce pas Koryaku-san ?

Byakuya écarquilla les yeux et se tourna d'un bloc pour rencontrer le regard impassible de son chef. Depuis quand écoutait-il ? Byakuya perdit son masque de froideur, bien qu'il se reprenne très rapidement. Son attitude digne ne trahissait plus ses émotions, sauf peut-être sa voix lorsqu'il parla.

- Ma vie ne regarde que moi Hirako-san. Je suis ici pour travailler et rien d'autre. Maintenant, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, j'ai un rendez-vous à honorer.

Quittant les lieux sans se retourner Byakuya n'en menait pas large, mais il ne faillit pas dans l'immeuble. Une fois dehors, il prit une grande inspiration et desserra sa main de sa mallette qu'il serrait si fort, au point où ses ongles s'étaient enfoncés dans sa chair, laissant des marques de sang.

Que lui dirait Koryaku le lendemain ? Byakuya frissonna à cette idée… Maudit Hirako Shinji.


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